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84. [L-52] Texte de la part de Leonardo (essai de contribution au débat)

[Ce texte a été envoyé le 21 avril à 19h41, reçu le 22 avril à 21h15]

Bonjour à tous,

Sonia, Benoît, Christian, Martine, Jacques, Chantal, Marie-Pierre, Sylvie, Pierre, Raphaël, Claire, Elisabeth, Muriel, Tété, Fred, Max et… autres qui nous lisent et que ne participent pas encore sur ce "blog" !

J'accepte d'entrée toutes vos correction orthographiques et m'excuse d'avance devant le flot d'erreurs que je pourrais éparpiller dans mon texte ! c'est que, même ayant fait des études dites "de troisième niveau" en France, j'ai les est fait que d'oreille ! alors voilà je me lance…

EN MARGE DE L'ACTION GOUVERNEMENTALE ET DES QUESTIONS PECUNIAIRES .
L'ensemble des intervenants sur ce "site" montrent que ce débat sur le sujet du diplôme est nécessaire de le développer tant au niveau de la forme comme de son contenu. Le débat est riche et souvent orienté vers des sons de clocher individuels ! certain défendant leurs "bifteck" et d'autres en donnant leur humble approche (moins nombreux). En règle général les approches comparatives en prenant l'opposition danses de salon et danse argentine se figent de par leur mode opératoire de réflexion, de même lorsque l'on donne des définitions on prend les mots les plus "durs" et on les glisse sur des réflexions dramatiques, alarmantes ! Je peut leur donner à mon tour un tour plus
sympathique comme dans la définition de fédération: signifierais un groupement une union sous une Entité commune ! (et non pas le mot pouvoir, utilisé ailleurs!) Bref les façons d'orienter les débats sont multiples et en donnant mon opinion aussi simplement que je le peut j'orienterais malgré moi aussi certains d'entre vous !?

Le fond du problème est de savoir si le Tango est enseignable ou pas? À mon avis OUI. La raison est que s'il ne l'était pas nous ne serions pas là en train d'en discuter car cette danse, cette musique et pour faire plus court cette culture venu "del rio del Plata" en serais aux oublis s'il n'était pas transmissible. Cela veut dire que l'apprentissage est
possible et d'ailleurs aucun de vous met en cause ce-là. Des le moment que l'on admet ce-là, on consent la nécessite d'avoir quelqu'un qui nous transmette ce savoir!, là aussi je pense qu'est une démarche toute logique et acceptable de tous. La difficulté vient du faite que certain transmetteurs de connaissance ne nous paraissent pas aussi
efficaces, pertinents et compétents que d'autres, et l'on se pose la question légitime de savoir si, ces soit disant enseignants, étaient "habilités" ou pas? à transmettre. À partir de là, il entre en scène un autre élément qu'est celui qui consiste à dire que ce n'est pas par ce que quelqu'un nous appris quelque chose, que nous sommes prés à
l'enseigner à notre tour !.

Nous, êtres humains, nous avons toujours besoin de nous rassurer et parait-il qu'un diplôme puisse être une garantie ! Mais le "bouche à oreille" elle aussi est une garantie! En réalité ni l'une ni l'autre ne sont des garanties du bon déroulement d'un enseignement. Un responsable du choix d'un couple enseignant, les ayant vu et approché peut se
tromper et s'avérer d'une grande "catastrophe", donc, quelque soit le mode opératoire on peut se trouver démunis. Un prof. d'anglais peut être pour les élèves d'une même classe tantôt bien, tantôt passable! Là on rentre dans l'appréciation du corps enseignant et de celui des élèves et l'on s'éloigne un peu du sujet ! juste un peu !

Puisqu'il est admis que la danse du Tango a la capacité d'être transmissible, se pose la question du lieu ou l'on transmet se savoir! et là… nous pouvons avancer sans trop risquer quoi que se soit que:
pourvu qu'il ai suffisamment d'espace celui-ci peut être enseigné n'importe où ! même dans la cuisine de chez ma grand mère ! car le tango se danse même dans la rue ! donc la terminologie dite "danse de salon" ne peut lui être appliqué d'une manière catégorique ! Mon père l'apprit "en el patio" de l'une des nombreuses "casas chorizo" comme on dit qu'existait dans son quartier! c'est sa soeur que le lui a enseigné ! Donc pas de maître ni de professeur juste sa soeur et…, ………
LA RUE !

Malgré ce que je vient d'exposer il me semble qu'il nous manque peut être à nous et aussi aux argentins des lieux ou la culture du tango puisse être "étudiée" permettant de faire intervenir la danse, la musique, l'histoire, la poésie, la sociologie et j'en passe. Un lieu où tout est possible, une école par exemple dont tous les courants foisonnent, où l'on fait des recherches, et où l'on parcours une multiplicité des possibles approches ou voies, menant vers un diplôme ! mais pourquoi pas, où est le danger? Voyez vous quand on vas à l'école de Beaux Arts on apprend à se former à l'ouverture d'esprit, car on apprend que dans l'art il n'y a pas une vérité de la peinture, ou de l'expression! non!, des vérités, il y a à la pèle!, et on nous enseigne à nous réveiller, et à être réceptif, et ils nous guident vers l'impossible formatage ! Ce n'est pas par ce que vous avez un diplôme de Beaux-Arts que vous êtes artiste !
Non, mais on vous a sensibilisé sur l'art et on vous a donné dans un lieu un réceptacle ou chaque étudient peut prendre le chemin que lui chante. Si nous amoureux du Tango (je ne dit pas Argentin car pour moi il ne peut en être autrement) sommes capables de réfléchir non pas du pour quoi, mais du comment, nous pouvions mettre en place une telle structure permettant d'être la plus proche de l'esprit du Tango. Un "diplôme de connaissances du Tango" n'est pas pour moi réducteur! De plus cela ne quitte pas la valeur des diverses structures existantes, au contraire, elles pourrais être des vrais moteurs dans cette aventure. Je rêve d'une rare bibliothèque ou l'on peut se plonger dans l'univers tanguero des années trente ou cinquante! (là je plonge dans l'idéalisme total, normal je parle de rêve)

Vous parlez de codification et je parle d'un diplôme de savoir et non de compétence, vous parlez de concours là ou je parle d'échanges d'expérience, l'approche est bien différente car ma formation d'architecte (diplôme bien entendu) n'a rien avoir avec un diplôme universitaire. Un concours d'architecture n'est jamais une concurrence
entre architectes dans le sens de la performance mais c'est un moment d'expression de sensibilité de poésie très personnelle. Quand il s'agit d'en dégager la poésie d'un lieu alors on est dans la création, et la création est tout sauf codification! Si vous considérez Le Tango comme un ART alors pensez aussi autrement pensez en Tanguero que vous êtes!

Pour moi un diplôme est une feuille qui vous dit que vous avez fait des études sur un sujet donné. Elle ne certifie en rien mes compétences par contre elle enduit que j'ai quelques connaissances sur le sujet. Ce qu'est sur c'est que je doit compléter ce savoir par de l'expérience! et qui dit expérience dit encore de l'apprentissage!

Je voie l'école comme un lieu d'enrichissement et les entités actuelles (associatives par ex.) comme une source inépuisable de continuité! Je sais que pour certain ces quelques lignes paraîtront comme sorties du contexte très complexe du monde du tango voir presque des idées un peu naïves mais je crois qu'il a toute sa place dans les problématiques que traite ce BLOG.

Cordialement à vous tous
Leonardo,
El caminito à Saint-Étienne
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77. [ecos del plata] Fonctionnement en réseau par Martine et réponse de Benoit

[repris depuis le forum de Ecos del Plata (Grenoble)]

Je viens prendre part au débat…

Christophe Apprill écrivait il y a une dizaine d’années au moment de sa thèse de sociologie, dans son livre « Le Tango Argentin en France », p128 :
« Le tango guetté par la normalisation : On voit mal comment il pourrait être enseigné aujourd’hui dans les écoles de danse sans que sa richesse et sa singularité en soient affectées. A l’heure actuelle, aucun des danseurs argentins qui enseignent le tango ne possèdent le diplôme de maître à danser détenu par la plupart des professeurs des écoles de danse….L’encadrement normatif de l’enseignement à travers la création d’un DE …aurait un impact important sur le réseau d’associations de tango qui est rattaché à la fonction sociale (convivialité, découverte d’une culture) de la danse mais aussi à la spécificité du tango tel qu’il est enseigné. La réglementation de l’enseignement, qui risquerait de se traduire par l’établissement d’un monopole de fait au bénéfice des écoles de danse, imposerait une normalisation de la danse…. »

Il parle aussi + loin du statut hors des cadres institutionnels de cette danse (culture, jeunesse et sport, enseignement), de l’aspect affirmation d’une identité/rébellion par rapport aux schémas établis, du coté bâtisseurs de réseaux des « précurseurs » du tango en Europe, héritiers du mouvement de mai 68, de la dimension forte du voyage : « de voyage intérieur, le tango est devenu un motif de voyage à l’intérieur d’un réseau convivial et attractif, fluide comme un soupir de bandonéon »…

Voilà un livre, écrit il y a 10-12 ans, que j’ai lu avec beaucoup d’intérêt, avant le lancement de cette enquête et de la polémique qui, forcément, nous fait réagir …. !

Car la première question que je me pose est : Qui demande quoi à qui ?

Nous sommes des adultes, pratiquant une passion à la fois artistique, culturelle, relationnelle, sociale…bien organisés en réseaux hors de toute tentative de normalisation et de récupération. Nous sommes, je crois, heureux dans cette activité et ce tissu relationnel.

Il me semble que nous sommes aussi assez grands pour choisir nos professeurs, en fonction de ce que nous recherchons, nous, et de la degré de satisfaction qu’ils nous amènent dans le vécu et le partage des cours , bals et pratiques. Avons-nous besoin de formateurs-évaluateurs-censeurs venus d’on ne sait où, dont les critères d’octroi du diplôme nous échapperont complètement….

Qui, mieux que nous même, tangueras et tangueros, sommes à même de savoir ce qui est bon pour nous ????

Aujourd’hui, nous fonctionnons en réseau, et nous choisissons nos professeurs. Cela fonctionne, je crois, très bien, non ?
Je ne suis pas contre le changement, bien au contraire, mais quand les choses vont bien, pourquoi (et surtout dans quels intérêts et enjeux sous-jacents) faudrait-il les bousculer ?

Martine (Grenoble)

- - - - - - - - - Réponse de Benoit - - - - - - - - -

Je m'étais posé les mêmes questions que Martine à peu près dans les mêmes circonstances, après avoir lu le livre de Christophe Apprill il y a plus d'un an. Par contre, sans vouloir détenir la vérité et juste pour donner des pistes, j'étais arrivé aux idées suivantes.

- le tango actuel est issu de l'action des pionniers comme le décrit Christophe Apprill, qui ont oeuvré en toute liberté hors cadre institutionnel. Il est remarquable de constater que cette action ait pu perdurer plus de 15 ans en donnant de bons résultats : les lieux de tango se multiplient et le niveau de danse est à peu près homogène.

- depuis environ 3 ou 4 ans, on constate un fort accroissement du nombre d'élèves dans les associations, au moins dans les grandes villes (expérience personnelle à Aix-Marseille: 30 personnes en 2001, plus de 150 personnes à partir de 2004 dans la même association). Cette évolution a plusieurs grands mérites: elle provoque l'augmentation du nombre de lieux de tango et elle se traduit par un certain rajeunissement de la population tanguera (moyenne d'âges des élèves quand j'ai commencé: au dessus de 45 ans, moyenne d'âge des débutants actuels: bien en dessous de 40 ans). Par contre, elle présente un "non-mérite" (je ne sais pas comment le dire): le risque de modifier la relation au tango.

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En effet, le tango s'apprend dans les cours mais il s'affine dans les milongas au contact des "anciens" supposés être plus expérimentés. Ces deux mécanismes d'apprentissage, le cours (1 sait, 20 apprennent) et l'immersion (20 savent, 1 apprend) sont très complémentaires et indispensables l'un comme l'autre à l'apprentissage du tango. Le point sensible est l'immersion: si le nombre de néophytes est trop grand par rapport aux nombre d'anciens, le mécanisme d'immersion ne joue plus pour tout un tas de raisons plus ou moins valables mais que je commence à entendre ici et là (exemple: "le niveau baisse, on va danser ailleurs entre nous").

Du coup, si un des canaux d'apprentissage du tango, l'immersion, ne fonctionne plus, il ne reste plus que le canal des cours et là... il me semble qu'il y ait beaucoup à dire sur les conditions d'enseignement du tango.

Au début, on ne s'en rend pas compte: tout nouveau tout beau, et puis "le tango, c'est compliqué", mais pour ceux qui s'accrochent, qui cherchent à progresser (stages, multi profs etc..), il est probable qu'ils se mettent à réfléchir un cran au dessus du simple fait d'aller à un stage avec tel ou tel dieu du tango. Rien que de très courant dans ce que je viens d'écrire et qui existe depuis longtemps dans toute forme d'activités.

Je ne suis pas particulièrement attiré par la culture entourant le tango [j'ai quand même essayé d'apprendre l'espagnol :-) ], mais par contre le tango étant un tel moyen d'expression que j'ai cherché à en savoir plus sur la danse en général. Et de fil en aiguille, j'ai compris l'océan d'écart qu'il pouvait y avoir entre des profs standards de tango et des danseurs, tant du point de vue de la technique que de l'expressivité, à tel point que je me suis posé des questions sévères sur la légitimité des profs standards, pas tellement sur leur approche commerciale - les prestations qu'ils assurent valent-elles le prix qu'ils demandent ? sur ce plan-là, on peut effectivement faire confiance aux mécanismes de marché à l'échelle d'un an ou deux - mais sur l'horizon tango qu'ils ouvrent (fixent ?) pour leurs élèves.

Le rôle et le travail de ces prof sont fondamentaux puisqu'ils transforment des ignares complets (mon cas il y quelques années :-) ) en danseurs capables de s'intégrer dans des bals plus ou moins complexes : la nature de la relation au tango passe forcément par leur intermédiaire. C'est peut-être une responsabilité à long terme dont ils n'ont pas encore pris conscience.

Arrive alors la question qui tue: comment faire pour que l'horizon tango des profs s'agrandisse ? ce qui est typiquement une question de formation permanente et conduit illico à la notion de filière professionnelle et à la réflexion en cours au ministère.

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Revenons à la notion de réseau tango si typique de la forme actuelle de notre activité. Un réseau ne fonctionne que si tous les composants acceptent de fonctionner ensemble. Ce qui est nouveau par rapport à voici quelques années, c'est:
- l'augmentation du nombre d'élèves dans les cours
- l'évolution de la moyenne d'âge: avec un rajeunissement au fur et à mesure que le temps passe
- l'évolution des techniques de danse
- l'évolution du rapport à la musique

Le dernier point est plutôt culturel, c'est le seul qui soit recevable pour justifier une rupture temporaire du réseau. Les 3 premiers points sont techniques et posent la question de la compétence des profs:
- pédagogie face à des groupes consistants,
- discours adaptés à des tranches d'âges différentes,
- technicité personnelle du prof et compréhension des mécanismes de la danse.

Sans vouloir justifier un mécanisme de certification - je redoute particulièrement la dénaturation du tango qu'un tel mécanisme risquerait de provoquer - il n'en reste pas moins vrai que les limites observables ici et là chez nombre de profs - en 15 ans, toute activité évolue irrémédiablement et des points de comparaison émergent forcément - laissent la porte ouverte à une nouvelle vague que certains désignent comme des "pseudo profs" (cf. le blog http://diplome.tango.free.fr/blog/files/feb-2008.php) qui, sans en savoir beaucoup moins que les pionniers bénévoles de l'époque héroïque (cf. les livres de Rémi Hess "les tangomaniaques", 1998), ont des motivations beaucoup moins militantes et beaucoup plus sonnantes et trébuchantes où la notion de réseau se concentre sur leur seule personne (principe des écoles de danse tel que décrit par Apprill dans "Sociologie des danses de couples", 2005 - remarque: la seule école commerciale de danse de Marseille proposant le tango argentin a créé une association pour cette danse).

Vu de l'extérieur, la demande d'apprentissage de tango existe et il n'y a a pas de barrière à la définition de l'offre, ce sont des conditions idéales pour faire un marché ultraviolent. Même si objectivement ça ne fonctionne qu'un an ou deux pour les "pseudo profs", c'est suffisant pour introduire la rupture avec les mécanismes de réseau que nous connaissons d'une part par simple concurrence - les élèves ne vont pas ailleurs que dans leurs cours - , d'autre part par la méfiance ultérieure envers le reste du monde du tango que ces comportements suscitent quand les élèves les découvrent.

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En conclusion, voilà un des risques de la situation actuelle telle que je la perçois (j'ai la chance de pouvoir danser presque tous les soirs dans tous les types possibles d'environnement) : l'impossibilité du fonctionnement en réseau à répondre à la demande actuelle, à cause du temps d'incubation du tango qui met à mal le processus d'apprentissage par immersion dans les bals et milongas.

Y répondre par l'application d'un diplôme / licence du côté apprentissage par enseignement, histoire de mettre des barrières à l'offre est le vieux réflexe malthusien des corps de métiers (pilotes de ligne, chauffeurs de taxi, etc...), l'expérience montre que les résultats ne sont jamais-là si en contrepartie il n'y a pas de contrainte de respect des élèves (notions d'obligation de résultat, de moyen, de conseil etc...), mais on tombe dans des comportements qui nous mènent bien loin de ce que nous venons chercher dans le tango: la liberté.

Par contre, s'arcbouter sur le passé au nom de la liberté pour ne rien changer conduira probablement à faire craquer le réseau par surcharge.

Une piste serait sans doute de réfléchir sur l'optimisation de l'apprentissage du tango sans perdre les références culturelles qui sont indispensables à partir d'un certain niveau ("
apprendre le tango n'est pas difficile pour un danseur classique ou contemporain qui a 15 ans de formation, par contre ça lui demandera des années pour être dans le tango", Plume Fontaine). Cette optimisation permettrait de réduire le temps d'incubation et par là protégerait le rôle du bal.

Trouver un moyen d'adapter le fonctionnement en réseau du monde du tango sera sans doute le principal résultat du remue-méninges provoqué depuis quelques semaines par l'enquête du ministère de la culture. Les pionniers ont réalisé une utopie basée sur le mode associatif, que feront les successeurs ?

Benoit de Gentile
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[L-42] Autres points de vue, par Christian

Chers amis tangueras et tangueros,

Je lis avec beaucoup d’attention tout ce que vous écrivez sur ce blog, et cela me passionne. Je remercie très sincèrement ceux qui veulent bien répondre à mes arguments, même s’ils ne sont d’accord avec moi. J’apprécie beaucoup leur franchise, je pense que c’est ainsi qu’on avance, même si je ne suis, moi-même, pas toujours d’accord avec eux.

Je voudrais soumettre au débat plusieurs points nouveaux. Pour tenter de faire évoluer ce débat vers des horizons autres que les propositions, certes très intéressantes, mais de personnes qui ne sont pas encore renseignées sur les principes des associations, des fédérations, ou des confédérations. Ce que l’on peut apprendre dans de nombreuses brochures, au pire dans chaque préfecture.

Pour avancer, j’ai envie de vous dire que je pense que nos amis amateurs du tango argentin se font un bien trop grand souci, de mon point de vue, de ce qui pourrait leur arriver, et arriver au tango. A moins qu’ils ne regardent du mauvais côté pour voir arriver l’ennemi. Certaines de mes raisons sont les suivantes.

1 — RAISON DE SANTÉ PHYSIQUE ET DE PROTECTION DU PUBLIC (Article 2 de la loi de 1989) : Madame Dominique Dupuy, inspectrice de la danse en
1989, qui a été pour beaucoup à l’origine de la loi de 1989, m’a expliqué personnellement que, à l’origine, cette loi avait été demandée par le ministère de la SANTÉ, POUR LA PROTECTION DES ENFANTS contre des déformations imposées trop tôt à leur corps. D’où le fait, par exemple, que cette loi interdise toute technique de danse avant
l’âge de 8 ans (entre 4 et 8 ans, c’est "l’éveil" et "l’initiation"). Et cela est valable aussi pour le tango, bien évidemment. Il est vrai que, contrairement aux débats parlementaires, cette loi a dévié sur des contraintes stylistiques (lire Roland Lienhardt déjà cité), ce qui n’aurait pas dû être.

Pensez-vous vraiment qu’il y ait de vrais risques physiques dans les techniques de tango argentin ? Je ne le crois pas. Pensez-vous réellement qu’une instance publique, même celle de la culture, va vraiment mettre en place un cadre OBLIGATOIRE qui risquerait de dénaturer l’idée que vous souhaitez protéger de cette culture tango ?
Je ne le crois pas.

2 — LA DANSE À L’ÉCOLE : RAISON DE PROTECTION DE L’INTÉGRITÉ MORALE DES ENFANTS : Un peu sur le même chapitre, depuis de nombreuses années, une foule de discours se déchaînent sur le thème de la danse à l’école. Et, évidemment, cela intéresse le ministère de la culture, sans parler de celui de l’Education Nationale.

Je suis de ceux qui pensent qu’il serait bien que, dans l’éducation des enfants à la vie, à la culture, à la relation, etc., une place soit donnée à la danse de société, et pour toutes sortes de raisons que je développerai ici si on me pose la question. Par contre, je pense qu’un projet dans lequel on apprendrait aux enfants à danser uniquement du rock n’a aucun avenir. Particulièrement si c’est du rock à 6 temps sur une musique à 4 temps ! Bravo pour l’éducation !

Pensez-vous vraiment qu’un ministère comme celui qui a mandaté Christophe Appril, juste pour une enquête (presque pour savoir ce que « nous avons dans le ventre », et surtout dans l’esprit), va réellement s’intéresser à une danse à l’école dans laquelle on apprendrait le tango argentin, et où l’on ferait jouer des rôles d’hommes et de femmes à des enfants, alors même qu’ils sont en pleine évolution d’identité ? Certainement pas !

Le conservatoire de la Ville de Toulouse m’a demandé il y a un mois de chorégraphier deux minutes de tango pour des enfants entre 12 à 14 ans. Je l’ai fait car c’était la commande d’une amie, en prenant un maximum de précautions. Mais j’ai trouvé cela profondément déplacé, surtout quand on prêtait attention au texte ! Parlant de bouges et de prostituées ! Mais c’est à la mode !

Ne craignez donc pas un diplôme OBLIGATOIRE pour transmettre, dans l’espace privé, ce que vous souhaitez transmettre. Mais craignez plutôt que, dans l’espace public, le ministère de la culture, comme celui de l’éducation nationale, ne mettre des freins et des limites à un apprentissage trop "étroit" et trop ciblé, trop porteur de sens réservés aux adultes.

3 — AUTRE RAISON DE PROTECTION DU PUBLIC, RAISON D’ÉTHIQUE : Je ne crois pas que, en concentrant toute votre réflexion sur le tango argentin, vous pourrez constituer une force suffisante, si tant est qu’il y ait une attaque et des risques, pour lutter contre nos institutions. J’y vois plutôt un grand danger pour vous, passionnés de tango.

Je crains, et cela est valable pour toutes les danses prises une à une, au contraire, qu’il y ait un risque d’assimilation à un réseau à la fois puissant et incontrôlable, en tout cas, qui refuse d’être contrôlé, qui refuse toute ingérence institutionnelle, qui craint qu’on le démantèle, sans compter qu’il montre très clairement qu’il craint aussi d’autres ministères, comme celui des Finances. Et qui semble donc cacher quelque chose. Je pense qu’il y a un grand danger à glisser d’une réflexion concernant UNE CULTURE, à ce qui pourrait être assimilé à UN CULTE.

Je ne pense pas que cela soit une bonne méthode. Car c’est un autre ministère que vous, mes amis, pourriez craindre, en fin de course : c’est le ministère de l’Intérieur. J’espère ne choquer personne, mais je souhaite être franc. Car cela concerne de très près mon métier, et celui de tous ceux que j’ai formés et que je forme.

Tenez compte du fait, par exemple, que certains groupements qui font du Développement Personnel, et uniquement cela, sont suivis de très près par les Renseignements Généraux, c’est très célèbre.

Je ne pense pas que c’est en refusant un dialogue, un recensement, une vue, un avis sur vos (nos) activités, ni même une inspection, que vous réussirez à convaincre du bien fondé d’une telle bagarre pour défendre votre passion, la culture tango.

Au risque de paraître d’un autre âge (mais il est vrai que j’ai 60 ans), je vous propose de vous reporter à la thèse d’Anne Décoret, que notre ami Christophe Appril connaît très bien, thèse de doctorat qui porte sur les danses exotiques en France, 1900-1940 (Paris VIII 1998), et qui, évidemment parle longuement du tango.

Dans son second chapitre (Une dansomanie exotique, exotisme et pratiques sociales de danse), Anne Décoret répond à de multiples questions (repérage, codification, improvisation, détracteurs…) que vous vous posez, et qui se posaient déjà il y a près d’un siècle. Et elle le fait très simplement, en citant des auteurs de l’époque. Par exemple Sem (page 235), qui écrivait, découvrant à Paris les « bals tango » de l’époque :

« Dans l’appartement où de jeunes gens viennent se retrouver pour danser le tango, en 1912, il n’y a point ce débordement, cette exubérance que l’on trouvera dans la pratique des danses jazz et nègres, mais au contraire une extrême concentration […] Ces évolutions déconcertantes, cette quasi-immobilité tourmentée n’ont de la danse ni son emportement, ni son allégresse physique, ni son délire de mouvement… […] Devant ces contorsions mystérieuses et lascives on se sent mal à l’aise […] comme si le geste caché de l’amour était brusquement dévoilé en public. […] A mieux observer ces étranges danseurs, leur air sérieux et absorbé, leur frénésie contenue, bridée par le rythme mesuré, (…,) d’une précision pour ainsi dire liturgique ; à voir leur expression ardente de conviction et de foi, on en arrive à comprendre qu’ils accomplissent une sorte
de rite sacré. Les femmes en proie à une exaltation mystique, les regards en dedans, penchent des visages extasiés, les yeux clos, dans un rêve intérieur, graves et recueillies, comme des communiantes…

[…]. Il m’apparut alors que j’assistais, en plein Paris, à l’office d’une secte, que j’avais pénétré dans un sanctuaire, une des milles chapelle de ce culte nouveau qui passionne la ville et fait tourner les têtes, les âmes et les corps […], le Tango ! »

Je présente d’avance toutes mes excuses aux personnes que ce texte pourrait offusquer. Il n’est pas de moi, et il date de 1912… Moment où les fameux Maîtres de Danse voulaient s’emparer du Tango pour le vendre, et en faire leur monopole. Rien de nouveau sous le soleil ! Mais je ne pense pas que ce soit une image à véhiculer encore, du
moins pour ceux qui veulent avoir des relations avec nos institutions.

Je ne crois pas que vous pourrez faire, sans tenir compte de ce passé, très connu, au risque de reproduire stérilement les mêmes erreurs.

Pour finir et conclure, et pour rassurer nos amis passionnés, je ne pense pas que la culture tango ait le moindre souci à se faire, du moins à l’encontre du ministère de la Culture. Je vous laisse, par contre, méditer sur les risques que représente un tel débordement de passion qui se veut incontrôlable mais concentré sur un seul objet finalement plus historique que chorégraphique ou pédagogique, pour le ministère des Finances, pour celui de l’Education Nationale, ou celui de l’Intérieur, ou encore celui de la Santé. Cela déplacera un peu la discussion.

A mon humble avis, et même si certains risquent de me trouver très prétentieux, c’est uniquement en nous regroupant, sans hégémonie de style ni de danse ni d‘histoire, que ceux qui souhaitent une reconnaissance, et éventuellement une protection contre leurs angoisses, ont une chance de l’obtenir. Pour les autres, aucun souci.

Merci de m’avoir lu. Christian Dubar
(Institut de formation en danses de société de Toulouse)
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[ecos del plata] Réponse à Marie-Pierre par Chantal

[repris depuis le forum de Ecos del Plata (Grenoble)]

La remarque de Marie Pierre est judicieuse ; en effet, pourquoi cette enquête émane du ministère de la culture alors que jusqu'à présent, toutes les écoles de danse dépendent du ministère de la jeunesse et des sports ? est ce que cela veut dire que la danse ne serait qu'un "support-prétexte" pour "recenser" l'enseignement d'une culture quelle quelle soit ?? que personne ne s'offusque de ce que je viens de dire, je réfléchis simplement tout haut .. et certes, cela ne change pas le fond du problème.

En tous cas, pour moi, il est une chose d'envisager de légiférer par l'institution d'un DE et une autre de créer une fédération pour nous représenter. Je ne vois pas pourquoi il y aurait forcément un lien entre les 2.

C'est la création d'une structure dite "représentative" du tango argentin qui me gêne un peu ..

Ca phosphore dur en tous cas ...

[... suite du message spécifique au fonctionnement du forum de Grenoble..]
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[L-41] Le tango en toute liberté, par Sylvie

Bonjour à tous

Merci à Raphael de Ecos del Plata de toutes ces précisions très instructives... merci à tous d'ailleurs de votre participation, de votre présence.

Il me semble que nous touchons là aux limites de la démocratie ... belle formule, beau concept que cette démocratie, et pourtant.... Elle oublie de fait que "Nous ne sommes pas une moyenne mais une addition" comme le dit le magnifique Théodore Monnod.

Même si nous créons une fédération, personne ne me fera porter des valeurs, des propos, des idées, des courants, contraires à ce que je crois vraiment à l'intérieur de moi... à l'instar d'une célèbre fédération sportive, où une poignée de personnes, pourtant certainement élues par d'autres à un moment donné, se permettent de prendre des décisions contraires aux valeurs portées par une grande majorité de leurs adhérents !!!

Je ne donnerai à personne ce droit là, de décider pour moi sur des sujets aussi intimes, à moins d'y être totalement obligée bien sûr, et c'est bien le cas de ce que nous vivons avec nos différents gouvernements. Ce n'est plus la loi du plus fort, et c'est tant mieux, mais c'est quand même la loi de ceux qui ont été élu et qui par la suite, décident à notre place, sur des sujets qui mettent l'humanité toute entière en péril. Il reste à l'homme de ce troisième millénaire d'inventer encore autre chose...

Ne mélangeons pas tout, nul besoin d'une organisation politique pour aimer et danser le tango ensemble, cultivons simplement notre tango comme un immense espace de liberté, il n'en reste pas tant que ça aujourd'hui, unissons-nous mais sans chaîne, sans menottes et sans baillon, avec au contraire tous nos sens grand ouverts à la découverte et à la vie. Il n'y a rien à signer pour ça, pas d'engagement ni de bail en perspective, juste à vivre ; est-ce devenu si difficile ?

Ecoutons une voix de sagesse, ne gravons pas nos noms au bas d'un parchemin.

sylvie krikorian
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[L-40] Copie de courrier au ministère, par Christian

[note du modérateur: la mention au blog de Chistophe Apprill ne concerne pas le site diplome.tango]

Chers amis,

Vous trouverez ci-dessous copie du texte que j'ai expédié le 14 avril à Monsieur Jean de Saint-Guilhem, signataire de l'ordre de mission cité sur ce blog.

Pour information.

Christian Dubar (Institut de formation en danses de société de Toulouse)

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Monsieur Jean de Saint-Guilhem
DMDTS
Ministère de la Culture
53 rue st-dominique
75007 Paris


Monsieur le Directeur,

Je vous ai écrit le 3 mars dernier. Sauf erreur de ma part, je n’ai reçu aucune réponse à mon courrier.

Je reviens donc vers vous car une multitude de mes stagiaires me posent des questions sur la mission dont vous avez chargé Christophe Appril et son équipe sur la pratique des danses régionales et nationales, et étrangères sur le sol français.

Dans le courrier que j’avais écrit pour leur blog (et dont je vous avais transmis copie le 3 mars), j’avais signalé que, il y a trois ans, Monsieur Jean-Christophe Paré m’avait déjà demandé de former une fédération qui regrouperait enseignants et pratiquants de ces danses. Travail que j’ai aussitôt entamé avec une équipe sur la France entière, en créant une fédération : la F.F.D.D.S.

Or, aujourd’hui, je me rends compte du fait que Christophe Appril n’a pas été averti de notre existence ni du travail que nous avait demandé Monsieur Paré. Comme, de mon côté, personne de votre ministère ne m’a parlé ni d’appel d’offres en la matière, ni de l’ordre de mission décidé. Je reste très surpris.

Je crois pourtant que, toute modestie mise à part, notre institut est toujours le seul à avoir eu une reconnaissance de la part du ministre de la culture en matière d’enseignement et de formation professionnelle en danse de société ; comme je suis le seul universitaire de France, à ma connaissance, à avoir théorisé sur ces pratiques et ces enseignements des « danses régionales et nationales, et étrangères sur le sol français ».

Loin de mon esprit l’idée de réclamer quoi que ce soit. Je ne cherche qu’à comprendre la cohérence de ces deux demandes issues du même ministère, de façon à pouvoir décider intelligemment, si possible, de l’objet sur lequel je dois mettre mon ardeur, mes connaissances et mon temps, ainsi que la bonne volonté du millier de personnes que
j’ai entraînées dans cette aventure, sous la responsabilité de votre ministère.

Nous nous posons donc la question sérieuse de l’intérêt aujourd’hui du travail que nous menons. Peut-être faut-il que nous arrêtions notre recherche ? Voici la question principale que les personnes que j’ai déjà regroupées, et qui commencent à représenter plus d’un millier d’adhérents, me posent.

Je dois venir le 15 mai prochain à Paris car je suis invité, par sa Directrice de cursus, Madame Michelle Nadal, à assister au premier examen d’écriture de la danse (système Pierre Conté), au conservatoire de la Ville de Paris (centre). Je souhaiterais en profiter pour venir m’entretenir avec vous, si vous voulez bien m’accorder un rendez-vous. Voici le n° de mon portable pour faciliter le travail de votre secrétariat : 06 xx xx xx xx.

Je ferai aussi en sorte de rencontrer un certain Monsieur Baconnier au ministère des Sports, ce que m’a conseillé Madame Noune Marty, Présidente de la F.F.D., qui est une bonne amie, mais qui s’est alors avouée sincèrement incapable de me dire ce qui se passait en ce moment. Ce monsieur travaillerait à un accord entre les deux ministères…

Sur ces questions… Je n’en sais pas plus, malheureusement. Et je compte sur vous…

Dans l’attente de votre rapide réponse, je vous prie d’accepter, Monsieur le Directeur, mes respectueuses salutations.

Christian Dubar

N.B. : Copie transmise ce jour à Christophe Appril par l’intermédiaire de son blog.
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[L-39] Réponse à Raphael, par Pierre

[ note du modérateur: les récentes contributions traitant de la notion de mise en place d'une fédération de tango argentin sont pour l'instant classées dans la rubrique "asso": messages qui évoquent le fonctionnement associatif (cf. mode d'emploi du blog) ]

Bonjour,

Je trouve ces informations complémentaires très intéressantes. Mais j'en déduis que la seule forme possible est le réseau, pour la seule est simple raison qu'il n'est pas possible d'obtenir quelque vote démocratique que ce soit, uniquement à cause de la forme qu'a pris le développement du tango en France et dans le monde.

En effet, récemment un blogueur avait justement attiré l'attention sur le fait que l'on parlait "d'association" de façon un peu abusive car cette notion était utilisée finalement pour désigner des formes juridiques très diverses :

- associations Loi de 1901
- associations informelles (il en existe, et leur non formalisme ne doit pas les exclure du mouvement)
- des écoles de danses sous formes associative
- des écoles de danse de tango argentin très proches, sur le fond, des associations 1901 spécialisées Tango argentin
- des enseignants travaillant en leur nom propre mais faisant un travail très proche des associations Tango Argentin
- etc... il y a bien d'autres formes.

Comment, dans ces conditions, obtenir un avis sans exclure personne, mais en plus comment obtenir un avis équitable.

Car un nouveau problème se pose : doit-on attribuer une voix et une seule par association ce qui paraît formellement équitable, mais qui ne l'est pas en réalité, puisque certaines associations regroupent plusieurs centaines d'adhérents et d'autres que quelques-uns. Celui qui est tout seul et qui organise une milonga par mois aura autant de poids qu'une grosse association ?

Bref, on voit bien que si on poursuit le raisonnement on se précipite contre un mur et surtout que l'on n'en pas fini avec des débats sans intérêt.

La forme réseau est plus souple car elle permet de mettre en lien des acteurs hétérogènes du point de vu de leur statut, de leur nombre etc... puisqu'il n'y a pas de "représentation" du réseau. Et surtout le réseau qui se réfère à une Charte minimaliste, neutralise tous les éventuels conflits... Elle correspond à l'état de ce qu'est le tango en France et dans le monde.

Le seul désavantage : il ne nous permettra pas de connaître les lambris du Ministère.

Amitiés à tous.

Pierre Vidal-Naquet
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[L-38] Réseau, Confédération ou Fédération: différentes formes de représentations existent ! par Raphael

[ note du modérateur: les récentes contributions traitant de la notion de mise en place d'une fédération de tango argentin sont pour l'instant classées dans la rubrique "asso": messages qui évoquent le fonctionnement associatif (cf. mode d'emploi du blog) ]

Lors de la dernière réunion du *Temps du Tango* à Paris (le 30 Mars dernier, réunion faisant suite à l'université d'été du Tango, 2007) concernant ce débat et pour répondre à la demande du ministère de la culture conseillant de former une *Fédération* des Association de Tango Argentin (seule façon, selon le ministère, de se faire entendre et pouvoir exposer nos (associations de tango) besoins et nos souhaits auprès du Ministère de La Culture) l'éventuelle nécessité de créer une fédération du Tango Argentin en
France a été abordée et débattue.

Je rappelle ci-dessous que *différentes formes de représentations existent *et qu'il convient de porter attention aux implications de l'une ou l'autre des formes possibles de représentation entre réseau, confédération et fédération. Il semblerait notamment démocratique que la forme de représentation fasse l'objet d'une vote de l'ensemble des associations de tango argentin en France! *De facto* choisir la forme la plus centralisée (i.e. Fédération) n'est pas sans conséquence pour le devenir du tango argentin en France. Un positionnement clair de la part de chacune des associations de tango en France garantirait à la forme retenue une forte *légitimité* et *l'adhésion*des membres de chaque association.

Les modalités de ce vote resteraient bien sûr à définir pour garantir la meilleur représentativité possible de la voix de chaque adhérent, et il semble tout à fait réalisable qu'un vote soit organisé au sein de chaque association et les résultats mis en commun à l'échelle nationale.

*Le réseau*
Des associations ayant des affinités, d'un même champ d'action ou poursuivant des objectifs proches peuvent se mettre en réseau. Dans ce cas, il s'agit d'une simple mise en relation, de l'organisation de rencontres, de publications communes. Un budget peut être requis pour ces activités et un règlement adopté afin de fixer les modalités de fonctionnement. Mais en aucun cas le réseau ne peut imposer quoique ce soit à ses membres, ni adopter de position commune sans l'avis de tous ses membres. Le réseau
fonctionne sur la base du consensus et les votes sont réservés à des questions très limitées (élection d'un bureau, quitus lors des Ag, décisions pratiques, etc.).

*La confédération*
Alors que le réseau se dote d'outils communs minimum pour faciliter son fonctionnement (un secrétariat, un bureau, un budget de fonctionnement, un bulletin, etc.), la confédération met en place un pouvoir central qui va chapeauter les éléments ainsi fédérés. Toutefois ceux-ci conservent leur pleine autonomie et une relation contractuelle s'établit avec l'autorité centrale. Celle-ci peut d'ailleurs ne s'appliquer que dans des domaines très précis (qu'elle peut élargir progressivement). Il y a unité de l'ensemble,
mais préservation d'une diversité interne.

*La fédération*
Alors que la confédération regroupe un ensemble d'éléments bien distincts, la fédération va entreprendre un processus d'assimilation au bénéfice du pouvoir central. L'appartenance à l'ensemble va primer sur celle de sa partie. Dans de nombreux domaines, le pouvoir central va s'adresser directement aux personnes, par dessus leur association.

*Sources: Maurice Croisat, 2005 – article Fédéralisme dans le dictionnaire
des idées, Encyclopaedia Universalis, pp. 294-296*

Raphael Marcelpoil,
Président d'Ecos del Plata
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[L-37] Une bribe de réflexion concernant l'enseignement du tango... par Raphael

A mon avis, cet enseignement dépasse de loin la réduction à laquelle on cherche à tendre en l'appréhendant à travers le projet de diplôme de professeur de tango, en voulant le pasteuriser, le normer, afin qu'il puisse enfin, parce qu'il représente aujourd'hui un marché, être enseigné notamment en école de danse…

Le tango est une matière vivante, un art, une musique et une danse, une émotion partagée ET une culture, qu'il importe de découvrir, d'expérimenter, de s'approprier, de vivre. C'est un voyage qui commence par une écoute, une ouverture suscitée par une émotion, et qui demande pour se poursuivre l'acceptation de ses forces et ses faiblesses dans sa relation à l'autre, à son/sa partenaire dans l'intimité de l'abrazo.

Si les « profs » représentent une partie importante dans l'aide à l'approche et à la transmission de cette culture, le vécu de cette danse (lors des stages, pendant les cours, les pratiques, les milongas, seul dans l'écoute de sa musique ou si nombreux dans la ferveur d'une milonga) et le lien tissé entre les membres de l'association, des danseurs, du débutant au maestro, constituent le creuset, la matrice, l'abrazo, sur lesquels le débutant va pouvoir compter, à partir desquels il pourra écouter, s'initier, apprendre, échanger, transmettre, construire son libre arbitre, décider ou non de s'impliquer plus personnellement pour embrasser cette culture.

Dans un projet associatif il y a une politique partagée et mise en place par les membres de l'association. Une association n'est pas un bien de consommation, c'est une volonté qui se met en mouvement. Chacun y est (devrait y être) acteur, moteur de son fonctionnement et de son évolution.

Chercher à créer un diplôme de professeur de tango c'est vouloir réduire le tango à un bien de consommation, et pour quels motifs, pour quelles raisons? ; N'y a-t-il pas assez de biens de consommation pour en rajouter un, dénaturer et normer une culture afin de la vendre sous emballage plastique estampillé.

Si la question est d'ordre juridique et financière, alors que l'on réfléchisse sérieusement à ces questions avec les ministères concernés. En qualité de citoyens du monde, que l'on contribue à réfléchir à la forme sous laquelle toute personne porteuse d'une richesse culturelle particulière (française ou étrangère) peut contribuer au partage de sa culture sur notre territoire, en Europe, et plus particulièrement dans le contexte du tissu associatif culturel. Néanmoins refusons l'idée de normer les pratiques de danses régionales ou nationales de France et du monde en général (quelle arrogance), du tango argentin en particulier, dans ce seul but. Là se trouve le véritable danger pour la culture en général et le tango en particulier.

Raphael Marcelpoil
Ecos del Plata
Grenoble
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[L-36] qui trop embrasse, mal étreind, par Claire

J'interviens à propos des derniers messages parus sur le Blog :

Christian Dubar a délivré de longs messages en faveur de la création d'une Fédération, avec mode d'emploi, statuts, historique, ... en rappelant sa propre expérience, son parcours de formateur en danse de société, sa vision de la danse à deux ..

on ne peut que le remercier de sa courageuse et vigoureuse contribution.

Mais "qui trop embrasse, mal étreind" ! je souris face aux derniers propos et je rétorque en faisant court :
L'abondance argumentaire ne parvient pas à me persuader, malgré la passion, l' énergie et l' intime conviction qu'il déploie, de l'existence d'un mariage d'amour ou de raison entre tango argentin et danses de salon, de la nécessité de confondre l'ensemble dans un même et unique registre/appellation qui serait "les danses de bal", de l'existence pour le tango d'un effet mode ou " phénomène de société" (surtout en comparaison avec la Salsa !), de l'intérêt d'une formation "de base" unique (tronc commun??) pour toutes ces danses confondues, de l'incongruité de toute revendication culturelle spécifique dans le tango sous prétexte que toutes les danses s'apparentent à une culture, et de la perte de liberté vécue par tout danseur de tango (vu qu'il a été privé du package total : valse, rock, cha-cha et tout le reste pour le même prix !!)

Je suis admirative du travail que Christian Dubar réalise dans son domaine, les danses de société, et de l'ouverture qu'il a initié, en faisant appel à des danseurs de tango argentin pour enrichir les approches pédagogiques de la danse à deux, et peut-être chercher des notions fondamentales transversales à l'intérieur de ces danses, sauf que jamais je ne pourrais adhérer à sa vision standardisée, uniformisée des danses de couple, auquel le tango argentin devrait appartenir au même titre que la valse ou le reste, au prétexte qu'il se danse en couple et en bal ! quelle réduction sinon castration! chaque danse de couple se réfère à une histoire, sociale, politique, géo-politique, économique, culturelle, aucune n'a eu le même rôle, sens, impact, statut dans la société ou elle a vu le jour, aucune n'a eu la même portée culturelle, la même durée, la même richesse créative, le même génie d'adaptation et d'évolution... le tango est dans sa phase de pleine évolution, bien vivant et en bonne santé, surement pas du tout prêt à se laisser posséder ! il faudra surement être encore un peu patient avant qu'il ne se rende .. à ce devenir mortel ! N'en déplaise aux Ministères, ou aux Fédérations , quels qu'ils soient !!

Si j'ai choisi, comme beaucoup, d'apprendre le tango argentin, et pas le reste, c'est qu'il y a une, non, des multiples raisons que Christian Dubar ignore (moi-même ne les connaissant pas toutes encore!!) donc je suggère au Ministère de la Culture de réorienter rapidement le sujet de l'enquête sur :
"Qu'est-ce que le tango a de plus que le reste, qui nous échappe , bordel?"

Je danse le tango argentin, pas le rock, et j'entends rester libre de mes choix ! je préfère apprendre l'espagnol que le chinois (surement je fais une grossière erreur!) je préfère manger bio, la musique flamenca m'émeut plus que la salsa ...etc.. mais je n'empêche personne d'aimer le contraire, ou de faire l'inverse ! Le jour ou je déciderais que la valse viennoise est un incontournable pour évoluer dans le tango, ou bien que la Salsa est indispensable pour jouir de la vie, eh bien je m'y mettrais à mon insu, de mon plein gré !

Ceci dit, je voudrais conclure sur le rôle du Blog : c'est peut-être en effet dommage que ce soit un peu toujours les mêmes que l'on retrouve au fil des messages, que beaucoup d'artistes (musiciens, danseurs professionnels, journalistes ..) ne nous fassent pas partager leur opinion (comme semble le regretter Sonia) mais nous n'en sommes qu'à 8 semaines d'échanges ! il faut du temps pour lancer un débat de cette importance et pour que l'ensemble des personnes concernées ait connaissance de ce qui se trame !

Cela n'empêche ! Déjà, au minimum 3 tendances divergentes semblent se dégager et se confronter :
- la premiere attachée à une certification privée (sur le modèle des danses de société) et qui voit le Tango argentin regroupé avec elles au sein d'une Fédération des danses de bal et enseigné dans les écoles de danse (au passage on enlève l'appellation "argentin" pour parachever l'assimilation-appropriation)
- la deuxième opposée à une certification, défenseur de "l'associatif" et convaincue de la nécessité de créer une Fédération du Tango comme il existe une Fédération des danses sportives, une Fédération du Judo ou une Fédération des chasseurs (on va dire une supra-association, regroupant les assos de tango par adhésion volontaire, représentant leurs intérêts au niveau national sur la base de l'adoption d'une Charte)
- la troisième opposée à toute certification et opposée au principe d'une représentativité sous forme de Fédération du Tango argentin mais s'accordant sur le principe d'une Charte
- et un grand quatrième qui ne sait pas (ni n'est au courant de l'enquête, ni du Blog, ..)ou qui ne se prononce pas encore, ou qui tient à rester "neutre", ou qui n'a pas envie de faire partager son avis à tout le monde !

Le Blog est une tribune libre, chacun s'exprime individuellement, personne ne s'exprime en porte-parole de la communauté tanguera donc tant qu'il n'y aura pas eu une vraie concertation au niveau national, une vraie rencontre de toutes les assos, il sera difficile de savoir quel poids représente ces divergences .. en attendant, il reste un outil d'échange de points de vue et d'information, il permet de lire, d'entendre et de comprendre bien des choses et pas que des évidences, et il dévoile beaucoup de la face cachée de nos projections .

Claire
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[L-35] Petite grenouille et pensée unique, par Sonia

Le paradigme de la grenouille : plongez une grenouille dans de l’eau bouillante, et elle va se débattre furieusement et essayer de se sauver (on lui souhaite). Mettez-là dans de l’eau froide, et faites chauffer tout doucement, la grenouille va mourir avec un air béat, sans se rendre compte de rien (c’est moins cruel, mais nettement moins bon à déguster).

Ce paradigme est souvent utilisé pour expliquer les dangers de la pensée unique, et de l’occultation des influences extérieures : dans tout système social, celles-ci ont pour effet d’anesthésier les analyses, et d’empêcher les possibilités d’évolution. La mort politique, culturelle, économique, ou sociale, n’est pas loin. La lecture du dernier numéro de la Salida me fait penser à ce paradigme : on y baigne dans l’eau tiède et la pensée unique.

Commençons par la première page, ça attaque fort : « passé le coup de colère … » Comment justifier ce coup de colère ? Résulte-t‘il d’une enquête approfondie, d’une prise de connaissance de tous les aspects du problème, de la mise en balance d’éléments contradictoires ? Non, la colère est un sentiment, rarement le fruit d’une réflexion. Un diplôme proposé, une enquête du Ministère, et tout à coup la pensée unique est remise en question : réaction à chaud et sans fondements. En plus se mettre en colère aussi rapidement contre ce que font les autres, privés ou public, c’est s’arroger le droit, à priori, et sans analyse approfondie, de juger, donc de se considérer comme capable de le faire, donc d’être supérieure aux personnes concernées. On te pardonne Elizabeth, car ce que tu dis après, n’est pas sans intérêt, mais, à mes yeux, tu as réagis à une agression de cette pensée unique dont tu es imprégnée, et qui malheureusement s’est installée dans le Tango en France.

Continuons avec la suite du débat : sans juger sur le fond, il est remarquable que ne s’expriment que Christophe, ses amis, ou ceux qui l’on côtoyé. Point de véritable contradicteurs, pas d’apports différents : là encore on est dans la pensée unique, voire le nombrilisme. Heureusement, Pierre Vidal-Naquet, encore lui, apporte un point de vue plus distant, plus réfléchi. J’adore ! (Rassure-toi Pierre, je drague pas, je suis casée, mais limite création fan club). Il aurait fallu laisser s’exprimer d’autres personnes différentes, et apportant d’autres points de vue. On ne peut pas sans arrêt brandir la culture, et ne pas laisser s’exprimer Musiciens, Poètes, Cinéastes, et autres artistes. Et les pratiquants d’autres danses, pourquoi pas. ? Qu’en penses t’ils dans le Hip Hop, il risquent d’y passer eux aussi. Et laisser aussi, la parole dans la Salida à ceux qui sont favorables au diplôme d’Etat : toujours la pensée unique considérée comme incontournable.. Cela pourrait crédibiliser le débat (et la neutralité du journal), aider à la réflexion, et peut-être nous donner des contre arguments … Regardez ce Monsieur Dubar, à force de s’exprimer, il a permis à Elizabeth (et là, chapeau, ça c’est de l’analyse et de la réflexion) de cerner certains dangers de son approche … (Curieux de vouloir inclure le Tango dans les autres danses, d’être absolument contre un Diplôme d’Etat, de fustiger l’action du Ministère, … et d’aller ensuite y implorer une reconnaissance, laquelle est unique, bien entendu, et fournit un excellent argument publicitaire).

Enfin, cerise sur le gâteau, le point de vue de Mark Pianco, d’un conformisme éculé sur la valeur pédagogique des Argentins de passage en France. Là, c’est la pensée unique à son paroxysme. A croire qu’il n’a jamais assisté à ces multiples stages où le « Maestro » qui vient se remplir les poches en tournée, montre rapidement un pas, au milieu du cercle de contemplatifs acquis à la cause, et file s’asseoir pendant vingt minutes à boire son café, le tout à des tarifs oscillants entre 120 et 400 Eu de l’heure (et oui, mais là cette merchandisation ne gêne personne ; quant à la culture …). D’autres plus consciencieux, vous expliquent doctement : « pour que la figure passe, il faut que le cavalier fasse son pas un peu plus à droite ». Et ça marche, la figure passe (c’est bien de la figure qu’ils viennent nous vendre pour la plupart), et les acquis à la cause apprécient d’un hochement de tête connaisseur cet extraordinaire exploit pédagogique. Au fait, pourquoi si le pas est un peu plus à droite, ça marche ? Mystère, ça on ne le saura jamais. Ca de la pédagogie ? Et la culture ? Rigolade oui. Et là soyons précis, je parle du haut niveau, comprenant une bonne moitié d’une top ten. Mais ils sont Argentins et dansent comme des Dieux, alors l’esprit critique disparaît. Réveillez vous l’eau chauffe, sortez du bocal. Certains enseignants Japonais, Turc ou Américains sont allés beaucoup plus loin dans les méthodes d’enseignements que la plupart des Argentins, à l’exception de Gustavo Naveira, et de quelques autres. D’ailleurs ce même Gustavo, et c’est bien dommage, est très contre versé par beaucoup de ses collègues en Argentine, et son approche ne fait pas l’unanimité. Dommage, je l’ai dit, (quoique il sortira peut-être quelque chose de cette opposition) mais eux, au moins ne sont pas dans la pensée unique. Alors une certification par les Argentins de passage, désolée Mark, c’est totalement risible, d’autant plus qu’ils ne sont généralement pas, comme je viens de le dire, bien d’accord entre eux.

Finalement au bilan : un numéro de la Salida, Ode à la pensée unique, qui n’apporte rien, et surtout rien de plus que ce qui a été déjà dit. Belle occasion ratée. On s’endort ! Bon d’accord j’ai décidé d’être la petite peste de ce forum, et j’assume pleinement. Mais si je me fais l’avocate du Diable, c’est que je pense que pour bien se battre pour ce que nous aimons, la position intellectuelle adoptée n’est pas forcément la bonne, au moins pas suffisante. Il faut s’ouvrir davantage et avoir plus d’audace, pas s’auto conforter dans des idées acquises dans le passé et ressassées dans notre microcosme.

Un bon point : le projet de Fédé avance.

Faites gaffe les petites grenouilles, le monde change et l’eau est train de chauffer … faudrait bouger les pattes, si on ne veut pas finir dans l’assiette !
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[L-32] Réponse à Christian, par Pierre (temps du tango)

Réponse à Christian Dubar,

Bonjour Christian,

Merci de ton apport très documenté et utile dans ce débat, cependant il me semble que nous ne nous situons pas sur le même plan. Tu sembles déplorer que les interventions sur ce blog se limitent à ne parler que du tango argentin sans élargir aux autres danses. Nous nous bornons simplement à émettre un avis sur notre domaine de compétence, le tango argentin, et il ne nous viendrait pas à l’idée d’émettre des recommandations sur l’apprentissage du quick-step ou de la valse anglaise, domaine qui nous est mal connu ou inconnu…

Par ailleurs tu sembles limiter le tango argentin au seul domaine de la danse de couple, lui-même sous-classe de la famille des tangos, alors que pour la plupart des intervenants de ce blog, le tango argentin est avant tout une culture à vivre dont la danse n’est qu’un des aspects ; je prendrai comme exemples, dont l’un a d’ailleurs déjà été cité, la place de la danse dans les deux revues nationales consacrées au tango argentin « Tout Tango » et « La Salida ». Il est évident que ce sujet très souvent ne constitue pas le thème central de ces magazines, contrairement aux autres revues traitant de la danse de couple, alors même que le nombre de danses abordées y est beaucoup plus important (cinq danses latines, cinq danses standards…. )

Je prendrai comme autre exemple deux festivals importants :

- Tarbes, où parallèlement aux cours de danse, ont lieu des stages de musique, des conférences, des concerts, des projections de films, des spectacles de théâtre, des expositions d’art …..

- Prayssac où sont donnés des conférences, des cours d’espagnol, des concerts…. Sans parler de l’Université d’été du tango où la danse est très marginale par rapport aux autres activités….

Ceci représente une spécificité du tango argentin où tous les aspects artistiques sont liés, par rapport à d’autres types de danses de couple; encore que certaines d’entre elles aient des démarches proches, par exemple en danse traditionnelle, où me semble-t-il, les participants attachent beaucoup d’importance aux costumes, aux coutumes, et qui à ce titre, passent énormément de temps à faire des recherches historiques, à se confectionner eux-mêmes leurs costumes etc….

De même en salsa, il y a de nombreux échanges culturels avec les pays d’origine, des voyages….

Au vu des réactions dans les forums, il me semble d’ailleurs, qu’ils ont les mêmes inquiétudes que nous par rapport à l’enquête du ministère de la culture …..(voir quelques réactions
http://w2.webreseau.com/fr/services/forums/message.asp?id=73984&msgid=6088277&poster=0&ok=0
intéressantes sur le forum
http://w2.webreseau.com/fr/services/forums/message.asp?id=73984&msgid=6089781&poster=0&ok=0
du temps du tango)

Si l’on ne considère que l’aspect danse du tango argentin, qui est un aspect quand même réducteur, bien sûr, il y a de nombreux fondamentaux communs avec les autres danses de couple (gestion de l’espace, communication dans le couple, travail sur l’axe etc…) .

Je connais le sérieux de ta formation et je sais qu’elle peut apporter une aide efficace en terme de connaissances musicales, de structuration du cours, de culture, d’ouverture d’esprit …. à des personnes enseignant le tango argentin. De même, je pense que l’initiative de l’ouverture d’un centre de formation par Marseille Tango et la Real Academia permet d’éviter à des personnes venant d’autres danses, d’explorer des voies inutiles et de rentrer de façon cohérente dans l’apprentissage de connaissances directement applicables. Cependant cette formation n’est qu’un mode d’apprentissage parmi d’autres (masterclass, stages résidentiels d’artistes invités, voyages à Buenos-Aires, workshops à l’occasion des différents festivals, stages de formation professionnelle AFDAS etc…..). Chacun peut choisir suivant sa sensibilité le type de formation le mieux adapté. Je trouve d’ailleurs hypocrite, l’argument qui consiste à ne juger cette formation qu’à l’aune de son prix global quand on voit le prix horaire pratiqué dans la plupart des formations…. En sachant que ce prix est souvent justifié par des contraintes économiques …..

Je ne souhaite pas qu’une enquête biaisée aboutisse à ce que le ministère de la culture impose un cursus obligatoire pour enseigner les danses de couple (dont le tango argentin), et que ce cursus oblige à passer sous les fourches caudines d’un institut quel qu’il soit, institut qui aurait le monopole de cette formation et imposerait des
remises à niveau régulières obligatoires et bien sûr payantes….. Je suis pour une offre de formation, mais une offre diversifiée et abondante dans laquelle on puisse choisir librement.

Il me semble que cet avis est partagé par une majorité d’intervenants sur ce blog. C’est la raison pour laquelle, les personnes concernées par ce problème réagissent et proposent de résister à ce diktat potentiel du ministère sous des formes diverses : assises, fédération, coordination…..

Il se peut que notre problématique soit partagée par d’autres types de danse et qu’il serait peut-être utile d’élargir notre action à d’autres acteurs… Néanmoins, nous avons déjà une expérience en ce domaine, car nous avons été confrontés à ce problème en 1997 quand une organisation professionnelle avait manœuvré pour établir un monopole de formation…

Ceci avait débouché sur l’élaboration d’une charte du tango argentin…..

Pour l’instant nous essayons d’avoir une démarche cohérente entre nous, pour éviter que la structure à mettre en place ne reproduise les défauts qu’elle est censée combattre, à savoir : un monopole et donc une prise de pouvoir d’un groupe sur l’ensemble des participants.

Bien à toi,

Pierre Lehagre
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[L-31] Contribution de Elisabeth en réponse à Chistian

[ note du modérateur: les récentes contributions traitant de la notion de mise en place d'une fédération de tango argentin sont pour l'instant classées dans la rubrique "asso": messages qui évoquent le fonctionnement associatif (cf. mode d'emploi du blog) ]

En complément des contributions de Monsieur DUBAR

Je remercie Monsieur Dubar de ses différentes contributions que je trouve intéressantes, et passionnantes et surtout très instructives. Elles permettent de fournir des arguments qui alimentent la réflexion de chacun. En ce sens ses contributions font vraiment avancer le débat. Je reconnais bien là, la perspicacité d’un professionnel, d’un chef d’entreprise, et la remarquable vision d’un universitaire.

Nous l’avons bien compris, grâce à vos écrits sur le blog – je me permets de m’adresser directement à vous afin de mettre en lumière vos écrits - vous avez toujours su trouver un interlocuteur auprès du Ministère et des fédérations de danse pour vous faire entendre. Et c’est grâce à cette habilité toute en finesse et en intelligence que vous avez pu développer votre projet et votre entreprise, l’Institut de formation en danses de Toulouse, et ainsi, obtenir la reconnaissance qu’il vous fallait pour exercer votre activité professionnelle. Dieu sait qu’il a fallu lutter et faire pression, mais tout en finesse. Pas de lobbying grossier.

Dans votre dernière contribution au blog, vous décrivez parfaitement les luttes entre les différentes fédérations de danse, pour organiser les événements phare, l’enseignement aussi sans nul doute, on y voit bien les scissions, les alliances, les querelles de personnes, les noms d’oiseaux dont s’habillent les différents acteurs. On y lit aussi la nécessité d’être LA fédération la mieux placée pour avoir la légitimité d’organiser les championnats. Il est donc tout à fait important dans la perspective des prochains championnats de tango argentin de se doter d’une fédération, n’est-ce pas.

Fort de votre longue expérience, vous expliquez aux différents rédacteurs et lecteurs du blog qu’ils n’ont pas tout compris, que le vœu du Ministère est de regrouper tous les acteurs des danses dites de société, sous un seul et même chapeau, il importe en effet à l’Administration d’avoir le moins d’interlocuteurs possible et on la comprend bien (d’autant qu’il y aura de moins en moins de personnel dans les administrations pour discuter !) aussi avez-vous tout à fait raison de dire que la création d’une fédération de tango argentin est un travail bien inutile. Vous avez raison de le rappeler car une telle fédération ne ferait qu’ajouter un peu plus de complexité à une situation qui l’est déjà passablement, d’après la description que vous en donnez.

Enfin, il est intéressant de comprendre en lisant entre autre votre contribution du mois de mars, que présent aux origines du tango argentin en France vous avez cheminé sur une voie qui vous a été propre et qui a fort bien réussi puisque votre Institut délivre un diplôme et a obtenu la reconnaissance qu’il méritait.

Néanmoins je m’interroge. S’il peut être intéressant pour vous d’animer une grande fédération et de délivrer des diplômes, je ne pense pas qu’une telle orientation correspondent aux attentes des personnes qui se sont engagées, depuis fort longtemps pour certains, dans l’aventure du tango rioplatense et non du tango « dit argentin ».

Dans ce milieu les artistes, maestros nationaux et / ou internationaux, n’ont jamais eu recours à des diplômes et n’ont jamais appartenu à des fédérations. Tous ceux que j’ai modestement rencontrés n’affichent jamais dans leur CV la détention d’un diplôme de tango argentin et surtout ils n’en n’on pas l’intention. Si, depuis les années 1990 les acteurs du tango argentin, souvent réunis en association, se sont tournés vers eux (les maestros), c’est justement qu’ils cherchaient autre chose, un autre type d’enseignement de la danse, intimement lié à tout ce qui gravite autour, la poésie, la littérature, la peinture, la musique, la photographie. Ils cherchaient aussi un autre type de relations, quelque chose qui crée du lien social, rapproche les hommes dans un esprit de parité et non de compétition. Ils cherchaient finalement une culture pas une technique.

Par ailleurs, existe-t-il vraiment pour les acteurs du tango rioplatense une nécessité absolue d’être entendu auprès du Ministère ? Après tout depuis 15 ans de merveilleux événements ont vu le jour et ont perduré, sans fédération, sans numéro d’agrément, sans Institut, ni diplôme. Des partenariats entre les collectivités locales et les associations donnent lieu à de merveilleux événements (Lyon Festival d’un Monde à l’autre, Tarbes…..) et tout cela, ce n’est rien que du bonheur, que du bonheur et aussi beaucoup de travail.

Une fédération, un numéro d’agrément, un diplôme, une reconnaissance du Ministère, puis bientôt un numéro d’objet (pour remplacer le terme création) préalable et nécessaire avant toute initiative de création artistique : depuis 15 ans le tango argentin s’en passe fort bien et il n’a fait que se développer, parce que ce n’est pas seulement une danse à la mode, mais une culture vivante et populaire donc mouvante et en quelque sorte pas facile à cadrer, c’est un espace de liberté et de créativité qui reste ouvert peut-être plus pour longtemps ceci dit.

Ce dont a besoin certainement le monde du tango argentin c’est seulement de plus de lisibilité afin que l’on ne confonde plus les genres, le tango des rives du Río de la Plata et le tango qui a évolué vers une danse de compétition en Europe.

Alors j’ose espérer que tous ceux qui jusqu’à maintenant ont œuvré pour le tango rioplatense sans chercher autre chose que de diffuser une culture et créer du lien social sauront se mettre autour d’une table sagement et en écoutant parler les uns et les autres avant de prendre des décisions.

Il reste que je vous adresse bien des encouragements dans votre entreprise de cadrage des danses de société, en espérant que celles-ci ne deviennent pas un modèle pour le milieu du tango Rioplatense.

Elisabeth DUSSAUD

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[temps du tango] Historique charte du tango argentin, par Pierre

[repris depuis le forum du temps du tango - daté du 5 avril 2008]

Merci Stéphane de ton analyse très pertinente de la situation. Tu fais allusion dans ton intervention à la capacité de lobbying d’individus « Maîtres de danse » qui ont des connaissances très limitées en tango argentin, mais qui souhaiteraient néanmoins réglementer son enseignement. Je voudrais simplement rappeler dans quelles conditions les associations de tango ont élaboré une charte du tango argentin en 1998…..

Quelques mois auparavant en 1996, j’avais eu vent par un ami membre d’une organisation professionnelle d’enseignants de danse, qu’un intense lobbying était effectué auprès du ministère de la jeunesse et des sports et de son ministre de l’époque (le célèbre Guy Drut) pour mettre en place un diplôme obligatoire pour l’enseignement des danses de société dont le tango argentin (paradoxalement, les danses folkloriques n’étaient pas concernées, sans doute parce que le mode de transmission n’était pas considéré comme suffisamment rentable !!!)
A l’époque on préparait les jeux olympiques de Sidney (2000), et il était envisagé à l’instar de ce qui s’était passé à Séoul en 1988 avec le taekwondo en tant que sport de démonstration, de présenter la danse sportive comme sport de démonstration à Sidney. L’AMDF (Académie des Maîtres de Danse de France), qui avait une compétence certaine dans cette branche en tant qu’organisatrice de compétition et formatrice de compétiteurs, professeurs, juges… avait donc fort logiquement profité de cette situation pour essayer d’imposer sa mainmise sur le monde de l’enseignement de la danse de couple…. Selon mes sources, un décret était prêt à être signé, quand une malencontreuse dissolution de l’Assemblée Nationale par le Président de la République de l’époque (Jacques Chirac) est venu contrecarrer ce funeste projet.

Ayant eu connaissance de cette intrigue, les associations de tango ont profité d’un important festival de tango qui avait lieu à l’époque (les rencontres du Sud à Toulouse) pour se réunir et proposer un projet de charte (projet visible sur ce site).

Il est d’ailleurs très intéressant de noter que la personne qui animait les débats était [--- anonyme 1 --], et qu’une des personnes qui a très largement contribué à la rédaction de cette charte était [--anonyme 2--]…..Ces deux personnes étant au centre de la polémique actuelle, [--- anonyme 1 --] en tant que chargé d’étude par le ministère de la culture d’une enquête sur la danse, et [--- anonyme 2 --] ayant mis sur pied une formation diplômante de tango argentin……

Une fois le danger écarté, suite à la non application du décret, cette charte est restée en l’état, et aucun embryon d’organisation n'a été mis en place. Le tango a poursuivi le développement que l’on sait, le plus souvent à travers des associations, mais aussi à travers des écoles de danses qui ont fait régulièrement appel à des professionnels argentins.

Quelle est la situation aujourd’hui et quels sont les dangers ?

Il semble que contrairement au dicton « l’Histoire ne repasse pas les plats », on nous resserve sur un plateau les mêmes salades qu’il y a 10 ans.

Le lobbying n’affecte plus le ministère de la jeunesse et des sports, mais le ministère de la culture, les formes sont mieux respectées, puisque les décisions ne seront pas prises par décret mais après une enquête et une étude qualifiée de sérieuse, bien que menée en catimini et portant exclusivement sur des questions fiscales … Si l’on ne veut pas que des décisions soient prises par le ministère sur la seule base de cette enquête (qui ne concerne que l’aspect très restreint de l’enseignement de la danse), il serait utile d’opposer une structure véritablement représentative du tango argentin en France…. A ce sujet, il est intéressant de lire le dossier consacré à ce problème dans le numéro 58 de La Salida. Il semble que les pouvoirs publics ne prennent en considération en tant qu’interlocuteur qu’une fédération…..

Il est donc urgent de constituer une fédération véritablement représentative du tango argentin en France dans toutes ses dimensions culturelles (musique, danse, littérature …..) et dont le but premier serait d’adhérer à une charte à discuter (du type de celle élaborée en 97) et donc excluant de fait un diplôme national. Cette fédération aurait l’avantage de représenter un panorama complet du tango argentin en France. Il faut rester très vigilant et être prêt à opposer une résistance face à des décisions qui risquent de nous être imposées de manière unilatérale, sans que nous ayons eu le temps de mettre en place une riposte adaptée…. Une seule personne missionnée par un ministère, même ayant une bonne connaissance du milieu tango, ne me semble pas qualifiée pour parler au nom de l’ensemble de la communauté tanguera.

Pierre Lehagre
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[L-30] Réponse de Christian à Muriel

Chers amis,

Je vous félicite pour le travail fait.

Je voulais vous dire ceci :
En 1989, lorsque la F.F.D., après avoir obtenu une délégation de pouvoir en danse de compétition, a eu pour mission de regrouper les associations de "danse sportive", son travail s’est étendu à toutes les formes de danses de société, c’était assez logique, Monsieur Bambuck étant plus intéressé par un nombre de participants (et de voix politiques…) des danses de bal (des dizaines de milliers), que par des sportifs qui étaient alors moins d’une centaine.

Dans le même mois (février 1990) où le tango "dit argentin" commençait à Toulouse dans mon studio (avec Henri Vidiela et Catherine de Rochas), je rencontrais à Paris le président de la F.F.D. : Edmond Linval. Ce dernier, sensible à ma passion et à mon courage au travail (et aussi très choqué par les interlocuteurs qu’il avait pu rencontrer autour des premières tables rondes, et qu’ils avaient assimilés alors à des « malfrats », sic) m’a alors demandé de créer une fédération, regroupant des associations de danses de bal de toutes sortes. Ce que j’ai fait dans les 4 mois qui ont suivi.

Cette fédération (F.N.S.D.S.) a signé un protocole d’accord avec la F.F.D., et on m’a alors demandé de fédérer, ce que j’ai fait, au point que l’agrément international pour la danse sportive (qui n’était donc qu’une petite fraction de l’ensemble des personnes concernées) a été retiré à la fédération (F.F.D.S.A.) qui ne voulait pas entrer, comme le ministère des sports le demandait, dans la F.F.D, pour être attribuée, par l’I.C.A.D. (International Council of Amateur Dancing) de l’époque, à cette même F.F.D, par l’intermédiaire de la F.N.S.D.S. Cet agrément était alors indispensable pour organiser le moindre championnat de France.

Tout cela pour dire que je peux vous faire parvenir copie des statuts de cette fédération (F.N.S.D.S.) si vous pensez que cela peut vous aider à aller plus vite. Mais pour dire aussi que vous vous confrontez là à des réflexions que d’autres ont déjà fait avancer par le passé, et qu’il me semble qu’il vous sera difficile de tout reprendre à zéro, ou peut-être un peu inutile, en tout cas beaucoup plus long.

Dernière remarque : dans votre texte que je viens de relire avec attention, il y a à nouveau, à mon humble avis, un glissement de sens et d’objet.

Tout votre texte qui reprend la mission décrite par le ministère de la culture respecte bien la demande large du ministère. Puis on y lit brutalement : « Codification du tango ». Ce qui est une restriction très sévère de l’idée de départ. Je pense qu’une personne extérieure ne réussirait même pas à comprendre ce que vous écrivez, ce qui me semble dommageable pour votre propre propos qui est pourtant important et passionnant. D’autant que je ne pense pas, comme je l’ai déjà écrit ici (mais personne n’a encore réagi),
que le souci du ministère soit de regrouper les pratiquants de TANGO ARGENTIN, mais tous les pratiquants de toutes les formes de danse « régionales et nationales, et étrangères sur le sol français ». Cela me parait pourtant très clair.

Pour dire donc que j’ai peur que vous ne fassiez un travail bien inutile en ne vous concentrant que sur une danse, le tango, et même sur un style à l’intérieur de cette danse, LE TANGO ARGENTIN, ce qui risque de mettre en échec tout votre travail, car je ne lis donc pas, dans les desiderata du ministère, une demande concernant LE TANGO ARGENTIN.

Je reste à votre disposition pour toute aide complémentaire si vous la jugez utile.

Bien amicalement.

Christian Dubar

N.B. : Rappel (car je l’ai déjà écrit ici, mais, à nouveau, personne n’a encore réagi), il y a 3 ans, Monsieur Jean-Christophe PARÉ, alors Inspecteur de la danse au ministère de la culture et en charge de la question professionnelle et du référencement du métier de Professeur de danse (classique, jazz et contemporains), m’a déjà personnellement demandé de fonder une fédération, ce que j’ai fait. Cette fédération existe donc déjà, elle s’appelle F.F.D.D.S (Fédération nationale des danses de société). J’ai posé la question par écrit, il y a trois semaines, à Monsieur Jean de Saint-Guilhem (signataire de l’ordre de mission cité), de l’utilité de demander une NOUVELLE fédération, ou de l’utilité du travail que beaucoup de gens en France ont fait ces trois dernières années dans le même créneau, et sur la demande de Monsieur Jean-Christophe PARÉ. Juste pour nous éviter, ou vous éviter, un immense travail de recensement et de fédération, qui pourrait devenir brutalement et totalement inutile, puisque refait par d’autres groupements. Je peux aussi vous faire parvenir les statuts de cette fédération déposée il y a près de trois ans, donc, sur la demande du ministère de la culture. Si cela vous intéresse. Amitiés, CD
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[L-29] Compte-rendu de la réunion des associations du 30/03/2008 à Paris, par Muriel (temps du tango)

Compte-rendu de la réunion des associations du 30/03/2008
Participants:
Association « Abrazo » de Nimes (Robert Canonne)
Association « ACIA » de Nogent sur Marne (Ludovic Mjamed)
Association « El Caminito » de Saint Etienne (Leonardo Basmadyian)
Association « Etoile Argentine » de Paris (Mariana Bustelo)
Association « Les Barjos du Tango » du Mans (Armelle Leroi)
Association « Les Fondus du Tango » d'Aix les Bains (Suavet Christian)
Association « Le temps du Tango » de Montrouge (Philippe Leygue, Catherine Charmont, Pierre Le Hagre, Marc Pianko, Francine Piget, Muriel Collignon)
Association « Pari Tango » de Bagneux (Michel Kizilian)
Association « Pasional » de Montpellier (Christian Glaize)
Association « Plaisir Tango » de Nancy (Pierre Canals)
Association « Tango Bueno » de Laval (Marie-Christine Robin, Jean-Claude Chadaigne)
Association « Tango Duo » de Chamonix (Marie-Odile Mermillod)
Association « Tanguito Milonguero » de Nevers (Isabelle Berthot, Oscar Munoz, Pierre Lepage, Monique Lepage)
Mavek Svotkowski de Paris

Ouverture de la session à 10h30.

Après les préliminaires d'usage de bienvenue et de remerciement aux personnes présentes, le contexte et les buts de la réunion ont été précisés.

*1. Contexte*
En août 2007, une première réunion avait eu lieu pour que les Associations de Tango se connaissent et échangent leurs points de vue. De ce premier échange était née l'idée de créer une « Fédération des Associations » dont le but était d'échanger des informations et de mieux se connaître.

Depuis le Ministère de la Culture a mandaté Christophe Appril, Aurélien Djakouane et Maud Nicolas-Daniel pour une enquête auprès des associations en date du 11/12/2007.

Extrait de la lettre de mandat

[...] il est demandé aux trois personnes citées ci-dessus :
* un panorama des pratiques dans le scope considéré
* les données générales relatives aux emplois
* le parcours et les compétences des personnes
* une première estimation en termes d'impact juridique.....

S. Krikorian, rédacteur en chef de la « Salida » a contacté le Ministère qui a souhaité rencontrer un organisme représentatif des associations pour discuter.

Le Temps du Tango a transmis cette information via Internet et a suscité de nombreuses réactions.

*2. Un certain nombre de « dangers » ont été identifiés* :

* Codification du Tango

Les principales réactions ont mis en évidence les points suivants :
· comment codifier la culture autour du tango ?
· comment codifier l'expression de l'âme d'un pays (culture, poésie, musique, danse, peinture etc.) ?
· comment codifier le tango lui-même alors qu'il ne vit que par l'improvisation et la diversité de ses styles (« années 50 », milonguero, fantasia, nuevo, et bien d'autres)

* Aspect fiscal

La plupart des participants ont compris qu'il y avait un sous-entendu fiscal derrière cette enquête qui pose des questions concernant le nombre d'élèves, le prix des cours, la vente de produits dérivés. L'enquête vise-t-elle à remettre en cause le statut associatif qui fonctionne pour la plupart sur la base du bénévolat ?

* Aspect diplôme

Il est considéré que la mise en place d'un diplôme national édictant ce que doit faire, doit être, doit enseigner un maestro de tango argentin est totalement incongrue, alors que ce sont la diversité des méthodes, des connaissances, du vécu, des nationalités, de la sensibilité de chaque enseignant qui fondent cet art.

Ce point a suscité une discussion, il a été rappelé qu'actuellement n'existent que trois diplômes reconnus : le jazz, la danse contemporaine, la danse classique. Beaucoup de réactions sur les forums et les blogs de tango (exp : http://diplome.tango.free.fr)

*3. Tour de table et débat*.

Après de nombreuses discussions et débats il est ressorti les points suivants :

* Association/Fédération

Pourquoi ne pas créer une association qui réunirait les autres associations ? Une des réponses a été : c'est justement le rôle d'une Fédération qui a comme membres des personnes morales.

Finalement les participants sont tombés d'accord sur le principe de la création d'une Fédération avec en soulignant :

· le besoin d'une unicité d'expression
Pour défendre la spécificité du tango argentin, face à une volonté de codification, il est impossible de le faire en ordre dispersé, il faut parler d'une même voix.

· l'urgence

Eviter de se retrouver devant le fait accompli suite aux résultats de l'enquête du Ministère de la Culture.

· Les statuts

Ecrire rapidement les statuts les plus larges possible pour qu'ils conviennent à la majorité des associations : une idée de présidence tournante a été émise.

· La communication

La nécessité que les associations communiquent entre elles sur l'ensemble de la France. D'ores et déjà un certain nombre d'associations ont déclaré qu'elles étaient prêtes à diffuser les informations dans leurs régions.
· Région Est : « Plaisir Tango » de Nancy
· Région Rhône-Alpes : « El Caminito » de Saint-Etienne
· Région Languedoc-Roussillon : « Abrazo » de Nimes
· Région Ouest : « Tango Bueno » de Laval
· Région Centre-Dijon-Orléans-Moulin-Bourges : « Tanguito Milonguero »

*Conclusion de la réunion* :

Il a été décidé :
· Le principe de la création d'une fédération
· Un appel à toutes les bonnes volontés pour y participer, l'animer (donner une âme) et pour cela faire une large diffusion du présent compte rendu (mails, courriers, blogs, forums, presse ...)

· La préparation des statuts qui devront être prêts avant le 16 avril 2008 en raison de la date de fin de l'enquête.

/Note du rédacteur : Pour faciliter les échanges je peux recueillir les propositions de statuts./

· Une réunion aura lieu à Lyon le samedi 26 avril a 14h30 à deux pas de la "place Bellecour" ! :

UGAB (Union Générale Arménienne de Bienfaisance)
12 rue Emile Zola
69002 Lyon

Lieu facile d'accès proche du métro, la place Bellecour est la mieux desservie des places lyonnaises.

· réunion dont l'ordre du jour est le suivant :
· discussion, correction, décision sur les statuts de la Fédération
· constitution du premier bureau d'au moins 3 membres (les membres du bureau de l'association « Le Temps du Tango » ne souhaitent pas faire partie du bureau), qui aura en charge
§ le dépôt immédiat des statuts,
§ de prendre contact avec le Ministère de la Culture,
§ d'informer toutes les associations
§ de recueillir les adhésions,
§ de préparer une prochaine Assemblée Générale qui recueille les propositions du maximum d'associations et d'éventuelles modifications ou compléments aux premiers statuts ...

· principe de la désignation d'un représentant de la fédération par région administrative, en charge de la diffusion dans les deux sens de l'information, de l'organisation de toute réunion d'information qu'il (elle) jugerait utile, le but étant que la fédération soit le reflet de toutes les sensibilités partout en France

Fermeture de la session à 12h.

Muriel Collignon -2008-04-04
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[L-28] Aux origines des maux et mots, par Elisabeth

1) A propos de démocratie : le pouvoir du peuple

Parce que jusqu’à preuve du contraire, le peuple (petit peuple) est encore souverain dans notre pays, si l’on accepte l’idée que le tango n’est pas seulement une danse à codifier, mais surtout et avant tout une culture populaire alors, il apparaît comme un contresens d’imposer à ce petit peuple ex abrupto une décision. Ce petit peuple ce sont ici les amoureux du tango argentin, défenseurs d’une culture populaire qui leur est chère, pour des raisons multiples.

Nous ne sommes pas si nombreux que nous ne puissions nous entendre. Et puis, nous mettre d’accord sur quoi :
- l’opportunité de créer une fédération du tango argentin
- celle de réécrire une charte et de la porter à la connaissance du ministère (lequel).
- celle d’instaurer ou non un diplôme du tango.

Pour se décider il faut être informé de façon contradictoire et équilibrée (ce qui n’est pas exactement pareil que de façon neutre). Pour se décider et agir, il faut être représentatif, il n’y a pas de légitimité à l’action sans cela.

Aussi adresser à toutes les associations de tango argentin répertoriées comme telles (je ne parle pas de la danse sportive ils feront leur sauce et défendront leur bifteck eux-mêmes), un questionnaire qui les invite à se prononcer sur les différentes questions, les informe des problématiques actuelles, des enjeux, aiderait à avoir une idée de l’opinion de la communauté tanguera sur cette question. Ce serait aussi une façon de donner la parole aux petits acteurs du tango argentin comme aux grands acteurs. Hélas malgré nos efforts pour faire connaître le blog la discussion n’est pas si élargie que cela. (Peut-être finalement tout le monde s’en fout et se contente de consommer.)

Œuvrer, agir, mais sans précipitation et avec méthode et démocratie.

2. Derrière les mots se cache le sens

Par ailleurs, et avant de coucher sur le papier un argumentaire, derrière les mots se cache le sens et un retour sur leur étymologie en dit long sur ce que nous serions amenés à faire.

FEDERER Robert 1 « Association de plusieurs sociétés, syndicats, groupés sous une autorité commune, éthym. foedus : alliance »

TLFI (Trésor de la langue française informatisé) « Le fédéralisme est un mode d’organisation dans laquelle chacun des membres dispose d’une large autonomie et délègue certains de ses pouvoirs à un organisme central. Les membres participent collectivement et non individuellement. »

DIPLOME Robert1 «1) Pièce officielle établissant un droit, un privilège. 2) Acte qui confère et atteste un titre un grade. Ethym : diplomat : décret»

TLFI « Titre grade qui émane d’une université, d’une faculté, d’une société savante, d’un corps, d’une école publique est… pour attester des connaissances et aptitudes de quelqu’un. »

CERTIFICAT / CERTIFICATION Robert1 « Assurance donnée par écrit. / 1) Ecrit qui émane d’une autorité compétente et atteste un fait ou un droit. 2) Acte attestant la réussite à un examen. Ethym : du lat certus facere : rendre certain. »

Petites conclusions

Il est intéressant de constater que l’idée de fédérer est intimement liée à celle de pouvoir et d’autorité, que pareillement, derrière l’idée de certification se cache aussi celle d’autorité « compétente ». Parallèlement au mot diplôme s’attache l’idée de droit et de privilège. Nos administrations ne s’y sont jamais trompées : chaque fois qu’elles ont
établi des certificats, des diplôme, chaque fois que des fédérations se sont mises en place, sous l’impulsion directe ou indirecte de cette administration, les enjeux de pouvoir d’autorité, les privilèges et les droits sont devenus les thèmes centraux. Est-ce cela que nous voulons pour le tango argentin ?

Une autorité, quelle autorité ? Qui sera le chef ? Pourquoi et dans quel but ? Est-ce que cette autorité peut être compatible avec l’existence d’une culture populaire qui s’attache depuis plus d’un siècle à se développer sans entraves et d’un continent à l’autre.

Humour : j’imagine bien un diplôme délivré par la Fédération française de tango argentin FFTA avec comme obligation d’être ressortissant de l’Union Européenne pour y postuler et exercer. Hi hi…….

Quiconque défend l’idée d’une fédération doit être conscient de ce que disent les mots et ne peut alors pourfendre en même temps la création de diplômes et certificats.

ASSOCIATION Robert1 «Groupement de personnes qui s’unissent dans un but déterminé. »

TLFI « Réunion de plusieurs personnes dans un but ou intérêt commun, éthym: du lat socius : compagnon. Au XIIIème siècle s’associer désigne l’action de s’allier entre compagnons. »

COORDINATION Robert1 : « Mise en ordre, agencement des parties d’un tout selon un plan logique pour une fin déterminée. Ethym : du lat coordinatio-ordinatio : mise en ordre »

TLFI « Mise en harmonie de divers services, diverses forces, différentes composantes en vue de renforcer l’efficacité. »

CHARTE Robert1 « Règle fondamentale, ensemble de principes fondamentaux.»

Petites conclusions bis

Ces mots association, coordination, charte, ne sont pas du même registre que les précédents. Allier / unir / but commun / harmonie / fondements /

On est là plus dans une optique de réunir les acteurs, dans le but de préserver le tango argentin dans son originalité, tout en recherchant à harmoniser ce qui ne fonctionne pas bien, d’en renforcer les fondements et tout cela pour perdurer sans se laisser absorber par une quelconque autorité.

Si l’on travaille sur ses fondements, sur ses bases on arrive facilement à la notion d’assise du tango argentin (appelez- cela comme vous voulez) où tous pourront s’exprimer, on retrouve le principe démocratique.

Vous l’aurez compris l’idée d’une fédé et d’un diplôme me hérissent tout comme la volonté de tout expédier tous azimuts sans avoir donné la parole aux principaux intéressés.

Elisabeth Dussaud, Montargis 08 04 08
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[L-27] Il faut vivre avec son temps, réponse à Sonia par Benoit

Bonjour à tous,

Roboratifs les appels à l'action !

Je ne suis pas très vieux dans le circuit du tango argentin (6 ans), mais j'ai connu une autre vie associative par le passé et je retrouve avec 10 ans de décalage des interrogations qui se ressemblent fort qui mèlent à la fois une certaine vision de notre activité, une transition douloureuse entre un monde façonné par l'associatif vers un mode de relations plus commerçantes, le tout chapeauté plus ou moins par une administration avec sa propre logique.

La vision du tango qui transpire des différentes contributions déjà déposées sur le blog - qui représentent plus de 60 pages au 5 avril 2008 - est concordante: le tango dont nous parlons est le tango argentin, celui qu'on danse en bal et pour les chanceux à Buenos Aires. Les liens donnés par Sonia (voir son mail du 7 avril) ne correspondent pas à ce tango-là. A partir de cette simple description de notre activité exprimée dans le blog, chacun peut la vivre plus ou moins intensément avec des mots qui peuvent paraître
naïfs ou rêveurs devant les magnifiques publicités à danser. Qu'importe, l'important est de se retrouver sur une piste de danse sans numéro dans le dos, et de pouvoir danser des heures sans penser à la note ou au passage à TF1, peut-être que cette remarque contribuera à diminuer le blues de Sonia.

Quant à agir sans réflechir, pourquoi pas ? J'ai eu appris à la faire à l'armée, ça évite d'avoir peur de se faire tuer, mais il faut dire que ce n'est pas trop le genre de méthodes de travail aux endroits où il y a des enjeux et là, j'ai l'impression qu'il y en a, qui ne sont ni un combat d'arrière-garde ni, je l'espère, des péripéties du monde associatif. Sonia a raison de signaler que nous sommes peut-être à l'aube d'une mutation sur au moins 2 points:

- "le tango argentin est-il en train de s'extraire du ghetto associatif ?"
(j'exagère un peu et je m'excuse d'avance auprès de ceux qui pourraient être choqués),

- le sujet de blog (qui porte sur la notion de diplôme de prof de tango) avec la question piège de la légitimité "qui est apte à désigner untel ou untel comme pouvant enseigner le tango ?" L'état, via l'administration avec sa propre logique ? Les associations avec chacune leur propre logique ?, tout un chacun avec chacun sa propre logique ? Ceux qui savent danser parce qu'ils savent danser ? Ceux qui savent pas danser parce qu'ils sont les plus nombreux (j'ai vu passer des appels à la démocratie...) ? Nous-même parce qu'on a lancé ce blog ?

Dans les deux cas, ces questions se posent pour une raison commune, me semble-t-il: la création d'un marché qui commence à ressembler à quelque chose, là-aussi le mot peut choquer mais il peut servir à comprendre ce qui se passe. Il peut servir également à trouver comment évoluer si on accepte de reflechir.

Dans le sujet du diplôme, la contrainte est de ne pas casser ce qui marche déjà, pas pour protéger tels ou tels intérêts, mais parce que jusqu'à présent ce système informel s'est adapté en permanence et que le résultat n'est pas si mal que ça: chacun peut danser avec chacune dans tous les coins de la planète tango, les pionniers ont plus que réussi sur ce plan-là, même s'ils n'ont pas pris la peine de courir les ministères.

En fait, la formation tango est déjà évaluée: Le bal tango est notre propre jury, c'est lui qui nous indique si on "est dedans". Le système de formation est donc globalement orienté pour cet objectif, même si chaque prof ne veut pas le savoir ou plus grave, s'il ne le sait pas. Introduire un système de certification/diplôme risque de réduire le rôle du bal à néant si l'on n'y prend pas garde, du coup le tango ne sera forcément plus le même et retombera à terme au niveau des magnifiques publicités à danser qui donnent
tant le blues.

Une autre caractéristique du tango, au moins celui que j'ai rencontré ces dernières années, est qu'il correspond aussi à une fonction artistique en ce sens qu'il permet d'exprimer ses émotions avec son corps et ses mouvements: c'est de la danse, pas de la gymnastique ou de la rééducation psycho-motrice. Rien que de très banal que j'ai mis des années à comprendre et à ressentir grâce au bal encore une fois et aux différents intervenants que j'ai eu la chance de rencontrer. Même ceux qui sont tellement ringards au regard des magnifiques publicité à danser, qu'ils sont morts insistent tous là-dessus: "si vous n'avez rien à exprimer, ne dansez pas le tango", et un simple coup d'oeil sur leur vie indique que ce ne sont pas franchement des intellectuels, mais ils vivent leur tango, pourquoi se priver de leur expérience ?

Le tango de bal est donc une expression artistique que d'autres ont bien mieux décrit que moi (ex. Robert(blog, 21 février), mail privé de Michel et Sabina (Fevrier)) et qui en plus est à la portée de tous. A part le show et la compétition, existe-t-il un autre tango que le tango de bal ? Pour l'instant je n'en ai pas l'impression, après plus de 150 ans d'évolution, la probabilité qu'il en apparaisse une nouvelle forme est assez faible, sauf à considérer le tango virtuel ( YASD pour Yet Another System to Dance, référence http://www.yasd.fr/ citée par Sonia) comme une évolution.

Introduire un système de diplôme là-dedans est tout de même assez proche de jouer avec le feu, mais gardons confiance,

Bonne journée à tous,

Benoit de Gentile
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[L-24] Réponse de Pierre à Sonia

Bonjour,

Je sais que par les temps qui courent, l'agitation sert de politique. Dire que "la réflexion paralyse l'action" est donc très porteur. Tout un chacun est à même de comprendre que pour être efficace, il faut agir. Cela tombe sous le sens. Mais, peut-être faut-il aussi oser aller à contre-courant et ajouter que parfois aussi, "l'action paralyse la réflexion". Grâce à cela, nous avançons au moins sur un point : nous avons en commun de détester la paralysie. Nous voulons être "efficaces".

Malheureusement, nous devons maintenant nous entendre sur ce que nous entendons par efficacité. Si je comprends bien Sonia, grâce à une Fédération (sous entendu, donc fini les conflits et les chamailleries improductives), le Ministère (probablement redoutant un mouvement de masse risquant de paralyser (encore la paralysie) le pays) reculera et abandonnera toute prétention de certification et autre velléité diplômante. S'il ne recule pas vraiment, il pourra au moins engager le dialogue, et grâce à cela, nous pourrons nous faire entendre. Bien entendu, c'est comme cela qu'aujourd'hui, pas à pas, le Gouvernement recule. C'est bien connu.

De surcroît, plein de bonne volonté et de sollicitude, le Ministère réclame une fédération pour parler avec nous. C'est précisément ce "nous" qui lui pose problème car c'est un "nous pluriel". Il réclame un peu d'ordre (l'ordre est un parent proche de l'efficacité, on le sait bien). Il suggère donc la "fédération" de façon à ce que "nous" (enfin réunifié), parlions "d'une seule et même voix". Nous serons alors extrêmement efficaces, car à l'instar de bien d'autres fédérations nous pourrons franchir les portes des Ministères. Fini le rêve, la chamaillerie, le temps des pionniers...

Et si cette "efficacité" là se traduisait par un coup de poignard porté au tango argentin ? Après tout, on pourrait se poser un moment, et y réfléchir. Pas pour cesser d'agir, mais pour agir avec précaution.

Je ne vais pas me lancer dans l'histoire du tango, mais si nous disons encore que le tango est une culture populaire et vivante, c'est que JAMAIS personne n'a osé (ni pu) dire ce qu'était au juste le tango. On a cherché dans les origines. On est allé alors à Buenos Aires, mais malheureusement il a fallu repartir aussitôt en Afrique, en Europe, en Amérique centrale, en Amérique Latine. Mais, manque de chance, on n'est jamais arrivé à "démétisser" le tango, à découvrir quelle était son essence. D'où des querelles sans fins dont la plus célèbre est celle qui a tourné autour de Piazzolla lorsqu'il a joué avec son quintette. Mais cette querelle ne s'est jamais terminée, et il y en a eu ensuite (et avant aussi) des légions.

Mais après tout on pourrait peut-être changer de focale et voir dans la controverse, le conflit, non pas un défaut mais une grande qualité. La qualité de ce qui est non pas académique mais populaire. Et si le tango ne pouvait se développer que grâce à une très grande diversité d'approches, de styles, d'hésitations, d'errements etc. ? Et si être efficace c'était précisément, préserver cette diversité malgré les chamailleries ou plus encore, grâce à elles ? Après tout, il n'y a que la mort qui mette un terme aux conflits. Le vivant a au contraire besoin de diversité. Etre efficace dans ces conditions, ce ne serait pas réduire la diversité et les conflits qui vont avec, ce serait tout faire pour maintenir cette éclatement des positions, des points de vues, des approches, des "écoles" (pas au sens d'école de danse), en d'autres termes maintenir à tout prix l'artisanat et le bricolage etc. (En cela l'initiative prise par une école de Marseille de délivrer un diplôme ne me gêne nullement, à partir du moment où ce n'est pas un modèle qui doit
s'imposer. )

L'ennui c'est qu'un tel projet ne colle pas avec celui de la Fédération, puisque la Fédération est là pour parler d'une seule voix. Et si elle ne parle pas d'une seule voix (ce qu'on peut anticiper sans risque), alors il y aura chamailleries et conflits, et à terme plusieurs fédérations, et beaucoup de temps perdu à rapprocher les fédérations pour créer une confédération et ainsi de suite.

Doit-on pour autant renoncer ? Je ne le pense pas. Mais probablement, en essayant de déplacer les enjeux. L'enjeu pour nous aujourd'hui - du moins me semble-t-il et là je suis pratiquement sûr que Sonia est d'accord avec moi - c'est de donner une image culturelle du tango (tous les ingrédients sont là pour le faire) . Et cette image ne peut-être qu'une mosaïque pour laisser au tango son caractère populaire et vivant. Je pense que nous devons nous atteler à cela en ayant en tête que ce ne sont pas les dorures du Ministère qui nous intéressent, mais tout ceux qui sont dans le tango actuellement et ceux qui ne manqueront pas d'y tomber un jour ou l'autre dans les années à venir.

Nous devrions donc saisir l'étude en cours qui vise - grâce à la "science" devant laquelle on s'agenouille car elle est investie, statistiques aidant, d'une dimension sacrée - à nous révéler si oui ou non il y a lieu de créer un diplôme et un certificat, nous devrions donc saisir cette opportunité pour donner une toute autre image du tango. C'est pourquoi je pense que la charte serait un bon outil, car un outil vraiment minimaliste, qui pourrait partir du constat que le tango est une culture vivante et populaire et que c'est cette culture qu'il faut préserver en garantissant sa diversité. (Déjà dans la charte existante il est dit que le tango est incompatible avec le diplôme et la standardisation)

Evidemment, comment travailler sur cette charte ? Et bien non pas avec une fédération (dont par définition le caractère est durable), mais avec une "coordination" qui se dissoudrait une fois la charte formalisée. Cela réduiraient les enjeux de pouvoir.

On me dira que la coordination ne sera jamais reçue au Ministère. Peut-être. Mais depuis quand est-ce au Ministère d'imposer la forme organisationnelle
d'un mouvement issu de la société civile ? (depuis toujours dirons les mauvais esprits) Ne voit-on pas que derrière la fédération, il y a la certification. Ne voit-on pas que ce qui se cherche au travers de ce diplôme et de cette organisation, c'est que quelqu'un, quelque part puisse définir (enfin) ce qu'est l'essence du tango ou bien ce qu'il doit être ? Ne voit-on pas qu'une telle efficacité serait en fait un nouveau coup porté au tango ? Ne voit-on pas le risque de tuer la poule aux œufs d'or ?

Toutefois je reste optimiste, je me dis que c'est peut-être à force de coups qui lui sont portés depuis plus d'un siècle que le tango se développe de
part le monde... Mais bon, Ce nouveau coup là, n'est peut-être pas si violent que ça. Il y a eu pire dans l'histoire. Et puis je sens que le mouvement est lancé. Et qu'il y aura probablement une fédération. Il n'y a qu'à espérer que les associations hors fédération pourront continuer leur développement artisanal...et pionnier...

Bien amicalement.

Pierre Vidal-Naquet

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[L-23] par Sonia

Bonjour,
La reflexion paralyse l'action. Pendant que certain se posent des questions pour savoir s'il faut s'organiser ou pas, du genre un pas en avant et trois en arrière, ou parlent d'une charte qui s'apparente, en termes d'efficacité, aux badges de nos sportifs pour les jeux olympiques (les chinois doivent être morts de rire), le monde bouge. Fini le temps où le Tango Argentin était le fait, marginal, de quelques associations dévouées! Maintenant tout le monde fait du Tango Argentin. plutôt mal que bien, quoique ... Les professionnels de danse de salon partent à Buenos Aires, des Fédérations puissantes et lobyistes s'organisent, et au train où vont les choses, surtout si il y a une volonté de "cadrer" les dérives de la 1901, il y aura plus de professeurs de danse de salon à se réclamer du Tango Argentin, que d'Associations. Les Fédérations sportives s'en mêlent et multiplient les Championnats. que croyez-vous qu'il va se passer au Ministère ? D'un côté des gens organisés, puissants, connaissant le milieu de la danse et fréquentant les politiques depuis longtemps, et de l'autre une poignée d'intellectuels discutant du sexe des anges ...

La Danse Orientale qui a le même problème, s'est montée dans l'urgence sous statut fédératif, et du coup a été reçue en délégation au Ministère quelques semaines après : c'est le seul moyen d'être entendu.

Je vous laisse méditer sur quelques liens internet, parmi des dizaines et des dizaines.
Quel Tango voulez-vous ? Celui qu'on aime ? Alors il faut bouger, mais de façon efficace.

Quelques liens qui donnent à réfléchir :
http://www.danse-terisse.fr/www/championnat/
http://www.coursdedanse-suky.com/2007-2008/suky_CDDM2007-2008.pdf
http://www.sport.fr/hiver/pat/Championnat-de-France-premiere-journee-107952.shtm
http://pageperso.aol.fr/__121b_Q2J1TaUl/N1v3mCUrGO1yyJVQSQiP7FG0Ig3dmDrQ5Q=
http://www.expresion-salsa.com/profil.php?pg=pro
http://studio-latino.com/CV%20marina.htm
http://www.yasd.fr/
http://www.danseaufrere.fr/?menu=danses_tangoargentin
http://www.ido-france.com/
et il y en a des dizaines et des dizaines ... et vous croyez que les débutants voient vraiment la différence ?

Maintenant qui croyez-vous que le Ministère va écouter : quelques assos qui se chamaillent sur la façon de non-agir ou des fédérations organisées avec plusieurs dizaines de milliers d'adhérents, et des structures internationales ? Arretez de rêver ! L'époque des pionniers du Tango Argentin est finie.
Et si un Diplôme est mis en place, qui va organiser la formation ? Toutes les fédérations de danse de salon et sportive ont déjà, en place des formations et des brevets fédéraux de Tango Argentin ... C'est pas le vrai ? Qui va le dire ! Et la différence avec un diplôme ? Aucune!

Dernier point, le Ministère de la Culture a fait monter la Fédération Française de Danse pour avoir un interlocuteur unique et surtout un délégataire unique. s'il y a la moindre réglementation, la FFD sera délégataire (On a vu le b...en Danse classique). Hors la seule composante concernant la danse de couple de loisir et de compétition, c'est le CNDS : Comité National de Danse Sportive. Vous ne croyez pas qu'ils pourraient être intérréssés à la création d'un diplôme obligatoire ... dont ils assureraient, bien sur, la formation ...

Il y a urgence à s'organiser de façon efficace, mais vraiment efficace !
J'avoue, en conclusion, que j'ai un peu le blues et que je suis un peu pessimiste, car je suis persuadé que le Tango Argentin est déjà parti, alors "la charte et la coordination que l'on dissout àprès ..."

Pierre, tes textes repirent l'intelligence et l'amour du tango, mais je ne crois pas que tu aies bien pris conscience de la réalité de ce qui se passe en ce moment.
Il faut être plus incisifs. Je reste persuadé qu'une fédération s'impose dans les plus brefs délais pour représenter et défendre notre spécificité auprès des pouvoirs publics.
Les coordinations étudiantes se dissolvent, et les réformes passent pendant l'été, la CGT est toujours là depuis des décennies, et participe toujours aux négociations.
C'est la structure de notre société qui l'impose, on ne la changera pas. La fédération à créer me parait incontournable ... et le temps presse.

Sonia
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[L-22] Re: Lettre ouverte, par Pierre

Bonjour,

Je suis entièrement d'accord avec Claire. Je pense qu'au point où on en est, il faut maintenant aborder les choses sur un mode positif. On peut dire qu'il y a un large consensus (mais probablement pas l'unanimité) contre le diplôme et la certification quand bien même ceux-ci prendraient la forme d'un "certificat d'aptitude" délivré par une "Académie" portègne, comme le propose Marc dans la prochaine Salida.

Je crois qu'il serait donc intéressant de laisser (pour le moment) le débat sur ces deux questions pour s'engager dans la voie que propose Claire : mettre en évidence tous le travail des associations dans le domaine de la diffusion et la promotion du tango comme culture, et le cas échéant, voir comment le Ministère de la Culture pourrait aider un tel mouvement.

Cela passe par un recensement de ce qui se fait, dans un premier temps en France et ultérieurement en Europe. Les revues La Salida et Tout Tango pourrait peut-être nous aider dans cette recension. Après tout, pourquoi pas proposer à chacune de ces deux revues de sortir un numéro spécial sur ce sujet ?

Dans un second temps, élaborer une Charte (sur le modèle de celle sur laquelle avait travaillé Christophe il y a une dizaine d'années et qu'on peut retrouver sur le site du Temps du Tango). Puis proposer cette Charte à la signature des associations françaises (et pourquoi pas à tous les "maestros" argentins que nous invitons à longueur d'année en France).

Dans un troisième temps, présenter cette Charte au Ministère.

Je pense que l'idée de Fédération devrait vraiment être abandonnée, car le Tango comme culture populaire ne peut se développer que grâce à la diversité (au risque d'errements inévitables, mais ne l'oublions pas, le tango est avant tout une "certaine façon de marcher" et c'est donc dans le cheminement qu'il peut s'enrichir). Une Fédération ferait à terme le lit de la certification (plus les nombreux conflits à venir, les querelles intestines ou inter-fédérations. Il est préférable de danser ou d'écouter du tango plutôt que de sombrer dans la bureaucratie).

Par contre, on pourrait peut-être créer un "Coordination inter-associative" dont la mission serait uniquement de produire cette Charte. Elle se dissoudrait une fois la Charte écrite.

Le blog pourrait vraiment jouer un rôle dans cette dynamique.

Je soumets donc ces quelques idées à la discussion.

Bien amicalement à tous.

Pierre Vidal-Naquet
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[L-19] Re: Blog : Etonnement et adhésion, réponse de Sonia au modérateur

Bonjour, pas sûr que cet échange soit hors sujet : renseignements pris, mon copain qui travaille en préfecture, m'affirme que tous les renseignements sans exceptions, et tout ce qui concerne les associations en France remonte à un service spécialisé, du Ministère de l'Intérieur. Ceci me parait d'ailleurs logique, vu que c'est auprès des Préfectures que l'on déclare les associations et tout ce qui a trait à leur fonctionnement, et que c'est ce ministère qui a en charge la règlementation des assos. Les associations sont extrèmement surveillées, car celles concernant des communautés particulières, les sectes, etc ... classées dangeureuses. Certaines assos "culturelles" sont même sous surveillance des Renseignements Généraux. Le tri est fait après, et il ne faut pas être parano : il y a peu de chances que le assos de Tango soient condidérées comme une menace, mais ce qui est sûr, c'est que toutes les informations remontent, et ça c'est pas très rassurant à l'époque des fichiers croisés et de Big Brother ! Toute main mise de l'Etat sur la collectivité peut être considérée comme une menace pour la liberté, et ma liberté j'y tiens.

En plus, quant on va sur le lien, très intérressant de la FFSD, et que l'on regarde comment doit fonctionner une asso, on se dit que l'on n'est peut-être pas tous totalement en conformité avec la loi. Pour ma part, même si je n'ai rien à me reprocher, je préfère ne pas répondre à cette enquête, et même si je ne doute pas de la bonne foi de Christophe, je crois qu'il joue un peu aux apprentis sorciers, cette enquête est extrèmement dangeureuse, il aurait pu y penser.

Pas d'enquête, pas de diplôme, la liberté pour tous, et le Tango vivra.

Sonia

P.S.
L'argument de Christophe sur les Arcades fait sourire : si chaque Arcade fait son enquête dans sa région, et que l'on fait la somme des régions on a une enquête nationale (!), à mon avis autrement exhaustive compte tenu des moyens. Pas envie de se salir les mains, les Arcades, ou c'est le Ministère de la Culture qui décharge sa responsabilité sur une structure extérieure ?
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[temps du tango] Il n'y a pas que les assos, par Stéphane

[repris depuis le forum du temps du tango]

Bonjour,

Lorsque vous faites allusion au probleme, je trouve que le mot association revient un peu trop souvent.

Ce terme est d'abord une forme juridique et en soi, cela ne veut rien dire.

Les associations abritent souvent des ecoles de danse dont le tango qui ont opte pour cette forme juridique au lieu d'une autre.

Cette formule, particulierement prisee en France probablement pour des raisons d'image et d'un certain gout pour l'hypocrisie s'agissant des questions d'argent, n'en est pas pour autant la mieux adaptee pour enseigner. Beaucoup d'ailleurs fonctionnent a la frange de ce qui est legalement admissible menant une activite commerciale florissante en utilisant l'aura de l'atruisme associatif comme puissant vecteur de marketing sans etre soumis la plupart du temps aux contraintes sociales et fiscales.

Je ne vais trop m'etaler la-dessus, cela ne me regarde pas mais je dois dire que c'est loin d'etre la seule formule. En fait, c'est une relativement mauvaise solution pour un enseignant que de se mettre dans une forme associative sur le long terme et tout particulierement pour un enseignant qui se veut professionnel puisque c'est de cela dont il s'agit.

Il existe un grand nombre d'enseignants ou d'organismes d'enseignement qui sont en independant ou en societe. Toutes ces personnes physiques ou morales paient des cotisations sociales, des charges, et des taxes en tous genres.

Leurs voix ne sont pas entendues dans ce debat ou tout est rammene aux assos comme si elles etaient les seules parties-prenantes dans cette affaire. Il va de soi que je pense que c'est une grave erreur car cela ne correspond en rien ou que tres partiellement a la realite.

Il faudrait peut-etre creer une association d'enseignants de tango (la, oui dans une structure associative dont le but est de representer, de défendre, de promouvoir etc.) ou s'abriter dans de vraies associations existantes qui ont fait leurs preuves et qui sont credibles telles que le temps du tango pour que cette affaire puisse etre traitee avec tout le serieux et la representativite qui s'imposent.

Cordialement
Stephane
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41. [L-15] Re: Blog : Etonnement et adhésion, réponse de Pierre à Christophe

Bonjour,

Jusqu'à présent et faute de temps je n'ai pas participé au débat qui a été lancé grâce à l'heureuse initiative de ceux qui ont mis en place ce blog. En revanche, j'ai rédigé un petit article qui doit paraître dans la prochaine Salida où j'explique quelques unes des raisons pour lesquelles je suis, comme beaucoup d'autres, très en désaccord avec l'étude en cours.

J'interviens aujourd'hui sur le blog en réponse au courrier de Christophe et en particulier sur ce qu'il avance sur l'absence de risques que représente l'étude qu'il dirige. Selon lui "une étude n'implique aucun danger" et que "c'est l'ignorance qui est source de danger et de dérive".

Une telle assertion me laisse assez perplexe. On sait en effet que le savoir est fortement lié au pouvoir. Nous avons suffisamment d'exemples dans l'histoire qui nous montrent, par exemple,que c'est souvent le savoir qui a permis l'asservissement des populations. Aujourd'hui, une forte controverse existe en France autour du "comptage ethnique" refusé pour les uns en raison des risques de discrimination et souhaité par les autres pour mieux lutter contre le racisme. Un tel débat montre que les études ne sont jamais sans danger.

Cela dit, il ne s'agit pas de plaider pour l'ignorance. A ma connaissance, personne, dans le débat sur le blog, n'a pris une telle position. Par contre, la question est de savoir quelles connaissances on cherche à mobiliser. Qui a besoin de cette connaissance ? Pour quel usage ? En fait la question, puis les méthodes d'investigation, les outils mobilisés contribuent "mettre en forme la réalité" et à donner une certaine représentation de celle-ci (et en l'occurrence du tango argentin).

Or, c'est bien ce que je reproche à cette étude, c'est la question qui est posée et dont les conséquences (quels que soient les résultats) risquent d'être redoutable pour l'avenir du tango argentin en France et la façon dont on se le représente. La question de la "certification" oblige en, effet à penser le tango en terme "d'enseignement", de 'technique d'enseignement" et à terme de "codification éventuelle". D'où le questionnaire adressé par les sociologues sur les professeurs, le nombre de cours etc...Rien que cela est désastreux, surtout en raison de l'écho qu'a suscité ce simple envoi de questionnaires aux associations qui sont de fait assignées à ce positionner par rapport à cette question de l'enseignement. Or, depuis leur création dans les années 90, les associations ont cherché, de fait, à se dégager d'une approche "scolaire" du tango argentin pour aborder cette danse comme une "culture" (musique, poésie, danse, etc.) C'est pourquoi d'ailleurs, le tango argentin est aujourd'hui enseigné en dehors des écoles de danse et que de nombreuses associations, même si elles proposent de l'enseignement, font aussi bien autre chose. Les associations ne sont pas des "écoles de danse" ce à quoi les ramène finalement le questionnaire. D'où cette réaction à cette étude de tout ceux qui voient ainsi réduite l'approche qu'ils ont du tango, indépendamment du résultat de l'étude.

La réaction eut probablement été différente si la question initiale avait été par exemple : "Comment soutenir les associations pour les aider à préserver le tango comme culture populaire". Nul doute que pour répondre à cette question, les sociologues n'auraient pas commencé par compter le nombre de professeurs de tango et que l'enquête n'aurait pas suscité un tel tollé.

Bref, on pourrait développer, mais je voudrais aussi mettre l'accent sur la façon dont, à partir de cette étude, risque de se mettre en place un processus de normalisation tout aussi redoutable, même si l'étude ne propose pas de certification. Afin d'avoir le "point de vue" des associations, le Ministère suggère que celles-ci se regroupent en Fédération. Pour avoir un autre écho que l'étude, le Ministère espère avoir des "représentants associatifs" avec qui discuter. Or, depuis sa création, pratiquement personne n'a pensé la nécessité de fédérer les associations. Précisément parce que le tango est une culture populaire qui ne peut poursuivre son développement qu'à condition que les initiatives ne soient pas "encadrées" et que personne ne vienne dire quelle est l'essence du tango ni ce qu'il doit être. Le tango fonctionne actuellement en réseau (national et transnational), sur un mode "muti-polaire". Je pense que nous avons vraiment intérêt à continuer dans cette voie et surtout pas d'essayer de "parler d'une même voix" comme on nous y incite. C'est vraiment là, le piège de cette étude : nous sommes maintenant presque forcés de prendre position, de "nous" faire entendre et pour cela, réduire la diversité de nos positions. C'est cela qui serait catastrophique, car c'est au contraire la diversité qui fait de cette culture une culture vivante. C'est peut-être la seule position commune qu'il s'agirait de faire remonter : le maintien de la diversité et de la muti-polarité du tango argentin comme condition de son développement. Mais nous ne pouvons pas sortir du piège dans lequel nous sommes enfermés : comment arriver à nous entendre autour d'une telle proposition quand bien même celle-ci est minimaliste ?

On ne peut que poursuivre le débat comme nous pouvons le faire grâce au blog et continuer de dialoguer avec les responsables de l'étude en cours. Mais malheureusement, je n'arrive pas très bien à anticiper quel sera l'issue de cette controverse.

Amitiés à tous

Pierre Vidal-Naquet
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38. [L-12] contribution, par Michel (Tangueando Ibos)

L'association Tangueando Ibos s'est réunie pour débattre des différentes questions qui agitent ce lieu de discussion.
Le débat est riche et intéressant et nous souhaitons y apporter notre modeste contribution :
- Il nous semble important et fondamental d'arriver à se mettre en capacité de faire valoir la spécificité du Tango Argentin. En cela le diplôme nous semble une incongruité. De nombreux éléments fournis dans le débat vont dans ce sens et nous y souscrivons complétement.
- Même si l'idée d'une fédération nous a paru intéressante dans un premier temps, nous pensons que l'essentiel est justement de fédérer et ceci est contradictoire avec l'urgence et la précipitation que manifeste la convocation actuelle pour dimanche 30 mars.
- Dans ce but nous proposons une démarche plus pondérée (on n'a rien inventé, on a "piqué" des éléments) :

1 ) Mettre en place une liste de diffusion commune aux associations au niveau national afin de permettre :
- échanges d''informations (succintes, résumées, sans photos...) >>> cela fait vivre la liste sur le long terme, indépendament du débat en cours
- échanges de points de vue sur le débat actuel.
ceci devrait permettre
a.. de toucher toutes les associations,
b.. que chacun se retrouve dans cette liste
c.. de prendre le temps d'approfondir le débat entre nous.
La Salida est un élément important de ce débat et prendre le temps dans cette liste de discuter des points de vue présentés nous semble indispensable.

2) Prévoir suffisament longtemps à l'avance une réunion nationale des associations se reconnaissant dans cette démarche, la liste de diffusion étant alors le vecteur d'organisation : on propose d'ailleurs de la faire pendant le Festival de Tarbes :-) (c'est une blague !)

Pour la liste de diffusion, Benoit qui a réagit rapidement en mettant en place un lieu d'information très intéressant pourrait peut-être la lancer ? Je pense que la rendre aussi lieu de diffusion d'informations "Tango" permettrait de lui donner l'ampleur et l'attrait assurant sa place dans le milieu Tango Argentin.

Pour Tangueando Ibos,
Michel
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36. [L-11] Des souris et des hommes : projet de fédération, par Sabina et Michel

(de Sabina et Michel, association Tango & Cie, à Nîmes)

Bonjour,

Nous nous sommes nous aussi demandés s'il était bien opportun d'ajouter nos petites voix au grand déballage.
D'autant que ca avait l'air de se calmer, et puis voila, ça repart ...
"Couleurs Tango" avait-il besoin de ça ?

Le danger d'institutionnaliser est bien réel, mais aussi : pourquoi s'énerver ? Et au nom de quoi ?

Reprendre, publiquement et de facon si précipitée, cette suggestion d'une "Fédération" c'est quand même faire la preuve d'une grande naïveté.
C'est pour le moins se dépêcher, bien, bien vite, d'aller faire le lit de ceux que l'on prétend redouter.
Qui a interêt à ce qu'une fédération, un diplôme existent ?

Quant à nous, l'association Tango & Cie, nous n'avons ni urgence ni gêne a nous exprimer sur ce sujet.


*** Qu'est-ce qu'on va fédérer ? Des assos de Tango Argentin ? ***

C'est quoi une asso de Tango Argentin ?
C'est une association qui mentionne le Tango dans son objet ? Alors Tango & Cie n'est pas une asso de tango. C'est une asso à vocation culturelle.

Alors c'est quoi le Tango Argentin ?
Ha ha ha ... Ce n'est pas nous qui le savons ... Ca va être dur de nous fédérer ...

En tout cas, si nous nous intéressons au Tango Argentin, c'est parce qu'il représente une vraie démarche culturelle populaire de qualité, à transmission orale.
Un tel ilôt non-institutionnel de résistance à une certaine souffrance contemporaine est tout de même assez atypique aujourd'hui.
Un anachronisme que devrait suffire à souligner le caractère souvent gentiment rétro de ses propositions : une expression de l'humour si particulier du tango.

Les personnes qui viennent nous voir, entrent par la porte de la salle de danse.
Cependant ils ne cherchent pas un "prof de danse", mais une introduction à une pratique sociale, une certaine esthétique de comportement, un peu (pas trop) de mise en jeu corporelle.
En un mot ils ont une vraie démarche culturelle. Nous pensons qu'ils sont implicitement sensibles aux valeurs vivaces à contre-courant qui font l'actualité du Tango Argentin contemporain : un noyau de résistance dans un monde où l'on ne se touche plus, où les relations sociales sont inesthétiques, où le corps ne parle plus, où les relations hommes-femmes ne sont en réalité jamais remises en question. Un monde où la fonction sociale du jeu disparaît comme peau de chagrin ...

Au même titre que le rock ou le flamenco, nous revendiquons le tango comme une culture, une attitude. Et sa danse est, oui, une "danse de société".
Social ... En ce qui nous concerne, à Tango & Cie : oui notre engagement social est entier, dans la joie et la bonne humeur nous essayons de pratiquer une certaine forme de résistance.

*** Alors ... Ce serait quoi une "Fédération des assos de TA" ? ***

Une "Fédération des Assos de Tango", cela va faire immédiatement et uniquement

1°) ... référence à l'enseignement :

Ce serait donc une fédération des assos qui enseignent la danse-tango, comme il a finalement été créé, à l'usure, une fédération des Ecoles de Cirque ... dont la principale action a été de créer un "Brevet d'Initiateur aux Arts du Cirque", sans lequel on n'a pas le droit d'enseigner, et délivré (= vendu) par 3 ou 4 associations, estampillées, au pouvoir indélogeable ... et qui se gavent, bien sûr.
Autre conséquence : la création circassienne en France est désormais bien plombée. Du côte de la production, qui est -ou devrait être- une autre justification de l'existence d'une association, nous devons déjà passer par tout ce système Sacem+subventions+licences, qui sont autant d'écrans entre les artistes et leur public. Est-ce qu'il est encore
besoin d'en ajouter ?
La pédagogie peut former un tout indissociable avec la création et la production, tant du point de vue de la motivation que de celle ... des budgets annuels. Toucher à l'enseignement c'est beaucoup plus que toucher à l'enseignement.

2°) ... référence à l'enseignement de la danse, bien sûr :

Si on sait ce que c'est que cet enseignement, alors : oui, i faut 1 diplôme.
Mais ...
Danseurs ?
Danseur ... c'est carrément autre chose ... excusez-nous ...
Ca fait bien rigoler Sabina, par exemple, qui était acrobate de cirque jusqu'il y a peu, et qui aborde le tango avec beaucoup plus d'humilité que cela ...
Nous donnons des cours de Tango Argentin et percevons également des cachets de "danseurs" mais, pour autant, nous ne nous considérons certainement pas comme des "danseurs", encore moins comme des "profs' de danse", mais comme des "baleurs" qui essaient d'être lucides sur leur pratique. Et qui, y compris sous son aspect simplement technique, utilisent éventuellement cette approche, comme d'autres expériences, dans leur propre parcours artistique et humain.

Et les autres pratiques du tango : musique, littérature ? On n'en entend pas parler ici ? Elles devraient une fois de plus s'aligner ... sur la loi des danseurs ?


*** Tous ceux qui prétendent parler au nom du Tango Argentin exagèrent un peu, non ? ***

Ceux qui prétendent vendre des diplômes, comme ceux -les fous !- qui prétendent institutionnaliser pour leur couper l'herbe sous le pied.

Le charme, et le handicap, du milieu du Tango, c'est qu'il est tout petit, un microcosme.
Tout à coup : des assises, une fédération... Diable !
Alors que ce milieu n'a jamais même formulé le besoin d'outils élémentaires, comme une simple liste de diffusion inter-associations ...
La souris voudrait-elle accoucher d'une montagne ?

Le Tango Argentin ? Mais ça n'a rien du tout de sacré, comme on l'a lu !
Et ce n'est pas non plus une entité évaluable, comme on le craint ...
C'est juste ce que l'on en fait.

Attention seulement à ne pas laisser se créer, par laxisme, les mêmes petits pouvoirs de toujours (ah oui : le fromage ...)
Il nous appartient à tous de le faire vivre, le Tango Argentin : un ilôt si fragile d'agitation positive, lucide, diffuse, très actuelle.

Chau todos, portense mal,

Sabina et Michel
Tango & Cie
Nimes
www.tango-cie.com
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35. Fédérer avec du temps, par Claire

Je réagis à l'envoi ci-joint car Fédérer n'est pas ordonner :
Suite à l'envoi de Mr Pianko, à certaines associations , pas à toutes loin de là, d'une lettre invitant à une réunion à Paris pour créer sous 8 jours (!!!) une FEDERATION représentative des intérêts du Tango, je réponds ceci :
- cette précipitation témoigne d'une négation du besoin dans lequel nous sommes, associations de tango, de réfléchir à ce que nous voulons, à ce que nous défendons, à ce que nous pouvons proposer pour être vraiment un contre-poids efficace si bras de fer il y a avec le Ministère de la Culture sur la question du diplome.
- cette convocation n'est pas conforme à l'esprit collectif dans lequel nous nous situons depuis le début de cette polémique "diplome" , elle n'est nullement le fruit d'une concertation, et émane d'une seule structure qui se présente comme "initiatrice" !! de surcroît, pourquoi mêler la désignation d'un comité Fédératif avec un évènement tango (Festival Couleur Tango) ??
- cette précipitation ne peut qu'engendrer une pseudo-fédération, désignée en petit comité, dont sont exclus tous ceux, dont je fais partie qui n'ont pas été destinataires de cette "convocation" à Paris et tous ceux , comme moi, qui ne pourront s'organiser pour être présent dans un si court délai !
- cette précipitation n'est ni saine ni claire !! pourquoi cette lettre alors que La Salida d'avril sera consacrée à la question du Diplome, que nous sommes beaucoup à avoir été sollicités pour écrire dedans, justement pour pouvoir alimenter la réflexion collective, et sensibiliser le plus d'associations possibles, de partenaires, de danseurs.. afin d'aller vers un mouvement de rassemblement ! ma modeste contribution sous forme d'article (je l'ai publié en attendant sur le Blog : www.diplome.tango.free.fr ) est justement consacrée à cette idée de réunir tout le monde, non pas dans la précipitation, non pas en catimini, mais avec du temps et de l'ouverture !! Je penche plûtot pour une réflexion et concertation à travers des ASSISES du TANGO ! ces assises pourraient être la base et le ciment préalable à la création d'une instance représentative du tango en France mais surtout d'une instance crédible, qui prend en compte tout le chemin parcouru, tous les avis, tous les arguments, qui a un objectif clairement défini et une composition plurielle : danseurs, musiciens, journalistes, associations, ... tous concernés par le futur du Tango
Pour cet ensemble de raisons, je ne trouve pas bienvenue cette proposition en ce moment ... et malgré la nécessité de tout faire pour parvenir à fédérer les associations de tango, il faut se garder de toute précipitation et de tout hégémonisme, et ne pas faire peser le risque d'une non-représentativité à une instance qui se veut nationale ! ni accoucher dans la précipitation d'une coquille vide !

Claire Prouhet

Vos réactions, votre position, votre réponse.. sur : www.diplome.tango.free.fr
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34. Fédération des Associations, par Le Temps du Tango

LE TEMPS DU TANGO aux Présidents des Associations de Tango argentin de France

Bagneux, le 18/03/2008

Objet : Fédération des Associations

Chers Amis et Présidents des Associations,

L’an dernier, nous vous avions sollicité pour une réunion d’information et de coordination des Associations de Tango Argentin. Un petit nombre
d’entre vous ont répondu et se sont réunis à notre initiative à Paris lors de l’Université d’ Été du Tango 2007.

A l’issue de cette réunion le besoin de créer une Fédération des Associations de Tango Argentin s’est imposée à tous pour différentes
raisons. Pour ce faire nous avons fait appel à candidatures pour former un Bureau, même provisoire, indispensable pour créer la Fédération. A ce
jour, personne ne s’est présenté.

Par ailleurs, vous avez tous été informés sinon sollicités de répondre à une enquête commanditée par le Ministère de La Culture, concernant l’enseignement du tango argentin et la formation des enseignants de tango argentin. Nous avons obtenu des informations plus précises du Ministère de La Culture (voir La Salida N° 58).

Notre correspondant au Ministère de La Culture nous a fortement conseillé de former une Fédération des Association de Tango Argentin. Selon lui, c’est la seule façon de se faire entendre et pouvoir exposer nos besoins et nos souhaits auprès du Ministère de La Culture.

Devant l’urgence, car la Fédération devra être mise en place bien avant la fin de l’enquête nous vous proposons de nous réunir à nouveau à l’occasion de Couleurs Tango soit le dimanche 30 mars à 10h30 au salon Rockfeller de la Maison Internationale (Cité Universitaire). Nous vous incitons à tout faire pour y envoyer un représentant en cas d’indisponibilité de votre part.

Le but de cette réunion est de :

•1) mobiliser toutes les associations de tango argentin de France dont le but est la promotion et le développement du tango argentin sous toutes ses formes : musique, expression corporelle et chorégraphique, arts graphiques, littérature, autres activités culturelles …

•2) identifier 2 ou 3 personnes pour créer la Fédération

Bien que nous soyons les initiateurs, sous souhaitons fortement une très large participation de vous tous pour que cette Fédération soit vivante, efficace et représentative des sensibilités et caractéristiques de toutes les associations auxquelles nous faisons appel.

Devant les dangers qui nous menacent nous pensons qu’il est urgent de nous mobiliser et nous comptons sur vous ce dimanche 30 mars.

A très bientôt

Marc PIANKO
Président
Le Temps du Tango - 73 avenue Henri Ravera - 92220 Bagneux
tél 01 46 55 22 20 - fax 01 46 55 48 61
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33. Diplôme associatif, par Claire

[Proposition d'article soumise à La Salida pour l'édition de Avril 2008]

Le Ministère de la Culture prévoit de règlementer l'enseignement du tango : cela soulève une quantité de questions sur les conditions de la mise en place d'un tel diplome, sur les conséquences de cette nouvelle donne pour l'avenir de cette danse d'improvisation , qui n'a jamais été soumise à une certification (dans son propre pays d'origine), et sur les risques qui pèsent sur la diffusion du tango, en tant que culture populaire, par le biais associatif, terreau et ferment de sa renaissance, de son développement, de son intégration dans le paysage culturel, et véritable source de lien social, précieux espace de liberté (parmi les derniers ??) ..



Un diplome : dans quel but ? limiter le nombre d'enseignants ? récupérer le tango argentin dans les rangs des danses de société ? contrôler l'emploi dans les associations, en finir avec le salariat déguisé en intermittence ? nous faire croire quele tango est une danse à risque ? répondre à des directives européennes ou les devancer ? plier sous la pressions des fédérations de danse qui crient "à la concurrence " des associations ? vouloir harmoniser l'accès à l'enseignements pour toutes les disciplines de danse confondues, sans trop de discernement entre les danses académiques avec diplome d'état (classique, contemporain, moderne et modern'jazz..), les danses de salon avec diplomes d'institus privés, et toutes les danses du monde, danses populaires, et danses urbaines : Hip-hop, flamenco, tango argentin, salsa, danse orientale, ... ?
Un diplome : comment ? Quels critères prendre en compte, QUI va définir le niveau d'exigeance et le cursus à suivre? Quel sera le jury ? quel parcours pourrait remplacer les années de pratiques et d'expérimentation , et surtout comment ne pas réduire le tango, art de vie, culture populaire, danse sociale enracinée dans le Bal, musique, poésie, langage, littérature, cinema, à une simple discipline de danse enseignée entre 4 murs ? Comment respecter ce mode de transmission particulier, efficace et qui n'a jamais cessé, depuis l'origine jusqu'à aujourd'hui, du Maestro vers l'apprenti , du vieux Milonguero vers le jeune danseur contemporain, du "passeur de danse" bénvole vers le petit groupe de débutants du quartier, du danseur-professeur vers les élèves, sans souci d'âge, de génération, de milieu social, de langue, de frontière, ... ? comment valoriser à travers un papier affiché au mur le véritable parcours initiatique basé sur l'observation, la recherche, la multiplication des rencontres, des sources d'apprentissage, l'ouverture à tous les styles, évolutions? Comment garantir la qualité pédagogique ?

Nous autres associations, "personnes morales", mais surtout physiques, qui depuis 1990, faisons le chemin du tango, un chemin unique en son genre, tantôt portant, tantôt portées par l'enthousiasme d'éveiller l'intérêt voire la passion autour de nous, nous avons notre mot à dire sur ce projet et nous nous devons de montrer que nous sommes capables de nous fédérer, pour faire reconnaitre les spécificités de cette culture, les composantes du tango, les originalités de sa transmission,. Et surtout il faut d'une seule voix, démontrer la force de notre réseau associatif, cette "toile " tissée entre 1990 et 2008, ce travail réalisé sur le terrain par ses centaines d'associations,. C'est cette énergie et cette persévérance qui a permis au tango de connaitre un renouveau, un essor et un développement (musique et danse, orchestres et danseurs professionnels) que personne ne peut nier ou sous-estimer ! Il ne faut pas laisser d'autres décider à notre place, nous avons enore une chance de nous faire entendre si nous savons nous organiser : c'est pourquoi , dès ma première intervention dans ce débat, j'ai suggéré la tenue d' "ASSISES DU TANGO" au printemps 2008, afin de nous rassembler, de nous écouter, et de commencer à réagir en "groupe de pression".!

Claire PROUHET
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20. Envie de rester LIBRES, et INDEPENDANTS par Elisabeth

REPONSE A CLAIRE PROUHET
au sujet combien polémique des diplômes
transmise aux associations voisines, et rédaction de tout tango et salida (ph Fassier)

Chère Claire,

par ici pas beaucoup de réactions des responsables d'assos de mon secteur à qui j'ai transmis les mails, si ce n'est [... anonymat...], un copin tanguero de Bourges (Nvelle assos la caminada)

pour ma part j'ai transmis à "tt tango" directement à la rédaction et "salida" (par le biais de Philippe Fassier) car je pense que la discussion peut les interesser pour la prochaine salida ou le prochain tout tango, enfin à eux de voir.

Rien ne nous empêche de porter la discussion sur le forum de tout tango il y a un modérateur, une structure garantissant la libre expression et le respect de l'intégrité des personnes.

Sinon je pense que des événements -différents de ce qui se fait pour le moment- réussiraient peut être à contrecarrer les distributeurs de diplôme.
Les stages et festivals qui existent déjà vont déjà dans le bon sens. C'est énorme déjà. Mais:
Peut être faudrait-il changer la chose , je ne sais pas , qq chose de moins festivalesque et plus "creuset" du tango, bouillon de culture et de danse. Enfin bon dans ma campagne je suis mal placée pour dire ce qu'il y a à faire!!!!!!

Je pense aussi surtout je te l'avais déjà dit qu'il ne faut pas jouer la carte de la surenchère car elle mène directement aux machines à fric. Il y aura toujours des gens pour s'en faire.

Les assos doivent ne poursuivre qu'un seul but soutenir le tango, ses artistes et ses passionnés.

Et puis aussi informer, nos adhérents, expliquer ce qui se passe et se profile. Car il y a peut être parmis eux les futurs candidats à ces distributeurs de diplômes.

Nous assos, petites assos ou piliers du tango en France, avons un grand rayonnment sur toute la communauté tanguera et pouvons l'informer.

Bon voilà en tout cas c'est certainement une tempête dans un verre d'eau mais je lis derrière tous les mails qui ont circulé, une réelle envie de rester LIBRES, et INDEPENDANTS , par les temps qui courent c'est un signe que la contestation n'est pas encore complètement anesthésiée par la consommation. Fusse une consommation de tango!

Abrazo tanguero ELI
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14. Qui a le droit de se présenter comme prof de tango ? par Liliane et réponse de Claire

Bonjour Claire,

je me présente : Liliane, (7 ans de tango assidûment) nous nous sommes rencontrées il y a 2 ou 3 ans au festival de Lille, j'étais avec [... anonymat...], et je m'occupais de la com et de l'événementiel de l'asso Metz VilleTango dont j'avais été présidente pendant un an; j'ai organisé plusieurs grandes soirées et la plus mémorable qui ne remporte pas les suffrages de bon nombre de tangueros fut en juin 2006, lors de la demi-finale française régionale du championnat de BsAs : beau score : plus de 250 personnes, surtout du grand public non tanguero grâce à une publicité efficace. Le but : réveiller les Lorrains, les sensibiliser, leur faire partager cette belle passion, et surtout avoir des tangueros à Metz !!!

voilà, tu sais qui je suis.

Pour ce qui nous préoccupe, je ME et VOUS pose des questions:

QUI A LE DROIT DE SE PRESENTER COMME PROF DE TANGO ?

Sérieux dilemne, non ?

Je m'insurge contre le nombre de danseurs qui surgissent ça et là et qui ont la prétention de s'instaurer professeurs de tango et d'enseigner alors qu'ils n'en ont pas les compétences.

Par ailleurs, autant que je sache, tous les danseurs que nous connaissons, donnent des cours, se présentent comme professeurs, de quel droit ? sur quels critères ? par qui ont-ils été reconnus ? accrédités par qui, par quoi ?

Si les danseurs ne font pas de concours, s'ils ne GAGNENT pas de concours, comment peuvent-ils se faire connaître ? Quels sont les critères de compétences ?

Encore que, être bon danseur n'implique pas automatiquement que l'on soit bon pédagogue et inversement ! et nous en connaissons!

J'avais entendu qu'il y avait une université du tango à BsAs, qu'en est-il ?

Il existe de par le monde des conservatoires de musique et de danse, pourquoi n'y aurait-il pas l'équivalent pour le tango ?

Pourquoi pas une université du tango, qui ferait autorité, qui siègerait une fois par an, avec un jury composé des bons danseurs reconnus actuellement, pour faire passer des épreuves à l'échelon national aux candidats au professorat (comme le CAPES ou l'Agregation). Je verrai bien un examen d'aptitude à l'enseignement qui pourrait s'appeler Diplôme d'Aptitude à l'Enseignement du Tango Argentin (DAETA) où seraient jugées la technique, l'esthétique, l'élégance, l'imagination, l'originalité, que sais-je encore ...les connaissances de la culture du tango...la musicalité, les orchestres, etc. un peu comme le patinage artistique.

C'est une solution pour éviter les abus et les imposteurs, qu'ils soient français ou argentins, solution à réaliser avec des spécialistes du tango et non imposée par un ministère qui n'y connaît rien ou influencé et/ou sous la pression de lobbies magouilleurs qui cherchent à s'enrichir !

Voilà chère Claire le fruit de ma réflexion, je ne sais si cela fera avancer le schmilblick ...

j'attends des réponses; à bientôt, bises, Liliane

Chistophe: j'ai dansé avec toi à Metz au Centre Commercial St Jacques et tu m'as donné un cours particulier - j'étais débutante - et cela m'a permis de faire un sacré bond !

-------- Réponse de Claire Prouhet, 10/02/2008 15:06 ---------

merci Liliane,

Je te réponds à titre personnel sur la plupart des points :
Oui il y a pléthore d'apprentis danseurs qui à peine sorti du giron d'un prof, s'autoproclament "prof " à leur tour.
Mais on peut rétorquer à cela que c'est l'élève qui choisit son maitre : cette liberté de choix donne aussi une part de responsabilité à l'élève puisque celui-ci a de multiples offres et qu'il peut élire celle qui lui correspond le mieux. Cela est vrai pour les débutants, car ensuite, tu dois l'avoir expérimenté, les choses se complexifient !.De fil en aiguille , l'univers infini du tango s'ouvre à lui, et il décourvre les stages, les profs venus d'ailleurs, les maestros, les orchestres, les publications, les Cd, les chaussures, l'histoire de cette danse, le réseau d'associations, les bals dans tous les coins de France et d'Europe, les festivals, et s'il ne tombe pas dans la pratique tango addictive, du moins il devient comme chacun de nous un "mordu", curieux, itinérant, et sans oeillère ! (je mets tout en vrac exprès, cela peut partir dans tous les sens !!) et il ira ensuite à Buenos Aires, et etc, etc.. Et plus il progressera dans le tango, plus il deviendra difficile, saura se qu'il recherche, et choisira ses profs !
Donc au final qu'il y ait quelques incapables qui enseignent ne nuit qu'à ceux qui les choisissent car en principe, on ne reste pas quand le cours est mauvais !! et cette danse n'a aucune exigence physique, elle ne cause pas de dommages au corps donc il n'y a pas trop de danger si elle est enseignée par un mauvais danseur ! faisons donc preuve d'intelligence à cet égard !
S'il faut mettre de l'ordre quelque part, allons plutôt voir du côté des fausses associations, du travail au noir, des non-déclarations à la Sacem, des magouilles comptables.. là oui, il y a du travail de "nettoyage" pour que le fonctionnement soit plus clean, et n'autorise pas la tricherie qui elle-même encourage les fausses vocations !!

Par contre je continue à plaider pour les fondements mêmes du tango : populaire, initiatique, et universel : transmission orale, multiplicités des approches, paysage d'une intense richesse qu'un diplome ne peut que détruire, s'il n'est qu'une sanction basée sur une pseudo maitrise technique de la danse
Tu compares à la musique ?? eh bien justement les musiciens qui apprennent à jouer le tango doivent faire le même parcours : rien n'est écrit, codifié, ils doivent faire leur apprentisssage avec des maestros encore vivants pour pouvoir capter tant qu'il est encore temps les "secrets" de l'interprétation tango, les spécificités de chaque style, et ils n'apprennnent jamais avec un seul prof ! Plus ils diversifient leur apprentissage plus ils sont capables de jouer dans tous les styles et d'en dégager un qui sera leur propre style !

Ne pas oublier qu'il y a aussi un nombre plus grand de gens qui ne prennnent pas le titre de prof (souvent c'est les élèves qui le leur impose) et qui sont juste des "passeurs" de tango bénévoles ou défrayés et qui contribuent à la transmission d'une danse qui depuis 1 siècle a produit d'immenses danseurs, de grands maestros qui a leur tour ont appris à d'autres pour que jamais ne s'arrête cette transmission vivante, qui échappe à notre pensée rationnaliste et scolaire !

Qu'il y ait beaucoup de gens contre les concours c'est compréhensible car cette danse échappe aux caractéristiques des danses standard de compétition, mais tu as raison de souligner que cela fait aussi marcher la pub et la promotion de cette danse ! à condition que cela reste un évènement sans volonté d'en faire une institution comme dans la danse de salon ! Buenos Aires a son Mundial de tango, et cela est vécu comme un évènement parmi d'autres, sans intérêt particulièrement dominant dans tout ce qui se passe là-bas, sans prétention d'être un évènement référent dans cette ville ou le tango a une telle vitalité et liberté que personne ne peut se l'approprier !

Je pars dans quelques jours à Buenos Aires, et justement je vais m'informer sur les "voies" de formation qui se mettent en place là-bas sachant par avance qu'il n'existe RIEN de reconnu non plus et pour cause en Argentine ! excepté pour les touristes qui ont besoin de revenir avec un diplome.. acheté !!
Il y a très peu de Maestros reconnus mondialement qui ont fait la preuve de leur capacité à conceptualiser le tango, à l'apprendre avec une analyse et exhaustivité rares , qui ont déjà formé de nombreux danseurs devenus professionnels : je pense surtout à Gustavo Naveira (il a parmi ses élèves qui se revendiquent de son "école" : Chicho, Sebastian Arce, Pablo Tegli, Federico Moreno, Esteban Moreno ... et des dizaines d'autres.. qui sont jeunes et plein d'avenir... En fait quel prof de tango professionnel à l'heure actuelle peut s'être dispensé de passer entre les mains de Gustavo Naveira ??? Tous y ont gouté, tous ont fait ses séminaires, tous reconnaissent sa supériorité pédagogique ) Peut-être arrivera t'il à ouvrir vraiment une ECOLE de tango avec son estampille, pour le moment il continue à enseigner commel'ont fait ses "pères" par la voie du libre consentement des élèves, sans diplome à la clef !

voilà ce que je peux répondre avec ma petite expérience

Claire
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13. Mention à la tenue d'assises du tango en mars - avril 2008 par Claire

Extrait d'un mail de C. Prouhet (daté approximativement aux alentours du 9 février)

[...]
Il serait nécessaire de prévoir peut-être vers le mois de mars ou d'avril (le temps que les réflexions s'étayent) une table-ronde nationale, une sorte d'ASSISES du tango ! en y conviant toutes les assos .
[..]
Claire Prouhet
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9. Réaction de Annabelle


Merci Claire d'avoir formulé ce que je ressentais, ce que je pressentais. J'ai entendu parler de ce centre de formation où, miracle, on a la prétention de former des professeurs de tango en quelques semaines, ceci de façon tout à fait officielle, (moyennant tout de même argent sonnant et trébuchant !) alors même que l'étau se resserre côté associatif et que le ministère de la "Culture" s'inquiète de l'enseignement de toutes ces danses qu'il ne contôle pas...

Je ne peux qu'être d'accord avec ton point de vue et j'espère vraiment qu'"ils" sauront entendre et comprendre ce que tu dis !

Annabelle
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8. Réaction de Raquel Shoes (Nimes)

Bonjour Claire,

Je suis Robert, compagnon de Raquel (raquel shoes, fabricant de chaussures à BsAs) et en même temps président d'ABRAZO association qui enseigne gratuitement le tango argentin et met à disposition gratuitement toute l'année une salle de pratique à Nimes

Je partage totalement ton opinion.

J'ai comme toi répondu à l'enquête de CA avec le même ressenti que le tien
Par ailleurs la prétention de [... anonymat...] à apprendre moyennant finance l'enseignement de tango argentin m'irrite encore plus lorsque je lis sur son site la composition du comité de parainnage de la chose avec entre autres 'la confiteria Ideal" qui se fout du tiers comme du quart de cette tentative de récupération commerciale du tango argentin qui doit rester un art et un art social avant tout

A ta disposition pour diffuser et défendre ce que nous aimons.

Bien cordialement,
Robert
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6. Réaction de Elisabeth (Todo tango, Montargis)

Chère Claire,
et à touts ceux qui, par le biais du mèl, liront

merci tout d'abord d'avoir mis copie de ton mail aux assos afin que le débat s'ouvre,

j'ai pour ma part été très réservée et très méfiante par rapport à l'enquête diligentée auprès de [... anonymat...] par le ministère de la Culture. Le climat politique dans lequel nous baignons depuis qqs années et plus, depuis qqs mois, me rend certainement parano, mais je connais des fichiers de renseignements qui, par le passé, ont servi à l'Administration pour ses pires besognes...... et il n'est besoin de retourner jusqu'à la période de Vichy pour trouver des exemples, ceci parle peut être à certains d'entre vous.

Méfiance aussi très vite, de notre très chère professeur et maestra.

Nous avons donc téléphoné chacune à notre tour et parlé à [... anonymat...] pour lever les doutes, et j'ose avoir pleinement confiance en ce chercheur et amoureux du tango. Les fichiers ne seront pas transmis à l'administration sous aucune forme.
Après, à nous de faire confiance en leur travail et intégrité.

Il est certain que derrière cette enquête, se trouve la volonté de régenter normaliser l'univers des danses sociales, et du tango argentin "évaluer les besoins de certifications" disent-ils au Ministère?

Il est certain aussi que le modèle associatif dérange et qu'on lui tordrait bien le cou, trop social, trop insaisissable comme tu dis Claire.
Mais attention! Combien de structures loi de 1901 sont ou on été des paravents pratiques pour salarier dirons-nous "quidam tenant les ficelles de la trésorerie et des activités"????? Aïe , il ne faut peut être pas le dire.... Pourtant....... Allez vite! Des noms! Des noms pour les jeter en pâtures à qui de droit...... Bon comptez pas sur moi.

Pour en revenir à la certification, là mon sentiment est partagé, je pense à une amie prof de salsa qui rame pour que ses compétences soient reconnues, et finalement ne peut pas vivre de sa passion pour la danse, elle fait finalement la plonge dans un salon de thé pour compléter son salaire; je pense à la prof de danse classique de ma fille, danseuse en compagnie qui rame beaucoup moins depuis qu'elle a son BE et la possibilité de travailler pour les écoles de danse (ou les écoles tout court). Alors je me dis que des exemples comme ça il y en a certainement des centaines et que ce serait peut être une bonne chose qu'il existe une reconnaissance officielle: ça mettrait peut-être un frein aux arnaques de tous poils que l'on voit fleurir sur les pages des magazines de tango, sur les sites et les flyers dispersés au vent...... Finalement ça permettrait peut être à certains de manger moins souvent des patates et de la vache enragée.

Et puis je lis tout ce que tu écris sur le monde associatif, ce qu'il a apporté, en particulier au tango qui est, il est vrai un monde à part. Et là je commence à me dire que non, vraiment, pour le tango argentin il ne faut pas tendre vers ça.

La spécificité de son enseignement par ses pairs, sa transmition entre l'élève et le maître est trop belle et trop mystérieuse pour qu'on s'assoie dessus? Qui, de l'un, choisit l'autre? Le maître choisit-il son élève? Ou l'élève, son maître? Ou qq chose de subtilement intermédiaire, il y a là trop d'alchimie, de poésie, cela touche trop profondément à l'humain, pour que soit "réglementée" par des décrets et des circulaires d'application, cette transmition d'un savoir ô combien difficile à acquérir.

D'ailleurs qui se dirige vers ces cours ou ces formations qui vous disent à grand renfort de publicité "devenez prof de tango" comme on peut lire dans les magazines télé "devenez secrétaire médicale" ? (Voir la salida de ce mois-ci il y a un exemple criant: et d'ailleurs une des formations dignes de ce nom, n'a pas choisi la pleine page mais l'encart plus discret, suivez mon regard). Ceux qui ont compris l'essence du tango et qui un jour auront la volonté, le projet et la possibilité de se professionaliser savent bien à quelle porte frapper. Ce n'est pas toujours celui qui a le plus beau ramage qui vous habillera du plus beau tango!!!!! Les autres, vous mettront un beau plumage : stass paillettes et pédagogo et récupèreront votre fric. Que celui qui n'a pas la "guita" se casse il est indésirable en ces lieux.

Alors oui évidemment ça m'agace en tant que tanguera et responsable d'assos de voir que bcp préfèrent faire du fric avec le tango.
Oui ça m'agace de voir qu'il y a des gens qui se parachutent profs sans en avoir la légitimité, ni la reconnaissance de leurs pairs (d'ailleurs j'enrage car dans ma bonne toute petite ville j'en ai au moins deux comme ça).
Oui ça m'agace tous ces rapports de fric. Et pourquoi pas un jour la cotation en bourse de la meilleure école de tango dont les résultats seront proportionnels à la limitation de leur personnel encadrant - car dans cet univers on ne parle plus de maîtres et encore moins de maestro et d'élèves mais, de personnel encadrant - vachement militaire non?

Et oui, je fais partie d'une assos loi 1901 à but non lucratif et dont l'objectif est de diffuser cette culture portègne, alors la seule chose que je puisse faire est de garder une éthique, de ne pas me faire complice des plans frics, de ne pas aller vers la surenchère pour que cette assos devienne une "grosse" assos, dans l'unique recherche de l'élitisme, ne pas oublier que le tango vient d'où il vient: la rue et la milonga et pousser dans ce sens. Celui de l'humilité. Tant pis pour la gloriole et la cotation en bourse.

Tous ceux qui au sein de leur assos ont tant oeuvré pour soutenir des artistes, développer toutes les formes d'art liés au tango, sont descendus dans la rue pour qu'il sorte de l'ombre, doivent bien comprendre ce que je veux dire.

Et enfin au delà de ton coup de gueule légitime Claire, finalement tout reste à inventer, si nous ne voulons pas que fleurissent les usines à fric, à nous aussi de ne pas faire du tango argentin une discipline réservée aux tangue euros en pratiquant des prix prohibitifs pour les bals, les stages et cours sinon forcément les avions renifleurs de monnaie descendront en raid serré sur les parquets; à nous de rester dans l'esprit associatif qui est de ne pas faire de bénéfices mais d'équilibrer les comptes; à nous aussi de trouver l'équitable milieu pour rétribuer justement tous les artistes, intermittants ou non, qui travaillent avec nous et à nous de demander un juste prix à tous ceux qui se sont épris de cette danse et qui n'ont pas tous de gros budget.

A nous d'inventer le creuset de demain qui verra se cotoyer et se former les maestros, les milongueros et les danseurs professionnels ou amateurs dans une sincère coopération. Cette "école coopérative" est à inventer, à rêver peut être, pourquoi ne pas rêver de la financer nous même avec ce qui reste dans le fond de nos comptes associatifs. Et oui ce serait un modèle gênant encore, pour tous les faiseurs de bénéfices, avocats de la libre entreprise et législateurs de tous bords.

Finalement comment faisait Pugliese?


Tout ça pour dire qu'il faut "vigiler" c'est une expression que Barbara avait dans le grand combat silencieux qu'elle a mené. Quel rapport avec le tango? Qu'en fait, pendant plus de 20 ans beaucoup d'amoureux du tango ont travaillé dans l'ombre pour que cette culture ne meure pas et se diffuse comme tu le dis Claire, dans toute l'Europe, alors il nous faudra peut être aussi continuer à être prudents, vigilents, combatifs et inventifs pour que notre tango que nous aimons tant, ne perde pas son âme à l'heure où il connait un boum digne de l'âge d'or et qu'il pourrait se retouver côté en bourse!!!!.

ELI, ASSOS TODO TANGO MONTARGIS
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5. réaction de Christina (Touch Tango, Nice) et réponse de Claire

Chère Claire, Je vous remercie d'avoir pris le temps et d'avoir appliquer votre talent à répondre à [... anonymat...], car j'étais moi même très choquée par tout ce que vous mentionez mais je me sentais un peu isolée dans ma révolte. Vous pouvez compter sur notre appui. Encore une fois merci et bravo, sincèrement.

Cristina de Touch Tango à Nice

---------- Réponse de Claire Prouhet, 06/02/2008 12:37 ---------

Mon message n'est pas une attaque à l'intention de [... anonymat 1...] mais vraiment une mise en garde contre les tentatives d'"enfermement" qui risquent de couper les élans et les énergies associatives et la d'appauvrir le panorama de la pratique amateur. Justement cette enquête est très pernicieuse et on ne sait pas trop quel usage en sera fait ! mais je doute que [... anonymat 1...], après les écrits qu'il a publiés sur le tango et la spécificité qu'il a bein cerné de son contenu associatif et "militant" en quelque sorte, puisse se ranger du côté d'une quelconque "institutionnalisation" du tango.
J'ai surtout tenu à exprimer par cette occasion m adésapprobation du projet marseillais de [... anonymat 2...]  puisque la pub est sortie dans la dernière SALIDA.
C'est donc en pleine connaissance de cause que tous ceux qui se sentent interpellés par cette proposition commeciale peuvent réagir ! c'est bien de se dire les choses et pour eux, c'est nécessaire qu'ils sachent qu'ils n'ont pas l'accréditation ni l'aval de la majorité de la communauté tanguera, malgré leur agrément formation, malgré leur parrainage par une école de tango à Buenos Aires : ça sent trop la récupération, le fric, l'arnaque, la non-éthique !
 
J'espère que vous serez nombreux à réagir, c'est déjà le cas ! et que cela pourra alimenter un débat
 
Merci
 
Claire
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3. Réponse publique de Claire à l'enquête

Réponse à l'enquête conduite par [... anonymat...] (commande du Ministère de la Culture) que vous avez peut-être reçue et qui concerne le fonctionnement des associations de danse :

Cher [... anonymat...], et chère communauté tanguera dans son ensemble,

J'ai répondu à ton enquête policé, mais néammoins "'policière" et on sent bien pointer la volonté de "légalisation" de l'enseignement des danses à deux , quitte à mettre tout dans un même panier, et évidemment on sent aussi que par ce biais, on atteint le monde associatif, trop "insaisissable", multiple et pas assez transparent !

Et comment répondre à des questions qui s'adressent visiblement à des Ecoles de danse, et ne tiennent pas compte de la spécificité du fonctionnement associatif et amateur dans le tango ?

Mais en ce moment ce qui me gêne le plus, c'est qu'une association dépourvue de toute autorité en la matière, dépourvue de toute légitimité, dépourvue de toute reconnaissance, dépourvue de tout "diplome" (puisqu'il s'agit de cela) puisse "s'autoproclamer" CENTRE DE FORMATION POUR PROFESSEUR DE TANGO dans ta bonne ville de Marseille, et que de surcrroît on leur ait délivré un agrément formation : ça c'est du n'importe quoi, et j'espère que nous pourrons le manifester haut et fort . S'il faut être muni d'un diplome bidon pour enseigner, et que ce diplome coûte exactement la modique somme de 4500 euros, c'est vraiment une arnaque terrifiante au regard de tous ces danseurs qui depuis 10 à 20 ans sont professeurs de tango et ont permis sa diffusion dans toute l'Europe, ont formé un nombre innombrable de danseurs amateurs, dont certains sont devenus à leur tour professionnel : que fait-on de ces parcours exceptionnels ? Que fait-on de ces savoirs qui se transmettent avec générosité et passion ? que fait-on de ces pédagogies et approches diversifiées bâties empiriquement sur l 'expérience et l'analyse de cette danse et dont les résultats sont au rendez-vous ? Que fait-on de ces investissements batis sur la durée, sur la recherche, sur la pratique et l'apprentissage permanent dans le sillage des maestros ? Peut-on nous faire avaler à nous qui la pratiquons depuis plus de 10 ans, qu'elle peut s'apprendre en 15 semaines ? et qu'en ce même délai on peut aussi pour le même prix, devenir à son tour Maestro, et ouvrir sa boutique ??

Bref, il y a surement un public (peut-être dans les danses de société) pour s'imaginer et se bercer de l'illusion que la tango argentin s'apprend aussi vite qu'un chachacha ou une valse viennoise : cette danse sera ainsi une fois pour toute assimilée à une danse de salon.

Il faut dénoncer cette commercialisation d'un pseudo-diplome , mais s'il faut vraiment entrer à coupe de pied au derrière, dans l'ère des "Académies" "Ecoles" "Centres" dont on a pû se passer jusqu'à maintenant, eh bien j'espère que naitra en France des choses sérieuses dans le domaine de la formation, avec des références pédagogiques reconnues, qui laisse une large place à la diversité des approches, des styles et ouverte sur la création contemporaine. Nous avons le potentiel !!

Voilà ce que je tenais à exprimer,

Claire Prouhet (copie aux associations)
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