32. [L-10] Diplôme tango, par Pablo

Il est peut être légitime (du point de vue des autorités françaises) de réglementer une discipline culturelle.

De toute façon une fois la machine mise en marche, avec son défilé de savants, scientifiques, idéologues et « intéressés »de tout poil, impossible de l’arrêter.

Je suis d’accord à la limite, pour un diplôme de « Tango de salon ». Vous êtes chez vous et pouvez faire ce qui bon vous semble, finalement on produit aussi du Champagne partout dans le monde.. Mais surtout pas de tango « argentin », SVP. Ceci est notre culture, notre vie, notre label, notre appellation d’origine contrôlée. Et si vous persistez à la diffuser (je le souhaite fortement) faites le en entier, avec son esprit, ses paroles, sa musicalité, ses gens, ses comment, ses pourquoi.

Est ce que ce sera le cas ?

J’en doute.

Il existe dans le monde du tango européen en général, (ce n'est pas du tout le cas au Japon, où le tango se joue et se chante), une attitude qui m’a toujours gêné, à l’heure des cours : le déni de la dimension humaine de la culture d’autrui. En dans ce cas précis, celle des argentins et uruguayens. (Parce que le tango se pratique depuis toujours sur les deux rives du Rio de la Plata.)

Tout est réduit à quelques pas et beaucoup de figures.
Je crains que ce débat ne concerne que les jambes, et encore.
Ca sent un peu le fric et beaucoup le pouvoir.

Et je dis bien déni, parce qu’on veut ignorer que l’apprentissage du tango ne peut se faire en se désintéressant des ses bras et de sa tête.

A savoir: Son histoire au quotidien. Ses couches successives d’amertume, de vécus, qui détermineront ce son de bandonéon, qui va ouvrir les corps aux autres. Ou les paroles sublimes des grands poètes, qui vont ouvrir une porte en nous pour faire entrer la vie.

L’inflexion d’une voix, qui laisse entrevoir une émotion dans la justesse de ton des musiciens et des chanteurs d’un orchestre . Comme une refuge de l’âme contre l’adversité, la douleur et l’abandon, ou une autre chose d’intime et personnel..

Les battement des ailes de papillon qui provoquent des tremblements de terre à l’autre bout du corps.

Sujets obligatoires au moins trois fois par semaine, j’espère.

On devrait étudier aussi les apports de tel ou tel poète, tel ou tel maestro du bandonéon, de telle ou telle voix qui apporte au tango, à ce corps du tango , son accent, son âme, son harmonie précieuse, son histoire. Je ne parle même pas de l’esprit du tango, enseignement obligatoire, tellement de fois réduit à une danse sexuelle et autres qualificatifs.

L’esprit du tango c’est surtout son peuple qui nous l’apprendra.

Cet esprit l’apportent surtout les argentins, les uruguayens, qui avec d’énormes privations réunissent les moyens pour se payer un billet d’avion et donner quelques cours à l’étranger. Et qui seront privés (homologation de diplome oblige), d’exercer leur profession ici ou ailleurs.

Il y a beaucoup de cela.

Debat à suivre…

Pablo Martinez

Président Ass. Mémoire y Civilisation

L’Entre-Pots

Marseille
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