avr. 2008

95. [L - 61] Merci à Cécilia, par Claire

Merci de cet apport venant d'un argentine.. enfin un point de vue qui conforte ma vision libertaire de cette danse d'improvisation qu'est le tango, dans sa diversité de styles et d'approches qui en font une danse marginale, hors d'atteinte de la névrose des Règlementeurs, diplomeurs, castrateurs, protectionnistes, de cette France en train de se ridiculiser car elle voudrait légiférer sur un art qui ne lui appartient pas, mais qui se développe au rythme de la "mondialisation" de la culture et de l'universalité de ses composantes !!

Claire Prouhet
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93. [L-60] « EL ARTE DEL TANGO » plus « UN PEU D’INFORMATION », par Cecilia

Voici le mot qui m’a donné envie de participer au blog : « art ». Merci Leonardo !

Merci à tous de vos apports ! « Amateur : celui ou celle qui aime ».

Et vous vous lancez tous à defendre votre aimé tango pour pouvoir continuer à le pratiquer dans des conditions qui ne le denaturalisent pas. Je me réjouis de tous ces apports ! Oui ! Dans ce sens, nous sommes tous dans le même bateau.

Je veux apporter des précisions et des éclaircissements à ce débat à partir de mes connaissances et mon vécu de danseuse et professeur argentine en Argentine et en France.

1) D’abord, je propose de dégager la notion de culture de la spécificité de la danse du tango argentin. À ce point, il semble assez clair pour tous que la « danse tango » fait partie d’une « culture » : danse, musique, littérature, théâtre, peinture, etc. Tout comme la danse classique, ou contemporaine, jazz ou hip-hop le sont aussi.

De cela découle qu’un « bon danseur » ou prof devrait connaître cette culture pour savoir de quoi il bouge.

Focalisons nous sur la danse en elle-même, elle a des spécificités propres, qui la distinguent des autres danses et qui font qu’elle ait besoin d’un mode de transmission, de pratique et d’un environnement propres.
Par exemple : Les Dinzel on crée à Buenos Aires une « Université du tango » , université de l’état, ou chaque aspect de cette culture avait une place propre. Une des reformes du système éducatif argentin (si je me rappelle bien) obligea à revoir à la baisse un projet aussi ambitieux, et l’université est devenu le Centro Educativo del Tango, qui décerne les diplômes de « Instructor en Tango-danza » et « Instructor en Historia del Tango ».

2) Quelle est donc la ou les caractéristiques propres de la danse du tango argentin ? Elles ont déjà été évoquées :
- « Tango : une possibilité infinie ». Liberté….
- « Tango : expression de la passion, de l’affectivité…. »
- « Tango : culture populaire » , « danse de rue », « expression populaire », « art populaire »….

Nous sommes tous d’accord que « le » tango (et à partir d’ici je ne parlerai que de la danse) est « un’ , mais aussi « multiple » : « tous » les tangos sont « le » tango, sa caractéristique propre étant sa multiplicité d’expressions et de styles. Bon, je dis « nous sommes tous d’accord... » , mais c’est vrai que les polémiques de café existent et existeront… autour de « son tango n’est pas tango »

Nous savons que le tango s’apprend, que c’est une danse transmissible. La grosse question est alors :

3) QUELLE MODE DE TRANSMISSION SPECIFIQUE POUR CETTE DANSE SPECIFIQUE ? QUELLE MODE DE TRANSMISSION RESPECTUEUX DE SON ESSENCE ?


La question me passionne ! La réponse ( hurlé ) dans le blog est :... « ..Certainement pas un mode qui le déforme!!!!!!!!!! »…Et à chacun de décrire le visage de cet déformation crainte ou les multiples façons respectueuses de transmission qu’il a vécues.

4) Pour faire mon apport, je voudrais revenir sur la notion de tango=art populaire.

- 4.1) Ça veut dire que nous avons d’un côté la notion de «populaire », ce qu’on appelle la MILONGA, le bal, la RUE, la danse ou tout et chacun peut s’exprimer, ou il y a une tradition, des codes, et aussi une possibilité infinie d’expression personnelle. La milonga est la racine, le creuset, la matrice, la mère et la mer où se côtoient les danseurs le plus maladroits et le plus sublimes, les gens les plus variées qu’on puisse imaginer.

Appelons à tous « milongueros », si ça vous plait, aux plus subtiles je voudrais les appeler « artistes populaires », ou « artistes intuitifs », des gens issues de la milonga qui ont élevé sa danse au rang d’ART, pour sa qualité, sa subtilité, la force de son expression, sa capacité de toucher les émotions des spectateurs.

La « démonstration » dans une milonga constitue ce moment dans lequel le populaire peut devenir « art ».Et son accès est assez démocratique : de façon potentiel chaque personne présente au bal peut la faire. Le rite de la démo est censé motiver tous les danseurs qui regardent. C’est le « Poussez vous, laissez les danser ! » ou le : « Allez-y ! Montrez nous ce que vous savez faire ! » , ou plutôt ce que vous avez sur le cœur !

Parmi plein d’autres, je pense par exemple à Tété, grand danseur issu de la MILONGA, qui a travaillé régulièrement avec Pina Bausch au Tanztheater de Wuppertal. Ou à la rare orchidée de la milonga : la belle Géraldine. Quel bonheur retrouver la « lettre de Tété » dans ce blog, n’est-ce pas ?

- 4.2) De l’autre côté, il y a la notion d’ART, donc, la SCENE, où il y forcement un « savoir faire" : un métier, une technique, une discipline, une réflexion sur l’esthétique, l’interprétation, l’émotion, une éthique de travail, des codes, une tradition, une liberté de créer, une transmission, pourquoi pas une pédagogie ….…

Il y donc des « danseurs professionnels », qui sont aussi « artistes populaires » ou « artistes d’un genre populaire » : danseurs issus de différents milieux de danse (la milonga incluse) qui vont nourrir son art de cette racine « populaire » : la milonga, plus toute la « culture tango » qu’on a laissée derrière nous dans le point 1.

Leur belle mission serait de trouver son chemin d’expression entre liberté et tradition dans cette « culture populaire », être « passeurs d’identité » pour les Argentins, « faire la diffusion de la culture tango » à l’international. Faire vivre, (tout comme le milieu de la milonga), ce qui parle à l’universel humain et ce qui parle aux argentins. Combien de vous avez décidé de danser le tango après avoir vu un spectacle ?

Les premiers à faire monter le tango sur la scène ont été Juan Carlos Copes et Maria Nieves. Ils ont transformé une danse populaire en expression artistique.

Le succès mondial du spectacle « Tango argentino » a consacré la danse du tango comme danse de scène de premier rang. « Tango argentino » charmait avec la diversité artistique de chaque couple de la troupe.

Copes a fait école, il a appris à des générations de danseurs le métier de « danseur professionnel de tango argentin ». Aujourd’hui pleines d’autres propositions esthétiques sont apparues, mais il reste un artiste de premier rang, qui me touche beaucoup. Sa partenaire d’antan, la diva du tango, les « jambes de Buenos Aires », comme disait Astor Piazzolla : « Maria de Buenos Aires, c’est toi» : Maria Nieves, brille encore sous les feux de la rampe dans « la calle Corrientes » (le Broadway de Buenos Aires).

Ce métier s’apprend en travaillant à côté des artistes argentins. C’est comme ça que je l’ai appris. Si bien que les esthétiques ont évolué, ça a été intéressant de passer par la « case Copes », de la main de mon premier prof, le talentueux et inconnu ( comme tant d’autres) Juan César Alvarez.

Si bien que le nom de Copes est aussi connu que Coca-cola en Argentine, souvent les artistes de scène (exception faite du « panthéon » de la troupe de « Tango Argentino ») et son savoir faire est méconnu en France, elle est beaucoup plus connectée avec l’univers de la milonga.

5) ( ou retour au point 3 : Quel enseignement ? ) Milonga et scène, deux mondes…Et où l’on met l’ENSEIGNEMENT ?

Pour les deux, il faut apprendre! Je complète cette « trilogie des dieux et déesses du tango argentin » avec le(s) pionniers de l’enseignement, les premiers créateurs d’une pédagogie, « ceux qui enseignaient quand personne le faisait encore, on était tous danseurs, mais Rodolfo avait une vraie vocation » ( selon témoignage de Carlos Rivarola): les Dinzel.

Rodolfo Dinzel a une formation de danseur folklorique, Gloria de danse classique au célèbre Théâtre Colon. J’aime décrire mon cher prof comme un génie multiforme et bordelique. Ils créent une progression pédagogique. ( Avez-vous essayé de comptabiliser les pas « qui existent » dans la tradition tango ? Eh, oui !. S’il y a des entomologistes, pourquoi pas quelqu’un d’aussi cinglé pour s’embarquer dans l’inventaire des figures qui existent, pour ensuite proposer une progression ? ). Les Dinzel ont proposé aussi une technique, une mécanique, une notation (si, si, je ne délire pas), une méthode d’improvisation, une philosophie, des exercices sur l’énergétique, une formation des aspects expressifs, une tango-thérapie ou « psycho tango » et je crois être au court pour tout citer….

Tout ça pour nous passer finalement la seule leçon de tango valable : sois libre, sois toi-même… .Pour preuve, le nombre de danseurs et profs absolument différents qui sont passés par sa démarche et ont fini dans les deux mondes : milonga et /ou scène.

6) (Ou aclaration sur le point 4) Pas de confrontations, alors entre la milonga, la rue et la scène ! C’est seulement afin de mieux présenter les idées je me suis permis de parler de « deux mondes » : ils sont très souvent mélangés, imbriqués, présents à l’intérieur et dans les activités de la même personne ( surtout dans le cas des professionnels de niveau) . J’ai souhaité juste faire un apport pour enrichir la réflexion : l’enseignement n’est pas le même pour rendre quelqu’un capable de s’éclater dans le bal que pour le rendre capable de toucher un spectateur, gagner sa vie dans la scène ou le donner les outils pour devenir professeur d’amateurs.

J’imagine des rapports nourrissants dans les deux sens entre « milonga » et « scène » . : les gens « de la scène » qui respectent la milonga et qui font un bon plongeon dans ses racines, les gens « de la milonga » que ne coupent pas les ailes de la danse.

7) Pour revenir donc au sujet de l’enseignement, je dirais : PAS UN ENSEIGNEMENT MAIS DES ENSEIGNEMENTS, pour un tango multiple, des enseignements multiples.

En Argentine on dit : « Cada maestrillo con su librillo » : « chaque maître avec son bouquin » . Remarquez le diminutif tendre ou moqueur : chaque « petit » maître avec son « petit » bouquin. Nous vivons aujourd’hui un moment d’expansion et de foisonnement du tango argentin. Des apports vraiment créatifs de la part de grands professeurs et danseurs ont lieu, par exemple celui, énorme, de Gustavo Naveira.

A côté du seul diplôme officiel d’Argentine, ( lequel n’est nullement obligatoire) , il existent de tas de « certifications privés », mais aussi des parcours libres validés par le prestige des professeurs, par le talent artistique des danseurs. En Argentine, la liberté la plus désordonnée n’empêche l’existence d’institutions aussi académiques et prestigieuses comme la Academia Nacional del Tango ( pour l’ensemble de la culture tango) ou la Academia de Lunfardo (pour sa langue et littérature) , et le tango comme danse est enseignée dans des carrières de danse de l’état de niveau universitaire ou national.

Le talent et la créativité des professeurs est abondant. Je rêve d’une attitude de partage, de confrontation saine, des respect des différences qui fasse avancer cet danse. Au but du compte, elle est toute jeune, elle dépasse à peine ces 100 ans !

BON TANGO A TOUS !

Cecilia Pascual
France, le 30 avril 2008

¡Viva el Tango!
http://tango-argentin-cours-spectacles-greno.blogspot.com/
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92. [L-56] Des questions sur les questions... par Christophe

Bonjour à tous,

Il me faut apporter quelques précisions pour soulager les inquiétudes quant à l'étude que nous réalisons, et notamment de la seconde phase. La société des danseurs de tango se pose des questions sur les questions et c'est compréhensible.

1/ Les sociologues utilisent deux méthodes pour réaliser leurs recherches : des enquêtes quantitatives (questionnaires) et des enquêtes qualitatives (entretiens, observation simple et/ou participante). Ici, il s'agit de deux questionnaires, nous sommes dans le quantitatif. Il s'agit de recueillir avis, positions, sentiments, opinions, sur l'activité des professeurs (questionnaire professeur) et sur les structures qui les emploient, ou qui en permettent l'activité (bénévolat). Par conséquent, il ne s'agit pas de construire des arguments pour une certification. Le travail du chercheur ne consiste pas à connaître au préalable les résultats de son enquête. Il consiste ici en l'occurrence à recueillir le plus grand nombre d'avis, auprès d'une pluralité d'acteurs (employeurs, professeurs, administrateurs, formateurs) qui détiennent des statuts divers.

Certains vivent du métier de professeur intégralement, d'autre partiellement, d'autres sont bénévoles, d'autres sont formateurs, et nous avons également une grande diversité de statut parmi les employeurs. En revanche, nous ignorons comment se répartissent ces acteurs à l'échelle du territoire. Les bénévoles sont-ils majoritaires en tango ? C. Prouhet disait dans un de ses messages qu'on ne s'enrichit pas en tango. C'est probable (cela se saurait), mais qu'en sait-on vraiment ? Exemple simple : peut-on vivre décemment de l'enseignement de la danse aujourd'hui ? Oui ? Non ? Dans quelles conditions ? En cachetonnant comme le font nombre d'artistes ? Confortablement ? Et dans la continuité de ces questions, un professeur de danse aujourd'hui bénéficie-t-il vraiment d'un droit à la formation continue ? Dans les textes du droit du travail, oui. Mais si l'employeur ne cotise pas ? Que se passe-t-il ? Ces exemples pour expliciter le sens de ces questions qui doivent nous permettre de mieux cerner les conditions actuelles dans lesquelles s'exercent le métier de professeur de danse.

2/ Un questionnaire ne peut faire l'économie d'une identification. C'est une règle de base. Sachant que cette étude éveille bien des doutes et des méfiances, nous avons opté pour la possibilité d'un pseudo (questionnaire professeur). En aucun cas, je le répète, nos données ne sont traitées de façon nominative. Il existe une loi, je le répète encore, la Loi Informatique et Liberté (Loi n° 78-17 du 6 janvier 1978, Loi relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés), dont l'article 2 précise :

« Aucune décision de justice impliquant une appréciation sur un comportement humain ne peut avoir pour fondement un traitement automatisé d'informations donnant une définition du profil ou de la personnalité de l'intéressé.

Aucune décision administrative ou privée impliquant une appréciation sur un comportement humain ne peut avoir pour seul fondement un traitement automatisé d'informations donnant une définition du profil ou de la personnalité de l'intéressé. »
(http://www.lexinter.net/lois/principes_et_definitions.htm)

Si nous ne cherchons pas à travailler sur l'identité des personnes ou structures qui répondent au questionnaire, d'autres personnes, organismes, institutions, ministères, quels qu'ils soient, n'ont pas le droit de le faire. En revanche, connaître le code postal, c'est primordial : cela permet ensuite de faire des carte, de faire des analyses de densités par exemple, et donc d'obtenir une présentation cartographique de certains résultats.

3/ La question des risques : elle est très importante dans notre étude. Les possibilités de réponse sont : oui/non/ne sait pas. Je danse le tango, et l'enseigne depuis 1993. Je l'ai découvert en 1983 (oui, je suis un vieux du tango.), j'ai quelques autres expériences de pratiques corporelles. En tango, je sais que les risques de blessures sont vraiment peu importants, et que les enfants sont peu nombreux dans les cours et stages. Mais n'oubliez pas que cette étude ne porte pas que sur le tango. Les tangueros ne sont pas les seuls à aimer danser. Et toutes les danses ne se ressemblent pas, de même que les publics concernés.

4/ Les questions sur les parcours : elles visent à mieux cerner les connaissances, les savoirs en danse et autour de la danse, les multiples façons dont les professeurs se sont formés. La encore, on ne s'adresse pas qu'à des tangueros. Parmi les pratiquants des danses du monde et de capoeira, certains font des voyages dans les pays dont ces pratiques sont originaires pour se former.

5/ La question sur le diplôme est assez simple. Mais elle fait la distinction entre un diplôme obligatoire (les diplômes d'Etat sont obligatoires pour intervenir dans le secteur professionnel concerné) et un diplôme non obligatoire. Et ceux qui ne voient pas l'utilité d'un diplôme peuvent l'exprimer.

Enfin, comme nous l'annonçons en préambule dans le courrier qui accompagne le lien des questionnaires, il s'agit là d'une étape quantitative qui est complétée par des entretiens réalisés auprès de l'ensemble des acteurs, avec le souci de rendre compte de la diversité des situations, des configurations, des parcours et des sensibilités.

J'espère que ces quelques précisions vous aideront à mieux comprendre la méthode utilisée pour cette étude.

Cordialement

Christophe Apprill
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91. [L-55] Poursuite de l'Etude sur les danses traditionnelles et du monde, par Eric

Je viens de prendre connaissance du formulaire de l'OPPIC. Je suis surpris que l'association "OPPIC" emploie le terme de "formulaire" qui, à mon sens, fait partie du vocabulaire technocratique : "remplissez le formulaire B48ZC et non le formulaire de la directive B49ZB" Bienvenue à Gattaca !

Hormis ce détail, ce manque d'humanité, l'objectif de la Lettre de Mission indique bien son but : identifier les gisements d'emplois et mettre en place une certification - en clair un diplôme - pour, toujours à mon sens, développer l'emploi (en France le diplôme est une porte d'entrée vers le monde du travail).

Je tiens à préciser à tous ceux qui participent à ce forum, que je ne suis qu'un simple tanguero, que je n'ai pas l'intention d'enseigner et que mon seul effort d'investissement dans le monde du tango en France est la participation à ce forum.

Voici une petite critique du formulaire à l'attention des enseignants.

_Pour la catégorie "Présentation" :_
Quand on propose l'anonymat (réponse par un pseudo), on ne pose pas des questions qui peuvent identifier l'interlocuteur. Les professeurs pour une discipline donnée ne sont pas si nombreux dans une ville. Inscrire un code postal, c'est déjà débuter une identification ; demander le département aurait été plus discret.
Et si vous cochez l'année de votre naissance et que vous précisez votre sexe, il y a de grandes chances que l'on sache qui est qui ?

_Pour la catégorie "enseignement de la danse" :_
Il est clair que l'on ne parle pas d'enseignement mais de rémunération. L'intitulé de la catégorie est totalement erroné. J'attire votre attention sur la question 12 : /Estimez-vous que la pratique de votre danse comporte certains risques de blessure ? répondre "Oui" ou "Ne sais pas" et c'est la porte ouverte au Diplome d'Etat. Toutes activités physiques en France où il y a risque de blessure, fait obligatoirement l'objet d'une réglementation stricte.

_Pour la catégorie "Votre parcours" :_
N'étant pas professeur, il m'est difficile de découvrir ce que peuvent cacher certaines questions d'apparence anodine.
La question 21 (/Avez-vous suivi d'autres formations complémentaires ?) me semble rejoindre la question 12 puisque, à ma connaissance, la kinésiologie a un caractère thérapeutique.
Je serais curieux de connaître pour quelles raisons pose-t-on la question 23.
L'ensemble des questions me semble avoir pour but d'identifier comment construire un parcours diplômant cohérent.

_Pour la catégorie "Votre avis sur la création d'une certification professionnelle" :_
Je suis attéré pas la question 27. À moins que mon niveau en Français ne soit pas suffisant pour la comprendre. Mais il me semble qu'une formation professionnelle diplômante est obligatoirement... OBLIGATOIRE. À moins qu'une fois de plus, par quelques difficultés de compréhension personnelle ou d'ignorance, je ne sache pas qu'il y ait en France des secteurs professionnels où l'on emploie des gens sans diplôme c'est-à-dire sans qualifications, sans compétences reconnues.

En conclusion, c'est un formulaire que je qualifierais d'enquête Marketing qui identifie un marché des danses pour proposer un produit commercial. Peut-être un diplôme ? Mais je dois me tromper. Une formation d'État n'a pas ce côté mercantile. Quoique... la question 30 ?
J'ai jeté un oeil sur le formulaire à l'attention des structures : ce n'est pas rassurant.

Deux formulaires qui entre dans le cadre d'une "enquête réalisée sous la responsabilité scientifique de l'OPPIC" avec deux sociologues et une anthropologue ?

Encore une fois, malgré mon ignorance des tenants et des aboutissants, en tant qu'anthropologue, je m'interroge sur la /scientificité/ de cette étude. Il est vrai que je n'emploie dans mes recherches que des méthodes qualitatives. Je ne remets pas en cause les compétences de ces scientifiques, mais la construction de ce formulaire me gêne.

Pour finir, je vous donne mon avis sur le diplôme d'Etat. Monter un DE sous prétexte de protéger le public des accidents est une bêtise. Toutes les activités à risques font déjà l'objet d'un DE et cela me semble tout à fait légitime. Je ne suis pas contre un DE maïs, il me semble, dans le cadre du tango, totalement contre productif.
J'ai l'expérience du DE de golf qui n'a été institué que pour protéger une corporation sous prétexte de protéger le public (il faut être totalement abruti pour ne pas prendre quelques règles élémentaires de sécurité sur un golf). Mais voici la plus grande critique que je ferais à cette profession. Quand je vais sur un practice de golf ou sur un
parcours, j'identifie immédiatement les professeurs : mêmes attitudes, mêmes gestuelles, mêmes habillements, mêmes techniques d'enseignements. La majorité est issue d'un même clone.

Notre mentalité française, notre histoire, nous donne une idée du futur qu'engendrera la création d'un DE. La formation continue est une exception en France. Nous restons profondément attachés au diplôme "formation initiale". Cela entraînera l'ouverture d'un marché pour Jeune Professeur (jeune par l'âge et plus facilement corvéable). Cela exclura de facto ceux de plus de trente ans qui ne pourront devenir Jeune Professeur. Ce que je dis est un peu réducteur, un peu trop généralisant mais c'est une réalité dans le monde du golf.

Je le répète, cette /étude scientifique/ n'est, à mon sens, qu'une enquête Marketing qui nous indique qu'un diplôme (danse du monde et d'ailleurs ?) est déjà en préparation.

Pour ce qui est du monde du Tango (argentin), il me semble évident qu'il doit trouver un mode de fonctionnement pour défendre ses intérêts.

Cordialement

1. Merci de donner votre Nom ou Prénom ou Pseudo : * /ERIC /
2. Vous êtes : /Un homme/
3. En quelle année êtes-vous né(e) : /1961/
4. Précisez le code postal de la ville où vous résidez : * /06000/
5. Précisez votre mail : XXXXXXXXX

PS : à la question 29, cocher la case "/Offrir une meilleure protection corporelle aux élèves", /c'est aussi répondre OUI à un Diplôme d'État obligatoire.
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90. [L-54] Poursuite de l'Etude sur les danses traditionnelles et du monde, par Christophe

Bonjour,

Nous poursuivons notre étude sur les danses traditionnelles et du monde avec une série d'entretiens avec les acteurs de ces danses et un second questionnaire qui vise à préciser le positionnement des structures et des professeurs sur les enjeux qui gravitent autour de la transmission de la danse. Ci-joint le courrier que nous adressons aux structures et aux professeurs.

Objet : Deuxième phase de l'étude sur les danses traditionnelles et du monde du ministère de la Culture.

Madame, Monsieur,

Vous avez été contacté il y a quelques semaines au sujet de l'étude que nous réalisons pour le Direction de la Musique et de la Danse (DMDTS) du Ministère de la Culture sur l'offre d'enseignement des danses traditionnelles (traditionnelles et folkloriques de France) et des danses du monde (orientale, africaine, indienne, country, salsa, flamenco, antillaise, tango argentin, capoeira) en France. Il s'agissait de la première phase de l'étude qui visait à recenser l'offre de cours existante dans ces secteurs.

Cette deuxième phase de l'étude a pour objectif de comprendre les besoins et les attentes des professeurs et des structures qui proposent ces cours de danse. Parallèlement à une série d'entretiens menés avec les acteurs de chacune de ces danses, nous vous adressons un questionnaire afin de recueillir vos positions en tant que professionnels.

Le lien ci-dessous vous permettra pour cela d'accéder à deux types de questionnaires :
- Un questionnaire s'adressant aux professeurs
- Un questionnaire s'adressant aux structures

Voici le lien : http://oppic.free.fr

En répondant à ces questionnaires, les professeurs ont la possibilité de décrire leurs situations, leurs parcours, leurs difficultés et leurs aspirations à enseigner la danse. Les structures peuvent décrire leurs fonctionnements, leurs difficultés et leurs objectifs de développement. Nous demandons aux structures qui emploient des professeurs de bien vouloir leur transmettre ce message.

Ces questionnaires ont pour objectif de recueillir vos avis sur la nécessité ou non de mettre en place une certification pour enseigner les danses traditionnelles et les danses du monde.

Nous vous serions reconnaissants de bien vouloir participer à cette étude. Nous restons à votre disposition pour toute information complémentaire.

En vous remerciant par avance pour votre collaboration,

Salutations,

Christophe Apprill
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89. [L-53] Réponse à Christian, par Pierre

Bonjour Christian,

Merci de tes interventions détaillées permettant de clarifier le débat. Je voudrais apporter quelques précisions concernant notre échange prédédent.

*1- Culture* : ce n'est pas parce que le tango est une culture que je dénie aux autres formes de danse cette appellation... Je n'ai pris que quelques exemples non exhaustifs, juste pour illustrer mon propos (danses anciennes avec recherches historiques, salsa etc....) et pour beaucoup de ces activités la danse ne représente que la partie émergée
de la culture attachée à cette activité.

Je ne pense pas d'ailleurs, que chacune des danses concernées par l'étude menée par le ministère de la Culture, se sentiraient représentées dans une fédération unique, la problématique étant différente pour chacune.

*2 - _caractère biaisé_* de l'étude commanditée par le ministère de la Culture.

2-1 _choix de l'échantillon_ : comme on dit chez les statisticiens « /Il n'est pas nécessaire de manger le boeuf entier pour savoir qu'il est coriace ». /Certes il n'est pas nécessaire d'interroger toute la population pour se faire une idée représentative d'une opinion ou d'une idée représentative d'une question. Cependant, pourquoi, alors que tu avais déjà travaillé ces questions, ton institut n'a-t-il pas été interrogé ? De même beaucoup d'associations de tango ont été ignorées. Pourquoi ? s'agit-il d'un tirage aléatoire d' un échantillon ? si oui, suivant quelles règles statistiques l'échantillon a-t-il été constitué ?

Mais je vois que Christophe Apprill a rectifié le tir en écoutant tes suggestions et en intégrant ton fichier....

2-2 _choix des questions_ : tiré d'un post du forum du temps du tango

Vous avez dit : enquête commandée par le Ministère de la Culture ? Dans ce cas on aurait pu s'attendre à des question du genre :
" quelle part faites vous dans vos cours à la culture argentine (apprentissage de la langue, des coutumes, recherche sur les costumes, l'influence du folklore dans les figures ....
Quelle importance attachez vous à la musique, travaillez-vous sur des musiques d'orchestre contemporains ou sur des enregistrements anciens ? Quels sont les modes pédagogiques employés pour transmettre les connaissances (cours magistral, mise en pratique par petit groupe, atelier de recherche ?) Quel est le rôle des danseurs expérimentés par rapport aux novices etc....etc.... »

En effet, les problèmatiques sont très différentes pour les pratiquant de danse traditionnelle qui ont une sainte horreur de la musique en boite, et qui ne jurent le plus souvent que par la musique vivante et des pratiquants de danse sportive qui préfèrent une musique étalonnée avec des rythmes correspondant à des normes, et qui pour des raisons
pratiques, préféreront travailler sur des musiques enregistrées.... Et que penser de ce questionnaire pour des danseurs de capoeira qui sont alternativement danseurs et musiciens et qui souvent eux aussi font l'apprentissage de la langue liée à leur activité....

Aucune question à caractère culturel pour toutes ces formes de danse, seulement des question à caractère fiscal....

Je suis heureux de constater que Christophe Apprill se soit inspiré du forum du temps du tango, puisque dans le deuxième questionnaire qu'il vient d'envoyer il a rectifié le tir et propose enfin des questions culturelles beaucoup plus pertinentes ....

2-3 _pertinence des réponses_ : On sait très bien que dans les enquêtes sur les pratiques sexuelles (Christophe Apprill y faisait référence dans La Salida N°58), les réponses sont souvent surévaluées, alors que dans les enquêtes fiscales, c'est plutôt l'inverse !!! Tout institut de sondage effectue des corrections suivant le type de questions et de réponses apportées..... Quels types d'ajustements seront faits sur ses réponses alors que beaucoup des sondés ont ignoré ces questions ?

2-4 _indépendance des sondeurs_ : quand on veut faire une enquête neutre, on a deux possibilités : soit confier l'enquête à des personnes totalement extérieures au milieu étudié (équipe de sociologues par exemple), ou bien demander au milieu de faire lui-même l'enquête. Dans la mesure où l'un des enquêteurs est un acteur très impliqué dans le milieu donc à la fois juge et parti, comment croire à une impartialité ?

Sauf à avoir évolué et changé d'avis, Christophe Apprill avait fait une remarquable étude dans laquelle il disait (message de Martine sur le forum http://ecosdelplata.forum-libre.info/viewtopic.php?id=20 Christophe Apprill écrivait il y a une dizaine d'années au moment de sa thèse de sociologie, dans son livre « Le Tango Argentin en France », p128 :
« Le tango guetté par la normalisation : On voit mal comment il pourrait être enseigné aujourd'hui dans les écoles de danse sans que sa richesse et sa singularité en soient affectées. A l'heure actuelle, aucun des danseurs argentins qui enseignent le tango ne possèdent le diplôme de maître à danser détenu par la plupart des professeurs des
écoles de danse....L'encadrement normatif de l'enseignement à travers la création d'un DE ...aurait un impact important sur le réseau d'associations de tango qui est rattaché à la fonction sociale (convivialité, découverte d'une culture) de la danse mais aussi à la spécificité du tango tel qu'il est enseigné. La réglementation de l'enseignement, qui risquerait de se traduire par l'établissement d'un monopole de fait au bénéfice des écoles de danse, imposerait une normalisation de la danse.... »

Il parle aussi + loin du statut hors des cadres institutionnels de cette danse (culture, jeunesse et sport, enseignement), de l'aspect affirmation d'une identité/rébellion par
rapport aux schémas établis, du coté bâtisseurs de réseaux des « précurseurs » du tango en Europe, héritiers du mouvement de mai 68, de la dimension forte du voyage : « de voyage intérieur, le tango est devenu un motif de voyage à l'intérieur d'un réseau convivial et attractif, fluide comme un soupir de bandonéon »...)

Son livre très intéressant parlait de fonctionnement réticulaire du milieu Tango Argentin, et constituait une très bonne radiographie du milieu tango.....

Je crois que l'ambition d'effectuer cette même radiographie sur l'ensemble des danses est un travail considérable et ne peut aboutir qu'au plus petit dénominateur commun, ce qui exclut de fait un diplôme ou une certification nationale !

*3 - Certification* : En ce qui concerne la certification la position consistant à avoir un certificat d'aptitude délivré par des Argentins ne me paraît pas être une bonne solution pour les raisons suivantes :

- Nous (LTDT) faisons régulièrement intervenir des argentins dans les stages que nous organisons. Nous avons souvent demandé à ces enseignants d'indiquer personnellement aux élèves n'ayant pas le niveau requis pour le cours leur véritable niveau, _jamais aucun _argentin n'a voulu émettre cet avis directement aux élèves
concernés.... Les imagine-t-on délivrer un certificat ?

- en outre, cette démarche suppose que les argentins sont les mieux placés en matière pédagogique ce qui est contestable. Comme Sonia l'a dit sur le blog diplôme-tango
« Certains enseignants Japonais, Turc ou Américains sont allés beaucoup plus loin dans les méthodes d'enseignements que la plupart des Argentins, à l'exception de Gustavo Naveira, et de quelques autres..../ » Je rajouterai à la liste des profs Français, Allemands, Hollandais, Espagnols....

- Une certificat d'aptitude délivré par des Argentins ne traduirait qu'un lien de sujétion entre un client et un fournisseur. Imagine-t-on un Argentin refuser ce certificat à l'organisateur d'un festival qui l'emploierait régulièrement ?

*4 - Pédagogie* : Certes je suis conscient qu'il y a de nombreux manques dans la pédagogie, voir l'article que j'avais écrit dans la salida 21 en décembre 2000 (PDF) et qui
est sans doute encore d'actualité, bien que certaines choses se soient améliorées.

Néanmoins pour paraphraser Cyrano « /ces défauts soulignés avec un peu de verve, je ne permettrai pas qu'un autre me les serve »

Et même si je suis conscient des progrès que nous avons à faire, je n'entends pas imposer mes vues à quiconque, et par conséquence, je n'entends pas que l'on m'impose un prêt-à-penser dans le cadre d'un diplôme national ou d'une formation obligatoire.

*5 - Mode d'organisation et comportement *: /« "Le tango n'est ni une philosophie, ni une religion..." Le tango n'est ni plus ni moins qu'une danse et une culture. Personne ne doit se comporter en gourou, ou en messie qu'il faut suivre aveuglément...Tous les professeurs ont quelque chose à apporter, mais personne ne peut se prévaloir de détenir l'unique vérité....". Ricardo Calvo (conférence Prayssac juillet 2001)/ tirés des conseils pour trouver un bon prof sur le site http://tangoparis.free.fr/charte_f.htm.

Non le tango n'est pas sacré, comme il a été dit, par contre il est plus souvent massacré que sacré... Je ne suis pas d'accord avec cette idolâtrie qui confine parfois à la secte et qui ne cache souvent sous un rideau de fumée de langage ésotérique et exalté, qu'une fuite et un refus d'aborder les problèmes concrets (mauvaise pédagogie, para-commercialisme, lutte d'influence...). Tant que l'on aura des comportements serviles, face à l'autorité ou à la renommée (pour exemple : j'ai lu récemment dans un magazine tango, qu'à l'occasion d'un stage d'un dieu du tango, ou du moins, de sa réincarnation terrestre, on demandait des autographes !!! Ce ne sont pas encore des indulgences ou
un certificat d'aptitude mais cela ne saurait tarder !), tant que les associations tango seront plus préoccupées par leurs guerres picrocholines au sein d'une même ville, et il ne faut pas se faire d'illusion, derrière ces querelles, il y a surtout des batailles commerciales, pour un partage du territoire, de prise de pouvoir personnel... à l'instar des structures commerciales que l'on critique tant.... Par contre ces structures commerciales, même si elles sont concurrentes arrivent à défendre leurs intérêts communs au sein de structures fédératives ou syndicales......

Tant que ces comportements perdureront au sein des associations, il sera difficile voire impossible de proposer la constitution d'une fédération...

En attendant, on assiste à des compétions de danse sportive où sont intégrés des championnats du monde de tango argentin.....

Il reste à adopter un mode d'organisation propre à peser sur le Ministère de la Culture. Nous avons comme point de départ une charte du tango argentin élaborée en 1998 et qui me paraît être un socle commun élaboré et partagé par tous. A nous de la faire évoluer....

Espérons que le Ministère de la Culture saura néanmoins accorder une oreille attentive à des formes d'organisation moins structurées et moins bruyantes médiatiquement que les fédérations de danse sportive. Il faut cependant rester optimiste, puisque Christophe Apprill tient compte des critiques en modifiant la façon de faire son enquête !

Voilà, Cher Christian, les points que je voulais développer, et dernier point, tu disais que les tangueros dans les soirées étaient uniquement intéressés par leur propre danse, je ne suis pas d'accord, il suffit de regarder les intermèdes swing, salsa ou chacarera dans les soirées tango, pour voir que la piste est pleine..... Preuve que les tangueros peuvent aussi s'intéresser aux autres danses.

Amitiés,
Pierre Lehagre
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87. Création de la Fédération Française Tango Rioplatense, Journal Officiel du 2 FEV 2008

[ note du modérateur: les récentes contributions traitant de la notion de mise en place d'une fédération de tango argentin sont pour l'instant classées dans la rubrique "asso": messages qui évoquent le fonctionnement associatif (cf. mode d'emploi du blog) ]

Association : FEDERATION FRANÇAISE TANGO RIOPLATENSE. No d'annonce : 692
Paru le : 02/02/2008

Identification WALDEC : W343005850

No de parution : 20080005
Département (Région) : Hérault (Languedoc-Roussillon)

Lieu parution : Déclaration à la préfecture de l'Hérault.
Type d'annonce : ASSOCIATION/CREATION

Déclaration à la préfecture de l’Hérault. FEDERATION FRANÇAISE TANGO RIOPLATENSE.

Objet : proposer le groupement de toutes les structures et de tous les individus pratiquant le tango rioplatense et désireux de développer les méthodes et le programme de travail de flabio aguilera. Siège social : 145, rue du Labech, Carnon plage, 34130 Mauguio.

Date de la déclaration : 10 décembre 2007.
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84. [L-52] Texte de la part de Leonardo (essai de contribution au débat)

[Ce texte a été envoyé le 21 avril à 19h41, reçu le 22 avril à 21h15]

Bonjour à tous,

Sonia, Benoît, Christian, Martine, Jacques, Chantal, Marie-Pierre, Sylvie, Pierre, Raphaël, Claire, Elisabeth, Muriel, Tété, Fred, Max et… autres qui nous lisent et que ne participent pas encore sur ce "blog" !

J'accepte d'entrée toutes vos correction orthographiques et m'excuse d'avance devant le flot d'erreurs que je pourrais éparpiller dans mon texte ! c'est que, même ayant fait des études dites "de troisième niveau" en France, j'ai les est fait que d'oreille ! alors voilà je me lance…

EN MARGE DE L'ACTION GOUVERNEMENTALE ET DES QUESTIONS PECUNIAIRES .
L'ensemble des intervenants sur ce "site" montrent que ce débat sur le sujet du diplôme est nécessaire de le développer tant au niveau de la forme comme de son contenu. Le débat est riche et souvent orienté vers des sons de clocher individuels ! certain défendant leurs "bifteck" et d'autres en donnant leur humble approche (moins nombreux). En règle général les approches comparatives en prenant l'opposition danses de salon et danse argentine se figent de par leur mode opératoire de réflexion, de même lorsque l'on donne des définitions on prend les mots les plus "durs" et on les glisse sur des réflexions dramatiques, alarmantes ! Je peut leur donner à mon tour un tour plus
sympathique comme dans la définition de fédération: signifierais un groupement une union sous une Entité commune ! (et non pas le mot pouvoir, utilisé ailleurs!) Bref les façons d'orienter les débats sont multiples et en donnant mon opinion aussi simplement que je le peut j'orienterais malgré moi aussi certains d'entre vous !?

Le fond du problème est de savoir si le Tango est enseignable ou pas? À mon avis OUI. La raison est que s'il ne l'était pas nous ne serions pas là en train d'en discuter car cette danse, cette musique et pour faire plus court cette culture venu "del rio del Plata" en serais aux oublis s'il n'était pas transmissible. Cela veut dire que l'apprentissage est
possible et d'ailleurs aucun de vous met en cause ce-là. Des le moment que l'on admet ce-là, on consent la nécessite d'avoir quelqu'un qui nous transmette ce savoir!, là aussi je pense qu'est une démarche toute logique et acceptable de tous. La difficulté vient du faite que certain transmetteurs de connaissance ne nous paraissent pas aussi
efficaces, pertinents et compétents que d'autres, et l'on se pose la question légitime de savoir si, ces soit disant enseignants, étaient "habilités" ou pas? à transmettre. À partir de là, il entre en scène un autre élément qu'est celui qui consiste à dire que ce n'est pas par ce que quelqu'un nous appris quelque chose, que nous sommes prés à
l'enseigner à notre tour !.

Nous, êtres humains, nous avons toujours besoin de nous rassurer et parait-il qu'un diplôme puisse être une garantie ! Mais le "bouche à oreille" elle aussi est une garantie! En réalité ni l'une ni l'autre ne sont des garanties du bon déroulement d'un enseignement. Un responsable du choix d'un couple enseignant, les ayant vu et approché peut se
tromper et s'avérer d'une grande "catastrophe", donc, quelque soit le mode opératoire on peut se trouver démunis. Un prof. d'anglais peut être pour les élèves d'une même classe tantôt bien, tantôt passable! Là on rentre dans l'appréciation du corps enseignant et de celui des élèves et l'on s'éloigne un peu du sujet ! juste un peu !

Puisqu'il est admis que la danse du Tango a la capacité d'être transmissible, se pose la question du lieu ou l'on transmet se savoir! et là… nous pouvons avancer sans trop risquer quoi que se soit que:
pourvu qu'il ai suffisamment d'espace celui-ci peut être enseigné n'importe où ! même dans la cuisine de chez ma grand mère ! car le tango se danse même dans la rue ! donc la terminologie dite "danse de salon" ne peut lui être appliqué d'une manière catégorique ! Mon père l'apprit "en el patio" de l'une des nombreuses "casas chorizo" comme on dit qu'existait dans son quartier! c'est sa soeur que le lui a enseigné ! Donc pas de maître ni de professeur juste sa soeur et…, ………
LA RUE !

Malgré ce que je vient d'exposer il me semble qu'il nous manque peut être à nous et aussi aux argentins des lieux ou la culture du tango puisse être "étudiée" permettant de faire intervenir la danse, la musique, l'histoire, la poésie, la sociologie et j'en passe. Un lieu où tout est possible, une école par exemple dont tous les courants foisonnent, où l'on fait des recherches, et où l'on parcours une multiplicité des possibles approches ou voies, menant vers un diplôme ! mais pourquoi pas, où est le danger? Voyez vous quand on vas à l'école de Beaux Arts on apprend à se former à l'ouverture d'esprit, car on apprend que dans l'art il n'y a pas une vérité de la peinture, ou de l'expression! non!, des vérités, il y a à la pèle!, et on nous enseigne à nous réveiller, et à être réceptif, et ils nous guident vers l'impossible formatage ! Ce n'est pas par ce que vous avez un diplôme de Beaux-Arts que vous êtes artiste !
Non, mais on vous a sensibilisé sur l'art et on vous a donné dans un lieu un réceptacle ou chaque étudient peut prendre le chemin que lui chante. Si nous amoureux du Tango (je ne dit pas Argentin car pour moi il ne peut en être autrement) sommes capables de réfléchir non pas du pour quoi, mais du comment, nous pouvions mettre en place une telle structure permettant d'être la plus proche de l'esprit du Tango. Un "diplôme de connaissances du Tango" n'est pas pour moi réducteur! De plus cela ne quitte pas la valeur des diverses structures existantes, au contraire, elles pourrais être des vrais moteurs dans cette aventure. Je rêve d'une rare bibliothèque ou l'on peut se plonger dans l'univers tanguero des années trente ou cinquante! (là je plonge dans l'idéalisme total, normal je parle de rêve)

Vous parlez de codification et je parle d'un diplôme de savoir et non de compétence, vous parlez de concours là ou je parle d'échanges d'expérience, l'approche est bien différente car ma formation d'architecte (diplôme bien entendu) n'a rien avoir avec un diplôme universitaire. Un concours d'architecture n'est jamais une concurrence
entre architectes dans le sens de la performance mais c'est un moment d'expression de sensibilité de poésie très personnelle. Quand il s'agit d'en dégager la poésie d'un lieu alors on est dans la création, et la création est tout sauf codification! Si vous considérez Le Tango comme un ART alors pensez aussi autrement pensez en Tanguero que vous êtes!

Pour moi un diplôme est une feuille qui vous dit que vous avez fait des études sur un sujet donné. Elle ne certifie en rien mes compétences par contre elle enduit que j'ai quelques connaissances sur le sujet. Ce qu'est sur c'est que je doit compléter ce savoir par de l'expérience! et qui dit expérience dit encore de l'apprentissage!

Je voie l'école comme un lieu d'enrichissement et les entités actuelles (associatives par ex.) comme une source inépuisable de continuité! Je sais que pour certain ces quelques lignes paraîtront comme sorties du contexte très complexe du monde du tango voir presque des idées un peu naïves mais je crois qu'il a toute sa place dans les problématiques que traite ce BLOG.

Cordialement à vous tous
Leonardo,
El caminito à Saint-Étienne
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86. [L-51] réunion fédération association tango, par Cathy

[ note du modérateur: les récentes contributions traitant de la notion de mise en place d'une fédération de tango argentin sont pour l'instant classées dans la rubrique "asso": messages qui évoquent le fonctionnement associatif (cf. mode d'emploi du blog) ]

N'oubliez pas samedi 26 avril une réunion aura lieu à Lyon le à 14h30 à deux pas de la "place Bellecour" ! :

cette réunion est ouverte à toutes les associations désirant réfléchir à l'opportunité et les modalités de mise en oeuvre d'une fédération pour le tango argentin

UGAB (Union Générale Arménienne de Bienfaisance)
12 rue Emile Zola
69002 Lyon

Référence [7] in Documentation
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83. Expérience du tango argentin après les danses de salon, par Claude

Je souhaite simplement décrire ici succinctement mon expérience du tango argentin en essayant d'expliquer pourquoi, pour moi, il ne s'agit pas simplement d'une danse parmi d'autres, conviction souvent entretenue par les écoles de danse de salon.

Avant de découvrir le tango argentin, nous (ma femme et moi) pratiquions depuis pas mal d'années les "danses de salon" et nous fréquentions hebdomadairement les soirées dansantes et après-midi dansants de la région. Cela nous procurait, à l'époque, pas mal de plaisir. A un certain moment (vers 1998), j'avais contacté une danseuse argentine s'occupant d'une association locale de tango argentin, avec à l'esprit, l'idéee d'ajouter cette danse à notre répertoire. D'une longue discussion, il était ressorti qu'elle considérait que "si nous devenions adeptes du tango argentin, nous délaisserions tout naturellement les danses de salon". Ne voulant pas "perdre nos acquis", nous en étions resté là.

Puis, vers 1999,nous avons quand même commencé à nous initier au tango argentin, tout en continuant nos sorties hebdomadaires de danse de salon. Mais, après quelques années (et déjà quelques déplacements), nous avons commencé à entrevoir les potentialités du tango argentin et, par comparaison, petit à petit, le plaisir apporté par les danses de salon s'est émoussé.

Pourquoi cela ? Parce que, à notre avis, le tango argentin offre des possibilités sans égal :

- L'improvisation : certes, lorsque l'on débute, cette improvisation se limite souvent au choix d'enchaînements de séquences types, de la même manière qu'en danse de salon (il me semble d'ailleurs que, dans les années 90, le tango argentin était plutôt enseigné dans cet esprit). Mais avec le temps, l'expérience, l'habileté, la sensibilité, cette improvisition s'applique à chaque pas et, même à l'intérieur du développement d'un pas (dynamique, amplitude, accélérations, hésitations...) ; d'ailleurs, peut-on encore parler de pas !

- La musicalité : la plupart des danses de salon n'ont besoin que d'un rythme donné (et, à la rigueur d'une phrase musicale, souvent de 8 mesures, parfois des groupes de phrases qu'on "sent" nettement en valse ou en java) pour s'exprimer. La mélodie a peu d'importance, et encore moins les instruments l'interprétant ; à la limite, une bonne "boîte à rytmes" pourrait souvent suffire. Pour s'en convaincre, il suffit de regarder quelques "shows" de danse dite sportive dans lesquels des mouvements de tête stéréotypés apparaissent sans qu'aucun accent n'existe dans la musique). A l'opposé, le tango argentin permet (mais n'impose pas) d'exploiter toutes les "nuances" d'un morceau, de s'attacher tantôt au bandonéon, tantôt au piano, tantôt au violon, voire même (les avis sont partagés !) de venir s'introduire comme un instrument supplémentaire de l'orchestre...

- La quasi unicité de chaque danse : c'est une évidence de dire que, comme toute danse, le tango argentin est conditionné par l'environnement (la partenaire, les autres couples de danseurs...) mais, en tango argentin, cette dépendance peut aboutir à une très grande variabilité. Par exemple, les actions du danseur et leur dynamique pourront être choisies (et même parfois induites) en fonction de la réactivité de la danseuse à un instant donné, de l'harmonie (et du manque d'harmonie) du lieu de danse et des acteurs de la danse. Elles pourront également dépendre de l'orchestre interprétant un tango enregistré donné (deux interprétations par deux orchestres différents d'un même morceau peuvent parfois être aussi différentes l'une de l'autre que deux tangos différents (à ce propos, je pense à toutes les interprétations de "desde el alma" ou de "la comparsita" que j'ai pu rencontrer). S'il s'agit d'un orchestre "in vivo", ces actions pourront être partiellement conditionnées par l'excitation ou le relâchement de l'orchestre. Chaque danse est une petite chorégraphie instantanée, non reproductible...

- Ces possiblités sont encore démultipliées pour la danseuse (ou celui qui est guidé) puisque chaque danseur dispose de son propre tango et ceci, non seulement par son style, mais aussi par le répertoire d'actions qu'il s'est forgé au fil des années.

Pendant quelques temps, j'avais espéré retrouver ces possibilités dans les danses de salon, pensant que, peut-être, j'étais conditionné par mon apprentissage initial et que c'était à moi de faire un effort pour mieux improviser. Autant dire que je n'y suis jamais parvenu.

En définitive, la "prédiction" de la danseuse argentine contactée en 1998 s'est réalisée : nous avons définitivement abandonné les autres danses, au profit du tango argentin. Et pourtant, dieu sait si, pour satisfaire cette passion, il faut investir (en temps, en argent, en énergie et en déplacements) et accepter souvent de danser dans des lieux peu festifs (par rapport à ceux où l'on pratique les danses de salon).

J'espère très vivement qu'une quelconque "normalisation" ne viendra pas "rompre ce charme", en faisant régresser le tango argentin au niveau d'une danse ordinaire.


Claude Delannoy

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88. [ecos del plata] Réponse à décoincer la réflexion ! par Martine

[repris depuis le forum de Ecos del Plata (Grenoble)]

Bravo à Claire, que je ne connais pas, mais qui précise bien ce que je voulais dire plus haut...D'accord pour :
"il ne faut pas rester inactif et nous devons réfléchir à une manière de nous positionner .....à une forme de "rassemblement" ......à un contenu défensif .... à un contenu revendicatif ... Résister, oui, mais en inventant quelque chose qui nous ressemble davantage et qui soit à l'image du TANGO que nous voulons promouvoir ! "

Pourquoi pas un collectif " le tango, c'est nous" ou "laissez-nous danser !" ...(Chantal, en plus des neurones, mettons en oeuvre notre imagination !) des associations non demandeuses d'une normalisation/main-mise/récupération qui fonctionnerait lui aussi sur la base du bénévolat, c'est à dire sans frais de structure à supporter par les adhérents...(et avec les profs !)

Prenons l'exemple de Grenoble : 3 associations, qui fonctionnent en bonne entente, je dirais même en synergie. Si nous avons besoin de subventions de nos collectivités territoriales (et non de l'état), ou d'aide concrète comme un lieu dédié au tango par exemple, nous avons déjà les supports de représentation, interlocuteurs potentiels de ces collectivités.

Par ailleurs, rien ne nous empêche de nous associer avec les fondus du tango, tango de soie, bandonéon ...ou toute autre association pour un projet précis...

Bon, c'est une réaction spontanée à la lecture du dernier message...pas figée, donc !
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85. [L-50] point sur les fédérations de danse, par Christian

Cher amis,

J’ai toujours autant d’intérêt à vous lire, et je suis ravi que certains d’entre vous réagissent à mes écrits, ce qui montre que je vous suis peut-être d’une certaine utilité.

Pour ma part, je poursuis mon étude personnelle de la situation, et je souhaite vous en faire part. J’aime en effet travailler en toute transparence, car cela me semble un gage très important que qualité des relations et surtout cela permet de CONSTRUIRE vraiment un discours, une pensée, en évitant les retours en arrière et les pertes de temps et d’énergie.

Lorsque, entre février et juin 1990, j’ai créé, avec l’aide de la F.F.D et surtout de son président, Edmond Linval, ma première fédération (F.N.S.D.S), et que j’ai réussi à la faire
fonctionner en 4 mois donc, ce ne fut qu’avec un énorme travail, bien sûr, mais surtout grâce à un système de Lettres Circulaires qui tenaient TOUS les adhérents au courant de TOUT. Sans exception. Et engageant ainsi les ministères à une totale transparence en retour.

Votre principe de blog est la version moderne de ce moyen que j’avais imaginé. C’est vraiment un procédé extraordinaire, et je remercie encore ceux qui en sont à l’origine. Même si rien n’est parfait, cela me semble excellent aujourd’hui.

Je vais donc utiliser ce blog pour vous tenir au courant de mes avis, mais aussi de mes actions, ce qui impliquera mes partenaires, et les vôtres, à éclaircir leurs pensées, leurs demandes, et leurs réponses.

1 — J’ai accédé à la demande de Christophe Apprill : j’ai posté hier en RAR à ce dernier, représentant de l’OPPIC, la liste confidentielle des 525 membres de mon Institut (liste tenue à jour depuis 16 ans), afin qu’il puisse leur écrire officiellement. Cette liste sera complétée dans les jours prochains de celle des membres de la F.F.D.D.S créée sur la demande de Jean-Christophe Paré, Inspecteur de la danse au ministère de la Culture.

Nous n’avons pas la prétention de représenter la profession dans son ensemble, mais cela sera une base de départ afin d’inclure des professionnels plus nombreux dans cette réflexion.

Je trouve en effet très surprenant, pour ne pas dire anormal, que les professionnels de l’enseignement des danses étudiées n’aient pas été contactés. Cela est une erreur tactique et justement une erreur professionnelle que les décideurs vont devoir payer, malheureusement, à un moment ou à un autre.

J’espère que chacun verra dans cette décision de ma part une preuve de notre bonne foi, de notre représentativité, de notre bonne volonté à collaborer si ce n’est à ouvrir la porte à toute personne qui souhaiterait nous rejoindre, et cela sans faire de prosélytisme.

2 — Pour la bonne règle, j’ai expédié une copie de cette base de données à Monsieur Jean de Saint-Guilhem afin qu’il soit au courant de tout, et qu’il soit aussi impliqué dans ma décision de transmission de ces données confidentielles.

3 — Par un heureux effet de hasard (mais le hasard existe-t-il ?), Madame Anne Deneu, du ministère de la Culture, m’a fait le plaisir de m’appeler hier matin au téléphone pour me conseiller de terminer mon dossier de renouvellement de notre reconnaissance, reconductible tous les 5 ans après vérification des modifications apparues entre-temps. Ce dossier partira dans la semaine.

4 — Dans un autre ordre d’idée, je constate que nombreux sont ceux qui mélangent encore les concepts.

Une fédération est un regroupement d’associations (comme une confédération est un regroupement de fédérations). Une fédération peut avoir des buts sportifs (fédération française de danse avec son comité danse sportive), mais cela peut ne pas être le cas. Il n’y a pas de relation de cause à effet entre le concept de fédération et celui du sport. La preuve en est : la COMPÉTITION APPARTIENT au ministère des sports (voir délégation de pouvoirs en danse de compétition datant du 3/8/1989). Et c’est le ministère de la culture, auquel APPARTIENT L’ENSEIGNEMENT DE LA DANSE, qui m’a demandé il y a 3 ans de créer une fédération, non pas pour le sport (Monsieur Jean-Christophe s’en était très bien informé AVANT de me faire sa demande), mais pour nous regrouper et nous compter, au minimum.

5 — ATTENTION : Il existe dans la F.F.D. un comité de danse sportive (C.N.D.S.) qui gère les compétitions sportives OFFICIELLES à partir de la technique et des règles internationales.

Dans cette même F.F.D., il existe un deuxième comité de rock acrobatique (C.N.R.A.), même vocation internationale.

Enfin, toujours dans cette même F.F.D., il existe aussi un comité de danse de LOISIRS (encore une autre terminologie !) (qui se présente aussi sous le titre de C.N.D.S., et dont le président est Jack Lecouflé), qui ne s’occupe que de danse de loisirs (en principe). Ce comité propose pourtant une technique inventée et restreinte, propose de petites compétitions non reconnues, car d’un "nouveau genre" (dont du tango argentin), et s’oppose au comité de danse sportive (à l’intérieur même de la F.F.D. !!!) en disant très clairement « qu’il y a une ligne Maginot » entre ces deux comités (ce sont les propres propos de J. Lecouflé que j’ai moi-même recueillis).

À l’extérieur de la F.F.D, il y a d’autres fédérations qui s’occupent de sport mais qui sont toujours "dissidentes" (depuis 1989 ! Vous ne rêvez pas !). L’une d’entre elles est la
F.F.S.D. (Fédération Française des Sports de Danse), dirigée par Monsieur Roger Dolléans, qui a fait partie de l’A.M.D.F. il y a 20 ans, qui a été dans la F.F.D. il y a 10 ans, et qui, ressorti, affilie aujourd’hui à grande pelletée pour construire justement une force "sportive" pour s’opposer à la F.F.D. en espérant un jour récupérer la reconnaissance internationale que son A.M.D.F. a perdue en 1990 (par le travail CORRECT de la F.N.S.D.S.).

Tous ces gens s’occupent de sport, et vous ne devez pas les craindre. De plus, alors que certains ténors très connus œuvrent en haute volée autant qu’en souterrain, force est de constater qu’ils n’ont rien obtenu encore, compte tenu de leurs pratiques non-professionnelles, quand elles ne furent pas douteuses, et surtout de leurs désirs hégémoniques de pouvoir.

Il est très facile de vérifier tout cela en appelant la F.F.D. dont la présidente, Madame Noune Marty, est une amie à moi. Et je dispose personnellement de toutes les archives qui peuvent attester du bien-fondé de ce que j’écris (voir aussi ma thèse où j’ai consigné de nombreux documents officiels).

6 — POUR MÉMOIRE : Je l’avais promis et je l’ai fait : j’ai transmis au modérateur, copies des statuts de la F.N.S.D.S. de 1990, et ceux de la F.F.D.D.S. actuelle, de façon à ce que tout un chacun puisse en prendre connaissance, et éventuellement vous inspirer si vous vous lancez, vous aussi, dans une fédération de tango argentin…

7 — Sur le site de l’Institut, tout un chacun peut lire un code de déontologie que j’ai proposé il y a 10 ans. Je vous suggère de le lire. Cela pourrait aussi être, par défaut, une base de réflexion pour mettre en place un consensus de regroupement autour de certaines idées fondamentales.

Je reste à votre écoute. Bien amicalement.

Christian Dubar (Institut de formation en danses de société —
F.F.D.D.S — Toulouse)
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82. [L-49] Fédération, oui (Re: décoincer la discussion) par Peter

Le 21 avr. 08 à 14:22, claire PROUHET a écrit :
...
2 ) Pourquoi une FEDERATION ?
...
4 ) ... nous devons réfléchir à une manière de nous positionner ...

Je ne vous comprends pas : D'abord, vous dites que vous ne voulez pas d'une fédération "hégémonique", et puis vous prônez un "nous " supposé. Une fédération, tout comme une association, se donne des statuts. Un "nous" sans statuts, c'est le pouvoir à celui qui parle, sans contrôle (comme ceux qui s'expriment illicitement au nom d'une
majorité silencieuse).

Et si un ministère souhaite "nous" parler, à qui proposez-vous donc qu'il s'adresse aujourd'hui?!

Je pense depuis longtemps, bien avant la discussion actuelle, que le "nous" des associations Tango a besoin d'une fédération au niveau national (aucune autre échelle ne me semble utile ou faisable).

Et ce n'est pas une question de sport, c'est une question culture, car si j'écris culture, vous devriez lire "pas sans subventions". La vie culturelle ne fonctionne pas sans soutien public, sinon à une échelle ridicule et souvent avec un pied au prison. Je ne peux pas être satisfait du petit niveau culturel qui vit le Tango en France, au moins en province, face à des subventions importants pour bon nombre d'événements culturels de tout genre.

Si le monde du Tango à tout intérêt à s'organiser, ce n'est pas pour faire plaisir à l'état, c'est pour donner aux pouvoirs publics la confiance qu'il leur faut pour donner ce qui manque cruellement : des subventions culturelles notamment. Ce n'est pas forcément l'état national qui donnera cet argent, mais un label d'une fédération réconnue aidera avec les conseils généraux, etc.

Je sais que certains ont pu s'arranger avec telle ou telle Mairie, félicitations. Mais le jeu serait beaucoup plus facile avec une fédération nationale, identifiable, visible, lisible. Vous, vous connaissez le monde du Tango, ce bordel. À Marseille, les pouvoirs publics ont l'horreur de se tissu d'associations, ne réclament qu'une chose : une interface avec un interlocuteur. Ils disent clairement qu'ils ne travailleront jamais avec une seule association. Au moins, on est arrivé à s'organiser pour certains évènements communs,
notamment la Rue du Tango et l'enjeu est considérable au niveau où nous sommes.

***
Toute la finalité d'une fédération est qu'elle soit incontournable autant pour les acteurs (associations et écoles(?) de Tango) que pour le pouvoir public. En France, il y a la place pour une fédération de "notre" Tango et encore faut-il réussir à la créer. En vous lisant, ce n'est pas acquis du tout.

Et peut-être heureusement : si une création d'une fédération devait réussir, il faut qu'elle se base sur un consensus (il faut convaincre des sceptiques, comme vous), et donc elle s'obligera forcément à des principes démocratiques et d'ouverture : elle devait énoncer des principes fondamentaux avec lesquels "nous sommes tous d'accord", et
pourtant qui sont militants pour une idée de liberté et de pluralité et de, quand même, une "différence" qui est défendue avec tant d'émotion ici. Des choix difficiles sont à faire dans la conception d'une telle fédération.

Sans consensus, elle serait née morte, car une deuxième fédération va la concurrencer et toute la finalité serait perdue.

***
Le mérite de la discussion du diplôme est de "forcer la main" aux associations avec une fédération future. Un jour, les associations seront reconnaissantes pour ce malentendu heureux.

La question n'est donc pas "si", mais "quand" et "comment" et vous deviez plutôt consacrer votre temps libre à la rédaction de statuts consensuels et en même temps "béton".

Pour ceux qui ont le courage : au travail, n'attendez plus!

Peter Niebert
Marseille
(co-fondateur de la "Rue du Tango", aujourd'hui simple consommateur )
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81. [L-47] décoincer la réflexion ! par Claire

à l'attention des admirateurs (trices) de l'organisation MAJORETTES !

Me convaincre qu'une FEDERATION du Tango est une NECESSITE ??? tous les arguments nécessaires à ma position anti-fédération ont été donnés :

1) "le Ministère ne veut que les représentants d'une fédération" : une affirmation de ce genre nécessite des preuves !! avez-vous un texte du dit Ministère, une conversation, dans laquelle vous pouvez apporter trace d'une demande de création de FEDERATION émise par le dit Ministère ? avez-vous un nom à citer, une personne à nommer qui vous aurait personnellemnt transmis cette information ou cette demande ??

Je vous rappelle (relisez les messsages nombreux et détaillés de C.Dubar) que la FEDERATION des Danses de société FFDDS existe déjà, il l'a créé à la demande du Ministère de la Culture, et le tango argentin y est déjà répertorié, ainsi qu'au sein de la FSD (fédération des danses de salon et des danses de loisir qui regroupe TOUTES les danses) auprès de laquelle, je vous signale que certaines associations de tango cotisent déjà : Tangueando Toulouse, La Casa del Tango Paris, ...et d'autres !!

question : pourquoi le Ministère de la Culture s'embarasse t'il d'une enquête longue et couteuse s'il n'a besoin en face de lui que d'une Fédération de chaque discipline (ou d'une Fédération pluri-disciplinaire) pour discuter de la mise en place d'une certification ?? il serait interessant de connaitre les raisons qui ont amené le ministère à diligenter une enquête, sans que Mr Dubar, et sa FFDDS en soit informé !! peut-être y a t'il des enjeux que nous ne soupçonnons pas ou bien peut-être une vraie interrogation sur la forme à donner à une certification dans le milieu des danses du monde... ce à quoi la création d'une FEDERATION du Tango Argentin serait l'unique manière de nous tirer une balle dans le pied en prenant la couleur, la forme de nos confrères de la Danse de société (tel le caméléon ) et de nous faire confondre avec ce que nous ne voulons pas être confondus au risque en plus de n'être ni écouté ni entendu,car effectivement, notre petite et étriquée Fédération ferait bien piètre mine face à son grand frère la FFDDS !
la centralisation, et le pyramidal ne sont pas des vains concepts dans notre France administrative, et si nous n'avons pas d'autre alternative et originalité que de nous présenter dans le même emballage que les danses de salon ou de société, il est clair que dans 4 matins nous serons absorbés, assimilés et disparus sans laisser de trace dans l'histoire !

2 ) Pourquoi une FEDERATION ? loin de moi l'idée de minimaliser l'importance du réseau Tango comme le fait Sonia, au contraire : la communauté tango (musiciens, danseurs, amateurs, professionnels, acteurs culturels, écrivains, journalistes, poètes..) est importante mais diffuse et multiple : la seule chose qui nous relie , c'est la culture Rioplatense ! c'est le tango qui est devenu un élément de notre quotidien ! c'est l'accroche artistique, sentimentale et émotionnelle que nous éprouvons pour lui ! et c'est la liberté qu'il nous donne et que nous voulons préserver.

Alors qu'avons-nous à faire d'une FEDERATION, qui est un outil spécifique de représentation hégémonique d'une discipline à caractère sportif et non d'une culture ? TOUTES les Fédérations ont été participatives dans la mise en place des réglementations de l'enseignement , ont mis en place des Brevets Fédéraux, puis ont développé les systèmes de concours et compétitions dans leur discipline. C'est le fonctionnement normal de la Fédération !

Bravo pour l'exemple des Majorettes, il n'y a rien de plus édifiant !! cela vous fait envie cette organisation quasi-militaire ? l'enjeu du diplome serait simplement dans le poids que l'on représente ? on est 1000 on se fade un diplome, on est 10 000 on ne nous parle plus de diplome, on nous écoute et on est peinard ? qu'est-ce que ce délire ? la question de la certification est bien là, Fédération ou pas Fédération, elle reste l'interrogation majeure !

Une fédération nécessite un bureau, des salariés qu'il faut payer et tout le système repose sur les cotisations des pratiquants , des structures, associations, écoles, clubs... adhérents, ainsi que sur les subventions des Ministères concernés ! Les FEDERATIONS sont les rouages de transmission de la règlementation dans ces structures et sont aussi les garantes du respect de la règlementation.

Est-ce vraiment de cela que nous avons besoin ??? Ne serait-ce pas plutôt l'ETAT qui a besoin de ce type d'organisation pour faire appliquer sa règlementation ?? "Seule une représentativité organisée suivant les règles admises dans ce même ministère ... " : c'est bien là que nous nous séparons dans le raisonnement , car pour ma part, je n'ai aucune intention servile vis à vis de quelque Ministère que ce soit, et cet empressement à l'obeissance et au normatif me met plutôt mal à l'aise ! surtout s'il ne colle pas avec notre réalité !

3) Revenons au débat sur le diplome ! Nous avons un système de formation qui fonctionne très bien, qui s'appelle la FORMATION PERMANENTE que nous pouvons opposer à celui d'un diplome obligatoire ou optionnel : depuis 1990, s'est développé une offre extrêmement riche et variée de stages de tango de WE et de semaines entières, de fomations AFDAS, .. qui s'adressent sans distinctions aux danseurs comme aux enseignants, avec des niveaux avancés et master-class, qui conviennent parfaitement à une FORMATION permanente et continue POUR ENSEIGNANTS, sans pour autant en prendre le titre ! la professionnalisation des danseurs, qui se sont tournés vers l'enseignement pour vivre, la montée du niveau de danse, le rajeunissement des danseurs professionnels, l'apparition d'une Génération Tango nuevo qui a suivi les traces de Gustavo Naveira, le retour en force du tango sur la scène, l'explosion des lieux de danse (pratiques, Milongas, bals, Festivals..) a révolutionné et enrichi l'offre tango et l'accès à l'enseignement pour le public amateur ainsi que pour ceux qui en ont fait leur profession. Qu'y a t'il à changer dans ce système de transmission ?? Au niveau du principe, rien .

C'est cette reconniassance -là qu'il nous manque et que l'enquête DEVRAIT montrer si elle avait été conduite vraiment dans l'optique de révéler la réalité du lien formation-transmission qui existe dans le TANGO : mais comme C.Apprill maintient qu'il ne faut rien préjuger de l'utilisation des résultats de l'enquête, on verra !
En tous cas, soyons lucides ! le ministère de la Culture n'a pas que 2 schèmas dans la certification en danse : nous connaissons le DE (diplome d'Etat) , et son préliminaire , l'EAT qui sont obligatoires pour l'enseignement du jazz, classique , contemporain.Ce sont des formations longues, couteuses, imposées et je ne pense pas qu'elles seront la voie choisi par le ministère de la Culture, sauf à avoir besoin de faire vivre les Conservatoires, et donc d'imposer quelques unités de valeur (minimum, le splus "transversales") aux danseurs professionnels qui n'obtiendraient pas leur équivalence (enseigner depuis au moins 3 ans !)

Nous connaissons aussi le système de la certification confiée à des instituts de formation privés ou à des Fédérations (voir Danses de salon, danses sportives, et tous les sports et arts martiaux..) qui mettent en place des Brevets Fédéraux, et autres certifications ... obligatoires pour ouvrir une Ecole de Danse par exemple ! d'où concurrence entre eux, car gains en jeux ! emporter le marché de la certification des danses non règlementées, vu le champ que cela ouvre, on peut comprendre qu'il n'est pas vain de déployer de l'énergie ! et là il y a un réel danger ! Tout peut sortir de ce champ privé : le pire comme le meilleur (mais j'ai vraiment des doutes sur le meilleur quand cela passe par les filtres des professeurs de danse de salon) Tout dépendra de qui obtiendra l'agrément du Ministère de la Culture : C. Dubar bien sur, mais qui d'autre ? La Real Académy ? des assos de tango qui se précipiteront dans cette nouvelle offre ??

Sauf que le Ministère de la Culture a aussi choisi d'autres voies dans le passé : exemple : dans la FORMATION AUX ARTS DE LA RUE , il a été décidé, après 3 ans de lente mise en place discutée directement non pas avec une FEDERATION mais avec le Centre national de création des arts de la rue, de s'appuyer sur les compétences des professionnels en activité et de valoriser les aventures individuelles comme parcours de formation, ainsi que le caractère itinérant de ce parcours ! pourquoi le Ministère de la Culture ne serait pas dans le même état d'esprit pour certaines danses du monde et danses populaires ? à creuser !! et là je fais part de ma consternation : à part deux ou trois courageuses voix qui se sont élevées parmi les professionnels, ceux-ci semblent rester plutôt muets ou indifférents, et il y a là un souci : nous ne ferons rien sans la mobilisation de ceux qui sont concernés !! on parle bien d'un diplome pour enseigner le tango au niveau professionnel (pour ceux qui vivent de l'enseignement!) et de la mise en place de formations pour former les professeurs de demain : ils auraient tout intérêt à entrer dans cette réflexion !

4 ) Sachant que le fonds de la question n'est pas le besoin d'une Fédération, mais la question d'une certification ou non, il ne faut pas rester inactif et nous devons réfléchir à une manière de nous positionner en tant que Culture, ouverte et pluridisciplinaire, vivante et ancrée dans notre société ! à une forme de "rassemblement" qui ne soit pas autoritaire et pyramidal, mais souple, pluriel, consensuel et permettant une réflexion et une construction permanente ! à un contenu défensif qui permette de mieux intégrer le Tango dans le paysage culturel, d'assurer la pérennisation et le développement de son mode de transmission, de faire valoir les aspects fondamentaux du TANGO ARGENTIN, dans l'indissociabilité BAL-Pratique-cours , dans la multiplicité des styles et des approches, dans le va et vient permanent entre l'Europe et l'Argentine, dans l'absorption de son évolution et dasn la reconnaissance de sa pluri-disciplinarité ! à un contenu revendicatif qui pointe les difficultés d'emploi d'artistes dans les associations, la nécessité d'améliorer les conditions d'emploi des artistes étrangers (musiciens et danseurs argentins), et le besoin d'un soutien à la diffusion de la culture rioplatense en France !

Résister, oui, mais en inventant quelque chose qui nous ressemble davantage et qui soit à l'image du TANGO que nous voulons promouvoir !

Claire Prouhet
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80. [L-45] Vivent les majorettes ! par Sonia

[note du modérateur: attention aux risques de dérive dans l'expression des opinions sur les personnes]

« L’Afrique est le continent des rêves immobiles ». Cette sentence quasi en forme d’épitaphe, a été ressortie récemment dans un débat télévisé concernant l’Afrique noire. Dans ce même débat, il était souligné la haute qualité des réflexions menées par les Africains sur l’avenir de leur continent, … réflexions qui duraient depuis trente années, sans la moindre mise en œuvre, ni le moindre résultat. Pendant ce temps, les multinationales faisaient leur beurre…

La tournure de ce blog, prend à mon sens l’allure de palabre. Un pas en avant, deux en arrière. Plus du moi moi que de l'analyse. Entre ceux qui n’ont rien compris, et s’imaginent que leur petite envie personnelle fera le poids contre un arrêté ministériel, et ceux qui ont plus peur de faire confiance à un collègue partageant la même passion, que de la menace d’une réglementation, l’irrationnel prend le dessus. L’enlisement n’est pas loin. Ca cafouille grave.

[... partie du message concernant des discussions privées ....]

Remarque : ce sont les mêmes qui ne font pas confiance aux autres tangueros, qui veulent travailler en réseau ?!?

Si l'on veut positiver et avancer, le seul vrai problème qui doit nous préocuper pour l’instant, c’est cette enquête stupide et mal menée, et le projet de réglementation sous-jacent. Seule une représentativité organisée suivant les règles admises dans ce même ministère, aura un vrai moyen de nous faire entendre, et les petits états d’âmes personnels, les petites envies, les « moi, je », ou les egos démesurés n’y auront guère de place : c’est quoi le Tango pour le Ministère : quelques petites associations qui se chamaillent, alors qu'ils ont toutes les « danses du monde » à organiser. Tango Argentin ? Il n’y a personne pour les représenter ? Suivant !

Emission télé hier soir, reportage sur les majorettes : six cents associations sur seulement deux départements, un musée, plusieurs regroupements nationaux et une fédération nationale ! En plus, pour une majorette qui défile il y a toute une famille derrière qui participe. Répartition du temps d’examen des dossiers au Ministère : Tango Argentin, quelques associations en France, aucune organisation, pas de fédération, rencontré personne, un livre de bla bla : dix minutes ; Majorettes, un vraie représentation, des représentants identifiés, des rencontres, des dossiers soutenus à fond par les Mairies, un phénomène social touchant toutes les générations et en particuliers les enfants : attention, là on prend du temps avant de décider n’importe quoi : c’est du lourd. Et quand ils auront fini, il faudra attaquer les Danses Folkloriques : encore plus lourd. Combien on a dit pour le Tango, dix minutes ? Cinq suffiront. Ah oui, il ya aussi la Country, bon
ya qu'à mettre le Tango avec les Danses de salon. Suivants !!!!!!!!!!!!

Image outrancière, sans doute, quoique. Que cela plaise ou non, il faut présenter notre point de vue au Ministère, et le Ministère ne veut que les représentants d’une fédération. Le débat maintenant est simple : veut-on faire passer notre point de vue auprès du Ministère ou palabrer dans le désert. Même l'anarchisme à ses limites.

Pas moyen de se faire anglais
Ou suisse ou con ou bien insecte
Partout ils sont confédérés...
Léo Férré

Eh oui c’est comme cela, et même dans la nature, faut faire avec.
Simplement employons nous à le faire le intelligemment pour éviter les dérives.

En conclusion, et pour ma part je suspends ma contribution à une discussion qui s’enlise et ne présente plus d’intérêt pour le moment, si une action organisée et positive se met en place, du genre livre blanc présenté par une fédération, je reviendrais dans le débat, sinon je me fait majorette, ils parait que j’ai encore de belles jambes, et au moins les filles passent plus de temps à danser et à s’éclater, qu’à palabrer.

Sonia, la petite peste qui vous abandonne ... pour le moment


P.S.
Christian Dubar a parfaitement raison concernant la valse, ce genre d’affirmation en en tête d’un site fait simplement passer le message aux décideurs de la culture : « petit groupe marginal dans le domaine de la danse, possédant peu de connaissances sur le sujet ». Grave.
Allez voir « La Valse » de Camille Claudel : si ça, c’est pas de l’enlacement ? On pourrait aussi parler de Polka, dansée bien avant le Tango ... et toujours dansée. Faudrait corriger !!!
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79. [L-44] Terminologie et définition, par Christian et réponses de Benoit

Note: ce message comporte un certain nombre de questions adressées aux organisateurs du site. Compte tenu de l'intérêt de ces questions, les réponses ont été inclues dans le texte bien qu'elles aient fait l'objet d'un message spécifique. La contribution ci-dessous intègre les questions de Christian et les réponses de Benoit en violet.

Chers amis bonjour,

Au risque de passer pour quelqu’un qui ne comprend rien, je vais continuer à poser certaines questions qui me semblent mériter des éclaircissements. Et qui n’en obtiennent pas encore.

Le travail sur ce blog faisant clairement référence à un ordre de mission du ministère de la culture, je pense que le premier travail à faire est LA DÉFINITION DE LA TERMINOLOGIE, au risque de perdre son temps, et surtout de ne pas se comprendre les uns et les autres.

Je suis persuadé qu’un terme est tout aussi valable qu’un autre pour définir un concept. Par contre, il est important qu’il soit défini clairement et que chacun s’y tienne dans son discours afin de ne pas court-circuiter les échanges.

Des exemples pris au hasard :

A — on peut lire sur la page d’accueil présentant le travail sur ce blog les termes suivants : « l’enseignement des DANSES POPULAIRES ET le tango argentin » ? Qu’appelez-vous les DANSES POPULAIRES ? Le TANGO ARGENTIN n’est-il pas une danse populaire ?

Réponse: La phrase complète est la suivante: "le Ministère de la Culture s'interroge sur la possibilité de réglementer l'enseignement des danses populaires et le tango argentin est concerné par cette réflexion."

La conjonction ET relie le fait que "le ministère de la Culture s'interroge sur la possibilité...populaire" et le fait que "le tango argentin est concerné par cette réflexion". En anglais, j'aurais utilisé la conjonction "therefore" (donc), le mot "ET" est ici pris en raccourci de "ET PAR CONSEQUENT".

Donc la phrase complète de la page d'accueil du site exprime que le tango argentin est une danse populaire. L'expression "Danses populaires" recouvre les "danses régionales ou nationales de France et du monde", le choix de cette expression est sans doute malheureux, je la changerai dans une prochaine version, le tango argentin "tombant" dans la catégorie des danses du monde si l'on se fie à la liste des danses concernées par l'étude comme l'indique les questionnaires envoyés par l'OPPIC.

B — Plus loin : « L’enseignement des DANSES DE SOCIÉTÉ, TRADITIONNELLES ou dites DU MONDE n’est pas réglementé ». Que désigne pour vous l’appellation DANSES DE SOCIÉTÉ, DANSES TRADITIONNELLES, DANSES DU MONDE ? Est-ce que ce sont des appellations équivalentes ou des concepts différents ?

Réponse: Ce paragraphe exprime simplement le fait qu'il n'y a pas de réglementation professionnelle pour l'enseignement des danses hormis le classique, le modern jazz et le contemporain.

J'ai utilisé l'expression "danses de société" en synonyme de "danse de salon" (le corpus de celles qui sont enseignées dans les écoles de danse: valse, be-bop, salsa, tango européen etc...), "danses traditionnelles" en référence aux "danses régionales ou nationales de France" citées par la lettre du ministère, d'autres utilisent l'expression "danses folkloriques". L'expression "danses du monde" que j'ai utilisée reprends les termes du ministère. J'ai restreint le champ des "danses non réglementées" à ces trois catégories parce que d'une part elles recouvrent des danses pratiquées par ailleurs par nombre de tangueros qui viennent au tango argentin à partir des danses de salon et/ou de la salsa et d'autre part, j'ai repéré au cours de mes lectures que la transmission était un enjeu semblable dans les danses "traditionnelles" et dans le tango argentin (problèmes de légitimité des enseignants / problèmes du fonctionnement en association).

C — Plus loin : « Le développement du marché des DANSES DE SALON et des danses "du monde" (salsa, hip-hop) ainsi que la survie des danses traditionnelles ». Mêmes questions pour DANSES DE SALON. La salsa n’est-elle pas pour vous une danse de salon (alors que son origine, le son cubain, était bien dite, par les Cubains eux-mêmes, comme étant une danse de salon) ?

Réponse: Je n'ai pas de grande compétence sur l'histoire de la salsa et je ne la danse pas non plus même si j'ai eu essayé de m'y mettre... Par contre, au-delà des différences "cubaine", "portoricaine" et une 3ème branche, j'ai retenu des informations qui m'avaient été délivrées lors de mon apprentissage de cette danse, que son origine et son nom proviennent de la communauté latino de New York à la fin des années 50. Quand je vois danser des salséros je ne peux m'empécher de faire le lien avec le rock'n roll revu et corrigé à la sauce latine (il me semble aussi avoir entendu/vu l'expression "latin rock" sur les forums nord américains pour désigner la musique de la salsa). Mes connaissances s'arrêtent là. Par contre globalement, dans mon environnement, je constate que l'enseignement de la salsa s'effectue (dans ma région Aix-Marseille) en majorité par des profs indépendants (free-lance) qui tournent dans les lieux de danses (écoles de danse, MJC, boites de nuit etc..) pour donner leurs cours, rappelant en cela le mode d'organisation des cours du tango argentin que je connais à Buenos Aires: le mode de fonctionnement associatif caractéristique du tango argentin en France n'existe pas dans la Salsa en France ni dans le tango en Argentine (sauf exception et erreur de ma part).

Pour en revenir à votre question, en fait je ne me pose pas de question par rapport à la salsa: c'est à la fois une danse du monde car elle est visiblement pas d'origine française et la France n'a pas eu sur la salsa l'influence qu'elle a eu sur le tango dans les années 1910, et une danse de salon puisqu'elle est enseignée en partie dans ce contexte. Je me permettrai d'ajouter une impression personnelle: l'image "danse de salon" est associée dans mon esprit à un catalogue de danses que les pratiquants parcourent une danse après l'autre dans les soirées "toutes danses", alors que le monde du tango argentin que je connais se concentre sur les 3 danses liées au tango : le tango, la valse argentine et la milonga, parcourues quart d'heure par quart d'heure. De même le monde de la salsa que je connais, même sans la danser, se concentre sur un petit nombre de formes musicales assez proches (salsa, bachata, mambo plus d'autres que j'oublie certainement).

D — Dans une discussion privée par mail avec C. Apprill, je viens d’apprendre que l’ordre de mission en question avait donné « des lignes générales ». Dans le détail, cet ordre de mission exclurait « les DANSES DE SOCIÉTÉ et le HIP-HOP », tout en englobant « tout le reste : DANSES INDIENNES, AFRICAINES, ORIENTALES, FLAMENCA SALSA, TANGO ARGENTIN, COUNTRY ET CAPOIERA »

Réponse: Voici une information qui est importante et que je ne connaissais pas: la certification ne touchera pas l'enseignement des danses de société (danses de salon ?). Bigre, là il y a un problème: le ministère de la culture cherche à introduire une certification sur un jeu de danses qui sont epsilonnesques par rapport au marché des danses de société. Une information comme celle-ci, si elle est confirmée, est propre à reveiller des soupçons sérieux de prise en main des danses "non réglementées, non salon, non hip-hop" par un secteur d'activité qui ne serait pas lui-même soumis à une quelconque règlementation diplomante (je pense ici aux écoles de danse).

Le tango, après ne plus être une danse POPULAIRE, n’est-il plus une danse de société, ni une danse de salon ? Veut-on "l’élever" aux rangs des "belles danses", comme le classique ? Alors attention à la sévère codification !

C’est bien la première fois que j’entends parler de danses flamenca salsa, (à moins qu’il ne manque une virgule, pour dire combien la terminologie et une certaine précision sont capitales).

Et tout cas, si c’est le ministère qui a établi ces désignations, il montre là sa totale incompétence, en mettant au même niveau les danses orientales et la salsa, les danses africaines et le tango, les danses country et la capoiera. J’ai vraiment cru rêver en lisant cela !

E — J’ai, dans le même temps, appris que l’ordre de mission concernait aussi la salsa.

Depuis plus d’un mois que je parle de cette étude avec toutes sortes de collègues de part la France, personne n’est au courant, sauf le stagiaire qui a eu la gentillesse de me faire découvrir ce blog. Évidemment, cela fait que je me pose des questions.

Réponse: Je n'émettrai pas de commentaire sur le fonctionnement de l'enquête ou du ministère de la culture, compte tenu de la difficulté d'appréhender un domaine touchant une telle diversité. Par contre, si le milieu du tango argentin a réagi de cette manière (mise en place du site, reflexion sur le mode de représentation du monde du tango notamment), c'est sans doute parce qu'il est maillé par un réseau associatif, ce qui fait sa force (capacité à réagir) et sa faiblesse (difficulté à s'organiser) mais en tous cas affiche en évidence un sens collectif, ce qui n'est pas le cas dans la salsa par exemple, pour ce que j'en vois, ni peut-être dans les structures commerciales ou le reflexe individualiste est synonyme de survie.

F — Dans la présentation de ce blog, j’ai aussi lu : « Le tango argentin est la première danse avec abrazo (enlacement). » Désolé, je ne suis pas d’accord, a priori.

À ma connaissance, cette position de couple fermé existe au moins depuis la valse (qui date de la fin du XVIIIe siècle et non de 1830), à moins que vous ne fassiez une différence "stylistique" très fine entre différentes façons de se tenir en couple fermé, ce qui nécessiterait une définition relative, me semble-t-il, si vous souhaitez éviter d’inutiles confusions.

Réponse: J'ai déjà eu cette question, je tiens cette expression d'un des livres de Dinzel (de mémoire, j'essaierai de retrouver la page exacte). J'ai mis du temps à l'accepter également, mais au delà de la différence de style, je maintiens ma réponse à Léo: "Le tango se danse dans les bras alors que la valse se danse avec les bras" (le mot avec est peut-être un peu fort).

Je ne danse pas la valse mais je la regarde danser avec des yeux de mécanicien du mouvement, je vois également des valseurs aborder le tango et on voit nettement la différence lorsqu'ils dansent la valse argentine. Je suis aussi capable de ressentir chez ma partenaire si elle a eu dansé la valse européenne avant de danser le tango (par la relation au sol notamment). Le mot abrazo est très fort dans le tango, et ce n'est pas simplement le fait d'être plus ou moins proche dans le couple,

Vous avez donc raison sur le fait que le couple fermé existe depuis la valse (j'ai indiqué 1830 d'après une source que j'ai oublié de noter, les années 1780 sont citées par Wikipedia comme la période de reconnaissance de la valse à Vienne ,Autriche, "reconnaissance = devenir à la mode", je corrigerai la page d'accueil dans une prochaine version), mais cette notion est différente de l'abrazo qui dans le tango est un moteur de cette danse (il faut à peu près 15 pages pour démontrer cette dernière affirmation, j'en ferai grâce aux lecteurs).

G — Je lis aussi : « c’est également la seule [danse] qui n’ait pas de séquence de pas à respecter. » Désolé, mais je ne suis pas d’accord. Non plus.

Le fox-trot est une danse sans séquence de pas à respecter, ainsi que le quick-step, comme le paso-doble et d’autres. Dans quel groupe classez-vous ces danses ?

Réponse: J'ai utilisé l'expression "séquence de pas " pour désigner la notion de "forme" dansée par analogie à la "forme musicale". L'exemple typique de la séquence de pas sont, à mes yeux, les passes de la salsa (portoricaine ?): elles ont un nom ou un numéro, chacune se déroule selon un ordre bien précis où chacun compte ses pas, quand on commence une passe on sait comment ça va se terminer etc.. Je n'ai pas d'info sur les autres danses que vous citez et je les vois rarement danser. La musique de la milonga et celle de la valse ont des formes musicales, pas celle du tango (ref.: « La musique de tango argentin expliquée aux danseurs et aux musiciens. Résumé des conférences données par l’Orquestra Imperial de Buenos Aires. », Pierre Canals, mars 2007 (Plaisir Tango, Nancy) 30p., ISBN 978-2-95-288-040-4). On pourrait en déduire des formes dansées, l'expérience montre qu'il n'en est rien, la couleur tango a pris le dessus par rapport aux formes originelles de ces danses.

A chaque instant, le danseur et a fortiori la danseuse de tango argentin ne savent pas ce qui va suivre dans la seconde suivante: il n'y a aucune règle géométrique d'enchainement de pas à respecter (un pas désigne ici le déplacement d'un pied), il n'y a aucune obligation de décalquer la musique : un pas peut prendre 1/2, un, deux trois, quatre temps de la musique etc... Cette liberté est le tango argentin, tout le reste, le tour, la salida, les huits, les figures plus ou moins complexes ou à la mode (colgadas, volcadas etc..) les finesses d'attaque sur les temps de la mesure sont des outils d'aide à la maitrise du tango.

En résumé: chaque couple de danseurs de tango argentin est un chorégraphe [ cf. Dinzel. "It is up to the performer to determine the choreographic arrangement with reference to muscial time, something that may and must be changed, varied depending on the subjective interpretation of the musical stimulus" que je traduirais par "c'est au(x) danseur(s) de déterminer leur arrangement chorégraphique dans l'instant musical, arrangement qui peut et doit changer en fonction de l'interprétation subjective de la musique perçue", page 98 in « Tango, an anxious quest for freedom », English Translation, 2000 (Abrazos, Stuttgart), 115p., ISBN 3-00-006-119-3].

Si vous pensez que toute cette description s'applique au fox-trot, au quick-step au paso-doble, et que vous arriviez à m'en convaincre, alors je changerai ma phrase.

H — Puisque le ministère semble s’intéresser aux danses qui sont à la mode en ce moment, pourquoi l’on ne voit nulle part citée la question du lindy-hop, grand-père du rock ? C’est aussi une question à poser : où le classez-vous ?

Réponse: Ce n'est pas l'objet du site que de classer les danses, nous ne représentons pas le ministère de la Culture ni l'enquête de l'APPIC en cours depuis le début janvier 2008. Ce site a simplement pour objectif de mettre à disposition des danseurs de tango argentin les informations/reflexions/idées que tout un chacun peut avoir dans son coin, et d'ailleurs vous êtes un des principaux contributeurs sur des sujets que nous n'avons pas l'habitude de traiter. Nous ne représentons pas un courant particulier du tango argentin, même si nous avons nos idées, et nous sommes très heureux de voir que ce projet de mise en commun d'information et de support de réflexion commence à jouer son rôle.

Voilà quelques exemples de problèmes de terminologie qui, mon humble avis, privent totalement les personnes qui s’intéressent à votre travail, de comprendre intelligemment, de suivre correctement les échanges, et donc de répondre en connaissance de cause à vos interrogations. Je trouve cela bien dommage.

J’espère, chers amis, que vous ne trouverez aucune méchanceté dans mes propos, mais seulement un grand intérêt pour ce large débat, enfin abordé. Car non seulement il correspond à ma passion, comme la vôtre pour le tango argentin, mais que cela concerne aussi mon métier de façon encore plus profonde que vous ne pouvez, peut-
être, l’imaginer.

Je vous remercie encore de me lire, et je reste très attentif à vos réactions à tous.

Christian Dubar
(Institut de formation en danses de société de Toulouse)
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78. [L-43] Tango, diplôme et fédération, par Jacques

Bonjour,

Pendant quelques années, j'ai pratiqué les danses de salon et c'est un documentaire de FR3 qui m'a fait découvrir le Tango, le vrai, l'Argentin, il y a de cela une dizaine d'années. Tout de suite mon épouse et moi-même avons été emballés par cette façon de danser qui permet d'exprimer en complète liberté tous les sentiments ressentis en écoutant de merveilleux orchestres comme: Di Sarli, Pugliese, Canaro, Fresedo, Sassone, Biagi, D'Arienzo, etc...

Depuis de stages en milongas, de bals en pratiques nous nous promenons avec bonheur dans le monde du tango argentin. Cela nous a permis de découvrir des régions que peut-être nous n'aurions jamais visitées, mais aussi de rencontrer des personnes qui partagent notre passion avec le même bonheur.

Alors je m'interroge, est-ce qu'être simplement heureux de vivre sa passion est suspect ? Risquerions nous de troubler l'ordre publique ? Est-ce pour mieux contrôler cette activité que l'on veut hiérarchiser, réglementer, encadrer,normaliser, codifier, classifier ? A quand une licence (à points bien entendu) pour les danseurs ?

Quant au diplôme, j'imagine déjà le résultat, les prochains tangueros marcheront au pas cadencé de vite vite lent et évoluerons, sur la même cadence, en faisant des "passes ou "figures" labelisées tango argentin.

Je croyais naivement que tous les amateurs de tango argentin l'aimaient et oeuvraient dans un esprit tango. Erreur, des ambitions hégémoniques voir mercantiles, ont poussé certains d'entre nous à envisager la création d'une fédération qui apportera surement des contraintes et charges financières, est-ce la solution ?

Pour ma part, je crois préférable de rester indifférent à tout ce remue-ménage car les amateurs, les vrais, sauront trouver le chemin pour se rencontrer et continuer à vivre librement leur passion et ainsi rester créatif.

Cordialement
Jacques Roudaire
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77. [ecos del plata] Fonctionnement en réseau par Martine et réponse de Benoit

[repris depuis le forum de Ecos del Plata (Grenoble)]

Je viens prendre part au débat…

Christophe Apprill écrivait il y a une dizaine d’années au moment de sa thèse de sociologie, dans son livre « Le Tango Argentin en France », p128 :
« Le tango guetté par la normalisation : On voit mal comment il pourrait être enseigné aujourd’hui dans les écoles de danse sans que sa richesse et sa singularité en soient affectées. A l’heure actuelle, aucun des danseurs argentins qui enseignent le tango ne possèdent le diplôme de maître à danser détenu par la plupart des professeurs des écoles de danse….L’encadrement normatif de l’enseignement à travers la création d’un DE …aurait un impact important sur le réseau d’associations de tango qui est rattaché à la fonction sociale (convivialité, découverte d’une culture) de la danse mais aussi à la spécificité du tango tel qu’il est enseigné. La réglementation de l’enseignement, qui risquerait de se traduire par l’établissement d’un monopole de fait au bénéfice des écoles de danse, imposerait une normalisation de la danse…. »

Il parle aussi + loin du statut hors des cadres institutionnels de cette danse (culture, jeunesse et sport, enseignement), de l’aspect affirmation d’une identité/rébellion par rapport aux schémas établis, du coté bâtisseurs de réseaux des « précurseurs » du tango en Europe, héritiers du mouvement de mai 68, de la dimension forte du voyage : « de voyage intérieur, le tango est devenu un motif de voyage à l’intérieur d’un réseau convivial et attractif, fluide comme un soupir de bandonéon »…

Voilà un livre, écrit il y a 10-12 ans, que j’ai lu avec beaucoup d’intérêt, avant le lancement de cette enquête et de la polémique qui, forcément, nous fait réagir …. !

Car la première question que je me pose est : Qui demande quoi à qui ?

Nous sommes des adultes, pratiquant une passion à la fois artistique, culturelle, relationnelle, sociale…bien organisés en réseaux hors de toute tentative de normalisation et de récupération. Nous sommes, je crois, heureux dans cette activité et ce tissu relationnel.

Il me semble que nous sommes aussi assez grands pour choisir nos professeurs, en fonction de ce que nous recherchons, nous, et de la degré de satisfaction qu’ils nous amènent dans le vécu et le partage des cours , bals et pratiques. Avons-nous besoin de formateurs-évaluateurs-censeurs venus d’on ne sait où, dont les critères d’octroi du diplôme nous échapperont complètement….

Qui, mieux que nous même, tangueras et tangueros, sommes à même de savoir ce qui est bon pour nous ????

Aujourd’hui, nous fonctionnons en réseau, et nous choisissons nos professeurs. Cela fonctionne, je crois, très bien, non ?
Je ne suis pas contre le changement, bien au contraire, mais quand les choses vont bien, pourquoi (et surtout dans quels intérêts et enjeux sous-jacents) faudrait-il les bousculer ?

Martine (Grenoble)

- - - - - - - - - Réponse de Benoit - - - - - - - - -

Je m'étais posé les mêmes questions que Martine à peu près dans les mêmes circonstances, après avoir lu le livre de Christophe Apprill il y a plus d'un an. Par contre, sans vouloir détenir la vérité et juste pour donner des pistes, j'étais arrivé aux idées suivantes.

- le tango actuel est issu de l'action des pionniers comme le décrit Christophe Apprill, qui ont oeuvré en toute liberté hors cadre institutionnel. Il est remarquable de constater que cette action ait pu perdurer plus de 15 ans en donnant de bons résultats : les lieux de tango se multiplient et le niveau de danse est à peu près homogène.

- depuis environ 3 ou 4 ans, on constate un fort accroissement du nombre d'élèves dans les associations, au moins dans les grandes villes (expérience personnelle à Aix-Marseille: 30 personnes en 2001, plus de 150 personnes à partir de 2004 dans la même association). Cette évolution a plusieurs grands mérites: elle provoque l'augmentation du nombre de lieux de tango et elle se traduit par un certain rajeunissement de la population tanguera (moyenne d'âges des élèves quand j'ai commencé: au dessus de 45 ans, moyenne d'âge des débutants actuels: bien en dessous de 40 ans). Par contre, elle présente un "non-mérite" (je ne sais pas comment le dire): le risque de modifier la relation au tango.

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En effet, le tango s'apprend dans les cours mais il s'affine dans les milongas au contact des "anciens" supposés être plus expérimentés. Ces deux mécanismes d'apprentissage, le cours (1 sait, 20 apprennent) et l'immersion (20 savent, 1 apprend) sont très complémentaires et indispensables l'un comme l'autre à l'apprentissage du tango. Le point sensible est l'immersion: si le nombre de néophytes est trop grand par rapport aux nombre d'anciens, le mécanisme d'immersion ne joue plus pour tout un tas de raisons plus ou moins valables mais que je commence à entendre ici et là (exemple: "le niveau baisse, on va danser ailleurs entre nous").

Du coup, si un des canaux d'apprentissage du tango, l'immersion, ne fonctionne plus, il ne reste plus que le canal des cours et là... il me semble qu'il y ait beaucoup à dire sur les conditions d'enseignement du tango.

Au début, on ne s'en rend pas compte: tout nouveau tout beau, et puis "le tango, c'est compliqué", mais pour ceux qui s'accrochent, qui cherchent à progresser (stages, multi profs etc..), il est probable qu'ils se mettent à réfléchir un cran au dessus du simple fait d'aller à un stage avec tel ou tel dieu du tango. Rien que de très courant dans ce que je viens d'écrire et qui existe depuis longtemps dans toute forme d'activités.

Je ne suis pas particulièrement attiré par la culture entourant le tango [j'ai quand même essayé d'apprendre l'espagnol :-) ], mais par contre le tango étant un tel moyen d'expression que j'ai cherché à en savoir plus sur la danse en général. Et de fil en aiguille, j'ai compris l'océan d'écart qu'il pouvait y avoir entre des profs standards de tango et des danseurs, tant du point de vue de la technique que de l'expressivité, à tel point que je me suis posé des questions sévères sur la légitimité des profs standards, pas tellement sur leur approche commerciale - les prestations qu'ils assurent valent-elles le prix qu'ils demandent ? sur ce plan-là, on peut effectivement faire confiance aux mécanismes de marché à l'échelle d'un an ou deux - mais sur l'horizon tango qu'ils ouvrent (fixent ?) pour leurs élèves.

Le rôle et le travail de ces prof sont fondamentaux puisqu'ils transforment des ignares complets (mon cas il y quelques années :-) ) en danseurs capables de s'intégrer dans des bals plus ou moins complexes : la nature de la relation au tango passe forcément par leur intermédiaire. C'est peut-être une responsabilité à long terme dont ils n'ont pas encore pris conscience.

Arrive alors la question qui tue: comment faire pour que l'horizon tango des profs s'agrandisse ? ce qui est typiquement une question de formation permanente et conduit illico à la notion de filière professionnelle et à la réflexion en cours au ministère.

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Revenons à la notion de réseau tango si typique de la forme actuelle de notre activité. Un réseau ne fonctionne que si tous les composants acceptent de fonctionner ensemble. Ce qui est nouveau par rapport à voici quelques années, c'est:
- l'augmentation du nombre d'élèves dans les cours
- l'évolution de la moyenne d'âge: avec un rajeunissement au fur et à mesure que le temps passe
- l'évolution des techniques de danse
- l'évolution du rapport à la musique

Le dernier point est plutôt culturel, c'est le seul qui soit recevable pour justifier une rupture temporaire du réseau. Les 3 premiers points sont techniques et posent la question de la compétence des profs:
- pédagogie face à des groupes consistants,
- discours adaptés à des tranches d'âges différentes,
- technicité personnelle du prof et compréhension des mécanismes de la danse.

Sans vouloir justifier un mécanisme de certification - je redoute particulièrement la dénaturation du tango qu'un tel mécanisme risquerait de provoquer - il n'en reste pas moins vrai que les limites observables ici et là chez nombre de profs - en 15 ans, toute activité évolue irrémédiablement et des points de comparaison émergent forcément - laissent la porte ouverte à une nouvelle vague que certains désignent comme des "pseudo profs" (cf. le blog http://diplome.tango.free.fr/blog/files/feb-2008.php) qui, sans en savoir beaucoup moins que les pionniers bénévoles de l'époque héroïque (cf. les livres de Rémi Hess "les tangomaniaques", 1998), ont des motivations beaucoup moins militantes et beaucoup plus sonnantes et trébuchantes où la notion de réseau se concentre sur leur seule personne (principe des écoles de danse tel que décrit par Apprill dans "Sociologie des danses de couples", 2005 - remarque: la seule école commerciale de danse de Marseille proposant le tango argentin a créé une association pour cette danse).

Vu de l'extérieur, la demande d'apprentissage de tango existe et il n'y a a pas de barrière à la définition de l'offre, ce sont des conditions idéales pour faire un marché ultraviolent. Même si objectivement ça ne fonctionne qu'un an ou deux pour les "pseudo profs", c'est suffisant pour introduire la rupture avec les mécanismes de réseau que nous connaissons d'une part par simple concurrence - les élèves ne vont pas ailleurs que dans leurs cours - , d'autre part par la méfiance ultérieure envers le reste du monde du tango que ces comportements suscitent quand les élèves les découvrent.

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En conclusion, voilà un des risques de la situation actuelle telle que je la perçois (j'ai la chance de pouvoir danser presque tous les soirs dans tous les types possibles d'environnement) : l'impossibilité du fonctionnement en réseau à répondre à la demande actuelle, à cause du temps d'incubation du tango qui met à mal le processus d'apprentissage par immersion dans les bals et milongas.

Y répondre par l'application d'un diplôme / licence du côté apprentissage par enseignement, histoire de mettre des barrières à l'offre est le vieux réflexe malthusien des corps de métiers (pilotes de ligne, chauffeurs de taxi, etc...), l'expérience montre que les résultats ne sont jamais-là si en contrepartie il n'y a pas de contrainte de respect des élèves (notions d'obligation de résultat, de moyen, de conseil etc...), mais on tombe dans des comportements qui nous mènent bien loin de ce que nous venons chercher dans le tango: la liberté.

Par contre, s'arcbouter sur le passé au nom de la liberté pour ne rien changer conduira probablement à faire craquer le réseau par surcharge.

Une piste serait sans doute de réfléchir sur l'optimisation de l'apprentissage du tango sans perdre les références culturelles qui sont indispensables à partir d'un certain niveau ("
apprendre le tango n'est pas difficile pour un danseur classique ou contemporain qui a 15 ans de formation, par contre ça lui demandera des années pour être dans le tango", Plume Fontaine). Cette optimisation permettrait de réduire le temps d'incubation et par là protégerait le rôle du bal.

Trouver un moyen d'adapter le fonctionnement en réseau du monde du tango sera sans doute le principal résultat du remue-méninges provoqué depuis quelques semaines par l'enquête du ministère de la culture. Les pionniers ont réalisé une utopie basée sur le mode associatif, que feront les successeurs ?

Benoit de Gentile
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[L-42] Autres points de vue, par Christian

Chers amis tangueras et tangueros,

Je lis avec beaucoup d’attention tout ce que vous écrivez sur ce blog, et cela me passionne. Je remercie très sincèrement ceux qui veulent bien répondre à mes arguments, même s’ils ne sont d’accord avec moi. J’apprécie beaucoup leur franchise, je pense que c’est ainsi qu’on avance, même si je ne suis, moi-même, pas toujours d’accord avec eux.

Je voudrais soumettre au débat plusieurs points nouveaux. Pour tenter de faire évoluer ce débat vers des horizons autres que les propositions, certes très intéressantes, mais de personnes qui ne sont pas encore renseignées sur les principes des associations, des fédérations, ou des confédérations. Ce que l’on peut apprendre dans de nombreuses brochures, au pire dans chaque préfecture.

Pour avancer, j’ai envie de vous dire que je pense que nos amis amateurs du tango argentin se font un bien trop grand souci, de mon point de vue, de ce qui pourrait leur arriver, et arriver au tango. A moins qu’ils ne regardent du mauvais côté pour voir arriver l’ennemi. Certaines de mes raisons sont les suivantes.

1 — RAISON DE SANTÉ PHYSIQUE ET DE PROTECTION DU PUBLIC (Article 2 de la loi de 1989) : Madame Dominique Dupuy, inspectrice de la danse en
1989, qui a été pour beaucoup à l’origine de la loi de 1989, m’a expliqué personnellement que, à l’origine, cette loi avait été demandée par le ministère de la SANTÉ, POUR LA PROTECTION DES ENFANTS contre des déformations imposées trop tôt à leur corps. D’où le fait, par exemple, que cette loi interdise toute technique de danse avant
l’âge de 8 ans (entre 4 et 8 ans, c’est "l’éveil" et "l’initiation"). Et cela est valable aussi pour le tango, bien évidemment. Il est vrai que, contrairement aux débats parlementaires, cette loi a dévié sur des contraintes stylistiques (lire Roland Lienhardt déjà cité), ce qui n’aurait pas dû être.

Pensez-vous vraiment qu’il y ait de vrais risques physiques dans les techniques de tango argentin ? Je ne le crois pas. Pensez-vous réellement qu’une instance publique, même celle de la culture, va vraiment mettre en place un cadre OBLIGATOIRE qui risquerait de dénaturer l’idée que vous souhaitez protéger de cette culture tango ?
Je ne le crois pas.

2 — LA DANSE À L’ÉCOLE : RAISON DE PROTECTION DE L’INTÉGRITÉ MORALE DES ENFANTS : Un peu sur le même chapitre, depuis de nombreuses années, une foule de discours se déchaînent sur le thème de la danse à l’école. Et, évidemment, cela intéresse le ministère de la culture, sans parler de celui de l’Education Nationale.

Je suis de ceux qui pensent qu’il serait bien que, dans l’éducation des enfants à la vie, à la culture, à la relation, etc., une place soit donnée à la danse de société, et pour toutes sortes de raisons que je développerai ici si on me pose la question. Par contre, je pense qu’un projet dans lequel on apprendrait aux enfants à danser uniquement du rock n’a aucun avenir. Particulièrement si c’est du rock à 6 temps sur une musique à 4 temps ! Bravo pour l’éducation !

Pensez-vous vraiment qu’un ministère comme celui qui a mandaté Christophe Appril, juste pour une enquête (presque pour savoir ce que « nous avons dans le ventre », et surtout dans l’esprit), va réellement s’intéresser à une danse à l’école dans laquelle on apprendrait le tango argentin, et où l’on ferait jouer des rôles d’hommes et de femmes à des enfants, alors même qu’ils sont en pleine évolution d’identité ? Certainement pas !

Le conservatoire de la Ville de Toulouse m’a demandé il y a un mois de chorégraphier deux minutes de tango pour des enfants entre 12 à 14 ans. Je l’ai fait car c’était la commande d’une amie, en prenant un maximum de précautions. Mais j’ai trouvé cela profondément déplacé, surtout quand on prêtait attention au texte ! Parlant de bouges et de prostituées ! Mais c’est à la mode !

Ne craignez donc pas un diplôme OBLIGATOIRE pour transmettre, dans l’espace privé, ce que vous souhaitez transmettre. Mais craignez plutôt que, dans l’espace public, le ministère de la culture, comme celui de l’éducation nationale, ne mettre des freins et des limites à un apprentissage trop "étroit" et trop ciblé, trop porteur de sens réservés aux adultes.

3 — AUTRE RAISON DE PROTECTION DU PUBLIC, RAISON D’ÉTHIQUE : Je ne crois pas que, en concentrant toute votre réflexion sur le tango argentin, vous pourrez constituer une force suffisante, si tant est qu’il y ait une attaque et des risques, pour lutter contre nos institutions. J’y vois plutôt un grand danger pour vous, passionnés de tango.

Je crains, et cela est valable pour toutes les danses prises une à une, au contraire, qu’il y ait un risque d’assimilation à un réseau à la fois puissant et incontrôlable, en tout cas, qui refuse d’être contrôlé, qui refuse toute ingérence institutionnelle, qui craint qu’on le démantèle, sans compter qu’il montre très clairement qu’il craint aussi d’autres ministères, comme celui des Finances. Et qui semble donc cacher quelque chose. Je pense qu’il y a un grand danger à glisser d’une réflexion concernant UNE CULTURE, à ce qui pourrait être assimilé à UN CULTE.

Je ne pense pas que cela soit une bonne méthode. Car c’est un autre ministère que vous, mes amis, pourriez craindre, en fin de course : c’est le ministère de l’Intérieur. J’espère ne choquer personne, mais je souhaite être franc. Car cela concerne de très près mon métier, et celui de tous ceux que j’ai formés et que je forme.

Tenez compte du fait, par exemple, que certains groupements qui font du Développement Personnel, et uniquement cela, sont suivis de très près par les Renseignements Généraux, c’est très célèbre.

Je ne pense pas que c’est en refusant un dialogue, un recensement, une vue, un avis sur vos (nos) activités, ni même une inspection, que vous réussirez à convaincre du bien fondé d’une telle bagarre pour défendre votre passion, la culture tango.

Au risque de paraître d’un autre âge (mais il est vrai que j’ai 60 ans), je vous propose de vous reporter à la thèse d’Anne Décoret, que notre ami Christophe Appril connaît très bien, thèse de doctorat qui porte sur les danses exotiques en France, 1900-1940 (Paris VIII 1998), et qui, évidemment parle longuement du tango.

Dans son second chapitre (Une dansomanie exotique, exotisme et pratiques sociales de danse), Anne Décoret répond à de multiples questions (repérage, codification, improvisation, détracteurs…) que vous vous posez, et qui se posaient déjà il y a près d’un siècle. Et elle le fait très simplement, en citant des auteurs de l’époque. Par exemple Sem (page 235), qui écrivait, découvrant à Paris les « bals tango » de l’époque :

« Dans l’appartement où de jeunes gens viennent se retrouver pour danser le tango, en 1912, il n’y a point ce débordement, cette exubérance que l’on trouvera dans la pratique des danses jazz et nègres, mais au contraire une extrême concentration […] Ces évolutions déconcertantes, cette quasi-immobilité tourmentée n’ont de la danse ni son emportement, ni son allégresse physique, ni son délire de mouvement… […] Devant ces contorsions mystérieuses et lascives on se sent mal à l’aise […] comme si le geste caché de l’amour était brusquement dévoilé en public. […] A mieux observer ces étranges danseurs, leur air sérieux et absorbé, leur frénésie contenue, bridée par le rythme mesuré, (…,) d’une précision pour ainsi dire liturgique ; à voir leur expression ardente de conviction et de foi, on en arrive à comprendre qu’ils accomplissent une sorte
de rite sacré. Les femmes en proie à une exaltation mystique, les regards en dedans, penchent des visages extasiés, les yeux clos, dans un rêve intérieur, graves et recueillies, comme des communiantes…

[…]. Il m’apparut alors que j’assistais, en plein Paris, à l’office d’une secte, que j’avais pénétré dans un sanctuaire, une des milles chapelle de ce culte nouveau qui passionne la ville et fait tourner les têtes, les âmes et les corps […], le Tango ! »

Je présente d’avance toutes mes excuses aux personnes que ce texte pourrait offusquer. Il n’est pas de moi, et il date de 1912… Moment où les fameux Maîtres de Danse voulaient s’emparer du Tango pour le vendre, et en faire leur monopole. Rien de nouveau sous le soleil ! Mais je ne pense pas que ce soit une image à véhiculer encore, du
moins pour ceux qui veulent avoir des relations avec nos institutions.

Je ne crois pas que vous pourrez faire, sans tenir compte de ce passé, très connu, au risque de reproduire stérilement les mêmes erreurs.

Pour finir et conclure, et pour rassurer nos amis passionnés, je ne pense pas que la culture tango ait le moindre souci à se faire, du moins à l’encontre du ministère de la Culture. Je vous laisse, par contre, méditer sur les risques que représente un tel débordement de passion qui se veut incontrôlable mais concentré sur un seul objet finalement plus historique que chorégraphique ou pédagogique, pour le ministère des Finances, pour celui de l’Education Nationale, ou celui de l’Intérieur, ou encore celui de la Santé. Cela déplacera un peu la discussion.

A mon humble avis, et même si certains risquent de me trouver très prétentieux, c’est uniquement en nous regroupant, sans hégémonie de style ni de danse ni d‘histoire, que ceux qui souhaitent une reconnaissance, et éventuellement une protection contre leurs angoisses, ont une chance de l’obtenir. Pour les autres, aucun souci.

Merci de m’avoir lu. Christian Dubar
(Institut de formation en danses de société de Toulouse)
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[ecos del plata] Réponse à Marie-Pierre par Chantal

[repris depuis le forum de Ecos del Plata (Grenoble)]

La remarque de Marie Pierre est judicieuse ; en effet, pourquoi cette enquête émane du ministère de la culture alors que jusqu'à présent, toutes les écoles de danse dépendent du ministère de la jeunesse et des sports ? est ce que cela veut dire que la danse ne serait qu'un "support-prétexte" pour "recenser" l'enseignement d'une culture quelle quelle soit ?? que personne ne s'offusque de ce que je viens de dire, je réfléchis simplement tout haut .. et certes, cela ne change pas le fond du problème.

En tous cas, pour moi, il est une chose d'envisager de légiférer par l'institution d'un DE et une autre de créer une fédération pour nous représenter. Je ne vois pas pourquoi il y aurait forcément un lien entre les 2.

C'est la création d'une structure dite "représentative" du tango argentin qui me gêne un peu ..

Ca phosphore dur en tous cas ...

[... suite du message spécifique au fonctionnement du forum de Grenoble..]
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[ecos del plata] Quelques remarques supplémentaires par Marie-Pierre

[repris depuis le forum de Ecos del Plata (Grenoble)]

Quelques remarques supplémentaires:

Les écoles de danse de salon et de danses sportives (elles organisent des compétitions)dépendent du ministère de la jeunesse et des sports et non du ministère de la
culture. Pour elles il n'y a pas à ma connaissance de DE. Je ne sais pas comment sont formés leur professeurs.
Il y a peut-être un marché à prendre avec l'ensignement du tango car je doute que ces écoles s'interessent aux danses par exemple traditionnelles ou indiennes

Je ne vois pas en quoi un DE "pasteurise","normalise" la danse...

Dans le DE de danse classique,jazz et contemporaine il y a par exemple une épreuve d'improvisation. On vérifie d'une certaine manière que le futur professeur a une connaissance suffisante de la discipline artistique qu'il veut enseigner (culture chorégrapique, historique,technique,musicale). Et une connaissance du public auprès duquel il va enseigner; la question pose moins pour le tango puiqu'il n'y a pas un "public" d'enfants.

D'autre part enseigner la danse qu'elle soit classique ,jazz ou contemporaine c'est aussi transmettre une culture et non vendre un bien de consommation. Tout n'est pas parfait et il y aura toujours de meillleurs enseigants que d'autres.

Les danseurs de renommée internationale où ayant travaillés dans des compagnies reconnues et répertoriées peuvent avoir le DE après avoir éffectué un stage de 200 heures financé par l'état. Dans le DE il n'y a pas de"codification "de la danse puique la danse ne cesse d'évoluer. Le DE n'a pas codifié la danse.

Nous n'avons eu que la première partie de l'enquête qui se voulait quantitative, combien de pratiquants à l'échelle nationale,dans quelles structures..etc.
Et cette enquête ne concerne pas seulement les danseurs de tango, je le rappelle. Attendons donc la deuxième partie qui sera certainement plus interessante.

J'aimerai savoir comment réagissent les danseurs d'autres danses (danse indienne par exemple)sont-ils aussi méfiants que nous?

D'autre part l 'enquête révélera peut-être que "nous nous organisons pluôt bien dans la transmission de la "culture tango" et qu'il faut continuer dans ce sens.

Marie-Pierre
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[L-41] Le tango en toute liberté, par Sylvie

Bonjour à tous

Merci à Raphael de Ecos del Plata de toutes ces précisions très instructives... merci à tous d'ailleurs de votre participation, de votre présence.

Il me semble que nous touchons là aux limites de la démocratie ... belle formule, beau concept que cette démocratie, et pourtant.... Elle oublie de fait que "Nous ne sommes pas une moyenne mais une addition" comme le dit le magnifique Théodore Monnod.

Même si nous créons une fédération, personne ne me fera porter des valeurs, des propos, des idées, des courants, contraires à ce que je crois vraiment à l'intérieur de moi... à l'instar d'une célèbre fédération sportive, où une poignée de personnes, pourtant certainement élues par d'autres à un moment donné, se permettent de prendre des décisions contraires aux valeurs portées par une grande majorité de leurs adhérents !!!

Je ne donnerai à personne ce droit là, de décider pour moi sur des sujets aussi intimes, à moins d'y être totalement obligée bien sûr, et c'est bien le cas de ce que nous vivons avec nos différents gouvernements. Ce n'est plus la loi du plus fort, et c'est tant mieux, mais c'est quand même la loi de ceux qui ont été élu et qui par la suite, décident à notre place, sur des sujets qui mettent l'humanité toute entière en péril. Il reste à l'homme de ce troisième millénaire d'inventer encore autre chose...

Ne mélangeons pas tout, nul besoin d'une organisation politique pour aimer et danser le tango ensemble, cultivons simplement notre tango comme un immense espace de liberté, il n'en reste pas tant que ça aujourd'hui, unissons-nous mais sans chaîne, sans menottes et sans baillon, avec au contraire tous nos sens grand ouverts à la découverte et à la vie. Il n'y a rien à signer pour ça, pas d'engagement ni de bail en perspective, juste à vivre ; est-ce devenu si difficile ?

Ecoutons une voix de sagesse, ne gravons pas nos noms au bas d'un parchemin.

sylvie krikorian
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[L-40] Copie de courrier au ministère, par Christian

[note du modérateur: la mention au blog de Chistophe Apprill ne concerne pas le site diplome.tango]

Chers amis,

Vous trouverez ci-dessous copie du texte que j'ai expédié le 14 avril à Monsieur Jean de Saint-Guilhem, signataire de l'ordre de mission cité sur ce blog.

Pour information.

Christian Dubar (Institut de formation en danses de société de Toulouse)

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Monsieur Jean de Saint-Guilhem
DMDTS
Ministère de la Culture
53 rue st-dominique
75007 Paris


Monsieur le Directeur,

Je vous ai écrit le 3 mars dernier. Sauf erreur de ma part, je n’ai reçu aucune réponse à mon courrier.

Je reviens donc vers vous car une multitude de mes stagiaires me posent des questions sur la mission dont vous avez chargé Christophe Appril et son équipe sur la pratique des danses régionales et nationales, et étrangères sur le sol français.

Dans le courrier que j’avais écrit pour leur blog (et dont je vous avais transmis copie le 3 mars), j’avais signalé que, il y a trois ans, Monsieur Jean-Christophe Paré m’avait déjà demandé de former une fédération qui regrouperait enseignants et pratiquants de ces danses. Travail que j’ai aussitôt entamé avec une équipe sur la France entière, en créant une fédération : la F.F.D.D.S.

Or, aujourd’hui, je me rends compte du fait que Christophe Appril n’a pas été averti de notre existence ni du travail que nous avait demandé Monsieur Paré. Comme, de mon côté, personne de votre ministère ne m’a parlé ni d’appel d’offres en la matière, ni de l’ordre de mission décidé. Je reste très surpris.

Je crois pourtant que, toute modestie mise à part, notre institut est toujours le seul à avoir eu une reconnaissance de la part du ministre de la culture en matière d’enseignement et de formation professionnelle en danse de société ; comme je suis le seul universitaire de France, à ma connaissance, à avoir théorisé sur ces pratiques et ces enseignements des « danses régionales et nationales, et étrangères sur le sol français ».

Loin de mon esprit l’idée de réclamer quoi que ce soit. Je ne cherche qu’à comprendre la cohérence de ces deux demandes issues du même ministère, de façon à pouvoir décider intelligemment, si possible, de l’objet sur lequel je dois mettre mon ardeur, mes connaissances et mon temps, ainsi que la bonne volonté du millier de personnes que
j’ai entraînées dans cette aventure, sous la responsabilité de votre ministère.

Nous nous posons donc la question sérieuse de l’intérêt aujourd’hui du travail que nous menons. Peut-être faut-il que nous arrêtions notre recherche ? Voici la question principale que les personnes que j’ai déjà regroupées, et qui commencent à représenter plus d’un millier d’adhérents, me posent.

Je dois venir le 15 mai prochain à Paris car je suis invité, par sa Directrice de cursus, Madame Michelle Nadal, à assister au premier examen d’écriture de la danse (système Pierre Conté), au conservatoire de la Ville de Paris (centre). Je souhaiterais en profiter pour venir m’entretenir avec vous, si vous voulez bien m’accorder un rendez-vous. Voici le n° de mon portable pour faciliter le travail de votre secrétariat : 06 xx xx xx xx.

Je ferai aussi en sorte de rencontrer un certain Monsieur Baconnier au ministère des Sports, ce que m’a conseillé Madame Noune Marty, Présidente de la F.F.D., qui est une bonne amie, mais qui s’est alors avouée sincèrement incapable de me dire ce qui se passait en ce moment. Ce monsieur travaillerait à un accord entre les deux ministères…

Sur ces questions… Je n’en sais pas plus, malheureusement. Et je compte sur vous…

Dans l’attente de votre rapide réponse, je vous prie d’accepter, Monsieur le Directeur, mes respectueuses salutations.

Christian Dubar

N.B. : Copie transmise ce jour à Christophe Appril par l’intermédiaire de son blog.
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[L-39] Réponse à Raphael, par Pierre

[ note du modérateur: les récentes contributions traitant de la notion de mise en place d'une fédération de tango argentin sont pour l'instant classées dans la rubrique "asso": messages qui évoquent le fonctionnement associatif (cf. mode d'emploi du blog) ]

Bonjour,

Je trouve ces informations complémentaires très intéressantes. Mais j'en déduis que la seule forme possible est le réseau, pour la seule est simple raison qu'il n'est pas possible d'obtenir quelque vote démocratique que ce soit, uniquement à cause de la forme qu'a pris le développement du tango en France et dans le monde.

En effet, récemment un blogueur avait justement attiré l'attention sur le fait que l'on parlait "d'association" de façon un peu abusive car cette notion était utilisée finalement pour désigner des formes juridiques très diverses :

- associations Loi de 1901
- associations informelles (il en existe, et leur non formalisme ne doit pas les exclure du mouvement)
- des écoles de danses sous formes associative
- des écoles de danse de tango argentin très proches, sur le fond, des associations 1901 spécialisées Tango argentin
- des enseignants travaillant en leur nom propre mais faisant un travail très proche des associations Tango Argentin
- etc... il y a bien d'autres formes.

Comment, dans ces conditions, obtenir un avis sans exclure personne, mais en plus comment obtenir un avis équitable.

Car un nouveau problème se pose : doit-on attribuer une voix et une seule par association ce qui paraît formellement équitable, mais qui ne l'est pas en réalité, puisque certaines associations regroupent plusieurs centaines d'adhérents et d'autres que quelques-uns. Celui qui est tout seul et qui organise une milonga par mois aura autant de poids qu'une grosse association ?

Bref, on voit bien que si on poursuit le raisonnement on se précipite contre un mur et surtout que l'on n'en pas fini avec des débats sans intérêt.

La forme réseau est plus souple car elle permet de mettre en lien des acteurs hétérogènes du point de vu de leur statut, de leur nombre etc... puisqu'il n'y a pas de "représentation" du réseau. Et surtout le réseau qui se réfère à une Charte minimaliste, neutralise tous les éventuels conflits... Elle correspond à l'état de ce qu'est le tango en France et dans le monde.

Le seul désavantage : il ne nous permettra pas de connaître les lambris du Ministère.

Amitiés à tous.

Pierre Vidal-Naquet
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[L-38] Réseau, Confédération ou Fédération: différentes formes de représentations existent ! par Raphael

[ note du modérateur: les récentes contributions traitant de la notion de mise en place d'une fédération de tango argentin sont pour l'instant classées dans la rubrique "asso": messages qui évoquent le fonctionnement associatif (cf. mode d'emploi du blog) ]

Lors de la dernière réunion du *Temps du Tango* à Paris (le 30 Mars dernier, réunion faisant suite à l'université d'été du Tango, 2007) concernant ce débat et pour répondre à la demande du ministère de la culture conseillant de former une *Fédération* des Association de Tango Argentin (seule façon, selon le ministère, de se faire entendre et pouvoir exposer nos (associations de tango) besoins et nos souhaits auprès du Ministère de La Culture) l'éventuelle nécessité de créer une fédération du Tango Argentin en
France a été abordée et débattue.

Je rappelle ci-dessous que *différentes formes de représentations existent *et qu'il convient de porter attention aux implications de l'une ou l'autre des formes possibles de représentation entre réseau, confédération et fédération. Il semblerait notamment démocratique que la forme de représentation fasse l'objet d'une vote de l'ensemble des associations de tango argentin en France! *De facto* choisir la forme la plus centralisée (i.e. Fédération) n'est pas sans conséquence pour le devenir du tango argentin en France. Un positionnement clair de la part de chacune des associations de tango en France garantirait à la forme retenue une forte *légitimité* et *l'adhésion*des membres de chaque association.

Les modalités de ce vote resteraient bien sûr à définir pour garantir la meilleur représentativité possible de la voix de chaque adhérent, et il semble tout à fait réalisable qu'un vote soit organisé au sein de chaque association et les résultats mis en commun à l'échelle nationale.

*Le réseau*
Des associations ayant des affinités, d'un même champ d'action ou poursuivant des objectifs proches peuvent se mettre en réseau. Dans ce cas, il s'agit d'une simple mise en relation, de l'organisation de rencontres, de publications communes. Un budget peut être requis pour ces activités et un règlement adopté afin de fixer les modalités de fonctionnement. Mais en aucun cas le réseau ne peut imposer quoique ce soit à ses membres, ni adopter de position commune sans l'avis de tous ses membres. Le réseau
fonctionne sur la base du consensus et les votes sont réservés à des questions très limitées (élection d'un bureau, quitus lors des Ag, décisions pratiques, etc.).

*La confédération*
Alors que le réseau se dote d'outils communs minimum pour faciliter son fonctionnement (un secrétariat, un bureau, un budget de fonctionnement, un bulletin, etc.), la confédération met en place un pouvoir central qui va chapeauter les éléments ainsi fédérés. Toutefois ceux-ci conservent leur pleine autonomie et une relation contractuelle s'établit avec l'autorité centrale. Celle-ci peut d'ailleurs ne s'appliquer que dans des domaines très précis (qu'elle peut élargir progressivement). Il y a unité de l'ensemble,
mais préservation d'une diversité interne.

*La fédération*
Alors que la confédération regroupe un ensemble d'éléments bien distincts, la fédération va entreprendre un processus d'assimilation au bénéfice du pouvoir central. L'appartenance à l'ensemble va primer sur celle de sa partie. Dans de nombreux domaines, le pouvoir central va s'adresser directement aux personnes, par dessus leur association.

*Sources: Maurice Croisat, 2005 – article Fédéralisme dans le dictionnaire
des idées, Encyclopaedia Universalis, pp. 294-296*

Raphael Marcelpoil,
Président d'Ecos del Plata
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[L-37] Une bribe de réflexion concernant l'enseignement du tango... par Raphael

A mon avis, cet enseignement dépasse de loin la réduction à laquelle on cherche à tendre en l'appréhendant à travers le projet de diplôme de professeur de tango, en voulant le pasteuriser, le normer, afin qu'il puisse enfin, parce qu'il représente aujourd'hui un marché, être enseigné notamment en école de danse…

Le tango est une matière vivante, un art, une musique et une danse, une émotion partagée ET une culture, qu'il importe de découvrir, d'expérimenter, de s'approprier, de vivre. C'est un voyage qui commence par une écoute, une ouverture suscitée par une émotion, et qui demande pour se poursuivre l'acceptation de ses forces et ses faiblesses dans sa relation à l'autre, à son/sa partenaire dans l'intimité de l'abrazo.

Si les « profs » représentent une partie importante dans l'aide à l'approche et à la transmission de cette culture, le vécu de cette danse (lors des stages, pendant les cours, les pratiques, les milongas, seul dans l'écoute de sa musique ou si nombreux dans la ferveur d'une milonga) et le lien tissé entre les membres de l'association, des danseurs, du débutant au maestro, constituent le creuset, la matrice, l'abrazo, sur lesquels le débutant va pouvoir compter, à partir desquels il pourra écouter, s'initier, apprendre, échanger, transmettre, construire son libre arbitre, décider ou non de s'impliquer plus personnellement pour embrasser cette culture.

Dans un projet associatif il y a une politique partagée et mise en place par les membres de l'association. Une association n'est pas un bien de consommation, c'est une volonté qui se met en mouvement. Chacun y est (devrait y être) acteur, moteur de son fonctionnement et de son évolution.

Chercher à créer un diplôme de professeur de tango c'est vouloir réduire le tango à un bien de consommation, et pour quels motifs, pour quelles raisons? ; N'y a-t-il pas assez de biens de consommation pour en rajouter un, dénaturer et normer une culture afin de la vendre sous emballage plastique estampillé.

Si la question est d'ordre juridique et financière, alors que l'on réfléchisse sérieusement à ces questions avec les ministères concernés. En qualité de citoyens du monde, que l'on contribue à réfléchir à la forme sous laquelle toute personne porteuse d'une richesse culturelle particulière (française ou étrangère) peut contribuer au partage de sa culture sur notre territoire, en Europe, et plus particulièrement dans le contexte du tissu associatif culturel. Néanmoins refusons l'idée de normer les pratiques de danses régionales ou nationales de France et du monde en général (quelle arrogance), du tango argentin en particulier, dans ce seul but. Là se trouve le véritable danger pour la culture en général et le tango en particulier.

Raphael Marcelpoil
Ecos del Plata
Grenoble
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[L-36] qui trop embrasse, mal étreind, par Claire

J'interviens à propos des derniers messages parus sur le Blog :

Christian Dubar a délivré de longs messages en faveur de la création d'une Fédération, avec mode d'emploi, statuts, historique, ... en rappelant sa propre expérience, son parcours de formateur en danse de société, sa vision de la danse à deux ..

on ne peut que le remercier de sa courageuse et vigoureuse contribution.

Mais "qui trop embrasse, mal étreind" ! je souris face aux derniers propos et je rétorque en faisant court :
L'abondance argumentaire ne parvient pas à me persuader, malgré la passion, l' énergie et l' intime conviction qu'il déploie, de l'existence d'un mariage d'amour ou de raison entre tango argentin et danses de salon, de la nécessité de confondre l'ensemble dans un même et unique registre/appellation qui serait "les danses de bal", de l'existence pour le tango d'un effet mode ou " phénomène de société" (surtout en comparaison avec la Salsa !), de l'intérêt d'une formation "de base" unique (tronc commun??) pour toutes ces danses confondues, de l'incongruité de toute revendication culturelle spécifique dans le tango sous prétexte que toutes les danses s'apparentent à une culture, et de la perte de liberté vécue par tout danseur de tango (vu qu'il a été privé du package total : valse, rock, cha-cha et tout le reste pour le même prix !!)

Je suis admirative du travail que Christian Dubar réalise dans son domaine, les danses de société, et de l'ouverture qu'il a initié, en faisant appel à des danseurs de tango argentin pour enrichir les approches pédagogiques de la danse à deux, et peut-être chercher des notions fondamentales transversales à l'intérieur de ces danses, sauf que jamais je ne pourrais adhérer à sa vision standardisée, uniformisée des danses de couple, auquel le tango argentin devrait appartenir au même titre que la valse ou le reste, au prétexte qu'il se danse en couple et en bal ! quelle réduction sinon castration! chaque danse de couple se réfère à une histoire, sociale, politique, géo-politique, économique, culturelle, aucune n'a eu le même rôle, sens, impact, statut dans la société ou elle a vu le jour, aucune n'a eu la même portée culturelle, la même durée, la même richesse créative, le même génie d'adaptation et d'évolution... le tango est dans sa phase de pleine évolution, bien vivant et en bonne santé, surement pas du tout prêt à se laisser posséder ! il faudra surement être encore un peu patient avant qu'il ne se rende .. à ce devenir mortel ! N'en déplaise aux Ministères, ou aux Fédérations , quels qu'ils soient !!

Si j'ai choisi, comme beaucoup, d'apprendre le tango argentin, et pas le reste, c'est qu'il y a une, non, des multiples raisons que Christian Dubar ignore (moi-même ne les connaissant pas toutes encore!!) donc je suggère au Ministère de la Culture de réorienter rapidement le sujet de l'enquête sur :
"Qu'est-ce que le tango a de plus que le reste, qui nous échappe , bordel?"

Je danse le tango argentin, pas le rock, et j'entends rester libre de mes choix ! je préfère apprendre l'espagnol que le chinois (surement je fais une grossière erreur!) je préfère manger bio, la musique flamenca m'émeut plus que la salsa ...etc.. mais je n'empêche personne d'aimer le contraire, ou de faire l'inverse ! Le jour ou je déciderais que la valse viennoise est un incontournable pour évoluer dans le tango, ou bien que la Salsa est indispensable pour jouir de la vie, eh bien je m'y mettrais à mon insu, de mon plein gré !

Ceci dit, je voudrais conclure sur le rôle du Blog : c'est peut-être en effet dommage que ce soit un peu toujours les mêmes que l'on retrouve au fil des messages, que beaucoup d'artistes (musiciens, danseurs professionnels, journalistes ..) ne nous fassent pas partager leur opinion (comme semble le regretter Sonia) mais nous n'en sommes qu'à 8 semaines d'échanges ! il faut du temps pour lancer un débat de cette importance et pour que l'ensemble des personnes concernées ait connaissance de ce qui se trame !

Cela n'empêche ! Déjà, au minimum 3 tendances divergentes semblent se dégager et se confronter :
- la premiere attachée à une certification privée (sur le modèle des danses de société) et qui voit le Tango argentin regroupé avec elles au sein d'une Fédération des danses de bal et enseigné dans les écoles de danse (au passage on enlève l'appellation "argentin" pour parachever l'assimilation-appropriation)
- la deuxième opposée à une certification, défenseur de "l'associatif" et convaincue de la nécessité de créer une Fédération du Tango comme il existe une Fédération des danses sportives, une Fédération du Judo ou une Fédération des chasseurs (on va dire une supra-association, regroupant les assos de tango par adhésion volontaire, représentant leurs intérêts au niveau national sur la base de l'adoption d'une Charte)
- la troisième opposée à toute certification et opposée au principe d'une représentativité sous forme de Fédération du Tango argentin mais s'accordant sur le principe d'une Charte
- et un grand quatrième qui ne sait pas (ni n'est au courant de l'enquête, ni du Blog, ..)ou qui ne se prononce pas encore, ou qui tient à rester "neutre", ou qui n'a pas envie de faire partager son avis à tout le monde !

Le Blog est une tribune libre, chacun s'exprime individuellement, personne ne s'exprime en porte-parole de la communauté tanguera donc tant qu'il n'y aura pas eu une vraie concertation au niveau national, une vraie rencontre de toutes les assos, il sera difficile de savoir quel poids représente ces divergences .. en attendant, il reste un outil d'échange de points de vue et d'information, il permet de lire, d'entendre et de comprendre bien des choses et pas que des évidences, et il dévoile beaucoup de la face cachée de nos projections .

Claire
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[L-35] Petite grenouille et pensée unique, par Sonia

Le paradigme de la grenouille : plongez une grenouille dans de l’eau bouillante, et elle va se débattre furieusement et essayer de se sauver (on lui souhaite). Mettez-là dans de l’eau froide, et faites chauffer tout doucement, la grenouille va mourir avec un air béat, sans se rendre compte de rien (c’est moins cruel, mais nettement moins bon à déguster).

Ce paradigme est souvent utilisé pour expliquer les dangers de la pensée unique, et de l’occultation des influences extérieures : dans tout système social, celles-ci ont pour effet d’anesthésier les analyses, et d’empêcher les possibilités d’évolution. La mort politique, culturelle, économique, ou sociale, n’est pas loin. La lecture du dernier numéro de la Salida me fait penser à ce paradigme : on y baigne dans l’eau tiède et la pensée unique.

Commençons par la première page, ça attaque fort : « passé le coup de colère … » Comment justifier ce coup de colère ? Résulte-t‘il d’une enquête approfondie, d’une prise de connaissance de tous les aspects du problème, de la mise en balance d’éléments contradictoires ? Non, la colère est un sentiment, rarement le fruit d’une réflexion. Un diplôme proposé, une enquête du Ministère, et tout à coup la pensée unique est remise en question : réaction à chaud et sans fondements. En plus se mettre en colère aussi rapidement contre ce que font les autres, privés ou public, c’est s’arroger le droit, à priori, et sans analyse approfondie, de juger, donc de se considérer comme capable de le faire, donc d’être supérieure aux personnes concernées. On te pardonne Elizabeth, car ce que tu dis après, n’est pas sans intérêt, mais, à mes yeux, tu as réagis à une agression de cette pensée unique dont tu es imprégnée, et qui malheureusement s’est installée dans le Tango en France.

Continuons avec la suite du débat : sans juger sur le fond, il est remarquable que ne s’expriment que Christophe, ses amis, ou ceux qui l’on côtoyé. Point de véritable contradicteurs, pas d’apports différents : là encore on est dans la pensée unique, voire le nombrilisme. Heureusement, Pierre Vidal-Naquet, encore lui, apporte un point de vue plus distant, plus réfléchi. J’adore ! (Rassure-toi Pierre, je drague pas, je suis casée, mais limite création fan club). Il aurait fallu laisser s’exprimer d’autres personnes différentes, et apportant d’autres points de vue. On ne peut pas sans arrêt brandir la culture, et ne pas laisser s’exprimer Musiciens, Poètes, Cinéastes, et autres artistes. Et les pratiquants d’autres danses, pourquoi pas. ? Qu’en penses t’ils dans le Hip Hop, il risquent d’y passer eux aussi. Et laisser aussi, la parole dans la Salida à ceux qui sont favorables au diplôme d’Etat : toujours la pensée unique considérée comme incontournable.. Cela pourrait crédibiliser le débat (et la neutralité du journal), aider à la réflexion, et peut-être nous donner des contre arguments … Regardez ce Monsieur Dubar, à force de s’exprimer, il a permis à Elizabeth (et là, chapeau, ça c’est de l’analyse et de la réflexion) de cerner certains dangers de son approche … (Curieux de vouloir inclure le Tango dans les autres danses, d’être absolument contre un Diplôme d’Etat, de fustiger l’action du Ministère, … et d’aller ensuite y implorer une reconnaissance, laquelle est unique, bien entendu, et fournit un excellent argument publicitaire).

Enfin, cerise sur le gâteau, le point de vue de Mark Pianco, d’un conformisme éculé sur la valeur pédagogique des Argentins de passage en France. Là, c’est la pensée unique à son paroxysme. A croire qu’il n’a jamais assisté à ces multiples stages où le « Maestro » qui vient se remplir les poches en tournée, montre rapidement un pas, au milieu du cercle de contemplatifs acquis à la cause, et file s’asseoir pendant vingt minutes à boire son café, le tout à des tarifs oscillants entre 120 et 400 Eu de l’heure (et oui, mais là cette merchandisation ne gêne personne ; quant à la culture …). D’autres plus consciencieux, vous expliquent doctement : « pour que la figure passe, il faut que le cavalier fasse son pas un peu plus à droite ». Et ça marche, la figure passe (c’est bien de la figure qu’ils viennent nous vendre pour la plupart), et les acquis à la cause apprécient d’un hochement de tête connaisseur cet extraordinaire exploit pédagogique. Au fait, pourquoi si le pas est un peu plus à droite, ça marche ? Mystère, ça on ne le saura jamais. Ca de la pédagogie ? Et la culture ? Rigolade oui. Et là soyons précis, je parle du haut niveau, comprenant une bonne moitié d’une top ten. Mais ils sont Argentins et dansent comme des Dieux, alors l’esprit critique disparaît. Réveillez vous l’eau chauffe, sortez du bocal. Certains enseignants Japonais, Turc ou Américains sont allés beaucoup plus loin dans les méthodes d’enseignements que la plupart des Argentins, à l’exception de Gustavo Naveira, et de quelques autres. D’ailleurs ce même Gustavo, et c’est bien dommage, est très contre versé par beaucoup de ses collègues en Argentine, et son approche ne fait pas l’unanimité. Dommage, je l’ai dit, (quoique il sortira peut-être quelque chose de cette opposition) mais eux, au moins ne sont pas dans la pensée unique. Alors une certification par les Argentins de passage, désolée Mark, c’est totalement risible, d’autant plus qu’ils ne sont généralement pas, comme je viens de le dire, bien d’accord entre eux.

Finalement au bilan : un numéro de la Salida, Ode à la pensée unique, qui n’apporte rien, et surtout rien de plus que ce qui a été déjà dit. Belle occasion ratée. On s’endort ! Bon d’accord j’ai décidé d’être la petite peste de ce forum, et j’assume pleinement. Mais si je me fais l’avocate du Diable, c’est que je pense que pour bien se battre pour ce que nous aimons, la position intellectuelle adoptée n’est pas forcément la bonne, au moins pas suffisante. Il faut s’ouvrir davantage et avoir plus d’audace, pas s’auto conforter dans des idées acquises dans le passé et ressassées dans notre microcosme.

Un bon point : le projet de Fédé avance.

Faites gaffe les petites grenouilles, le monde change et l’eau est train de chauffer … faudrait bouger les pattes, si on ne veut pas finir dans l’assiette !
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[L-34] Réponse à Pierre, par Christian

Bonjour Pierre,

Et merci infiniment d’avoirs pris en considération mes écrits sur ce blog. J’y suis très sensible

Je viens de répondre à Elysabeth, cad que je ne vais pas reprendre certaines choses que tu pourras lire plus bas.

Pour toi, je vais tâcher de m’exprimer clairement sur le fond du travail.

1 — Je te remercie de me préciser que, sur ce blog, vous ne travaillez que sur ce que vous connaissez bien ; le tango argentin. C’est une excellente précision, qui montre toute votre modestie. Et j’approuve totalement.

2 — J’ai bien connu Ernesto Rondo, chanteur argentin exilé à Paris, que j’ai fait venir à Toulouse dès novembre 1990 pour un spectacle avec Annibal Pannunzio, Maguy Dany et l’orchestre de tango d’Olivier . Ernesto est décédé depuis. Chaque fois qu’il m’écrivait, ses enveloppes, que j’ai gardées comme des preuves touchantes, étaient toutes tamponnées à l’encre luminescente : « EL TANGO ES CULTURA ARGENTINA, ERNESTO RONDO ».

Pour dire que je suis bien convaincu de ce que tu me dis, et je vois très bien ce que veulent dire les passionnés du tango argentin, que je respecte profondément.

Pour autant, il me semble que ni la modestie, ni la passion, ne doivent leur faire oublier que leur passion est à égalité avec d’autres passions de danses du bal.

Dans un journal Dansons Magazine consacré au tango, j’avais intitulé le premier article : « Le tango, une philosophie de vie… » Avant d’interviewer des tas de danseurs et penseurs du tango de l’époque (Miguel Angel Arancibia, Henri Vidiella, Rodolfo Dinzel, Coco Diaz, Helio Torres, Michèle Rust, Remi Hess et sa fille Charlotte Hess, Catherine Néri, Annibal Pannunzio, Maguy Dany, etc.) (10/1993).

3 — Qui pourrait dire que la salsa n’est pas un phénomène de société aussi important que le tango ? C’est aussi une culture, comme le rock, le hip-hop, avec une ou des danses, des rythmes, des dynamismes, des looks, des tenues, des textes, des poésies, des revendications, mais surtout une HISTOIRE.

Qui pourrait dire que la valse n’est pas une culture à part entière ? Avec une impressionnante histoire à travers les siècles et le monde. Et des tas de rejetons. Qui oserait dire, sans prendre le risque d’être ridicule, et de blesser les passionnés correspondants, que le rock ou mieux, le lindy-hop ACTUEL n’est pas une culture ? Dois-je prendre d’autres exemples. Voyons la fameuse DANSE COUNTRY qui affole certains aujourd’hui. Et l’autre qui me dit que le zouk est super-répandu en France. Et l’autre qui est
totalement convaincu que la CULTURE DU FORO (Culture populaire de danse à deux du nord du Brésil) sera la prochaine vague de danse en Europe !

Toutes ces danses sont aussi capables d’échanges culturels avec tous les pays du monde : les valses d’Amérique du Sud (péruviennes, brésiliennes, colombiennes), la valse viennoise, le tango suédois, la rumba cubaine, le charleston américain, la samba brésilienne, la polka, les danses irlandaises, etc.

4 — Je te remercie de témoigner du fait que la formation que nous proposons dans mon institut est généraliste et qu’elle peut rendre service à tous les danseurs, dont les danseurs de tango argentin. C’est exactement ce que je cherche à proposer : des informations à tous les danseurs, et surtout, dans mon cas, à tous les enseignants de danse de couple. Et tu dois savoir que je me suis beaucoup intéressé, par exemple avec Plume Fontaine, Christine Caminade, Laurent de Chanterac, à la nouvelle « pédagogie » du tango. Et j’ai déjà transféré beaucoup de mes découvertes, grâce à quelques grands maîtres du tango, dans l’apprentissage des autres danses de couple. Il n’y a qu’eux, ceux qui sont uniquement concentrés sur le tango argentin, qui ne le savent pas, souvent parce que, justement, il ne pense qu’au tango argentin, et qu’ils ont oublié les autres danses.

5 — Je suis tout à fait d’accord avec toi, et je reprends : je ne suis pas d’accord pour une enquête biaisée, quelle qu’elle soit, aboutissent à une formation codifiée, et surtout obligatoire. Je me battrai contre ça. Autant je crois profondément que nous avons un patrimoine commun, et même des réflexions identiques, autant je reste persuadé qu’il faut préserver la LIBERTÉ de chacun à choisir le moyen de PRENDRE SON PLAISIR EN COUPLE, AVEC LA MUSIQUE.

6 — Et si je vais au bout de ma pensée, en toute franchise, au risque de m’attirer des ennemis : je pense que, si l’on veut APPRENDRE à un Français ou une Française à SAVOIR DANSER au bal, la plus grosse erreur est de lui apprendre le rock, OU (pire) le « jive » ; OU la valse, OU (pire) la valse « musette » ; OU le tango, OU (pire) le tango « argentin » ; OU la salsa, OU (pire) la salsa « portoricaine », etc. Car il faut lui apprendre, à mon humble avis, et d’abord : la valse ET le rock ET le tango ET la salsa… Etc.

Pour le reste, on touche au STYLE, donc quelque chose qui est très profond, à l’intimité de la personne, donc à sa liberté ; et, alors qu’on croit lui apprendre à danser avec tous, on réduit son champ et le risque de clonage est alors immense. Je signale en passant que ce fut la raison de la défection des écoles de danses et la motivation première, à l’époque, de la création d’associations « libres ».

C’est un principe de RESPECT DE LA PERSONNE HUMAINE. Je ne danse pas comme un autre, je ne veux pas qu’on m’impose ma façon de danser (ce serait RIDICULE), tout en étant persuadé que nous avons des milliers de choses à nous échanger, sur les danses de société, et aussi sur son enseignement.

Je te remercie encore, cher Pierre, de m’avoir lu, et j’attends tes réactions qui, je n’en doute pas, seront très fines.

Christian Dubar
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[L-33] Réponse à Elisabeth, par Christian

Chère amie bonjour.

Je vous remercie d’avoir lu mes courriers et d’y avoir porté cette grande attention. Je vous remercie aussi pour les compliments qu’elle comporte. Vous me donnez vraiment envie de poursuivre ce passionnant débat qui concerne, vous l’avez compris, non seulement ma passion, mais aussi mon métier.

Tout d’abord, et à défaut de réponse précise à une de mes interrogations lancées sur ce blog, je vais tâcher d’être clair sur quelques points qui me semblent au fondement de ces recherches. (Désolé si tout n’est pas parfaitement rangé, cela prendrait plus de temps).

1 — Je ne suis pas du tout POUR quelque FORMATION OBLIGATOIRE que ce soit, ni QUELQUE DIPLÔME OBLIGATOIRE que ce soit, même émanant d’un ministère public ou d’un autre. Je peux dire au contraire que je suis FERMEMENT CONTRE ces procédés, du moins pour l’enseignement dans le secteur PRIVÉ. Ce n’est que mon avis, mais
voici comment je pourrais le justifier.

En 1989, le parlement français a voté une LOI D’ÉTAT le 10 juillet : « Article premier : Nul ne peut enseigner la danse contre rétribution ou faire usage du titre de Professeur de danse ou d’un titre équivalent s’il n’est muni […] du diplôme de Professeur de danse délivré par l’Etat ou… ». Fin d’article : « Le présent article s’applique aux danses classique, contemporaine et jazz. »

« Article deuxième : Un décret en Conseil d’Etat fixera, en tant que de besoin pour la protection des usagers, les conditions de diplôme exigées pour l’enseignement des autres formes de danses que celles visées à l’article 1et de la présente loi. » Ce qui veut dire qu’une épée de Damoclès pèse sur les têtes de tous les enseignants de danse de société "rétribués" depuis l’époque.

Ainsi, la France est devenue LA PREMIÈRE DÉMOCRATIE AU MONDE À EXIGER UN DIPLÔME D’ÉTAT POUR UN ENSEIGNEMENT ARTISTIQUE DANS LE PRIVÉ ! SOUS PEINE D’AMENDE ET D’EMPRISONNEMENT ! Et notre D.E., dont de nombreux Français se sont alors enorgueillis (surtout ceux qui l’avaient mis en place), a échangé des équivalences avec ses correspondants CHINOIS et CUBAIN, il faut le savoir ! Magnifique référence ! Et quelle grossière erreur, sur le prétexte de protéger le public ! Cette époque est révolue !

Le ministère de la culture a reconnu ses erreurs et certains de ses inspecteurs aimeraient bien faire marche arrière car d’autres se sont alors couverts de honte. Mais c’est aujourd’hui le Parlement qui n’accepterait pas si vite de revoir une telle loi, sans ridiculiser encore plus ce ministère. Donc, il n’y a pas de risque de ce côté-là.

Exemple vécu et preuves : C’est Madame Stanlova, alors directrice d’un centre de formation professionnel à Paris, qui, la première, dès la rentrée de septembre 1989, brutalement court-circuitée par cette loi et par la mise en place des IFEDEM et CEFEDEM du ministère, qui a dû se défendre et aller en justice pour avoir le droit de
poursuivre ses activités. Elle a été défendue pas une personne que je connais bien aujourd’hui : Me Roland Lienhardt, avocat au barreau de Paris.

Ce dernier s’est alors rendu célèbre dans notre milieu, et au ministère de la culture (pour ceux qui ont bien voulu le lire) en 1998 avec son livre : « Cultivez-vous, il m’en restera toujours quelque chose ! » (Paris), dans lequel il dénonce près de 700 officiers du ministère de la culture de l’époque, entre autre de "pantouflage" et de prises illégales d’intérêts personnels (il faut savoir qu’aucun d’entre eux ne l’a jamais attaqué en justice ; chacun en fera la déduction qui s’impose). Vous pouvez aller le rencontrer à Paris en prenant rendez-vous. J’ai évidemment son livre.

Tout ceci pour dire que, non seulement je suis CONTRE toute forme obligatoire d’enseignement ou de diplôme, mais que je suis tout à fait prêt à ARGUMENTER dans ce sens, en relevant toutes les erreurs auxquelles la loi de 1989 a conduit. J’ai déjà mené de longues argumentations, autant contre cette loi que contre la danse sportive,
dans ma thèse dont le sujet était, je me permets de vous le rappeler, : « Danse : Sport, Culture ou Education ? Le problème de l’enseignement des danses de société en France » (1999, Paris VIII).

2 — Non seulement je suis contre, mais je suis donc CONVAINCU qu’il n’y a AUCUN DANGER à ce que le ministère de la culture refasse certaines des erreurs qu’il a faites par le passé.

3 — Autre raison : Le ministère n’interviendra pas, particulièrement pour des formes de danse DONT IL N’A AUCUNE CONNAISSANCE, dont il ignore tout : la technique, l’histoire, la culture, la musique, la pédagogie, l’histoire du métier, et j’en passe. Il compte sur vous, sur moi, sur Christophe Appril, et sur toutes les bonnes volontés pour faire l’étude dont il devrait se charger. Sauf à dire que, si les enseignants de danse de bal souhaitent une reconnaissance, ou des protections, il leur appartient de se regrouper, de se compter et de se faire connaître. S’ils sont assez nombreux, et cohérents, et insistants, cet organe public leur sera peut-être redevable, au minimum, d’une écoute attentive.

4 — Il faut bien séparer la réflexion sur L’ENSEIGNEMENT (rétribué) qui est toujours libre et le restera je pense, et la COMPÉTITION (vous parlez de compétition de tango argentin). Personne n’a plus le droit, depuis la création de la délégation de pouvoir le 8 août 1989 par Roger Bambuck alors ministre des Sports, d’organiser « un championnat de France » quelle que soit la danse. Seul la fédération délégataire, et seulement son comité de danse sportive (et pas les autres comités de la F.F.D.) sont autorisés à cela. Sous peine d’attaque en justice, mais surtout de fermeture des voies européennes et internationales des championnats qui ne reconnaissent que les membres réguliers et les entraîneurs déposés de la F.F.D.

C’est dire que tout groupement autre que la F.F.D. n’a aucun pouvoir d’organiser quoi que ce soit, sauf à rester confidentiel et sans aucun espoir de poursuivre à plus haut niveau.

Donc toutes ces personnes qui font du sport n’ont aucune voix au chapitre concernant l’enseignement. La F.F.D., par exemple, ne peut mettre en place qu’un DIPLÔME FÉDÉRAL. Mais, elle ne l’a toujours pas fait depuis 19 ans, pour des questions de guerres intestines aussi qui perdurent. Je ne pense pas qu’elle le fasse jamais. Je suis un bon ami de sa présidente actuelle, Madame Noune Marty, que j’ai eu au téléphone dernièrement, et qui, sauf le respect et l’amitié que je lui dois, m’a quand même dit « qu’il se passait des choses en ce moment, mais qu’elle n’y comprenait rien ! » (Sic)

5 — Il faut savoir que, depuis plus de 50 ans, de nombreux groupements ont tenté, par toutes sortes de moyens, et de ministères, de mettre en place soit une formation obligatoire, soit un diplôme obligatoire, certains un B.E. (Sports), ou un D.E. (Culture). TOUS ONT TOTALEMENT ÉCHOUÉ. Rien n’a jamais marché ! Surtout parce qu’ils visaient un diplôme OBLIGATOIRE, donc HÉGÉMONIQUE. Souvent, leur but était plus d’empêcher leurs collègues de travailler que de faire valoir leur métier. Il ne faut
ni tomber dans cette erreur, ni la craindre. Statistiquement, cela N’A JAMAIS MARCHÉ, et une énergie immense a été perdue.

6 — Suite à mon travail, je serai éventuellement POUR un cursus de formation généraliste pour tous les éléments qui constituent les bases de la danse de bal à deux. Je serais POUR un cursus RECONNU (mais NON OBLIGATOIRE), ET VÉRIFIÉ À PARTIR D’ÉLÉMENTS DE FOND, DE BASE : les éléments des facteurs communs à toutes les danses : l’espace, le temps, la nuance, l’accentuation ; dont les rotations, les contacts, la souplesse, les vitesses… ; et surtout tout ce qui est spécifique aux danses de bal et de couple : le contact, l’énergie de couple, le flux, le déplacement à deux, le non-agrippement, les positions relatives, l’écoute, l’interaction… Enfin, l’expression et la créativité, sans oublier le PLAISIR, la TECHNIQUE n’étant jamais une fin en soi, mais seulement un MOYEN parmi tant d’autres. Et j’en passe ! Je me bats pour une véritable ÉDUCATION EN DANSE DE COUPLE, avant toute spécialisation dans un style. C’est la « philosophie » que je tente de développer dans mon Institut, où je rêverais que tous les danseurs se retrouvent (ce qui fonctionne déjà très bien, même avec le tango argentin…).

7 — Je suis POUR une étude nationale, un recensement (qui incomberait à un ministère, mais pourquoi pas à une structure extérieure, neutre et fondamentalement généraliste) du métier de PROFESSEUR DE DANSE DE SOCIÉTÉ (ou de bal, comme vous voudrez). Que nous puissions prouver que notre métier est un VRAI métier = qu’on peut en vivre honorablement, que nous sommes nombreux, que nous avons beaucoup d’élèves, et des passionnés, et de tous horizons. En vue de demander la CERTIFICATION de ce métier à l’organisme correspondant : la C.N.C.P (Centre National de la Certification Professionnelle), qui ne se mettra pas en mouvement pour quelques professeurs de zouk, de country ou de mazurka, EN AUCUN CAS (il faut être logique). A la fois, il n’y a là AUCUN RISQUE, et, en même temps, il est inutile de travailler hors leur cadre de fonctionnement. C’est peine perdue !

J’en profite pour répéter, en tant qu’organisme reconnu par le ministère de la culture, que nous avons déjà monté un dossier de demande de certification qui avance. Il ne faudra pas être surpris que nous avancions encore et que nous aboutissions, éventuellement, si personne ne se décide à entrer dans une réflexion plus étendue, plus calme, plus professionnelle, plus tolérante ; et, peut-être, à nous rejoindre.

8 — Je n’ai AUCUNE INQUIÉTUDE concernant le lien éventuel entre ce type d’enquête et le MINISTÈRE DES IMPÔTS. Cela fait déjà des années que je travaille de façon honnête et transparente, et que je ne crains plus personne dans ce domaine. Et nombreux sont mes collègues qui fonctionnent de la même façon. Je vous conseille de
ne pas tout mélanger, et de vous débarrasser de certaines vieilles angoisses bien françaises, mais qui ne devraient plus avoir cours aujourd’hui.

9 — Pour terminer, je pense qu’il faut SE poser la question, et LA poser (ce que j’ai fait mais sans réponse encore) au ministère de la culture, pour savoir pourquoi, à trois années d’intervalle, des inspecteurs différents de ce ministère ont commandité la création d’une fédération, en lançant deux groupements sur le même genre
de travail, et sans en avertir ni l’un ni l’autre ? Cela nous éviterait peut-être de perdre notre temps à pérorer dans le vide… Ne pensez-vous pas que c’est peut-être la première question à se poser ?

Avant de répondre à Pierre, ce que vous pourrez lire en suivant et où vous trouverez peut-être des éléments qui concernent votre mail, sachez que je ne fais pas du tout le projet que le travail de cadrage que je tente de faire dans les danses de société aboutisse à une modélisation. Certainement pas ! Par contre, si mon travail et mes réflexions peuvent servir de piste d’évolution dans la reconnaissance de nos passions (chorégraphique comme pédagogique), j’en serais très fier, à condition que chacun y prenne ce qui lui correspond et continue à développer sa spécificité, sans perdre un respectueux dialogue avec tous, et sans esprit de rivalité.

Je vous adresse mes très amicales salutations.

Christian Dubar, dimanche 13 avril
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[L-32] Réponse à Christian, par Pierre (temps du tango)

Réponse à Christian Dubar,

Bonjour Christian,

Merci de ton apport très documenté et utile dans ce débat, cependant il me semble que nous ne nous situons pas sur le même plan. Tu sembles déplorer que les interventions sur ce blog se limitent à ne parler que du tango argentin sans élargir aux autres danses. Nous nous bornons simplement à émettre un avis sur notre domaine de compétence, le tango argentin, et il ne nous viendrait pas à l’idée d’émettre des recommandations sur l’apprentissage du quick-step ou de la valse anglaise, domaine qui nous est mal connu ou inconnu…

Par ailleurs tu sembles limiter le tango argentin au seul domaine de la danse de couple, lui-même sous-classe de la famille des tangos, alors que pour la plupart des intervenants de ce blog, le tango argentin est avant tout une culture à vivre dont la danse n’est qu’un des aspects ; je prendrai comme exemples, dont l’un a d’ailleurs déjà été cité, la place de la danse dans les deux revues nationales consacrées au tango argentin « Tout Tango » et « La Salida ». Il est évident que ce sujet très souvent ne constitue pas le thème central de ces magazines, contrairement aux autres revues traitant de la danse de couple, alors même que le nombre de danses abordées y est beaucoup plus important (cinq danses latines, cinq danses standards…. )

Je prendrai comme autre exemple deux festivals importants :

- Tarbes, où parallèlement aux cours de danse, ont lieu des stages de musique, des conférences, des concerts, des projections de films, des spectacles de théâtre, des expositions d’art …..

- Prayssac où sont donnés des conférences, des cours d’espagnol, des concerts…. Sans parler de l’Université d’été du tango où la danse est très marginale par rapport aux autres activités….

Ceci représente une spécificité du tango argentin où tous les aspects artistiques sont liés, par rapport à d’autres types de danses de couple; encore que certaines d’entre elles aient des démarches proches, par exemple en danse traditionnelle, où me semble-t-il, les participants attachent beaucoup d’importance aux costumes, aux coutumes, et qui à ce titre, passent énormément de temps à faire des recherches historiques, à se confectionner eux-mêmes leurs costumes etc….

De même en salsa, il y a de nombreux échanges culturels avec les pays d’origine, des voyages….

Au vu des réactions dans les forums, il me semble d’ailleurs, qu’ils ont les mêmes inquiétudes que nous par rapport à l’enquête du ministère de la culture …..(voir quelques réactions
http://w2.webreseau.com/fr/services/forums/message.asp?id=73984&msgid=6088277&poster=0&ok=0
intéressantes sur le forum
http://w2.webreseau.com/fr/services/forums/message.asp?id=73984&msgid=6089781&poster=0&ok=0
du temps du tango)

Si l’on ne considère que l’aspect danse du tango argentin, qui est un aspect quand même réducteur, bien sûr, il y a de nombreux fondamentaux communs avec les autres danses de couple (gestion de l’espace, communication dans le couple, travail sur l’axe etc…) .

Je connais le sérieux de ta formation et je sais qu’elle peut apporter une aide efficace en terme de connaissances musicales, de structuration du cours, de culture, d’ouverture d’esprit …. à des personnes enseignant le tango argentin. De même, je pense que l’initiative de l’ouverture d’un centre de formation par Marseille Tango et la Real Academia permet d’éviter à des personnes venant d’autres danses, d’explorer des voies inutiles et de rentrer de façon cohérente dans l’apprentissage de connaissances directement applicables. Cependant cette formation n’est qu’un mode d’apprentissage parmi d’autres (masterclass, stages résidentiels d’artistes invités, voyages à Buenos-Aires, workshops à l’occasion des différents festivals, stages de formation professionnelle AFDAS etc…..). Chacun peut choisir suivant sa sensibilité le type de formation le mieux adapté. Je trouve d’ailleurs hypocrite, l’argument qui consiste à ne juger cette formation qu’à l’aune de son prix global quand on voit le prix horaire pratiqué dans la plupart des formations…. En sachant que ce prix est souvent justifié par des contraintes économiques …..

Je ne souhaite pas qu’une enquête biaisée aboutisse à ce que le ministère de la culture impose un cursus obligatoire pour enseigner les danses de couple (dont le tango argentin), et que ce cursus oblige à passer sous les fourches caudines d’un institut quel qu’il soit, institut qui aurait le monopole de cette formation et imposerait des
remises à niveau régulières obligatoires et bien sûr payantes….. Je suis pour une offre de formation, mais une offre diversifiée et abondante dans laquelle on puisse choisir librement.

Il me semble que cet avis est partagé par une majorité d’intervenants sur ce blog. C’est la raison pour laquelle, les personnes concernées par ce problème réagissent et proposent de résister à ce diktat potentiel du ministère sous des formes diverses : assises, fédération, coordination…..

Il se peut que notre problématique soit partagée par d’autres types de danse et qu’il serait peut-être utile d’élargir notre action à d’autres acteurs… Néanmoins, nous avons déjà une expérience en ce domaine, car nous avons été confrontés à ce problème en 1997 quand une organisation professionnelle avait manœuvré pour établir un monopole de formation…

Ceci avait débouché sur l’élaboration d’une charte du tango argentin…..

Pour l’instant nous essayons d’avoir une démarche cohérente entre nous, pour éviter que la structure à mettre en place ne reproduise les défauts qu’elle est censée combattre, à savoir : un monopole et donc une prise de pouvoir d’un groupe sur l’ensemble des participants.

Bien à toi,

Pierre Lehagre
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[ecos del plata] Ministère de la Culture et réglementation du tango Argentin... par Marie-Pierre

[repris depuis le forum de Ecos del Plata (Grenoble)]

Petits éléments de réponses,de questions livrés en vrac sur le sujet.
(réponse déjà fait et envoyée mais je ne sais où... dans le doute je nem'abstiens pas mais recommence)

Généralement on n'aime pas être observé... En quoi cela est il gênant pour nous? De quoi avoir peur? Pourquoi ne voir du négatif dans cette enquête? Biensur il faut être vigilant....

Dans un premier temps il est question du quantitatif, d'un état des lieux pour comparer par exemple la pratique de la danse par rapport à la pratique d'un sport qui comptent des licenciés; il y aura a dans un deuxième temps une étude qualitative sur le terrain.
Le questionnaire est envoyé à toute les structures concernée(école de danse privée, association...)Cette étude ne concerne pas que le tango.
Les mêmes questions se sont posées lors de la mise en place du DE en danse classique, jazz et contemporaine.
Qui va évaluer?
Cela va être la mort de la contemporaine,il ne va plus y avoir d'évolution.....Ce n'est pas ce qui s'est passé
Mais transmettre ce n'est pas codifier .
Réfléchir à comment transmettre? Quoi transmettre? Quels sont les fondamentaux?
Cela me parait interressant et vivifiant.
Un bon danseur n'est pas forcément un bon enseignant.
Etre remis en cause de l 'extérieur permet aussi de ne pas s'endormir.

Quand on voit toutes les propositions de stages, de cours qu'il y a dans les magazines de tango on peut comme le dit la chanson: se poser des questions... comment s'y retrouver,surtout quand on est débutant?

La suite à plus tard...
C'est important d'échanger,surtout si on n'est pas d'accord sur tout.
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[L-31] Contribution de Elisabeth en réponse à Chistian

[ note du modérateur: les récentes contributions traitant de la notion de mise en place d'une fédération de tango argentin sont pour l'instant classées dans la rubrique "asso": messages qui évoquent le fonctionnement associatif (cf. mode d'emploi du blog) ]

En complément des contributions de Monsieur DUBAR

Je remercie Monsieur Dubar de ses différentes contributions que je trouve intéressantes, et passionnantes et surtout très instructives. Elles permettent de fournir des arguments qui alimentent la réflexion de chacun. En ce sens ses contributions font vraiment avancer le débat. Je reconnais bien là, la perspicacité d’un professionnel, d’un chef d’entreprise, et la remarquable vision d’un universitaire.

Nous l’avons bien compris, grâce à vos écrits sur le blog – je me permets de m’adresser directement à vous afin de mettre en lumière vos écrits - vous avez toujours su trouver un interlocuteur auprès du Ministère et des fédérations de danse pour vous faire entendre. Et c’est grâce à cette habilité toute en finesse et en intelligence que vous avez pu développer votre projet et votre entreprise, l’Institut de formation en danses de Toulouse, et ainsi, obtenir la reconnaissance qu’il vous fallait pour exercer votre activité professionnelle. Dieu sait qu’il a fallu lutter et faire pression, mais tout en finesse. Pas de lobbying grossier.

Dans votre dernière contribution au blog, vous décrivez parfaitement les luttes entre les différentes fédérations de danse, pour organiser les événements phare, l’enseignement aussi sans nul doute, on y voit bien les scissions, les alliances, les querelles de personnes, les noms d’oiseaux dont s’habillent les différents acteurs. On y lit aussi la nécessité d’être LA fédération la mieux placée pour avoir la légitimité d’organiser les championnats. Il est donc tout à fait important dans la perspective des prochains championnats de tango argentin de se doter d’une fédération, n’est-ce pas.

Fort de votre longue expérience, vous expliquez aux différents rédacteurs et lecteurs du blog qu’ils n’ont pas tout compris, que le vœu du Ministère est de regrouper tous les acteurs des danses dites de société, sous un seul et même chapeau, il importe en effet à l’Administration d’avoir le moins d’interlocuteurs possible et on la comprend bien (d’autant qu’il y aura de moins en moins de personnel dans les administrations pour discuter !) aussi avez-vous tout à fait raison de dire que la création d’une fédération de tango argentin est un travail bien inutile. Vous avez raison de le rappeler car une telle fédération ne ferait qu’ajouter un peu plus de complexité à une situation qui l’est déjà passablement, d’après la description que vous en donnez.

Enfin, il est intéressant de comprendre en lisant entre autre votre contribution du mois de mars, que présent aux origines du tango argentin en France vous avez cheminé sur une voie qui vous a été propre et qui a fort bien réussi puisque votre Institut délivre un diplôme et a obtenu la reconnaissance qu’il méritait.

Néanmoins je m’interroge. S’il peut être intéressant pour vous d’animer une grande fédération et de délivrer des diplômes, je ne pense pas qu’une telle orientation correspondent aux attentes des personnes qui se sont engagées, depuis fort longtemps pour certains, dans l’aventure du tango rioplatense et non du tango « dit argentin ».

Dans ce milieu les artistes, maestros nationaux et / ou internationaux, n’ont jamais eu recours à des diplômes et n’ont jamais appartenu à des fédérations. Tous ceux que j’ai modestement rencontrés n’affichent jamais dans leur CV la détention d’un diplôme de tango argentin et surtout ils n’en n’on pas l’intention. Si, depuis les années 1990 les acteurs du tango argentin, souvent réunis en association, se sont tournés vers eux (les maestros), c’est justement qu’ils cherchaient autre chose, un autre type d’enseignement de la danse, intimement lié à tout ce qui gravite autour, la poésie, la littérature, la peinture, la musique, la photographie. Ils cherchaient aussi un autre type de relations, quelque chose qui crée du lien social, rapproche les hommes dans un esprit de parité et non de compétition. Ils cherchaient finalement une culture pas une technique.

Par ailleurs, existe-t-il vraiment pour les acteurs du tango rioplatense une nécessité absolue d’être entendu auprès du Ministère ? Après tout depuis 15 ans de merveilleux événements ont vu le jour et ont perduré, sans fédération, sans numéro d’agrément, sans Institut, ni diplôme. Des partenariats entre les collectivités locales et les associations donnent lieu à de merveilleux événements (Lyon Festival d’un Monde à l’autre, Tarbes…..) et tout cela, ce n’est rien que du bonheur, que du bonheur et aussi beaucoup de travail.

Une fédération, un numéro d’agrément, un diplôme, une reconnaissance du Ministère, puis bientôt un numéro d’objet (pour remplacer le terme création) préalable et nécessaire avant toute initiative de création artistique : depuis 15 ans le tango argentin s’en passe fort bien et il n’a fait que se développer, parce que ce n’est pas seulement une danse à la mode, mais une culture vivante et populaire donc mouvante et en quelque sorte pas facile à cadrer, c’est un espace de liberté et de créativité qui reste ouvert peut-être plus pour longtemps ceci dit.

Ce dont a besoin certainement le monde du tango argentin c’est seulement de plus de lisibilité afin que l’on ne confonde plus les genres, le tango des rives du Río de la Plata et le tango qui a évolué vers une danse de compétition en Europe.

Alors j’ose espérer que tous ceux qui jusqu’à maintenant ont œuvré pour le tango rioplatense sans chercher autre chose que de diffuser une culture et créer du lien social sauront se mettre autour d’une table sagement et en écoutant parler les uns et les autres avant de prendre des décisions.

Il reste que je vous adresse bien des encouragements dans votre entreprise de cadrage des danses de société, en espérant que celles-ci ne deviennent pas un modèle pour le milieu du tango Rioplatense.

Elisabeth DUSSAUD

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[temps du tango] Historique charte du tango argentin, par Pierre

[repris depuis le forum du temps du tango - daté du 5 avril 2008]

Merci Stéphane de ton analyse très pertinente de la situation. Tu fais allusion dans ton intervention à la capacité de lobbying d’individus « Maîtres de danse » qui ont des connaissances très limitées en tango argentin, mais qui souhaiteraient néanmoins réglementer son enseignement. Je voudrais simplement rappeler dans quelles conditions les associations de tango ont élaboré une charte du tango argentin en 1998…..

Quelques mois auparavant en 1996, j’avais eu vent par un ami membre d’une organisation professionnelle d’enseignants de danse, qu’un intense lobbying était effectué auprès du ministère de la jeunesse et des sports et de son ministre de l’époque (le célèbre Guy Drut) pour mettre en place un diplôme obligatoire pour l’enseignement des danses de société dont le tango argentin (paradoxalement, les danses folkloriques n’étaient pas concernées, sans doute parce que le mode de transmission n’était pas considéré comme suffisamment rentable !!!)
A l’époque on préparait les jeux olympiques de Sidney (2000), et il était envisagé à l’instar de ce qui s’était passé à Séoul en 1988 avec le taekwondo en tant que sport de démonstration, de présenter la danse sportive comme sport de démonstration à Sidney. L’AMDF (Académie des Maîtres de Danse de France), qui avait une compétence certaine dans cette branche en tant qu’organisatrice de compétition et formatrice de compétiteurs, professeurs, juges… avait donc fort logiquement profité de cette situation pour essayer d’imposer sa mainmise sur le monde de l’enseignement de la danse de couple…. Selon mes sources, un décret était prêt à être signé, quand une malencontreuse dissolution de l’Assemblée Nationale par le Président de la République de l’époque (Jacques Chirac) est venu contrecarrer ce funeste projet.

Ayant eu connaissance de cette intrigue, les associations de tango ont profité d’un important festival de tango qui avait lieu à l’époque (les rencontres du Sud à Toulouse) pour se réunir et proposer un projet de charte (projet visible sur ce site).

Il est d’ailleurs très intéressant de noter que la personne qui animait les débats était [--- anonyme 1 --], et qu’une des personnes qui a très largement contribué à la rédaction de cette charte était [--anonyme 2--]…..Ces deux personnes étant au centre de la polémique actuelle, [--- anonyme 1 --] en tant que chargé d’étude par le ministère de la culture d’une enquête sur la danse, et [--- anonyme 2 --] ayant mis sur pied une formation diplômante de tango argentin……

Une fois le danger écarté, suite à la non application du décret, cette charte est restée en l’état, et aucun embryon d’organisation n'a été mis en place. Le tango a poursuivi le développement que l’on sait, le plus souvent à travers des associations, mais aussi à travers des écoles de danses qui ont fait régulièrement appel à des professionnels argentins.

Quelle est la situation aujourd’hui et quels sont les dangers ?

Il semble que contrairement au dicton « l’Histoire ne repasse pas les plats », on nous resserve sur un plateau les mêmes salades qu’il y a 10 ans.

Le lobbying n’affecte plus le ministère de la jeunesse et des sports, mais le ministère de la culture, les formes sont mieux respectées, puisque les décisions ne seront pas prises par décret mais après une enquête et une étude qualifiée de sérieuse, bien que menée en catimini et portant exclusivement sur des questions fiscales … Si l’on ne veut pas que des décisions soient prises par le ministère sur la seule base de cette enquête (qui ne concerne que l’aspect très restreint de l’enseignement de la danse), il serait utile d’opposer une structure véritablement représentative du tango argentin en France…. A ce sujet, il est intéressant de lire le dossier consacré à ce problème dans le numéro 58 de La Salida. Il semble que les pouvoirs publics ne prennent en considération en tant qu’interlocuteur qu’une fédération…..

Il est donc urgent de constituer une fédération véritablement représentative du tango argentin en France dans toutes ses dimensions culturelles (musique, danse, littérature …..) et dont le but premier serait d’adhérer à une charte à discuter (du type de celle élaborée en 97) et donc excluant de fait un diplôme national. Cette fédération aurait l’avantage de représenter un panorama complet du tango argentin en France. Il faut rester très vigilant et être prêt à opposer une résistance face à des décisions qui risquent de nous être imposées de manière unilatérale, sans que nous ayons eu le temps de mettre en place une riposte adaptée…. Une seule personne missionnée par un ministère, même ayant une bonne connaissance du milieu tango, ne me semble pas qualifiée pour parler au nom de l’ensemble de la communauté tanguera.

Pierre Lehagre
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[L-30] Réponse de Christian à Muriel

Chers amis,

Je vous félicite pour le travail fait.

Je voulais vous dire ceci :
En 1989, lorsque la F.F.D., après avoir obtenu une délégation de pouvoir en danse de compétition, a eu pour mission de regrouper les associations de "danse sportive", son travail s’est étendu à toutes les formes de danses de société, c’était assez logique, Monsieur Bambuck étant plus intéressé par un nombre de participants (et de voix politiques…) des danses de bal (des dizaines de milliers), que par des sportifs qui étaient alors moins d’une centaine.

Dans le même mois (février 1990) où le tango "dit argentin" commençait à Toulouse dans mon studio (avec Henri Vidiela et Catherine de Rochas), je rencontrais à Paris le président de la F.F.D. : Edmond Linval. Ce dernier, sensible à ma passion et à mon courage au travail (et aussi très choqué par les interlocuteurs qu’il avait pu rencontrer autour des premières tables rondes, et qu’ils avaient assimilés alors à des « malfrats », sic) m’a alors demandé de créer une fédération, regroupant des associations de danses de bal de toutes sortes. Ce que j’ai fait dans les 4 mois qui ont suivi.

Cette fédération (F.N.S.D.S.) a signé un protocole d’accord avec la F.F.D., et on m’a alors demandé de fédérer, ce que j’ai fait, au point que l’agrément international pour la danse sportive (qui n’était donc qu’une petite fraction de l’ensemble des personnes concernées) a été retiré à la fédération (F.F.D.S.A.) qui ne voulait pas entrer, comme le ministère des sports le demandait, dans la F.F.D, pour être attribuée, par l’I.C.A.D. (International Council of Amateur Dancing) de l’époque, à cette même F.F.D, par l’intermédiaire de la F.N.S.D.S. Cet agrément était alors indispensable pour organiser le moindre championnat de France.

Tout cela pour dire que je peux vous faire parvenir copie des statuts de cette fédération (F.N.S.D.S.) si vous pensez que cela peut vous aider à aller plus vite. Mais pour dire aussi que vous vous confrontez là à des réflexions que d’autres ont déjà fait avancer par le passé, et qu’il me semble qu’il vous sera difficile de tout reprendre à zéro, ou peut-être un peu inutile, en tout cas beaucoup plus long.

Dernière remarque : dans votre texte que je viens de relire avec attention, il y a à nouveau, à mon humble avis, un glissement de sens et d’objet.

Tout votre texte qui reprend la mission décrite par le ministère de la culture respecte bien la demande large du ministère. Puis on y lit brutalement : « Codification du tango ». Ce qui est une restriction très sévère de l’idée de départ. Je pense qu’une personne extérieure ne réussirait même pas à comprendre ce que vous écrivez, ce qui me semble dommageable pour votre propre propos qui est pourtant important et passionnant. D’autant que je ne pense pas, comme je l’ai déjà écrit ici (mais personne n’a encore réagi),
que le souci du ministère soit de regrouper les pratiquants de TANGO ARGENTIN, mais tous les pratiquants de toutes les formes de danse « régionales et nationales, et étrangères sur le sol français ». Cela me parait pourtant très clair.

Pour dire donc que j’ai peur que vous ne fassiez un travail bien inutile en ne vous concentrant que sur une danse, le tango, et même sur un style à l’intérieur de cette danse, LE TANGO ARGENTIN, ce qui risque de mettre en échec tout votre travail, car je ne lis donc pas, dans les desiderata du ministère, une demande concernant LE TANGO ARGENTIN.

Je reste à votre disposition pour toute aide complémentaire si vous la jugez utile.

Bien amicalement.

Christian Dubar

N.B. : Rappel (car je l’ai déjà écrit ici, mais, à nouveau, personne n’a encore réagi), il y a 3 ans, Monsieur Jean-Christophe PARÉ, alors Inspecteur de la danse au ministère de la culture et en charge de la question professionnelle et du référencement du métier de Professeur de danse (classique, jazz et contemporains), m’a déjà personnellement demandé de fonder une fédération, ce que j’ai fait. Cette fédération existe donc déjà, elle s’appelle F.F.D.D.S (Fédération nationale des danses de société). J’ai posé la question par écrit, il y a trois semaines, à Monsieur Jean de Saint-Guilhem (signataire de l’ordre de mission cité), de l’utilité de demander une NOUVELLE fédération, ou de l’utilité du travail que beaucoup de gens en France ont fait ces trois dernières années dans le même créneau, et sur la demande de Monsieur Jean-Christophe PARÉ. Juste pour nous éviter, ou vous éviter, un immense travail de recensement et de fédération, qui pourrait devenir brutalement et totalement inutile, puisque refait par d’autres groupements. Je peux aussi vous faire parvenir les statuts de cette fédération déposée il y a près de trois ans, donc, sur la demande du ministère de la culture. Si cela vous intéresse. Amitiés, CD
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[L-29] Compte-rendu de la réunion des associations du 30/03/2008 à Paris, par Muriel (temps du tango)

Compte-rendu de la réunion des associations du 30/03/2008
Participants:
Association « Abrazo » de Nimes (Robert Canonne)
Association « ACIA » de Nogent sur Marne (Ludovic Mjamed)
Association « El Caminito » de Saint Etienne (Leonardo Basmadyian)
Association « Etoile Argentine » de Paris (Mariana Bustelo)
Association « Les Barjos du Tango » du Mans (Armelle Leroi)
Association « Les Fondus du Tango » d'Aix les Bains (Suavet Christian)
Association « Le temps du Tango » de Montrouge (Philippe Leygue, Catherine Charmont, Pierre Le Hagre, Marc Pianko, Francine Piget, Muriel Collignon)
Association « Pari Tango » de Bagneux (Michel Kizilian)
Association « Pasional » de Montpellier (Christian Glaize)
Association « Plaisir Tango » de Nancy (Pierre Canals)
Association « Tango Bueno » de Laval (Marie-Christine Robin, Jean-Claude Chadaigne)
Association « Tango Duo » de Chamonix (Marie-Odile Mermillod)
Association « Tanguito Milonguero » de Nevers (Isabelle Berthot, Oscar Munoz, Pierre Lepage, Monique Lepage)
Mavek Svotkowski de Paris

Ouverture de la session à 10h30.

Après les préliminaires d'usage de bienvenue et de remerciement aux personnes présentes, le contexte et les buts de la réunion ont été précisés.

*1. Contexte*
En août 2007, une première réunion avait eu lieu pour que les Associations de Tango se connaissent et échangent leurs points de vue. De ce premier échange était née l'idée de créer une « Fédération des Associations » dont le but était d'échanger des informations et de mieux se connaître.

Depuis le Ministère de la Culture a mandaté Christophe Appril, Aurélien Djakouane et Maud Nicolas-Daniel pour une enquête auprès des associations en date du 11/12/2007.

Extrait de la lettre de mandat

[...] il est demandé aux trois personnes citées ci-dessus :
* un panorama des pratiques dans le scope considéré
* les données générales relatives aux emplois
* le parcours et les compétences des personnes
* une première estimation en termes d'impact juridique.....

S. Krikorian, rédacteur en chef de la « Salida » a contacté le Ministère qui a souhaité rencontrer un organisme représentatif des associations pour discuter.

Le Temps du Tango a transmis cette information via Internet et a suscité de nombreuses réactions.

*2. Un certain nombre de « dangers » ont été identifiés* :

* Codification du Tango

Les principales réactions ont mis en évidence les points suivants :
· comment codifier la culture autour du tango ?
· comment codifier l'expression de l'âme d'un pays (culture, poésie, musique, danse, peinture etc.) ?
· comment codifier le tango lui-même alors qu'il ne vit que par l'improvisation et la diversité de ses styles (« années 50 », milonguero, fantasia, nuevo, et bien d'autres)

* Aspect fiscal

La plupart des participants ont compris qu'il y avait un sous-entendu fiscal derrière cette enquête qui pose des questions concernant le nombre d'élèves, le prix des cours, la vente de produits dérivés. L'enquête vise-t-elle à remettre en cause le statut associatif qui fonctionne pour la plupart sur la base du bénévolat ?

* Aspect diplôme

Il est considéré que la mise en place d'un diplôme national édictant ce que doit faire, doit être, doit enseigner un maestro de tango argentin est totalement incongrue, alors que ce sont la diversité des méthodes, des connaissances, du vécu, des nationalités, de la sensibilité de chaque enseignant qui fondent cet art.

Ce point a suscité une discussion, il a été rappelé qu'actuellement n'existent que trois diplômes reconnus : le jazz, la danse contemporaine, la danse classique. Beaucoup de réactions sur les forums et les blogs de tango (exp : http://diplome.tango.free.fr)

*3. Tour de table et débat*.

Après de nombreuses discussions et débats il est ressorti les points suivants :

* Association/Fédération

Pourquoi ne pas créer une association qui réunirait les autres associations ? Une des réponses a été : c'est justement le rôle d'une Fédération qui a comme membres des personnes morales.

Finalement les participants sont tombés d'accord sur le principe de la création d'une Fédération avec en soulignant :

· le besoin d'une unicité d'expression
Pour défendre la spécificité du tango argentin, face à une volonté de codification, il est impossible de le faire en ordre dispersé, il faut parler d'une même voix.

· l'urgence

Eviter de se retrouver devant le fait accompli suite aux résultats de l'enquête du Ministère de la Culture.

· Les statuts

Ecrire rapidement les statuts les plus larges possible pour qu'ils conviennent à la majorité des associations : une idée de présidence tournante a été émise.

· La communication

La nécessité que les associations communiquent entre elles sur l'ensemble de la France. D'ores et déjà un certain nombre d'associations ont déclaré qu'elles étaient prêtes à diffuser les informations dans leurs régions.
· Région Est : « Plaisir Tango » de Nancy
· Région Rhône-Alpes : « El Caminito » de Saint-Etienne
· Région Languedoc-Roussillon : « Abrazo » de Nimes
· Région Ouest : « Tango Bueno » de Laval
· Région Centre-Dijon-Orléans-Moulin-Bourges : « Tanguito Milonguero »

*Conclusion de la réunion* :

Il a été décidé :
· Le principe de la création d'une fédération
· Un appel à toutes les bonnes volontés pour y participer, l'animer (donner une âme) et pour cela faire une large diffusion du présent compte rendu (mails, courriers, blogs, forums, presse ...)

· La préparation des statuts qui devront être prêts avant le 16 avril 2008 en raison de la date de fin de l'enquête.

/Note du rédacteur : Pour faciliter les échanges je peux recueillir les propositions de statuts./

· Une réunion aura lieu à Lyon le samedi 26 avril a 14h30 à deux pas de la "place Bellecour" ! :

UGAB (Union Générale Arménienne de Bienfaisance)
12 rue Emile Zola
69002 Lyon

Lieu facile d'accès proche du métro, la place Bellecour est la mieux desservie des places lyonnaises.

· réunion dont l'ordre du jour est le suivant :
· discussion, correction, décision sur les statuts de la Fédération
· constitution du premier bureau d'au moins 3 membres (les membres du bureau de l'association « Le Temps du Tango » ne souhaitent pas faire partie du bureau), qui aura en charge
§ le dépôt immédiat des statuts,
§ de prendre contact avec le Ministère de la Culture,
§ d'informer toutes les associations
§ de recueillir les adhésions,
§ de préparer une prochaine Assemblée Générale qui recueille les propositions du maximum d'associations et d'éventuelles modifications ou compléments aux premiers statuts ...

· principe de la désignation d'un représentant de la fédération par région administrative, en charge de la diffusion dans les deux sens de l'information, de l'organisation de toute réunion d'information qu'il (elle) jugerait utile, le but étant que la fédération soit le reflet de toutes les sensibilités partout en France

Fermeture de la session à 12h.

Muriel Collignon -2008-04-04
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[L-28] Aux origines des maux et mots, par Elisabeth

1) A propos de démocratie : le pouvoir du peuple

Parce que jusqu’à preuve du contraire, le peuple (petit peuple) est encore souverain dans notre pays, si l’on accepte l’idée que le tango n’est pas seulement une danse à codifier, mais surtout et avant tout une culture populaire alors, il apparaît comme un contresens d’imposer à ce petit peuple ex abrupto une décision. Ce petit peuple ce sont ici les amoureux du tango argentin, défenseurs d’une culture populaire qui leur est chère, pour des raisons multiples.

Nous ne sommes pas si nombreux que nous ne puissions nous entendre. Et puis, nous mettre d’accord sur quoi :
- l’opportunité de créer une fédération du tango argentin
- celle de réécrire une charte et de la porter à la connaissance du ministère (lequel).
- celle d’instaurer ou non un diplôme du tango.

Pour se décider il faut être informé de façon contradictoire et équilibrée (ce qui n’est pas exactement pareil que de façon neutre). Pour se décider et agir, il faut être représentatif, il n’y a pas de légitimité à l’action sans cela.

Aussi adresser à toutes les associations de tango argentin répertoriées comme telles (je ne parle pas de la danse sportive ils feront leur sauce et défendront leur bifteck eux-mêmes), un questionnaire qui les invite à se prononcer sur les différentes questions, les informe des problématiques actuelles, des enjeux, aiderait à avoir une idée de l’opinion de la communauté tanguera sur cette question. Ce serait aussi une façon de donner la parole aux petits acteurs du tango argentin comme aux grands acteurs. Hélas malgré nos efforts pour faire connaître le blog la discussion n’est pas si élargie que cela. (Peut-être finalement tout le monde s’en fout et se contente de consommer.)

Œuvrer, agir, mais sans précipitation et avec méthode et démocratie.

2. Derrière les mots se cache le sens

Par ailleurs, et avant de coucher sur le papier un argumentaire, derrière les mots se cache le sens et un retour sur leur étymologie en dit long sur ce que nous serions amenés à faire.

FEDERER Robert 1 « Association de plusieurs sociétés, syndicats, groupés sous une autorité commune, éthym. foedus : alliance »

TLFI (Trésor de la langue française informatisé) « Le fédéralisme est un mode d’organisation dans laquelle chacun des membres dispose d’une large autonomie et délègue certains de ses pouvoirs à un organisme central. Les membres participent collectivement et non individuellement. »

DIPLOME Robert1 «1) Pièce officielle établissant un droit, un privilège. 2) Acte qui confère et atteste un titre un grade. Ethym : diplomat : décret»

TLFI « Titre grade qui émane d’une université, d’une faculté, d’une société savante, d’un corps, d’une école publique est… pour attester des connaissances et aptitudes de quelqu’un. »

CERTIFICAT / CERTIFICATION Robert1 « Assurance donnée par écrit. / 1) Ecrit qui émane d’une autorité compétente et atteste un fait ou un droit. 2) Acte attestant la réussite à un examen. Ethym : du lat certus facere : rendre certain. »

Petites conclusions

Il est intéressant de constater que l’idée de fédérer est intimement liée à celle de pouvoir et d’autorité, que pareillement, derrière l’idée de certification se cache aussi celle d’autorité « compétente ». Parallèlement au mot diplôme s’attache l’idée de droit et de privilège. Nos administrations ne s’y sont jamais trompées : chaque fois qu’elles ont
établi des certificats, des diplôme, chaque fois que des fédérations se sont mises en place, sous l’impulsion directe ou indirecte de cette administration, les enjeux de pouvoir d’autorité, les privilèges et les droits sont devenus les thèmes centraux. Est-ce cela que nous voulons pour le tango argentin ?

Une autorité, quelle autorité ? Qui sera le chef ? Pourquoi et dans quel but ? Est-ce que cette autorité peut être compatible avec l’existence d’une culture populaire qui s’attache depuis plus d’un siècle à se développer sans entraves et d’un continent à l’autre.

Humour : j’imagine bien un diplôme délivré par la Fédération française de tango argentin FFTA avec comme obligation d’être ressortissant de l’Union Européenne pour y postuler et exercer. Hi hi…….

Quiconque défend l’idée d’une fédération doit être conscient de ce que disent les mots et ne peut alors pourfendre en même temps la création de diplômes et certificats.

ASSOCIATION Robert1 «Groupement de personnes qui s’unissent dans un but déterminé. »

TLFI « Réunion de plusieurs personnes dans un but ou intérêt commun, éthym: du lat socius : compagnon. Au XIIIème siècle s’associer désigne l’action de s’allier entre compagnons. »

COORDINATION Robert1 : « Mise en ordre, agencement des parties d’un tout selon un plan logique pour une fin déterminée. Ethym : du lat coordinatio-ordinatio : mise en ordre »

TLFI « Mise en harmonie de divers services, diverses forces, différentes composantes en vue de renforcer l’efficacité. »

CHARTE Robert1 « Règle fondamentale, ensemble de principes fondamentaux.»

Petites conclusions bis

Ces mots association, coordination, charte, ne sont pas du même registre que les précédents. Allier / unir / but commun / harmonie / fondements /

On est là plus dans une optique de réunir les acteurs, dans le but de préserver le tango argentin dans son originalité, tout en recherchant à harmoniser ce qui ne fonctionne pas bien, d’en renforcer les fondements et tout cela pour perdurer sans se laisser absorber par une quelconque autorité.

Si l’on travaille sur ses fondements, sur ses bases on arrive facilement à la notion d’assise du tango argentin (appelez- cela comme vous voulez) où tous pourront s’exprimer, on retrouve le principe démocratique.

Vous l’aurez compris l’idée d’une fédé et d’un diplôme me hérissent tout comme la volonté de tout expédier tous azimuts sans avoir donné la parole aux principaux intéressés.

Elisabeth Dussaud, Montargis 08 04 08
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[L-27] Il faut vivre avec son temps, réponse à Sonia par Benoit

Bonjour à tous,

Roboratifs les appels à l'action !

Je ne suis pas très vieux dans le circuit du tango argentin (6 ans), mais j'ai connu une autre vie associative par le passé et je retrouve avec 10 ans de décalage des interrogations qui se ressemblent fort qui mèlent à la fois une certaine vision de notre activité, une transition douloureuse entre un monde façonné par l'associatif vers un mode de relations plus commerçantes, le tout chapeauté plus ou moins par une administration avec sa propre logique.

La vision du tango qui transpire des différentes contributions déjà déposées sur le blog - qui représentent plus de 60 pages au 5 avril 2008 - est concordante: le tango dont nous parlons est le tango argentin, celui qu'on danse en bal et pour les chanceux à Buenos Aires. Les liens donnés par Sonia (voir son mail du 7 avril) ne correspondent pas à ce tango-là. A partir de cette simple description de notre activité exprimée dans le blog, chacun peut la vivre plus ou moins intensément avec des mots qui peuvent paraître
naïfs ou rêveurs devant les magnifiques publicités à danser. Qu'importe, l'important est de se retrouver sur une piste de danse sans numéro dans le dos, et de pouvoir danser des heures sans penser à la note ou au passage à TF1, peut-être que cette remarque contribuera à diminuer le blues de Sonia.

Quant à agir sans réflechir, pourquoi pas ? J'ai eu appris à la faire à l'armée, ça évite d'avoir peur de se faire tuer, mais il faut dire que ce n'est pas trop le genre de méthodes de travail aux endroits où il y a des enjeux et là, j'ai l'impression qu'il y en a, qui ne sont ni un combat d'arrière-garde ni, je l'espère, des péripéties du monde associatif. Sonia a raison de signaler que nous sommes peut-être à l'aube d'une mutation sur au moins 2 points:

- "le tango argentin est-il en train de s'extraire du ghetto associatif ?"
(j'exagère un peu et je m'excuse d'avance auprès de ceux qui pourraient être choqués),

- le sujet de blog (qui porte sur la notion de diplôme de prof de tango) avec la question piège de la légitimité "qui est apte à désigner untel ou untel comme pouvant enseigner le tango ?" L'état, via l'administration avec sa propre logique ? Les associations avec chacune leur propre logique ?, tout un chacun avec chacun sa propre logique ? Ceux qui savent danser parce qu'ils savent danser ? Ceux qui savent pas danser parce qu'ils sont les plus nombreux (j'ai vu passer des appels à la démocratie...) ? Nous-même parce qu'on a lancé ce blog ?

Dans les deux cas, ces questions se posent pour une raison commune, me semble-t-il: la création d'un marché qui commence à ressembler à quelque chose, là-aussi le mot peut choquer mais il peut servir à comprendre ce qui se passe. Il peut servir également à trouver comment évoluer si on accepte de reflechir.

Dans le sujet du diplôme, la contrainte est de ne pas casser ce qui marche déjà, pas pour protéger tels ou tels intérêts, mais parce que jusqu'à présent ce système informel s'est adapté en permanence et que le résultat n'est pas si mal que ça: chacun peut danser avec chacune dans tous les coins de la planète tango, les pionniers ont plus que réussi sur ce plan-là, même s'ils n'ont pas pris la peine de courir les ministères.

En fait, la formation tango est déjà évaluée: Le bal tango est notre propre jury, c'est lui qui nous indique si on "est dedans". Le système de formation est donc globalement orienté pour cet objectif, même si chaque prof ne veut pas le savoir ou plus grave, s'il ne le sait pas. Introduire un système de certification/diplôme risque de réduire le rôle du bal à néant si l'on n'y prend pas garde, du coup le tango ne sera forcément plus le même et retombera à terme au niveau des magnifiques publicités à danser qui donnent
tant le blues.

Une autre caractéristique du tango, au moins celui que j'ai rencontré ces dernières années, est qu'il correspond aussi à une fonction artistique en ce sens qu'il permet d'exprimer ses émotions avec son corps et ses mouvements: c'est de la danse, pas de la gymnastique ou de la rééducation psycho-motrice. Rien que de très banal que j'ai mis des années à comprendre et à ressentir grâce au bal encore une fois et aux différents intervenants que j'ai eu la chance de rencontrer. Même ceux qui sont tellement ringards au regard des magnifiques publicité à danser, qu'ils sont morts insistent tous là-dessus: "si vous n'avez rien à exprimer, ne dansez pas le tango", et un simple coup d'oeil sur leur vie indique que ce ne sont pas franchement des intellectuels, mais ils vivent leur tango, pourquoi se priver de leur expérience ?

Le tango de bal est donc une expression artistique que d'autres ont bien mieux décrit que moi (ex. Robert(blog, 21 février), mail privé de Michel et Sabina (Fevrier)) et qui en plus est à la portée de tous. A part le show et la compétition, existe-t-il un autre tango que le tango de bal ? Pour l'instant je n'en ai pas l'impression, après plus de 150 ans d'évolution, la probabilité qu'il en apparaisse une nouvelle forme est assez faible, sauf à considérer le tango virtuel ( YASD pour Yet Another System to Dance, référence http://www.yasd.fr/ citée par Sonia) comme une évolution.

Introduire un système de diplôme là-dedans est tout de même assez proche de jouer avec le feu, mais gardons confiance,

Bonne journée à tous,

Benoit de Gentile
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[L-26] Avis de Christian

Je viens de lire l’intervention de Stéphane (avant même que le texte que j’ai expédié ce jour ne soit publié).
Je suis tout à fait d’accord avec lui.
Mais ma pensée est allée là :
— Quelle merveille que tant de gens soient à ce point passionnés par la danse de couple (le tango en l’occurrence), et qu’ils veuillent bien discuter grâce à Internet et échanger dans une si grande tolérance et avec tant de sincérité !
Je rêve que de tels échanges aient lieu à propos de la salsa, du lindy-hop, de la valse, du cha-cha-cha, du rock, de la samba… Des danses folkloriques… Et j’en passe.

Félicitations et merci d’écrire aussi sereinement, tout en gardant votre authenticité.

J’attends la suite avec impatience.

Christian Dubar
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[L-25] Contribution de Christian

Toulouse, le 2 avril 2008

Bonjour,

Suite aux dernières lectures que j’ai faites sur ce blog, Il y a quelques remarques que je souhaite soumettre à la discussion.

1 — A la suite de l’une de mes propositions de début mars (voir texte ci-dessous), je n’ai remarqué qu’une seule personne ayant repris ma réflexion sur la terminologie « OBLIGATOIRE ». J’en suis très surpris, car il me semble que toutes les réflexions, mais surtout toutes les éventuelles décisions qui pourraient en découler, de part et d’autre, seront fondamentalement conditionnées par ce choix des concepts qui doit vraiment être fait en amont.

2 — Je trouve que la plupart des discussions, sur ce blog, sont, à tort, restreintes au tango argentin. Cela me semble un grand dommage (sans vouloir déplaire aux passionnés tangueros et tangueras). Il me semble que beaucoup de ceux qui ont écrit (la majorité), ont mal lu te texte du ministère :

« L’étude sur l’activité professionnelle d’encadrement des pratiques de danses régionales ou nationales de France et du monde sur le territoire français. »

J’en déduis donc les erreurs suivantes, à mon humble avis :
· La RÉDUCTION, donc, de cette étude au tango argentin. Cela me semble très clair : je ne pense pas que le ministère puisse être plus précis : voilà son BESOIN ;
· L’EXTENSION de cette étude au milieu amateur ; le texte dit : « l’étude sur l’activité professionnelle d’encadrement ». Cela me semble clair aussi, même si l’institution a besoin de savoir combien de pratiquants sont concernés aussi, cela semble évident.

Par voie de conséquence, il y a erreur, à mon avis, sur le champ d’investigation qui a été choisi et réduit aussi : il n’est question sur ce blog que de la fenêtre très étroite des
associations, et non pas du secteur professionnel pris dans son ensemble ;

Et les écoles ? Pourquoi a-t-on expédié un questionnaire aux associations de tango argentin, alors qu’il aurait fallu d’abord questionner les quelque 3000 écoles de danse de France répertoriées par le ministère ?
· LA NON-PRISE EN COMPTE de la recherche profonde (et logique) du ministère qui tente de savoir si le métier de Professeur de danse de société est un VRAI métier duquel on peut tirer les subsides nécessaires et suffisants pour vivre de son métier.

Or, en ne montrant, par ces discussions sur le principe associatif (qui, fondamentalement, n’est pas, un principe de commerce ni de vente de services lucratifs), les protagonistes de ces réflexions NOIENT totalement les argumentations qui, bien que rares de mon point de vue, concernent réellement le sujet de la PROFESSION.

Sauf erreur de ma part, notre institution ne cherche pas à savoir combien de ménagères en France font de bons gâteaux, mais cherche à recenser si le métier de pâtissier est un vrai métier digne de certification professionnelle. Tout en cherchant aussi à avoir combien de Français consomment des pâtisseries venant de ces professionnels.

De plus, il me semble évident aussi que ce travail de recensement national devrait incomber à notre ministère de la Culture. Nous le savons depuis des décennies. Et j’admire cette équipe qui a accepté bien gentiment de se laisser embarquer dans une telle aventure, et qui, si on peut critiquer mille choses, est toute de même, grâce à son travail, à l’origine de toutes ces réflexions dont certaines sont passionnantes et TRÈS IMPORTANTES. Mais qui devraient incomber à une institution extérieure, et non à un groupement auquel on pourrait toujours reprocher d’être juge et partie, surtout s’il ne s’occupe que de sa propre passion : le tango argentin.

Je me permets de redire qu’il nous faut, tous, ENSEIGNANTS PROFESSIONNELS, apprendre à écouter, à lire (les textes du ministère), à réfléchir calmement, à nous exprimer clairement, à écrire lisiblement. Et surtout à sortir de ce petit esprit très franchouillard qui ne voit pas plus loin que le bout de son nez, qui ramène tout à lui, qui est apeuré des qu’il s’imagine perdre un bout de sa liberté, qui ne sait pas parler d’argent (sauf quand ça concerne celui des autres), qui manie avec brio l’accusation, avec finesse la critique, et avec volubilité le dénigrement.

Il est temps de montrer qui sont ces PROFESSIONNELS DES PRATIQUES DE DANSES RÉGIONALES OU NATIONALES DE France ET DU MONDE SUR LE TERRITOIRE FRANÇAIS, leur envergure, leur qualification, leur parcours, leurs compétences, le panorama de leur pratique (texte du ministère), leur réalité juridique et financière. Et
éventuellement combien nombreux sont les pratiquants qui fréquentent nos cours.

Et enfin, je le répète, il faudra montrer et démontrer que ces PROFESSIONNELS ACTUELS ne correspondent plus, en 2008, à l’image de ce métier (vieux de 150 ans) que certains professionnels ont malheureusement donnée dans la deuxième partie du XXe siècle : un ensemble incohérent de personnes fières d’elles-mêmes, inattentives, incontrôlables (même par notre service des impôts), à l’opposé du savoir-vivre qui a toujours été attaché à la pratique de ces danses, à l’attitude mafieuse, qui pratiquaient
sans amour-propre et sans honte l’entente sur les pris, la distribution des aires géographiques et la délation, mélangeaient l’enseignement de la danse et la compétition sportive, et à l’occasion de laquelle ils étaient capables de se battre à mains nues. Et cela n’est qu’une rapide description de cette ancienne détestable image du professeur de DANSE DE SALON, qui nous colle tous à la peau, et dans la France entière

Je me doute du fait que ce type de portrait très connu dans le métier depuis 50 ans, a fait un énorme tort à nos métiers de professeurs de danse, et nous payons tous aujourd’hui, malheureusement, le prix fort, prix très lourd à payer pour qu’une institution comme le ministère de la Culture commence seulement à être attentive à notre métier, qu’elle a toujours jugé MINEUR (face « aux Belles Danses »), alors qu’il correspond presque toujours à une grande passion, à la fois des enseignants, mais aussi de leurs élèves.

Mais ne retournons pas cette passion contre nous, mais tâchons au contraire de montrer combien elle nous lie. Et combien elle nous lie à des centaines de milliers, si ce n’est des millions, de pratiquants en France.

Bien à vous tous et toutes.

Christian Dubar

N.B. : Depuis 5 ans, date à laquelle notre Institut a reçu reconnaissance de la part du ministère de la Culture pour l’enseignement des danses de société (dont le tango argentin), nous sommes plusieurs à travailler sur cette certification, qui rejoint totalement vos interrogations de cette année. Bienvenus au club ! Et avec plaisir sincère.
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[L-24] Réponse de Pierre à Sonia

Bonjour,

Je sais que par les temps qui courent, l'agitation sert de politique. Dire que "la réflexion paralyse l'action" est donc très porteur. Tout un chacun est à même de comprendre que pour être efficace, il faut agir. Cela tombe sous le sens. Mais, peut-être faut-il aussi oser aller à contre-courant et ajouter que parfois aussi, "l'action paralyse la réflexion". Grâce à cela, nous avançons au moins sur un point : nous avons en commun de détester la paralysie. Nous voulons être "efficaces".

Malheureusement, nous devons maintenant nous entendre sur ce que nous entendons par efficacité. Si je comprends bien Sonia, grâce à une Fédération (sous entendu, donc fini les conflits et les chamailleries improductives), le Ministère (probablement redoutant un mouvement de masse risquant de paralyser (encore la paralysie) le pays) reculera et abandonnera toute prétention de certification et autre velléité diplômante. S'il ne recule pas vraiment, il pourra au moins engager le dialogue, et grâce à cela, nous pourrons nous faire entendre. Bien entendu, c'est comme cela qu'aujourd'hui, pas à pas, le Gouvernement recule. C'est bien connu.

De surcroît, plein de bonne volonté et de sollicitude, le Ministère réclame une fédération pour parler avec nous. C'est précisément ce "nous" qui lui pose problème car c'est un "nous pluriel". Il réclame un peu d'ordre (l'ordre est un parent proche de l'efficacité, on le sait bien). Il suggère donc la "fédération" de façon à ce que "nous" (enfin réunifié), parlions "d'une seule et même voix". Nous serons alors extrêmement efficaces, car à l'instar de bien d'autres fédérations nous pourrons franchir les portes des Ministères. Fini le rêve, la chamaillerie, le temps des pionniers...

Et si cette "efficacité" là se traduisait par un coup de poignard porté au tango argentin ? Après tout, on pourrait se poser un moment, et y réfléchir. Pas pour cesser d'agir, mais pour agir avec précaution.

Je ne vais pas me lancer dans l'histoire du tango, mais si nous disons encore que le tango est une culture populaire et vivante, c'est que JAMAIS personne n'a osé (ni pu) dire ce qu'était au juste le tango. On a cherché dans les origines. On est allé alors à Buenos Aires, mais malheureusement il a fallu repartir aussitôt en Afrique, en Europe, en Amérique centrale, en Amérique Latine. Mais, manque de chance, on n'est jamais arrivé à "démétisser" le tango, à découvrir quelle était son essence. D'où des querelles sans fins dont la plus célèbre est celle qui a tourné autour de Piazzolla lorsqu'il a joué avec son quintette. Mais cette querelle ne s'est jamais terminée, et il y en a eu ensuite (et avant aussi) des légions.

Mais après tout on pourrait peut-être changer de focale et voir dans la controverse, le conflit, non pas un défaut mais une grande qualité. La qualité de ce qui est non pas académique mais populaire. Et si le tango ne pouvait se développer que grâce à une très grande diversité d'approches, de styles, d'hésitations, d'errements etc. ? Et si être efficace c'était précisément, préserver cette diversité malgré les chamailleries ou plus encore, grâce à elles ? Après tout, il n'y a que la mort qui mette un terme aux conflits. Le vivant a au contraire besoin de diversité. Etre efficace dans ces conditions, ce ne serait pas réduire la diversité et les conflits qui vont avec, ce serait tout faire pour maintenir cette éclatement des positions, des points de vues, des approches, des "écoles" (pas au sens d'école de danse), en d'autres termes maintenir à tout prix l'artisanat et le bricolage etc. (En cela l'initiative prise par une école de Marseille de délivrer un diplôme ne me gêne nullement, à partir du moment où ce n'est pas un modèle qui doit
s'imposer. )

L'ennui c'est qu'un tel projet ne colle pas avec celui de la Fédération, puisque la Fédération est là pour parler d'une seule voix. Et si elle ne parle pas d'une seule voix (ce qu'on peut anticiper sans risque), alors il y aura chamailleries et conflits, et à terme plusieurs fédérations, et beaucoup de temps perdu à rapprocher les fédérations pour créer une confédération et ainsi de suite.

Doit-on pour autant renoncer ? Je ne le pense pas. Mais probablement, en essayant de déplacer les enjeux. L'enjeu pour nous aujourd'hui - du moins me semble-t-il et là je suis pratiquement sûr que Sonia est d'accord avec moi - c'est de donner une image culturelle du tango (tous les ingrédients sont là pour le faire) . Et cette image ne peut-être qu'une mosaïque pour laisser au tango son caractère populaire et vivant. Je pense que nous devons nous atteler à cela en ayant en tête que ce ne sont pas les dorures du Ministère qui nous intéressent, mais tout ceux qui sont dans le tango actuellement et ceux qui ne manqueront pas d'y tomber un jour ou l'autre dans les années à venir.

Nous devrions donc saisir l'étude en cours qui vise - grâce à la "science" devant laquelle on s'agenouille car elle est investie, statistiques aidant, d'une dimension sacrée - à nous révéler si oui ou non il y a lieu de créer un diplôme et un certificat, nous devrions donc saisir cette opportunité pour donner une toute autre image du tango. C'est pourquoi je pense que la charte serait un bon outil, car un outil vraiment minimaliste, qui pourrait partir du constat que le tango est une culture vivante et populaire et que c'est cette culture qu'il faut préserver en garantissant sa diversité. (Déjà dans la charte existante il est dit que le tango est incompatible avec le diplôme et la standardisation)

Evidemment, comment travailler sur cette charte ? Et bien non pas avec une fédération (dont par définition le caractère est durable), mais avec une "coordination" qui se dissoudrait une fois la charte formalisée. Cela réduiraient les enjeux de pouvoir.

On me dira que la coordination ne sera jamais reçue au Ministère. Peut-être. Mais depuis quand est-ce au Ministère d'imposer la forme organisationnelle
d'un mouvement issu de la société civile ? (depuis toujours dirons les mauvais esprits) Ne voit-on pas que derrière la fédération, il y a la certification. Ne voit-on pas que ce qui se cherche au travers de ce diplôme et de cette organisation, c'est que quelqu'un, quelque part puisse définir (enfin) ce qu'est l'essence du tango ou bien ce qu'il doit être ? Ne voit-on pas qu'une telle efficacité serait en fait un nouveau coup porté au tango ? Ne voit-on pas le risque de tuer la poule aux œufs d'or ?

Toutefois je reste optimiste, je me dis que c'est peut-être à force de coups qui lui sont portés depuis plus d'un siècle que le tango se développe de
part le monde... Mais bon, Ce nouveau coup là, n'est peut-être pas si violent que ça. Il y a eu pire dans l'histoire. Et puis je sens que le mouvement est lancé. Et qu'il y aura probablement une fédération. Il n'y a qu'à espérer que les associations hors fédération pourront continuer leur développement artisanal...et pionnier...

Bien amicalement.

Pierre Vidal-Naquet

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Lettre ouverte: Apprenons à danser le tango, d'après Tété (9 janvier 2006, http://tangopassion.fr)

[Lettre ouverte du Maestro Tété : Apprenons à danser le tango (traduction libre par Bernard-Yves Cochain), sur le site http://tangopassion.fr/docs/esta_es_una_carta_abierta_del_ma.htm]

Aujourd'hui, 9 janvier 2006, avec toute l'affection et le respect que j'ai pour vous, j'aimerais vous demander quelque chose. Ce n'est pas un reproche, pour qui que ce soit. Ce que j'aimerais, c'est que les jeunes et tous ceux qui dansent le tango comprennent mon point de vue : Il n'est point besoin de travestir le tango, en aucune manière, car cette musique, si passionnée, nous donne vie, énergie, plaisir et ainsi nous donne des sentiments meilleurs. Depuis le temps que je vois des danseurs et des professeurs, je pense qu'il ne faut pas qu'il persiste autant d'erreurs dans l'enseignement et les démonstrations. Mon sentiment est que la musique est la base principale du Tango. Il faut ensuite apprendre à danser avec elle, dans le respect de l'équilibre et du rythme (cadencia). Je ne peux pas affirmer que la technique n'existe pas quand on danse, mais je crois qu'il serait profitable que l'on enseigne à danser plus librement, pour soi même... Là est le plaisir. Personne ne nous méjuge en nous regardant danser entre-nous deux.

En cela, je dis que beaucoup travestissent le tango en ce qu'il n'est pas réellement. Il est avant tout musicalité et ne se préoccupe pas initialement des pas. Nous ne devons pas commettre l'erreur d'oublier d'enseigner comment marcher sur différents rythmes en harmonie avec chaque orchestre. Trop de personnes qui enseignent le tango devraient d'abord apprendre à le danser pour ensuite pouvoir enseigner en donnant tout de soi. Ainsi, ils ne trahiraient pas leurs élèves, ni ne nuiraient à leur réputation de professeur.

Le tango n'est pas une marchandise, contrairement à ce qu'en font beaucoup. Le tango fait partie de notre vie, partie de nos ancêtres, pères, mères, frères, amis. Il est notre vie. Nous ne devons pas persister dans l'erreur. Il faut reconquérir, celui que nous perdons, faute de le respecter.

Chers amis, danseuses, danseurs, l'enseignement du tango est un travail supplémentaire dans votre vie. Par respect pour vous-même, vous feriez mieux dans vos démonstrations de danser plus de tango et faire moins d'acrobaties, de ballet et de ces choses qui ne sont pas du tango. Je ne puis croire qu'avec les démonstrations vous entriez en compétition en sachant que chaque couple doit créer son style. De plus, on ne devrait pas danser sur de la musique qui n'est pas du tango. Ainsi, on ne trompe personne, pas même soi.

Voici un conseil pour la communauté tango d'Europe et du reste du Monde : Il me plairait que vous ouvriez les yeux sur la pédagogie de la danse, en particulier les organisateurs de stages et les professeurs. Avec toute mon affection, j'aimerais qu'ils sachent que quand ils organisent quelque chose, ils se doivent d'inviter les meilleurs danseuses et professeurs pour pouvoir enseigner comme il se doit. Sans musique, rythme, posture et équilibre, les pas ne servent à rien. Pour cela, il faut des danseurs authentiques. Alors, enfin, du fond de mon cœur, avec un soupçon de tristesse, je voudrais que vous y pensiez. Si vous avez quelque chose à me dire, j'aimerais que vous le fassiez, à travers une revue ou ailleurs, où que ce soit. Si vous souhaitez vous plaindre, parlez-moi, je vais au bal, voyez-moi, parlez-moi, demandez-moi. Je vous répondrai à tous. N'ayez crainte. Je ne laisserai personne sans réponse, mais s'il vous plait, changez de pratique, que nous soyons tous heureux. Il faut que nous puissions danser le tango en étant nombreux et heureux, sans plus vendre de mensonge à qui que ce soit. Je vous envoie un baiser et vous étreints tous en espérant que cette année qui commence sera la plus heureuse pour tous. Merci.

Tété

PS : Mon unique crainte est que vous continuiez à vous tromper, cela blesse... Pardon

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Carta abierta del Maestro Tete : Aprendamos a bailar el tango

Hoy, 9 de enero del 2006, quisiera pasar a pedirles algo con el cariño y respeto que siento por todos ustedes. Esto no es un reproche para nadie, yo lo que quiero es que la juventud y todo aquel que baila tango entienda mi motivo: No hay que disfrazar al tango bajo ningún punto de vista, porque esta música tan apasionante nos da vida, energía placer y así nos sentimos mejor. Después de muchos años de ver bailarines y maestros, pienso que no puede haber tantos errores en la enseñanza ni en las exhibiciones. Paso a contarles cual es mi idea. Siempre supe que la música es la base principal del tango. También es aprender a caminar con ella, teniendo equilibrio y cadencia. No podría decirles que no hay una técnica cuando se baila, pero sí que seria mejor que se enseñara a bailar mas libremente, para uno mismo...ahí esta la diversión. Nadie nos compromete mirándonos porque bailamos para nosotros.

En esto digo, pienso que muchos están disfrazando al tango de algo que no es verdad, porque el tango es música y no se empieza por los pasos, ni tenemos que cometer el error de no enseñar como caminar diferentes compases musicales para reconocer cada orquesta. Mucha gente que esta enseñando tendría que aprender primero a bailar tango, para poder enseñar dando todo de si mismo, para no defraudar a sus alumnos ni dañar su imagen como profesor.

El tango no es un negocio, aunque muchos lo vean así. El tango es parte de nuestra vida, parte de nuestros abuelos, padres, madres, hermanos y amigos. Es nuestra vida. No deberíamos equivocarnos tanto y tendríamos que volver a conquistarlo, ya que lo estamos perdiendo por no respetarlo.

Queridos amigos, bailarinas, bailarines, como esto que hacen es un trabajo mas en la vida de uno , por respeto a ustedes mismos, en sus exhibiciones seria bueno que bailaran mas tango y menos acrobacia, ballet o cualquier cosa que no sea tango. No quiero creer que también con las exhibiciones compiten; sabemos que cada pareja debería crear su estilo, y además no se debería bailar música que no es tango. En eso no se mientan a ustedes mismos ni a la gente.

Y para la comunidad tanguera de Europa y el resto del mundo, les doy un consejo: me gustaría que abrieran los ojos acerca de cómo aprender a bailar, principalmente a los organizadores de stages y a los profesores, con todo mi cariño, quiero que sepan que, cuando se organiza algo, se trata de llevar los mejores bailarines y maestros, para poder enseñar como es debido. Sin la música, la cadencia, la postura, el equilibrio, de nada sirven los pasos, y para eso necesitamos maestros y profesores auténticos. Así que, bueno, desde el fondo de mi corazón, con un poco de tristeza, me gustaría que ustedes lo piensen y , si hay algo para decirme, me gustaría que lo hicieran, ya sea por medio de revista o por donde sea, si quieren quejarse, háblenme, yo voy al baile: me ven, me dicen, me preguntan, yo contesto\u2026Les voy a contestar a todos, no tengan miedo, que no voy a dejar a nadie sin contestar, pero por favor, cambien el sistema, pongan un sistema donde todos seamos alegres, donde podamos bailar el tango , donde seamos felices y donde podamos tener mucha mas gente, sin venderle ninguna mentira m á s, yo desde ya les mando un beso y un abrazo a todos ustedes y espero que este año que ha empezado sea el más feliz para todos. Gracias,

Tete

P.D: Mi único temor, es que sigan equivocados; que lastima...perdón.
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[L-23] par Sonia

Bonjour,
La reflexion paralyse l'action. Pendant que certain se posent des questions pour savoir s'il faut s'organiser ou pas, du genre un pas en avant et trois en arrière, ou parlent d'une charte qui s'apparente, en termes d'efficacité, aux badges de nos sportifs pour les jeux olympiques (les chinois doivent être morts de rire), le monde bouge. Fini le temps où le Tango Argentin était le fait, marginal, de quelques associations dévouées! Maintenant tout le monde fait du Tango Argentin. plutôt mal que bien, quoique ... Les professionnels de danse de salon partent à Buenos Aires, des Fédérations puissantes et lobyistes s'organisent, et au train où vont les choses, surtout si il y a une volonté de "cadrer" les dérives de la 1901, il y aura plus de professeurs de danse de salon à se réclamer du Tango Argentin, que d'Associations. Les Fédérations sportives s'en mêlent et multiplient les Championnats. que croyez-vous qu'il va se passer au Ministère ? D'un côté des gens organisés, puissants, connaissant le milieu de la danse et fréquentant les politiques depuis longtemps, et de l'autre une poignée d'intellectuels discutant du sexe des anges ...

La Danse Orientale qui a le même problème, s'est montée dans l'urgence sous statut fédératif, et du coup a été reçue en délégation au Ministère quelques semaines après : c'est le seul moyen d'être entendu.

Je vous laisse méditer sur quelques liens internet, parmi des dizaines et des dizaines.
Quel Tango voulez-vous ? Celui qu'on aime ? Alors il faut bouger, mais de façon efficace.

Quelques liens qui donnent à réfléchir :
http://www.danse-terisse.fr/www/championnat/
http://www.coursdedanse-suky.com/2007-2008/suky_CDDM2007-2008.pdf
http://www.sport.fr/hiver/pat/Championnat-de-France-premiere-journee-107952.shtm
http://pageperso.aol.fr/__121b_Q2J1TaUl/N1v3mCUrGO1yyJVQSQiP7FG0Ig3dmDrQ5Q=
http://www.expresion-salsa.com/profil.php?pg=pro
http://studio-latino.com/CV%20marina.htm
http://www.yasd.fr/
http://www.danseaufrere.fr/?menu=danses_tangoargentin
http://www.ido-france.com/
et il y en a des dizaines et des dizaines ... et vous croyez que les débutants voient vraiment la différence ?

Maintenant qui croyez-vous que le Ministère va écouter : quelques assos qui se chamaillent sur la façon de non-agir ou des fédérations organisées avec plusieurs dizaines de milliers d'adhérents, et des structures internationales ? Arretez de rêver ! L'époque des pionniers du Tango Argentin est finie.
Et si un Diplôme est mis en place, qui va organiser la formation ? Toutes les fédérations de danse de salon et sportive ont déjà, en place des formations et des brevets fédéraux de Tango Argentin ... C'est pas le vrai ? Qui va le dire ! Et la différence avec un diplôme ? Aucune!

Dernier point, le Ministère de la Culture a fait monter la Fédération Française de Danse pour avoir un interlocuteur unique et surtout un délégataire unique. s'il y a la moindre réglementation, la FFD sera délégataire (On a vu le b...en Danse classique). Hors la seule composante concernant la danse de couple de loisir et de compétition, c'est le CNDS : Comité National de Danse Sportive. Vous ne croyez pas qu'ils pourraient être intérréssés à la création d'un diplôme obligatoire ... dont ils assureraient, bien sur, la formation ...

Il y a urgence à s'organiser de façon efficace, mais vraiment efficace !
J'avoue, en conclusion, que j'ai un peu le blues et que je suis un peu pessimiste, car je suis persuadé que le Tango Argentin est déjà parti, alors "la charte et la coordination que l'on dissout àprès ..."

Pierre, tes textes repirent l'intelligence et l'amour du tango, mais je ne crois pas que tu aies bien pris conscience de la réalité de ce qui se passe en ce moment.
Il faut être plus incisifs. Je reste persuadé qu'une fédération s'impose dans les plus brefs délais pour représenter et défendre notre spécificité auprès des pouvoirs publics.
Les coordinations étudiantes se dissolvent, et les réformes passent pendant l'été, la CGT est toujours là depuis des décennies, et participe toujours aux négociations.
C'est la structure de notre société qui l'impose, on ne la changera pas. La fédération à créer me parait incontournable ... et le temps presse.

Sonia
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Contribution de Fred

[liste de diffusion tanguero]
Belle intention et belle action. Merci.
J'espère que les débats seront sereins.
Pour ma part, je suis parfaitement contre une "officialisation" des diplômes... On voit déjà ce que donne l'officialisation générée par le pouvoir du fric...
Dans les danses standards, la même démarche a été faite. Résultat des courses: un schisme terrible entre les pro-pour et les contre, + un relatif bordel au niveau des compétitions, so on.
Dans tous les cas, ce qui reste constant, diplôme officiel ou pas de diplôme: les dénigrements,les louanges, et le fait avéré que tout le monde n'est pas d'accord, ni sur le style, ni sur la pratique, ni sur l'éthique... Je ne vois vraiment pas comment à partir de là souhaiter "uniformiser" le tango. Et surtout pourquoi s'embarrasser d'une référence normative supplémentaire? Il y en a déjà bien assez dans la vie de tous les jours.
Même démarche au niveau européen. Le coût de la normalisation et des règlements qui en découlent est celui-ci: la perte du savoir-faire, la disparation des goûts, des terroirs et j'en passe.
Je pense très sincèrement qu'un niveau d'une pratique de loisir, le public est apte à faire son choix. Chaque école ou association qui le souhaite pourrait mettre en place et proposer son diplôme. Sa validité se fera de par la réputation et la notoriété qu'elle sera apte à développer. De la même façon que nous voyons des intervenants de stage avoir une meilleure réputation que d'autres. Enfin, nous sommes capables de choisir le style et l'école qui nous conviennent. Un "permis de conduire le Tango" étatique, unique ne me semble pas souhaitable. Comment éviter le "despotisme" qui ne manquerait probablement pas d'en découler? Comment éviter une "uniformisation des styles et des sensibilités" qui ont amené les danses standards où nous les voyons au niveau professionnel? Quid des 2 plus belles qualités du tango argentin: la spontanéïté et l'improvisation? On tendrait de plus en plus à des performances chorégraphiées. Même si la chorégraphie peut se révéler indispensable à un certain niveau, je ne me vois pas vivre le tango avec cette approche et une démarche standardisée.
Le tango argentin a échappé à la standardisation jusqu'à aujourd'hui. Constat: des courants et des genres se créent encore, en danse comme en musique. Peut-on en dire autant des danses dites "standards" en terme de créativité ? Je ne le crois pas, pour ce que j'en ai vu.

Fred
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[L-22] Re: Lettre ouverte, par Pierre

Bonjour,

Je suis entièrement d'accord avec Claire. Je pense qu'au point où on en est, il faut maintenant aborder les choses sur un mode positif. On peut dire qu'il y a un large consensus (mais probablement pas l'unanimité) contre le diplôme et la certification quand bien même ceux-ci prendraient la forme d'un "certificat d'aptitude" délivré par une "Académie" portègne, comme le propose Marc dans la prochaine Salida.

Je crois qu'il serait donc intéressant de laisser (pour le moment) le débat sur ces deux questions pour s'engager dans la voie que propose Claire : mettre en évidence tous le travail des associations dans le domaine de la diffusion et la promotion du tango comme culture, et le cas échéant, voir comment le Ministère de la Culture pourrait aider un tel mouvement.

Cela passe par un recensement de ce qui se fait, dans un premier temps en France et ultérieurement en Europe. Les revues La Salida et Tout Tango pourrait peut-être nous aider dans cette recension. Après tout, pourquoi pas proposer à chacune de ces deux revues de sortir un numéro spécial sur ce sujet ?

Dans un second temps, élaborer une Charte (sur le modèle de celle sur laquelle avait travaillé Christophe il y a une dizaine d'années et qu'on peut retrouver sur le site du Temps du Tango). Puis proposer cette Charte à la signature des associations françaises (et pourquoi pas à tous les "maestros" argentins que nous invitons à longueur d'année en France).

Dans un troisième temps, présenter cette Charte au Ministère.

Je pense que l'idée de Fédération devrait vraiment être abandonnée, car le Tango comme culture populaire ne peut se développer que grâce à la diversité (au risque d'errements inévitables, mais ne l'oublions pas, le tango est avant tout une "certaine façon de marcher" et c'est donc dans le cheminement qu'il peut s'enrichir). Une Fédération ferait à terme le lit de la certification (plus les nombreux conflits à venir, les querelles intestines ou inter-fédérations. Il est préférable de danser ou d'écouter du tango plutôt que de sombrer dans la bureaucratie).

Par contre, on pourrait peut-être créer un "Coordination inter-associative" dont la mission serait uniquement de produire cette Charte. Elle se dissoudrait une fois la Charte écrite.

Le blog pourrait vraiment jouer un rôle dans cette dynamique.

Je soumets donc ces quelques idées à la discussion.

Bien amicalement à tous.

Pierre Vidal-Naquet
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[L-21] Lettre ouverte, par Claire

Bonjour à tous,

Je suis avec intérêt l'évolution des échanges sur le Blog et attend impatiemment de pouvoir lire la denrière SALIDA qui doit aussi traiter du sujet qui nous préoccuppe.
Et à ce propos le sujet qui me préocuppe, c'est de trouver l'angle de défense ou d'attaque comme vous préférez ! en cela je remercie Pierre de sa contribution éclairée au débat car il a le premier énoncé une piste !
Nous avons échangé beaucoup d'arguments contre l'idée d'un diplôme pour l'enseignement du tango, nous avons spécifié tant bien que mal les originalités de cette danse, rappelé qu'il s'agit d'une culture à part entière avec diverses expressions artistiques, souligné son caractère populaire, et comment elle s'est véhiculé de génération en génération, et enfin nous avons insisté sur le mode de développement du tango en France qui a eu lieu grace aux associations, bénévoles, et passionnés qui ont permis de faire croitre le nombre d'initiés..; etc..

1ère partie : soyons optimistes ! on peut faire quelque chose ?!

Rappelons que le préalable à tout ce débat, c'est la question de l'ENQUETE lancée ou commanditée ou soutenue par le Ministère de la Culture. Une équipe de chercheurs, sociologues, a été choisie pour rendre un état des lieux de l'enseignement des danses en France (Tango, flamenco, salsa, danse orientale..). Le questionnaire qu'ils ont mis au point n'est pas un questionnaire qui permet de rendre compte des réalités de terrain que connaissent les associations de tango ! j'ai déjà exprimé une critique de la méthodologie employée : questions fermées, questions qui ne trouvent aucun écho si l'on n'est pas Ecole de danse, questions orientées sur l'enseignement uniquement ..
Si l'on veut rester objectif dans cet histoire, sans vouloir diaboliser ce travail d'enquête, il faut reconnaitre que nous ne pouvons qu'être desservi par les résultats (si fiabilité il y a, vu le peu de réponses de la part des assos de tango !!)
Or ce n'est pas une enquête anodine menée par des étudiants dans le cadre d'une fin de cursus, c'est bien une enquête qui a un caractère national, officiel, et destinée à servir de référence et de base à une décision ministérielle.

C'est pourquoi je me pose la question : sans aucunement nuire au travail des chercheurs que nous laissons oeuvrer comme ils l'entendent, puisqu'ils doivent rester neutres et concentrés sur leur mission, ne pourrait-on produire nous-mêmes un rapport et état des lieux sur le tango en France : associations (croissance, changements, avenir), fonctionnement, activités, problèmes rencontrés pour la diffusion de cette culture, difficultés de fonctionnement, résultats, etc.. et demander au Ministère de la Culture un soutien à la diffusion et à la transmission de cette culture (plutôt qu'un diplome pour l'enseignement de la danse) en faisant entendre une voix pluri-artistique (musique, danse, cinema..) !!
Bref prenons les devants et le contre-pied, puisque nous n'avons rien à perdre dans l'histoire !!

2 ème partie : soyons pessimistes ! attendre et voir venir !
Si rien ne se passe je vois les choses se gâter :

A priori derrière cette enquête se cache le projet du Ministère d'instaurer une formation diplomante pour l'enseignement du Tango argentin : faut-il accepter ce détournement total d'une culture populaire et faire rentrer de force l'enseignement du tango dans les cadres académiques et stéréotypés qui sont le propre d'un parcours de formation unique pour tous?
1) certaines associations se sont engouffrés dans ce vide et manifestent leur opportunisme en proposant avant toute obligation, ou règlementation, des semaines de formation pour formateurs ! évidemment qu'en voulant isoler et commercialiser le concept de "formation de formateurs", elles donnent des arguments à l'administration, sans se poser la question du besoin, de la nécessité et du sens de leurs initiatives !! La mise en place d'un diplome ne peut qu' accentuer cette course à l'ouverture de formations, sachant que les besoins en Profs ne sont pas du côté de nouveaux profs (dans le sens tout frais sortis de l'oeuf, vu que leur nombre risque un jour de dépasser le nombre d'élèves !!) mais d'enseignants de longue date, danseurs professionnels, pédagogues ayant une histoire avec le tango, capables de faire évoluer le niveau des danseurs en France. Que le besoin est aussi du côté de l'évolution de la législation du travail, et de la moralisation des tarifs horaires dans l'enseignement du tango : si ces tarifs devenaient plus raisonnables, cela mettrait un frein à beaucoup de "vocations" dans le paysage tango français.
Dans cette course au diplome, à la formation, c'est un nouveau commerce qui ouvre, et les associations vont y laisser de leur cohérence, de leur autonomie, de leur communautarisme, de leur enthousiasme, de leur entente, de leur diversité !

2 ) derrière la question du diplôme se cache toute la perversité de la règlementation : moins de liberté dans notre vie, moins de responsabilisation, plus de contrôle, plus de divisions entre les gens, et une mise sous tutelle .. et ne serait-ce que pour cet aspect , on a envie de résister !!

3) derrière la règlementation du tango argentin, il y a la non-reconnaissance du tango en tant que culture (musique, poèsie, littérature, cinéma, danse..), la non-reconnaissance de ses spécifités dans la transmission depuis son origine jusqu'à nos jours, la non-reconnaissance de sa paternité et de ses prolongements outre-atlantique (le Rio de La Plata et non la France), la non-reconnaissance de son mode de développement qui est le réseau associatif, la non-reconnaissance de sa diversité (danse de bal, danse de scène, liée à la musique), la non-reconnaissance de son rôle de lien social et en cela, l'histoire du diplôme qui focalise le débat sur la danse, reflète bien l'état de nos sociétés occidentales : le tango, une discipline de danse, un loisir, objet de consommation, réduit à une expression simple, quantifiable, règlementable, commercialisable, que l'on tire et pousse pour qu'il entre dans la spirale infernale de l'économie libérale ! nous y perdrons le Tango et nous serons encore plus nombreux à aller le chercher à Buenos Aires, sans illusion toutefois sur son devenir là-bas !

Claire PROUHET
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[L-20] Mise sous tutelle, par Max

Bonjour,

Vous savez sans doute déjà qu'un problème analogue se pose pour la danse traditionnelle (folklorique, si vous préférez).

Le propre des danses traditionnelles est qu'il n'y avait pas d'enseignement (le mot passeur de danse est bien choisi). Une génération de jeunes (pas les collecteurs d'antan, la génération suivante) essaye de s'approprier l'enseignement de la danse traditionnelle, et soyons clair, les subventions disponibles.

Paradoxalement leur objectif est de figer dans le marbre une danse qui a toujours évolué - la dérobée de Guingan (Bretagne) se danse sur une tarentelle ramenée par les grognards de Napoléon.

Mais encore le problème s'est posé pour le yoga : sorte de gymnastique qui devrait dépendre du Ministère des Sports?

Bon courage contre la pulsion envahissante de l'état qui veut tout contrôler !

Max
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Echange entre Pierre et le modérateur à propos de la modération

[Note du modérateur, 02/04/08: ce message contient la description de la méthode de modération du blog. cette description sera reprise dans une page technique du site et la deuxième partie en bleu de cette contribution sera alors allégée]

Juste une petite question concernant l'orientation vers la zone archive de la discussion sous le prétexte qu'elle deviendrait hors sujet.

Si je comprends bien que les échanges sur Foucault, Kant ou Rousseau ne soient pas au cœur du débat actuel, je pense qu'au contraire celui qui porte sur la neutralité de la sciences derrière laquelle se place Christophe pour mener son expertise à huis clos me semble en plein dans le sujet.

Pouvez vous me dire donc quelles sont les conditions qu'il faut remplir pour pouvoir participer au débat concernant la question actuelle de la certification. Je note que ma réponse à Christophe (qui ne portait que sur son étude) n'a pas été versé au débat public.

Merci pour vos éclaircissements.

Cordialement.

Pierre Vidal-Naquet

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07/04/08: Les principes de modération font maintenant l'objet d'une
page du site.
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Contribution, par Stéphane

[1ère partie]

D'une manière générale, qu'on soit en asso ou en "pro", puisque j'ai deux structures bien distinctes justement, il faut à mon avis se battre contre le principe d'un diplôme. Non pas par esprit rétrograde ou conservateur mais au contraire, pour maintenir le processus dynamique dans lequel le tango en particulier tend à se développer et qui ne peut qu'étouffer par un processus de standardisation quel qu'il soit.

Car franchement, qui pose ce problème, qui se plaint ? Sont-ce les danseurs? Sont-ce les présidents d'assos ? Qui?
Personne ! Peut-on dire que les élèves se plaignent que les profs n'ont pas de diplômes? Je n'ai jamais entendu parler de cela dans le tango ni ailleurs. A part deux ou trois pelés qui se sont retrouvés à apprendre les danses de salon alors qu'ils voulaient apprendre le tango argentin et qui crient à l'escroquerie, je ne vois pas qui.

A regarder de près je vois deux réponses :

Les écoles et profs médiocres qui ont leur diplôme de maître de danse mais qui ne savent rien faire en tango. Par contre, ce sont les pros des pourparlers. Et je suis persuadé que ce sont eux qui sortiront grand gagnants de cette affaire.

Les pouvoirs publics qui voient d'un mauvais oeil toute qu'une communauté grandissante n'échappe à leur contrôle. On régente les profs pour mieux contrôler les pratiquants.

Or, ce système, sans aucune réglementation je le rappelle, a permis l'essor de styles extrêmement différents qui font la richesse du tango.

Pour ma part, je trouve cette manie de vouloir légiférer standardiser et normaliser très français du même acabit que la démarche ayant conduit aux danses de salon.

Il est urgent de faire comprendre aux autorités que les bons profs ont besoin des mauvais, que tout le monde, même le charlatan qui fait croire à son élève qu'il enseigne le tango argentin alors que c'est du tango Européen a sa place dans le paysage du tango. OUI, car c'est précisément grâce à eux qu'un marché s'est créé ! C'est suite à leur médiocrité que les élèves ont créé des assos pour faire venir des profs d'ailleurs pour leur enseigner le "vrai tango" par de "vrais pédagogues"

Il faudrait qu'ils pigent une fois pour toutes que le processus d'évolution du tango est un processus régi par des lois naturelles qui ne se définit pas selon des normes ou des règles mais qui n'en demeure pas moins terriblement efficace : un marché très concurrentiel, des bals, des festivals à profusion partout en France et à l'étranger, des contextes où tout un chacun peut faire le bilan de sa progression se situer, se comparer et évaluer son professeur par rapport à des résultats obtenus. Les gens ne sont pas totalement stupides. Ils se font conseiller par d'autres qui s'y connaissent, ils se renseignent et avec ce système, vous obtenez des résultats bien meilleurs que tout ce que vous obtiendrez en mettant en place des réglementations à la noix.

A côté de cela, les attentes ne sont pas toujours claires. Il y en a qui viennent à des cours pour socialiser, d'autres pour draguer ou se faire draguer, d'autres pour se changer les idées, certains pour avoir une activité physique, une activité cérébrale et même parfois des gens qui viennent pour apprendre à danser. Mais là aussi, il y a ceux qui veulent apprendre des choses simples, d'autres qui veulent apprendre des choses compliquées ceux qui veulent ouvert ceux qui veulent fermé, ceux qui évoluent... de quel droit vous s'immisce-t-on dans une transaction qui satisfait les deux parties ?

Il y a des cours de tango où l'on apprend des tas de figures tout de suite, il y a des cours pour les jeunes, d'autres pour des vieux, ce ne sera pas le même enseignement ni les mêmes figures et cela n'en demeurera pas moins du Tango et, chose extraordinaire, le paysage actuel permet de répondre à l'ensemble de cette diversité. D'où allez-vous dire aux gens pourquoi, comment et dans quelles conditions ils devraient faire ou apprendre le tango?

Pour finir si c'est pour déboucher sur "attention il y a du tango européen et du tango argentin, ce n'est pas la même chose" là on peut vraiement dire que la montagne a accouché d'une souris.

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[2ème partie]

Ce que je veux dire aussi c'est que c'est cette démarche de normalisation là qui a conduit dans le passé à la naissance du Tango de Salon Européen tel que nous connaissons aujourd'hui. Je pense qu'il ne faut laisser personne récupérer le tango car il n'appartient à personne. On ne doit pas recommencer les mêmes erreurs. Chacun est libre de l'interpréter comme il le souhaite et donner sa propre définition. C'est cela qui fait la richesse de cette danse.

Bien sûr, il y a une technique qui régit l'ensemble des figures, la marche la connexion, l'abrazo, l'axe, la dissociation, le transfert, la technique des tours, les 8 etc. mais si quelqu'un venait imposer une vision normatrice de ce que doit être l'enseignement, il ne peut qu'appauvrir la richesse extraordinaire de tout ce que comporte le tango pour ne proposer qu'une vision étriquée et forcément ridicule.

Le Tango n'est pas seulement une danse, c'est plein d'autres chose et l'apprentissage du tango est avant tout un parcours initiatique où l'on change un peu pour devenir tanguero.

Ce que je veux dire c'est que chacun se fait sa propre idée sur le tango à travers sa propre synthèse de ce qu'il a appris d'une combinaison de profs. Il y a ceux qui ont une approche technique d'autres (et des très connus) fonctionnent par des chorégraphies, d'autres ne parlent que d'émotions et de sensations. Le pire, c'est que chacune de ces approches peut très bien fonctionner ou en tous cas, apporter un éclairage supplémentaire.

Vous ne pouvez pas laisser quelqu'un s'accaparer tout cela pour n'imposer qu'une seule définition du tango car le tango ne se développe que dans le multiple et jamais dans l'unique et ça, c'est l'expérience qui le prouve.

Il me semble que les partisans d'une telle loi auraient beaucoup à gagner à apprendre le tango. Ils verraient tout ce qu'il est possible de faire par le lâcher prise au lieu de gaspiller inutilement leur énergie.

Cordialement`
Stéphane
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[L-19] Re: Blog : Etonnement et adhésion, réponse de Sonia au modérateur

Bonjour, pas sûr que cet échange soit hors sujet : renseignements pris, mon copain qui travaille en préfecture, m'affirme que tous les renseignements sans exceptions, et tout ce qui concerne les associations en France remonte à un service spécialisé, du Ministère de l'Intérieur. Ceci me parait d'ailleurs logique, vu que c'est auprès des Préfectures que l'on déclare les associations et tout ce qui a trait à leur fonctionnement, et que c'est ce ministère qui a en charge la règlementation des assos. Les associations sont extrèmement surveillées, car celles concernant des communautés particulières, les sectes, etc ... classées dangeureuses. Certaines assos "culturelles" sont même sous surveillance des Renseignements Généraux. Le tri est fait après, et il ne faut pas être parano : il y a peu de chances que le assos de Tango soient condidérées comme une menace, mais ce qui est sûr, c'est que toutes les informations remontent, et ça c'est pas très rassurant à l'époque des fichiers croisés et de Big Brother ! Toute main mise de l'Etat sur la collectivité peut être considérée comme une menace pour la liberté, et ma liberté j'y tiens.

En plus, quant on va sur le lien, très intérressant de la FFSD, et que l'on regarde comment doit fonctionner une asso, on se dit que l'on n'est peut-être pas tous totalement en conformité avec la loi. Pour ma part, même si je n'ai rien à me reprocher, je préfère ne pas répondre à cette enquête, et même si je ne doute pas de la bonne foi de Christophe, je crois qu'il joue un peu aux apprentis sorciers, cette enquête est extrèmement dangeureuse, il aurait pu y penser.

Pas d'enquête, pas de diplôme, la liberté pour tous, et le Tango vivra.

Sonia

P.S.
L'argument de Christophe sur les Arcades fait sourire : si chaque Arcade fait son enquête dans sa région, et que l'on fait la somme des régions on a une enquête nationale (!), à mon avis autrement exhaustive compte tenu des moyens. Pas envie de se salir les mains, les Arcades, ou c'est le Ministère de la Culture qui décharge sa responsabilité sur une structure extérieure ?
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