Certification

[L-79] RAPPEL REUNION LE 7 JUIN, par Claire

RAPPEL :

REUNION LE 7 JUIN A TOULOUSE :

Depuis l'envoi d'une enquête, commanditée par le ministère de la Culture, aux assos de tango et écoles de danse .... (dans le cadre d'un projet d'un diplome pour les enseignants des danses du monde dont LE TANGO ARGENTIN) certains se sont mobilisés pour s'opposer à l'idée d'un diplome dans le tango, pour des raisons de spécificités du tango argentin et d'autres raisons exprimées à travers le BLOG, outil d'expression mis en place pour cette occasion.
Pour passer à une étape supérieure, qui est de rédiger une CHARTE ou un LIVRE BLANC qui formulera les principes fondamentaux de la culture Tango (à partir du texte de la Charte de 1997) qui nommera les élèments spécifiques essentiels de cette danse, et qui servira de texte fondateur, approuvé par les associations de tango argentin, nous organisons une réunion à TOULOUSE,, à l'intention de tous ceux qui se sentent concernés par ce travail préalable et par cette démarche préventive en attendant les résultats de l'enquête (responsable associatifs, acteurs du tango, professeurs, passeurs, danseurs..)

ordre du jour :
Présentation du chemin parcouru (réunions, Blog, échanges..)
L'opposition à une certification : pourquoi ? examen des éléments spécifiques au tango, à son histoire, à son ancrage, à son développement.. (rappel des élèments retenus dans l'ensemble des contributions.. échanges..)
La Charte du Tango argentin : le texte existant et le travail de réécriture : préciser les points essentiels et fondamentaux qui caractérisent le Tango argentin, l'essence de cette danse, ses particularités et sa diffusion en France et définir ensemble un texte fédérateur minimaliste et une référence "éthique" pour la communauté tanguera associative.

LA REUNION SE DEROULERA de 14 h à 18 h 30 :
156 bis avenue de Lavaur
Métro Roseraie (parking sur place)

Venez avec vos arguments, relisez les contributions parues sur le Blog, ...
http://diplome.tango.free.fr

Confirmez votre participation : 06 31 14 64 26

Les initiateurs du Blog
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[L-78] Quatre propositions de travail pour le futur, par Cécilia

Quatre propositions de travail pour le futur

Vu que la date de fin du blog approche, je veux faire des propositions, même si les bases de ces propositions restent plutôt des questions.
Il faudrait en effet connaître les résultats de l’enquête de l’Oppic, ou pour ceux qui ne partagent pas la façon dont l’enquête est menée, réfléchir si on peut réaliser une enquête différente pour avoir de l’information solide.
Il reste aussi à définir dans quel cadre ces propositions seront menées à terme : le cadre informel de réunion des associations, une fédération, etc.

Je résume un peu rapidement et de façon incomplète tous les arguments qui ont été présentés dans ce blog. Vu que le tango argentin est une danse « jeune », en plein développement et expansion géographique, qui a des particularités que la dégagent d’autres danses, qui vit à travers le voyage ; vu qu’il n’existe pas de diplôme obligatoire en Argentine et que le tango a une faible implantation en France, avec peu de professeurs à temps plein. ( À ce moment, je m’avance aux résultats de l’enquête) Je propose aux associations et acteurs du tango argentin en général:

1) S’opposer à l’instauration de tout diplôme obligatoire ou dispense d’état.

2) Développer et promouvoir toutes sortes d’activités ou supports : études, stages, publications, cours, festivals, etc. en vue de former et améliorer le niveau pas seulement des amateurs mais aussi des enseignants. Sensibiliser le ministère à cette tâche, demander des subventions.

3) Mutualiser l’information et demander des aides pour fluidifier l’attribution des visas et l’embauche des artistes argentins. Étant donné la faible quantité d’argentins qui décident de s’installer en France, et connaissant le tournant de la politique actuelle du gouvernement ; on peut mettre l’accent sur l’embauche occasionnelle et de courte durée.

4) Faire l’analyse des rapports avec les écoles de danses de salon et proposer des actions concrètes pour améliorer les relations. Selon mon expérience, on trouve deux cas de figure : les professeurs que de façon plus ou moins discrète se forment pour remplir un créneau de tango argentin dans son école. Ceux-ci contribuent à la diffusion et
le développement du tango argentin tout comme les associations. Ensuite il y a les écoles qui voient le monde du tango argentin avec convoitise ou les associations comme des compétiteurs déloyaux (voir blog n˚ ). Le dernier exemple est l’association Querido tango, attaquée par troisième fois au tribunal d’Annecy par un syndicat d’écoles de danse.

Cecilia Pascual
00 33 6 21 70 22 57
¡Viva el Tango!
http://tango-argentin-cours-spectacles-greno.blogspot.com/
http://etoilepourastortangoargentin.blogspot.com/
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[L-74] Re: l'apport du blog, par Christian

Bonjour les amis du tango "argentin",

Un mot pour dire que j’ai finalement répondu ce jour au questionnaire de l’OPPIC, bien que je ne me sente que très partiellement concerné. Vous trouverez ci-dessous le texte que j’ai joint au questionnaire.

Je me suis déplacé cette semaine à Paris où j’ai rencontré les responsables de cette enquête, au ministère de la Culture, qui m’ont transmis le détail de l’ordre de mission de l’OPPIC. J’ai aussi rencontré la présidente de la FFD, en lien avec cette enquête.

En plus du fait que je suis étonné et quelque peu déçu par les querelles passionnées qui se déroulent à ce propos, surtout par les réactions fougueuses des professionnels en charge de cette enquête, je reste convaincu du fait que cette enquête est trop restrictive, sa restriction étant fondée sur des concepts mal définis, inventés pour la circonstance, sans réalité de terrain, ni technique, ni historique, ni pédagogique.

Et je pense que toute cette "littérature" sur le sujet des "danses du monde", risque, à terme, non pas d’amener à une clarification des métiers correspondants, mais à une confusion encore plus grande. Je le regrette vivement.

Je reste pourtant à disposition pour en discuter encore.

J’enseigne le tango (argentin par essence…), et le tango dit "argentin" depuis près de 20 ans… Et ma réflexion concerne, entre autre, l’éventuelle certification d’un diplôme… Donc, je pense que ce texte aura sa place sur votre blog (contrairement à d’autres).

Je vous remercie de me lire et de réagir à mes idées.

Christian Dubar, INSTITUT DE FORMATION EN DANSES DE SOCIÉTÉ (Toulouse)
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[L-73] L'apport du blog, par Marion

En tant qu'association de tango Argentin je n'ai pas hésité à répondre au premier questionnaire envoyé par le ministère de la culture à travers L'Oppic! Par contre j'ai de suite bloqué sur la deuxième vague de questionnaires sans comprendre immédiatement les raisons!

Depuis que le blog existe je me nourris de vos réfléxions, je me réjouis de voir que la passion l'emporte ,dans le sens où ceux qui ont écrit ,sont de vrais amoureux du tango argentin et ont une vraie réflexion pour le défendre , mais surtout je voudrais vous remercier pour m'avoir permis de pousser ma réflexion et comprendre mes hésitations!
la dernière lettre adressée au Blog Par *Pierre Vidal Naquet *,m'a permis de trouver les chaînons manquants dans le sens où, si jusqu'à présent je réagissais par des critères culturels , émotionnels ou poétiques , aujourd'hui j'ai acquis des arguments complémentaires !

malheureusement je constate que cette lettre a été retirée! *Dommage *car elle démontrait que la "particularité", la "spécificité" du tango argentin n'était pas prise en compte dans les questionnaires et proposait une ouverture de dialogue encore plus grande qui aurait permis de poser les questions d'un débat intéressant !

l'Absence de participation sur les divers forums ne vient pas d'un manque d'idée mais du bon sens populaire!Nous sentons tous confusément que ces questionnaires ne sont pas adaptés à l'art que nous défendons! Ils ne nous parlent pas de choses reconnaissables à nous passeurs, transmetteurs d'une culture que les argentins ont mis une vie à danser!

Oui ces questionnaires nous dérangent car ils ressemblent étrangement à ceux édités il y a quelques années pour les DE de classique jazz et danse contemporaine et ne sont pas adaptés au tango argentin, art tentaculaire et culture et je rejoins PVN quand il dit que nos réactions, ne sont pas une entrave au travail des chercheurs mais une
source positive de réflexion, comme pour dire, arrêtons avec ce travers typiquement français qui consiste à mettre des diplômes partout,, qui la plupart du temps dénaturent l'essence de l'art, que le ministère nous laisse encore un peu de cet îlot de liberté et d'humanité!

Marion Ouazana
academia del tango argentino Marseille
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[L-68] A propos de l'enquête en cours, par Pierre

[note du modérateur, 17 mai 2008: le texte ci-dessous a provoqué une discussion enflammée. Il convient de préciser ici que les appréciations ou jugements portés par l'auteur (Pierre) concernent uniquement l'application de l'enquête au tango argentin et non l'enquête dans sa globalité.]

Bonjour,

Suite au lancement d'une deuxième vague de questionnaire par les chercheurs de l'OPPIC, Christophe Apprill a adressé un courrier au blog Diplôme-tango destiné à calmer les inquiétudes soulevées par l'étude en cours. Or, il me semble que ce courrier n'atteint pas vraiment ses objectifs et je me demande si les chercheurs de l'OPPIC ne devraient pas renoncer à poursuivre leur enquête dans le milieu du tango argentin (ce qui ne nuirait en rien à l'enquête en cours qui concerne un grand nombre de danses) car je pense que, malgré les précisions apportées par Christophe, cette enquête reste peu utile, peu exploitable (concernant la question de la certification) et enfin préjudiciable au monde du tango. Je voudrais avancer quelques-uns des arguments à l'appui de cette thèse.

1. Une enquête peu utile (dans le monde du tango).

Christophe Apprill avance l'idée que les chercheurs ne peuvent se prononcer sur l'opportunité de la certification avant de connaître les résultats de l'enquête. Cette assertion qui peut sembler être évidente ne l'est pas toujours. Toutes les questions ne méritent pas qu'une enquête soit lancée pour se prononcer. Par exemple, on n'a pas besoin attendre les résultats d'une enquête pour savoir s'il faut réglementer l'accès des blonds (ou des bruns) au tango argentin. Une telle question est stupide et ne mérite même pas d'être posée. Or, si elle est loin d'être stupide, la question de la certification ne mérite pas d'être posée pour le tango argentin pour les raisons que je vais expliciter plus loin. (Je signale incidemment que, dans ces précédents ouvrages sur le tango, Christophe n'avait pas subordonné à une enquête sa prise de position contre toute idée de diplôme. Il avait pris une telle position en tant que pratiquant) .

A la lecture des questionnaires, on croît comprendre que l'opportunité de la certification dépend étroitement du nombre de professionnels qui travaillent dans le secteur de la danse (et pour nous, dans le secteur du tango argentin). Dans son courrier, Christophe précise qu'il a besoin de savoir "au juste" si on peut gagner sa vie en tant qu'enseignant de tango. Il est en effet évident que s'il n'y a pas de professionnels (ou s'il y en a très peu), la question de la certification ne se pose plus.

Or, il se trouve que nous avons d'ores et déjà des réponses très précises à cette question. Pour plusieurs raisons, nous savons qu'il n'est pas possible de gagner sa vie en donnant des cours de tango de façon réglementaire (en payant les charges sociales notamment). On sait que le "marché" du tango est très étroit, que là où il pourrait être important (dans les grandes villes) l'offre est importante. On sait aussi que le nombre d'élèves par cours est forcément limité (à 26 ou 30 au maximum alors que j'ai assisté à des cours de rock donnés à une centaine d'élèves). On sait aussi que le tango est une danse exigeante et que au fil des mois, les cours initialement très fréquentés peuvent se clairsemer. En bref, on sait qu'il est impossible de salarier un couples d'enseignants sur 12 mois, quand la saison n'en dure que 9.

S'il existe quelques professionnels en France, ce sont des gens qui font autre chose, notamment des spectacles (en France et à l'étranger). Ceux-là, et ceux-là seuls, peuvent bénéficier du statut d'intermittent, ce qui d'ailleurs n'est plus chose facile aujourd'hui (je serais probablement excessif en disant qu'en France, de tels danseurs-enseignants de tango se comptent sur les doigts de la main). La plupart des enseignants de tango argentin sont donc soit bénévoles, soit tirent de leurs cours de maigres ressources qui viennent compléter d'autres revenus. La question de la certification ne se pose donc ni pour ces bénévoles ou professionnels à temps partiel, ni pour les quelques enseignants "danseurs de spectacles" qui sont plutôt concernés par le statut d'intermittent.

Et s'il fallait en avoir vraiment le cour net, il suffirait de faire un sondage : prendre une grande ville (là où le "marché" est le plus large), et faire le compte...

2. Une enquête peu exploitable.

A la lecture des questionnaires, on comprend aussi que ce n'est pas seulement le nombre d'enseignants professionnels qui peut motiver la certification, mais l'opinion de ceux-ci (et ceux des associations). Deux questions relèvent en effet du sondage d'opinion :

- Etes vous favorable à la création d'une formation professionnelle diplômante ?
- Estimez vous que la pratique de votre danse comporte certains risques de blessure ? (Question posées uniquement aux professeurs).

Le problème de ce sondage d'opinion, c'est celui de l'interprétation des résultats. Pour les apprécier, il faut connaître la population de référence. Par exemple, dans une élection on connaît le nombre d'inscrits, le taux d'abstention, et selon l'importance de ce taux, on a une idée de la légitimité des résultats.

Or, les chercheurs de l'OPPIC ne peuvent pas connaître la population (des enseignants) à laquelle ils s'adressent. Le tango argentin se transmet en effet de multiples manières, par des enseignants réguliers (bénévoles ou non), par des bénévoles occasionnels. Mais surtout, l'une des spécificités du tango argentin, c'est que les cours sont (et continueront d'être) donnés dans des stages animés par des étrangers de passage(argentins pour la plupart) dont le nombre ne peut être connu. (Il faudrait en effet pouvoir compter à la fois ceux qui sont déjà venus en France et y ajouter tous ceux qui exercent ailleurs, à Buenos Aires notamment et qui sont des candidats potentiels). Enfin le tango se transmet réellement de façon informelle par les bals et les milongas où les musicalisateurs ainsi que le public qui est présent sur la piste jouent un rôle essentiel. C'est probablement là que s'apprend l'improvisation (et non pas dans les cours). Bref, cela fait beaucoup de "transmetteur
s" de tango sans que l'on puisse sérieusement les dénombrer.

Dans ces conditions, les chercheurs de l'OPPIC ne pourront en aucune manière apprécier les résultats qu'ils recevront. Ils ne pourront établir des taux que sur les répondants, sans savoir ce que ceux-ci représentent. Par exemple, si sur 50 réponses d'enseignants, ils reçoivent 80 % d'opinions favorables à la certification, ce taux tomberait à 4 % si la population de référence (professionnels, bénévoles, musicalisateurs, danseurs étrangers etc...) s'élevait à 1000. Bref, le résultat sera totalement inexploitable.

Quant à la question portant sur les risques de blessure, elle ne devrait pas relever d'un sondage d'opinion. (Notons d'ailleurs que n'importe qui peut répondre au questionnaire sans que les chercheurs puissent en aucun cas savoir si les répondants sont qualifié pour répondre). Si l'on voulait réellement s'intéresser à cette question, il faudrait mener une autre enquête, c'est-à-dire une enquête auprès des pratiquants pour savoir de quels maux ils souffrent éventuellement, comment ceux-ci sont apparus etc. . Mais là encore, dans le tango, une telle enquête serait inutile. On sait en effet que c'est dans la durée et à force de danser de façon intensive (avec des chaussures à talon pour les femmes) qu'apparaissent des douleurs aux pieds, aux genoux et plus rarement au dos.

3. Une enquête préjudiciable au monde du tango.

Pour mener leur enquête, les chercheurs de l'OPPIC ont du "catégoriser" la réalité, c'est-à-dire rassembler dans une même "classe" différentes pratiques dont ils jugent qu'elles ont quelque chose en commun. Or un tel classement qui a suscité un certain tollé dans le milieu du tango argentin me semble porter un grand préjudice au tango argentin.

On comprendra en effet que la façon dont on est classé n'est pas sans importance car le classement touche à l'image et l'identité de ceux qui sont placés dans une même catégorie. Ce classement n'est pas anodin non plus si, à l'issue de la démarche, se profile une réglementation. Ainsi, nous aurions entendu les mêmes protestations (auxquelles se seraient probablement jointes celles des chercheurs de l'OPPIC) si, par exemple, le tango avait été classé comme "danses sportives" ou bien encore s'il avait été retenu dans une étude portant sur les sectes...

Une fois le classement opéré, les chercheurs doivent pouvoir trouver des questions qui font sens à tous ceux qui sont placés dans la même catégorie. Ils ne vont retenir que certaines questions et éliminer celles qui ne concernent pas la grande majorité. Ainsi, ils ne poseront pas de questions sur le rôle de la milonga (bal) dans l'enseignement de la danse puisque seul le tango argentin est concerné par cette question. En rechanche, ils incluront dans le questionnaire une question qui fait sens pour la plupart, mais pas pour le tango argentin, comme celle qui concerne le risque de blessure. Et lorsque les danseurs tango contestent la pertinence d'une telle question (sur le risque de *blessure), on leur répond qu'il ne faut pas qu'ils oublient que le questionnaire est aussi destiné à d'autres danses. Cela ne poserait pas trop de problèmes si les résultats restaient séparées par type de danse. Mais comme le Ministère s'interroge sur l'ensemble des danses, les chercheurs (ou
le Ministère) devront agglomérer toutes les réponses, en sorte que la spécificité du tango disparaîtra. Et il faudra accepter l'alignement.

Du coup, c'est là que l'enquête est susceptible de porter préjudice au tango argentin. En ne posant que des questions communes à toutes les danses, les chercheurs de l'OPPIC vont obligatoirement présenter un tableau déformé de la façon dont se diffuse le tango en France. En se calant sur le mode de transmission des écoles de danse, ils vont "lisser" le tango argentin et accréditer l'idée que la diffusion du tango passe d'abord par un enseignement qui est donné dans les cours alors que les associations redoublent d'efforts depuis les années 80 pour multiplier les chemins qui mènent à ce qu'elles considèrent comme une culture.

Conclusion : disjoindre l'enquête de la question de la certification.

Lorsque le milieu tango a réagi défavorablement à l'enquête portant sur la certification, les chercheurs de l'OPPIC ont répondu qu'il n'était pas légitime de s'opposer ainsi au travail de connaissance. Je pense que ceux-ci n'ont pas saisi que personne ne s'opposait au travail de connaissance loin de là, et que ce qui était contesté c'était simplement le formatage de cette connaissance par la question de la certification. De plus, j'ai essayé de montrer ici à partir de quelques exemples, que le travail de connaissance ainsi formaté, loin de faire avancer celle-ci risquait au contraire de la faire reculer. Il ne suffit pas d'accumuler les chiffres, les savoirs, pour faire avancer la connaissance. Tout dépend de la façon dont on construit celle-ci. L'histoire des sciences nous montrent suffisamment que la simple évocation de la scientificité ne suffit pas à garantir contre les erreurs d'appréciation.

C'est pourquoi je pense que les chercheurs d'OPPIC devraient pouvoir poursuivre leur recherche, mais, pour ce qui est du tango, en déconnectant celle-ci de la question de la certification.

Du côté de la recherche, cela leur permettrait d'avancer plus facilement avec la collaboration de la plupart des associations. Christophe Apprill a déjà écrit deux ouvrages forts intéressants l'un sur le tango et l'autre sur les danses sociales. Il vient de publier un troisième ouvrage aux Editions Autrement. Il fait ainsi avancer la connaissance sur le développement du tango et à ce titre devrait être encouragé.

Du côté de la certification, il me semble que la meilleure des solutions (toujours pour le tango argentin) serait non pas de procéder pour l'instant à l'enquête, mais au contraire de poursuivre le débat tel que celui-ci a été initié par les blogs, les revues et les réunions de Paris (30 mars), Marseille (21 avril) et Lyon (26 avril). Une nouvelle réunion est prévue le 7 juin à Toulouse, et enfin le 11 octobre un colloque est programmé à Lyon, avec la participation de Christophe Apprill. Une position commune sur la certification devrait pouvoir ressortir de ces différents débats. (Notons ici, que si c'est le Ministère qui a imposé d'inclure le tango argentin dans l'enquête, ce serait un premier résultat pour les chercheurs de l'OPPIC que de montrer, en s'appuyant sur le débat en cours, que le tango argentin devrait être sorti de la question de la certification. La reformulation des questions posées par les commanditaires est une pratique très fréquente dans la recherche en
science sociale).

Il me semble qu'en séparant ainsi l'enquête de la question de la certification, un certain consensus devrait pouvoir être trouvé entre les chercheurs de l'OPPIC et le milieu du tango argentin. L'enjeu de ce consensus est important car nous connaissons tous la fragilité de cette culture qui dans l'histoire n'a cessé de connaître des périodes de gloire et des périodes de récession. Gageons que nous saurons rester le plus longtemps possible dans la période d'expansion que nous connaissons actuellement. Pour y parvenir nous avons besoin de dialogues et non pas de divisions.

Bien amicalement.

Pierre Vidal-Naquet (Tango de Soie)
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94. Qu'est-ce que le tango et comment il se transmet ? par Matias

Qu'est-ce que le tango et comment il se transmet ?

- C'est une danse, pour laquelle, à partir du premier moment ou l'homme et la femme se prennent dans les bras, il s'agit pour eux de réussir à se rencontrer , non seulement d'un point de vue technique mais à travers le quotidien, l'émotionnel, c'est une danse dans laquelle chacun s'attache à résoudre cette incertitude anxieuse de la rencontre.. Cette danse est rendue possible par l'intégration totale par des deux danseurs d' un code d'écoute-proposition-acceptation-confiance . C'est une danse "sociale" (sociétale).

- Cela signifie que n'importe quelle personne, de n'importe quel âge, condition physique ou mentale, peut danser le tango et qu'il n'existe pas une unique, ou deux ou trois uniques forme strictes pour l'enseigner, mais plutôt qu'il y a de nombreux chemins d'acceptation de soi-même qui mènent le danseur vers une maturation de sa relation avec cette danse. Le danseur plus habile ou qui développe le plus de capacités est celui qui a su intégrer les codes d'écoute-proposition-acceptation-confiance déjà mentionnés.

- Cette danse, surgit d'un métissage culturel mondial inégalable, est patrimoine de l'humanité, parce qu'elle reflète toutes les formes de rapprochement du couple au moment de danser. Les femmes et les hommes dansent la façon de se mettre en relation, dansent l'histoire qui est la leur depuis le début de l'humanité.

- Le "professeur" ou "maestro" n'est ni plus ni moins qu' un facilitateur (transmetteur) qui se passionne pour ce travail, pour le plaisir de partager sa petite ou grande connaissance de cette danse. C'est clair pour tous , depuis les plus avancés jusqu'aux moins avancés, qu'il y a toujours à apprendre et que le caractère social de cette danse fait que nul ne sait avec qui il va danser la plupart du temps : cela implique qu'il lui faudra rencontrer sur son chemin beaucoup d'hommes et de femmes à différents niveaux de connaissance : pour cette raison, on ne peut pas parler d'un apprentissage d'une ou peut-être deux techniques, mais de l'accession à un code commun pour communiquer : écoute-proposition-acceptaton-confiance.

La transmission du Tango à Buenos Aires :

- Il n'existe pas officiellement d'Université du Tango qui soit reconnue, non seulement au niveau d'un Ministère, mais au niveau d'un véritable parcours de formation de danseurs.

- La non-officielle Université du Tango, a pour but simplement, d'amener de plus en plus de personnes au tango, certaines ayant des vocations tangueras, en leur procurant un lieu ou elles peuvent développer cet art : chant, musique, danse. Je dois signaler, qu'en tant que "transmetteur" de cette danse, j'ai beaucoup d'élèves qui proviennent de cette université , avec des niveaux très bas, dus au fait que ce n'est pas l'objectif majeur de cette institution que de former des danseurs.

- Il existe aussi une association qui travaille à la transmission des styles de tango des vieux grands danseurs ("milongueros"), partant du principe qu'ils furent les porteurs du tango rioplatense, et qu'ils sont les détenteurs d'une esthétique tanguera d'une valeur inégalable. Les élèves apprennent à danser "à la manière de.;" mais n'intègrent pas une connaissance scientifique, puisque cette connaissance-là n'existe pas .

- Quant aux académies de tango, elles échappent à une technique unique, car tous les professeurs enseignent différemment, puisqu'il n'y a pas une seule manière de danser mais qu'il y a autant de façon de danser qu'il y a de danseurs.

- Il est impossible de dire qui peut être professeur ou non, car aussi nombreux que nous sommes et de tous niveaux, nous ne sommes que des passeurs /transmetteurs qui alimentont les danseurs pour qu'ils trouvent un chemin personnel à l'intérieur de leur propre danse. Nous sommes en même temps tous, élèves d'autres professeurs , et de nous-mêmes, vu que personne ne peut détenir dans sa totalité la connaissance née de l'expérience de milliers de danseurs.

Matias Damián Facio
Bailarín Social de Tango Argentino
Buenos Aires
Argentina

- - - - - - - - - - - - - Version originale - - - - - - - - - - - -

Qué es el Tango Argentino y cómo se transmite?

- Es una danza, en la que desde el primer momento en que el hombre y la mujer se abrazan para bailar, deben tratar de encontrarse, pero no solo desde lo técnico, sino desde lo cotidiano, lo emocional, y en la cuál ninguno de los dos puede dejar de tratar resolver ansiosamente esta incertidumbre: está determinado por la entrega total de los dos bailarines a un código de escucha-propuesta-aceptación-confianza: es un baile ‘social’.

- Esto determina que cualquier persona, con cualquier edad, condición física y/o mental, puede bailar esta danza social por lo que no puede decirse que existe una única o dos únicas ni tres únicas formas estrictas en las cuáles enseñarla, sino que hay muchos caminos de aceptación de uno mismo que lo llevan al bailarin a ‘crecer’ en su relación con esta danza social. El bailarín más hábil es aquel que supo integrar los códigos de escucha-propuesta-aceptación-confianza antes mencionados.

- Este baile folklórico, surgido de una mixtura cultural mundial inigualable, es patrimonio de toda la humanidad porque claramente refleja todas las formas de víncularse de las parejas al momento de bailar. Mujeres y hombres bailan sus vínculos y relaciones, bailan la historia que les pertenece desde los principios de la humanidad.

- El ‘profesor’ o ‘maestro’ no es más que un mero colaborador que se entrega a su ‘oficio’ por el placer de compartir su poco o mucho conocimiento sobre este baile. Es claro para todos ellos, desde los más avezados, hasta los menos, que siempre hay algo por aprender ya que, siendo este baile un baile social, uno nunca sabe con quién ha de bailar la mayoría de las veces: esto implica que deberá encontrarse en su camino con muchos hombre y mujeres con diferentes capacidades y conocimientos en su baile. Es por esto último que no puede hablarse una o quizás dos técnicas, pero si de código comunes para comunicarnos: escucha-propuesta-aceptación-confianza.

De la transmisión del baile del Tango en Buenos Aires:

- No existe oficialmente universidad de tango que sea avalada no solo por el gobierno sino también por su trayectoria como escuela formadora de bailarines.

- La no-oficial Universidad del Tango, procura simplemente incorporar más y más personas a la comunidad tanguera dandoles lugar, a todos aquellos con alguna raíz de vocación tanguera un espacio en la cuál puedan desarrollar, aunque muy muy poco, el canto, el baile y la música. Cabe destacar, que como ‘transmisor’ de este baile folklórico, tengo muchos alumnos egresados ya que provienen de dicha universidad, con niveles muy bajos, ya que, como mencioné antes, no es el principal objetivo de esta entidad.

- Existe una asociación que trabaja para la transmisión de los estilos de tango de los viejos grandes bailarines por considerarse de un inigualable valor la estética tanguera que conservan los mismos, y por haber sido ellos los portadores de tan lindo baile folklórico propio del Rio de la Plata. Los alumnos aprenden a bailar a la ‘manera’ de ellos, pero no incorporan un conocimiento científico ya que no existe dicho conocimiento.

- Las academias de baile en Buenos Aires carecen de una técnica única, todos los profesores enseñan diferente al no existir una única manera de bailar sino una única manera propia de cada bailarín.

- Es imposible decir quién puede ser profesor o no, más bien todos y de todos los niveles, somos meros transmisores y colaboradores que con ello alentamos a los bailarines para que encuentren de manera clara un camino dentro de su propio y único baile. A la vez, somos nosotros todos, alumnos de otros y de nosotros mismos, ya que nadie a podido jamás abarcar en su totalidad el conocimiento nacido de la experiencia de miles de bailarines, pues no podemos olvidar, que nuestro baile es un baile ‘Social’ surgido de un conflicto social desde el primer momento en que un hombre pregunta a una mujer para bailar algunas piezas.

Matias Damián Facio
Bailarín Social de Tango Argentino
Buenos Aires
Argentina

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95. [L - 61] Merci à Cécilia, par Claire

Merci de cet apport venant d'un argentine.. enfin un point de vue qui conforte ma vision libertaire de cette danse d'improvisation qu'est le tango, dans sa diversité de styles et d'approches qui en font une danse marginale, hors d'atteinte de la névrose des Règlementeurs, diplomeurs, castrateurs, protectionnistes, de cette France en train de se ridiculiser car elle voudrait légiférer sur un art qui ne lui appartient pas, mais qui se développe au rythme de la "mondialisation" de la culture et de l'universalité de ses composantes !!

Claire Prouhet
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93. [L-60] « EL ARTE DEL TANGO » plus « UN PEU D’INFORMATION », par Cecilia

Voici le mot qui m’a donné envie de participer au blog : « art ». Merci Leonardo !

Merci à tous de vos apports ! « Amateur : celui ou celle qui aime ».

Et vous vous lancez tous à defendre votre aimé tango pour pouvoir continuer à le pratiquer dans des conditions qui ne le denaturalisent pas. Je me réjouis de tous ces apports ! Oui ! Dans ce sens, nous sommes tous dans le même bateau.

Je veux apporter des précisions et des éclaircissements à ce débat à partir de mes connaissances et mon vécu de danseuse et professeur argentine en Argentine et en France.

1) D’abord, je propose de dégager la notion de culture de la spécificité de la danse du tango argentin. À ce point, il semble assez clair pour tous que la « danse tango » fait partie d’une « culture » : danse, musique, littérature, théâtre, peinture, etc. Tout comme la danse classique, ou contemporaine, jazz ou hip-hop le sont aussi.

De cela découle qu’un « bon danseur » ou prof devrait connaître cette culture pour savoir de quoi il bouge.

Focalisons nous sur la danse en elle-même, elle a des spécificités propres, qui la distinguent des autres danses et qui font qu’elle ait besoin d’un mode de transmission, de pratique et d’un environnement propres.
Par exemple : Les Dinzel on crée à Buenos Aires une « Université du tango » , université de l’état, ou chaque aspect de cette culture avait une place propre. Une des reformes du système éducatif argentin (si je me rappelle bien) obligea à revoir à la baisse un projet aussi ambitieux, et l’université est devenu le Centro Educativo del Tango, qui décerne les diplômes de « Instructor en Tango-danza » et « Instructor en Historia del Tango ».

2) Quelle est donc la ou les caractéristiques propres de la danse du tango argentin ? Elles ont déjà été évoquées :
- « Tango : une possibilité infinie ». Liberté….
- « Tango : expression de la passion, de l’affectivité…. »
- « Tango : culture populaire » , « danse de rue », « expression populaire », « art populaire »….

Nous sommes tous d’accord que « le » tango (et à partir d’ici je ne parlerai que de la danse) est « un’ , mais aussi « multiple » : « tous » les tangos sont « le » tango, sa caractéristique propre étant sa multiplicité d’expressions et de styles. Bon, je dis « nous sommes tous d’accord... » , mais c’est vrai que les polémiques de café existent et existeront… autour de « son tango n’est pas tango »

Nous savons que le tango s’apprend, que c’est une danse transmissible. La grosse question est alors :

3) QUELLE MODE DE TRANSMISSION SPECIFIQUE POUR CETTE DANSE SPECIFIQUE ? QUELLE MODE DE TRANSMISSION RESPECTUEUX DE SON ESSENCE ?


La question me passionne ! La réponse ( hurlé ) dans le blog est :... « ..Certainement pas un mode qui le déforme!!!!!!!!!! »…Et à chacun de décrire le visage de cet déformation crainte ou les multiples façons respectueuses de transmission qu’il a vécues.

4) Pour faire mon apport, je voudrais revenir sur la notion de tango=art populaire.

- 4.1) Ça veut dire que nous avons d’un côté la notion de «populaire », ce qu’on appelle la MILONGA, le bal, la RUE, la danse ou tout et chacun peut s’exprimer, ou il y a une tradition, des codes, et aussi une possibilité infinie d’expression personnelle. La milonga est la racine, le creuset, la matrice, la mère et la mer où se côtoient les danseurs le plus maladroits et le plus sublimes, les gens les plus variées qu’on puisse imaginer.

Appelons à tous « milongueros », si ça vous plait, aux plus subtiles je voudrais les appeler « artistes populaires », ou « artistes intuitifs », des gens issues de la milonga qui ont élevé sa danse au rang d’ART, pour sa qualité, sa subtilité, la force de son expression, sa capacité de toucher les émotions des spectateurs.

La « démonstration » dans une milonga constitue ce moment dans lequel le populaire peut devenir « art ».Et son accès est assez démocratique : de façon potentiel chaque personne présente au bal peut la faire. Le rite de la démo est censé motiver tous les danseurs qui regardent. C’est le « Poussez vous, laissez les danser ! » ou le : « Allez-y ! Montrez nous ce que vous savez faire ! » , ou plutôt ce que vous avez sur le cœur !

Parmi plein d’autres, je pense par exemple à Tété, grand danseur issu de la MILONGA, qui a travaillé régulièrement avec Pina Bausch au Tanztheater de Wuppertal. Ou à la rare orchidée de la milonga : la belle Géraldine. Quel bonheur retrouver la « lettre de Tété » dans ce blog, n’est-ce pas ?

- 4.2) De l’autre côté, il y a la notion d’ART, donc, la SCENE, où il y forcement un « savoir faire" : un métier, une technique, une discipline, une réflexion sur l’esthétique, l’interprétation, l’émotion, une éthique de travail, des codes, une tradition, une liberté de créer, une transmission, pourquoi pas une pédagogie ….…

Il y donc des « danseurs professionnels », qui sont aussi « artistes populaires » ou « artistes d’un genre populaire » : danseurs issus de différents milieux de danse (la milonga incluse) qui vont nourrir son art de cette racine « populaire » : la milonga, plus toute la « culture tango » qu’on a laissée derrière nous dans le point 1.

Leur belle mission serait de trouver son chemin d’expression entre liberté et tradition dans cette « culture populaire », être « passeurs d’identité » pour les Argentins, « faire la diffusion de la culture tango » à l’international. Faire vivre, (tout comme le milieu de la milonga), ce qui parle à l’universel humain et ce qui parle aux argentins. Combien de vous avez décidé de danser le tango après avoir vu un spectacle ?

Les premiers à faire monter le tango sur la scène ont été Juan Carlos Copes et Maria Nieves. Ils ont transformé une danse populaire en expression artistique.

Le succès mondial du spectacle « Tango argentino » a consacré la danse du tango comme danse de scène de premier rang. « Tango argentino » charmait avec la diversité artistique de chaque couple de la troupe.

Copes a fait école, il a appris à des générations de danseurs le métier de « danseur professionnel de tango argentin ». Aujourd’hui pleines d’autres propositions esthétiques sont apparues, mais il reste un artiste de premier rang, qui me touche beaucoup. Sa partenaire d’antan, la diva du tango, les « jambes de Buenos Aires », comme disait Astor Piazzolla : « Maria de Buenos Aires, c’est toi» : Maria Nieves, brille encore sous les feux de la rampe dans « la calle Corrientes » (le Broadway de Buenos Aires).

Ce métier s’apprend en travaillant à côté des artistes argentins. C’est comme ça que je l’ai appris. Si bien que les esthétiques ont évolué, ça a été intéressant de passer par la « case Copes », de la main de mon premier prof, le talentueux et inconnu ( comme tant d’autres) Juan César Alvarez.

Si bien que le nom de Copes est aussi connu que Coca-cola en Argentine, souvent les artistes de scène (exception faite du « panthéon » de la troupe de « Tango Argentino ») et son savoir faire est méconnu en France, elle est beaucoup plus connectée avec l’univers de la milonga.

5) ( ou retour au point 3 : Quel enseignement ? ) Milonga et scène, deux mondes…Et où l’on met l’ENSEIGNEMENT ?

Pour les deux, il faut apprendre! Je complète cette « trilogie des dieux et déesses du tango argentin » avec le(s) pionniers de l’enseignement, les premiers créateurs d’une pédagogie, « ceux qui enseignaient quand personne le faisait encore, on était tous danseurs, mais Rodolfo avait une vraie vocation » ( selon témoignage de Carlos Rivarola): les Dinzel.

Rodolfo Dinzel a une formation de danseur folklorique, Gloria de danse classique au célèbre Théâtre Colon. J’aime décrire mon cher prof comme un génie multiforme et bordelique. Ils créent une progression pédagogique. ( Avez-vous essayé de comptabiliser les pas « qui existent » dans la tradition tango ? Eh, oui !. S’il y a des entomologistes, pourquoi pas quelqu’un d’aussi cinglé pour s’embarquer dans l’inventaire des figures qui existent, pour ensuite proposer une progression ? ). Les Dinzel ont proposé aussi une technique, une mécanique, une notation (si, si, je ne délire pas), une méthode d’improvisation, une philosophie, des exercices sur l’énergétique, une formation des aspects expressifs, une tango-thérapie ou « psycho tango » et je crois être au court pour tout citer….

Tout ça pour nous passer finalement la seule leçon de tango valable : sois libre, sois toi-même… .Pour preuve, le nombre de danseurs et profs absolument différents qui sont passés par sa démarche et ont fini dans les deux mondes : milonga et /ou scène.

6) (Ou aclaration sur le point 4) Pas de confrontations, alors entre la milonga, la rue et la scène ! C’est seulement afin de mieux présenter les idées je me suis permis de parler de « deux mondes » : ils sont très souvent mélangés, imbriqués, présents à l’intérieur et dans les activités de la même personne ( surtout dans le cas des professionnels de niveau) . J’ai souhaité juste faire un apport pour enrichir la réflexion : l’enseignement n’est pas le même pour rendre quelqu’un capable de s’éclater dans le bal que pour le rendre capable de toucher un spectateur, gagner sa vie dans la scène ou le donner les outils pour devenir professeur d’amateurs.

J’imagine des rapports nourrissants dans les deux sens entre « milonga » et « scène » . : les gens « de la scène » qui respectent la milonga et qui font un bon plongeon dans ses racines, les gens « de la milonga » que ne coupent pas les ailes de la danse.

7) Pour revenir donc au sujet de l’enseignement, je dirais : PAS UN ENSEIGNEMENT MAIS DES ENSEIGNEMENTS, pour un tango multiple, des enseignements multiples.

En Argentine on dit : « Cada maestrillo con su librillo » : « chaque maître avec son bouquin » . Remarquez le diminutif tendre ou moqueur : chaque « petit » maître avec son « petit » bouquin. Nous vivons aujourd’hui un moment d’expansion et de foisonnement du tango argentin. Des apports vraiment créatifs de la part de grands professeurs et danseurs ont lieu, par exemple celui, énorme, de Gustavo Naveira.

A côté du seul diplôme officiel d’Argentine, ( lequel n’est nullement obligatoire) , il existent de tas de « certifications privés », mais aussi des parcours libres validés par le prestige des professeurs, par le talent artistique des danseurs. En Argentine, la liberté la plus désordonnée n’empêche l’existence d’institutions aussi académiques et prestigieuses comme la Academia Nacional del Tango ( pour l’ensemble de la culture tango) ou la Academia de Lunfardo (pour sa langue et littérature) , et le tango comme danse est enseignée dans des carrières de danse de l’état de niveau universitaire ou national.

Le talent et la créativité des professeurs est abondant. Je rêve d’une attitude de partage, de confrontation saine, des respect des différences qui fasse avancer cet danse. Au but du compte, elle est toute jeune, elle dépasse à peine ces 100 ans !

BON TANGO A TOUS !

Cecilia Pascual
France, le 30 avril 2008

¡Viva el Tango!
http://tango-argentin-cours-spectacles-greno.blogspot.com/
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92. [L-56] Des questions sur les questions... par Christophe

Bonjour à tous,

Il me faut apporter quelques précisions pour soulager les inquiétudes quant à l'étude que nous réalisons, et notamment de la seconde phase. La société des danseurs de tango se pose des questions sur les questions et c'est compréhensible.

1/ Les sociologues utilisent deux méthodes pour réaliser leurs recherches : des enquêtes quantitatives (questionnaires) et des enquêtes qualitatives (entretiens, observation simple et/ou participante). Ici, il s'agit de deux questionnaires, nous sommes dans le quantitatif. Il s'agit de recueillir avis, positions, sentiments, opinions, sur l'activité des professeurs (questionnaire professeur) et sur les structures qui les emploient, ou qui en permettent l'activité (bénévolat). Par conséquent, il ne s'agit pas de construire des arguments pour une certification. Le travail du chercheur ne consiste pas à connaître au préalable les résultats de son enquête. Il consiste ici en l'occurrence à recueillir le plus grand nombre d'avis, auprès d'une pluralité d'acteurs (employeurs, professeurs, administrateurs, formateurs) qui détiennent des statuts divers.

Certains vivent du métier de professeur intégralement, d'autre partiellement, d'autres sont bénévoles, d'autres sont formateurs, et nous avons également une grande diversité de statut parmi les employeurs. En revanche, nous ignorons comment se répartissent ces acteurs à l'échelle du territoire. Les bénévoles sont-ils majoritaires en tango ? C. Prouhet disait dans un de ses messages qu'on ne s'enrichit pas en tango. C'est probable (cela se saurait), mais qu'en sait-on vraiment ? Exemple simple : peut-on vivre décemment de l'enseignement de la danse aujourd'hui ? Oui ? Non ? Dans quelles conditions ? En cachetonnant comme le font nombre d'artistes ? Confortablement ? Et dans la continuité de ces questions, un professeur de danse aujourd'hui bénéficie-t-il vraiment d'un droit à la formation continue ? Dans les textes du droit du travail, oui. Mais si l'employeur ne cotise pas ? Que se passe-t-il ? Ces exemples pour expliciter le sens de ces questions qui doivent nous permettre de mieux cerner les conditions actuelles dans lesquelles s'exercent le métier de professeur de danse.

2/ Un questionnaire ne peut faire l'économie d'une identification. C'est une règle de base. Sachant que cette étude éveille bien des doutes et des méfiances, nous avons opté pour la possibilité d'un pseudo (questionnaire professeur). En aucun cas, je le répète, nos données ne sont traitées de façon nominative. Il existe une loi, je le répète encore, la Loi Informatique et Liberté (Loi n° 78-17 du 6 janvier 1978, Loi relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés), dont l'article 2 précise :

« Aucune décision de justice impliquant une appréciation sur un comportement humain ne peut avoir pour fondement un traitement automatisé d'informations donnant une définition du profil ou de la personnalité de l'intéressé.

Aucune décision administrative ou privée impliquant une appréciation sur un comportement humain ne peut avoir pour seul fondement un traitement automatisé d'informations donnant une définition du profil ou de la personnalité de l'intéressé. »
(http://www.lexinter.net/lois/principes_et_definitions.htm)

Si nous ne cherchons pas à travailler sur l'identité des personnes ou structures qui répondent au questionnaire, d'autres personnes, organismes, institutions, ministères, quels qu'ils soient, n'ont pas le droit de le faire. En revanche, connaître le code postal, c'est primordial : cela permet ensuite de faire des carte, de faire des analyses de densités par exemple, et donc d'obtenir une présentation cartographique de certains résultats.

3/ La question des risques : elle est très importante dans notre étude. Les possibilités de réponse sont : oui/non/ne sait pas. Je danse le tango, et l'enseigne depuis 1993. Je l'ai découvert en 1983 (oui, je suis un vieux du tango.), j'ai quelques autres expériences de pratiques corporelles. En tango, je sais que les risques de blessures sont vraiment peu importants, et que les enfants sont peu nombreux dans les cours et stages. Mais n'oubliez pas que cette étude ne porte pas que sur le tango. Les tangueros ne sont pas les seuls à aimer danser. Et toutes les danses ne se ressemblent pas, de même que les publics concernés.

4/ Les questions sur les parcours : elles visent à mieux cerner les connaissances, les savoirs en danse et autour de la danse, les multiples façons dont les professeurs se sont formés. La encore, on ne s'adresse pas qu'à des tangueros. Parmi les pratiquants des danses du monde et de capoeira, certains font des voyages dans les pays dont ces pratiques sont originaires pour se former.

5/ La question sur le diplôme est assez simple. Mais elle fait la distinction entre un diplôme obligatoire (les diplômes d'Etat sont obligatoires pour intervenir dans le secteur professionnel concerné) et un diplôme non obligatoire. Et ceux qui ne voient pas l'utilité d'un diplôme peuvent l'exprimer.

Enfin, comme nous l'annonçons en préambule dans le courrier qui accompagne le lien des questionnaires, il s'agit là d'une étape quantitative qui est complétée par des entretiens réalisés auprès de l'ensemble des acteurs, avec le souci de rendre compte de la diversité des situations, des configurations, des parcours et des sensibilités.

J'espère que ces quelques précisions vous aideront à mieux comprendre la méthode utilisée pour cette étude.

Cordialement

Christophe Apprill
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91. [L-55] Poursuite de l'Etude sur les danses traditionnelles et du monde, par Eric

Je viens de prendre connaissance du formulaire de l'OPPIC. Je suis surpris que l'association "OPPIC" emploie le terme de "formulaire" qui, à mon sens, fait partie du vocabulaire technocratique : "remplissez le formulaire B48ZC et non le formulaire de la directive B49ZB" Bienvenue à Gattaca !

Hormis ce détail, ce manque d'humanité, l'objectif de la Lettre de Mission indique bien son but : identifier les gisements d'emplois et mettre en place une certification - en clair un diplôme - pour, toujours à mon sens, développer l'emploi (en France le diplôme est une porte d'entrée vers le monde du travail).

Je tiens à préciser à tous ceux qui participent à ce forum, que je ne suis qu'un simple tanguero, que je n'ai pas l'intention d'enseigner et que mon seul effort d'investissement dans le monde du tango en France est la participation à ce forum.

Voici une petite critique du formulaire à l'attention des enseignants.

_Pour la catégorie "Présentation" :_
Quand on propose l'anonymat (réponse par un pseudo), on ne pose pas des questions qui peuvent identifier l'interlocuteur. Les professeurs pour une discipline donnée ne sont pas si nombreux dans une ville. Inscrire un code postal, c'est déjà débuter une identification ; demander le département aurait été plus discret.
Et si vous cochez l'année de votre naissance et que vous précisez votre sexe, il y a de grandes chances que l'on sache qui est qui ?

_Pour la catégorie "enseignement de la danse" :_
Il est clair que l'on ne parle pas d'enseignement mais de rémunération. L'intitulé de la catégorie est totalement erroné. J'attire votre attention sur la question 12 : /Estimez-vous que la pratique de votre danse comporte certains risques de blessure ? répondre "Oui" ou "Ne sais pas" et c'est la porte ouverte au Diplome d'Etat. Toutes activités physiques en France où il y a risque de blessure, fait obligatoirement l'objet d'une réglementation stricte.

_Pour la catégorie "Votre parcours" :_
N'étant pas professeur, il m'est difficile de découvrir ce que peuvent cacher certaines questions d'apparence anodine.
La question 21 (/Avez-vous suivi d'autres formations complémentaires ?) me semble rejoindre la question 12 puisque, à ma connaissance, la kinésiologie a un caractère thérapeutique.
Je serais curieux de connaître pour quelles raisons pose-t-on la question 23.
L'ensemble des questions me semble avoir pour but d'identifier comment construire un parcours diplômant cohérent.

_Pour la catégorie "Votre avis sur la création d'une certification professionnelle" :_
Je suis attéré pas la question 27. À moins que mon niveau en Français ne soit pas suffisant pour la comprendre. Mais il me semble qu'une formation professionnelle diplômante est obligatoirement... OBLIGATOIRE. À moins qu'une fois de plus, par quelques difficultés de compréhension personnelle ou d'ignorance, je ne sache pas qu'il y ait en France des secteurs professionnels où l'on emploie des gens sans diplôme c'est-à-dire sans qualifications, sans compétences reconnues.

En conclusion, c'est un formulaire que je qualifierais d'enquête Marketing qui identifie un marché des danses pour proposer un produit commercial. Peut-être un diplôme ? Mais je dois me tromper. Une formation d'État n'a pas ce côté mercantile. Quoique... la question 30 ?
J'ai jeté un oeil sur le formulaire à l'attention des structures : ce n'est pas rassurant.

Deux formulaires qui entre dans le cadre d'une "enquête réalisée sous la responsabilité scientifique de l'OPPIC" avec deux sociologues et une anthropologue ?

Encore une fois, malgré mon ignorance des tenants et des aboutissants, en tant qu'anthropologue, je m'interroge sur la /scientificité/ de cette étude. Il est vrai que je n'emploie dans mes recherches que des méthodes qualitatives. Je ne remets pas en cause les compétences de ces scientifiques, mais la construction de ce formulaire me gêne.

Pour finir, je vous donne mon avis sur le diplôme d'Etat. Monter un DE sous prétexte de protéger le public des accidents est une bêtise. Toutes les activités à risques font déjà l'objet d'un DE et cela me semble tout à fait légitime. Je ne suis pas contre un DE maïs, il me semble, dans le cadre du tango, totalement contre productif.
J'ai l'expérience du DE de golf qui n'a été institué que pour protéger une corporation sous prétexte de protéger le public (il faut être totalement abruti pour ne pas prendre quelques règles élémentaires de sécurité sur un golf). Mais voici la plus grande critique que je ferais à cette profession. Quand je vais sur un practice de golf ou sur un
parcours, j'identifie immédiatement les professeurs : mêmes attitudes, mêmes gestuelles, mêmes habillements, mêmes techniques d'enseignements. La majorité est issue d'un même clone.

Notre mentalité française, notre histoire, nous donne une idée du futur qu'engendrera la création d'un DE. La formation continue est une exception en France. Nous restons profondément attachés au diplôme "formation initiale". Cela entraînera l'ouverture d'un marché pour Jeune Professeur (jeune par l'âge et plus facilement corvéable). Cela exclura de facto ceux de plus de trente ans qui ne pourront devenir Jeune Professeur. Ce que je dis est un peu réducteur, un peu trop généralisant mais c'est une réalité dans le monde du golf.

Je le répète, cette /étude scientifique/ n'est, à mon sens, qu'une enquête Marketing qui nous indique qu'un diplôme (danse du monde et d'ailleurs ?) est déjà en préparation.

Pour ce qui est du monde du Tango (argentin), il me semble évident qu'il doit trouver un mode de fonctionnement pour défendre ses intérêts.

Cordialement

1. Merci de donner votre Nom ou Prénom ou Pseudo : * /ERIC /
2. Vous êtes : /Un homme/
3. En quelle année êtes-vous né(e) : /1961/
4. Précisez le code postal de la ville où vous résidez : * /06000/
5. Précisez votre mail : XXXXXXXXX

PS : à la question 29, cocher la case "/Offrir une meilleure protection corporelle aux élèves", /c'est aussi répondre OUI à un Diplôme d'État obligatoire.
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90. [L-54] Poursuite de l'Etude sur les danses traditionnelles et du monde, par Christophe

Bonjour,

Nous poursuivons notre étude sur les danses traditionnelles et du monde avec une série d'entretiens avec les acteurs de ces danses et un second questionnaire qui vise à préciser le positionnement des structures et des professeurs sur les enjeux qui gravitent autour de la transmission de la danse. Ci-joint le courrier que nous adressons aux structures et aux professeurs.

Objet : Deuxième phase de l'étude sur les danses traditionnelles et du monde du ministère de la Culture.

Madame, Monsieur,

Vous avez été contacté il y a quelques semaines au sujet de l'étude que nous réalisons pour le Direction de la Musique et de la Danse (DMDTS) du Ministère de la Culture sur l'offre d'enseignement des danses traditionnelles (traditionnelles et folkloriques de France) et des danses du monde (orientale, africaine, indienne, country, salsa, flamenco, antillaise, tango argentin, capoeira) en France. Il s'agissait de la première phase de l'étude qui visait à recenser l'offre de cours existante dans ces secteurs.

Cette deuxième phase de l'étude a pour objectif de comprendre les besoins et les attentes des professeurs et des structures qui proposent ces cours de danse. Parallèlement à une série d'entretiens menés avec les acteurs de chacune de ces danses, nous vous adressons un questionnaire afin de recueillir vos positions en tant que professionnels.

Le lien ci-dessous vous permettra pour cela d'accéder à deux types de questionnaires :
- Un questionnaire s'adressant aux professeurs
- Un questionnaire s'adressant aux structures

Voici le lien : http://oppic.free.fr

En répondant à ces questionnaires, les professeurs ont la possibilité de décrire leurs situations, leurs parcours, leurs difficultés et leurs aspirations à enseigner la danse. Les structures peuvent décrire leurs fonctionnements, leurs difficultés et leurs objectifs de développement. Nous demandons aux structures qui emploient des professeurs de bien vouloir leur transmettre ce message.

Ces questionnaires ont pour objectif de recueillir vos avis sur la nécessité ou non de mettre en place une certification pour enseigner les danses traditionnelles et les danses du monde.

Nous vous serions reconnaissants de bien vouloir participer à cette étude. Nous restons à votre disposition pour toute information complémentaire.

En vous remerciant par avance pour votre collaboration,

Salutations,

Christophe Apprill
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89. [L-53] Réponse à Christian, par Pierre

Bonjour Christian,

Merci de tes interventions détaillées permettant de clarifier le débat. Je voudrais apporter quelques précisions concernant notre échange prédédent.

*1- Culture* : ce n'est pas parce que le tango est une culture que je dénie aux autres formes de danse cette appellation... Je n'ai pris que quelques exemples non exhaustifs, juste pour illustrer mon propos (danses anciennes avec recherches historiques, salsa etc....) et pour beaucoup de ces activités la danse ne représente que la partie émergée
de la culture attachée à cette activité.

Je ne pense pas d'ailleurs, que chacune des danses concernées par l'étude menée par le ministère de la Culture, se sentiraient représentées dans une fédération unique, la problématique étant différente pour chacune.

*2 - _caractère biaisé_* de l'étude commanditée par le ministère de la Culture.

2-1 _choix de l'échantillon_ : comme on dit chez les statisticiens « /Il n'est pas nécessaire de manger le boeuf entier pour savoir qu'il est coriace ». /Certes il n'est pas nécessaire d'interroger toute la population pour se faire une idée représentative d'une opinion ou d'une idée représentative d'une question. Cependant, pourquoi, alors que tu avais déjà travaillé ces questions, ton institut n'a-t-il pas été interrogé ? De même beaucoup d'associations de tango ont été ignorées. Pourquoi ? s'agit-il d'un tirage aléatoire d' un échantillon ? si oui, suivant quelles règles statistiques l'échantillon a-t-il été constitué ?

Mais je vois que Christophe Apprill a rectifié le tir en écoutant tes suggestions et en intégrant ton fichier....

2-2 _choix des questions_ : tiré d'un post du forum du temps du tango

Vous avez dit : enquête commandée par le Ministère de la Culture ? Dans ce cas on aurait pu s'attendre à des question du genre :
" quelle part faites vous dans vos cours à la culture argentine (apprentissage de la langue, des coutumes, recherche sur les costumes, l'influence du folklore dans les figures ....
Quelle importance attachez vous à la musique, travaillez-vous sur des musiques d'orchestre contemporains ou sur des enregistrements anciens ? Quels sont les modes pédagogiques employés pour transmettre les connaissances (cours magistral, mise en pratique par petit groupe, atelier de recherche ?) Quel est le rôle des danseurs expérimentés par rapport aux novices etc....etc.... »

En effet, les problèmatiques sont très différentes pour les pratiquant de danse traditionnelle qui ont une sainte horreur de la musique en boite, et qui ne jurent le plus souvent que par la musique vivante et des pratiquants de danse sportive qui préfèrent une musique étalonnée avec des rythmes correspondant à des normes, et qui pour des raisons
pratiques, préféreront travailler sur des musiques enregistrées.... Et que penser de ce questionnaire pour des danseurs de capoeira qui sont alternativement danseurs et musiciens et qui souvent eux aussi font l'apprentissage de la langue liée à leur activité....

Aucune question à caractère culturel pour toutes ces formes de danse, seulement des question à caractère fiscal....

Je suis heureux de constater que Christophe Apprill se soit inspiré du forum du temps du tango, puisque dans le deuxième questionnaire qu'il vient d'envoyer il a rectifié le tir et propose enfin des questions culturelles beaucoup plus pertinentes ....

2-3 _pertinence des réponses_ : On sait très bien que dans les enquêtes sur les pratiques sexuelles (Christophe Apprill y faisait référence dans La Salida N°58), les réponses sont souvent surévaluées, alors que dans les enquêtes fiscales, c'est plutôt l'inverse !!! Tout institut de sondage effectue des corrections suivant le type de questions et de réponses apportées..... Quels types d'ajustements seront faits sur ses réponses alors que beaucoup des sondés ont ignoré ces questions ?

2-4 _indépendance des sondeurs_ : quand on veut faire une enquête neutre, on a deux possibilités : soit confier l'enquête à des personnes totalement extérieures au milieu étudié (équipe de sociologues par exemple), ou bien demander au milieu de faire lui-même l'enquête. Dans la mesure où l'un des enquêteurs est un acteur très impliqué dans le milieu donc à la fois juge et parti, comment croire à une impartialité ?

Sauf à avoir évolué et changé d'avis, Christophe Apprill avait fait une remarquable étude dans laquelle il disait (message de Martine sur le forum http://ecosdelplata.forum-libre.info/viewtopic.php?id=20 Christophe Apprill écrivait il y a une dizaine d'années au moment de sa thèse de sociologie, dans son livre « Le Tango Argentin en France », p128 :
« Le tango guetté par la normalisation : On voit mal comment il pourrait être enseigné aujourd'hui dans les écoles de danse sans que sa richesse et sa singularité en soient affectées. A l'heure actuelle, aucun des danseurs argentins qui enseignent le tango ne possèdent le diplôme de maître à danser détenu par la plupart des professeurs des
écoles de danse....L'encadrement normatif de l'enseignement à travers la création d'un DE ...aurait un impact important sur le réseau d'associations de tango qui est rattaché à la fonction sociale (convivialité, découverte d'une culture) de la danse mais aussi à la spécificité du tango tel qu'il est enseigné. La réglementation de l'enseignement, qui risquerait de se traduire par l'établissement d'un monopole de fait au bénéfice des écoles de danse, imposerait une normalisation de la danse.... »

Il parle aussi + loin du statut hors des cadres institutionnels de cette danse (culture, jeunesse et sport, enseignement), de l'aspect affirmation d'une identité/rébellion par
rapport aux schémas établis, du coté bâtisseurs de réseaux des « précurseurs » du tango en Europe, héritiers du mouvement de mai 68, de la dimension forte du voyage : « de voyage intérieur, le tango est devenu un motif de voyage à l'intérieur d'un réseau convivial et attractif, fluide comme un soupir de bandonéon »...)

Son livre très intéressant parlait de fonctionnement réticulaire du milieu Tango Argentin, et constituait une très bonne radiographie du milieu tango.....

Je crois que l'ambition d'effectuer cette même radiographie sur l'ensemble des danses est un travail considérable et ne peut aboutir qu'au plus petit dénominateur commun, ce qui exclut de fait un diplôme ou une certification nationale !

*3 - Certification* : En ce qui concerne la certification la position consistant à avoir un certificat d'aptitude délivré par des Argentins ne me paraît pas être une bonne solution pour les raisons suivantes :

- Nous (LTDT) faisons régulièrement intervenir des argentins dans les stages que nous organisons. Nous avons souvent demandé à ces enseignants d'indiquer personnellement aux élèves n'ayant pas le niveau requis pour le cours leur véritable niveau, _jamais aucun _argentin n'a voulu émettre cet avis directement aux élèves
concernés.... Les imagine-t-on délivrer un certificat ?

- en outre, cette démarche suppose que les argentins sont les mieux placés en matière pédagogique ce qui est contestable. Comme Sonia l'a dit sur le blog diplôme-tango
« Certains enseignants Japonais, Turc ou Américains sont allés beaucoup plus loin dans les méthodes d'enseignements que la plupart des Argentins, à l'exception de Gustavo Naveira, et de quelques autres..../ » Je rajouterai à la liste des profs Français, Allemands, Hollandais, Espagnols....

- Une certificat d'aptitude délivré par des Argentins ne traduirait qu'un lien de sujétion entre un client et un fournisseur. Imagine-t-on un Argentin refuser ce certificat à l'organisateur d'un festival qui l'emploierait régulièrement ?

*4 - Pédagogie* : Certes je suis conscient qu'il y a de nombreux manques dans la pédagogie, voir l'article que j'avais écrit dans la salida 21 en décembre 2000 (PDF) et qui
est sans doute encore d'actualité, bien que certaines choses se soient améliorées.

Néanmoins pour paraphraser Cyrano « /ces défauts soulignés avec un peu de verve, je ne permettrai pas qu'un autre me les serve »

Et même si je suis conscient des progrès que nous avons à faire, je n'entends pas imposer mes vues à quiconque, et par conséquence, je n'entends pas que l'on m'impose un prêt-à-penser dans le cadre d'un diplôme national ou d'une formation obligatoire.

*5 - Mode d'organisation et comportement *: /« "Le tango n'est ni une philosophie, ni une religion..." Le tango n'est ni plus ni moins qu'une danse et une culture. Personne ne doit se comporter en gourou, ou en messie qu'il faut suivre aveuglément...Tous les professeurs ont quelque chose à apporter, mais personne ne peut se prévaloir de détenir l'unique vérité....". Ricardo Calvo (conférence Prayssac juillet 2001)/ tirés des conseils pour trouver un bon prof sur le site http://tangoparis.free.fr/charte_f.htm.

Non le tango n'est pas sacré, comme il a été dit, par contre il est plus souvent massacré que sacré... Je ne suis pas d'accord avec cette idolâtrie qui confine parfois à la secte et qui ne cache souvent sous un rideau de fumée de langage ésotérique et exalté, qu'une fuite et un refus d'aborder les problèmes concrets (mauvaise pédagogie, para-commercialisme, lutte d'influence...). Tant que l'on aura des comportements serviles, face à l'autorité ou à la renommée (pour exemple : j'ai lu récemment dans un magazine tango, qu'à l'occasion d'un stage d'un dieu du tango, ou du moins, de sa réincarnation terrestre, on demandait des autographes !!! Ce ne sont pas encore des indulgences ou
un certificat d'aptitude mais cela ne saurait tarder !), tant que les associations tango seront plus préoccupées par leurs guerres picrocholines au sein d'une même ville, et il ne faut pas se faire d'illusion, derrière ces querelles, il y a surtout des batailles commerciales, pour un partage du territoire, de prise de pouvoir personnel... à l'instar des structures commerciales que l'on critique tant.... Par contre ces structures commerciales, même si elles sont concurrentes arrivent à défendre leurs intérêts communs au sein de structures fédératives ou syndicales......

Tant que ces comportements perdureront au sein des associations, il sera difficile voire impossible de proposer la constitution d'une fédération...

En attendant, on assiste à des compétions de danse sportive où sont intégrés des championnats du monde de tango argentin.....

Il reste à adopter un mode d'organisation propre à peser sur le Ministère de la Culture. Nous avons comme point de départ une charte du tango argentin élaborée en 1998 et qui me paraît être un socle commun élaboré et partagé par tous. A nous de la faire évoluer....

Espérons que le Ministère de la Culture saura néanmoins accorder une oreille attentive à des formes d'organisation moins structurées et moins bruyantes médiatiquement que les fédérations de danse sportive. Il faut cependant rester optimiste, puisque Christophe Apprill tient compte des critiques en modifiant la façon de faire son enquête !

Voilà, Cher Christian, les points que je voulais développer, et dernier point, tu disais que les tangueros dans les soirées étaient uniquement intéressés par leur propre danse, je ne suis pas d'accord, il suffit de regarder les intermèdes swing, salsa ou chacarera dans les soirées tango, pour voir que la piste est pleine..... Preuve que les tangueros peuvent aussi s'intéresser aux autres danses.

Amitiés,
Pierre Lehagre
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84. [L-52] Texte de la part de Leonardo (essai de contribution au débat)

[Ce texte a été envoyé le 21 avril à 19h41, reçu le 22 avril à 21h15]

Bonjour à tous,

Sonia, Benoît, Christian, Martine, Jacques, Chantal, Marie-Pierre, Sylvie, Pierre, Raphaël, Claire, Elisabeth, Muriel, Tété, Fred, Max et… autres qui nous lisent et que ne participent pas encore sur ce "blog" !

J'accepte d'entrée toutes vos correction orthographiques et m'excuse d'avance devant le flot d'erreurs que je pourrais éparpiller dans mon texte ! c'est que, même ayant fait des études dites "de troisième niveau" en France, j'ai les est fait que d'oreille ! alors voilà je me lance…

EN MARGE DE L'ACTION GOUVERNEMENTALE ET DES QUESTIONS PECUNIAIRES .
L'ensemble des intervenants sur ce "site" montrent que ce débat sur le sujet du diplôme est nécessaire de le développer tant au niveau de la forme comme de son contenu. Le débat est riche et souvent orienté vers des sons de clocher individuels ! certain défendant leurs "bifteck" et d'autres en donnant leur humble approche (moins nombreux). En règle général les approches comparatives en prenant l'opposition danses de salon et danse argentine se figent de par leur mode opératoire de réflexion, de même lorsque l'on donne des définitions on prend les mots les plus "durs" et on les glisse sur des réflexions dramatiques, alarmantes ! Je peut leur donner à mon tour un tour plus
sympathique comme dans la définition de fédération: signifierais un groupement une union sous une Entité commune ! (et non pas le mot pouvoir, utilisé ailleurs!) Bref les façons d'orienter les débats sont multiples et en donnant mon opinion aussi simplement que je le peut j'orienterais malgré moi aussi certains d'entre vous !?

Le fond du problème est de savoir si le Tango est enseignable ou pas? À mon avis OUI. La raison est que s'il ne l'était pas nous ne serions pas là en train d'en discuter car cette danse, cette musique et pour faire plus court cette culture venu "del rio del Plata" en serais aux oublis s'il n'était pas transmissible. Cela veut dire que l'apprentissage est
possible et d'ailleurs aucun de vous met en cause ce-là. Des le moment que l'on admet ce-là, on consent la nécessite d'avoir quelqu'un qui nous transmette ce savoir!, là aussi je pense qu'est une démarche toute logique et acceptable de tous. La difficulté vient du faite que certain transmetteurs de connaissance ne nous paraissent pas aussi
efficaces, pertinents et compétents que d'autres, et l'on se pose la question légitime de savoir si, ces soit disant enseignants, étaient "habilités" ou pas? à transmettre. À partir de là, il entre en scène un autre élément qu'est celui qui consiste à dire que ce n'est pas par ce que quelqu'un nous appris quelque chose, que nous sommes prés à
l'enseigner à notre tour !.

Nous, êtres humains, nous avons toujours besoin de nous rassurer et parait-il qu'un diplôme puisse être une garantie ! Mais le "bouche à oreille" elle aussi est une garantie! En réalité ni l'une ni l'autre ne sont des garanties du bon déroulement d'un enseignement. Un responsable du choix d'un couple enseignant, les ayant vu et approché peut se
tromper et s'avérer d'une grande "catastrophe", donc, quelque soit le mode opératoire on peut se trouver démunis. Un prof. d'anglais peut être pour les élèves d'une même classe tantôt bien, tantôt passable! Là on rentre dans l'appréciation du corps enseignant et de celui des élèves et l'on s'éloigne un peu du sujet ! juste un peu !

Puisqu'il est admis que la danse du Tango a la capacité d'être transmissible, se pose la question du lieu ou l'on transmet se savoir! et là… nous pouvons avancer sans trop risquer quoi que se soit que:
pourvu qu'il ai suffisamment d'espace celui-ci peut être enseigné n'importe où ! même dans la cuisine de chez ma grand mère ! car le tango se danse même dans la rue ! donc la terminologie dite "danse de salon" ne peut lui être appliqué d'une manière catégorique ! Mon père l'apprit "en el patio" de l'une des nombreuses "casas chorizo" comme on dit qu'existait dans son quartier! c'est sa soeur que le lui a enseigné ! Donc pas de maître ni de professeur juste sa soeur et…, ………
LA RUE !

Malgré ce que je vient d'exposer il me semble qu'il nous manque peut être à nous et aussi aux argentins des lieux ou la culture du tango puisse être "étudiée" permettant de faire intervenir la danse, la musique, l'histoire, la poésie, la sociologie et j'en passe. Un lieu où tout est possible, une école par exemple dont tous les courants foisonnent, où l'on fait des recherches, et où l'on parcours une multiplicité des possibles approches ou voies, menant vers un diplôme ! mais pourquoi pas, où est le danger? Voyez vous quand on vas à l'école de Beaux Arts on apprend à se former à l'ouverture d'esprit, car on apprend que dans l'art il n'y a pas une vérité de la peinture, ou de l'expression! non!, des vérités, il y a à la pèle!, et on nous enseigne à nous réveiller, et à être réceptif, et ils nous guident vers l'impossible formatage ! Ce n'est pas par ce que vous avez un diplôme de Beaux-Arts que vous êtes artiste !
Non, mais on vous a sensibilisé sur l'art et on vous a donné dans un lieu un réceptacle ou chaque étudient peut prendre le chemin que lui chante. Si nous amoureux du Tango (je ne dit pas Argentin car pour moi il ne peut en être autrement) sommes capables de réfléchir non pas du pour quoi, mais du comment, nous pouvions mettre en place une telle structure permettant d'être la plus proche de l'esprit du Tango. Un "diplôme de connaissances du Tango" n'est pas pour moi réducteur! De plus cela ne quitte pas la valeur des diverses structures existantes, au contraire, elles pourrais être des vrais moteurs dans cette aventure. Je rêve d'une rare bibliothèque ou l'on peut se plonger dans l'univers tanguero des années trente ou cinquante! (là je plonge dans l'idéalisme total, normal je parle de rêve)

Vous parlez de codification et je parle d'un diplôme de savoir et non de compétence, vous parlez de concours là ou je parle d'échanges d'expérience, l'approche est bien différente car ma formation d'architecte (diplôme bien entendu) n'a rien avoir avec un diplôme universitaire. Un concours d'architecture n'est jamais une concurrence
entre architectes dans le sens de la performance mais c'est un moment d'expression de sensibilité de poésie très personnelle. Quand il s'agit d'en dégager la poésie d'un lieu alors on est dans la création, et la création est tout sauf codification! Si vous considérez Le Tango comme un ART alors pensez aussi autrement pensez en Tanguero que vous êtes!

Pour moi un diplôme est une feuille qui vous dit que vous avez fait des études sur un sujet donné. Elle ne certifie en rien mes compétences par contre elle enduit que j'ai quelques connaissances sur le sujet. Ce qu'est sur c'est que je doit compléter ce savoir par de l'expérience! et qui dit expérience dit encore de l'apprentissage!

Je voie l'école comme un lieu d'enrichissement et les entités actuelles (associatives par ex.) comme une source inépuisable de continuité! Je sais que pour certain ces quelques lignes paraîtront comme sorties du contexte très complexe du monde du tango voir presque des idées un peu naïves mais je crois qu'il a toute sa place dans les problématiques que traite ce BLOG.

Cordialement à vous tous
Leonardo,
El caminito à Saint-Étienne
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83. Expérience du tango argentin après les danses de salon, par Claude

Je souhaite simplement décrire ici succinctement mon expérience du tango argentin en essayant d'expliquer pourquoi, pour moi, il ne s'agit pas simplement d'une danse parmi d'autres, conviction souvent entretenue par les écoles de danse de salon.

Avant de découvrir le tango argentin, nous (ma femme et moi) pratiquions depuis pas mal d'années les "danses de salon" et nous fréquentions hebdomadairement les soirées dansantes et après-midi dansants de la région. Cela nous procurait, à l'époque, pas mal de plaisir. A un certain moment (vers 1998), j'avais contacté une danseuse argentine s'occupant d'une association locale de tango argentin, avec à l'esprit, l'idéee d'ajouter cette danse à notre répertoire. D'une longue discussion, il était ressorti qu'elle considérait que "si nous devenions adeptes du tango argentin, nous délaisserions tout naturellement les danses de salon". Ne voulant pas "perdre nos acquis", nous en étions resté là.

Puis, vers 1999,nous avons quand même commencé à nous initier au tango argentin, tout en continuant nos sorties hebdomadaires de danse de salon. Mais, après quelques années (et déjà quelques déplacements), nous avons commencé à entrevoir les potentialités du tango argentin et, par comparaison, petit à petit, le plaisir apporté par les danses de salon s'est émoussé.

Pourquoi cela ? Parce que, à notre avis, le tango argentin offre des possibilités sans égal :

- L'improvisation : certes, lorsque l'on débute, cette improvisation se limite souvent au choix d'enchaînements de séquences types, de la même manière qu'en danse de salon (il me semble d'ailleurs que, dans les années 90, le tango argentin était plutôt enseigné dans cet esprit). Mais avec le temps, l'expérience, l'habileté, la sensibilité, cette improvisition s'applique à chaque pas et, même à l'intérieur du développement d'un pas (dynamique, amplitude, accélérations, hésitations...) ; d'ailleurs, peut-on encore parler de pas !

- La musicalité : la plupart des danses de salon n'ont besoin que d'un rythme donné (et, à la rigueur d'une phrase musicale, souvent de 8 mesures, parfois des groupes de phrases qu'on "sent" nettement en valse ou en java) pour s'exprimer. La mélodie a peu d'importance, et encore moins les instruments l'interprétant ; à la limite, une bonne "boîte à rytmes" pourrait souvent suffire. Pour s'en convaincre, il suffit de regarder quelques "shows" de danse dite sportive dans lesquels des mouvements de tête stéréotypés apparaissent sans qu'aucun accent n'existe dans la musique). A l'opposé, le tango argentin permet (mais n'impose pas) d'exploiter toutes les "nuances" d'un morceau, de s'attacher tantôt au bandonéon, tantôt au piano, tantôt au violon, voire même (les avis sont partagés !) de venir s'introduire comme un instrument supplémentaire de l'orchestre...

- La quasi unicité de chaque danse : c'est une évidence de dire que, comme toute danse, le tango argentin est conditionné par l'environnement (la partenaire, les autres couples de danseurs...) mais, en tango argentin, cette dépendance peut aboutir à une très grande variabilité. Par exemple, les actions du danseur et leur dynamique pourront être choisies (et même parfois induites) en fonction de la réactivité de la danseuse à un instant donné, de l'harmonie (et du manque d'harmonie) du lieu de danse et des acteurs de la danse. Elles pourront également dépendre de l'orchestre interprétant un tango enregistré donné (deux interprétations par deux orchestres différents d'un même morceau peuvent parfois être aussi différentes l'une de l'autre que deux tangos différents (à ce propos, je pense à toutes les interprétations de "desde el alma" ou de "la comparsita" que j'ai pu rencontrer). S'il s'agit d'un orchestre "in vivo", ces actions pourront être partiellement conditionnées par l'excitation ou le relâchement de l'orchestre. Chaque danse est une petite chorégraphie instantanée, non reproductible...

- Ces possiblités sont encore démultipliées pour la danseuse (ou celui qui est guidé) puisque chaque danseur dispose de son propre tango et ceci, non seulement par son style, mais aussi par le répertoire d'actions qu'il s'est forgé au fil des années.

Pendant quelques temps, j'avais espéré retrouver ces possibilités dans les danses de salon, pensant que, peut-être, j'étais conditionné par mon apprentissage initial et que c'était à moi de faire un effort pour mieux improviser. Autant dire que je n'y suis jamais parvenu.

En définitive, la "prédiction" de la danseuse argentine contactée en 1998 s'est réalisée : nous avons définitivement abandonné les autres danses, au profit du tango argentin. Et pourtant, dieu sait si, pour satisfaire cette passion, il faut investir (en temps, en argent, en énergie et en déplacements) et accepter souvent de danser dans des lieux peu festifs (par rapport à ceux où l'on pratique les danses de salon).

J'espère très vivement qu'une quelconque "normalisation" ne viendra pas "rompre ce charme", en faisant régresser le tango argentin au niveau d'une danse ordinaire.


Claude Delannoy

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79. [L-44] Terminologie et définition, par Christian et réponses de Benoit

Note: ce message comporte un certain nombre de questions adressées aux organisateurs du site. Compte tenu de l'intérêt de ces questions, les réponses ont été inclues dans le texte bien qu'elles aient fait l'objet d'un message spécifique. La contribution ci-dessous intègre les questions de Christian et les réponses de Benoit en violet.

Chers amis bonjour,

Au risque de passer pour quelqu’un qui ne comprend rien, je vais continuer à poser certaines questions qui me semblent mériter des éclaircissements. Et qui n’en obtiennent pas encore.

Le travail sur ce blog faisant clairement référence à un ordre de mission du ministère de la culture, je pense que le premier travail à faire est LA DÉFINITION DE LA TERMINOLOGIE, au risque de perdre son temps, et surtout de ne pas se comprendre les uns et les autres.

Je suis persuadé qu’un terme est tout aussi valable qu’un autre pour définir un concept. Par contre, il est important qu’il soit défini clairement et que chacun s’y tienne dans son discours afin de ne pas court-circuiter les échanges.

Des exemples pris au hasard :

A — on peut lire sur la page d’accueil présentant le travail sur ce blog les termes suivants : « l’enseignement des DANSES POPULAIRES ET le tango argentin » ? Qu’appelez-vous les DANSES POPULAIRES ? Le TANGO ARGENTIN n’est-il pas une danse populaire ?

Réponse: La phrase complète est la suivante: "le Ministère de la Culture s'interroge sur la possibilité de réglementer l'enseignement des danses populaires et le tango argentin est concerné par cette réflexion."

La conjonction ET relie le fait que "le ministère de la Culture s'interroge sur la possibilité...populaire" et le fait que "le tango argentin est concerné par cette réflexion". En anglais, j'aurais utilisé la conjonction "therefore" (donc), le mot "ET" est ici pris en raccourci de "ET PAR CONSEQUENT".

Donc la phrase complète de la page d'accueil du site exprime que le tango argentin est une danse populaire. L'expression "Danses populaires" recouvre les "danses régionales ou nationales de France et du monde", le choix de cette expression est sans doute malheureux, je la changerai dans une prochaine version, le tango argentin "tombant" dans la catégorie des danses du monde si l'on se fie à la liste des danses concernées par l'étude comme l'indique les questionnaires envoyés par l'OPPIC.

B — Plus loin : « L’enseignement des DANSES DE SOCIÉTÉ, TRADITIONNELLES ou dites DU MONDE n’est pas réglementé ». Que désigne pour vous l’appellation DANSES DE SOCIÉTÉ, DANSES TRADITIONNELLES, DANSES DU MONDE ? Est-ce que ce sont des appellations équivalentes ou des concepts différents ?

Réponse: Ce paragraphe exprime simplement le fait qu'il n'y a pas de réglementation professionnelle pour l'enseignement des danses hormis le classique, le modern jazz et le contemporain.

J'ai utilisé l'expression "danses de société" en synonyme de "danse de salon" (le corpus de celles qui sont enseignées dans les écoles de danse: valse, be-bop, salsa, tango européen etc...), "danses traditionnelles" en référence aux "danses régionales ou nationales de France" citées par la lettre du ministère, d'autres utilisent l'expression "danses folkloriques". L'expression "danses du monde" que j'ai utilisée reprends les termes du ministère. J'ai restreint le champ des "danses non réglementées" à ces trois catégories parce que d'une part elles recouvrent des danses pratiquées par ailleurs par nombre de tangueros qui viennent au tango argentin à partir des danses de salon et/ou de la salsa et d'autre part, j'ai repéré au cours de mes lectures que la transmission était un enjeu semblable dans les danses "traditionnelles" et dans le tango argentin (problèmes de légitimité des enseignants / problèmes du fonctionnement en association).

C — Plus loin : « Le développement du marché des DANSES DE SALON et des danses "du monde" (salsa, hip-hop) ainsi que la survie des danses traditionnelles ». Mêmes questions pour DANSES DE SALON. La salsa n’est-elle pas pour vous une danse de salon (alors que son origine, le son cubain, était bien dite, par les Cubains eux-mêmes, comme étant une danse de salon) ?

Réponse: Je n'ai pas de grande compétence sur l'histoire de la salsa et je ne la danse pas non plus même si j'ai eu essayé de m'y mettre... Par contre, au-delà des différences "cubaine", "portoricaine" et une 3ème branche, j'ai retenu des informations qui m'avaient été délivrées lors de mon apprentissage de cette danse, que son origine et son nom proviennent de la communauté latino de New York à la fin des années 50. Quand je vois danser des salséros je ne peux m'empécher de faire le lien avec le rock'n roll revu et corrigé à la sauce latine (il me semble aussi avoir entendu/vu l'expression "latin rock" sur les forums nord américains pour désigner la musique de la salsa). Mes connaissances s'arrêtent là. Par contre globalement, dans mon environnement, je constate que l'enseignement de la salsa s'effectue (dans ma région Aix-Marseille) en majorité par des profs indépendants (free-lance) qui tournent dans les lieux de danses (écoles de danse, MJC, boites de nuit etc..) pour donner leurs cours, rappelant en cela le mode d'organisation des cours du tango argentin que je connais à Buenos Aires: le mode de fonctionnement associatif caractéristique du tango argentin en France n'existe pas dans la Salsa en France ni dans le tango en Argentine (sauf exception et erreur de ma part).

Pour en revenir à votre question, en fait je ne me pose pas de question par rapport à la salsa: c'est à la fois une danse du monde car elle est visiblement pas d'origine française et la France n'a pas eu sur la salsa l'influence qu'elle a eu sur le tango dans les années 1910, et une danse de salon puisqu'elle est enseignée en partie dans ce contexte. Je me permettrai d'ajouter une impression personnelle: l'image "danse de salon" est associée dans mon esprit à un catalogue de danses que les pratiquants parcourent une danse après l'autre dans les soirées "toutes danses", alors que le monde du tango argentin que je connais se concentre sur les 3 danses liées au tango : le tango, la valse argentine et la milonga, parcourues quart d'heure par quart d'heure. De même le monde de la salsa que je connais, même sans la danser, se concentre sur un petit nombre de formes musicales assez proches (salsa, bachata, mambo plus d'autres que j'oublie certainement).

D — Dans une discussion privée par mail avec C. Apprill, je viens d’apprendre que l’ordre de mission en question avait donné « des lignes générales ». Dans le détail, cet ordre de mission exclurait « les DANSES DE SOCIÉTÉ et le HIP-HOP », tout en englobant « tout le reste : DANSES INDIENNES, AFRICAINES, ORIENTALES, FLAMENCA SALSA, TANGO ARGENTIN, COUNTRY ET CAPOIERA »

Réponse: Voici une information qui est importante et que je ne connaissais pas: la certification ne touchera pas l'enseignement des danses de société (danses de salon ?). Bigre, là il y a un problème: le ministère de la culture cherche à introduire une certification sur un jeu de danses qui sont epsilonnesques par rapport au marché des danses de société. Une information comme celle-ci, si elle est confirmée, est propre à reveiller des soupçons sérieux de prise en main des danses "non réglementées, non salon, non hip-hop" par un secteur d'activité qui ne serait pas lui-même soumis à une quelconque règlementation diplomante (je pense ici aux écoles de danse).

Le tango, après ne plus être une danse POPULAIRE, n’est-il plus une danse de société, ni une danse de salon ? Veut-on "l’élever" aux rangs des "belles danses", comme le classique ? Alors attention à la sévère codification !

C’est bien la première fois que j’entends parler de danses flamenca salsa, (à moins qu’il ne manque une virgule, pour dire combien la terminologie et une certaine précision sont capitales).

Et tout cas, si c’est le ministère qui a établi ces désignations, il montre là sa totale incompétence, en mettant au même niveau les danses orientales et la salsa, les danses africaines et le tango, les danses country et la capoiera. J’ai vraiment cru rêver en lisant cela !

E — J’ai, dans le même temps, appris que l’ordre de mission concernait aussi la salsa.

Depuis plus d’un mois que je parle de cette étude avec toutes sortes de collègues de part la France, personne n’est au courant, sauf le stagiaire qui a eu la gentillesse de me faire découvrir ce blog. Évidemment, cela fait que je me pose des questions.

Réponse: Je n'émettrai pas de commentaire sur le fonctionnement de l'enquête ou du ministère de la culture, compte tenu de la difficulté d'appréhender un domaine touchant une telle diversité. Par contre, si le milieu du tango argentin a réagi de cette manière (mise en place du site, reflexion sur le mode de représentation du monde du tango notamment), c'est sans doute parce qu'il est maillé par un réseau associatif, ce qui fait sa force (capacité à réagir) et sa faiblesse (difficulté à s'organiser) mais en tous cas affiche en évidence un sens collectif, ce qui n'est pas le cas dans la salsa par exemple, pour ce que j'en vois, ni peut-être dans les structures commerciales ou le reflexe individualiste est synonyme de survie.

F — Dans la présentation de ce blog, j’ai aussi lu : « Le tango argentin est la première danse avec abrazo (enlacement). » Désolé, je ne suis pas d’accord, a priori.

À ma connaissance, cette position de couple fermé existe au moins depuis la valse (qui date de la fin du XVIIIe siècle et non de 1830), à moins que vous ne fassiez une différence "stylistique" très fine entre différentes façons de se tenir en couple fermé, ce qui nécessiterait une définition relative, me semble-t-il, si vous souhaitez éviter d’inutiles confusions.

Réponse: J'ai déjà eu cette question, je tiens cette expression d'un des livres de Dinzel (de mémoire, j'essaierai de retrouver la page exacte). J'ai mis du temps à l'accepter également, mais au delà de la différence de style, je maintiens ma réponse à Léo: "Le tango se danse dans les bras alors que la valse se danse avec les bras" (le mot avec est peut-être un peu fort).

Je ne danse pas la valse mais je la regarde danser avec des yeux de mécanicien du mouvement, je vois également des valseurs aborder le tango et on voit nettement la différence lorsqu'ils dansent la valse argentine. Je suis aussi capable de ressentir chez ma partenaire si elle a eu dansé la valse européenne avant de danser le tango (par la relation au sol notamment). Le mot abrazo est très fort dans le tango, et ce n'est pas simplement le fait d'être plus ou moins proche dans le couple,

Vous avez donc raison sur le fait que le couple fermé existe depuis la valse (j'ai indiqué 1830 d'après une source que j'ai oublié de noter, les années 1780 sont citées par Wikipedia comme la période de reconnaissance de la valse à Vienne ,Autriche, "reconnaissance = devenir à la mode", je corrigerai la page d'accueil dans une prochaine version), mais cette notion est différente de l'abrazo qui dans le tango est un moteur de cette danse (il faut à peu près 15 pages pour démontrer cette dernière affirmation, j'en ferai grâce aux lecteurs).

G — Je lis aussi : « c’est également la seule [danse] qui n’ait pas de séquence de pas à respecter. » Désolé, mais je ne suis pas d’accord. Non plus.

Le fox-trot est une danse sans séquence de pas à respecter, ainsi que le quick-step, comme le paso-doble et d’autres. Dans quel groupe classez-vous ces danses ?

Réponse: J'ai utilisé l'expression "séquence de pas " pour désigner la notion de "forme" dansée par analogie à la "forme musicale". L'exemple typique de la séquence de pas sont, à mes yeux, les passes de la salsa (portoricaine ?): elles ont un nom ou un numéro, chacune se déroule selon un ordre bien précis où chacun compte ses pas, quand on commence une passe on sait comment ça va se terminer etc.. Je n'ai pas d'info sur les autres danses que vous citez et je les vois rarement danser. La musique de la milonga et celle de la valse ont des formes musicales, pas celle du tango (ref.: « La musique de tango argentin expliquée aux danseurs et aux musiciens. Résumé des conférences données par l’Orquestra Imperial de Buenos Aires. », Pierre Canals, mars 2007 (Plaisir Tango, Nancy) 30p., ISBN 978-2-95-288-040-4). On pourrait en déduire des formes dansées, l'expérience montre qu'il n'en est rien, la couleur tango a pris le dessus par rapport aux formes originelles de ces danses.

A chaque instant, le danseur et a fortiori la danseuse de tango argentin ne savent pas ce qui va suivre dans la seconde suivante: il n'y a aucune règle géométrique d'enchainement de pas à respecter (un pas désigne ici le déplacement d'un pied), il n'y a aucune obligation de décalquer la musique : un pas peut prendre 1/2, un, deux trois, quatre temps de la musique etc... Cette liberté est le tango argentin, tout le reste, le tour, la salida, les huits, les figures plus ou moins complexes ou à la mode (colgadas, volcadas etc..) les finesses d'attaque sur les temps de la mesure sont des outils d'aide à la maitrise du tango.

En résumé: chaque couple de danseurs de tango argentin est un chorégraphe [ cf. Dinzel. "It is up to the performer to determine the choreographic arrangement with reference to muscial time, something that may and must be changed, varied depending on the subjective interpretation of the musical stimulus" que je traduirais par "c'est au(x) danseur(s) de déterminer leur arrangement chorégraphique dans l'instant musical, arrangement qui peut et doit changer en fonction de l'interprétation subjective de la musique perçue", page 98 in « Tango, an anxious quest for freedom », English Translation, 2000 (Abrazos, Stuttgart), 115p., ISBN 3-00-006-119-3].

Si vous pensez que toute cette description s'applique au fox-trot, au quick-step au paso-doble, et que vous arriviez à m'en convaincre, alors je changerai ma phrase.

H — Puisque le ministère semble s’intéresser aux danses qui sont à la mode en ce moment, pourquoi l’on ne voit nulle part citée la question du lindy-hop, grand-père du rock ? C’est aussi une question à poser : où le classez-vous ?

Réponse: Ce n'est pas l'objet du site que de classer les danses, nous ne représentons pas le ministère de la Culture ni l'enquête de l'APPIC en cours depuis le début janvier 2008. Ce site a simplement pour objectif de mettre à disposition des danseurs de tango argentin les informations/reflexions/idées que tout un chacun peut avoir dans son coin, et d'ailleurs vous êtes un des principaux contributeurs sur des sujets que nous n'avons pas l'habitude de traiter. Nous ne représentons pas un courant particulier du tango argentin, même si nous avons nos idées, et nous sommes très heureux de voir que ce projet de mise en commun d'information et de support de réflexion commence à jouer son rôle.

Voilà quelques exemples de problèmes de terminologie qui, mon humble avis, privent totalement les personnes qui s’intéressent à votre travail, de comprendre intelligemment, de suivre correctement les échanges, et donc de répondre en connaissance de cause à vos interrogations. Je trouve cela bien dommage.

J’espère, chers amis, que vous ne trouverez aucune méchanceté dans mes propos, mais seulement un grand intérêt pour ce large débat, enfin abordé. Car non seulement il correspond à ma passion, comme la vôtre pour le tango argentin, mais que cela concerne aussi mon métier de façon encore plus profonde que vous ne pouvez, peut-
être, l’imaginer.

Je vous remercie encore de me lire, et je reste très attentif à vos réactions à tous.

Christian Dubar
(Institut de formation en danses de société de Toulouse)
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78. [L-43] Tango, diplôme et fédération, par Jacques

Bonjour,

Pendant quelques années, j'ai pratiqué les danses de salon et c'est un documentaire de FR3 qui m'a fait découvrir le Tango, le vrai, l'Argentin, il y a de cela une dizaine d'années. Tout de suite mon épouse et moi-même avons été emballés par cette façon de danser qui permet d'exprimer en complète liberté tous les sentiments ressentis en écoutant de merveilleux orchestres comme: Di Sarli, Pugliese, Canaro, Fresedo, Sassone, Biagi, D'Arienzo, etc...

Depuis de stages en milongas, de bals en pratiques nous nous promenons avec bonheur dans le monde du tango argentin. Cela nous a permis de découvrir des régions que peut-être nous n'aurions jamais visitées, mais aussi de rencontrer des personnes qui partagent notre passion avec le même bonheur.

Alors je m'interroge, est-ce qu'être simplement heureux de vivre sa passion est suspect ? Risquerions nous de troubler l'ordre publique ? Est-ce pour mieux contrôler cette activité que l'on veut hiérarchiser, réglementer, encadrer,normaliser, codifier, classifier ? A quand une licence (à points bien entendu) pour les danseurs ?

Quant au diplôme, j'imagine déjà le résultat, les prochains tangueros marcheront au pas cadencé de vite vite lent et évoluerons, sur la même cadence, en faisant des "passes ou "figures" labelisées tango argentin.

Je croyais naivement que tous les amateurs de tango argentin l'aimaient et oeuvraient dans un esprit tango. Erreur, des ambitions hégémoniques voir mercantiles, ont poussé certains d'entre nous à envisager la création d'une fédération qui apportera surement des contraintes et charges financières, est-ce la solution ?

Pour ma part, je crois préférable de rester indifférent à tout ce remue-ménage car les amateurs, les vrais, sauront trouver le chemin pour se rencontrer et continuer à vivre librement leur passion et ainsi rester créatif.

Cordialement
Jacques Roudaire
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77. [ecos del plata] Fonctionnement en réseau par Martine et réponse de Benoit

[repris depuis le forum de Ecos del Plata (Grenoble)]

Je viens prendre part au débat…

Christophe Apprill écrivait il y a une dizaine d’années au moment de sa thèse de sociologie, dans son livre « Le Tango Argentin en France », p128 :
« Le tango guetté par la normalisation : On voit mal comment il pourrait être enseigné aujourd’hui dans les écoles de danse sans que sa richesse et sa singularité en soient affectées. A l’heure actuelle, aucun des danseurs argentins qui enseignent le tango ne possèdent le diplôme de maître à danser détenu par la plupart des professeurs des écoles de danse….L’encadrement normatif de l’enseignement à travers la création d’un DE …aurait un impact important sur le réseau d’associations de tango qui est rattaché à la fonction sociale (convivialité, découverte d’une culture) de la danse mais aussi à la spécificité du tango tel qu’il est enseigné. La réglementation de l’enseignement, qui risquerait de se traduire par l’établissement d’un monopole de fait au bénéfice des écoles de danse, imposerait une normalisation de la danse…. »

Il parle aussi + loin du statut hors des cadres institutionnels de cette danse (culture, jeunesse et sport, enseignement), de l’aspect affirmation d’une identité/rébellion par rapport aux schémas établis, du coté bâtisseurs de réseaux des « précurseurs » du tango en Europe, héritiers du mouvement de mai 68, de la dimension forte du voyage : « de voyage intérieur, le tango est devenu un motif de voyage à l’intérieur d’un réseau convivial et attractif, fluide comme un soupir de bandonéon »…

Voilà un livre, écrit il y a 10-12 ans, que j’ai lu avec beaucoup d’intérêt, avant le lancement de cette enquête et de la polémique qui, forcément, nous fait réagir …. !

Car la première question que je me pose est : Qui demande quoi à qui ?

Nous sommes des adultes, pratiquant une passion à la fois artistique, culturelle, relationnelle, sociale…bien organisés en réseaux hors de toute tentative de normalisation et de récupération. Nous sommes, je crois, heureux dans cette activité et ce tissu relationnel.

Il me semble que nous sommes aussi assez grands pour choisir nos professeurs, en fonction de ce que nous recherchons, nous, et de la degré de satisfaction qu’ils nous amènent dans le vécu et le partage des cours , bals et pratiques. Avons-nous besoin de formateurs-évaluateurs-censeurs venus d’on ne sait où, dont les critères d’octroi du diplôme nous échapperont complètement….

Qui, mieux que nous même, tangueras et tangueros, sommes à même de savoir ce qui est bon pour nous ????

Aujourd’hui, nous fonctionnons en réseau, et nous choisissons nos professeurs. Cela fonctionne, je crois, très bien, non ?
Je ne suis pas contre le changement, bien au contraire, mais quand les choses vont bien, pourquoi (et surtout dans quels intérêts et enjeux sous-jacents) faudrait-il les bousculer ?

Martine (Grenoble)

- - - - - - - - - Réponse de Benoit - - - - - - - - -

Je m'étais posé les mêmes questions que Martine à peu près dans les mêmes circonstances, après avoir lu le livre de Christophe Apprill il y a plus d'un an. Par contre, sans vouloir détenir la vérité et juste pour donner des pistes, j'étais arrivé aux idées suivantes.

- le tango actuel est issu de l'action des pionniers comme le décrit Christophe Apprill, qui ont oeuvré en toute liberté hors cadre institutionnel. Il est remarquable de constater que cette action ait pu perdurer plus de 15 ans en donnant de bons résultats : les lieux de tango se multiplient et le niveau de danse est à peu près homogène.

- depuis environ 3 ou 4 ans, on constate un fort accroissement du nombre d'élèves dans les associations, au moins dans les grandes villes (expérience personnelle à Aix-Marseille: 30 personnes en 2001, plus de 150 personnes à partir de 2004 dans la même association). Cette évolution a plusieurs grands mérites: elle provoque l'augmentation du nombre de lieux de tango et elle se traduit par un certain rajeunissement de la population tanguera (moyenne d'âges des élèves quand j'ai commencé: au dessus de 45 ans, moyenne d'âge des débutants actuels: bien en dessous de 40 ans). Par contre, elle présente un "non-mérite" (je ne sais pas comment le dire): le risque de modifier la relation au tango.

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En effet, le tango s'apprend dans les cours mais il s'affine dans les milongas au contact des "anciens" supposés être plus expérimentés. Ces deux mécanismes d'apprentissage, le cours (1 sait, 20 apprennent) et l'immersion (20 savent, 1 apprend) sont très complémentaires et indispensables l'un comme l'autre à l'apprentissage du tango. Le point sensible est l'immersion: si le nombre de néophytes est trop grand par rapport aux nombre d'anciens, le mécanisme d'immersion ne joue plus pour tout un tas de raisons plus ou moins valables mais que je commence à entendre ici et là (exemple: "le niveau baisse, on va danser ailleurs entre nous").

Du coup, si un des canaux d'apprentissage du tango, l'immersion, ne fonctionne plus, il ne reste plus que le canal des cours et là... il me semble qu'il y ait beaucoup à dire sur les conditions d'enseignement du tango.

Au début, on ne s'en rend pas compte: tout nouveau tout beau, et puis "le tango, c'est compliqué", mais pour ceux qui s'accrochent, qui cherchent à progresser (stages, multi profs etc..), il est probable qu'ils se mettent à réfléchir un cran au dessus du simple fait d'aller à un stage avec tel ou tel dieu du tango. Rien que de très courant dans ce que je viens d'écrire et qui existe depuis longtemps dans toute forme d'activités.

Je ne suis pas particulièrement attiré par la culture entourant le tango [j'ai quand même essayé d'apprendre l'espagnol :-) ], mais par contre le tango étant un tel moyen d'expression que j'ai cherché à en savoir plus sur la danse en général. Et de fil en aiguille, j'ai compris l'océan d'écart qu'il pouvait y avoir entre des profs standards de tango et des danseurs, tant du point de vue de la technique que de l'expressivité, à tel point que je me suis posé des questions sévères sur la légitimité des profs standards, pas tellement sur leur approche commerciale - les prestations qu'ils assurent valent-elles le prix qu'ils demandent ? sur ce plan-là, on peut effectivement faire confiance aux mécanismes de marché à l'échelle d'un an ou deux - mais sur l'horizon tango qu'ils ouvrent (fixent ?) pour leurs élèves.

Le rôle et le travail de ces prof sont fondamentaux puisqu'ils transforment des ignares complets (mon cas il y quelques années :-) ) en danseurs capables de s'intégrer dans des bals plus ou moins complexes : la nature de la relation au tango passe forcément par leur intermédiaire. C'est peut-être une responsabilité à long terme dont ils n'ont pas encore pris conscience.

Arrive alors la question qui tue: comment faire pour que l'horizon tango des profs s'agrandisse ? ce qui est typiquement une question de formation permanente et conduit illico à la notion de filière professionnelle et à la réflexion en cours au ministère.

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Revenons à la notion de réseau tango si typique de la forme actuelle de notre activité. Un réseau ne fonctionne que si tous les composants acceptent de fonctionner ensemble. Ce qui est nouveau par rapport à voici quelques années, c'est:
- l'augmentation du nombre d'élèves dans les cours
- l'évolution de la moyenne d'âge: avec un rajeunissement au fur et à mesure que le temps passe
- l'évolution des techniques de danse
- l'évolution du rapport à la musique

Le dernier point est plutôt culturel, c'est le seul qui soit recevable pour justifier une rupture temporaire du réseau. Les 3 premiers points sont techniques et posent la question de la compétence des profs:
- pédagogie face à des groupes consistants,
- discours adaptés à des tranches d'âges différentes,
- technicité personnelle du prof et compréhension des mécanismes de la danse.

Sans vouloir justifier un mécanisme de certification - je redoute particulièrement la dénaturation du tango qu'un tel mécanisme risquerait de provoquer - il n'en reste pas moins vrai que les limites observables ici et là chez nombre de profs - en 15 ans, toute activité évolue irrémédiablement et des points de comparaison émergent forcément - laissent la porte ouverte à une nouvelle vague que certains désignent comme des "pseudo profs" (cf. le blog http://diplome.tango.free.fr/blog/files/feb-2008.php) qui, sans en savoir beaucoup moins que les pionniers bénévoles de l'époque héroïque (cf. les livres de Rémi Hess "les tangomaniaques", 1998), ont des motivations beaucoup moins militantes et beaucoup plus sonnantes et trébuchantes où la notion de réseau se concentre sur leur seule personne (principe des écoles de danse tel que décrit par Apprill dans "Sociologie des danses de couples", 2005 - remarque: la seule école commerciale de danse de Marseille proposant le tango argentin a créé une association pour cette danse).

Vu de l'extérieur, la demande d'apprentissage de tango existe et il n'y a a pas de barrière à la définition de l'offre, ce sont des conditions idéales pour faire un marché ultraviolent. Même si objectivement ça ne fonctionne qu'un an ou deux pour les "pseudo profs", c'est suffisant pour introduire la rupture avec les mécanismes de réseau que nous connaissons d'une part par simple concurrence - les élèves ne vont pas ailleurs que dans leurs cours - , d'autre part par la méfiance ultérieure envers le reste du monde du tango que ces comportements suscitent quand les élèves les découvrent.

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En conclusion, voilà un des risques de la situation actuelle telle que je la perçois (j'ai la chance de pouvoir danser presque tous les soirs dans tous les types possibles d'environnement) : l'impossibilité du fonctionnement en réseau à répondre à la demande actuelle, à cause du temps d'incubation du tango qui met à mal le processus d'apprentissage par immersion dans les bals et milongas.

Y répondre par l'application d'un diplôme / licence du côté apprentissage par enseignement, histoire de mettre des barrières à l'offre est le vieux réflexe malthusien des corps de métiers (pilotes de ligne, chauffeurs de taxi, etc...), l'expérience montre que les résultats ne sont jamais-là si en contrepartie il n'y a pas de contrainte de respect des élèves (notions d'obligation de résultat, de moyen, de conseil etc...), mais on tombe dans des comportements qui nous mènent bien loin de ce que nous venons chercher dans le tango: la liberté.

Par contre, s'arcbouter sur le passé au nom de la liberté pour ne rien changer conduira probablement à faire craquer le réseau par surcharge.

Une piste serait sans doute de réfléchir sur l'optimisation de l'apprentissage du tango sans perdre les références culturelles qui sont indispensables à partir d'un certain niveau ("
apprendre le tango n'est pas difficile pour un danseur classique ou contemporain qui a 15 ans de formation, par contre ça lui demandera des années pour être dans le tango", Plume Fontaine). Cette optimisation permettrait de réduire le temps d'incubation et par là protégerait le rôle du bal.

Trouver un moyen d'adapter le fonctionnement en réseau du monde du tango sera sans doute le principal résultat du remue-méninges provoqué depuis quelques semaines par l'enquête du ministère de la culture. Les pionniers ont réalisé une utopie basée sur le mode associatif, que feront les successeurs ?

Benoit de Gentile
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[L-42] Autres points de vue, par Christian

Chers amis tangueras et tangueros,

Je lis avec beaucoup d’attention tout ce que vous écrivez sur ce blog, et cela me passionne. Je remercie très sincèrement ceux qui veulent bien répondre à mes arguments, même s’ils ne sont d’accord avec moi. J’apprécie beaucoup leur franchise, je pense que c’est ainsi qu’on avance, même si je ne suis, moi-même, pas toujours d’accord avec eux.

Je voudrais soumettre au débat plusieurs points nouveaux. Pour tenter de faire évoluer ce débat vers des horizons autres que les propositions, certes très intéressantes, mais de personnes qui ne sont pas encore renseignées sur les principes des associations, des fédérations, ou des confédérations. Ce que l’on peut apprendre dans de nombreuses brochures, au pire dans chaque préfecture.

Pour avancer, j’ai envie de vous dire que je pense que nos amis amateurs du tango argentin se font un bien trop grand souci, de mon point de vue, de ce qui pourrait leur arriver, et arriver au tango. A moins qu’ils ne regardent du mauvais côté pour voir arriver l’ennemi. Certaines de mes raisons sont les suivantes.

1 — RAISON DE SANTÉ PHYSIQUE ET DE PROTECTION DU PUBLIC (Article 2 de la loi de 1989) : Madame Dominique Dupuy, inspectrice de la danse en
1989, qui a été pour beaucoup à l’origine de la loi de 1989, m’a expliqué personnellement que, à l’origine, cette loi avait été demandée par le ministère de la SANTÉ, POUR LA PROTECTION DES ENFANTS contre des déformations imposées trop tôt à leur corps. D’où le fait, par exemple, que cette loi interdise toute technique de danse avant
l’âge de 8 ans (entre 4 et 8 ans, c’est "l’éveil" et "l’initiation"). Et cela est valable aussi pour le tango, bien évidemment. Il est vrai que, contrairement aux débats parlementaires, cette loi a dévié sur des contraintes stylistiques (lire Roland Lienhardt déjà cité), ce qui n’aurait pas dû être.

Pensez-vous vraiment qu’il y ait de vrais risques physiques dans les techniques de tango argentin ? Je ne le crois pas. Pensez-vous réellement qu’une instance publique, même celle de la culture, va vraiment mettre en place un cadre OBLIGATOIRE qui risquerait de dénaturer l’idée que vous souhaitez protéger de cette culture tango ?
Je ne le crois pas.

2 — LA DANSE À L’ÉCOLE : RAISON DE PROTECTION DE L’INTÉGRITÉ MORALE DES ENFANTS : Un peu sur le même chapitre, depuis de nombreuses années, une foule de discours se déchaînent sur le thème de la danse à l’école. Et, évidemment, cela intéresse le ministère de la culture, sans parler de celui de l’Education Nationale.

Je suis de ceux qui pensent qu’il serait bien que, dans l’éducation des enfants à la vie, à la culture, à la relation, etc., une place soit donnée à la danse de société, et pour toutes sortes de raisons que je développerai ici si on me pose la question. Par contre, je pense qu’un projet dans lequel on apprendrait aux enfants à danser uniquement du rock n’a aucun avenir. Particulièrement si c’est du rock à 6 temps sur une musique à 4 temps ! Bravo pour l’éducation !

Pensez-vous vraiment qu’un ministère comme celui qui a mandaté Christophe Appril, juste pour une enquête (presque pour savoir ce que « nous avons dans le ventre », et surtout dans l’esprit), va réellement s’intéresser à une danse à l’école dans laquelle on apprendrait le tango argentin, et où l’on ferait jouer des rôles d’hommes et de femmes à des enfants, alors même qu’ils sont en pleine évolution d’identité ? Certainement pas !

Le conservatoire de la Ville de Toulouse m’a demandé il y a un mois de chorégraphier deux minutes de tango pour des enfants entre 12 à 14 ans. Je l’ai fait car c’était la commande d’une amie, en prenant un maximum de précautions. Mais j’ai trouvé cela profondément déplacé, surtout quand on prêtait attention au texte ! Parlant de bouges et de prostituées ! Mais c’est à la mode !

Ne craignez donc pas un diplôme OBLIGATOIRE pour transmettre, dans l’espace privé, ce que vous souhaitez transmettre. Mais craignez plutôt que, dans l’espace public, le ministère de la culture, comme celui de l’éducation nationale, ne mettre des freins et des limites à un apprentissage trop "étroit" et trop ciblé, trop porteur de sens réservés aux adultes.

3 — AUTRE RAISON DE PROTECTION DU PUBLIC, RAISON D’ÉTHIQUE : Je ne crois pas que, en concentrant toute votre réflexion sur le tango argentin, vous pourrez constituer une force suffisante, si tant est qu’il y ait une attaque et des risques, pour lutter contre nos institutions. J’y vois plutôt un grand danger pour vous, passionnés de tango.

Je crains, et cela est valable pour toutes les danses prises une à une, au contraire, qu’il y ait un risque d’assimilation à un réseau à la fois puissant et incontrôlable, en tout cas, qui refuse d’être contrôlé, qui refuse toute ingérence institutionnelle, qui craint qu’on le démantèle, sans compter qu’il montre très clairement qu’il craint aussi d’autres ministères, comme celui des Finances. Et qui semble donc cacher quelque chose. Je pense qu’il y a un grand danger à glisser d’une réflexion concernant UNE CULTURE, à ce qui pourrait être assimilé à UN CULTE.

Je ne pense pas que cela soit une bonne méthode. Car c’est un autre ministère que vous, mes amis, pourriez craindre, en fin de course : c’est le ministère de l’Intérieur. J’espère ne choquer personne, mais je souhaite être franc. Car cela concerne de très près mon métier, et celui de tous ceux que j’ai formés et que je forme.

Tenez compte du fait, par exemple, que certains groupements qui font du Développement Personnel, et uniquement cela, sont suivis de très près par les Renseignements Généraux, c’est très célèbre.

Je ne pense pas que c’est en refusant un dialogue, un recensement, une vue, un avis sur vos (nos) activités, ni même une inspection, que vous réussirez à convaincre du bien fondé d’une telle bagarre pour défendre votre passion, la culture tango.

Au risque de paraître d’un autre âge (mais il est vrai que j’ai 60 ans), je vous propose de vous reporter à la thèse d’Anne Décoret, que notre ami Christophe Appril connaît très bien, thèse de doctorat qui porte sur les danses exotiques en France, 1900-1940 (Paris VIII 1998), et qui, évidemment parle longuement du tango.

Dans son second chapitre (Une dansomanie exotique, exotisme et pratiques sociales de danse), Anne Décoret répond à de multiples questions (repérage, codification, improvisation, détracteurs…) que vous vous posez, et qui se posaient déjà il y a près d’un siècle. Et elle le fait très simplement, en citant des auteurs de l’époque. Par exemple Sem (page 235), qui écrivait, découvrant à Paris les « bals tango » de l’époque :

« Dans l’appartement où de jeunes gens viennent se retrouver pour danser le tango, en 1912, il n’y a point ce débordement, cette exubérance que l’on trouvera dans la pratique des danses jazz et nègres, mais au contraire une extrême concentration […] Ces évolutions déconcertantes, cette quasi-immobilité tourmentée n’ont de la danse ni son emportement, ni son allégresse physique, ni son délire de mouvement… […] Devant ces contorsions mystérieuses et lascives on se sent mal à l’aise […] comme si le geste caché de l’amour était brusquement dévoilé en public. […] A mieux observer ces étranges danseurs, leur air sérieux et absorbé, leur frénésie contenue, bridée par le rythme mesuré, (…,) d’une précision pour ainsi dire liturgique ; à voir leur expression ardente de conviction et de foi, on en arrive à comprendre qu’ils accomplissent une sorte
de rite sacré. Les femmes en proie à une exaltation mystique, les regards en dedans, penchent des visages extasiés, les yeux clos, dans un rêve intérieur, graves et recueillies, comme des communiantes…

[…]. Il m’apparut alors que j’assistais, en plein Paris, à l’office d’une secte, que j’avais pénétré dans un sanctuaire, une des milles chapelle de ce culte nouveau qui passionne la ville et fait tourner les têtes, les âmes et les corps […], le Tango ! »

Je présente d’avance toutes mes excuses aux personnes que ce texte pourrait offusquer. Il n’est pas de moi, et il date de 1912… Moment où les fameux Maîtres de Danse voulaient s’emparer du Tango pour le vendre, et en faire leur monopole. Rien de nouveau sous le soleil ! Mais je ne pense pas que ce soit une image à véhiculer encore, du
moins pour ceux qui veulent avoir des relations avec nos institutions.

Je ne crois pas que vous pourrez faire, sans tenir compte de ce passé, très connu, au risque de reproduire stérilement les mêmes erreurs.

Pour finir et conclure, et pour rassurer nos amis passionnés, je ne pense pas que la culture tango ait le moindre souci à se faire, du moins à l’encontre du ministère de la Culture. Je vous laisse, par contre, méditer sur les risques que représente un tel débordement de passion qui se veut incontrôlable mais concentré sur un seul objet finalement plus historique que chorégraphique ou pédagogique, pour le ministère des Finances, pour celui de l’Education Nationale, ou celui de l’Intérieur, ou encore celui de la Santé. Cela déplacera un peu la discussion.

A mon humble avis, et même si certains risquent de me trouver très prétentieux, c’est uniquement en nous regroupant, sans hégémonie de style ni de danse ni d‘histoire, que ceux qui souhaitent une reconnaissance, et éventuellement une protection contre leurs angoisses, ont une chance de l’obtenir. Pour les autres, aucun souci.

Merci de m’avoir lu. Christian Dubar
(Institut de formation en danses de société de Toulouse)
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[ecos del plata] Réponse à Marie-Pierre par Chantal

[repris depuis le forum de Ecos del Plata (Grenoble)]

La remarque de Marie Pierre est judicieuse ; en effet, pourquoi cette enquête émane du ministère de la culture alors que jusqu'à présent, toutes les écoles de danse dépendent du ministère de la jeunesse et des sports ? est ce que cela veut dire que la danse ne serait qu'un "support-prétexte" pour "recenser" l'enseignement d'une culture quelle quelle soit ?? que personne ne s'offusque de ce que je viens de dire, je réfléchis simplement tout haut .. et certes, cela ne change pas le fond du problème.

En tous cas, pour moi, il est une chose d'envisager de légiférer par l'institution d'un DE et une autre de créer une fédération pour nous représenter. Je ne vois pas pourquoi il y aurait forcément un lien entre les 2.

C'est la création d'une structure dite "représentative" du tango argentin qui me gêne un peu ..

Ca phosphore dur en tous cas ...

[... suite du message spécifique au fonctionnement du forum de Grenoble..]
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[ecos del plata] Quelques remarques supplémentaires par Marie-Pierre

[repris depuis le forum de Ecos del Plata (Grenoble)]

Quelques remarques supplémentaires:

Les écoles de danse de salon et de danses sportives (elles organisent des compétitions)dépendent du ministère de la jeunesse et des sports et non du ministère de la
culture. Pour elles il n'y a pas à ma connaissance de DE. Je ne sais pas comment sont formés leur professeurs.
Il y a peut-être un marché à prendre avec l'ensignement du tango car je doute que ces écoles s'interessent aux danses par exemple traditionnelles ou indiennes

Je ne vois pas en quoi un DE "pasteurise","normalise" la danse...

Dans le DE de danse classique,jazz et contemporaine il y a par exemple une épreuve d'improvisation. On vérifie d'une certaine manière que le futur professeur a une connaissance suffisante de la discipline artistique qu'il veut enseigner (culture chorégrapique, historique,technique,musicale). Et une connaissance du public auprès duquel il va enseigner; la question pose moins pour le tango puiqu'il n'y a pas un "public" d'enfants.

D'autre part enseigner la danse qu'elle soit classique ,jazz ou contemporaine c'est aussi transmettre une culture et non vendre un bien de consommation. Tout n'est pas parfait et il y aura toujours de meillleurs enseigants que d'autres.

Les danseurs de renommée internationale où ayant travaillés dans des compagnies reconnues et répertoriées peuvent avoir le DE après avoir éffectué un stage de 200 heures financé par l'état. Dans le DE il n'y a pas de"codification "de la danse puique la danse ne cesse d'évoluer. Le DE n'a pas codifié la danse.

Nous n'avons eu que la première partie de l'enquête qui se voulait quantitative, combien de pratiquants à l'échelle nationale,dans quelles structures..etc.
Et cette enquête ne concerne pas seulement les danseurs de tango, je le rappelle. Attendons donc la deuxième partie qui sera certainement plus interessante.

J'aimerai savoir comment réagissent les danseurs d'autres danses (danse indienne par exemple)sont-ils aussi méfiants que nous?

D'autre part l 'enquête révélera peut-être que "nous nous organisons pluôt bien dans la transmission de la "culture tango" et qu'il faut continuer dans ce sens.

Marie-Pierre
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[L-40] Copie de courrier au ministère, par Christian

[note du modérateur: la mention au blog de Chistophe Apprill ne concerne pas le site diplome.tango]

Chers amis,

Vous trouverez ci-dessous copie du texte que j'ai expédié le 14 avril à Monsieur Jean de Saint-Guilhem, signataire de l'ordre de mission cité sur ce blog.

Pour information.

Christian Dubar (Institut de formation en danses de société de Toulouse)

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Monsieur Jean de Saint-Guilhem
DMDTS
Ministère de la Culture
53 rue st-dominique
75007 Paris


Monsieur le Directeur,

Je vous ai écrit le 3 mars dernier. Sauf erreur de ma part, je n’ai reçu aucune réponse à mon courrier.

Je reviens donc vers vous car une multitude de mes stagiaires me posent des questions sur la mission dont vous avez chargé Christophe Appril et son équipe sur la pratique des danses régionales et nationales, et étrangères sur le sol français.

Dans le courrier que j’avais écrit pour leur blog (et dont je vous avais transmis copie le 3 mars), j’avais signalé que, il y a trois ans, Monsieur Jean-Christophe Paré m’avait déjà demandé de former une fédération qui regrouperait enseignants et pratiquants de ces danses. Travail que j’ai aussitôt entamé avec une équipe sur la France entière, en créant une fédération : la F.F.D.D.S.

Or, aujourd’hui, je me rends compte du fait que Christophe Appril n’a pas été averti de notre existence ni du travail que nous avait demandé Monsieur Paré. Comme, de mon côté, personne de votre ministère ne m’a parlé ni d’appel d’offres en la matière, ni de l’ordre de mission décidé. Je reste très surpris.

Je crois pourtant que, toute modestie mise à part, notre institut est toujours le seul à avoir eu une reconnaissance de la part du ministre de la culture en matière d’enseignement et de formation professionnelle en danse de société ; comme je suis le seul universitaire de France, à ma connaissance, à avoir théorisé sur ces pratiques et ces enseignements des « danses régionales et nationales, et étrangères sur le sol français ».

Loin de mon esprit l’idée de réclamer quoi que ce soit. Je ne cherche qu’à comprendre la cohérence de ces deux demandes issues du même ministère, de façon à pouvoir décider intelligemment, si possible, de l’objet sur lequel je dois mettre mon ardeur, mes connaissances et mon temps, ainsi que la bonne volonté du millier de personnes que
j’ai entraînées dans cette aventure, sous la responsabilité de votre ministère.

Nous nous posons donc la question sérieuse de l’intérêt aujourd’hui du travail que nous menons. Peut-être faut-il que nous arrêtions notre recherche ? Voici la question principale que les personnes que j’ai déjà regroupées, et qui commencent à représenter plus d’un millier d’adhérents, me posent.

Je dois venir le 15 mai prochain à Paris car je suis invité, par sa Directrice de cursus, Madame Michelle Nadal, à assister au premier examen d’écriture de la danse (système Pierre Conté), au conservatoire de la Ville de Paris (centre). Je souhaiterais en profiter pour venir m’entretenir avec vous, si vous voulez bien m’accorder un rendez-vous. Voici le n° de mon portable pour faciliter le travail de votre secrétariat : 06 xx xx xx xx.

Je ferai aussi en sorte de rencontrer un certain Monsieur Baconnier au ministère des Sports, ce que m’a conseillé Madame Noune Marty, Présidente de la F.F.D., qui est une bonne amie, mais qui s’est alors avouée sincèrement incapable de me dire ce qui se passait en ce moment. Ce monsieur travaillerait à un accord entre les deux ministères…

Sur ces questions… Je n’en sais pas plus, malheureusement. Et je compte sur vous…

Dans l’attente de votre rapide réponse, je vous prie d’accepter, Monsieur le Directeur, mes respectueuses salutations.

Christian Dubar

N.B. : Copie transmise ce jour à Christophe Appril par l’intermédiaire de son blog.
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[L-37] Une bribe de réflexion concernant l'enseignement du tango... par Raphael

A mon avis, cet enseignement dépasse de loin la réduction à laquelle on cherche à tendre en l'appréhendant à travers le projet de diplôme de professeur de tango, en voulant le pasteuriser, le normer, afin qu'il puisse enfin, parce qu'il représente aujourd'hui un marché, être enseigné notamment en école de danse…

Le tango est une matière vivante, un art, une musique et une danse, une émotion partagée ET une culture, qu'il importe de découvrir, d'expérimenter, de s'approprier, de vivre. C'est un voyage qui commence par une écoute, une ouverture suscitée par une émotion, et qui demande pour se poursuivre l'acceptation de ses forces et ses faiblesses dans sa relation à l'autre, à son/sa partenaire dans l'intimité de l'abrazo.

Si les « profs » représentent une partie importante dans l'aide à l'approche et à la transmission de cette culture, le vécu de cette danse (lors des stages, pendant les cours, les pratiques, les milongas, seul dans l'écoute de sa musique ou si nombreux dans la ferveur d'une milonga) et le lien tissé entre les membres de l'association, des danseurs, du débutant au maestro, constituent le creuset, la matrice, l'abrazo, sur lesquels le débutant va pouvoir compter, à partir desquels il pourra écouter, s'initier, apprendre, échanger, transmettre, construire son libre arbitre, décider ou non de s'impliquer plus personnellement pour embrasser cette culture.

Dans un projet associatif il y a une politique partagée et mise en place par les membres de l'association. Une association n'est pas un bien de consommation, c'est une volonté qui se met en mouvement. Chacun y est (devrait y être) acteur, moteur de son fonctionnement et de son évolution.

Chercher à créer un diplôme de professeur de tango c'est vouloir réduire le tango à un bien de consommation, et pour quels motifs, pour quelles raisons? ; N'y a-t-il pas assez de biens de consommation pour en rajouter un, dénaturer et normer une culture afin de la vendre sous emballage plastique estampillé.

Si la question est d'ordre juridique et financière, alors que l'on réfléchisse sérieusement à ces questions avec les ministères concernés. En qualité de citoyens du monde, que l'on contribue à réfléchir à la forme sous laquelle toute personne porteuse d'une richesse culturelle particulière (française ou étrangère) peut contribuer au partage de sa culture sur notre territoire, en Europe, et plus particulièrement dans le contexte du tissu associatif culturel. Néanmoins refusons l'idée de normer les pratiques de danses régionales ou nationales de France et du monde en général (quelle arrogance), du tango argentin en particulier, dans ce seul but. Là se trouve le véritable danger pour la culture en général et le tango en particulier.

Raphael Marcelpoil
Ecos del Plata
Grenoble
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[L-34] Réponse à Pierre, par Christian

Bonjour Pierre,

Et merci infiniment d’avoirs pris en considération mes écrits sur ce blog. J’y suis très sensible

Je viens de répondre à Elysabeth, cad que je ne vais pas reprendre certaines choses que tu pourras lire plus bas.

Pour toi, je vais tâcher de m’exprimer clairement sur le fond du travail.

1 — Je te remercie de me préciser que, sur ce blog, vous ne travaillez que sur ce que vous connaissez bien ; le tango argentin. C’est une excellente précision, qui montre toute votre modestie. Et j’approuve totalement.

2 — J’ai bien connu Ernesto Rondo, chanteur argentin exilé à Paris, que j’ai fait venir à Toulouse dès novembre 1990 pour un spectacle avec Annibal Pannunzio, Maguy Dany et l’orchestre de tango d’Olivier . Ernesto est décédé depuis. Chaque fois qu’il m’écrivait, ses enveloppes, que j’ai gardées comme des preuves touchantes, étaient toutes tamponnées à l’encre luminescente : « EL TANGO ES CULTURA ARGENTINA, ERNESTO RONDO ».

Pour dire que je suis bien convaincu de ce que tu me dis, et je vois très bien ce que veulent dire les passionnés du tango argentin, que je respecte profondément.

Pour autant, il me semble que ni la modestie, ni la passion, ne doivent leur faire oublier que leur passion est à égalité avec d’autres passions de danses du bal.

Dans un journal Dansons Magazine consacré au tango, j’avais intitulé le premier article : « Le tango, une philosophie de vie… » Avant d’interviewer des tas de danseurs et penseurs du tango de l’époque (Miguel Angel Arancibia, Henri Vidiella, Rodolfo Dinzel, Coco Diaz, Helio Torres, Michèle Rust, Remi Hess et sa fille Charlotte Hess, Catherine Néri, Annibal Pannunzio, Maguy Dany, etc.) (10/1993).

3 — Qui pourrait dire que la salsa n’est pas un phénomène de société aussi important que le tango ? C’est aussi une culture, comme le rock, le hip-hop, avec une ou des danses, des rythmes, des dynamismes, des looks, des tenues, des textes, des poésies, des revendications, mais surtout une HISTOIRE.

Qui pourrait dire que la valse n’est pas une culture à part entière ? Avec une impressionnante histoire à travers les siècles et le monde. Et des tas de rejetons. Qui oserait dire, sans prendre le risque d’être ridicule, et de blesser les passionnés correspondants, que le rock ou mieux, le lindy-hop ACTUEL n’est pas une culture ? Dois-je prendre d’autres exemples. Voyons la fameuse DANSE COUNTRY qui affole certains aujourd’hui. Et l’autre qui me dit que le zouk est super-répandu en France. Et l’autre qui est
totalement convaincu que la CULTURE DU FORO (Culture populaire de danse à deux du nord du Brésil) sera la prochaine vague de danse en Europe !

Toutes ces danses sont aussi capables d’échanges culturels avec tous les pays du monde : les valses d’Amérique du Sud (péruviennes, brésiliennes, colombiennes), la valse viennoise, le tango suédois, la rumba cubaine, le charleston américain, la samba brésilienne, la polka, les danses irlandaises, etc.

4 — Je te remercie de témoigner du fait que la formation que nous proposons dans mon institut est généraliste et qu’elle peut rendre service à tous les danseurs, dont les danseurs de tango argentin. C’est exactement ce que je cherche à proposer : des informations à tous les danseurs, et surtout, dans mon cas, à tous les enseignants de danse de couple. Et tu dois savoir que je me suis beaucoup intéressé, par exemple avec Plume Fontaine, Christine Caminade, Laurent de Chanterac, à la nouvelle « pédagogie » du tango. Et j’ai déjà transféré beaucoup de mes découvertes, grâce à quelques grands maîtres du tango, dans l’apprentissage des autres danses de couple. Il n’y a qu’eux, ceux qui sont uniquement concentrés sur le tango argentin, qui ne le savent pas, souvent parce que, justement, il ne pense qu’au tango argentin, et qu’ils ont oublié les autres danses.

5 — Je suis tout à fait d’accord avec toi, et je reprends : je ne suis pas d’accord pour une enquête biaisée, quelle qu’elle soit, aboutissent à une formation codifiée, et surtout obligatoire. Je me battrai contre ça. Autant je crois profondément que nous avons un patrimoine commun, et même des réflexions identiques, autant je reste persuadé qu’il faut préserver la LIBERTÉ de chacun à choisir le moyen de PRENDRE SON PLAISIR EN COUPLE, AVEC LA MUSIQUE.

6 — Et si je vais au bout de ma pensée, en toute franchise, au risque de m’attirer des ennemis : je pense que, si l’on veut APPRENDRE à un Français ou une Française à SAVOIR DANSER au bal, la plus grosse erreur est de lui apprendre le rock, OU (pire) le « jive » ; OU la valse, OU (pire) la valse « musette » ; OU le tango, OU (pire) le tango « argentin » ; OU la salsa, OU (pire) la salsa « portoricaine », etc. Car il faut lui apprendre, à mon humble avis, et d’abord : la valse ET le rock ET le tango ET la salsa… Etc.

Pour le reste, on touche au STYLE, donc quelque chose qui est très profond, à l’intimité de la personne, donc à sa liberté ; et, alors qu’on croit lui apprendre à danser avec tous, on réduit son champ et le risque de clonage est alors immense. Je signale en passant que ce fut la raison de la défection des écoles de danses et la motivation première, à l’époque, de la création d’associations « libres ».

C’est un principe de RESPECT DE LA PERSONNE HUMAINE. Je ne danse pas comme un autre, je ne veux pas qu’on m’impose ma façon de danser (ce serait RIDICULE), tout en étant persuadé que nous avons des milliers de choses à nous échanger, sur les danses de société, et aussi sur son enseignement.

Je te remercie encore, cher Pierre, de m’avoir lu, et j’attends tes réactions qui, je n’en doute pas, seront très fines.

Christian Dubar
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[L-33] Réponse à Elisabeth, par Christian

Chère amie bonjour.

Je vous remercie d’avoir lu mes courriers et d’y avoir porté cette grande attention. Je vous remercie aussi pour les compliments qu’elle comporte. Vous me donnez vraiment envie de poursuivre ce passionnant débat qui concerne, vous l’avez compris, non seulement ma passion, mais aussi mon métier.

Tout d’abord, et à défaut de réponse précise à une de mes interrogations lancées sur ce blog, je vais tâcher d’être clair sur quelques points qui me semblent au fondement de ces recherches. (Désolé si tout n’est pas parfaitement rangé, cela prendrait plus de temps).

1 — Je ne suis pas du tout POUR quelque FORMATION OBLIGATOIRE que ce soit, ni QUELQUE DIPLÔME OBLIGATOIRE que ce soit, même émanant d’un ministère public ou d’un autre. Je peux dire au contraire que je suis FERMEMENT CONTRE ces procédés, du moins pour l’enseignement dans le secteur PRIVÉ. Ce n’est que mon avis, mais
voici comment je pourrais le justifier.

En 1989, le parlement français a voté une LOI D’ÉTAT le 10 juillet : « Article premier : Nul ne peut enseigner la danse contre rétribution ou faire usage du titre de Professeur de danse ou d’un titre équivalent s’il n’est muni […] du diplôme de Professeur de danse délivré par l’Etat ou… ». Fin d’article : « Le présent article s’applique aux danses classique, contemporaine et jazz. »

« Article deuxième : Un décret en Conseil d’Etat fixera, en tant que de besoin pour la protection des usagers, les conditions de diplôme exigées pour l’enseignement des autres formes de danses que celles visées à l’article 1et de la présente loi. » Ce qui veut dire qu’une épée de Damoclès pèse sur les têtes de tous les enseignants de danse de société "rétribués" depuis l’époque.

Ainsi, la France est devenue LA PREMIÈRE DÉMOCRATIE AU MONDE À EXIGER UN DIPLÔME D’ÉTAT POUR UN ENSEIGNEMENT ARTISTIQUE DANS LE PRIVÉ ! SOUS PEINE D’AMENDE ET D’EMPRISONNEMENT ! Et notre D.E., dont de nombreux Français se sont alors enorgueillis (surtout ceux qui l’avaient mis en place), a échangé des équivalences avec ses correspondants CHINOIS et CUBAIN, il faut le savoir ! Magnifique référence ! Et quelle grossière erreur, sur le prétexte de protéger le public ! Cette époque est révolue !

Le ministère de la culture a reconnu ses erreurs et certains de ses inspecteurs aimeraient bien faire marche arrière car d’autres se sont alors couverts de honte. Mais c’est aujourd’hui le Parlement qui n’accepterait pas si vite de revoir une telle loi, sans ridiculiser encore plus ce ministère. Donc, il n’y a pas de risque de ce côté-là.

Exemple vécu et preuves : C’est Madame Stanlova, alors directrice d’un centre de formation professionnel à Paris, qui, la première, dès la rentrée de septembre 1989, brutalement court-circuitée par cette loi et par la mise en place des IFEDEM et CEFEDEM du ministère, qui a dû se défendre et aller en justice pour avoir le droit de
poursuivre ses activités. Elle a été défendue pas une personne que je connais bien aujourd’hui : Me Roland Lienhardt, avocat au barreau de Paris.

Ce dernier s’est alors rendu célèbre dans notre milieu, et au ministère de la culture (pour ceux qui ont bien voulu le lire) en 1998 avec son livre : « Cultivez-vous, il m’en restera toujours quelque chose ! » (Paris), dans lequel il dénonce près de 700 officiers du ministère de la culture de l’époque, entre autre de "pantouflage" et de prises illégales d’intérêts personnels (il faut savoir qu’aucun d’entre eux ne l’a jamais attaqué en justice ; chacun en fera la déduction qui s’impose). Vous pouvez aller le rencontrer à Paris en prenant rendez-vous. J’ai évidemment son livre.

Tout ceci pour dire que, non seulement je suis CONTRE toute forme obligatoire d’enseignement ou de diplôme, mais que je suis tout à fait prêt à ARGUMENTER dans ce sens, en relevant toutes les erreurs auxquelles la loi de 1989 a conduit. J’ai déjà mené de longues argumentations, autant contre cette loi que contre la danse sportive,
dans ma thèse dont le sujet était, je me permets de vous le rappeler, : « Danse : Sport, Culture ou Education ? Le problème de l’enseignement des danses de société en France » (1999, Paris VIII).

2 — Non seulement je suis contre, mais je suis donc CONVAINCU qu’il n’y a AUCUN DANGER à ce que le ministère de la culture refasse certaines des erreurs qu’il a faites par le passé.

3 — Autre raison : Le ministère n’interviendra pas, particulièrement pour des formes de danse DONT IL N’A AUCUNE CONNAISSANCE, dont il ignore tout : la technique, l’histoire, la culture, la musique, la pédagogie, l’histoire du métier, et j’en passe. Il compte sur vous, sur moi, sur Christophe Appril, et sur toutes les bonnes volontés pour faire l’étude dont il devrait se charger. Sauf à dire que, si les enseignants de danse de bal souhaitent une reconnaissance, ou des protections, il leur appartient de se regrouper, de se compter et de se faire connaître. S’ils sont assez nombreux, et cohérents, et insistants, cet organe public leur sera peut-être redevable, au minimum, d’une écoute attentive.

4 — Il faut bien séparer la réflexion sur L’ENSEIGNEMENT (rétribué) qui est toujours libre et le restera je pense, et la COMPÉTITION (vous parlez de compétition de tango argentin). Personne n’a plus le droit, depuis la création de la délégation de pouvoir le 8 août 1989 par Roger Bambuck alors ministre des Sports, d’organiser « un championnat de France » quelle que soit la danse. Seul la fédération délégataire, et seulement son comité de danse sportive (et pas les autres comités de la F.F.D.) sont autorisés à cela. Sous peine d’attaque en justice, mais surtout de fermeture des voies européennes et internationales des championnats qui ne reconnaissent que les membres réguliers et les entraîneurs déposés de la F.F.D.

C’est dire que tout groupement autre que la F.F.D. n’a aucun pouvoir d’organiser quoi que ce soit, sauf à rester confidentiel et sans aucun espoir de poursuivre à plus haut niveau.

Donc toutes ces personnes qui font du sport n’ont aucune voix au chapitre concernant l’enseignement. La F.F.D., par exemple, ne peut mettre en place qu’un DIPLÔME FÉDÉRAL. Mais, elle ne l’a toujours pas fait depuis 19 ans, pour des questions de guerres intestines aussi qui perdurent. Je ne pense pas qu’elle le fasse jamais. Je suis un bon ami de sa présidente actuelle, Madame Noune Marty, que j’ai eu au téléphone dernièrement, et qui, sauf le respect et l’amitié que je lui dois, m’a quand même dit « qu’il se passait des choses en ce moment, mais qu’elle n’y comprenait rien ! » (Sic)

5 — Il faut savoir que, depuis plus de 50 ans, de nombreux groupements ont tenté, par toutes sortes de moyens, et de ministères, de mettre en place soit une formation obligatoire, soit un diplôme obligatoire, certains un B.E. (Sports), ou un D.E. (Culture). TOUS ONT TOTALEMENT ÉCHOUÉ. Rien n’a jamais marché ! Surtout parce qu’ils visaient un diplôme OBLIGATOIRE, donc HÉGÉMONIQUE. Souvent, leur but était plus d’empêcher leurs collègues de travailler que de faire valoir leur métier. Il ne faut
ni tomber dans cette erreur, ni la craindre. Statistiquement, cela N’A JAMAIS MARCHÉ, et une énergie immense a été perdue.

6 — Suite à mon travail, je serai éventuellement POUR un cursus de formation généraliste pour tous les éléments qui constituent les bases de la danse de bal à deux. Je serais POUR un cursus RECONNU (mais NON OBLIGATOIRE), ET VÉRIFIÉ À PARTIR D’ÉLÉMENTS DE FOND, DE BASE : les éléments des facteurs communs à toutes les danses : l’espace, le temps, la nuance, l’accentuation ; dont les rotations, les contacts, la souplesse, les vitesses… ; et surtout tout ce qui est spécifique aux danses de bal et de couple : le contact, l’énergie de couple, le flux, le déplacement à deux, le non-agrippement, les positions relatives, l’écoute, l’interaction… Enfin, l’expression et la créativité, sans oublier le PLAISIR, la TECHNIQUE n’étant jamais une fin en soi, mais seulement un MOYEN parmi tant d’autres. Et j’en passe ! Je me bats pour une véritable ÉDUCATION EN DANSE DE COUPLE, avant toute spécialisation dans un style. C’est la « philosophie » que je tente de développer dans mon Institut, où je rêverais que tous les danseurs se retrouvent (ce qui fonctionne déjà très bien, même avec le tango argentin…).

7 — Je suis POUR une étude nationale, un recensement (qui incomberait à un ministère, mais pourquoi pas à une structure extérieure, neutre et fondamentalement généraliste) du métier de PROFESSEUR DE DANSE DE SOCIÉTÉ (ou de bal, comme vous voudrez). Que nous puissions prouver que notre métier est un VRAI métier = qu’on peut en vivre honorablement, que nous sommes nombreux, que nous avons beaucoup d’élèves, et des passionnés, et de tous horizons. En vue de demander la CERTIFICATION de ce métier à l’organisme correspondant : la C.N.C.P (Centre National de la Certification Professionnelle), qui ne se mettra pas en mouvement pour quelques professeurs de zouk, de country ou de mazurka, EN AUCUN CAS (il faut être logique). A la fois, il n’y a là AUCUN RISQUE, et, en même temps, il est inutile de travailler hors leur cadre de fonctionnement. C’est peine perdue !

J’en profite pour répéter, en tant qu’organisme reconnu par le ministère de la culture, que nous avons déjà monté un dossier de demande de certification qui avance. Il ne faudra pas être surpris que nous avancions encore et que nous aboutissions, éventuellement, si personne ne se décide à entrer dans une réflexion plus étendue, plus calme, plus professionnelle, plus tolérante ; et, peut-être, à nous rejoindre.

8 — Je n’ai AUCUNE INQUIÉTUDE concernant le lien éventuel entre ce type d’enquête et le MINISTÈRE DES IMPÔTS. Cela fait déjà des années que je travaille de façon honnête et transparente, et que je ne crains plus personne dans ce domaine. Et nombreux sont mes collègues qui fonctionnent de la même façon. Je vous conseille de
ne pas tout mélanger, et de vous débarrasser de certaines vieilles angoisses bien françaises, mais qui ne devraient plus avoir cours aujourd’hui.

9 — Pour terminer, je pense qu’il faut SE poser la question, et LA poser (ce que j’ai fait mais sans réponse encore) au ministère de la culture, pour savoir pourquoi, à trois années d’intervalle, des inspecteurs différents de ce ministère ont commandité la création d’une fédération, en lançant deux groupements sur le même genre
de travail, et sans en avertir ni l’un ni l’autre ? Cela nous éviterait peut-être de perdre notre temps à pérorer dans le vide… Ne pensez-vous pas que c’est peut-être la première question à se poser ?

Avant de répondre à Pierre, ce que vous pourrez lire en suivant et où vous trouverez peut-être des éléments qui concernent votre mail, sachez que je ne fais pas du tout le projet que le travail de cadrage que je tente de faire dans les danses de société aboutisse à une modélisation. Certainement pas ! Par contre, si mon travail et mes réflexions peuvent servir de piste d’évolution dans la reconnaissance de nos passions (chorégraphique comme pédagogique), j’en serais très fier, à condition que chacun y prenne ce qui lui correspond et continue à développer sa spécificité, sans perdre un respectueux dialogue avec tous, et sans esprit de rivalité.

Je vous adresse mes très amicales salutations.

Christian Dubar, dimanche 13 avril
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[L-32] Réponse à Christian, par Pierre (temps du tango)

Réponse à Christian Dubar,

Bonjour Christian,

Merci de ton apport très documenté et utile dans ce débat, cependant il me semble que nous ne nous situons pas sur le même plan. Tu sembles déplorer que les interventions sur ce blog se limitent à ne parler que du tango argentin sans élargir aux autres danses. Nous nous bornons simplement à émettre un avis sur notre domaine de compétence, le tango argentin, et il ne nous viendrait pas à l’idée d’émettre des recommandations sur l’apprentissage du quick-step ou de la valse anglaise, domaine qui nous est mal connu ou inconnu…

Par ailleurs tu sembles limiter le tango argentin au seul domaine de la danse de couple, lui-même sous-classe de la famille des tangos, alors que pour la plupart des intervenants de ce blog, le tango argentin est avant tout une culture à vivre dont la danse n’est qu’un des aspects ; je prendrai comme exemples, dont l’un a d’ailleurs déjà été cité, la place de la danse dans les deux revues nationales consacrées au tango argentin « Tout Tango » et « La Salida ». Il est évident que ce sujet très souvent ne constitue pas le thème central de ces magazines, contrairement aux autres revues traitant de la danse de couple, alors même que le nombre de danses abordées y est beaucoup plus important (cinq danses latines, cinq danses standards…. )

Je prendrai comme autre exemple deux festivals importants :

- Tarbes, où parallèlement aux cours de danse, ont lieu des stages de musique, des conférences, des concerts, des projections de films, des spectacles de théâtre, des expositions d’art …..

- Prayssac où sont donnés des conférences, des cours d’espagnol, des concerts…. Sans parler de l’Université d’été du tango où la danse est très marginale par rapport aux autres activités….

Ceci représente une spécificité du tango argentin où tous les aspects artistiques sont liés, par rapport à d’autres types de danses de couple; encore que certaines d’entre elles aient des démarches proches, par exemple en danse traditionnelle, où me semble-t-il, les participants attachent beaucoup d’importance aux costumes, aux coutumes, et qui à ce titre, passent énormément de temps à faire des recherches historiques, à se confectionner eux-mêmes leurs costumes etc….

De même en salsa, il y a de nombreux échanges culturels avec les pays d’origine, des voyages….

Au vu des réactions dans les forums, il me semble d’ailleurs, qu’ils ont les mêmes inquiétudes que nous par rapport à l’enquête du ministère de la culture …..(voir quelques réactions
http://w2.webreseau.com/fr/services/forums/message.asp?id=73984&msgid=6088277&poster=0&ok=0
intéressantes sur le forum
http://w2.webreseau.com/fr/services/forums/message.asp?id=73984&msgid=6089781&poster=0&ok=0
du temps du tango)

Si l’on ne considère que l’aspect danse du tango argentin, qui est un aspect quand même réducteur, bien sûr, il y a de nombreux fondamentaux communs avec les autres danses de couple (gestion de l’espace, communication dans le couple, travail sur l’axe etc…) .

Je connais le sérieux de ta formation et je sais qu’elle peut apporter une aide efficace en terme de connaissances musicales, de structuration du cours, de culture, d’ouverture d’esprit …. à des personnes enseignant le tango argentin. De même, je pense que l’initiative de l’ouverture d’un centre de formation par Marseille Tango et la Real Academia permet d’éviter à des personnes venant d’autres danses, d’explorer des voies inutiles et de rentrer de façon cohérente dans l’apprentissage de connaissances directement applicables. Cependant cette formation n’est qu’un mode d’apprentissage parmi d’autres (masterclass, stages résidentiels d’artistes invités, voyages à Buenos-Aires, workshops à l’occasion des différents festivals, stages de formation professionnelle AFDAS etc…..). Chacun peut choisir suivant sa sensibilité le type de formation le mieux adapté. Je trouve d’ailleurs hypocrite, l’argument qui consiste à ne juger cette formation qu’à l’aune de son prix global quand on voit le prix horaire pratiqué dans la plupart des formations…. En sachant que ce prix est souvent justifié par des contraintes économiques …..

Je ne souhaite pas qu’une enquête biaisée aboutisse à ce que le ministère de la culture impose un cursus obligatoire pour enseigner les danses de couple (dont le tango argentin), et que ce cursus oblige à passer sous les fourches caudines d’un institut quel qu’il soit, institut qui aurait le monopole de cette formation et imposerait des
remises à niveau régulières obligatoires et bien sûr payantes….. Je suis pour une offre de formation, mais une offre diversifiée et abondante dans laquelle on puisse choisir librement.

Il me semble que cet avis est partagé par une majorité d’intervenants sur ce blog. C’est la raison pour laquelle, les personnes concernées par ce problème réagissent et proposent de résister à ce diktat potentiel du ministère sous des formes diverses : assises, fédération, coordination…..

Il se peut que notre problématique soit partagée par d’autres types de danse et qu’il serait peut-être utile d’élargir notre action à d’autres acteurs… Néanmoins, nous avons déjà une expérience en ce domaine, car nous avons été confrontés à ce problème en 1997 quand une organisation professionnelle avait manœuvré pour établir un monopole de formation…

Ceci avait débouché sur l’élaboration d’une charte du tango argentin…..

Pour l’instant nous essayons d’avoir une démarche cohérente entre nous, pour éviter que la structure à mettre en place ne reproduise les défauts qu’elle est censée combattre, à savoir : un monopole et donc une prise de pouvoir d’un groupe sur l’ensemble des participants.

Bien à toi,

Pierre Lehagre
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[ecos del plata] Ministère de la Culture et réglementation du tango Argentin... par Marie-Pierre

[repris depuis le forum de Ecos del Plata (Grenoble)]

Petits éléments de réponses,de questions livrés en vrac sur le sujet.
(réponse déjà fait et envoyée mais je ne sais où... dans le doute je nem'abstiens pas mais recommence)

Généralement on n'aime pas être observé... En quoi cela est il gênant pour nous? De quoi avoir peur? Pourquoi ne voir du négatif dans cette enquête? Biensur il faut être vigilant....

Dans un premier temps il est question du quantitatif, d'un état des lieux pour comparer par exemple la pratique de la danse par rapport à la pratique d'un sport qui comptent des licenciés; il y aura a dans un deuxième temps une étude qualitative sur le terrain.
Le questionnaire est envoyé à toute les structures concernée(école de danse privée, association...)Cette étude ne concerne pas que le tango.
Les mêmes questions se sont posées lors de la mise en place du DE en danse classique, jazz et contemporaine.
Qui va évaluer?
Cela va être la mort de la contemporaine,il ne va plus y avoir d'évolution.....Ce n'est pas ce qui s'est passé
Mais transmettre ce n'est pas codifier .
Réfléchir à comment transmettre? Quoi transmettre? Quels sont les fondamentaux?
Cela me parait interressant et vivifiant.
Un bon danseur n'est pas forcément un bon enseignant.
Etre remis en cause de l 'extérieur permet aussi de ne pas s'endormir.

Quand on voit toutes les propositions de stages, de cours qu'il y a dans les magazines de tango on peut comme le dit la chanson: se poser des questions... comment s'y retrouver,surtout quand on est débutant?

La suite à plus tard...
C'est important d'échanger,surtout si on n'est pas d'accord sur tout.
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[L-28] Aux origines des maux et mots, par Elisabeth

1) A propos de démocratie : le pouvoir du peuple

Parce que jusqu’à preuve du contraire, le peuple (petit peuple) est encore souverain dans notre pays, si l’on accepte l’idée que le tango n’est pas seulement une danse à codifier, mais surtout et avant tout une culture populaire alors, il apparaît comme un contresens d’imposer à ce petit peuple ex abrupto une décision. Ce petit peuple ce sont ici les amoureux du tango argentin, défenseurs d’une culture populaire qui leur est chère, pour des raisons multiples.

Nous ne sommes pas si nombreux que nous ne puissions nous entendre. Et puis, nous mettre d’accord sur quoi :
- l’opportunité de créer une fédération du tango argentin
- celle de réécrire une charte et de la porter à la connaissance du ministère (lequel).
- celle d’instaurer ou non un diplôme du tango.

Pour se décider il faut être informé de façon contradictoire et équilibrée (ce qui n’est pas exactement pareil que de façon neutre). Pour se décider et agir, il faut être représentatif, il n’y a pas de légitimité à l’action sans cela.

Aussi adresser à toutes les associations de tango argentin répertoriées comme telles (je ne parle pas de la danse sportive ils feront leur sauce et défendront leur bifteck eux-mêmes), un questionnaire qui les invite à se prononcer sur les différentes questions, les informe des problématiques actuelles, des enjeux, aiderait à avoir une idée de l’opinion de la communauté tanguera sur cette question. Ce serait aussi une façon de donner la parole aux petits acteurs du tango argentin comme aux grands acteurs. Hélas malgré nos efforts pour faire connaître le blog la discussion n’est pas si élargie que cela. (Peut-être finalement tout le monde s’en fout et se contente de consommer.)

Œuvrer, agir, mais sans précipitation et avec méthode et démocratie.

2. Derrière les mots se cache le sens

Par ailleurs, et avant de coucher sur le papier un argumentaire, derrière les mots se cache le sens et un retour sur leur étymologie en dit long sur ce que nous serions amenés à faire.

FEDERER Robert 1 « Association de plusieurs sociétés, syndicats, groupés sous une autorité commune, éthym. foedus : alliance »

TLFI (Trésor de la langue française informatisé) « Le fédéralisme est un mode d’organisation dans laquelle chacun des membres dispose d’une large autonomie et délègue certains de ses pouvoirs à un organisme central. Les membres participent collectivement et non individuellement. »

DIPLOME Robert1 «1) Pièce officielle établissant un droit, un privilège. 2) Acte qui confère et atteste un titre un grade. Ethym : diplomat : décret»

TLFI « Titre grade qui émane d’une université, d’une faculté, d’une société savante, d’un corps, d’une école publique est… pour attester des connaissances et aptitudes de quelqu’un. »

CERTIFICAT / CERTIFICATION Robert1 « Assurance donnée par écrit. / 1) Ecrit qui émane d’une autorité compétente et atteste un fait ou un droit. 2) Acte attestant la réussite à un examen. Ethym : du lat certus facere : rendre certain. »

Petites conclusions

Il est intéressant de constater que l’idée de fédérer est intimement liée à celle de pouvoir et d’autorité, que pareillement, derrière l’idée de certification se cache aussi celle d’autorité « compétente ». Parallèlement au mot diplôme s’attache l’idée de droit et de privilège. Nos administrations ne s’y sont jamais trompées : chaque fois qu’elles ont
établi des certificats, des diplôme, chaque fois que des fédérations se sont mises en place, sous l’impulsion directe ou indirecte de cette administration, les enjeux de pouvoir d’autorité, les privilèges et les droits sont devenus les thèmes centraux. Est-ce cela que nous voulons pour le tango argentin ?

Une autorité, quelle autorité ? Qui sera le chef ? Pourquoi et dans quel but ? Est-ce que cette autorité peut être compatible avec l’existence d’une culture populaire qui s’attache depuis plus d’un siècle à se développer sans entraves et d’un continent à l’autre.

Humour : j’imagine bien un diplôme délivré par la Fédération française de tango argentin FFTA avec comme obligation d’être ressortissant de l’Union Européenne pour y postuler et exercer. Hi hi…….

Quiconque défend l’idée d’une fédération doit être conscient de ce que disent les mots et ne peut alors pourfendre en même temps la création de diplômes et certificats.

ASSOCIATION Robert1 «Groupement de personnes qui s’unissent dans un but déterminé. »

TLFI « Réunion de plusieurs personnes dans un but ou intérêt commun, éthym: du lat socius : compagnon. Au XIIIème siècle s’associer désigne l’action de s’allier entre compagnons. »

COORDINATION Robert1 : « Mise en ordre, agencement des parties d’un tout selon un plan logique pour une fin déterminée. Ethym : du lat coordinatio-ordinatio : mise en ordre »

TLFI « Mise en harmonie de divers services, diverses forces, différentes composantes en vue de renforcer l’efficacité. »

CHARTE Robert1 « Règle fondamentale, ensemble de principes fondamentaux.»

Petites conclusions bis

Ces mots association, coordination, charte, ne sont pas du même registre que les précédents. Allier / unir / but commun / harmonie / fondements /

On est là plus dans une optique de réunir les acteurs, dans le but de préserver le tango argentin dans son originalité, tout en recherchant à harmoniser ce qui ne fonctionne pas bien, d’en renforcer les fondements et tout cela pour perdurer sans se laisser absorber par une quelconque autorité.

Si l’on travaille sur ses fondements, sur ses bases on arrive facilement à la notion d’assise du tango argentin (appelez- cela comme vous voulez) où tous pourront s’exprimer, on retrouve le principe démocratique.

Vous l’aurez compris l’idée d’une fédé et d’un diplôme me hérissent tout comme la volonté de tout expédier tous azimuts sans avoir donné la parole aux principaux intéressés.

Elisabeth Dussaud, Montargis 08 04 08
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[L-27] Il faut vivre avec son temps, réponse à Sonia par Benoit

Bonjour à tous,

Roboratifs les appels à l'action !

Je ne suis pas très vieux dans le circuit du tango argentin (6 ans), mais j'ai connu une autre vie associative par le passé et je retrouve avec 10 ans de décalage des interrogations qui se ressemblent fort qui mèlent à la fois une certaine vision de notre activité, une transition douloureuse entre un monde façonné par l'associatif vers un mode de relations plus commerçantes, le tout chapeauté plus ou moins par une administration avec sa propre logique.

La vision du tango qui transpire des différentes contributions déjà déposées sur le blog - qui représentent plus de 60 pages au 5 avril 2008 - est concordante: le tango dont nous parlons est le tango argentin, celui qu'on danse en bal et pour les chanceux à Buenos Aires. Les liens donnés par Sonia (voir son mail du 7 avril) ne correspondent pas à ce tango-là. A partir de cette simple description de notre activité exprimée dans le blog, chacun peut la vivre plus ou moins intensément avec des mots qui peuvent paraître
naïfs ou rêveurs devant les magnifiques publicités à danser. Qu'importe, l'important est de se retrouver sur une piste de danse sans numéro dans le dos, et de pouvoir danser des heures sans penser à la note ou au passage à TF1, peut-être que cette remarque contribuera à diminuer le blues de Sonia.

Quant à agir sans réflechir, pourquoi pas ? J'ai eu appris à la faire à l'armée, ça évite d'avoir peur de se faire tuer, mais il faut dire que ce n'est pas trop le genre de méthodes de travail aux endroits où il y a des enjeux et là, j'ai l'impression qu'il y en a, qui ne sont ni un combat d'arrière-garde ni, je l'espère, des péripéties du monde associatif. Sonia a raison de signaler que nous sommes peut-être à l'aube d'une mutation sur au moins 2 points:

- "le tango argentin est-il en train de s'extraire du ghetto associatif ?"
(j'exagère un peu et je m'excuse d'avance auprès de ceux qui pourraient être choqués),

- le sujet de blog (qui porte sur la notion de diplôme de prof de tango) avec la question piège de la légitimité "qui est apte à désigner untel ou untel comme pouvant enseigner le tango ?" L'état, via l'administration avec sa propre logique ? Les associations avec chacune leur propre logique ?, tout un chacun avec chacun sa propre logique ? Ceux qui savent danser parce qu'ils savent danser ? Ceux qui savent pas danser parce qu'ils sont les plus nombreux (j'ai vu passer des appels à la démocratie...) ? Nous-même parce qu'on a lancé ce blog ?

Dans les deux cas, ces questions se posent pour une raison commune, me semble-t-il: la création d'un marché qui commence à ressembler à quelque chose, là-aussi le mot peut choquer mais il peut servir à comprendre ce qui se passe. Il peut servir également à trouver comment évoluer si on accepte de reflechir.

Dans le sujet du diplôme, la contrainte est de ne pas casser ce qui marche déjà, pas pour protéger tels ou tels intérêts, mais parce que jusqu'à présent ce système informel s'est adapté en permanence et que le résultat n'est pas si mal que ça: chacun peut danser avec chacune dans tous les coins de la planète tango, les pionniers ont plus que réussi sur ce plan-là, même s'ils n'ont pas pris la peine de courir les ministères.

En fait, la formation tango est déjà évaluée: Le bal tango est notre propre jury, c'est lui qui nous indique si on "est dedans". Le système de formation est donc globalement orienté pour cet objectif, même si chaque prof ne veut pas le savoir ou plus grave, s'il ne le sait pas. Introduire un système de certification/diplôme risque de réduire le rôle du bal à néant si l'on n'y prend pas garde, du coup le tango ne sera forcément plus le même et retombera à terme au niveau des magnifiques publicités à danser qui donnent
tant le blues.

Une autre caractéristique du tango, au moins celui que j'ai rencontré ces dernières années, est qu'il correspond aussi à une fonction artistique en ce sens qu'il permet d'exprimer ses émotions avec son corps et ses mouvements: c'est de la danse, pas de la gymnastique ou de la rééducation psycho-motrice. Rien que de très banal que j'ai mis des années à comprendre et à ressentir grâce au bal encore une fois et aux différents intervenants que j'ai eu la chance de rencontrer. Même ceux qui sont tellement ringards au regard des magnifiques publicité à danser, qu'ils sont morts insistent tous là-dessus: "si vous n'avez rien à exprimer, ne dansez pas le tango", et un simple coup d'oeil sur leur vie indique que ce ne sont pas franchement des intellectuels, mais ils vivent leur tango, pourquoi se priver de leur expérience ?

Le tango de bal est donc une expression artistique que d'autres ont bien mieux décrit que moi (ex. Robert(blog, 21 février), mail privé de Michel et Sabina (Fevrier)) et qui en plus est à la portée de tous. A part le show et la compétition, existe-t-il un autre tango que le tango de bal ? Pour l'instant je n'en ai pas l'impression, après plus de 150 ans d'évolution, la probabilité qu'il en apparaisse une nouvelle forme est assez faible, sauf à considérer le tango virtuel ( YASD pour Yet Another System to Dance, référence http://www.yasd.fr/ citée par Sonia) comme une évolution.

Introduire un système de diplôme là-dedans est tout de même assez proche de jouer avec le feu, mais gardons confiance,

Bonne journée à tous,

Benoit de Gentile
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[L-25] Contribution de Christian

Toulouse, le 2 avril 2008

Bonjour,

Suite aux dernières lectures que j’ai faites sur ce blog, Il y a quelques remarques que je souhaite soumettre à la discussion.

1 — A la suite de l’une de mes propositions de début mars (voir texte ci-dessous), je n’ai remarqué qu’une seule personne ayant repris ma réflexion sur la terminologie « OBLIGATOIRE ». J’en suis très surpris, car il me semble que toutes les réflexions, mais surtout toutes les éventuelles décisions qui pourraient en découler, de part et d’autre, seront fondamentalement conditionnées par ce choix des concepts qui doit vraiment être fait en amont.

2 — Je trouve que la plupart des discussions, sur ce blog, sont, à tort, restreintes au tango argentin. Cela me semble un grand dommage (sans vouloir déplaire aux passionnés tangueros et tangueras). Il me semble que beaucoup de ceux qui ont écrit (la majorité), ont mal lu te texte du ministère :

« L’étude sur l’activité professionnelle d’encadrement des pratiques de danses régionales ou nationales de France et du monde sur le territoire français. »

J’en déduis donc les erreurs suivantes, à mon humble avis :
· La RÉDUCTION, donc, de cette étude au tango argentin. Cela me semble très clair : je ne pense pas que le ministère puisse être plus précis : voilà son BESOIN ;
· L’EXTENSION de cette étude au milieu amateur ; le texte dit : « l’étude sur l’activité professionnelle d’encadrement ». Cela me semble clair aussi, même si l’institution a besoin de savoir combien de pratiquants sont concernés aussi, cela semble évident.

Par voie de conséquence, il y a erreur, à mon avis, sur le champ d’investigation qui a été choisi et réduit aussi : il n’est question sur ce blog que de la fenêtre très étroite des
associations, et non pas du secteur professionnel pris dans son ensemble ;

Et les écoles ? Pourquoi a-t-on expédié un questionnaire aux associations de tango argentin, alors qu’il aurait fallu d’abord questionner les quelque 3000 écoles de danse de France répertoriées par le ministère ?
· LA NON-PRISE EN COMPTE de la recherche profonde (et logique) du ministère qui tente de savoir si le métier de Professeur de danse de société est un VRAI métier duquel on peut tirer les subsides nécessaires et suffisants pour vivre de son métier.

Or, en ne montrant, par ces discussions sur le principe associatif (qui, fondamentalement, n’est pas, un principe de commerce ni de vente de services lucratifs), les protagonistes de ces réflexions NOIENT totalement les argumentations qui, bien que rares de mon point de vue, concernent réellement le sujet de la PROFESSION.

Sauf erreur de ma part, notre institution ne cherche pas à savoir combien de ménagères en France font de bons gâteaux, mais cherche à recenser si le métier de pâtissier est un vrai métier digne de certification professionnelle. Tout en cherchant aussi à avoir combien de Français consomment des pâtisseries venant de ces professionnels.

De plus, il me semble évident aussi que ce travail de recensement national devrait incomber à notre ministère de la Culture. Nous le savons depuis des décennies. Et j’admire cette équipe qui a accepté bien gentiment de se laisser embarquer dans une telle aventure, et qui, si on peut critiquer mille choses, est toute de même, grâce à son travail, à l’origine de toutes ces réflexions dont certaines sont passionnantes et TRÈS IMPORTANTES. Mais qui devraient incomber à une institution extérieure, et non à un groupement auquel on pourrait toujours reprocher d’être juge et partie, surtout s’il ne s’occupe que de sa propre passion : le tango argentin.

Je me permets de redire qu’il nous faut, tous, ENSEIGNANTS PROFESSIONNELS, apprendre à écouter, à lire (les textes du ministère), à réfléchir calmement, à nous exprimer clairement, à écrire lisiblement. Et surtout à sortir de ce petit esprit très franchouillard qui ne voit pas plus loin que le bout de son nez, qui ramène tout à lui, qui est apeuré des qu’il s’imagine perdre un bout de sa liberté, qui ne sait pas parler d’argent (sauf quand ça concerne celui des autres), qui manie avec brio l’accusation, avec finesse la critique, et avec volubilité le dénigrement.

Il est temps de montrer qui sont ces PROFESSIONNELS DES PRATIQUES DE DANSES RÉGIONALES OU NATIONALES DE France ET DU MONDE SUR LE TERRITOIRE FRANÇAIS, leur envergure, leur qualification, leur parcours, leurs compétences, le panorama de leur pratique (texte du ministère), leur réalité juridique et financière. Et
éventuellement combien nombreux sont les pratiquants qui fréquentent nos cours.

Et enfin, je le répète, il faudra montrer et démontrer que ces PROFESSIONNELS ACTUELS ne correspondent plus, en 2008, à l’image de ce métier (vieux de 150 ans) que certains professionnels ont malheureusement donnée dans la deuxième partie du XXe siècle : un ensemble incohérent de personnes fières d’elles-mêmes, inattentives, incontrôlables (même par notre service des impôts), à l’opposé du savoir-vivre qui a toujours été attaché à la pratique de ces danses, à l’attitude mafieuse, qui pratiquaient
sans amour-propre et sans honte l’entente sur les pris, la distribution des aires géographiques et la délation, mélangeaient l’enseignement de la danse et la compétition sportive, et à l’occasion de laquelle ils étaient capables de se battre à mains nues. Et cela n’est qu’une rapide description de cette ancienne détestable image du professeur de DANSE DE SALON, qui nous colle tous à la peau, et dans la France entière

Je me doute du fait que ce type de portrait très connu dans le métier depuis 50 ans, a fait un énorme tort à nos métiers de professeurs de danse, et nous payons tous aujourd’hui, malheureusement, le prix fort, prix très lourd à payer pour qu’une institution comme le ministère de la Culture commence seulement à être attentive à notre métier, qu’elle a toujours jugé MINEUR (face « aux Belles Danses »), alors qu’il correspond presque toujours à une grande passion, à la fois des enseignants, mais aussi de leurs élèves.

Mais ne retournons pas cette passion contre nous, mais tâchons au contraire de montrer combien elle nous lie. Et combien elle nous lie à des centaines de milliers, si ce n’est des millions, de pratiquants en France.

Bien à vous tous et toutes.

Christian Dubar

N.B. : Depuis 5 ans, date à laquelle notre Institut a reçu reconnaissance de la part du ministère de la Culture pour l’enseignement des danses de société (dont le tango argentin), nous sommes plusieurs à travailler sur cette certification, qui rejoint totalement vos interrogations de cette année. Bienvenus au club ! Et avec plaisir sincère.
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Contribution de Fred

[liste de diffusion tanguero]
Belle intention et belle action. Merci.
J'espère que les débats seront sereins.
Pour ma part, je suis parfaitement contre une "officialisation" des diplômes... On voit déjà ce que donne l'officialisation générée par le pouvoir du fric...
Dans les danses standards, la même démarche a été faite. Résultat des courses: un schisme terrible entre les pro-pour et les contre, + un relatif bordel au niveau des compétitions, so on.
Dans tous les cas, ce qui reste constant, diplôme officiel ou pas de diplôme: les dénigrements,les louanges, et le fait avéré que tout le monde n'est pas d'accord, ni sur le style, ni sur la pratique, ni sur l'éthique... Je ne vois vraiment pas comment à partir de là souhaiter "uniformiser" le tango. Et surtout pourquoi s'embarrasser d'une référence normative supplémentaire? Il y en a déjà bien assez dans la vie de tous les jours.
Même démarche au niveau européen. Le coût de la normalisation et des règlements qui en découlent est celui-ci: la perte du savoir-faire, la disparation des goûts, des terroirs et j'en passe.
Je pense très sincèrement qu'un niveau d'une pratique de loisir, le public est apte à faire son choix. Chaque école ou association qui le souhaite pourrait mettre en place et proposer son diplôme. Sa validité se fera de par la réputation et la notoriété qu'elle sera apte à développer. De la même façon que nous voyons des intervenants de stage avoir une meilleure réputation que d'autres. Enfin, nous sommes capables de choisir le style et l'école qui nous conviennent. Un "permis de conduire le Tango" étatique, unique ne me semble pas souhaitable. Comment éviter le "despotisme" qui ne manquerait probablement pas d'en découler? Comment éviter une "uniformisation des styles et des sensibilités" qui ont amené les danses standards où nous les voyons au niveau professionnel? Quid des 2 plus belles qualités du tango argentin: la spontanéïté et l'improvisation? On tendrait de plus en plus à des performances chorégraphiées. Même si la chorégraphie peut se révéler indispensable à un certain niveau, je ne me vois pas vivre le tango avec cette approche et une démarche standardisée.
Le tango argentin a échappé à la standardisation jusqu'à aujourd'hui. Constat: des courants et des genres se créent encore, en danse comme en musique. Peut-on en dire autant des danses dites "standards" en terme de créativité ? Je ne le crois pas, pour ce que j'en ai vu.

Fred
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[L-22] Re: Lettre ouverte, par Pierre

Bonjour,

Je suis entièrement d'accord avec Claire. Je pense qu'au point où on en est, il faut maintenant aborder les choses sur un mode positif. On peut dire qu'il y a un large consensus (mais probablement pas l'unanimité) contre le diplôme et la certification quand bien même ceux-ci prendraient la forme d'un "certificat d'aptitude" délivré par une "Académie" portègne, comme le propose Marc dans la prochaine Salida.

Je crois qu'il serait donc intéressant de laisser (pour le moment) le débat sur ces deux questions pour s'engager dans la voie que propose Claire : mettre en évidence tous le travail des associations dans le domaine de la diffusion et la promotion du tango comme culture, et le cas échéant, voir comment le Ministère de la Culture pourrait aider un tel mouvement.

Cela passe par un recensement de ce qui se fait, dans un premier temps en France et ultérieurement en Europe. Les revues La Salida et Tout Tango pourrait peut-être nous aider dans cette recension. Après tout, pourquoi pas proposer à chacune de ces deux revues de sortir un numéro spécial sur ce sujet ?

Dans un second temps, élaborer une Charte (sur le modèle de celle sur laquelle avait travaillé Christophe il y a une dizaine d'années et qu'on peut retrouver sur le site du Temps du Tango). Puis proposer cette Charte à la signature des associations françaises (et pourquoi pas à tous les "maestros" argentins que nous invitons à longueur d'année en France).

Dans un troisième temps, présenter cette Charte au Ministère.

Je pense que l'idée de Fédération devrait vraiment être abandonnée, car le Tango comme culture populaire ne peut se développer que grâce à la diversité (au risque d'errements inévitables, mais ne l'oublions pas, le tango est avant tout une "certaine façon de marcher" et c'est donc dans le cheminement qu'il peut s'enrichir). Une Fédération ferait à terme le lit de la certification (plus les nombreux conflits à venir, les querelles intestines ou inter-fédérations. Il est préférable de danser ou d'écouter du tango plutôt que de sombrer dans la bureaucratie).

Par contre, on pourrait peut-être créer un "Coordination inter-associative" dont la mission serait uniquement de produire cette Charte. Elle se dissoudrait une fois la Charte écrite.

Le blog pourrait vraiment jouer un rôle dans cette dynamique.

Je soumets donc ces quelques idées à la discussion.

Bien amicalement à tous.

Pierre Vidal-Naquet
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[L-21] Lettre ouverte, par Claire

Bonjour à tous,

Je suis avec intérêt l'évolution des échanges sur le Blog et attend impatiemment de pouvoir lire la denrière SALIDA qui doit aussi traiter du sujet qui nous préoccuppe.
Et à ce propos le sujet qui me préocuppe, c'est de trouver l'angle de défense ou d'attaque comme vous préférez ! en cela je remercie Pierre de sa contribution éclairée au débat car il a le premier énoncé une piste !
Nous avons échangé beaucoup d'arguments contre l'idée d'un diplôme pour l'enseignement du tango, nous avons spécifié tant bien que mal les originalités de cette danse, rappelé qu'il s'agit d'une culture à part entière avec diverses expressions artistiques, souligné son caractère populaire, et comment elle s'est véhiculé de génération en génération, et enfin nous avons insisté sur le mode de développement du tango en France qui a eu lieu grace aux associations, bénévoles, et passionnés qui ont permis de faire croitre le nombre d'initiés..; etc..

1ère partie : soyons optimistes ! on peut faire quelque chose ?!

Rappelons que le préalable à tout ce débat, c'est la question de l'ENQUETE lancée ou commanditée ou soutenue par le Ministère de la Culture. Une équipe de chercheurs, sociologues, a été choisie pour rendre un état des lieux de l'enseignement des danses en France (Tango, flamenco, salsa, danse orientale..). Le questionnaire qu'ils ont mis au point n'est pas un questionnaire qui permet de rendre compte des réalités de terrain que connaissent les associations de tango ! j'ai déjà exprimé une critique de la méthodologie employée : questions fermées, questions qui ne trouvent aucun écho si l'on n'est pas Ecole de danse, questions orientées sur l'enseignement uniquement ..
Si l'on veut rester objectif dans cet histoire, sans vouloir diaboliser ce travail d'enquête, il faut reconnaitre que nous ne pouvons qu'être desservi par les résultats (si fiabilité il y a, vu le peu de réponses de la part des assos de tango !!)
Or ce n'est pas une enquête anodine menée par des étudiants dans le cadre d'une fin de cursus, c'est bien une enquête qui a un caractère national, officiel, et destinée à servir de référence et de base à une décision ministérielle.

C'est pourquoi je me pose la question : sans aucunement nuire au travail des chercheurs que nous laissons oeuvrer comme ils l'entendent, puisqu'ils doivent rester neutres et concentrés sur leur mission, ne pourrait-on produire nous-mêmes un rapport et état des lieux sur le tango en France : associations (croissance, changements, avenir), fonctionnement, activités, problèmes rencontrés pour la diffusion de cette culture, difficultés de fonctionnement, résultats, etc.. et demander au Ministère de la Culture un soutien à la diffusion et à la transmission de cette culture (plutôt qu'un diplome pour l'enseignement de la danse) en faisant entendre une voix pluri-artistique (musique, danse, cinema..) !!
Bref prenons les devants et le contre-pied, puisque nous n'avons rien à perdre dans l'histoire !!

2 ème partie : soyons pessimistes ! attendre et voir venir !
Si rien ne se passe je vois les choses se gâter :

A priori derrière cette enquête se cache le projet du Ministère d'instaurer une formation diplomante pour l'enseignement du Tango argentin : faut-il accepter ce détournement total d'une culture populaire et faire rentrer de force l'enseignement du tango dans les cadres académiques et stéréotypés qui sont le propre d'un parcours de formation unique pour tous?
1) certaines associations se sont engouffrés dans ce vide et manifestent leur opportunisme en proposant avant toute obligation, ou règlementation, des semaines de formation pour formateurs ! évidemment qu'en voulant isoler et commercialiser le concept de "formation de formateurs", elles donnent des arguments à l'administration, sans se poser la question du besoin, de la nécessité et du sens de leurs initiatives !! La mise en place d'un diplome ne peut qu' accentuer cette course à l'ouverture de formations, sachant que les besoins en Profs ne sont pas du côté de nouveaux profs (dans le sens tout frais sortis de l'oeuf, vu que leur nombre risque un jour de dépasser le nombre d'élèves !!) mais d'enseignants de longue date, danseurs professionnels, pédagogues ayant une histoire avec le tango, capables de faire évoluer le niveau des danseurs en France. Que le besoin est aussi du côté de l'évolution de la législation du travail, et de la moralisation des tarifs horaires dans l'enseignement du tango : si ces tarifs devenaient plus raisonnables, cela mettrait un frein à beaucoup de "vocations" dans le paysage tango français.
Dans cette course au diplome, à la formation, c'est un nouveau commerce qui ouvre, et les associations vont y laisser de leur cohérence, de leur autonomie, de leur communautarisme, de leur enthousiasme, de leur entente, de leur diversité !

2 ) derrière la question du diplôme se cache toute la perversité de la règlementation : moins de liberté dans notre vie, moins de responsabilisation, plus de contrôle, plus de divisions entre les gens, et une mise sous tutelle .. et ne serait-ce que pour cet aspect , on a envie de résister !!

3) derrière la règlementation du tango argentin, il y a la non-reconnaissance du tango en tant que culture (musique, poèsie, littérature, cinéma, danse..), la non-reconnaissance de ses spécifités dans la transmission depuis son origine jusqu'à nos jours, la non-reconnaissance de sa paternité et de ses prolongements outre-atlantique (le Rio de La Plata et non la France), la non-reconnaissance de son mode de développement qui est le réseau associatif, la non-reconnaissance de sa diversité (danse de bal, danse de scène, liée à la musique), la non-reconnaissance de son rôle de lien social et en cela, l'histoire du diplôme qui focalise le débat sur la danse, reflète bien l'état de nos sociétés occidentales : le tango, une discipline de danse, un loisir, objet de consommation, réduit à une expression simple, quantifiable, règlementable, commercialisable, que l'on tire et pousse pour qu'il entre dans la spirale infernale de l'économie libérale ! nous y perdrons le Tango et nous serons encore plus nombreux à aller le chercher à Buenos Aires, sans illusion toutefois sur son devenir là-bas !

Claire PROUHET
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[L-20] Mise sous tutelle, par Max

Bonjour,

Vous savez sans doute déjà qu'un problème analogue se pose pour la danse traditionnelle (folklorique, si vous préférez).

Le propre des danses traditionnelles est qu'il n'y avait pas d'enseignement (le mot passeur de danse est bien choisi). Une génération de jeunes (pas les collecteurs d'antan, la génération suivante) essaye de s'approprier l'enseignement de la danse traditionnelle, et soyons clair, les subventions disponibles.

Paradoxalement leur objectif est de figer dans le marbre une danse qui a toujours évolué - la dérobée de Guingan (Bretagne) se danse sur une tarentelle ramenée par les grognards de Napoléon.

Mais encore le problème s'est posé pour le yoga : sorte de gymnastique qui devrait dépendre du Ministère des Sports?

Bon courage contre la pulsion envahissante de l'état qui veut tout contrôler !

Max
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Contribution, par Stéphane

[1ère partie]

D'une manière générale, qu'on soit en asso ou en "pro", puisque j'ai deux structures bien distinctes justement, il faut à mon avis se battre contre le principe d'un diplôme. Non pas par esprit rétrograde ou conservateur mais au contraire, pour maintenir le processus dynamique dans lequel le tango en particulier tend à se développer et qui ne peut qu'étouffer par un processus de standardisation quel qu'il soit.

Car franchement, qui pose ce problème, qui se plaint ? Sont-ce les danseurs? Sont-ce les présidents d'assos ? Qui?
Personne ! Peut-on dire que les élèves se plaignent que les profs n'ont pas de diplômes? Je n'ai jamais entendu parler de cela dans le tango ni ailleurs. A part deux ou trois pelés qui se sont retrouvés à apprendre les danses de salon alors qu'ils voulaient apprendre le tango argentin et qui crient à l'escroquerie, je ne vois pas qui.

A regarder de près je vois deux réponses :

Les écoles et profs médiocres qui ont leur diplôme de maître de danse mais qui ne savent rien faire en tango. Par contre, ce sont les pros des pourparlers. Et je suis persuadé que ce sont eux qui sortiront grand gagnants de cette affaire.

Les pouvoirs publics qui voient d'un mauvais oeil toute qu'une communauté grandissante n'échappe à leur contrôle. On régente les profs pour mieux contrôler les pratiquants.

Or, ce système, sans aucune réglementation je le rappelle, a permis l'essor de styles extrêmement différents qui font la richesse du tango.

Pour ma part, je trouve cette manie de vouloir légiférer standardiser et normaliser très français du même acabit que la démarche ayant conduit aux danses de salon.

Il est urgent de faire comprendre aux autorités que les bons profs ont besoin des mauvais, que tout le monde, même le charlatan qui fait croire à son élève qu'il enseigne le tango argentin alors que c'est du tango Européen a sa place dans le paysage du tango. OUI, car c'est précisément grâce à eux qu'un marché s'est créé ! C'est suite à leur médiocrité que les élèves ont créé des assos pour faire venir des profs d'ailleurs pour leur enseigner le "vrai tango" par de "vrais pédagogues"

Il faudrait qu'ils pigent une fois pour toutes que le processus d'évolution du tango est un processus régi par des lois naturelles qui ne se définit pas selon des normes ou des règles mais qui n'en demeure pas moins terriblement efficace : un marché très concurrentiel, des bals, des festivals à profusion partout en France et à l'étranger, des contextes où tout un chacun peut faire le bilan de sa progression se situer, se comparer et évaluer son professeur par rapport à des résultats obtenus. Les gens ne sont pas totalement stupides. Ils se font conseiller par d'autres qui s'y connaissent, ils se renseignent et avec ce système, vous obtenez des résultats bien meilleurs que tout ce que vous obtiendrez en mettant en place des réglementations à la noix.

A côté de cela, les attentes ne sont pas toujours claires. Il y en a qui viennent à des cours pour socialiser, d'autres pour draguer ou se faire draguer, d'autres pour se changer les idées, certains pour avoir une activité physique, une activité cérébrale et même parfois des gens qui viennent pour apprendre à danser. Mais là aussi, il y a ceux qui veulent apprendre des choses simples, d'autres qui veulent apprendre des choses compliquées ceux qui veulent ouvert ceux qui veulent fermé, ceux qui évoluent... de quel droit vous s'immisce-t-on dans une transaction qui satisfait les deux parties ?

Il y a des cours de tango où l'on apprend des tas de figures tout de suite, il y a des cours pour les jeunes, d'autres pour des vieux, ce ne sera pas le même enseignement ni les mêmes figures et cela n'en demeurera pas moins du Tango et, chose extraordinaire, le paysage actuel permet de répondre à l'ensemble de cette diversité. D'où allez-vous dire aux gens pourquoi, comment et dans quelles conditions ils devraient faire ou apprendre le tango?

Pour finir si c'est pour déboucher sur "attention il y a du tango européen et du tango argentin, ce n'est pas la même chose" là on peut vraiement dire que la montagne a accouché d'une souris.

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[2ème partie]

Ce que je veux dire aussi c'est que c'est cette démarche de normalisation là qui a conduit dans le passé à la naissance du Tango de Salon Européen tel que nous connaissons aujourd'hui. Je pense qu'il ne faut laisser personne récupérer le tango car il n'appartient à personne. On ne doit pas recommencer les mêmes erreurs. Chacun est libre de l'interpréter comme il le souhaite et donner sa propre définition. C'est cela qui fait la richesse de cette danse.

Bien sûr, il y a une technique qui régit l'ensemble des figures, la marche la connexion, l'abrazo, l'axe, la dissociation, le transfert, la technique des tours, les 8 etc. mais si quelqu'un venait imposer une vision normatrice de ce que doit être l'enseignement, il ne peut qu'appauvrir la richesse extraordinaire de tout ce que comporte le tango pour ne proposer qu'une vision étriquée et forcément ridicule.

Le Tango n'est pas seulement une danse, c'est plein d'autres chose et l'apprentissage du tango est avant tout un parcours initiatique où l'on change un peu pour devenir tanguero.

Ce que je veux dire c'est que chacun se fait sa propre idée sur le tango à travers sa propre synthèse de ce qu'il a appris d'une combinaison de profs. Il y a ceux qui ont une approche technique d'autres (et des très connus) fonctionnent par des chorégraphies, d'autres ne parlent que d'émotions et de sensations. Le pire, c'est que chacune de ces approches peut très bien fonctionner ou en tous cas, apporter un éclairage supplémentaire.

Vous ne pouvez pas laisser quelqu'un s'accaparer tout cela pour n'imposer qu'une seule définition du tango car le tango ne se développe que dans le multiple et jamais dans l'unique et ça, c'est l'expérience qui le prouve.

Il me semble que les partisans d'une telle loi auraient beaucoup à gagner à apprendre le tango. Ils verraient tout ce qu'il est possible de faire par le lâcher prise au lieu de gaspiller inutilement leur énergie.

Cordialement`
Stéphane
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39. [L-13] Blog : Etonnement et adhésion, par Sonia

Bonjour,

Etonnement et adhésion à la lecture de ce blog.

Mon étonnement d’abord :

Comment une telle enquête a pu être mise au point et lancée par ceux qui la mènent et qui sont pratiquants de tango, sans qu’ils en ait informé leurs amis tangueros, compte tenu des dangers et conséquences évidents qu’elle impliquait. Ils auraient pu et du en parler et provoquer ce débat avant d’accepter de la mener !

Pourquoi une telle enquête n’a pas été confiée aux différentes Arcade qui avaient peut-être d’autres moyens en personnel et en expérience pour la faire. En plus c’est un peu leur travail, et d'autres enquêtes du même type ont déjà été faites.

Pourquoi le questionnaire proposé n’a que peu de rapport avec les problèmes que devrait se poser le Ministère de la Culture, et pourquoi il en aurait plutôt avec celui des Finances. Enquête fiscale ?

Pourquoi sur le blog sont allègrement mélangés les problèmes graves liés à un Diplôme obligatoire, et le non-problème d’un ou plusieurs Diplômes privés facultatifs. Vous ne pouvez pas vous ériger en défenseurs de la liberté quand vous refusez la tutelle de l’Etat, et vous vous arrogez le droit de juger ceux qui usent de liberté en proposant quelque chose de nouveau.

Enfin mon plus grand étonnement vient des phrases du type : « le tango c’est avant toute chose une émotion pure, etc, etc… ». Pas d’accord du tout. Ce genre de phrase ne sert souvent qu’à justifier des manques en technique de base. L’émotion, la sensibilité et l’interprétation viennent se greffer sur une technique, pas l’inverse. Avant d’interpréter, il faut savoir marcher, et en tango ce n'est pas si facile. On ne danse pas Giselle comme une poupée mécanique, et si on veut y mettre de l’émotion, c’est seulement après avoir passé des heures à la barre et travaillé ses tours en dehors et ses jetés, sissone et ballotté battus, pendant des heures. En tango c’est pareil, et même avec des bases des plus solides, il faut travailler à fond la technique, pour être capable ensuite de l’oublier, et de la faire oublier. Pourquoi donc nombre de maestros choisissent de jeunes partenaires issues du classique, quitte à les former ensuite au Tango ?

La technique est le premier des fondements, même si l’émotion en est le complément incontournable. Mais il ne faut pas inverser les priorités. Et la technique ne s’apprend pas en quelques stages de ci de là. La nécessité d’une base solide pour enseigner est incontournable.

Maintenant qui fait quoi dans les formations, je ne le sais pas, mais au ton de certains messages, j’ai un peu le sentiment que nombres des personnes qui s’expriment ne le savent pas vraiment non plus.

Mon adhésion :

Le niveau en Danse Classique n’a jamais été aussi bas en termes d’enseignement, que depuis que le DE a été instauré. Auparavant, celles qui s’installaient avaient une grande expérience de la scène, et avaient été formées pendant de nombreuses années. Seules celles qui se sentaient capables et avaient le goût d’enseigner, prenaient le risque d’ouvrir une école. Si elles étaient mauvaises, la sanction de la clientèle était impitoyable. Maintenant des gamines qui n’ont aucune expérience, et parfois un niveau limite, arrivent sur le marché et multiplient les cours de bas niveau dans les centres sociaux. Le bilan n’est guère positif, ni pour la danse, ni pour les enfants. Par contre les centres de formation agréés se remplissent les poches. Un vrai scandale.

Plus grave pour le tango : à la différence de la danse classique qui est plutôt figée dans le temps, le Tango évolue perpétuellement et ceci est totalement incompatible avec la main mise de l’Etat et de l’Administration sur la forme de diffusion de cette danse. Déjà en contemporain, qui par définition évolue aussi avec le temps, les polémiques sont nombreuses.

Gardons la liberté de sa formation et de ses choix pédagogiques. L’état devrait avoir d’autres taches plus urgentes à accomplir.

En conséquence, si je crois à la nécessité d’une phase longue et structurée d’apprentissage de la technique avant de vouloir enseigner, et là je laisse à chacun la liberté de proposer ou de choisir sa voie, sans juger ni préjuger, j’adhère totalement avec ceux qui sont contre la main mise de l’état sur ce type de formation et l’instauration d’un certificat ou diplôme obligatoire, avec en conclusion cette réflexion d’une collègue aussi farouchement déterminée que moi : « curieux pays où on veut privatiser le nucléaire, et nationaliser le tango !»

NON A UNE CERTIFICATION PAR LE MINISTERE DE LA CULTURE !!!

Sonia

P.S.
Allez voir le blog du Temps du tango, il y a quelques opinions intéressantes au sujet de l’enquête et du Diplôme
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37. La publicité parue dans le numéro (...), par Elisabeth

La publicité parue dans le numéro précédent de La Salida pour une école de tango délivrant un diplôme, l’enquête diligentée parallèlement par le ministère de la Culture visant à évaluer les besoins en termes de certification pour l’enseignement des danses de société ont lancé une sacrée polémique dans le petit monde du tango!
Passé le coup de colère concernant la légitimité de cette école et la finalité de cette enquête je me suis interrogée sur
1) Pourquoi une certification ?
2) Quel parallèle établir avec d’autres disciplines artistiques ?
Depuis longtemps maintenant il existe un DE pour la danse classique et contemporaine ainsi que pour la danse Jazz. Tout récemment vient d’être créé (2005) un DE d’enseignement du théâtre. Le Ministre de la Culture alors en poste, répondant à une légitime interrogation et inquiétude des intermittents précisait que ce diplôme se serait pas exigé pour l’enseignement du théâtre, tout en reconnaissant qu’à la longue il serait un repère pour les collectivités locales.
Suivant cette dynamique très normative de la réglementation de l’enseignement des arts par la certification, il semble logique que les danses de société -sport ou art ?- fassent partie de la prochaine charrette, de même que le hip hop qui lui, cherche sa légitimité et sa reconnaissance à travers cette certification.

En danse classique et contemporaine, en danse jazz, depuis que ces diplômes existent leur obtention est obligatoire pour enseigner.
A qui profiterait un DE en danse de société ? Voire en tango argentin ?
- Probablement aux collectivités locales qui embauchent ou subventionnent.
- Aux personnes qui jugent que seul un diplôme est un gage de qualité pour l’enseignement desdites danses, sans s’interroger sur le sens profond de la danse en tant qu’art.
- A ceux qui les enseignent et qui pourraient présenter ce DE comme gage de sérieux et de compétence. Ou comme argument commercial.
Or la danse, le théâtre, le tango aussi ne sont pas de simples savoirs, mais bien des arts à part entière. Ce qui fait l’artiste, ce qui fait le maître, ce n’est pas tant le cumul de connaissances, (tiens par exemple sur la dynamique du mouvement ou la mécanique des articulations, j’ai même entendu un tanguero apprenti sorcier prof, parler de mécanique des fluides), ce n’est pas l’estampille Academia Real -royale ou véritable- mais plutôt, la maîtrise de son métier et son aptitude à le transmettre.
Maurice Béjart « L’art a été créé par les artisans, (…) Les artisans apprenaient lentement leur métier auprès d’un maître, puis tout en construisant, peignant, sculptant, chantant, écrivant, transmettaient leur technique à un apprenti. »
Dans cette optique, la détention d’un diplôme devient dérisoire, superflue. Les grands chorégraphes ont « fait école » -ce qui est différent d’ouvrir une école- parce qu’au-delà de la maîtrise de leur discipline, ils ont su accoucher le génie de leurs disciples et élèves, dévoiler leur sens artistique, leur sens de la scène et de l’émotion. Souvent ils n’ont pas choisi leurs élèves, mais ce sont les élèves qui les ont choisis.
En danse jazz après s’être battu pour obtenir la création du DE, Raza Hammadi (directeur des ballets Jazz Art depuis 1983) continue sa croisade pour la reconnaissance de sa discipline et avoue que «La danse jazz crève de ne pas être en recherche. Mais le milieu est tellement paupérisé – chacun court après le cachet, un cours par ci, un jury par là - que personne n’a le temps de se poser et de chercher. » Force est de constater que le DE n’a pas vraiment contribué au rayonnement de sa discipline.
Ce serait triste qu’il en soit de même pour le tango argentin, si un diplôme venait figer les choses et que les danseurs de tango suivent la même trajectoire.
Le tango est une danse, un art, en constante évolution depuis plus d’un siècle, jusqu’à maintenant il n’y a pas eu de façon significative de « diplôme » pour garantir un savoir en tango argentin. Pourquoi ? Parce que les artistes, artisans du tango ont puisé leur savoir dans la pratique du bal, - dans la recherche et l’inventivité, dans la création. Les maîtres n’on pas eu besoin d’estampille pour se faire reconnaître de leurs disciples, « ils ont fait école » parce qu’ils étaient de vrais artistes et créateurs, parce qu’ils avaient en eux la fibre pédagogue pour accoucher les esprits de leurs élèves.
Le tango c’est avant toute chose, c’est une émotion pure, qui se répand comme un parfum, ou se transmet un virus !!!!!
C’est ainsi que beaucoup de tangueros et tangueras anonymes, le vivent en dansant à la milonga. Une émotion ça ne se recherche pas dans un cours avec tel ou tel prof bardé de diplôme, ca vous tombe dessus un jour ou l’autre sans crier gare, et le vocabulaire de cette émotion est tellement infini que l’on peut parler d’art sans limite.

REF
http://www.culture.gouv.fr/culture/politique-culturelle/index-dossiers.htm
Revue DANSER n° 270 novembre 2007

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33. Diplôme associatif, par Claire

[Proposition d'article soumise à La Salida pour l'édition de Avril 2008]

Le Ministère de la Culture prévoit de règlementer l'enseignement du tango : cela soulève une quantité de questions sur les conditions de la mise en place d'un tel diplome, sur les conséquences de cette nouvelle donne pour l'avenir de cette danse d'improvisation , qui n'a jamais été soumise à une certification (dans son propre pays d'origine), et sur les risques qui pèsent sur la diffusion du tango, en tant que culture populaire, par le biais associatif, terreau et ferment de sa renaissance, de son développement, de son intégration dans le paysage culturel, et véritable source de lien social, précieux espace de liberté (parmi les derniers ??) ..



Un diplome : dans quel but ? limiter le nombre d'enseignants ? récupérer le tango argentin dans les rangs des danses de société ? contrôler l'emploi dans les associations, en finir avec le salariat déguisé en intermittence ? nous faire croire quele tango est une danse à risque ? répondre à des directives européennes ou les devancer ? plier sous la pressions des fédérations de danse qui crient "à la concurrence " des associations ? vouloir harmoniser l'accès à l'enseignements pour toutes les disciplines de danse confondues, sans trop de discernement entre les danses académiques avec diplome d'état (classique, contemporain, moderne et modern'jazz..), les danses de salon avec diplomes d'institus privés, et toutes les danses du monde, danses populaires, et danses urbaines : Hip-hop, flamenco, tango argentin, salsa, danse orientale, ... ?
Un diplome : comment ? Quels critères prendre en compte, QUI va définir le niveau d'exigeance et le cursus à suivre? Quel sera le jury ? quel parcours pourrait remplacer les années de pratiques et d'expérimentation , et surtout comment ne pas réduire le tango, art de vie, culture populaire, danse sociale enracinée dans le Bal, musique, poésie, langage, littérature, cinema, à une simple discipline de danse enseignée entre 4 murs ? Comment respecter ce mode de transmission particulier, efficace et qui n'a jamais cessé, depuis l'origine jusqu'à aujourd'hui, du Maestro vers l'apprenti , du vieux Milonguero vers le jeune danseur contemporain, du "passeur de danse" bénvole vers le petit groupe de débutants du quartier, du danseur-professeur vers les élèves, sans souci d'âge, de génération, de milieu social, de langue, de frontière, ... ? comment valoriser à travers un papier affiché au mur le véritable parcours initiatique basé sur l'observation, la recherche, la multiplication des rencontres, des sources d'apprentissage, l'ouverture à tous les styles, évolutions? Comment garantir la qualité pédagogique ?

Nous autres associations, "personnes morales", mais surtout physiques, qui depuis 1990, faisons le chemin du tango, un chemin unique en son genre, tantôt portant, tantôt portées par l'enthousiasme d'éveiller l'intérêt voire la passion autour de nous, nous avons notre mot à dire sur ce projet et nous nous devons de montrer que nous sommes capables de nous fédérer, pour faire reconnaitre les spécificités de cette culture, les composantes du tango, les originalités de sa transmission,. Et surtout il faut d'une seule voix, démontrer la force de notre réseau associatif, cette "toile " tissée entre 1990 et 2008, ce travail réalisé sur le terrain par ses centaines d'associations,. C'est cette énergie et cette persévérance qui a permis au tango de connaitre un renouveau, un essor et un développement (musique et danse, orchestres et danseurs professionnels) que personne ne peut nier ou sous-estimer ! Il ne faut pas laisser d'autres décider à notre place, nous avons enore une chance de nous faire entendre si nous savons nous organiser : c'est pourquoi , dès ma première intervention dans ce débat, j'ai suggéré la tenue d' "ASSISES DU TANGO" au printemps 2008, afin de nous rassembler, de nous écouter, et de commencer à réagir en "groupe de pression".!

Claire PROUHET
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32. [L-10] Diplôme tango, par Pablo

Il est peut être légitime (du point de vue des autorités françaises) de réglementer une discipline culturelle.

De toute façon une fois la machine mise en marche, avec son défilé de savants, scientifiques, idéologues et « intéressés »de tout poil, impossible de l’arrêter.

Je suis d’accord à la limite, pour un diplôme de « Tango de salon ». Vous êtes chez vous et pouvez faire ce qui bon vous semble, finalement on produit aussi du Champagne partout dans le monde.. Mais surtout pas de tango « argentin », SVP. Ceci est notre culture, notre vie, notre label, notre appellation d’origine contrôlée. Et si vous persistez à la diffuser (je le souhaite fortement) faites le en entier, avec son esprit, ses paroles, sa musicalité, ses gens, ses comment, ses pourquoi.

Est ce que ce sera le cas ?

J’en doute.

Il existe dans le monde du tango européen en général, (ce n'est pas du tout le cas au Japon, où le tango se joue et se chante), une attitude qui m’a toujours gêné, à l’heure des cours : le déni de la dimension humaine de la culture d’autrui. En dans ce cas précis, celle des argentins et uruguayens. (Parce que le tango se pratique depuis toujours sur les deux rives du Rio de la Plata.)

Tout est réduit à quelques pas et beaucoup de figures.
Je crains que ce débat ne concerne que les jambes, et encore.
Ca sent un peu le fric et beaucoup le pouvoir.

Et je dis bien déni, parce qu’on veut ignorer que l’apprentissage du tango ne peut se faire en se désintéressant des ses bras et de sa tête.

A savoir: Son histoire au quotidien. Ses couches successives d’amertume, de vécus, qui détermineront ce son de bandonéon, qui va ouvrir les corps aux autres. Ou les paroles sublimes des grands poètes, qui vont ouvrir une porte en nous pour faire entrer la vie.

L’inflexion d’une voix, qui laisse entrevoir une émotion dans la justesse de ton des musiciens et des chanteurs d’un orchestre . Comme une refuge de l’âme contre l’adversité, la douleur et l’abandon, ou une autre chose d’intime et personnel..

Les battement des ailes de papillon qui provoquent des tremblements de terre à l’autre bout du corps.

Sujets obligatoires au moins trois fois par semaine, j’espère.

On devrait étudier aussi les apports de tel ou tel poète, tel ou tel maestro du bandonéon, de telle ou telle voix qui apporte au tango, à ce corps du tango , son accent, son âme, son harmonie précieuse, son histoire. Je ne parle même pas de l’esprit du tango, enseignement obligatoire, tellement de fois réduit à une danse sexuelle et autres qualificatifs.

L’esprit du tango c’est surtout son peuple qui nous l’apprendra.

Cet esprit l’apportent surtout les argentins, les uruguayens, qui avec d’énormes privations réunissent les moyens pour se payer un billet d’avion et donner quelques cours à l’étranger. Et qui seront privés (homologation de diplome oblige), d’exercer leur profession ici ou ailleurs.

Il y a beaucoup de cela.

Debat à suivre…

Pablo Martinez

Président Ass. Mémoire y Civilisation

L’Entre-Pots

Marseille
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31. [L-9] diplome = corporation = fermeture = j'empêche l'accès à ceux qui ne nous plaise pas, par Eric

Sous l'ancien régime, les corporations contrôlaient leur profession. Seul le Roi pouvait modifier les choses et il se gardait bien de le faire. Aujourd'hui, le vent sécuritaire qui souffle sur la France réclame plus de réglementation, plus de sécurité et... plus de répression.

J'aurai personnellement vécu la passation d'un Diplôme d'État dont je tairai le nom : arbitre favorisant les élèves de l'Ecole fédérale ; épreuves écrites déjà travaillées par ces derniers avant de passer l'examen ; épreuves modifiées d'une année sur l'autre sans que l'on soit informé ; et je préfère taire les tricheries qui m'ont été relatées, celles qui sont trop subtiles pour s'appeler "tricherie" mais qui le sont réellement. Cela s'appelle comment modifier discrètement les règles pour choisir les impétrants.

Sous prétexte d'apporter plus de sécurité pour les élèves, on crée un diplôme. D'accord pour la médecine, le deltaplane, l'alpinisme et autres
disciplines présentant un risque. D'accord pour toutes les disciplines qui accueillent des enfants car les parents ont besoin d'être rassurés sur la compétence des encadrants.

En créant un diplôme, on limite obligatoirement le nombre d'enseignants. En protégeant le Consommateur, on protège la rente du professeur. On crée un marché économique en fermant l'accès à une discipline.

Le tango est, comme vous le soulignez tous, une danse sociale, une danse d'échange. Il entre dans le cadre du Don. Il n'a, par conséquent, pas de valeur économique, ni de valeur d'usage. À ce titre, le Tango possède une /valeur de lien/ au même titre que l'amitié ou l'amour.

On progresse, dans sa pratique, en prenant un homme ou une femme dans ses bras, encore, encore et toujours...

Tangolissimo

Eric
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30. [L-8] Pour le blog diplôme de tango. Merci, par Christian

Je m’appelle Christian Dubar. Je dirige l’Institut de Formation en Danses de Société que j’ai créé à Toulouse il y a quinze ans. J’ai, depuis lors, un numéro de formateur en tant que centre de formation professionnelle. Et en 2003, j’ai obtenu du ministère de la Culture, une reconnaissance de la formation que je propose au titre de la loi de 1988 sur l’enseignement artistique dans le privé.

Uniquement dans le but d’être le plus clair possible afin que toute personne intéressée puisse non seulement comprendre rapidement ce que je veux dire, mais aussi répondre éventuellement de façon constructive à cet écrit, je vais tout de suite présenter mon travail, ma recherche, et mes convictions en matière d’enseignement des « danses régionales ou nationales de France et du monde sur le territoire français ».

Je pratique les danses de société (que certains appellent danses de salon) depuis 34 ans. J’ai fait de la danse sportive pendant 7 ans (j’ai été vice-champion de danse de compétition en 1981). J’enseigne ces danses appelées aussi « danses de couple » depuis 26 ans. Et je forme des enseignants de ces danses depuis 15 ans. J’ai ainsi
rencontré et proposé des bases chorégraphiques, pédagogiques, techniques, musicales, historiques, à plus d’un millier d’enseignants venus me voir de plus de 90 départements français, et quelques-uns de l’étranger. Et cela grâce à un répertoire très vaste de danses françaises et étrangères de toutes formes du XIXe et du XXe.

J’ai écrit un livre (L’invitation à la danse) qui est le texte de mon DEA (La construction du couple dansant), avant de soutenir en 1999 une thèse en Sciences de l’éducation à l’université de Paris VIII (directeur de thèse : Remi Hess, lui-même auteur du livre La Valse (Métaillié, Paris, 1989)). Le sujet de ma thèse était :

« Sport, culture ou éducation ? Le problème de l’enseignement des danses de société en France. ». (Le texte de cette thèse est en vente à l’Institut).

Pardon d’avoir étalé mes titres. Cela n’a qu’un seul but : renseigner précisément le lecteur sur l’origine de mes idées, de mes convictions, mais aussi de mes citations.

J’ai eu l’occasion de rencontrer Christophe Appril, et je suis ravi qu’il ait obtenu du ministère de la Culture mission pour faire un recensement national qui fait défaut depuis bien longtemps. Et en lisant les mails du blog (dont je vous félicite aussi car tout cela me semble passionnant), j’ai pu remarquer que je connaissais pas mal de personnes citées, qui me connaissent donc aussi, et qui sont, pour la plupart, des amis.

Un mot encore sur mes origines : le tango dit argentin a commencé, à Toulouse, en 1990, dans mon studio de l’époque, grâce à des amis aussi : Catherine de Rochas et Henri Vidiella, créateurs, sauf erreur, des associations Tangueando en France, en tout cas à Toulouse. Et j’ai eu aussi la chance de rencontrer de nombreux enseignants du tango qui vous préoccupe aujourd’hui, comme Plume Fontaine, Alain Lehagre et Catherine Charmont, mais aussi Rodolfo Dinzel à Paris, Miguel Gabis, Charlotte Hess, etc. Et je travaille actuellement avec Christine Caminade et Laurent de Chanterac.

Pour ma part, mais ce n’est que ma conviction personnelle, j’ai fondé mes enseignements sur l’ensemble des danses de bal, que ces danses soient anciennes ou actuelles, à la mode ou non, typées ou non, stylisées ou non. J’enseigne donc toutes les danses de bal, de la valse au tango, du rock à la samba, des danses du XIXe à la country
en passant par les danses dites folkloriques et traditionnelles. J’exploite dans chaque danse une capacité différente à se mouvoir en musique, à prendre du plaisir en communiquant avec un partenaire et avec les autres danseurs, à créer sa danse et son style, en passant par tous les genres chorégraphiques. Par exemple : si la valse
apprend la giration à deux, la samba permet de travailler la souplesse et le rapport au sol ; le cha-cha-cha apprend à jouer avec le rythme et l’espace ouvert du couple quand le tango apprend l’ancrage au sol et la position très fermée de « l’embrassement », toutes les danses offrant des possibilités de création et d’improvisation, en lien direct avec la musique et son style.

Et donc, je suis convaincu qu’un enseignant de bal doit être d’abord et avant tout un généraliste, afin d’offrir à ses élèves, non pas UNE danse, UNE pratique, UNE dynamique, UNE façon de penser une danse ou la danse, mais réellement une CULTURE GÉNÉRALE DES DANSES DE BAL basées sur les éléments fondamentaux de la danse : l’espace, le rythme, le poids du corps, la présence de l’autre, le guidage, l’expression, la nuance, l’accentuation, le ressenti… Soit UNE TECHNIQUE GÉNÉRALE DES DANSE DU BAL avant d’aborder une technique spécifique, et encore moins un style.

Le STYLE me semble en effet justement le point à ne pas toucher chez l’élève si on est soucieux de le respecter dans son intimité et sa créativité, de respecter ses ressentis, en espérant que, avec les OUTILS que ses enseignants lui auront fournis, il fera de chaque danse, quelle qu’elle soit, SA DANSE, expression naturelle et pourtant riche, et même pourquoi pas sophistiquée, de ce que Pierre Conté (qui a inventé une méthode d’écriture de la danse) appelait : le vibrato interne. Former un bon bricoleur ne peut pas être : lui apprendre seulement les plus grandes finesses d’utilisation d’une truelle.

C’est pourquoi j’ai toujours cru à une formation de base GÉNÉRALISTE, comme en musique aussi, et je n’ai jamais cru qu’il était intéressant pour devenir un bon danseur ou une bonne danseuse, de ne recevoir qu’un seul enseignement d’une seule danse très typée. Même si elle-même peut être multiple. Et je pourrais développer de nombreux
arguments qui étayeront mon discours sur ce point si quelqu’un m’en fait la demande. Je crois à une formation tout d’abord « généraliste », puis ensuite à une spécialisation, par exemple dans une danse à la mode comme le tango dit argentin. Comme en médecine.

Dans mes « références » (que le lecteur doit connaître aussi afin de bien saisir le fond de ma pensée), sont quelques personnes du ministère de la Culture que je connais depuis près de 20 ans, sans l’avoir jamais fréquenté régulièrement. Mais, j’ai bien connu Monsieur Didier Deschamps, inspecteur responsable à la danse, qui m’a conseillé de demander la reconnaissance ; son successeur : Monsieur Jean-Christophe Paré, qui a instruit mon dossier et l’a fait aboutir. Et bien d’autres personnes dont certaines sont encore aujourd’hui des liens de travail importants.

Je voudrais aussi citer Monsieur Jérôme Lecardeur, qui, en tant qu’inspecteur de la danse, est venu une fois m’inspecter il y a quelques années, à Toulouse. Ce monsieur m’avait alors expliqué le souci qu’il avait : « J’ai rencontré des danseurs traditionnels bretons qui demandent une reconnaissance. Et j’ai aussi rencontré des danseurs traditionnels basques qui souhaitent la même chose pour leur groupement. Il appartient à ces groupes différents de se relier, car le ministère ne pourra en aucun cas prendre en considération tous ces groupements de façon séparée. Par contre, le ministère a bien le souci d’aider « les danseurs traditionnels » en général. Il faut donc qu’ils se regroupent. » Et il a alors cautionné mon initiative de formation.

De la même façon, il y a trois ans, Monsieur Jean-Christophe Paré, inspecteur de la danse, m’a demandé de créer une fédération et de fédérer les personnes qui voulaient bien se regrouper autour de l’Institut, qui venait d’obtenir une reconnaissance officielle, la seule existant, à ma connaissance, en la matière. Ce que je suis en train de faire, lentement. Car il n’est pas facile de faire un recensement national qui incomberait, à mon humble avis, plus à une institution comme notre ministère de la Culture, qu’à un groupement isolé, quel qu’il soit. Car, pour ce faire, il faut d’importants moyens, par exemple financiers.

De la même façon, et bien que je n’aie pas le droit d’en faire publicité, il faut savoir que cette reconnaissance ouvre droit à la demande de reconnaissance du diplôme privé que je diffuse depuis 14 ans, ce qui veut dire : fournir trois référentiels du métier, et demander l’inscription définitive du métier de professeur de danse de société à la CNCP (Centre national de la certification professionnelle). Dossier sur lequel je travaille depuis plusieurs années.

Ma conviction est donc la suivante : les enseignants du tango appelé « argentin », de par leur choix de cette terminologie, se classent d’eux-mêmes, en toute logique, comme sous-ensemble des enseignants de tango (comme les enseignants de salsa « cubaine » s’auto-classent dans un ensemble plus vaste : les enseignants de salsa). Les enseignants de tango se classent aussi eux-mêmes, et à mon avis, comme sous-ensemble des enseignements de danse de bal, puisque le tango, même argentin, n’est qu’une composante des danses du bal. Et ces enseignants de danse de bal sont à nouveau un sous-ensemble des enseignants de danse, eux-mêmes sous ensemble des enseignants.

J’ai déduit de cette façon de penser le fait que la pédagogie, par exemple, des danses de bal a forcément quelque chose à voir avec l‘enseignement de la danse en général. Et que l’enseignement du tango dit argentin a forcément à voir avec l’enseignement du tango en général. Sauf que, dans ce cas précis, je suis tout à fait d’accord pour dire que, après plusieurs années de codification (dont nous connaissons aujourd’hui de nombreuses raisons), la FAÇON d’enseigner le tango a perdu en fin de XXe siècle toute crédibilité, toute valeur et tout intérêt ; et que c’est une chance que soient apparues de nouvelles FAÇONS d’enseigner le tango. En effet, je ne vois pas de renouvellement de la danse, mais plutôt un renouvellement de sa conception et surtout de son enseignement.

En conséquence de quoi, si j’ai l’espoir que notre ministère concerné s’intéresse un jour vraiment au cas des « danses régionales ou nationales de France et du monde sur le territoire français », pour ne pas dire les danses de société telles que j’ai modestement tenté de les définir dans ma thèse, dans le dessin soit de les connaître, soit de les normaliser, soit de les défendre, soit de protéger le public, etc., j’ai l’intime conviction qu’il ne le fera jamais pour une danse comme le tango, et encore moins pour le tango dit argentin, comme il ne le fera jamais pour la salsa et encore moins pour la Cubaine, et idem pour le lindy-hop.

C’est pour cela que, si certains souhaitent réfléchir, discuter, proposer, envisager un avenir réel de ce formidable métier qui est celui de professeur de danse de société (ou de bal ou toute autre terminologie), il me semble nécessaire qu’ils se regroupent et comptent plus sur l’union, que sur la division.

A ce propos, et je terminerai momentanément sur ce point, je suis un peu choqué de lire déjà sur votre blog (seuls les auteurs des écrits
en sont responsables, évidemment), des attaques personnelles, des sous-entendus désagréables, des critiques hors sujet, ou injustifiées, ou inutiles au débat ; des colères, des accusations, dans un style trop souvent « télégraphique » qui relève plus du discours parlé « brut » quand il n’est pas brutal, que d’une véritable discussion professionnelle de qualité.

Pour échanger avec réel intérêt, et il y en a bien un là, le premier principe à observer me semble être celui du respect de l’autre. Le deuxième doit être, me semble-t-il, après avoir été capable d’écouter l’autre calmement, d’exprimer calmement une pensée réfléchie, débarrassant ses écrits de toute connotation affective, même si les convictions doivent être respectables et respectées.

Je me permets d’écrire cela parce que cela fait 34 ans que je danse, et 34 ans que je vois la profession se déchirer à la moindre alerte. Et aussi 34 ans que j’en ai vu et entendu de toutes sortes : l’un annonçant l’arrivée imminente d’un BE (sports), l’autre d’un DE (culture) prochain, comme si chaque fois une épée de Damoclès était
pendue au-dessus de nos têtes. J’ai été rebelle à ces conquêtes de pouvoir, qui n’ont, d’ailleurs, jamais abouti ; et c’est mon Institut, bizarrement, qui a obtenu assez facilement la seule reconnaissance existante pour les danses de société. Probablement parce que je ne me suis jamais présenté en commençant par frapper du
poing sur la table.

Une dernière remarque qui me vient à l’esprit après relecture : je me permets de vous conseiller de bien faire la différence entre deux sujets :
1 — la création d’un diplôme assurant un genre de label du ministère aux personnes le méritant ;
2 — la création d’un diplôme OBLIGATOIRE qui serait hégémonique.

Je peux attester du fait que de très grands ténors de cette profession d’enseignants de danse de société ont, et depuis des décennies, rêvé d’obtenir d’un ministère (quand ce n’était pas la Culture, c’était le Sport), non seulement une reconnaissance, mais surtout un diplôme OBLIGATOIRE qu’ils souhaitaient imposer à tout le pays. Compte tenu des difficultés que la mise en place du DE de classique, jazz et contemporain a fait apparaître, je ne pense pas qu’il faille rêver que notre ministère entre à nouveau dans un tel
système de « DE » OBLIGATOIRE (et tant mieux !). A mon humble avis, il faut viser une reconnaissance et une ouverture du métier, et non une fermeture. Et je suis certain qu’alors beaucoup de gens pourront alors se retrouver, et en bien plus grand nombre.

Navré par la longueur de ce texte, je vous remercie de me lire et je vous renouvelle mes félicitations pour tout ce travail. Je reste à votre disposition pour une discussion ouverte et respectueuse. Pardon d’avoir parlé à la première personne : c’était pour un confort d’écriture et pour plus de simplicité, car évidemment, je ne suis pas
seul à mener cette barque.

Très amicalement. Christian Dubar

N.B. : Je n’ai jamais reçu le questionnaire de Christophe Appril. Il m’intéresse évidemment, et je souhaite le lire au moins. Et je dois avouer que je suis surpris, sans être le moins du monde vexé, que le ministère de la Culture ne m’ait pas lui-même informé de cette initiative très intéressante (je vais évidemment lui expédier copie de ce texte, pour information). Je ne l’ai appris que par l’intermédiaire d’un élève qui adore le tango lui aussi. Donc, vive le tango et merci à lui !

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29. [L-7] Un travail sans diplôme depuis tant d’année ! Bravo ! par Sarine

Bonjour,

Je suis tout à fait d'accord avec les propos de ce danseur de Montréal [modérateur: Voir plus bas]. El Maestro DINZEL exerce toujours ! Nous avons un Niçois qui travaille actuellement avec lui et depuis 3ans. J’ai travaillé avec Mr DINZEL en 2003 c’est un grand professeur d’une grande modestie. D’ailleurs j’applique sa pédagogie, comme beaucoup d’enseignants et de grands danseurs ! Car je ne crois pas qu’il y ait plusieurs façon d’enseigner le TANGO. Je parle du Tango je ne parle pas des styles cela est une autre histoire.

J’ai travaillé avec beaucoup de danseurs professionnels très connus tel que les Maestros Ezequiel et Geraldin, Naveira et Gisele, Pablo Veron, Jesus Hernando Velasquez et bien d’autres qui sont d’excellents pédagogues, tel que : Thierry le Coq et Véronique Bouscasse, Jeusa Vasconcelos et Eric Müller, Pablo Carbajal, Luis Lopez, Marika Landry, David Black, tous sans diplôme « TANGO », ou peut-être pour certains des diplômes de danse contemporaine ou pour quelques-unes danse classique. Mais tous sans exception sont dans la recherche de s’améliorer et par-là même d’améliorer leur pédagogie ! Dans cette danse vivante et toujours en mouvement.

Comme eux il est de notre devoir de nous améliorer, de nous informer et de rester modeste devant cette danse qui au-delà du mouvement devient et doit être que de l’émotion.

Mais la question était "faut il un diplôme pour enseigner le tango argentin ?" A cela personnellement je dirais comme beaucoup d’Argentins NON. Le titre du livre lui-même me donne raison, BAILAR, UN HIMNO A LA LIBERTAD.
Mais il ait bon, d’avoir un fil conducteur tel que les livres de DINZEL, ou d’autres livres. Tous ces livres sont en principe écrits après études et l’expérience de l’auteur. Mais rien ne vaut la pratique et l’expérience de chacun.

C’est pourquoi le fil conducteur dans chaque associations ou écoles c’est l’enseignant(e). Il donne son instruction, son expérience, insuffle sa croyance, sa méthode, et son sentiment. Le danger dans ces écoles ou associations, c’est de se renfermer sur eux même en croyant avoir la science du savoir et donc l’orgueil du grandissime maestro. Qui ne se déplace qu’avec sa court !

Je parle comme vous le constatez de l’enseignant et non pas du professeur ou du maestro. Car pour moi il y a plusieurs grade si je peux m’exprimer ainsi.

Il y a le Maestro, Le professeur, et l’enseignant. Je ne dirais pas ici dans quelle catégorie je place tel ou tel personne ce n’est pas le propos.

Mais je peux déjà dire que l’enseignant fait un travail remarquable de tous les jours, au contact direct de personnes qu’il a en charge de former de modeler au tango. De leur apprendre aussi les codes, la façon de se comporter, la tradition, le folklore, l’histoire de la danse et de la musique et ce qui n’est pas négligeable l’histoire de tout un peuple. Il doit aussi faire abstraction de ses propres idées et apriorité, et s’armer de beaucoup de patience. Il doit être aussi un organisateur de manifestation de stages de milongas de pratiques ect ect ect…… En somme, il doit être présent sur tous les fronts. Il faut beaucoup d’amour et de passion.

Les grands Maestros argentins, leurs doivent beaucoup. Car c’est en parti grâce à ces enseignants du tango dans le monde entier pas seulement en France. Qu’ils sont devenus ce qu’ils sont, des icônes connus et reconnus !

Alors mesdames et messieurs les dirigeants et ENSEIGNANTS d’écoles et associations chapeau très bas à vous qui faite ce travaille sans diplôme depuis tant d’année. Vous avez toute notre reconnaissance.
Cordialement Sarine

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BAILAR, UN HIMNO A LA LIBERTAD

Lors de deux émissions sur Radio Centre-Ville, la première ce vendredi 29 février 2008, et la seconde, quelque part en mars prochain, il m'est donné de rappeler, après Tilma Saez qui avait réalisé une entrevue que nous avons diffusée il y a quelque temps, la première importance ducouple Dinzel pour la formation des danseurs de tango.

Gloria et Rodolfo Dinzel, qui se sont illustrés dans le méga-succès Tango Argentino, de par le monde, se sont démarqués également comme formateurs depuis quelque trois décennies. Le Système Dinzel est une approche pédagogique du tango possédant rigueur et méthode, un système d'enseignement qui donne des résultats appréciables.

On compte plus d'un millier de diplômés, les Dinzelitos, pour reprendre une expression rigolote; et l'Universidad del Tango,fondée dans le sillage de la recherche-expérimentation des Dinzel, forme chaque année des enseignants s'intégrant au réseau scolaire depuis qu'on a promulgué d'intérêt public la culture tanguesque en Argentine.

Par osmose, le public montréalais s'est initié au Système Dinzel car des artistes de prestige ont assimilé cette approche tout en faisant carrière sur la scène internationale: Miguel Ángel Zotto, Hernán Obispo, El Indio, de la Plaza Dorrego, Gustavo Naveira, Jorge Torres, Norberto 'El Pulpo' Esbrez, Brenda et Elías, sont quelques-unes des figures connues ayant transmis à des tangueros d'ici de toutes tendances l'esprit et la lettre des Dinzel.

Tout comme Luis López, notre boleador máximo, Rodolfo Dinzel a d'abord fait du folklore, tandis que Gloria Dinzel, sa partenaire et dame de coeur, vient de la danse classique. Contemporains des J. C. Copes, Virulazo, Todaro et Pepito Avellaneda, ils se sont engagés sur la voie de la recherche et de la codification de l'enseignement du
tango pour répondre à une préoccupation séculaire, soit de transmettre un corps de doctrine s'étant transformé en un phénomène de masse propre au Río de la Plata et rayonnant à l'échelle planétaire.

L'essentiel de mon propos est tiré de deux ouvrages à tirage limité, El tango, una ansiosa busqueda de libertad (1999), et El Tango, una danza-sistema Dinzel de notación coreográfica (1997), publiés par la maison El Corregidor. Sans épuiser le sujet, nous nous initions sur les ondes de Montréal-Buenos Aires, vice versa, aux idées-forces du Système Dinzel.

Par exemple, la pratique du tango met en évidence la représentation des instances du couple uni par la danse dans une étreinte rapprochée. Il faut savoir que l'idée du tango comme pensée (sentiment) triste qui se danse, ou comme une infinité de possibles,ne dit strictement rien du couple dansant. L'idée de partenaires évoluant à l'intérieur d'un
cylindre mouvant est quant à elle d'une grande nouveauté.

A fortiori, il est utile de rappeler que la géométrie asymétrique du couple enlacé se fonde sur une volumétrie sculpturale finement ciselée. Les Dinzel rappellent de surcroît que la rencontre du couple sur la piste se construit en trois étapes distinctes: l'enlacement proprement dit (el abrazo), l'encadrement (el encastre) et le moulage (el molde), c'est-à-dire que les corps sont pressés l'un contre l'autre, mais comment, jusqu'à quel point, et surtout pourquoi donc? Ce sont là des réalités bio-mécaniques indissociables de l'étreinte du tango que les Dinzel ont mis en évidence à la suite d'une patiente élaboration.

Enfin, la posture des danseurs devient déterminante alors que les corps sont debouts et jouent sans cesse de leur équilibre voulu précaire. La dissociation entre la partie basse du corps, expressive et envahissante, et la partie haute, dramatique, confidentielle et émotive, obéit à une construction rigoureuse de lignes corporelles favorisant le déplacement improvisé sans heurts sur la piste de danse.

La zone du bassin est la zone-tampon qui favorise en filigrane la dissociation entre le haut et le bas, mais agit également comme zone de compensation d'équilibre entre partenaires. En dernier lieu, la notion de tiers-volume, à l'intérieur du cylindre de contention du couple, est en soi un concept original qui vient compléter l'approche des Dinzel.

La conduite de la danse, l'effet de flotaison et le dialogue improvisé réglant les échanges entre partenaires sont autant de dimensions qui prennent tout leur sens dans une meilleure compréhension du Système Dinzel.

Bref, quiconque veut mieux danser peut apprécier la contribution des Dinzel. L'écoute ici peut se révéler profitable alors que les textes mentionnés restent d'une relative aridité théorique et, pour l'essentiel, demeurent relativement peu accessibles.

En revanche, ces deux émissions radiophoniques devraient permettre de comprendre d'une part qu'il faut établir que l'on a enseigné le tango en Argentine depuis fort longtemps, (Alippi et Casímiro Aín ont eu leurs académies, tandis que l'ineffable Carmencita a enseigné à l'Academia de Cachafaz); d'autre part, les émissions pourraient
suggérer à nos gens d'envisager de se perfectionner auprès des Dinzel qui professent à Buenos Aires.

L'apport des Dinzel est de grande valeur, leurs idées, d'une modernité et d'une saveur insoupçonnée. Bonne écoute.
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28. [L-6] Les Estivales (situation en Allemagne), par Peter

Le 28 févr. 08 à 19:35, benoit a écrit :
Dernière précision: pour le monde anglo saxon, l'endroit où on danse le mieux le tango argentin en dehors de l'Argentine est l'Allemagne. Du coup, il faudrait peut-être voir ce qui se passe chez nos voisins, si on veut réflechir à l'enseignement du tango...

Que l'Allemagne soit un pays anglo-saxon, je ne le savais pas ;-)

Mais tu as raison, le Tango est très bien développé dans mon pays et pour des raisons tout à fait intéressantes pour la discussion en cours.

Je vais en écrire plus, mais pour ceux parmi vous qui savez lire l'allemand, je vous invite à visiter
http://www.tangoargentino.de vous y trouverez un réseau d'écoles de Tango avec sa propre formation (qui inclut une formation plus générale sur le corps, la Méthode de Feldenkrais) de professeurs, sa pédagogie et - surtout - sa marque enregistré. Le fondateur de ce réseau est d'origine uruguayenne, d'où l'intitulé "Tango vom Rio de la Plata®". Pour lire sur la formation, cliquer sur "Berlin", la "maison mère". Je ne sais pas chiffrer leur part de marché, mais malgré sa taille, il ne devait pas dépasser les 10%-15%, mais plus par le passé.

Plutôt qu'un diplôme reconnu par l'état, il s'agit donc d'une marque déposée. D'autres formations pour professeurs existent (La Milonga, Bremen, ont enseigné beaucoup de professeurs), mais ils ont moins de visibilité.

D'un autre coté, regardez bien, qu'en Allemagne on vit mieux du Tango : peux d'associations, beaucoup de professionnels, beaucoup d'écoles de ... Tango. Souvent, ces écoles intègrent plus d'un couple d'enseignants.

J'ai beaucoup de sympathie pour le point de vue exprimé par Plume : la réalité des associations, c'est en partie une forme de "capitalisme déchainé " ... et j'ajoute, là, où une Allemagne certes plus capitaliste que la France a permis la création de nombreuses existences professionnelles "ex nihilo".

Pour moi, la question est donc moins une de diplômes et beaucoup plus celui-là : qu'est-ce qui empêche les bons parmi nos professeurs d'ouvrir des Écoles de Tango?! Si par exemple à Marseille, deux couples de professeurs décidaient de faire équipe dans une même école (même si elle enseigne plusieurs styles ...).

A suivre

-- Peter
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27. [L-5] Les Estivales (argentins diplomés ?), par Benoit

Le 28 févr. 08 à 17:32, L'AGARTHA a écrit :

BONSOIR
Je serai curieuse de savoir si les argentins qui viennent enseigner
eu Europe ou ailleurs sont diplômés de danses (tango argentin en
particuliers)
Bon tout ceci est votre histoire.
Chantal

Salut Chantal,

A ma connaissance, il n'y a pas de diplôme pour enseigner le tango argentin. Par contre, la quasi totalité des profs argentins que j'ai rencontrés à Marseille ont des années de danse classique ou contemporaine à leur actif, hormis les suivants, sauf erreur de ma part:

Gavito, Chicho (ex musicien), Natucci (ex ingénieur), Tete, Vicquera (ex musicien), Salas (ex avocat) qui n'ont pas suivi de formation académique.

Tous les autres et en particulier les femmes, ont reçu une formation académique, y compris Eladia (qui dansait avec Natucci):

Sebastian Arce
Javier Castello (formation à confirmer)
Plume Fontaine
Christophe Lambert
Armando Orzuza
Federico Rodriguez Moreno
Pablo Teggli
Pablo Veron

Daniela Arcuri
Valeria Ardito
Catherine Berbessou
Moira Castelleno
Soledad Chaves
Eladia Cordoba
Carolina del Rivero
Mariana Dragone
Judith Elbaz
Dorella Gigliotti
Mariana Montes
Maria Plazaola
Victoria Vieyra

Des discussions que j'ai pu avoir avec eux, j'ai retenu que le tango leur était tombé dessus comme pour nous, sauf que eux, ils étaient déjà danseurs. Par contre ils ont reçu des formations au "show": le vrai métier d'un danseur, c'est de faire des spectacles.

Si on fait le parallèle avec la formation des profs de danse classique, contemporain ou modern jazz en France, je te rappelle que les diplômes nécessaires sont obtenus vers l'âge de 20 ans, ils correspondent, en gros et de mémoire, au niveau Bac et Bac+3. Au moment de leur création, ces diplômes ont pu être obtenus par équivalence pour celles et ceux qui avaient une vraie activité artistique reconnue. L'intérêt de ces diplômes parait maintenant indéniable, car ils justifient que les "gamines" qui les passent ont au moins leur bonne dizaine d'années de formation de danseuses, même s'ils ne garantissent pas que chacune de ces gamines sera une danseuse étoile. Tu peux en savoir plus en consultant le site web des Ecoles Nationales de Danse (ex. Marseille:
http://www.ecole-danse-marseille.com, ou du Centre Nationale de la Danse http://www.cnd.fr)

Je suis en train de voir comment ça se passe aux US qui sont le grand pays de la danse, mais d'après ce que je commence à voir, il n'y a pas plus de diplôme de prof de tango argentin là-bas qu'ici, à peu près pour les même raisons: pas assez rentable en terme de retour sur investissement, y compris pour les profs de danses de salon (ils appellent ça "ballroom dance" et le tango n'en fait pas partie), il faut consacrer trop de temps pour former un danseur de tango argentin. Ils ont aussi les mêmes discussions sur la légitimité et la capacité des profs argentins et des autres, avec les mêmes arguments et les même références culturelles. Les conséquences sont identiques là-bas et chez nous: problème du style de tango (lequel est le vrai tango ?), d'aptitude à respecter le bal ou "comment survivre quand on est débutant, quand on est nuevo, quand on est milonguero etc..", disputes sur les musiques sur le thème "le vrai tango historique ou le vrai tango à venir", etc...

Dernière précision: pour le monde anglo saxon, l'endroit où on danse le mieux le tango argentin en dehors de l'Argentine est l'Allemagne. Du coup, il faudrait peut-être voir ce qui se passe chez nos voisins, si on veut réflechir à l'enseignement du tango...

suite au prochain épisode.

Toute toute dernière précision, l'histoire est un éternel recommencement... la question de la légitimité des profs de tango se posait déjà dans les années 1910 (j'essaierai de te retrouver les références).

Bonne soirée à tous,

Benoit
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25. [L-4] Etude sur les danses régionales et du monde, par Christophe

Le démarrage de ces débats est directement lié à l'étude que nous menons pour le compte du ministère de la Culture. Aussi me semble-t-il nécessaire de rappeler le cadre et les objectifs de ce travail. La DMDTS (Direction de la musique, de la danse, du théâtre et des spectacles) souhaite connaître « les conditions dans lesquelles s'exerce l'encadrement professionnel des pratiques de danses régionales ou nationales et du monde, afin d'étudier l'opportunité d'une certification professionnelle adaptée à ces secteurs et d'identifier les modalités de son éventuelle mise en place ». Dans pareil cas, les administrations passent un appel d'offres. Des équipes y répondent, et une équipe est retenue pour réaliser le travail. C'est la notre qui a été choisie par la DMDTS.

Notre équipe est constituée de trois chercheurs responsables de l'étude : Aurélien Djakouane (sociologue, docteur de l'EHESS), Maud Nicolas-Daniel (anthropologue, docteur de l'Université de Provence) et moi-même (sociologue, docteur de l'EHESS). Elle est complétée par six jeunes chercheurs, chacun étant spécialiste d'un domaine en particulier, ici en l'occurrence d'une danse. Avec Aurélien Djakouane, nous détenons une certaine expérience de ce type d'étude puisque nous avons réalisé l'année passée un travail similaire sur la danse hip-hop.

Nous avons prévu deux grandes phases pour mener à bien cette étude. D'abord, il nous a paru nécessaire de réaliser un état des lieux de l'ensemble des pratiques de danse régionales ou nationales et du monde en partant des structures d'emploi. C'est la raison pour laquelle nous vous avons adressé un questionnaire. Dans un second temps, nous irons sur le terrain pour rencontrer les acteurs des milieux concernés (employeurs, formateurs, professeurs etc.). Notre objectif est d'éclairer les enjeux qui gravitent autour de l'encadrement de ces danses.

Parce que nous sommes des chercheurs en sciences sociales, notre position est neutre. Le travail du sociologue consiste à questionner les évidences, à déconstruire les mythes et à souligner la complexité des enjeux. Parce que nous formons une équipe qui partage les mêmes manières de faire de la recherche, nous sommes attentifs à ne pas nous laisser influencer par les positions partisanes.

Nous disposons de dix mois pour mener à bien cette étude. Nous vous tiendrons bien sur informé des résultats, lorsque le ministère aura donné son accord pour leur diffusion. D'ici là, pour toute précision supplémentaire, vous pouvez me joindre directement à l'adresse suivante : christophe.apprill@cegetel.net

Bien cordialement

Christophe Apprill
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24. Possibilité de diplôme en Argentine, par Sarine

Bonjour à tous
 
Tout comme Claire j’ai répondu à l’enquête, d’ailleurs très stéréotypée sans aucune nuance ni marche de manœuvre.
 
Pensant que je répondais à un questionnaire qui avait tout l’air d’être identique au travail que nous avions déjà fait avec ADEM06 - Délégation Départementale Musique Danse Spectacle Vivant des Alpes- Maritimes. Enquête commencée au mois de mai 2007. Qui prétendait faire l’Etat des lieux de la danse de la musique et du cirque !
 
Si cette enquête  du ministère dont le chargé de mission est Christophe APPRILL a pour but de mettre en cadre le tango naturellement je suis contre. Si cette enquête à pour but de distribuer des diplômes de crédibilité, NATURELLEMENT JE SUIS CONTRE.
 
Il n’y a pas d’effets dévastateurs par ce qu’il y a absence de cadre ! Que l’on enseigne avec un diplôme ou sans diplôme nous devons nous former par des stages ou autres ! Aller en Argentine en matière d'enseignement.  Et la moindre des choses et de nous informer... Ce qui me paraît normal !
 
Y en a marre de conditionner, de stériliser, d’emboîter, d’enfermer, d’encadrer, tous ce qui à une odeur de liberté.  
 
La question est sérieuse ! Faut-il  ou ne faut-il pas de diplôme pour enseigner le tango argentin ?
Personnellement je dirais NON ! IL N’EN FAUT SURTOUT PAS !
 
Alors ce qui veulent distribuer des diplômes à tous prix…..(Et je compte mes mots). 
Qu’ils pensent à tous ces grands danseurs qui ont fait le TANGO tels que  El Cachafaz, Petroleo, plus proche de nous  Zotto, Naveira, Veron, et j’en oublie certainement car la liste serait longue.
Désolée ! Ils n’ont pas eu leur diplôme pour enseigner le Tango ni pour danser !  Faudra t-il penser à les licencie (congédier) ne pas confondre ! 
 
Mais si vous voulez avoir un diplôme allez en argentine durant 3ans à « l’Université du Tango » créée par Rodolfo DINZEL vous aurez une reconnaissance mais pas forcément le talent qui va avec.
Rodolfo Dinzel et un grand inspirateurs du renouveau du tango contemporain, et depuis des années il mène des actions tous azimuts : enseignement au nom voyant, manifestions culturelles, diffusion du tango argentin aux nouveaux arrivés. Et surtout il a mis en place une méthode de pédagogie pour l’enseignement du tango.
Si la lecture de l’espagnol est chez vous naturel lisez son livre El Tango – Una Danza (qui à ma connaissance n’a pas encore été traduit). Ceci dit, il ait aussi décrié en argentine pour l’instauration de cette université.
 
Il y aurait tant de chose à dire…. Mais surtout arrêtons de gesticuler autour de cette danse qui est, et doit rester une danse sociale. Car là aussi je ne pense pas seulement au danseur connus et célèbres.  Mais aussi à ces danseurs de milongas complètements anonymes du début du siècle dernier, qui dansaient entre homme pour se refiler leurs nouveaux pas. Parce qu’il aurait été honteux de le faire devant une femme. Alors par respect pour eux  NON !
 
Cordialement Sarine
Association Very Nice Tango
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23. Désir intervenir et contribuer, par Plume

Bonjours cher monsieur,

A l'heure ou je vous écrit, j'ai déjà en qqs sorte jetté l'éponge.

En effet l'anarchie totale qui règne dans le tango au mains des plus pures lois d'un capitalisme totalement dérèglementé, m'ont "bouté" hors de cette activité.
Je note en effet qu'il n'y a dans ce contexte aucune place pour l'idée même de ce qu'est la qualité de son enseignement.
Méticuleux en effet dans mes activités, je me suis attaché depuis toujours, lorsque j'enseigne, à prendre le temps et à m'informer avant.
J'en veux pour preuve ces pages que je publiais dejà en 2002  http://www.tango3001.net/pathology/pathology.htm

Etant ancien danseur contemporain, je revivrai donc la tentative de règlementer l'enseignement de la danse.
Je vous rappellerai la réglementation de l'enseignement de la danse classique contemporaine et jazz des année 1990.

J'ai personnellement en grande amitié I. L. [..anonyme..] qui à l'époque était la secrétaire du bureau du ministère en charge de l'écriture de ces nouvelles règles.
De son propre aveux, elle en garde un souvenir assez mitigé... Peut etre serait-il intéressant d'interviewer une telle personne, afin de comprendre les erreur du passé !
Nous pourrions égallement citer C. D. [..anonyme..] par exemple !

Mais en tout état de cause il faut une règlementation.

Voyez-vous, je suis de ceux qui crois fermement que les règles servent avant tout, a comprendre une chose très précieuse à savoir: a partir de quand est-ce que je suis dans un autre domaine que le cadre fixé? Autrement dis à partir de quel instant je suis dans la recherche et donc dois être en mesure de justifier ce que je prétends faire de bon ou mauvais.

Ce qui est dommageable en effet pour l'instant dans le monde du tango c'est qu'en absence de cadre tous peuvent prétendre n'importe quoi en s'appuyant sur la crédulité du client. Je ne parlerai pas non plus des effets dévastateurs de cette absence de cadre pour ceux qui on fait des choix de vie professionnel et passe donc leur vie à s'informer et se former en matière d'enseignement et sur la matière meme enseignée...

Mais si je vous écrivais c'est également pour que vous me publiez ... et le malheur veut que je ne sais comment faire pour insérer ces lignes en tant que contribution dans votre BLOB que je qualifierais de génial.

Cordialement, Olivier Plume Fontaine F-CAEA
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22. Ensemble des réactions reçues par Robert (Raquel Shoes, Nimes)

Message diffusé par Robert le 11 Février 2008. les réactions à ce message sont détaillées plus bas.

Nous, modestes danseurs et "faciliteurs" de  la diffusion de cet art nous pensons qu'il faut empêcher que s'instaure un enseignement officiel et un diplome officiel de tango argentin et ce pour les raisons suivantes :

- cela serait faire injure au Rio de la Plata (Argentine et Uruguay) qui a  donné naissance à cet art. De quel droit voudrions nous, en France, réglementer quelque chose qui ne nous appartient pas ?

- le tango argentin est avant tout une émotion, solitaire a voir ou entendre ou partagée en dansant. Quelques enseignants savent communiquer cette émotion, d'autres non. Qu'ils aient ou non un diplôme n'a rien à voir avec cela. Quel serait d'ailleurs le jury qui délivrerait un "diplôme d'émotion", sur quels critères ?

- nous avons tous besoin de rêver, d'un espace de liberté que nous apporte le tango argentin et surtout pas d'une réglementation de plus, sèche, réductrice, contraignante.

- un art ne se réglemente pas, il se constate : vous décidez vous même d'aller voir telle exposition de tel peintre, sculpteur, artiste de tout poil, d'aimer ou ne pas aimer, de prendre ou non les pinceaux ou le burin si l'émotion ressenti vous y conduit, vous n'avez nul besoin d'un diplôme pour ce faire. Faudra t il demain un diplome pour aller visiter une exposition, lire un livre, se mettre à écrire ? Un couple de danseurs de tango argentin dessine sur le sol une dessin ephèmere qui les ravit, nous ravit. Doivent ils pour cela être diplomé ?

- il n'y a de plus aucun intérêt économique à réglementer sauf pour quelques malintentionnés ayant envie de récupérer un art a leur profit pour faire des sous ou satisfaire leur ego.

"L'idée d'un blog ou d'un groupe de discussion tend à s'imposer pour parfaire les échanges et préparer à une table-ronde" dit Claire Prouhet qui a été l'une des premières à réagir à l'enquête de Christophe Appril.

Si vous partagez notre idée qu'il ne faut pas réglementer, répondez à ce mail  par :
- Non, je ne veux pas qu'on réglemente
- Oui, je veux qu'on réglemente
avec vos commentaires si vous le voulez dans les deux cas.

Dès que le blog sera crée (pas par nous, car nous n'avons pas les compétences pour ce faire) nous ne manquerons pas de vous en donner les coordonnées

Bien amicalement,

Robert, Raquel, Laurence

--- message de Marion (15/02/2008) :

non à la réglementation pour les mêmes raisons que vous invoquez qui sont excellentes
comment réglementer une danse qui vient de l'intérieur? comment réglementer un chemin qui se fait en marchant? le poéte a-t-il un diplôme?
marion

PS: Christophe fait cette enquête pour s'entretenir sur un vide juridique!
bises à tous

--- message de Claudio (13/02/2008 11:57:25) :


Bonjour!
 
Non, je ne veux pas qu'on réglemente 
 
Muchos hablaran en su nombre, pero sus frutos le reconoceran...
 
Claudio

---- messag de Alma Tanguera (12/02/02008 22:54:15) :

Non, je ne veux pas qu'on règlemente.
 
Marie
Alma Tanguera
 
--- message de Christian (12/02/2008 16:45:55) :

Bonjour

Pour moi,danseur depuis seulement un an et quelques mois, je ne crois pas une seconde qu'un diplôme puisse m'aider à choisir mes professeurs, ceux qui vont m'aider sur le chemin qui me conduira au tango qui me correspond.

Non, pour cela je me fierai à mes sens et corrigerai mes éventuelles erreurs au fil de l'eau.

S'il faut absolument que des profs soient certifiés, pourquoi pas, SI cela ne constitue pas un condition pour enseigner ?
Qui n'a constaté dans la vie de tous les jours que tous les psychologues patentés ne sont pas "psychologues", que tous les enseignants ne sont pas pédagogues, et que les gens passionnés nous apportent parfois plus que les professionnels ?

A l'évidence, ce n'est pas une règle mais qu'on nous laisse la liberté de choisir ! le tango est une affaire très personnelle qui mourrait d'être codifiée à l'extrême.

--- message de Marie-Christine (12/02/2008 12:51:33) :

En fait il faut réglementé oui et non,

réglementé: parce que il ya trop de personnes qui au bout de deux ou trois cours s'inventent professeur, avec pédagogie dérisoire et enseignement n'en parlons pas!! qui font des tarifs a cassé ceux qui vivent de la danse et qui enseignent aussi le tango argentin non réglementé: parce que vous avez raison que le tango ne nous appartiens pas et que c'est une façon de vivre, de ressentir la musique, la personne que l'on a dans ses bras, l'environnement et tant de choses plus profondes..

En tant que professeur et enseignante de toutes les danses (loisirs, country, sportives.. je dis et demande à mes élèves de tango argentin de ne pas venir à ces cours en attendant la même approche que dans les danses tres structurées. Je leur parle d'eux, de leur personnalité, de leur physique, que nous leur transmettons des figures multiples et que c'est à eux ensuite de les faire et les interpreter comme ils les ressentent.
 
Marie Christine

--- message de Philippe (11/02/2008 23:50:32) :

je suis à 100% de cet avis: une réglementation/certification me parait inutile et même dangereuse pour la vie des associations. Préservons autant que possible les derniers espaces de liberté qui nous restent dans notre société!

Je ne suis pas "certifié"; j'anime bénévolement des "ateliers" tango depuis 1991 dans un cadre associatif; je prends encore humblement et très régulièrement des cours avec les pro du circuit tango; je ne porte aucun jugement (au moins public) sur tel ou tel "enseignant" de tango; alors où est le problème?

Philippe
Association le 8 Renversé

--- message de Jean-Michel (11/02//2008 20:09:39) :

Bonjour en tant que danseur, en tant que responsable artistique d'une association de tango argentin,
en tant que passionné de tango argentin je suis résolument contre toute réglementation du tango argentin.

--- message de Jacques (11/02/2008 19:42:57) :

Je suis complétement opposé à une quelconque réglementation du TANGO ARGENTIN
car je partage entièrement la définition que vous en faites.
Je suis prêt à entrer dans la clandestinité s'il le faut !!!

Cordialement à vous
Jacques

----- message de Jean Baptiste (11/02/2008 13:22:16) :

Brouuu , quelle horeur
Merci de ne pas encourager une "règlementation du tango" ( on serait le seul pays où c'est "règlementé), quelle idée nulle

:-)
Jean-baptiste

---- message d'un danseur non enseignant (11/02/2008 18:40:04) :

concernant votre pensée sur le tango je la partage entièrement ceux qui pense différend n'ont rien compris Une règlementation codifie un enseignement et cela voudrait
dire que tout le monde doit danser quasiment de la même façon

------ message de Roselyne (11/02/2008 11:31:15) :

bonjour
Moi, je ne suis pas pour l'enfermement du tango argentin car cela va a l'encontre de la phylosophie même de la pratique de cette danse  , et je l'ai déjà dit à [...anonyme 1...]  , par contre je ne peux pas laisser [...anonyme 2...]  sans reaction quant à ses propos sur ses compétences uniques en france en matière de tango argentin
  
Don on ne pourra pas éviter d'en parler  il faut accepter le principe d'un débat ne serait ce que pour dire que l'on ne peut pas mettre le tango Argentin dans un carcan comme on ne peut pas mettre un moineau en cage. et il va falloir que cela soit expliqué, quelque soit le mode de transmission, et je ferai le parallele avec la famille : il n'existe pas de diplome pour être parents chacun transmet ce qu'il pense être bon pour sa famille et à la limite je pourrait dire que j'ai appris le tango dans ma famille et que je transmets à mes enfants ce que j'ai appris.  .
 
alors organisons le débat et que tout le monde s'exprime et surtout les propriétaires il y a quelques années ce meme sujet avait surgit à Paris  ....sans suite..... et s'il faut toucher du doigt l'exception  de cette danse faisons le une bonne fois. c'est mon avis de danseuse de tango amoureuse  et respectueuse de la culture argentine 

Roselyne

---- message de Gérard (11/02/2008 17:01:05) :

Une ancedote.

Il y a quelques années, je discutais un soir de milonga avec un danseur de ma connaissance - nous avions débuté ensemble avec le même prof - qui me demandait comment s'était passé le stage de l'après - midi : j'y participais comme élève, et lui n'avait fait que rester un moment en spectateur.

Je lui disais ma satisfaction, et devant ma détermination à poursuivre ce stage le lendemain, il s'étonnait et me mettait amicalement en garde, tenant le prof pour un vague escroc, infortuné argentin expert dans le discours mais avare dans les figures enseignées. Il est clair que se confrontaient là deux conceptions du tango, et partant, de son enseignement, que seule l'épreuve de la piste, et non quelque table de la loi, pouvait trancher.

Pour finir mon histoire, je ne livrerai pas le nom du tanguero suspicieux, et qui sait peut - être plus avisé que moi, car il danse toujours dans nos milongas avec un style très personnel que les années n'ont fait que mûrir. Mais je peux livrer le nom du professeur dont la prestation faisait débat, puisqu'il nous a hélas quittés depuis : Carlos Gabito.

On reparlera plus tard de cet intéressant sujet.

---- message de Bernard et Carole :

Oui Robert, nous sommes complètement d'accord avec toi!
Bernard et Carole CASA DE TANGO

---- message de Joëlle :

non pas de réglementation!!!
je suis attentivement les échanges et partage votre point de vue et celui de claire
le débat reste ouvert, pertinent et nécessaire, une liste de discussion relayée sur un blog bienvenue...
à vous lire, Joëlle.

----- message de Gaby :

Non je ne suis pas pour une règlementation.

Tout étudiant a rencontré lors de son parcours scolaire des enseignants de qualité et des enseignants qui ne savaient pas enseigner.
Or dans les 2 cas il y a un diplome (dans plus de 90% des cas).
Il existe des profs "connus " qui pour moi ne savent pas enseigner, et de malheureux inconnus qui enseignent très bien.

Une règlementation n'aurait pour conséquence que d'uniformiser le tango... ce qui est, pour moi, contraire au tango.
De plus s'il devait y avoir un diplome, il faudrait désigner les membres du jury, c'est à dire des personnes qui pensent détenir la vérité sur le tango et sur comment l'enseigner... en existe-t-il une? chacun a son propre tango! diverses approches sont valables...

Cordialement
Gaby

----- message de Michel :

A quand une réglementation européenne...mûrement réfléchie par de hauts fonctionnaires qui n'ont jamais mis les pieds sur une piste.

Est-ce les enseignants des autres pays de la CEE pourront enseigner en France (Dans la mesure où le diplôme n'exterait pas chez eux !)
Finalement on en revient à l'époque où en France on a commencé à vouloir coder le tango (Salida...etc)

Alors tu y réfléchis bien OK ?

A bientôt
Michel

---- message de Michel Gabis :

Estoy de acuerdo.
QUE ES ESO DE REGLAMENTAR UN ARTE INFINITO
Los que necesitan de eso es que tienen una creatividad muy corta.
Imposible de repertoriar/clasificar/reglamentar y otorgar un TITULO.En base a que y quien es quien para poder hacer un juicio asi y otorgar un poder de Maestro.....
Por favor dejen al TANGO tranquilo.
Hagan de Corazon y con conciencia y sobre todo con Franqueza la transmision de este ARTE.
Miguel Gabis

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17. Position de Marseille Tango sur la discussion Diplome de tango

La position de Marseille Tango et de la Real Academia :

D'abord, nous n'avons rien à voir avec le Ministère de la Culture, ni l'enquête en cours sur les enseignants en danse. Nous avons même été désagréablement surpris, juste après le lancement de notre Institut, de recevoir cette soit disant "enquête", et d'en apprendre les finalités.

Ensuite, nous sommes farouchement opposés à toute certification étatique du Tango Argentin par une quelconque organisation administrative en France, et ce pour plusieurs raisons.

- SUR LE FOND : la force du Tango Argentin est de pouvoir évoluer constamment, et toute forme de réglementation quant à sa forme ne pourrait avoir que deux conséquences : UN, figer le Tango, si elle était appliquée, et à terme le faire mourir, ou DEUX, faire que la France soit une sorte de sanctuaire d'une forme particulière de la danse, "photographiée" à un instant "T", isolant notre pays, alors que le reste du monde continuerait à évoluer.

- SUR LA FORME : le grand problème des "sociologues", et l'énorme mal qu'ils ont pu faire dans notre pays, patrie de la réglementation centralisatrice, est de mener des "enquêtes" qui se veulent nationales, mais qui par obligation des moyens se résument le plus souvent à du papier et à des dossiers bien épais et bien verbeux, mais bien éloignés également de la réalité du terrain. Il faut être, au choix, stupide, inconscient ou totalement incompétent, pour croire que les personnes, qu'ils soient en associations ou sous forme professionnelle, vont répondre à une enquête leur demandant leur nombre d'élève et les tarifs pratiqués ! On dirait un audit des services fiscaux. Les réponses seront évidemment totalement fausses ou inexistantes, l'enquête sera fausse également, et la loi qui en découlera inadaptée, donc non appliquée.
Le Ministère de la Culture devrait le savoir, déjà totalement incapable de faire appliquer la loi sur l'enseignement de la danse de 1989, et ayant eu pas mal de déboires, au plan juridique, avec les professionnels de danses de couple lors de tentatives antérieures du même genre (le dossier dort et ressort sans arrêt depuis plus de quinze ans).

En ce qui concerne la Real Academia : l'objectif est de permettre à des personnes qui veulent pouvoir se former rapidement, d'accéder à un travail pédagogique cohérent, de près de dix ans de réflexions menés par plusieurs personnes, sans avoir à courir des stages, qui ne répondent pas forcément aux attentes et sans liens entre-eux ni ordre chronologique logique. Le but n'est pas de "certifier", ni à fortiori de "normaliser" le Tango, ni enfin de mettre en place une quelconque forme '"obligation". Au contraire la
multiplication des intervenants, et le passage obligé par Buenos Aires sont la garantie de la diversité et de la capacité d'évolution de l'enseignement proposé. Quant au diplôme, il n'a pas vocation à réglementer, il est simplement la preuve que les élèves ont suivi la formation et atteint le niveau requis. La meilleure défense du Tango, serait que d'autres initiatives du même genre explosent dans les autres pays de la communauté, rendant inappropriées, dans le cadre Européen, les visées du Ministère.

Pour information, il y a plusieurs formations du même type en Danses de Salon et en Salsa, et tout le monde s'en porte bien, sans crainte d'aucunes sortes dans les milieux concernés. Il semblerait d'ailleurs que Claire Prouhet soit passée chez Christian Dubar, Institut de formation privé en danses de Sociétés, et ce, sans problème.

En conséquence, il me semblerait dans un premier temps souhaitable :

1. de refuser de répondre à l'enquête du Ministère
2. d'écrire au dit Ministère pour exprimer toutes ses réserves sur l'opération en cours.

3. Enventuellement se réunir dans des "assises" pour en discuter.

Enfin, il faut absolument remercier Monsieur [... anonymat...] d'avoir tenu au courant des projets du Ministère, les collègues tangueros et d'en avoir parlé avec eu avant de se lancer dans la dite enquête. !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Au moins il aurait pu nous tenir informé, avec franchise, des conséquences possibles, et des projets du Ministère. Arrières pensées de promotion personnelle dans une future cellule de réglementation administrative ? Envie de "se placer" aurpès du Ministère ?
On pourrait se poser la question, mais "Honni soit qui mal y pense" !
Restons zen ...

Cordialement à tous
Dominique LESCARRET

P.S.
Les organisations professionnelles de danse de couple montent au charbon contre le projet, et sont déjà en action auprès du Ministère.
Le Tango n'est pas seul concerné dans l'affaire.
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15. Proposition d'une réflexion collective à Marseille par Benoit

[Mail envoyé à quelques destinataires de Marseille et rediffusé par la suite]

Bonjour à tous,

ces derniers temps se sont produits un certain nombre de faits qui ont déclenché un début de réflexion sur l'enseignement du tango. Voici un résumé pour ceux qui ne sont pas encore au courant:

1/ Début septembre 2007: annonce de la création d'un centre de formation de professeurs de tango par l'association "Marseille tango"

2/ Début décembre 2007: début d'une enquête du ministère de la culture sur l'enseignement d'un certain nombre de danses dont le tango argentin. Cette enquête vise à faire un état des lieux, histoire d'évaluer l'importance de ce secteur, pour éventuellement réfléchir à une éventuelle certification des enseignants. Christophe Apprill fait partie des personnes chargées de l'enquête et à ce titre nous a envoyé en janvier un formulaire à remplir pour quantifier nos activités.

3/ Le même formulaire a été envoyé à d'autres associations de tango en France et la semaine dernière, Claire Prouhet a fait une réponse publique à Christophe diffusée assez largement (une 30-aine d'associations) et a lancé une discussion sur le sujet en évoquant la possibilité de tenir des assises du tango en mars / avril 2008.

LE SUJET vaut la peine que nous nous en préoccupions pour les raisons suivantes:

- l'intervention du ministère signifie que le monde de la danse à deux commence à devenir significatif sur le plan économique et la conséquence est presque inéluctable: il y aura une certification de prof de danse à 2, danses parmi lesquelles le tango argentin ne pèse pas bien lourd en terme d'audience (3000 personnes à une grosse soirée salsa à Marseille, 300 personnes à une très grosse soirée tango).

- les risques d'un encadrement sont de plusieurs ordre:
-le premier risque est un risque fiscal car toute activité économique, vu depuis l'Etat, doit se traduire par des retombées fiscales. Cette évolution probable succède à la remise à plat du statut des intermittents d'il y a deux ans.
- le second risque est beaucoup plus grave, car tout système de certification conduit naturellement à édicter des normes, seuils etc... et le tango argentin que nous défendons ne résistera pas à une telle moulinette.
- les autres risques sont entre autres des risques perso de ceux qui commencent à grenouiller dans le milieu

Clairement, la certification menace beaucoup plus les profs de danse de salon que ceux du tango argentin, ils n'ont aucun diplôme alors que le public concerné est bien plus grand.

LA SITUATION n'est pas désespérée et le tango n'est pas la seule activité de danse qui est à ce point de réflexion. En effet, une étude réalisée par la région PACA en 2005/2006 a conduit a proposer une référentiel de l'enseignant des danses non réglementées.

La lecture attentive de cette proposition est très intéressante car elle montre ce que peut être une certification et ses attendus sont très utiles à lire car ils donnent les raisons de fond pour la mise en place d'une certification: en tant que prof pour avoir un statut, en tant que dirigeant d'assoc pour avoir un repère sur la valeur des profs, en tant que collectivité locale pour savoir à qui on donne des subventions : voilà pourquoi il y aura inéluctablement une certification à mon avis. Faisons en sorte de limiter les dégats sur le tango argentin lui-même car les bons profs ne sont pas menacés.

Un autre exemple est intéressant: les danses dites traditionnelles (françaises) passent également par les mêmes interrogations mais elles ont déjà mis en place des réponses pour éviter de tomber sous la coupe d'une réglementation stérilisante. En particulier, elles se sont mises en position d'assurer elles-même la formation de leurs profs. Si le tango à Marseille devait passer par là, je préfèrerais intervenir pour que ce soit fait avec vous plutôt que de rester à contempler le massacre.

QUE POUVONS-NOUS FAIRE à notre niveau ? Ce qui suit est une simple suite d'idées personnelles qui peuvent évidement être discutées, contredites, améliorées etc. mais il faut bien commencer un jour.

- tout d'abord, on peut se demander pourquoi on agit dans le monde du tango: pour en vivre ? pour faire vivre quelqu'un d'autre ? parce que le tango est une pratique sociale (bals, milonga etc.) où on rencontre des gens ? parce que le tango est une danse et qu'on est soi-même un(e) danseur(se) professionnelle ? etc...

- on peut aussi faire l'avocat du diable et se mette à la place du "certificateur": qu'est ce que nous faisons quand nous embauchons un prof de tango ? quels critères nous font choisir tel ou tel intervenant ? en mettant ensemble tous nos critères, nous aurions déjà une grille et on aura dépassionné le sujet etc, etc.

- on peut voir ce qui a été fait dans les autres domaines (exemple cité plus haut des danses traditionnelles, ou quel a été l'effet de l'instauration de la réglementation des danses classique, jazz et contemporaine: tout le monde hurlait il y a 15 ans, qu'en est-il maintenant ?)

- on peut voir aussi ce qui est fait en Argentine, ils doivent bien avoir le même problème (j'ai entendu parler de l'école DINZEL et du groupe de Graciela Gonzales, y en a-t-il d'autres ?)

- on peut faire l'exercice terrible qui consiste à faire plus bête que bête et à décrire ce que serait un tango "normalisé". ce n'est pas pour vous choquer, mais c'est pour être en mesure de détecter les glissements dans les raisonnements qui pourraient conduire à la normalisation du tango. Vous me direz qu'il suffit d'aller voir un cours de tango de salon pour le comprendre, je suis complètement d'accord, mais comment décrire cette différence ? ceux qui dansent le tango de salon ont exactement le mêmes mots que nous pour décrire leur tango, et pourtant ça n'a rien à voir.

- On peut au contraire se mettre à rêver: Que ferions-nous si nous recevions un gros paquet de sous (subventions européennes par exemple) à la seule condition de mettre en place une formation de tango et une formation de prof de tango ? Mettre en place une formation consiste à définir un programme, un planning etc... toutes chose que les profs parmi vous font naturellement mais qui n'est pas formalisée. Que conseillerions-nous à votre gamin qui veut être prof de tango ? etc...

IL SE FAIT TARD CE SOIR, si on se mettait autour d'une table pour parler de tout ça, ça serait peut-être utile. Dernière semaine de février ? un jour avant la réunion de la Rue du Tango ? A l'académia chez Marion ?

A très bientôt, si on veut tenir le dates de Claire Prouhet.

Benoit de Gentile

ps: je peux vous envoyer tous les documents qui sont cités plus haut.
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12. Point de Claire sur les réactions à sa réponse du 6 février

 [ndlr: ce message est anonymisé en attente de l'accord des personnes citées]

Merci chaleureusement à tous ceux qui ont réagi à mon message : il fallait ouvri une porte, c'est fait !
Ce message avait la vertu d'alerter sur une "menace" qui se profile, et il a déclanché vos multiples réactions, réflexions, ... et il avait aussi le défaut de ne pas être complètement clair pour beaucoup : de quoi on parle exactement, qui est [... anonymat...], quelle est cette enquête  ?
 
à l'intérieur du message il y a une critique portée à l'enquête que mène [... anonymat...], .
[... anonymat...], (danseur, enseignant de tango mais aussi chercheur, et auteur de nombreux livres/articles sur le tango et les danses de société) agit au sein d'une équipe de chercheurs et réalise une enquête commandée par le Ministère de la Culture  / cette enquête est un recensement des modes de fonctionnement des assos qui proposent des cours de danse (africaine, tango, salsa,..) en vue d'un état des lieux, et d'un projet de certification professionnelle adapté à ces secteurs. Il était difficile de répondre car précisemment les questions des diplomes étaient au coeur du questionnaire, comme par hasard ! bref une enquête très orientée et qui ne laisse aucune place à nos façons à nous de diffuser le tango, de le transmettre, de contribuer à sa vitalité !
Certains ont répondu à cette enquête , d'autres pas !! beaucoup ne l'ont pas reçue !  je ne connais pas ses critères de sélection (peut-être son fichier tango n'était pas à jour tout simplement, ou peut-être avait-il des critères précis à respecter ??) Bref si certains souhaitent recevoir cette enquête je pense qu'il serait bon qu'elle soit diffusée, car cela concerne le monde associatif de la danse, des danses , celles qui n'ont pas encore subi la coupe réglée de la règlementation en matière d'enseignement, dont le tango !
 
A l'intérieur de mon message, il y avait, séparemment, la critique de cette ouverture  d'un Institut de Formation à Marseille (voir sur Internet http://www.marseilletango.fr/ ) par des personnes qui enseignent le tango dans une asso, et qui proposent sur le modèle des danses de salon , un parcours de formation marathon, avec un diplome au bout ! EDIFIANT !
Ils prennent les devants (avaient-ils senti le vent venir ?)  avec la bénédiction des pouvoirs publics. DANGER, Commerce et opportunisme réunis...
 
Voilà, si la Communauté Tanguera et en particulier tous ceux qui sont concernés par l'enseignement quel que soit leur statut (bénévoles , salariés...) , si tous ceux qui aiment cette danse se mobilisent  pour ne pas laisser cette grande réflexion entre les mains d'autres gens , nous réussirons peut-être à influer sur cette  question du diplome pour l'enseignement et à faire valoir la spécificité de cette  danse qui échappe par son essence, son histoire, ses modalités de transmission à toute codification rigide et académique et qui reste une danse populaire,  une danse sociale mouvante qui doit sa survie et son évolution en France au terreau associatif, et à la persévérance de beaucoup de passionnés !
 
Je vous transmets donc ce matin le message que j'ai reçu de Marion, Academia del tango à Marseille, qui m'a fait part d''une proposition à débattre : la réflexion doit être nationale et doit aussi rayonner en Argentine, et dans les pays voisins, il faut impliquer tous les professionnells dans le tango, toutes les assos qui donnent des cours, et dépasser les querelles de style, et de forme, pour aller vers une charte commune, et défendre cette danse d'une seule voix !
 
CLAIRE PROUHET
 
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11. Proposition d'une réflexion collective par Marion (Académia de tango argentino, Marseille)

Je suis tout à faire en accord avec ce que tu dis .. (et nous sommes plusieurs ).........et tu n'as pas vu l'article de la Provence où il fut dit que ce diplôme permettrait à un danois de danser avec un chinois................Nous avons failli répondre dans la Provence férocement mais nous avons décidé que cela irait à l'encontre de l'effet que nous voulions produire! Nous fédérer et faire une réponse collective mais bien menée avec un impact national

Une table ronde avec argentins et français pour montrer que ce diplôme n'existe pas en argentine! Il est une pure invention [....].

Il est vrai que le mundial de tango à BAires avec ses sélections a déclenché ce processus! Qui sera capable de sélectionner? En France la réponse est immédiate:Un diplômé.........

Nous devons démontrer que le simple fait d'aller dans cette voix est une atteinte à la culture du tango argentin authentique!
Nous devons nous élever contre toute croyance qui consistera à dire qu'un diplôme te donnera le permis tango comme on a le permis moto ! les argentins eux-mêmes ne s'y sont pas risqués pour la simple raison que l'on ne peut pas codifier une transmission orale! On ne touche pas au sacré! On ne codifie pas la vie!

Mais pour cela il faut que les argentins s'y mettent aussi..........Malheureusement pour des raisons économiques on trouvera toujours des personnes capables d'accepter les pires compromis!

Nous ne devons pas laisser faire.........et j'utilise ton e-mail pour lancer le débat et une proposition

Nous avons le projet au sein de la Rue du tango d'ouvrir un axe de réflexion sur la problématique de la formation et de la certification. C'est une question à laquelle le ministère de la culture et les fédérations, agences départementales et régionales Musique et danse s'intéressent depuis quelques temps. Le ministère a lançé une consultation sur le danses non-réglementées, et [... anonymat...] fait partie de l'équipe qui a remporté l'appel d'offres. Pour lui le débat doit avoir lieu en interne au sein des acteurs de chaque danse et ensuite porté à la connaissance du public.

Nous devons nous unir, réfléchir tous ensemble!

Ma proposition est la suivante! Puisque [... anonymat...] est en charge de ce sujet

Une idée serait de correspondre par e-mail, chacun envoyant à tous ses réfléxions
Nous en tirons une charte commune!
A une date précise nous organisons (au même moment ) dans nos villes respectives une table ronde pour informer le public
[... anonymat...] aura ainsi matière à fournir au ministère

qu'en pensez-vous?
amitiés
marion ouazana (je dirige l'academia del tango argentino de marseille )
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7. Réaction de Stéphane

Bravo Claire, Je suis avec toi de tout cœur. Tu peux compter sur ma présence s'il y a une action à mener. Ils ont déjà dénaturé le Tango de par le passé en mettant tout dans des cases et des boîtes, en standardisant et en normalisant ce qui a donné ce tango ridicule qu'on voit dans les danses de salon. Moi, je dis non merci. Personne n'est en droit de décréter qui à le droit d'enseigner et encore moins s'il s'agit d'une instance officielle.

Merci d'avoir attiré l'attention sur le sujet.

Bises
Stéphane
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6. Réaction de Elisabeth (Todo tango, Montargis)

Chère Claire,
et à touts ceux qui, par le biais du mèl, liront

merci tout d'abord d'avoir mis copie de ton mail aux assos afin que le débat s'ouvre,

j'ai pour ma part été très réservée et très méfiante par rapport à l'enquête diligentée auprès de [... anonymat...] par le ministère de la Culture. Le climat politique dans lequel nous baignons depuis qqs années et plus, depuis qqs mois, me rend certainement parano, mais je connais des fichiers de renseignements qui, par le passé, ont servi à l'Administration pour ses pires besognes...... et il n'est besoin de retourner jusqu'à la période de Vichy pour trouver des exemples, ceci parle peut être à certains d'entre vous.

Méfiance aussi très vite, de notre très chère professeur et maestra.

Nous avons donc téléphoné chacune à notre tour et parlé à [... anonymat...] pour lever les doutes, et j'ose avoir pleinement confiance en ce chercheur et amoureux du tango. Les fichiers ne seront pas transmis à l'administration sous aucune forme.
Après, à nous de faire confiance en leur travail et intégrité.

Il est certain que derrière cette enquête, se trouve la volonté de régenter normaliser l'univers des danses sociales, et du tango argentin "évaluer les besoins de certifications" disent-ils au Ministère?

Il est certain aussi que le modèle associatif dérange et qu'on lui tordrait bien le cou, trop social, trop insaisissable comme tu dis Claire.
Mais attention! Combien de structures loi de 1901 sont ou on été des paravents pratiques pour salarier dirons-nous "quidam tenant les ficelles de la trésorerie et des activités"????? Aïe , il ne faut peut être pas le dire.... Pourtant....... Allez vite! Des noms! Des noms pour les jeter en pâtures à qui de droit...... Bon comptez pas sur moi.

Pour en revenir à la certification, là mon sentiment est partagé, je pense à une amie prof de salsa qui rame pour que ses compétences soient reconnues, et finalement ne peut pas vivre de sa passion pour la danse, elle fait finalement la plonge dans un salon de thé pour compléter son salaire; je pense à la prof de danse classique de ma fille, danseuse en compagnie qui rame beaucoup moins depuis qu'elle a son BE et la possibilité de travailler pour les écoles de danse (ou les écoles tout court). Alors je me dis que des exemples comme ça il y en a certainement des centaines et que ce serait peut être une bonne chose qu'il existe une reconnaissance officielle: ça mettrait peut-être un frein aux arnaques de tous poils que l'on voit fleurir sur les pages des magazines de tango, sur les sites et les flyers dispersés au vent...... Finalement ça permettrait peut être à certains de manger moins souvent des patates et de la vache enragée.

Et puis je lis tout ce que tu écris sur le monde associatif, ce qu'il a apporté, en particulier au tango qui est, il est vrai un monde à part. Et là je commence à me dire que non, vraiment, pour le tango argentin il ne faut pas tendre vers ça.

La spécificité de son enseignement par ses pairs, sa transmition entre l'élève et le maître est trop belle et trop mystérieuse pour qu'on s'assoie dessus? Qui, de l'un, choisit l'autre? Le maître choisit-il son élève? Ou l'élève, son maître? Ou qq chose de subtilement intermédiaire, il y a là trop d'alchimie, de poésie, cela touche trop profondément à l'humain, pour que soit "réglementée" par des décrets et des circulaires d'application, cette transmition d'un savoir ô combien difficile à acquérir.

D'ailleurs qui se dirige vers ces cours ou ces formations qui vous disent à grand renfort de publicité "devenez prof de tango" comme on peut lire dans les magazines télé "devenez secrétaire médicale" ? (Voir la salida de ce mois-ci il y a un exemple criant: et d'ailleurs une des formations dignes de ce nom, n'a pas choisi la pleine page mais l'encart plus discret, suivez mon regard). Ceux qui ont compris l'essence du tango et qui un jour auront la volonté, le projet et la possibilité de se professionaliser savent bien à quelle porte frapper. Ce n'est pas toujours celui qui a le plus beau ramage qui vous habillera du plus beau tango!!!!! Les autres, vous mettront un beau plumage : stass paillettes et pédagogo et récupèreront votre fric. Que celui qui n'a pas la "guita" se casse il est indésirable en ces lieux.

Alors oui évidemment ça m'agace en tant que tanguera et responsable d'assos de voir que bcp préfèrent faire du fric avec le tango.
Oui ça m'agace de voir qu'il y a des gens qui se parachutent profs sans en avoir la légitimité, ni la reconnaissance de leurs pairs (d'ailleurs j'enrage car dans ma bonne toute petite ville j'en ai au moins deux comme ça).
Oui ça m'agace tous ces rapports de fric. Et pourquoi pas un jour la cotation en bourse de la meilleure école de tango dont les résultats seront proportionnels à la limitation de leur personnel encadrant - car dans cet univers on ne parle plus de maîtres et encore moins de maestro et d'élèves mais, de personnel encadrant - vachement militaire non?

Et oui, je fais partie d'une assos loi 1901 à but non lucratif et dont l'objectif est de diffuser cette culture portègne, alors la seule chose que je puisse faire est de garder une éthique, de ne pas me faire complice des plans frics, de ne pas aller vers la surenchère pour que cette assos devienne une "grosse" assos, dans l'unique recherche de l'élitisme, ne pas oublier que le tango vient d'où il vient: la rue et la milonga et pousser dans ce sens. Celui de l'humilité. Tant pis pour la gloriole et la cotation en bourse.

Tous ceux qui au sein de leur assos ont tant oeuvré pour soutenir des artistes, développer toutes les formes d'art liés au tango, sont descendus dans la rue pour qu'il sorte de l'ombre, doivent bien comprendre ce que je veux dire.

Et enfin au delà de ton coup de gueule légitime Claire, finalement tout reste à inventer, si nous ne voulons pas que fleurissent les usines à fric, à nous aussi de ne pas faire du tango argentin une discipline réservée aux tangue euros en pratiquant des prix prohibitifs pour les bals, les stages et cours sinon forcément les avions renifleurs de monnaie descendront en raid serré sur les parquets; à nous de rester dans l'esprit associatif qui est de ne pas faire de bénéfices mais d'équilibrer les comptes; à nous aussi de trouver l'équitable milieu pour rétribuer justement tous les artistes, intermittants ou non, qui travaillent avec nous et à nous de demander un juste prix à tous ceux qui se sont épris de cette danse et qui n'ont pas tous de gros budget.

A nous d'inventer le creuset de demain qui verra se cotoyer et se former les maestros, les milongueros et les danseurs professionnels ou amateurs dans une sincère coopération. Cette "école coopérative" est à inventer, à rêver peut être, pourquoi ne pas rêver de la financer nous même avec ce qui reste dans le fond de nos comptes associatifs. Et oui ce serait un modèle gênant encore, pour tous les faiseurs de bénéfices, avocats de la libre entreprise et législateurs de tous bords.

Finalement comment faisait Pugliese?


Tout ça pour dire qu'il faut "vigiler" c'est une expression que Barbara avait dans le grand combat silencieux qu'elle a mené. Quel rapport avec le tango? Qu'en fait, pendant plus de 20 ans beaucoup d'amoureux du tango ont travaillé dans l'ombre pour que cette culture ne meure pas et se diffuse comme tu le dis Claire, dans toute l'Europe, alors il nous faudra peut être aussi continuer à être prudents, vigilents, combatifs et inventifs pour que notre tango que nous aimons tant, ne perde pas son âme à l'heure où il connait un boum digne de l'âge d'or et qu'il pourrait se retouver côté en bourse!!!!.

ELI, ASSOS TODO TANGO MONTARGIS
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3. Réponse publique de Claire à l'enquête

Réponse à l'enquête conduite par [... anonymat...] (commande du Ministère de la Culture) que vous avez peut-être reçue et qui concerne le fonctionnement des associations de danse :

Cher [... anonymat...], et chère communauté tanguera dans son ensemble,

J'ai répondu à ton enquête policé, mais néammoins "'policière" et on sent bien pointer la volonté de "légalisation" de l'enseignement des danses à deux , quitte à mettre tout dans un même panier, et évidemment on sent aussi que par ce biais, on atteint le monde associatif, trop "insaisissable", multiple et pas assez transparent !

Et comment répondre à des questions qui s'adressent visiblement à des Ecoles de danse, et ne tiennent pas compte de la spécificité du fonctionnement associatif et amateur dans le tango ?

Mais en ce moment ce qui me gêne le plus, c'est qu'une association dépourvue de toute autorité en la matière, dépourvue de toute légitimité, dépourvue de toute reconnaissance, dépourvue de tout "diplome" (puisqu'il s'agit de cela) puisse "s'autoproclamer" CENTRE DE FORMATION POUR PROFESSEUR DE TANGO dans ta bonne ville de Marseille, et que de surcrroît on leur ait délivré un agrément formation : ça c'est du n'importe quoi, et j'espère que nous pourrons le manifester haut et fort . S'il faut être muni d'un diplome bidon pour enseigner, et que ce diplome coûte exactement la modique somme de 4500 euros, c'est vraiment une arnaque terrifiante au regard de tous ces danseurs qui depuis 10 à 20 ans sont professeurs de tango et ont permis sa diffusion dans toute l'Europe, ont formé un nombre innombrable de danseurs amateurs, dont certains sont devenus à leur tour professionnel : que fait-on de ces parcours exceptionnels ? Que fait-on de ces savoirs qui se transmettent avec générosité et passion ? que fait-on de ces pédagogies et approches diversifiées bâties empiriquement sur l 'expérience et l'analyse de cette danse et dont les résultats sont au rendez-vous ? Que fait-on de ces investissements batis sur la durée, sur la recherche, sur la pratique et l'apprentissage permanent dans le sillage des maestros ? Peut-on nous faire avaler à nous qui la pratiquons depuis plus de 10 ans, qu'elle peut s'apprendre en 15 semaines ? et qu'en ce même délai on peut aussi pour le même prix, devenir à son tour Maestro, et ouvrir sa boutique ??

Bref, il y a surement un public (peut-être dans les danses de société) pour s'imaginer et se bercer de l'illusion que la tango argentin s'apprend aussi vite qu'un chachacha ou une valse viennoise : cette danse sera ainsi une fois pour toute assimilée à une danse de salon.

Il faut dénoncer cette commercialisation d'un pseudo-diplome , mais s'il faut vraiment entrer à coupe de pied au derrière, dans l'ère des "Académies" "Ecoles" "Centres" dont on a pû se passer jusqu'à maintenant, eh bien j'espère que naitra en France des choses sérieuses dans le domaine de la formation, avec des références pédagogiques reconnues, qui laisse une large place à la diversité des approches, des styles et ouverte sur la création contemporaine. Nous avons le potentiel !!

Voilà ce que je tenais à exprimer,

Claire Prouhet (copie aux associations)
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