mars 2008

[temps du tango] Il n'y a pas que les assos, par Stéphane

[repris depuis le forum du temps du tango]

Bonjour,

Lorsque vous faites allusion au probleme, je trouve que le mot association revient un peu trop souvent.

Ce terme est d'abord une forme juridique et en soi, cela ne veut rien dire.

Les associations abritent souvent des ecoles de danse dont le tango qui ont opte pour cette forme juridique au lieu d'une autre.

Cette formule, particulierement prisee en France probablement pour des raisons d'image et d'un certain gout pour l'hypocrisie s'agissant des questions d'argent, n'en est pas pour autant la mieux adaptee pour enseigner. Beaucoup d'ailleurs fonctionnent a la frange de ce qui est legalement admissible menant une activite commerciale florissante en utilisant l'aura de l'atruisme associatif comme puissant vecteur de marketing sans etre soumis la plupart du temps aux contraintes sociales et fiscales.

Je ne vais trop m'etaler la-dessus, cela ne me regarde pas mais je dois dire que c'est loin d'etre la seule formule. En fait, c'est une relativement mauvaise solution pour un enseignant que de se mettre dans une forme associative sur le long terme et tout particulierement pour un enseignant qui se veut professionnel puisque c'est de cela dont il s'agit.

Il existe un grand nombre d'enseignants ou d'organismes d'enseignement qui sont en independant ou en societe. Toutes ces personnes physiques ou morales paient des cotisations sociales, des charges, et des taxes en tous genres.

Leurs voix ne sont pas entendues dans ce debat ou tout est rammene aux assos comme si elles etaient les seules parties-prenantes dans cette affaire. Il va de soi que je pense que c'est une grave erreur car cela ne correspond en rien ou que tres partiellement a la realite.

Il faudrait peut-etre creer une association d'enseignants de tango (la, oui dans une structure associative dont le but est de representer, de défendre, de promouvoir etc.) ou s'abriter dans de vraies associations existantes qui ont fait leurs preuves et qui sont credibles telles que le temps du tango pour que cette affaire puisse etre traitee avec tout le serieux et la representativite qui s'imposent.

Cordialement
Stephane
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42. [L-16] Re: Blog : Etonnement et adhésion, réponse de Christophe à Pierre

[Note du modérateur:
cette discussion commence à être hors sujet, ce message sera le dernier à être repris dans le "blog public", les suivants resteront dans la zone "archives". Bonne discussion et toutes mes félicitations pour la tenue des arguments.]

Bonjour à tous,

Je suis très étonné des arguments avancés par Pierre sur les biens fondés d’une étude. Que le savoir puisse être instrumentalisé par le pouvoir est un fait. Mais est-on en mesure de déterminer ce qui ne peut pas être instrumentalisé par le pouvoir ? Quant aux exemples, ils sont nombreux, depuis les Lumières, pour rappeler que le savoir et la connaissance sont des instruments, qui quoique manipulables, ont été mis au service du progrès dans l’histoire de la République. Un détour par l’œuvre de Michel Foucault, notamment « Surveiller et punir » (Gallimard, 1975), montre que les institutions organisent savamment une coercition, que seule une critique sociale fondée sur la recherche (c’est à dire la production de savoir), peut éclairer. La comparaison avec les débats sur la prise en compte de l’ethnicité est un peu légère, tout simplement parce que les missions du ministère de l’Intérieur et du ministère de la Culture ne sont pas du tout les mêmes.

Je tiens à rappeler l’indépendance de notre équipe de chercheurs. En ce qui me concerne, j’ai précisément travaillé sur la dimension associative qui caractérise l’histoire contemporaine du tango argentin en France. L’un des rares ouvrages sur cette question provient d’une de mes études : Le tango argentin en France, Anthropos, 1998. Elle s’est poursuivie par une recherche plus générale sur l’ensemble des danses de couple, publiée elle aussi : Sociologie des danses de couple, L’Harmattan, 2005. Dans ce dernier se trouve une bibliographie assez complète des travaux disponibles sur les danses sociales. J’ai également participé à l’ouvrage Danses latines, le
désir des continents (Editions Autrement, E. Dorier-Apprill, dir., 2000), ou figure d’ailleurs un article écrit à six mains avec Elisabeth Dorier-Apprill et Federico Rodriguez Moreno sur les mutations de la transmission du tango de ces dernières années. Enfin, parce que le tango est une danse dont certaines problématiques sont communes à d’autres danses, je recommande la lecture d’un ouvrage intéressant : Bruni Ciro (dir.), 1998, L'enseignement de la danse et après!, Sammeron, GERMS.

Pour le reste, je tiens à rester réservé, de façon à suivre la richesse des débats autour de ces questions.

Cordialement

Christophe Apprill
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41. [L-15] Re: Blog : Etonnement et adhésion, réponse de Pierre à Christophe

Bonjour,

Jusqu'à présent et faute de temps je n'ai pas participé au débat qui a été lancé grâce à l'heureuse initiative de ceux qui ont mis en place ce blog. En revanche, j'ai rédigé un petit article qui doit paraître dans la prochaine Salida où j'explique quelques unes des raisons pour lesquelles je suis, comme beaucoup d'autres, très en désaccord avec l'étude en cours.

J'interviens aujourd'hui sur le blog en réponse au courrier de Christophe et en particulier sur ce qu'il avance sur l'absence de risques que représente l'étude qu'il dirige. Selon lui "une étude n'implique aucun danger" et que "c'est l'ignorance qui est source de danger et de dérive".

Une telle assertion me laisse assez perplexe. On sait en effet que le savoir est fortement lié au pouvoir. Nous avons suffisamment d'exemples dans l'histoire qui nous montrent, par exemple,que c'est souvent le savoir qui a permis l'asservissement des populations. Aujourd'hui, une forte controverse existe en France autour du "comptage ethnique" refusé pour les uns en raison des risques de discrimination et souhaité par les autres pour mieux lutter contre le racisme. Un tel débat montre que les études ne sont jamais sans danger.

Cela dit, il ne s'agit pas de plaider pour l'ignorance. A ma connaissance, personne, dans le débat sur le blog, n'a pris une telle position. Par contre, la question est de savoir quelles connaissances on cherche à mobiliser. Qui a besoin de cette connaissance ? Pour quel usage ? En fait la question, puis les méthodes d'investigation, les outils mobilisés contribuent "mettre en forme la réalité" et à donner une certaine représentation de celle-ci (et en l'occurrence du tango argentin).

Or, c'est bien ce que je reproche à cette étude, c'est la question qui est posée et dont les conséquences (quels que soient les résultats) risquent d'être redoutable pour l'avenir du tango argentin en France et la façon dont on se le représente. La question de la "certification" oblige en, effet à penser le tango en terme "d'enseignement", de 'technique d'enseignement" et à terme de "codification éventuelle". D'où le questionnaire adressé par les sociologues sur les professeurs, le nombre de cours etc...Rien que cela est désastreux, surtout en raison de l'écho qu'a suscité ce simple envoi de questionnaires aux associations qui sont de fait assignées à ce positionner par rapport à cette question de l'enseignement. Or, depuis leur création dans les années 90, les associations ont cherché, de fait, à se dégager d'une approche "scolaire" du tango argentin pour aborder cette danse comme une "culture" (musique, poésie, danse, etc.) C'est pourquoi d'ailleurs, le tango argentin est aujourd'hui enseigné en dehors des écoles de danse et que de nombreuses associations, même si elles proposent de l'enseignement, font aussi bien autre chose. Les associations ne sont pas des "écoles de danse" ce à quoi les ramène finalement le questionnaire. D'où cette réaction à cette étude de tout ceux qui voient ainsi réduite l'approche qu'ils ont du tango, indépendamment du résultat de l'étude.

La réaction eut probablement été différente si la question initiale avait été par exemple : "Comment soutenir les associations pour les aider à préserver le tango comme culture populaire". Nul doute que pour répondre à cette question, les sociologues n'auraient pas commencé par compter le nombre de professeurs de tango et que l'enquête n'aurait pas suscité un tel tollé.

Bref, on pourrait développer, mais je voudrais aussi mettre l'accent sur la façon dont, à partir de cette étude, risque de se mettre en place un processus de normalisation tout aussi redoutable, même si l'étude ne propose pas de certification. Afin d'avoir le "point de vue" des associations, le Ministère suggère que celles-ci se regroupent en Fédération. Pour avoir un autre écho que l'étude, le Ministère espère avoir des "représentants associatifs" avec qui discuter. Or, depuis sa création, pratiquement personne n'a pensé la nécessité de fédérer les associations. Précisément parce que le tango est une culture populaire qui ne peut poursuivre son développement qu'à condition que les initiatives ne soient pas "encadrées" et que personne ne vienne dire quelle est l'essence du tango ni ce qu'il doit être. Le tango fonctionne actuellement en réseau (national et transnational), sur un mode "muti-polaire". Je pense que nous avons vraiment intérêt à continuer dans cette voie et surtout pas d'essayer de "parler d'une même voix" comme on nous y incite. C'est vraiment là, le piège de cette étude : nous sommes maintenant presque forcés de prendre position, de "nous" faire entendre et pour cela, réduire la diversité de nos positions. C'est cela qui serait catastrophique, car c'est au contraire la diversité qui fait de cette culture une culture vivante. C'est peut-être la seule position commune qu'il s'agirait de faire remonter : le maintien de la diversité et de la muti-polarité du tango argentin comme condition de son développement. Mais nous ne pouvons pas sortir du piège dans lequel nous sommes enfermés : comment arriver à nous entendre autour d'une telle proposition quand bien même celle-ci est minimaliste ?

On ne peut que poursuivre le débat comme nous pouvons le faire grâce au blog et continuer de dialoguer avec les responsables de l'étude en cours. Mais malheureusement, je n'arrive pas très bien à anticiper quel sera l'issue de cette controverse.

Amitiés à tous

Pierre Vidal-Naquet
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40. [L-14] Re: Blog : Etonnement et adhésion, réponse de Christophe à Sonia

Bonjour,

Etant coresponsable de l'étude que nous a confié le ministère de la Culture, je tiens à réagir aux propos de Sonia dans son message intitulé "Etonnement et adhésion".

- Cette étude n'a pas été "mise au point et lancée par ceux qui la mène". Nous répondons à un appel d'offres.

- L'objectif n'est pas d'informer la communauté des tangueros. L'objectif est de réaliser une étude, de construire des savoirs.

- Une étude n'implique aucun danger. C'est l'ignorance qui est source de danger et de dérive.

- Si cette étude n'a pas été confié aux agences départementales et régionales musique et danse du type de l'Arcade, c'est parce que de telles agences n'ont qu'une compétence régionale ou départementale. Nous travaillons à l'échelle du territoire national, et je le rappelle, un tel travail n'a jamais été réalisé nationalement.

- Dans nos questionnaires, des questions sont posées sur les prix des cours et les rémunérations des professeurs. En France comme ailleurs je présume, ces questions sont sensibles. L'argent en général et particulièrement dans les relations interpersonnelles, tient une place importante. Aborder cette question est primordial quand on travaille sur le métier de professeur de danse. Cela permet par exemple de savoir dans quelle conditions il est possible de vivre de son travail.

- Enfin, la comparaison avec le fisc est tout à fait inexacte : les citoyens sont soumis à l'impôt, il s'agit d'un devoir républicain. Dans le cadre de notre étude comme de tous les travaux de recherche réalisés en France, la loi Informatique et Liberté s'applique. Nul n'est obligé de répondre. Il en va tout autrement de l'administration fiscale. Enfin, les réponses collectées sont utilisées dans le cadre de cette étude. Elles n'ont pas vocation à être diffusées vers les services d'une autre adminsitration.

Notre travail de recherche se poursuit. Je suis à votre disposition pour en discuter.

Cordialement

Christophe Apprill
Sociologue de la danse, chercheur à l'EHESS et à l'OPPIC (Observatoire des Publics, des Professionnels et des Institutions de la Culture)
Chargé d'étude auprès de la DMDTS du Ministère de la Culture
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39. [L-13] Blog : Etonnement et adhésion, par Sonia

Bonjour,

Etonnement et adhésion à la lecture de ce blog.

Mon étonnement d’abord :

Comment une telle enquête a pu être mise au point et lancée par ceux qui la mènent et qui sont pratiquants de tango, sans qu’ils en ait informé leurs amis tangueros, compte tenu des dangers et conséquences évidents qu’elle impliquait. Ils auraient pu et du en parler et provoquer ce débat avant d’accepter de la mener !

Pourquoi une telle enquête n’a pas été confiée aux différentes Arcade qui avaient peut-être d’autres moyens en personnel et en expérience pour la faire. En plus c’est un peu leur travail, et d'autres enquêtes du même type ont déjà été faites.

Pourquoi le questionnaire proposé n’a que peu de rapport avec les problèmes que devrait se poser le Ministère de la Culture, et pourquoi il en aurait plutôt avec celui des Finances. Enquête fiscale ?

Pourquoi sur le blog sont allègrement mélangés les problèmes graves liés à un Diplôme obligatoire, et le non-problème d’un ou plusieurs Diplômes privés facultatifs. Vous ne pouvez pas vous ériger en défenseurs de la liberté quand vous refusez la tutelle de l’Etat, et vous vous arrogez le droit de juger ceux qui usent de liberté en proposant quelque chose de nouveau.

Enfin mon plus grand étonnement vient des phrases du type : « le tango c’est avant toute chose une émotion pure, etc, etc… ». Pas d’accord du tout. Ce genre de phrase ne sert souvent qu’à justifier des manques en technique de base. L’émotion, la sensibilité et l’interprétation viennent se greffer sur une technique, pas l’inverse. Avant d’interpréter, il faut savoir marcher, et en tango ce n'est pas si facile. On ne danse pas Giselle comme une poupée mécanique, et si on veut y mettre de l’émotion, c’est seulement après avoir passé des heures à la barre et travaillé ses tours en dehors et ses jetés, sissone et ballotté battus, pendant des heures. En tango c’est pareil, et même avec des bases des plus solides, il faut travailler à fond la technique, pour être capable ensuite de l’oublier, et de la faire oublier. Pourquoi donc nombre de maestros choisissent de jeunes partenaires issues du classique, quitte à les former ensuite au Tango ?

La technique est le premier des fondements, même si l’émotion en est le complément incontournable. Mais il ne faut pas inverser les priorités. Et la technique ne s’apprend pas en quelques stages de ci de là. La nécessité d’une base solide pour enseigner est incontournable.

Maintenant qui fait quoi dans les formations, je ne le sais pas, mais au ton de certains messages, j’ai un peu le sentiment que nombres des personnes qui s’expriment ne le savent pas vraiment non plus.

Mon adhésion :

Le niveau en Danse Classique n’a jamais été aussi bas en termes d’enseignement, que depuis que le DE a été instauré. Auparavant, celles qui s’installaient avaient une grande expérience de la scène, et avaient été formées pendant de nombreuses années. Seules celles qui se sentaient capables et avaient le goût d’enseigner, prenaient le risque d’ouvrir une école. Si elles étaient mauvaises, la sanction de la clientèle était impitoyable. Maintenant des gamines qui n’ont aucune expérience, et parfois un niveau limite, arrivent sur le marché et multiplient les cours de bas niveau dans les centres sociaux. Le bilan n’est guère positif, ni pour la danse, ni pour les enfants. Par contre les centres de formation agréés se remplissent les poches. Un vrai scandale.

Plus grave pour le tango : à la différence de la danse classique qui est plutôt figée dans le temps, le Tango évolue perpétuellement et ceci est totalement incompatible avec la main mise de l’Etat et de l’Administration sur la forme de diffusion de cette danse. Déjà en contemporain, qui par définition évolue aussi avec le temps, les polémiques sont nombreuses.

Gardons la liberté de sa formation et de ses choix pédagogiques. L’état devrait avoir d’autres taches plus urgentes à accomplir.

En conséquence, si je crois à la nécessité d’une phase longue et structurée d’apprentissage de la technique avant de vouloir enseigner, et là je laisse à chacun la liberté de proposer ou de choisir sa voie, sans juger ni préjuger, j’adhère totalement avec ceux qui sont contre la main mise de l’état sur ce type de formation et l’instauration d’un certificat ou diplôme obligatoire, avec en conclusion cette réflexion d’une collègue aussi farouchement déterminée que moi : « curieux pays où on veut privatiser le nucléaire, et nationaliser le tango !»

NON A UNE CERTIFICATION PAR LE MINISTERE DE LA CULTURE !!!

Sonia

P.S.
Allez voir le blog du Temps du tango, il y a quelques opinions intéressantes au sujet de l’enquête et du Diplôme
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38. [L-12] contribution, par Michel (Tangueando Ibos)

L'association Tangueando Ibos s'est réunie pour débattre des différentes questions qui agitent ce lieu de discussion.
Le débat est riche et intéressant et nous souhaitons y apporter notre modeste contribution :
- Il nous semble important et fondamental d'arriver à se mettre en capacité de faire valoir la spécificité du Tango Argentin. En cela le diplôme nous semble une incongruité. De nombreux éléments fournis dans le débat vont dans ce sens et nous y souscrivons complétement.
- Même si l'idée d'une fédération nous a paru intéressante dans un premier temps, nous pensons que l'essentiel est justement de fédérer et ceci est contradictoire avec l'urgence et la précipitation que manifeste la convocation actuelle pour dimanche 30 mars.
- Dans ce but nous proposons une démarche plus pondérée (on n'a rien inventé, on a "piqué" des éléments) :

1 ) Mettre en place une liste de diffusion commune aux associations au niveau national afin de permettre :
- échanges d''informations (succintes, résumées, sans photos...) >>> cela fait vivre la liste sur le long terme, indépendament du débat en cours
- échanges de points de vue sur le débat actuel.
ceci devrait permettre
a.. de toucher toutes les associations,
b.. que chacun se retrouve dans cette liste
c.. de prendre le temps d'approfondir le débat entre nous.
La Salida est un élément important de ce débat et prendre le temps dans cette liste de discuter des points de vue présentés nous semble indispensable.

2) Prévoir suffisament longtemps à l'avance une réunion nationale des associations se reconnaissant dans cette démarche, la liste de diffusion étant alors le vecteur d'organisation : on propose d'ailleurs de la faire pendant le Festival de Tarbes :-) (c'est une blague !)

Pour la liste de diffusion, Benoit qui a réagit rapidement en mettant en place un lieu d'information très intéressant pourrait peut-être la lancer ? Je pense que la rendre aussi lieu de diffusion d'informations "Tango" permettrait de lui donner l'ampleur et l'attrait assurant sa place dans le milieu Tango Argentin.

Pour Tangueando Ibos,
Michel
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37. La publicité parue dans le numéro (...), par Elisabeth

La publicité parue dans le numéro précédent de La Salida pour une école de tango délivrant un diplôme, l’enquête diligentée parallèlement par le ministère de la Culture visant à évaluer les besoins en termes de certification pour l’enseignement des danses de société ont lancé une sacrée polémique dans le petit monde du tango!
Passé le coup de colère concernant la légitimité de cette école et la finalité de cette enquête je me suis interrogée sur
1) Pourquoi une certification ?
2) Quel parallèle établir avec d’autres disciplines artistiques ?
Depuis longtemps maintenant il existe un DE pour la danse classique et contemporaine ainsi que pour la danse Jazz. Tout récemment vient d’être créé (2005) un DE d’enseignement du théâtre. Le Ministre de la Culture alors en poste, répondant à une légitime interrogation et inquiétude des intermittents précisait que ce diplôme se serait pas exigé pour l’enseignement du théâtre, tout en reconnaissant qu’à la longue il serait un repère pour les collectivités locales.
Suivant cette dynamique très normative de la réglementation de l’enseignement des arts par la certification, il semble logique que les danses de société -sport ou art ?- fassent partie de la prochaine charrette, de même que le hip hop qui lui, cherche sa légitimité et sa reconnaissance à travers cette certification.

En danse classique et contemporaine, en danse jazz, depuis que ces diplômes existent leur obtention est obligatoire pour enseigner.
A qui profiterait un DE en danse de société ? Voire en tango argentin ?
- Probablement aux collectivités locales qui embauchent ou subventionnent.
- Aux personnes qui jugent que seul un diplôme est un gage de qualité pour l’enseignement desdites danses, sans s’interroger sur le sens profond de la danse en tant qu’art.
- A ceux qui les enseignent et qui pourraient présenter ce DE comme gage de sérieux et de compétence. Ou comme argument commercial.
Or la danse, le théâtre, le tango aussi ne sont pas de simples savoirs, mais bien des arts à part entière. Ce qui fait l’artiste, ce qui fait le maître, ce n’est pas tant le cumul de connaissances, (tiens par exemple sur la dynamique du mouvement ou la mécanique des articulations, j’ai même entendu un tanguero apprenti sorcier prof, parler de mécanique des fluides), ce n’est pas l’estampille Academia Real -royale ou véritable- mais plutôt, la maîtrise de son métier et son aptitude à le transmettre.
Maurice Béjart « L’art a été créé par les artisans, (…) Les artisans apprenaient lentement leur métier auprès d’un maître, puis tout en construisant, peignant, sculptant, chantant, écrivant, transmettaient leur technique à un apprenti. »
Dans cette optique, la détention d’un diplôme devient dérisoire, superflue. Les grands chorégraphes ont « fait école » -ce qui est différent d’ouvrir une école- parce qu’au-delà de la maîtrise de leur discipline, ils ont su accoucher le génie de leurs disciples et élèves, dévoiler leur sens artistique, leur sens de la scène et de l’émotion. Souvent ils n’ont pas choisi leurs élèves, mais ce sont les élèves qui les ont choisis.
En danse jazz après s’être battu pour obtenir la création du DE, Raza Hammadi (directeur des ballets Jazz Art depuis 1983) continue sa croisade pour la reconnaissance de sa discipline et avoue que «La danse jazz crève de ne pas être en recherche. Mais le milieu est tellement paupérisé – chacun court après le cachet, un cours par ci, un jury par là - que personne n’a le temps de se poser et de chercher. » Force est de constater que le DE n’a pas vraiment contribué au rayonnement de sa discipline.
Ce serait triste qu’il en soit de même pour le tango argentin, si un diplôme venait figer les choses et que les danseurs de tango suivent la même trajectoire.
Le tango est une danse, un art, en constante évolution depuis plus d’un siècle, jusqu’à maintenant il n’y a pas eu de façon significative de « diplôme » pour garantir un savoir en tango argentin. Pourquoi ? Parce que les artistes, artisans du tango ont puisé leur savoir dans la pratique du bal, - dans la recherche et l’inventivité, dans la création. Les maîtres n’on pas eu besoin d’estampille pour se faire reconnaître de leurs disciples, « ils ont fait école » parce qu’ils étaient de vrais artistes et créateurs, parce qu’ils avaient en eux la fibre pédagogue pour accoucher les esprits de leurs élèves.
Le tango c’est avant toute chose, c’est une émotion pure, qui se répand comme un parfum, ou se transmet un virus !!!!!
C’est ainsi que beaucoup de tangueros et tangueras anonymes, le vivent en dansant à la milonga. Une émotion ça ne se recherche pas dans un cours avec tel ou tel prof bardé de diplôme, ca vous tombe dessus un jour ou l’autre sans crier gare, et le vocabulaire de cette émotion est tellement infini que l’on peut parler d’art sans limite.

REF
http://www.culture.gouv.fr/culture/politique-culturelle/index-dossiers.htm
Revue DANSER n° 270 novembre 2007

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36. [L-11] Des souris et des hommes : projet de fédération, par Sabina et Michel

(de Sabina et Michel, association Tango & Cie, à Nîmes)

Bonjour,

Nous nous sommes nous aussi demandés s'il était bien opportun d'ajouter nos petites voix au grand déballage.
D'autant que ca avait l'air de se calmer, et puis voila, ça repart ...
"Couleurs Tango" avait-il besoin de ça ?

Le danger d'institutionnaliser est bien réel, mais aussi : pourquoi s'énerver ? Et au nom de quoi ?

Reprendre, publiquement et de facon si précipitée, cette suggestion d'une "Fédération" c'est quand même faire la preuve d'une grande naïveté.
C'est pour le moins se dépêcher, bien, bien vite, d'aller faire le lit de ceux que l'on prétend redouter.
Qui a interêt à ce qu'une fédération, un diplôme existent ?

Quant à nous, l'association Tango & Cie, nous n'avons ni urgence ni gêne a nous exprimer sur ce sujet.


*** Qu'est-ce qu'on va fédérer ? Des assos de Tango Argentin ? ***

C'est quoi une asso de Tango Argentin ?
C'est une association qui mentionne le Tango dans son objet ? Alors Tango & Cie n'est pas une asso de tango. C'est une asso à vocation culturelle.

Alors c'est quoi le Tango Argentin ?
Ha ha ha ... Ce n'est pas nous qui le savons ... Ca va être dur de nous fédérer ...

En tout cas, si nous nous intéressons au Tango Argentin, c'est parce qu'il représente une vraie démarche culturelle populaire de qualité, à transmission orale.
Un tel ilôt non-institutionnel de résistance à une certaine souffrance contemporaine est tout de même assez atypique aujourd'hui.
Un anachronisme que devrait suffire à souligner le caractère souvent gentiment rétro de ses propositions : une expression de l'humour si particulier du tango.

Les personnes qui viennent nous voir, entrent par la porte de la salle de danse.
Cependant ils ne cherchent pas un "prof de danse", mais une introduction à une pratique sociale, une certaine esthétique de comportement, un peu (pas trop) de mise en jeu corporelle.
En un mot ils ont une vraie démarche culturelle. Nous pensons qu'ils sont implicitement sensibles aux valeurs vivaces à contre-courant qui font l'actualité du Tango Argentin contemporain : un noyau de résistance dans un monde où l'on ne se touche plus, où les relations sociales sont inesthétiques, où le corps ne parle plus, où les relations hommes-femmes ne sont en réalité jamais remises en question. Un monde où la fonction sociale du jeu disparaît comme peau de chagrin ...

Au même titre que le rock ou le flamenco, nous revendiquons le tango comme une culture, une attitude. Et sa danse est, oui, une "danse de société".
Social ... En ce qui nous concerne, à Tango & Cie : oui notre engagement social est entier, dans la joie et la bonne humeur nous essayons de pratiquer une certaine forme de résistance.

*** Alors ... Ce serait quoi une "Fédération des assos de TA" ? ***

Une "Fédération des Assos de Tango", cela va faire immédiatement et uniquement

1°) ... référence à l'enseignement :

Ce serait donc une fédération des assos qui enseignent la danse-tango, comme il a finalement été créé, à l'usure, une fédération des Ecoles de Cirque ... dont la principale action a été de créer un "Brevet d'Initiateur aux Arts du Cirque", sans lequel on n'a pas le droit d'enseigner, et délivré (= vendu) par 3 ou 4 associations, estampillées, au pouvoir indélogeable ... et qui se gavent, bien sûr.
Autre conséquence : la création circassienne en France est désormais bien plombée. Du côte de la production, qui est -ou devrait être- une autre justification de l'existence d'une association, nous devons déjà passer par tout ce système Sacem+subventions+licences, qui sont autant d'écrans entre les artistes et leur public. Est-ce qu'il est encore
besoin d'en ajouter ?
La pédagogie peut former un tout indissociable avec la création et la production, tant du point de vue de la motivation que de celle ... des budgets annuels. Toucher à l'enseignement c'est beaucoup plus que toucher à l'enseignement.

2°) ... référence à l'enseignement de la danse, bien sûr :

Si on sait ce que c'est que cet enseignement, alors : oui, i faut 1 diplôme.
Mais ...
Danseurs ?
Danseur ... c'est carrément autre chose ... excusez-nous ...
Ca fait bien rigoler Sabina, par exemple, qui était acrobate de cirque jusqu'il y a peu, et qui aborde le tango avec beaucoup plus d'humilité que cela ...
Nous donnons des cours de Tango Argentin et percevons également des cachets de "danseurs" mais, pour autant, nous ne nous considérons certainement pas comme des "danseurs", encore moins comme des "profs' de danse", mais comme des "baleurs" qui essaient d'être lucides sur leur pratique. Et qui, y compris sous son aspect simplement technique, utilisent éventuellement cette approche, comme d'autres expériences, dans leur propre parcours artistique et humain.

Et les autres pratiques du tango : musique, littérature ? On n'en entend pas parler ici ? Elles devraient une fois de plus s'aligner ... sur la loi des danseurs ?


*** Tous ceux qui prétendent parler au nom du Tango Argentin exagèrent un peu, non ? ***

Ceux qui prétendent vendre des diplômes, comme ceux -les fous !- qui prétendent institutionnaliser pour leur couper l'herbe sous le pied.

Le charme, et le handicap, du milieu du Tango, c'est qu'il est tout petit, un microcosme.
Tout à coup : des assises, une fédération... Diable !
Alors que ce milieu n'a jamais même formulé le besoin d'outils élémentaires, comme une simple liste de diffusion inter-associations ...
La souris voudrait-elle accoucher d'une montagne ?

Le Tango Argentin ? Mais ça n'a rien du tout de sacré, comme on l'a lu !
Et ce n'est pas non plus une entité évaluable, comme on le craint ...
C'est juste ce que l'on en fait.

Attention seulement à ne pas laisser se créer, par laxisme, les mêmes petits pouvoirs de toujours (ah oui : le fromage ...)
Il nous appartient à tous de le faire vivre, le Tango Argentin : un ilôt si fragile d'agitation positive, lucide, diffuse, très actuelle.

Chau todos, portense mal,

Sabina et Michel
Tango & Cie
Nimes
www.tango-cie.com
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35. Fédérer avec du temps, par Claire

Je réagis à l'envoi ci-joint car Fédérer n'est pas ordonner :
Suite à l'envoi de Mr Pianko, à certaines associations , pas à toutes loin de là, d'une lettre invitant à une réunion à Paris pour créer sous 8 jours (!!!) une FEDERATION représentative des intérêts du Tango, je réponds ceci :
- cette précipitation témoigne d'une négation du besoin dans lequel nous sommes, associations de tango, de réfléchir à ce que nous voulons, à ce que nous défendons, à ce que nous pouvons proposer pour être vraiment un contre-poids efficace si bras de fer il y a avec le Ministère de la Culture sur la question du diplome.
- cette convocation n'est pas conforme à l'esprit collectif dans lequel nous nous situons depuis le début de cette polémique "diplome" , elle n'est nullement le fruit d'une concertation, et émane d'une seule structure qui se présente comme "initiatrice" !! de surcroît, pourquoi mêler la désignation d'un comité Fédératif avec un évènement tango (Festival Couleur Tango) ??
- cette précipitation ne peut qu'engendrer une pseudo-fédération, désignée en petit comité, dont sont exclus tous ceux, dont je fais partie qui n'ont pas été destinataires de cette "convocation" à Paris et tous ceux , comme moi, qui ne pourront s'organiser pour être présent dans un si court délai !
- cette précipitation n'est ni saine ni claire !! pourquoi cette lettre alors que La Salida d'avril sera consacrée à la question du Diplome, que nous sommes beaucoup à avoir été sollicités pour écrire dedans, justement pour pouvoir alimenter la réflexion collective, et sensibiliser le plus d'associations possibles, de partenaires, de danseurs.. afin d'aller vers un mouvement de rassemblement ! ma modeste contribution sous forme d'article (je l'ai publié en attendant sur le Blog : www.diplome.tango.free.fr ) est justement consacrée à cette idée de réunir tout le monde, non pas dans la précipitation, non pas en catimini, mais avec du temps et de l'ouverture !! Je penche plûtot pour une réflexion et concertation à travers des ASSISES du TANGO ! ces assises pourraient être la base et le ciment préalable à la création d'une instance représentative du tango en France mais surtout d'une instance crédible, qui prend en compte tout le chemin parcouru, tous les avis, tous les arguments, qui a un objectif clairement défini et une composition plurielle : danseurs, musiciens, journalistes, associations, ... tous concernés par le futur du Tango
Pour cet ensemble de raisons, je ne trouve pas bienvenue cette proposition en ce moment ... et malgré la nécessité de tout faire pour parvenir à fédérer les associations de tango, il faut se garder de toute précipitation et de tout hégémonisme, et ne pas faire peser le risque d'une non-représentativité à une instance qui se veut nationale ! ni accoucher dans la précipitation d'une coquille vide !

Claire Prouhet

Vos réactions, votre position, votre réponse.. sur : www.diplome.tango.free.fr
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34. Fédération des Associations, par Le Temps du Tango

LE TEMPS DU TANGO aux Présidents des Associations de Tango argentin de France

Bagneux, le 18/03/2008

Objet : Fédération des Associations

Chers Amis et Présidents des Associations,

L’an dernier, nous vous avions sollicité pour une réunion d’information et de coordination des Associations de Tango Argentin. Un petit nombre
d’entre vous ont répondu et se sont réunis à notre initiative à Paris lors de l’Université d’ Été du Tango 2007.

A l’issue de cette réunion le besoin de créer une Fédération des Associations de Tango Argentin s’est imposée à tous pour différentes
raisons. Pour ce faire nous avons fait appel à candidatures pour former un Bureau, même provisoire, indispensable pour créer la Fédération. A ce
jour, personne ne s’est présenté.

Par ailleurs, vous avez tous été informés sinon sollicités de répondre à une enquête commanditée par le Ministère de La Culture, concernant l’enseignement du tango argentin et la formation des enseignants de tango argentin. Nous avons obtenu des informations plus précises du Ministère de La Culture (voir La Salida N° 58).

Notre correspondant au Ministère de La Culture nous a fortement conseillé de former une Fédération des Association de Tango Argentin. Selon lui, c’est la seule façon de se faire entendre et pouvoir exposer nos besoins et nos souhaits auprès du Ministère de La Culture.

Devant l’urgence, car la Fédération devra être mise en place bien avant la fin de l’enquête nous vous proposons de nous réunir à nouveau à l’occasion de Couleurs Tango soit le dimanche 30 mars à 10h30 au salon Rockfeller de la Maison Internationale (Cité Universitaire). Nous vous incitons à tout faire pour y envoyer un représentant en cas d’indisponibilité de votre part.

Le but de cette réunion est de :

•1) mobiliser toutes les associations de tango argentin de France dont le but est la promotion et le développement du tango argentin sous toutes ses formes : musique, expression corporelle et chorégraphique, arts graphiques, littérature, autres activités culturelles …

•2) identifier 2 ou 3 personnes pour créer la Fédération

Bien que nous soyons les initiateurs, sous souhaitons fortement une très large participation de vous tous pour que cette Fédération soit vivante, efficace et représentative des sensibilités et caractéristiques de toutes les associations auxquelles nous faisons appel.

Devant les dangers qui nous menacent nous pensons qu’il est urgent de nous mobiliser et nous comptons sur vous ce dimanche 30 mars.

A très bientôt

Marc PIANKO
Président
Le Temps du Tango - 73 avenue Henri Ravera - 92220 Bagneux
tél 01 46 55 22 20 - fax 01 46 55 48 61
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33. Diplôme associatif, par Claire

[Proposition d'article soumise à La Salida pour l'édition de Avril 2008]

Le Ministère de la Culture prévoit de règlementer l'enseignement du tango : cela soulève une quantité de questions sur les conditions de la mise en place d'un tel diplome, sur les conséquences de cette nouvelle donne pour l'avenir de cette danse d'improvisation , qui n'a jamais été soumise à une certification (dans son propre pays d'origine), et sur les risques qui pèsent sur la diffusion du tango, en tant que culture populaire, par le biais associatif, terreau et ferment de sa renaissance, de son développement, de son intégration dans le paysage culturel, et véritable source de lien social, précieux espace de liberté (parmi les derniers ??) ..



Un diplome : dans quel but ? limiter le nombre d'enseignants ? récupérer le tango argentin dans les rangs des danses de société ? contrôler l'emploi dans les associations, en finir avec le salariat déguisé en intermittence ? nous faire croire quele tango est une danse à risque ? répondre à des directives européennes ou les devancer ? plier sous la pressions des fédérations de danse qui crient "à la concurrence " des associations ? vouloir harmoniser l'accès à l'enseignements pour toutes les disciplines de danse confondues, sans trop de discernement entre les danses académiques avec diplome d'état (classique, contemporain, moderne et modern'jazz..), les danses de salon avec diplomes d'institus privés, et toutes les danses du monde, danses populaires, et danses urbaines : Hip-hop, flamenco, tango argentin, salsa, danse orientale, ... ?
Un diplome : comment ? Quels critères prendre en compte, QUI va définir le niveau d'exigeance et le cursus à suivre? Quel sera le jury ? quel parcours pourrait remplacer les années de pratiques et d'expérimentation , et surtout comment ne pas réduire le tango, art de vie, culture populaire, danse sociale enracinée dans le Bal, musique, poésie, langage, littérature, cinema, à une simple discipline de danse enseignée entre 4 murs ? Comment respecter ce mode de transmission particulier, efficace et qui n'a jamais cessé, depuis l'origine jusqu'à aujourd'hui, du Maestro vers l'apprenti , du vieux Milonguero vers le jeune danseur contemporain, du "passeur de danse" bénvole vers le petit groupe de débutants du quartier, du danseur-professeur vers les élèves, sans souci d'âge, de génération, de milieu social, de langue, de frontière, ... ? comment valoriser à travers un papier affiché au mur le véritable parcours initiatique basé sur l'observation, la recherche, la multiplication des rencontres, des sources d'apprentissage, l'ouverture à tous les styles, évolutions? Comment garantir la qualité pédagogique ?

Nous autres associations, "personnes morales", mais surtout physiques, qui depuis 1990, faisons le chemin du tango, un chemin unique en son genre, tantôt portant, tantôt portées par l'enthousiasme d'éveiller l'intérêt voire la passion autour de nous, nous avons notre mot à dire sur ce projet et nous nous devons de montrer que nous sommes capables de nous fédérer, pour faire reconnaitre les spécificités de cette culture, les composantes du tango, les originalités de sa transmission,. Et surtout il faut d'une seule voix, démontrer la force de notre réseau associatif, cette "toile " tissée entre 1990 et 2008, ce travail réalisé sur le terrain par ses centaines d'associations,. C'est cette énergie et cette persévérance qui a permis au tango de connaitre un renouveau, un essor et un développement (musique et danse, orchestres et danseurs professionnels) que personne ne peut nier ou sous-estimer ! Il ne faut pas laisser d'autres décider à notre place, nous avons enore une chance de nous faire entendre si nous savons nous organiser : c'est pourquoi , dès ma première intervention dans ce débat, j'ai suggéré la tenue d' "ASSISES DU TANGO" au printemps 2008, afin de nous rassembler, de nous écouter, et de commencer à réagir en "groupe de pression".!

Claire PROUHET
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32. [L-10] Diplôme tango, par Pablo

Il est peut être légitime (du point de vue des autorités françaises) de réglementer une discipline culturelle.

De toute façon une fois la machine mise en marche, avec son défilé de savants, scientifiques, idéologues et « intéressés »de tout poil, impossible de l’arrêter.

Je suis d’accord à la limite, pour un diplôme de « Tango de salon ». Vous êtes chez vous et pouvez faire ce qui bon vous semble, finalement on produit aussi du Champagne partout dans le monde.. Mais surtout pas de tango « argentin », SVP. Ceci est notre culture, notre vie, notre label, notre appellation d’origine contrôlée. Et si vous persistez à la diffuser (je le souhaite fortement) faites le en entier, avec son esprit, ses paroles, sa musicalité, ses gens, ses comment, ses pourquoi.

Est ce que ce sera le cas ?

J’en doute.

Il existe dans le monde du tango européen en général, (ce n'est pas du tout le cas au Japon, où le tango se joue et se chante), une attitude qui m’a toujours gêné, à l’heure des cours : le déni de la dimension humaine de la culture d’autrui. En dans ce cas précis, celle des argentins et uruguayens. (Parce que le tango se pratique depuis toujours sur les deux rives du Rio de la Plata.)

Tout est réduit à quelques pas et beaucoup de figures.
Je crains que ce débat ne concerne que les jambes, et encore.
Ca sent un peu le fric et beaucoup le pouvoir.

Et je dis bien déni, parce qu’on veut ignorer que l’apprentissage du tango ne peut se faire en se désintéressant des ses bras et de sa tête.

A savoir: Son histoire au quotidien. Ses couches successives d’amertume, de vécus, qui détermineront ce son de bandonéon, qui va ouvrir les corps aux autres. Ou les paroles sublimes des grands poètes, qui vont ouvrir une porte en nous pour faire entrer la vie.

L’inflexion d’une voix, qui laisse entrevoir une émotion dans la justesse de ton des musiciens et des chanteurs d’un orchestre . Comme une refuge de l’âme contre l’adversité, la douleur et l’abandon, ou une autre chose d’intime et personnel..

Les battement des ailes de papillon qui provoquent des tremblements de terre à l’autre bout du corps.

Sujets obligatoires au moins trois fois par semaine, j’espère.

On devrait étudier aussi les apports de tel ou tel poète, tel ou tel maestro du bandonéon, de telle ou telle voix qui apporte au tango, à ce corps du tango , son accent, son âme, son harmonie précieuse, son histoire. Je ne parle même pas de l’esprit du tango, enseignement obligatoire, tellement de fois réduit à une danse sexuelle et autres qualificatifs.

L’esprit du tango c’est surtout son peuple qui nous l’apprendra.

Cet esprit l’apportent surtout les argentins, les uruguayens, qui avec d’énormes privations réunissent les moyens pour se payer un billet d’avion et donner quelques cours à l’étranger. Et qui seront privés (homologation de diplome oblige), d’exercer leur profession ici ou ailleurs.

Il y a beaucoup de cela.

Debat à suivre…

Pablo Martinez

Président Ass. Mémoire y Civilisation

L’Entre-Pots

Marseille
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31. [L-9] diplome = corporation = fermeture = j'empêche l'accès à ceux qui ne nous plaise pas, par Eric

Sous l'ancien régime, les corporations contrôlaient leur profession. Seul le Roi pouvait modifier les choses et il se gardait bien de le faire. Aujourd'hui, le vent sécuritaire qui souffle sur la France réclame plus de réglementation, plus de sécurité et... plus de répression.

J'aurai personnellement vécu la passation d'un Diplôme d'État dont je tairai le nom : arbitre favorisant les élèves de l'Ecole fédérale ; épreuves écrites déjà travaillées par ces derniers avant de passer l'examen ; épreuves modifiées d'une année sur l'autre sans que l'on soit informé ; et je préfère taire les tricheries qui m'ont été relatées, celles qui sont trop subtiles pour s'appeler "tricherie" mais qui le sont réellement. Cela s'appelle comment modifier discrètement les règles pour choisir les impétrants.

Sous prétexte d'apporter plus de sécurité pour les élèves, on crée un diplôme. D'accord pour la médecine, le deltaplane, l'alpinisme et autres
disciplines présentant un risque. D'accord pour toutes les disciplines qui accueillent des enfants car les parents ont besoin d'être rassurés sur la compétence des encadrants.

En créant un diplôme, on limite obligatoirement le nombre d'enseignants. En protégeant le Consommateur, on protège la rente du professeur. On crée un marché économique en fermant l'accès à une discipline.

Le tango est, comme vous le soulignez tous, une danse sociale, une danse d'échange. Il entre dans le cadre du Don. Il n'a, par conséquent, pas de valeur économique, ni de valeur d'usage. À ce titre, le Tango possède une /valeur de lien/ au même titre que l'amitié ou l'amour.

On progresse, dans sa pratique, en prenant un homme ou une femme dans ses bras, encore, encore et toujours...

Tangolissimo

Eric
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30. [L-8] Pour le blog diplôme de tango. Merci, par Christian

Je m’appelle Christian Dubar. Je dirige l’Institut de Formation en Danses de Société que j’ai créé à Toulouse il y a quinze ans. J’ai, depuis lors, un numéro de formateur en tant que centre de formation professionnelle. Et en 2003, j’ai obtenu du ministère de la Culture, une reconnaissance de la formation que je propose au titre de la loi de 1988 sur l’enseignement artistique dans le privé.

Uniquement dans le but d’être le plus clair possible afin que toute personne intéressée puisse non seulement comprendre rapidement ce que je veux dire, mais aussi répondre éventuellement de façon constructive à cet écrit, je vais tout de suite présenter mon travail, ma recherche, et mes convictions en matière d’enseignement des « danses régionales ou nationales de France et du monde sur le territoire français ».

Je pratique les danses de société (que certains appellent danses de salon) depuis 34 ans. J’ai fait de la danse sportive pendant 7 ans (j’ai été vice-champion de danse de compétition en 1981). J’enseigne ces danses appelées aussi « danses de couple » depuis 26 ans. Et je forme des enseignants de ces danses depuis 15 ans. J’ai ainsi
rencontré et proposé des bases chorégraphiques, pédagogiques, techniques, musicales, historiques, à plus d’un millier d’enseignants venus me voir de plus de 90 départements français, et quelques-uns de l’étranger. Et cela grâce à un répertoire très vaste de danses françaises et étrangères de toutes formes du XIXe et du XXe.

J’ai écrit un livre (L’invitation à la danse) qui est le texte de mon DEA (La construction du couple dansant), avant de soutenir en 1999 une thèse en Sciences de l’éducation à l’université de Paris VIII (directeur de thèse : Remi Hess, lui-même auteur du livre La Valse (Métaillié, Paris, 1989)). Le sujet de ma thèse était :

« Sport, culture ou éducation ? Le problème de l’enseignement des danses de société en France. ». (Le texte de cette thèse est en vente à l’Institut).

Pardon d’avoir étalé mes titres. Cela n’a qu’un seul but : renseigner précisément le lecteur sur l’origine de mes idées, de mes convictions, mais aussi de mes citations.

J’ai eu l’occasion de rencontrer Christophe Appril, et je suis ravi qu’il ait obtenu du ministère de la Culture mission pour faire un recensement national qui fait défaut depuis bien longtemps. Et en lisant les mails du blog (dont je vous félicite aussi car tout cela me semble passionnant), j’ai pu remarquer que je connaissais pas mal de personnes citées, qui me connaissent donc aussi, et qui sont, pour la plupart, des amis.

Un mot encore sur mes origines : le tango dit argentin a commencé, à Toulouse, en 1990, dans mon studio de l’époque, grâce à des amis aussi : Catherine de Rochas et Henri Vidiella, créateurs, sauf erreur, des associations Tangueando en France, en tout cas à Toulouse. Et j’ai eu aussi la chance de rencontrer de nombreux enseignants du tango qui vous préoccupe aujourd’hui, comme Plume Fontaine, Alain Lehagre et Catherine Charmont, mais aussi Rodolfo Dinzel à Paris, Miguel Gabis, Charlotte Hess, etc. Et je travaille actuellement avec Christine Caminade et Laurent de Chanterac.

Pour ma part, mais ce n’est que ma conviction personnelle, j’ai fondé mes enseignements sur l’ensemble des danses de bal, que ces danses soient anciennes ou actuelles, à la mode ou non, typées ou non, stylisées ou non. J’enseigne donc toutes les danses de bal, de la valse au tango, du rock à la samba, des danses du XIXe à la country
en passant par les danses dites folkloriques et traditionnelles. J’exploite dans chaque danse une capacité différente à se mouvoir en musique, à prendre du plaisir en communiquant avec un partenaire et avec les autres danseurs, à créer sa danse et son style, en passant par tous les genres chorégraphiques. Par exemple : si la valse
apprend la giration à deux, la samba permet de travailler la souplesse et le rapport au sol ; le cha-cha-cha apprend à jouer avec le rythme et l’espace ouvert du couple quand le tango apprend l’ancrage au sol et la position très fermée de « l’embrassement », toutes les danses offrant des possibilités de création et d’improvisation, en lien direct avec la musique et son style.

Et donc, je suis convaincu qu’un enseignant de bal doit être d’abord et avant tout un généraliste, afin d’offrir à ses élèves, non pas UNE danse, UNE pratique, UNE dynamique, UNE façon de penser une danse ou la danse, mais réellement une CULTURE GÉNÉRALE DES DANSES DE BAL basées sur les éléments fondamentaux de la danse : l’espace, le rythme, le poids du corps, la présence de l’autre, le guidage, l’expression, la nuance, l’accentuation, le ressenti… Soit UNE TECHNIQUE GÉNÉRALE DES DANSE DU BAL avant d’aborder une technique spécifique, et encore moins un style.

Le STYLE me semble en effet justement le point à ne pas toucher chez l’élève si on est soucieux de le respecter dans son intimité et sa créativité, de respecter ses ressentis, en espérant que, avec les OUTILS que ses enseignants lui auront fournis, il fera de chaque danse, quelle qu’elle soit, SA DANSE, expression naturelle et pourtant riche, et même pourquoi pas sophistiquée, de ce que Pierre Conté (qui a inventé une méthode d’écriture de la danse) appelait : le vibrato interne. Former un bon bricoleur ne peut pas être : lui apprendre seulement les plus grandes finesses d’utilisation d’une truelle.

C’est pourquoi j’ai toujours cru à une formation de base GÉNÉRALISTE, comme en musique aussi, et je n’ai jamais cru qu’il était intéressant pour devenir un bon danseur ou une bonne danseuse, de ne recevoir qu’un seul enseignement d’une seule danse très typée. Même si elle-même peut être multiple. Et je pourrais développer de nombreux
arguments qui étayeront mon discours sur ce point si quelqu’un m’en fait la demande. Je crois à une formation tout d’abord « généraliste », puis ensuite à une spécialisation, par exemple dans une danse à la mode comme le tango dit argentin. Comme en médecine.

Dans mes « références » (que le lecteur doit connaître aussi afin de bien saisir le fond de ma pensée), sont quelques personnes du ministère de la Culture que je connais depuis près de 20 ans, sans l’avoir jamais fréquenté régulièrement. Mais, j’ai bien connu Monsieur Didier Deschamps, inspecteur responsable à la danse, qui m’a conseillé de demander la reconnaissance ; son successeur : Monsieur Jean-Christophe Paré, qui a instruit mon dossier et l’a fait aboutir. Et bien d’autres personnes dont certaines sont encore aujourd’hui des liens de travail importants.

Je voudrais aussi citer Monsieur Jérôme Lecardeur, qui, en tant qu’inspecteur de la danse, est venu une fois m’inspecter il y a quelques années, à Toulouse. Ce monsieur m’avait alors expliqué le souci qu’il avait : « J’ai rencontré des danseurs traditionnels bretons qui demandent une reconnaissance. Et j’ai aussi rencontré des danseurs traditionnels basques qui souhaitent la même chose pour leur groupement. Il appartient à ces groupes différents de se relier, car le ministère ne pourra en aucun cas prendre en considération tous ces groupements de façon séparée. Par contre, le ministère a bien le souci d’aider « les danseurs traditionnels » en général. Il faut donc qu’ils se regroupent. » Et il a alors cautionné mon initiative de formation.

De la même façon, il y a trois ans, Monsieur Jean-Christophe Paré, inspecteur de la danse, m’a demandé de créer une fédération et de fédérer les personnes qui voulaient bien se regrouper autour de l’Institut, qui venait d’obtenir une reconnaissance officielle, la seule existant, à ma connaissance, en la matière. Ce que je suis en train de faire, lentement. Car il n’est pas facile de faire un recensement national qui incomberait, à mon humble avis, plus à une institution comme notre ministère de la Culture, qu’à un groupement isolé, quel qu’il soit. Car, pour ce faire, il faut d’importants moyens, par exemple financiers.

De la même façon, et bien que je n’aie pas le droit d’en faire publicité, il faut savoir que cette reconnaissance ouvre droit à la demande de reconnaissance du diplôme privé que je diffuse depuis 14 ans, ce qui veut dire : fournir trois référentiels du métier, et demander l’inscription définitive du métier de professeur de danse de société à la CNCP (Centre national de la certification professionnelle). Dossier sur lequel je travaille depuis plusieurs années.

Ma conviction est donc la suivante : les enseignants du tango appelé « argentin », de par leur choix de cette terminologie, se classent d’eux-mêmes, en toute logique, comme sous-ensemble des enseignants de tango (comme les enseignants de salsa « cubaine » s’auto-classent dans un ensemble plus vaste : les enseignants de salsa). Les enseignants de tango se classent aussi eux-mêmes, et à mon avis, comme sous-ensemble des enseignements de danse de bal, puisque le tango, même argentin, n’est qu’une composante des danses du bal. Et ces enseignants de danse de bal sont à nouveau un sous-ensemble des enseignants de danse, eux-mêmes sous ensemble des enseignants.

J’ai déduit de cette façon de penser le fait que la pédagogie, par exemple, des danses de bal a forcément quelque chose à voir avec l‘enseignement de la danse en général. Et que l’enseignement du tango dit argentin a forcément à voir avec l’enseignement du tango en général. Sauf que, dans ce cas précis, je suis tout à fait d’accord pour dire que, après plusieurs années de codification (dont nous connaissons aujourd’hui de nombreuses raisons), la FAÇON d’enseigner le tango a perdu en fin de XXe siècle toute crédibilité, toute valeur et tout intérêt ; et que c’est une chance que soient apparues de nouvelles FAÇONS d’enseigner le tango. En effet, je ne vois pas de renouvellement de la danse, mais plutôt un renouvellement de sa conception et surtout de son enseignement.

En conséquence de quoi, si j’ai l’espoir que notre ministère concerné s’intéresse un jour vraiment au cas des « danses régionales ou nationales de France et du monde sur le territoire français », pour ne pas dire les danses de société telles que j’ai modestement tenté de les définir dans ma thèse, dans le dessin soit de les connaître, soit de les normaliser, soit de les défendre, soit de protéger le public, etc., j’ai l’intime conviction qu’il ne le fera jamais pour une danse comme le tango, et encore moins pour le tango dit argentin, comme il ne le fera jamais pour la salsa et encore moins pour la Cubaine, et idem pour le lindy-hop.

C’est pour cela que, si certains souhaitent réfléchir, discuter, proposer, envisager un avenir réel de ce formidable métier qui est celui de professeur de danse de société (ou de bal ou toute autre terminologie), il me semble nécessaire qu’ils se regroupent et comptent plus sur l’union, que sur la division.

A ce propos, et je terminerai momentanément sur ce point, je suis un peu choqué de lire déjà sur votre blog (seuls les auteurs des écrits
en sont responsables, évidemment), des attaques personnelles, des sous-entendus désagréables, des critiques hors sujet, ou injustifiées, ou inutiles au débat ; des colères, des accusations, dans un style trop souvent « télégraphique » qui relève plus du discours parlé « brut » quand il n’est pas brutal, que d’une véritable discussion professionnelle de qualité.

Pour échanger avec réel intérêt, et il y en a bien un là, le premier principe à observer me semble être celui du respect de l’autre. Le deuxième doit être, me semble-t-il, après avoir été capable d’écouter l’autre calmement, d’exprimer calmement une pensée réfléchie, débarrassant ses écrits de toute connotation affective, même si les convictions doivent être respectables et respectées.

Je me permets d’écrire cela parce que cela fait 34 ans que je danse, et 34 ans que je vois la profession se déchirer à la moindre alerte. Et aussi 34 ans que j’en ai vu et entendu de toutes sortes : l’un annonçant l’arrivée imminente d’un BE (sports), l’autre d’un DE (culture) prochain, comme si chaque fois une épée de Damoclès était
pendue au-dessus de nos têtes. J’ai été rebelle à ces conquêtes de pouvoir, qui n’ont, d’ailleurs, jamais abouti ; et c’est mon Institut, bizarrement, qui a obtenu assez facilement la seule reconnaissance existante pour les danses de société. Probablement parce que je ne me suis jamais présenté en commençant par frapper du
poing sur la table.

Une dernière remarque qui me vient à l’esprit après relecture : je me permets de vous conseiller de bien faire la différence entre deux sujets :
1 — la création d’un diplôme assurant un genre de label du ministère aux personnes le méritant ;
2 — la création d’un diplôme OBLIGATOIRE qui serait hégémonique.

Je peux attester du fait que de très grands ténors de cette profession d’enseignants de danse de société ont, et depuis des décennies, rêvé d’obtenir d’un ministère (quand ce n’était pas la Culture, c’était le Sport), non seulement une reconnaissance, mais surtout un diplôme OBLIGATOIRE qu’ils souhaitaient imposer à tout le pays. Compte tenu des difficultés que la mise en place du DE de classique, jazz et contemporain a fait apparaître, je ne pense pas qu’il faille rêver que notre ministère entre à nouveau dans un tel
système de « DE » OBLIGATOIRE (et tant mieux !). A mon humble avis, il faut viser une reconnaissance et une ouverture du métier, et non une fermeture. Et je suis certain qu’alors beaucoup de gens pourront alors se retrouver, et en bien plus grand nombre.

Navré par la longueur de ce texte, je vous remercie de me lire et je vous renouvelle mes félicitations pour tout ce travail. Je reste à votre disposition pour une discussion ouverte et respectueuse. Pardon d’avoir parlé à la première personne : c’était pour un confort d’écriture et pour plus de simplicité, car évidemment, je ne suis pas
seul à mener cette barque.

Très amicalement. Christian Dubar

N.B. : Je n’ai jamais reçu le questionnaire de Christophe Appril. Il m’intéresse évidemment, et je souhaite le lire au moins. Et je dois avouer que je suis surpris, sans être le moins du monde vexé, que le ministère de la Culture ne m’ait pas lui-même informé de cette initiative très intéressante (je vais évidemment lui expédier copie de ce texte, pour information). Je ne l’ai appris que par l’intermédiaire d’un élève qui adore le tango lui aussi. Donc, vive le tango et merci à lui !

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29. [L-7] Un travail sans diplôme depuis tant d’année ! Bravo ! par Sarine

Bonjour,

Je suis tout à fait d'accord avec les propos de ce danseur de Montréal [modérateur: Voir plus bas]. El Maestro DINZEL exerce toujours ! Nous avons un Niçois qui travaille actuellement avec lui et depuis 3ans. J’ai travaillé avec Mr DINZEL en 2003 c’est un grand professeur d’une grande modestie. D’ailleurs j’applique sa pédagogie, comme beaucoup d’enseignants et de grands danseurs ! Car je ne crois pas qu’il y ait plusieurs façon d’enseigner le TANGO. Je parle du Tango je ne parle pas des styles cela est une autre histoire.

J’ai travaillé avec beaucoup de danseurs professionnels très connus tel que les Maestros Ezequiel et Geraldin, Naveira et Gisele, Pablo Veron, Jesus Hernando Velasquez et bien d’autres qui sont d’excellents pédagogues, tel que : Thierry le Coq et Véronique Bouscasse, Jeusa Vasconcelos et Eric Müller, Pablo Carbajal, Luis Lopez, Marika Landry, David Black, tous sans diplôme « TANGO », ou peut-être pour certains des diplômes de danse contemporaine ou pour quelques-unes danse classique. Mais tous sans exception sont dans la recherche de s’améliorer et par-là même d’améliorer leur pédagogie ! Dans cette danse vivante et toujours en mouvement.

Comme eux il est de notre devoir de nous améliorer, de nous informer et de rester modeste devant cette danse qui au-delà du mouvement devient et doit être que de l’émotion.

Mais la question était "faut il un diplôme pour enseigner le tango argentin ?" A cela personnellement je dirais comme beaucoup d’Argentins NON. Le titre du livre lui-même me donne raison, BAILAR, UN HIMNO A LA LIBERTAD.
Mais il ait bon, d’avoir un fil conducteur tel que les livres de DINZEL, ou d’autres livres. Tous ces livres sont en principe écrits après études et l’expérience de l’auteur. Mais rien ne vaut la pratique et l’expérience de chacun.

C’est pourquoi le fil conducteur dans chaque associations ou écoles c’est l’enseignant(e). Il donne son instruction, son expérience, insuffle sa croyance, sa méthode, et son sentiment. Le danger dans ces écoles ou associations, c’est de se renfermer sur eux même en croyant avoir la science du savoir et donc l’orgueil du grandissime maestro. Qui ne se déplace qu’avec sa court !

Je parle comme vous le constatez de l’enseignant et non pas du professeur ou du maestro. Car pour moi il y a plusieurs grade si je peux m’exprimer ainsi.

Il y a le Maestro, Le professeur, et l’enseignant. Je ne dirais pas ici dans quelle catégorie je place tel ou tel personne ce n’est pas le propos.

Mais je peux déjà dire que l’enseignant fait un travail remarquable de tous les jours, au contact direct de personnes qu’il a en charge de former de modeler au tango. De leur apprendre aussi les codes, la façon de se comporter, la tradition, le folklore, l’histoire de la danse et de la musique et ce qui n’est pas négligeable l’histoire de tout un peuple. Il doit aussi faire abstraction de ses propres idées et apriorité, et s’armer de beaucoup de patience. Il doit être aussi un organisateur de manifestation de stages de milongas de pratiques ect ect ect…… En somme, il doit être présent sur tous les fronts. Il faut beaucoup d’amour et de passion.

Les grands Maestros argentins, leurs doivent beaucoup. Car c’est en parti grâce à ces enseignants du tango dans le monde entier pas seulement en France. Qu’ils sont devenus ce qu’ils sont, des icônes connus et reconnus !

Alors mesdames et messieurs les dirigeants et ENSEIGNANTS d’écoles et associations chapeau très bas à vous qui faite ce travaille sans diplôme depuis tant d’année. Vous avez toute notre reconnaissance.
Cordialement Sarine

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BAILAR, UN HIMNO A LA LIBERTAD

Lors de deux émissions sur Radio Centre-Ville, la première ce vendredi 29 février 2008, et la seconde, quelque part en mars prochain, il m'est donné de rappeler, après Tilma Saez qui avait réalisé une entrevue que nous avons diffusée il y a quelque temps, la première importance ducouple Dinzel pour la formation des danseurs de tango.

Gloria et Rodolfo Dinzel, qui se sont illustrés dans le méga-succès Tango Argentino, de par le monde, se sont démarqués également comme formateurs depuis quelque trois décennies. Le Système Dinzel est une approche pédagogique du tango possédant rigueur et méthode, un système d'enseignement qui donne des résultats appréciables.

On compte plus d'un millier de diplômés, les Dinzelitos, pour reprendre une expression rigolote; et l'Universidad del Tango,fondée dans le sillage de la recherche-expérimentation des Dinzel, forme chaque année des enseignants s'intégrant au réseau scolaire depuis qu'on a promulgué d'intérêt public la culture tanguesque en Argentine.

Par osmose, le public montréalais s'est initié au Système Dinzel car des artistes de prestige ont assimilé cette approche tout en faisant carrière sur la scène internationale: Miguel Ángel Zotto, Hernán Obispo, El Indio, de la Plaza Dorrego, Gustavo Naveira, Jorge Torres, Norberto 'El Pulpo' Esbrez, Brenda et Elías, sont quelques-unes des figures connues ayant transmis à des tangueros d'ici de toutes tendances l'esprit et la lettre des Dinzel.

Tout comme Luis López, notre boleador máximo, Rodolfo Dinzel a d'abord fait du folklore, tandis que Gloria Dinzel, sa partenaire et dame de coeur, vient de la danse classique. Contemporains des J. C. Copes, Virulazo, Todaro et Pepito Avellaneda, ils se sont engagés sur la voie de la recherche et de la codification de l'enseignement du
tango pour répondre à une préoccupation séculaire, soit de transmettre un corps de doctrine s'étant transformé en un phénomène de masse propre au Río de la Plata et rayonnant à l'échelle planétaire.

L'essentiel de mon propos est tiré de deux ouvrages à tirage limité, El tango, una ansiosa busqueda de libertad (1999), et El Tango, una danza-sistema Dinzel de notación coreográfica (1997), publiés par la maison El Corregidor. Sans épuiser le sujet, nous nous initions sur les ondes de Montréal-Buenos Aires, vice versa, aux idées-forces du Système Dinzel.

Par exemple, la pratique du tango met en évidence la représentation des instances du couple uni par la danse dans une étreinte rapprochée. Il faut savoir que l'idée du tango comme pensée (sentiment) triste qui se danse, ou comme une infinité de possibles,ne dit strictement rien du couple dansant. L'idée de partenaires évoluant à l'intérieur d'un
cylindre mouvant est quant à elle d'une grande nouveauté.

A fortiori, il est utile de rappeler que la géométrie asymétrique du couple enlacé se fonde sur une volumétrie sculpturale finement ciselée. Les Dinzel rappellent de surcroît que la rencontre du couple sur la piste se construit en trois étapes distinctes: l'enlacement proprement dit (el abrazo), l'encadrement (el encastre) et le moulage (el molde), c'est-à-dire que les corps sont pressés l'un contre l'autre, mais comment, jusqu'à quel point, et surtout pourquoi donc? Ce sont là des réalités bio-mécaniques indissociables de l'étreinte du tango que les Dinzel ont mis en évidence à la suite d'une patiente élaboration.

Enfin, la posture des danseurs devient déterminante alors que les corps sont debouts et jouent sans cesse de leur équilibre voulu précaire. La dissociation entre la partie basse du corps, expressive et envahissante, et la partie haute, dramatique, confidentielle et émotive, obéit à une construction rigoureuse de lignes corporelles favorisant le déplacement improvisé sans heurts sur la piste de danse.

La zone du bassin est la zone-tampon qui favorise en filigrane la dissociation entre le haut et le bas, mais agit également comme zone de compensation d'équilibre entre partenaires. En dernier lieu, la notion de tiers-volume, à l'intérieur du cylindre de contention du couple, est en soi un concept original qui vient compléter l'approche des Dinzel.

La conduite de la danse, l'effet de flotaison et le dialogue improvisé réglant les échanges entre partenaires sont autant de dimensions qui prennent tout leur sens dans une meilleure compréhension du Système Dinzel.

Bref, quiconque veut mieux danser peut apprécier la contribution des Dinzel. L'écoute ici peut se révéler profitable alors que les textes mentionnés restent d'une relative aridité théorique et, pour l'essentiel, demeurent relativement peu accessibles.

En revanche, ces deux émissions radiophoniques devraient permettre de comprendre d'une part qu'il faut établir que l'on a enseigné le tango en Argentine depuis fort longtemps, (Alippi et Casímiro Aín ont eu leurs académies, tandis que l'ineffable Carmencita a enseigné à l'Academia de Cachafaz); d'autre part, les émissions pourraient
suggérer à nos gens d'envisager de se perfectionner auprès des Dinzel qui professent à Buenos Aires.

L'apport des Dinzel est de grande valeur, leurs idées, d'une modernité et d'une saveur insoupçonnée. Bonne écoute.
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