témoignages

94. Qu'est-ce que le tango et comment il se transmet ? par Matias

Qu'est-ce que le tango et comment il se transmet ?

- C'est une danse, pour laquelle, à partir du premier moment ou l'homme et la femme se prennent dans les bras, il s'agit pour eux de réussir à se rencontrer , non seulement d'un point de vue technique mais à travers le quotidien, l'émotionnel, c'est une danse dans laquelle chacun s'attache à résoudre cette incertitude anxieuse de la rencontre.. Cette danse est rendue possible par l'intégration totale par des deux danseurs d' un code d'écoute-proposition-acceptation-confiance . C'est une danse "sociale" (sociétale).

- Cela signifie que n'importe quelle personne, de n'importe quel âge, condition physique ou mentale, peut danser le tango et qu'il n'existe pas une unique, ou deux ou trois uniques forme strictes pour l'enseigner, mais plutôt qu'il y a de nombreux chemins d'acceptation de soi-même qui mènent le danseur vers une maturation de sa relation avec cette danse. Le danseur plus habile ou qui développe le plus de capacités est celui qui a su intégrer les codes d'écoute-proposition-acceptation-confiance déjà mentionnés.

- Cette danse, surgit d'un métissage culturel mondial inégalable, est patrimoine de l'humanité, parce qu'elle reflète toutes les formes de rapprochement du couple au moment de danser. Les femmes et les hommes dansent la façon de se mettre en relation, dansent l'histoire qui est la leur depuis le début de l'humanité.

- Le "professeur" ou "maestro" n'est ni plus ni moins qu' un facilitateur (transmetteur) qui se passionne pour ce travail, pour le plaisir de partager sa petite ou grande connaissance de cette danse. C'est clair pour tous , depuis les plus avancés jusqu'aux moins avancés, qu'il y a toujours à apprendre et que le caractère social de cette danse fait que nul ne sait avec qui il va danser la plupart du temps : cela implique qu'il lui faudra rencontrer sur son chemin beaucoup d'hommes et de femmes à différents niveaux de connaissance : pour cette raison, on ne peut pas parler d'un apprentissage d'une ou peut-être deux techniques, mais de l'accession à un code commun pour communiquer : écoute-proposition-acceptaton-confiance.

La transmission du Tango à Buenos Aires :

- Il n'existe pas officiellement d'Université du Tango qui soit reconnue, non seulement au niveau d'un Ministère, mais au niveau d'un véritable parcours de formation de danseurs.

- La non-officielle Université du Tango, a pour but simplement, d'amener de plus en plus de personnes au tango, certaines ayant des vocations tangueras, en leur procurant un lieu ou elles peuvent développer cet art : chant, musique, danse. Je dois signaler, qu'en tant que "transmetteur" de cette danse, j'ai beaucoup d'élèves qui proviennent de cette université , avec des niveaux très bas, dus au fait que ce n'est pas l'objectif majeur de cette institution que de former des danseurs.

- Il existe aussi une association qui travaille à la transmission des styles de tango des vieux grands danseurs ("milongueros"), partant du principe qu'ils furent les porteurs du tango rioplatense, et qu'ils sont les détenteurs d'une esthétique tanguera d'une valeur inégalable. Les élèves apprennent à danser "à la manière de.;" mais n'intègrent pas une connaissance scientifique, puisque cette connaissance-là n'existe pas .

- Quant aux académies de tango, elles échappent à une technique unique, car tous les professeurs enseignent différemment, puisqu'il n'y a pas une seule manière de danser mais qu'il y a autant de façon de danser qu'il y a de danseurs.

- Il est impossible de dire qui peut être professeur ou non, car aussi nombreux que nous sommes et de tous niveaux, nous ne sommes que des passeurs /transmetteurs qui alimentont les danseurs pour qu'ils trouvent un chemin personnel à l'intérieur de leur propre danse. Nous sommes en même temps tous, élèves d'autres professeurs , et de nous-mêmes, vu que personne ne peut détenir dans sa totalité la connaissance née de l'expérience de milliers de danseurs.

Matias Damián Facio
Bailarín Social de Tango Argentino
Buenos Aires
Argentina

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Qué es el Tango Argentino y cómo se transmite?

- Es una danza, en la que desde el primer momento en que el hombre y la mujer se abrazan para bailar, deben tratar de encontrarse, pero no solo desde lo técnico, sino desde lo cotidiano, lo emocional, y en la cuál ninguno de los dos puede dejar de tratar resolver ansiosamente esta incertidumbre: está determinado por la entrega total de los dos bailarines a un código de escucha-propuesta-aceptación-confianza: es un baile ‘social’.

- Esto determina que cualquier persona, con cualquier edad, condición física y/o mental, puede bailar esta danza social por lo que no puede decirse que existe una única o dos únicas ni tres únicas formas estrictas en las cuáles enseñarla, sino que hay muchos caminos de aceptación de uno mismo que lo llevan al bailarin a ‘crecer’ en su relación con esta danza social. El bailarín más hábil es aquel que supo integrar los códigos de escucha-propuesta-aceptación-confianza antes mencionados.

- Este baile folklórico, surgido de una mixtura cultural mundial inigualable, es patrimonio de toda la humanidad porque claramente refleja todas las formas de víncularse de las parejas al momento de bailar. Mujeres y hombres bailan sus vínculos y relaciones, bailan la historia que les pertenece desde los principios de la humanidad.

- El ‘profesor’ o ‘maestro’ no es más que un mero colaborador que se entrega a su ‘oficio’ por el placer de compartir su poco o mucho conocimiento sobre este baile. Es claro para todos ellos, desde los más avezados, hasta los menos, que siempre hay algo por aprender ya que, siendo este baile un baile social, uno nunca sabe con quién ha de bailar la mayoría de las veces: esto implica que deberá encontrarse en su camino con muchos hombre y mujeres con diferentes capacidades y conocimientos en su baile. Es por esto último que no puede hablarse una o quizás dos técnicas, pero si de código comunes para comunicarnos: escucha-propuesta-aceptación-confianza.

De la transmisión del baile del Tango en Buenos Aires:

- No existe oficialmente universidad de tango que sea avalada no solo por el gobierno sino también por su trayectoria como escuela formadora de bailarines.

- La no-oficial Universidad del Tango, procura simplemente incorporar más y más personas a la comunidad tanguera dandoles lugar, a todos aquellos con alguna raíz de vocación tanguera un espacio en la cuál puedan desarrollar, aunque muy muy poco, el canto, el baile y la música. Cabe destacar, que como ‘transmisor’ de este baile folklórico, tengo muchos alumnos egresados ya que provienen de dicha universidad, con niveles muy bajos, ya que, como mencioné antes, no es el principal objetivo de esta entidad.

- Existe una asociación que trabaja para la transmisión de los estilos de tango de los viejos grandes bailarines por considerarse de un inigualable valor la estética tanguera que conservan los mismos, y por haber sido ellos los portadores de tan lindo baile folklórico propio del Rio de la Plata. Los alumnos aprenden a bailar a la ‘manera’ de ellos, pero no incorporan un conocimiento científico ya que no existe dicho conocimiento.

- Las academias de baile en Buenos Aires carecen de una técnica única, todos los profesores enseñan diferente al no existir una única manera de bailar sino una única manera propia de cada bailarín.

- Es imposible decir quién puede ser profesor o no, más bien todos y de todos los niveles, somos meros transmisores y colaboradores que con ello alentamos a los bailarines para que encuentren de manera clara un camino dentro de su propio y único baile. A la vez, somos nosotros todos, alumnos de otros y de nosotros mismos, ya que nadie a podido jamás abarcar en su totalidad el conocimiento nacido de la experiencia de miles de bailarines, pues no podemos olvidar, que nuestro baile es un baile ‘Social’ surgido de un conflicto social desde el primer momento en que un hombre pregunta a una mujer para bailar algunas piezas.

Matias Damián Facio
Bailarín Social de Tango Argentino
Buenos Aires
Argentina

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93. [L-60] « EL ARTE DEL TANGO » plus « UN PEU D’INFORMATION », par Cecilia

Voici le mot qui m’a donné envie de participer au blog : « art ». Merci Leonardo !

Merci à tous de vos apports ! « Amateur : celui ou celle qui aime ».

Et vous vous lancez tous à defendre votre aimé tango pour pouvoir continuer à le pratiquer dans des conditions qui ne le denaturalisent pas. Je me réjouis de tous ces apports ! Oui ! Dans ce sens, nous sommes tous dans le même bateau.

Je veux apporter des précisions et des éclaircissements à ce débat à partir de mes connaissances et mon vécu de danseuse et professeur argentine en Argentine et en France.

1) D’abord, je propose de dégager la notion de culture de la spécificité de la danse du tango argentin. À ce point, il semble assez clair pour tous que la « danse tango » fait partie d’une « culture » : danse, musique, littérature, théâtre, peinture, etc. Tout comme la danse classique, ou contemporaine, jazz ou hip-hop le sont aussi.

De cela découle qu’un « bon danseur » ou prof devrait connaître cette culture pour savoir de quoi il bouge.

Focalisons nous sur la danse en elle-même, elle a des spécificités propres, qui la distinguent des autres danses et qui font qu’elle ait besoin d’un mode de transmission, de pratique et d’un environnement propres.
Par exemple : Les Dinzel on crée à Buenos Aires une « Université du tango » , université de l’état, ou chaque aspect de cette culture avait une place propre. Une des reformes du système éducatif argentin (si je me rappelle bien) obligea à revoir à la baisse un projet aussi ambitieux, et l’université est devenu le Centro Educativo del Tango, qui décerne les diplômes de « Instructor en Tango-danza » et « Instructor en Historia del Tango ».

2) Quelle est donc la ou les caractéristiques propres de la danse du tango argentin ? Elles ont déjà été évoquées :
- « Tango : une possibilité infinie ». Liberté….
- « Tango : expression de la passion, de l’affectivité…. »
- « Tango : culture populaire » , « danse de rue », « expression populaire », « art populaire »….

Nous sommes tous d’accord que « le » tango (et à partir d’ici je ne parlerai que de la danse) est « un’ , mais aussi « multiple » : « tous » les tangos sont « le » tango, sa caractéristique propre étant sa multiplicité d’expressions et de styles. Bon, je dis « nous sommes tous d’accord... » , mais c’est vrai que les polémiques de café existent et existeront… autour de « son tango n’est pas tango »

Nous savons que le tango s’apprend, que c’est une danse transmissible. La grosse question est alors :

3) QUELLE MODE DE TRANSMISSION SPECIFIQUE POUR CETTE DANSE SPECIFIQUE ? QUELLE MODE DE TRANSMISSION RESPECTUEUX DE SON ESSENCE ?


La question me passionne ! La réponse ( hurlé ) dans le blog est :... « ..Certainement pas un mode qui le déforme!!!!!!!!!! »…Et à chacun de décrire le visage de cet déformation crainte ou les multiples façons respectueuses de transmission qu’il a vécues.

4) Pour faire mon apport, je voudrais revenir sur la notion de tango=art populaire.

- 4.1) Ça veut dire que nous avons d’un côté la notion de «populaire », ce qu’on appelle la MILONGA, le bal, la RUE, la danse ou tout et chacun peut s’exprimer, ou il y a une tradition, des codes, et aussi une possibilité infinie d’expression personnelle. La milonga est la racine, le creuset, la matrice, la mère et la mer où se côtoient les danseurs le plus maladroits et le plus sublimes, les gens les plus variées qu’on puisse imaginer.

Appelons à tous « milongueros », si ça vous plait, aux plus subtiles je voudrais les appeler « artistes populaires », ou « artistes intuitifs », des gens issues de la milonga qui ont élevé sa danse au rang d’ART, pour sa qualité, sa subtilité, la force de son expression, sa capacité de toucher les émotions des spectateurs.

La « démonstration » dans une milonga constitue ce moment dans lequel le populaire peut devenir « art ».Et son accès est assez démocratique : de façon potentiel chaque personne présente au bal peut la faire. Le rite de la démo est censé motiver tous les danseurs qui regardent. C’est le « Poussez vous, laissez les danser ! » ou le : « Allez-y ! Montrez nous ce que vous savez faire ! » , ou plutôt ce que vous avez sur le cœur !

Parmi plein d’autres, je pense par exemple à Tété, grand danseur issu de la MILONGA, qui a travaillé régulièrement avec Pina Bausch au Tanztheater de Wuppertal. Ou à la rare orchidée de la milonga : la belle Géraldine. Quel bonheur retrouver la « lettre de Tété » dans ce blog, n’est-ce pas ?

- 4.2) De l’autre côté, il y a la notion d’ART, donc, la SCENE, où il y forcement un « savoir faire" : un métier, une technique, une discipline, une réflexion sur l’esthétique, l’interprétation, l’émotion, une éthique de travail, des codes, une tradition, une liberté de créer, une transmission, pourquoi pas une pédagogie ….…

Il y donc des « danseurs professionnels », qui sont aussi « artistes populaires » ou « artistes d’un genre populaire » : danseurs issus de différents milieux de danse (la milonga incluse) qui vont nourrir son art de cette racine « populaire » : la milonga, plus toute la « culture tango » qu’on a laissée derrière nous dans le point 1.

Leur belle mission serait de trouver son chemin d’expression entre liberté et tradition dans cette « culture populaire », être « passeurs d’identité » pour les Argentins, « faire la diffusion de la culture tango » à l’international. Faire vivre, (tout comme le milieu de la milonga), ce qui parle à l’universel humain et ce qui parle aux argentins. Combien de vous avez décidé de danser le tango après avoir vu un spectacle ?

Les premiers à faire monter le tango sur la scène ont été Juan Carlos Copes et Maria Nieves. Ils ont transformé une danse populaire en expression artistique.

Le succès mondial du spectacle « Tango argentino » a consacré la danse du tango comme danse de scène de premier rang. « Tango argentino » charmait avec la diversité artistique de chaque couple de la troupe.

Copes a fait école, il a appris à des générations de danseurs le métier de « danseur professionnel de tango argentin ». Aujourd’hui pleines d’autres propositions esthétiques sont apparues, mais il reste un artiste de premier rang, qui me touche beaucoup. Sa partenaire d’antan, la diva du tango, les « jambes de Buenos Aires », comme disait Astor Piazzolla : « Maria de Buenos Aires, c’est toi» : Maria Nieves, brille encore sous les feux de la rampe dans « la calle Corrientes » (le Broadway de Buenos Aires).

Ce métier s’apprend en travaillant à côté des artistes argentins. C’est comme ça que je l’ai appris. Si bien que les esthétiques ont évolué, ça a été intéressant de passer par la « case Copes », de la main de mon premier prof, le talentueux et inconnu ( comme tant d’autres) Juan César Alvarez.

Si bien que le nom de Copes est aussi connu que Coca-cola en Argentine, souvent les artistes de scène (exception faite du « panthéon » de la troupe de « Tango Argentino ») et son savoir faire est méconnu en France, elle est beaucoup plus connectée avec l’univers de la milonga.

5) ( ou retour au point 3 : Quel enseignement ? ) Milonga et scène, deux mondes…Et où l’on met l’ENSEIGNEMENT ?

Pour les deux, il faut apprendre! Je complète cette « trilogie des dieux et déesses du tango argentin » avec le(s) pionniers de l’enseignement, les premiers créateurs d’une pédagogie, « ceux qui enseignaient quand personne le faisait encore, on était tous danseurs, mais Rodolfo avait une vraie vocation » ( selon témoignage de Carlos Rivarola): les Dinzel.

Rodolfo Dinzel a une formation de danseur folklorique, Gloria de danse classique au célèbre Théâtre Colon. J’aime décrire mon cher prof comme un génie multiforme et bordelique. Ils créent une progression pédagogique. ( Avez-vous essayé de comptabiliser les pas « qui existent » dans la tradition tango ? Eh, oui !. S’il y a des entomologistes, pourquoi pas quelqu’un d’aussi cinglé pour s’embarquer dans l’inventaire des figures qui existent, pour ensuite proposer une progression ? ). Les Dinzel ont proposé aussi une technique, une mécanique, une notation (si, si, je ne délire pas), une méthode d’improvisation, une philosophie, des exercices sur l’énergétique, une formation des aspects expressifs, une tango-thérapie ou « psycho tango » et je crois être au court pour tout citer….

Tout ça pour nous passer finalement la seule leçon de tango valable : sois libre, sois toi-même… .Pour preuve, le nombre de danseurs et profs absolument différents qui sont passés par sa démarche et ont fini dans les deux mondes : milonga et /ou scène.

6) (Ou aclaration sur le point 4) Pas de confrontations, alors entre la milonga, la rue et la scène ! C’est seulement afin de mieux présenter les idées je me suis permis de parler de « deux mondes » : ils sont très souvent mélangés, imbriqués, présents à l’intérieur et dans les activités de la même personne ( surtout dans le cas des professionnels de niveau) . J’ai souhaité juste faire un apport pour enrichir la réflexion : l’enseignement n’est pas le même pour rendre quelqu’un capable de s’éclater dans le bal que pour le rendre capable de toucher un spectateur, gagner sa vie dans la scène ou le donner les outils pour devenir professeur d’amateurs.

J’imagine des rapports nourrissants dans les deux sens entre « milonga » et « scène » . : les gens « de la scène » qui respectent la milonga et qui font un bon plongeon dans ses racines, les gens « de la milonga » que ne coupent pas les ailes de la danse.

7) Pour revenir donc au sujet de l’enseignement, je dirais : PAS UN ENSEIGNEMENT MAIS DES ENSEIGNEMENTS, pour un tango multiple, des enseignements multiples.

En Argentine on dit : « Cada maestrillo con su librillo » : « chaque maître avec son bouquin » . Remarquez le diminutif tendre ou moqueur : chaque « petit » maître avec son « petit » bouquin. Nous vivons aujourd’hui un moment d’expansion et de foisonnement du tango argentin. Des apports vraiment créatifs de la part de grands professeurs et danseurs ont lieu, par exemple celui, énorme, de Gustavo Naveira.

A côté du seul diplôme officiel d’Argentine, ( lequel n’est nullement obligatoire) , il existent de tas de « certifications privés », mais aussi des parcours libres validés par le prestige des professeurs, par le talent artistique des danseurs. En Argentine, la liberté la plus désordonnée n’empêche l’existence d’institutions aussi académiques et prestigieuses comme la Academia Nacional del Tango ( pour l’ensemble de la culture tango) ou la Academia de Lunfardo (pour sa langue et littérature) , et le tango comme danse est enseignée dans des carrières de danse de l’état de niveau universitaire ou national.

Le talent et la créativité des professeurs est abondant. Je rêve d’une attitude de partage, de confrontation saine, des respect des différences qui fasse avancer cet danse. Au but du compte, elle est toute jeune, elle dépasse à peine ces 100 ans !

BON TANGO A TOUS !

Cecilia Pascual
France, le 30 avril 2008

¡Viva el Tango!
http://tango-argentin-cours-spectacles-greno.blogspot.com/
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83. Expérience du tango argentin après les danses de salon, par Claude

Je souhaite simplement décrire ici succinctement mon expérience du tango argentin en essayant d'expliquer pourquoi, pour moi, il ne s'agit pas simplement d'une danse parmi d'autres, conviction souvent entretenue par les écoles de danse de salon.

Avant de découvrir le tango argentin, nous (ma femme et moi) pratiquions depuis pas mal d'années les "danses de salon" et nous fréquentions hebdomadairement les soirées dansantes et après-midi dansants de la région. Cela nous procurait, à l'époque, pas mal de plaisir. A un certain moment (vers 1998), j'avais contacté une danseuse argentine s'occupant d'une association locale de tango argentin, avec à l'esprit, l'idéee d'ajouter cette danse à notre répertoire. D'une longue discussion, il était ressorti qu'elle considérait que "si nous devenions adeptes du tango argentin, nous délaisserions tout naturellement les danses de salon". Ne voulant pas "perdre nos acquis", nous en étions resté là.

Puis, vers 1999,nous avons quand même commencé à nous initier au tango argentin, tout en continuant nos sorties hebdomadaires de danse de salon. Mais, après quelques années (et déjà quelques déplacements), nous avons commencé à entrevoir les potentialités du tango argentin et, par comparaison, petit à petit, le plaisir apporté par les danses de salon s'est émoussé.

Pourquoi cela ? Parce que, à notre avis, le tango argentin offre des possibilités sans égal :

- L'improvisation : certes, lorsque l'on débute, cette improvisation se limite souvent au choix d'enchaînements de séquences types, de la même manière qu'en danse de salon (il me semble d'ailleurs que, dans les années 90, le tango argentin était plutôt enseigné dans cet esprit). Mais avec le temps, l'expérience, l'habileté, la sensibilité, cette improvisition s'applique à chaque pas et, même à l'intérieur du développement d'un pas (dynamique, amplitude, accélérations, hésitations...) ; d'ailleurs, peut-on encore parler de pas !

- La musicalité : la plupart des danses de salon n'ont besoin que d'un rythme donné (et, à la rigueur d'une phrase musicale, souvent de 8 mesures, parfois des groupes de phrases qu'on "sent" nettement en valse ou en java) pour s'exprimer. La mélodie a peu d'importance, et encore moins les instruments l'interprétant ; à la limite, une bonne "boîte à rytmes" pourrait souvent suffire. Pour s'en convaincre, il suffit de regarder quelques "shows" de danse dite sportive dans lesquels des mouvements de tête stéréotypés apparaissent sans qu'aucun accent n'existe dans la musique). A l'opposé, le tango argentin permet (mais n'impose pas) d'exploiter toutes les "nuances" d'un morceau, de s'attacher tantôt au bandonéon, tantôt au piano, tantôt au violon, voire même (les avis sont partagés !) de venir s'introduire comme un instrument supplémentaire de l'orchestre...

- La quasi unicité de chaque danse : c'est une évidence de dire que, comme toute danse, le tango argentin est conditionné par l'environnement (la partenaire, les autres couples de danseurs...) mais, en tango argentin, cette dépendance peut aboutir à une très grande variabilité. Par exemple, les actions du danseur et leur dynamique pourront être choisies (et même parfois induites) en fonction de la réactivité de la danseuse à un instant donné, de l'harmonie (et du manque d'harmonie) du lieu de danse et des acteurs de la danse. Elles pourront également dépendre de l'orchestre interprétant un tango enregistré donné (deux interprétations par deux orchestres différents d'un même morceau peuvent parfois être aussi différentes l'une de l'autre que deux tangos différents (à ce propos, je pense à toutes les interprétations de "desde el alma" ou de "la comparsita" que j'ai pu rencontrer). S'il s'agit d'un orchestre "in vivo", ces actions pourront être partiellement conditionnées par l'excitation ou le relâchement de l'orchestre. Chaque danse est une petite chorégraphie instantanée, non reproductible...

- Ces possiblités sont encore démultipliées pour la danseuse (ou celui qui est guidé) puisque chaque danseur dispose de son propre tango et ceci, non seulement par son style, mais aussi par le répertoire d'actions qu'il s'est forgé au fil des années.

Pendant quelques temps, j'avais espéré retrouver ces possibilités dans les danses de salon, pensant que, peut-être, j'étais conditionné par mon apprentissage initial et que c'était à moi de faire un effort pour mieux improviser. Autant dire que je n'y suis jamais parvenu.

En définitive, la "prédiction" de la danseuse argentine contactée en 1998 s'est réalisée : nous avons définitivement abandonné les autres danses, au profit du tango argentin. Et pourtant, dieu sait si, pour satisfaire cette passion, il faut investir (en temps, en argent, en énergie et en déplacements) et accepter souvent de danser dans des lieux peu festifs (par rapport à ceux où l'on pratique les danses de salon).

J'espère très vivement qu'une quelconque "normalisation" ne viendra pas "rompre ce charme", en faisant régresser le tango argentin au niveau d'une danse ordinaire.


Claude Delannoy

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Lettre ouverte: Apprenons à danser le tango, d'après Tété (9 janvier 2006, http://tangopassion.fr)

[Lettre ouverte du Maestro Tété : Apprenons à danser le tango (traduction libre par Bernard-Yves Cochain), sur le site http://tangopassion.fr/docs/esta_es_una_carta_abierta_del_ma.htm]

Aujourd'hui, 9 janvier 2006, avec toute l'affection et le respect que j'ai pour vous, j'aimerais vous demander quelque chose. Ce n'est pas un reproche, pour qui que ce soit. Ce que j'aimerais, c'est que les jeunes et tous ceux qui dansent le tango comprennent mon point de vue : Il n'est point besoin de travestir le tango, en aucune manière, car cette musique, si passionnée, nous donne vie, énergie, plaisir et ainsi nous donne des sentiments meilleurs. Depuis le temps que je vois des danseurs et des professeurs, je pense qu'il ne faut pas qu'il persiste autant d'erreurs dans l'enseignement et les démonstrations. Mon sentiment est que la musique est la base principale du Tango. Il faut ensuite apprendre à danser avec elle, dans le respect de l'équilibre et du rythme (cadencia). Je ne peux pas affirmer que la technique n'existe pas quand on danse, mais je crois qu'il serait profitable que l'on enseigne à danser plus librement, pour soi même... Là est le plaisir. Personne ne nous méjuge en nous regardant danser entre-nous deux.

En cela, je dis que beaucoup travestissent le tango en ce qu'il n'est pas réellement. Il est avant tout musicalité et ne se préoccupe pas initialement des pas. Nous ne devons pas commettre l'erreur d'oublier d'enseigner comment marcher sur différents rythmes en harmonie avec chaque orchestre. Trop de personnes qui enseignent le tango devraient d'abord apprendre à le danser pour ensuite pouvoir enseigner en donnant tout de soi. Ainsi, ils ne trahiraient pas leurs élèves, ni ne nuiraient à leur réputation de professeur.

Le tango n'est pas une marchandise, contrairement à ce qu'en font beaucoup. Le tango fait partie de notre vie, partie de nos ancêtres, pères, mères, frères, amis. Il est notre vie. Nous ne devons pas persister dans l'erreur. Il faut reconquérir, celui que nous perdons, faute de le respecter.

Chers amis, danseuses, danseurs, l'enseignement du tango est un travail supplémentaire dans votre vie. Par respect pour vous-même, vous feriez mieux dans vos démonstrations de danser plus de tango et faire moins d'acrobaties, de ballet et de ces choses qui ne sont pas du tango. Je ne puis croire qu'avec les démonstrations vous entriez en compétition en sachant que chaque couple doit créer son style. De plus, on ne devrait pas danser sur de la musique qui n'est pas du tango. Ainsi, on ne trompe personne, pas même soi.

Voici un conseil pour la communauté tango d'Europe et du reste du Monde : Il me plairait que vous ouvriez les yeux sur la pédagogie de la danse, en particulier les organisateurs de stages et les professeurs. Avec toute mon affection, j'aimerais qu'ils sachent que quand ils organisent quelque chose, ils se doivent d'inviter les meilleurs danseuses et professeurs pour pouvoir enseigner comme il se doit. Sans musique, rythme, posture et équilibre, les pas ne servent à rien. Pour cela, il faut des danseurs authentiques. Alors, enfin, du fond de mon cœur, avec un soupçon de tristesse, je voudrais que vous y pensiez. Si vous avez quelque chose à me dire, j'aimerais que vous le fassiez, à travers une revue ou ailleurs, où que ce soit. Si vous souhaitez vous plaindre, parlez-moi, je vais au bal, voyez-moi, parlez-moi, demandez-moi. Je vous répondrai à tous. N'ayez crainte. Je ne laisserai personne sans réponse, mais s'il vous plait, changez de pratique, que nous soyons tous heureux. Il faut que nous puissions danser le tango en étant nombreux et heureux, sans plus vendre de mensonge à qui que ce soit. Je vous envoie un baiser et vous étreints tous en espérant que cette année qui commence sera la plus heureuse pour tous. Merci.

Tété

PS : Mon unique crainte est que vous continuiez à vous tromper, cela blesse... Pardon

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Carta abierta del Maestro Tete : Aprendamos a bailar el tango

Hoy, 9 de enero del 2006, quisiera pasar a pedirles algo con el cariño y respeto que siento por todos ustedes. Esto no es un reproche para nadie, yo lo que quiero es que la juventud y todo aquel que baila tango entienda mi motivo: No hay que disfrazar al tango bajo ningún punto de vista, porque esta música tan apasionante nos da vida, energía placer y así nos sentimos mejor. Después de muchos años de ver bailarines y maestros, pienso que no puede haber tantos errores en la enseñanza ni en las exhibiciones. Paso a contarles cual es mi idea. Siempre supe que la música es la base principal del tango. También es aprender a caminar con ella, teniendo equilibrio y cadencia. No podría decirles que no hay una técnica cuando se baila, pero sí que seria mejor que se enseñara a bailar mas libremente, para uno mismo...ahí esta la diversión. Nadie nos compromete mirándonos porque bailamos para nosotros.

En esto digo, pienso que muchos están disfrazando al tango de algo que no es verdad, porque el tango es música y no se empieza por los pasos, ni tenemos que cometer el error de no enseñar como caminar diferentes compases musicales para reconocer cada orquesta. Mucha gente que esta enseñando tendría que aprender primero a bailar tango, para poder enseñar dando todo de si mismo, para no defraudar a sus alumnos ni dañar su imagen como profesor.

El tango no es un negocio, aunque muchos lo vean así. El tango es parte de nuestra vida, parte de nuestros abuelos, padres, madres, hermanos y amigos. Es nuestra vida. No deberíamos equivocarnos tanto y tendríamos que volver a conquistarlo, ya que lo estamos perdiendo por no respetarlo.

Queridos amigos, bailarinas, bailarines, como esto que hacen es un trabajo mas en la vida de uno , por respeto a ustedes mismos, en sus exhibiciones seria bueno que bailaran mas tango y menos acrobacia, ballet o cualquier cosa que no sea tango. No quiero creer que también con las exhibiciones compiten; sabemos que cada pareja debería crear su estilo, y además no se debería bailar música que no es tango. En eso no se mientan a ustedes mismos ni a la gente.

Y para la comunidad tanguera de Europa y el resto del mundo, les doy un consejo: me gustaría que abrieran los ojos acerca de cómo aprender a bailar, principalmente a los organizadores de stages y a los profesores, con todo mi cariño, quiero que sepan que, cuando se organiza algo, se trata de llevar los mejores bailarines y maestros, para poder enseñar como es debido. Sin la música, la cadencia, la postura, el equilibrio, de nada sirven los pasos, y para eso necesitamos maestros y profesores auténticos. Así que, bueno, desde el fondo de mi corazón, con un poco de tristeza, me gustaría que ustedes lo piensen y , si hay algo para decirme, me gustaría que lo hicieran, ya sea por medio de revista o por donde sea, si quieren quejarse, háblenme, yo voy al baile: me ven, me dicen, me preguntan, yo contesto\u2026Les voy a contestar a todos, no tengan miedo, que no voy a dejar a nadie sin contestar, pero por favor, cambien el sistema, pongan un sistema donde todos seamos alegres, donde podamos bailar el tango , donde seamos felices y donde podamos tener mucha mas gente, sin venderle ninguna mentira m á s, yo desde ya les mando un beso y un abrazo a todos ustedes y espero que este año que ha empezado sea el más feliz para todos. Gracias,

Tete

P.D: Mi único temor, es que sigan equivocados; que lastima...perdón.
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28. [L-6] Les Estivales (situation en Allemagne), par Peter

Le 28 févr. 08 à 19:35, benoit a écrit :
Dernière précision: pour le monde anglo saxon, l'endroit où on danse le mieux le tango argentin en dehors de l'Argentine est l'Allemagne. Du coup, il faudrait peut-être voir ce qui se passe chez nos voisins, si on veut réflechir à l'enseignement du tango...

Que l'Allemagne soit un pays anglo-saxon, je ne le savais pas ;-)

Mais tu as raison, le Tango est très bien développé dans mon pays et pour des raisons tout à fait intéressantes pour la discussion en cours.

Je vais en écrire plus, mais pour ceux parmi vous qui savez lire l'allemand, je vous invite à visiter
http://www.tangoargentino.de vous y trouverez un réseau d'écoles de Tango avec sa propre formation (qui inclut une formation plus générale sur le corps, la Méthode de Feldenkrais) de professeurs, sa pédagogie et - surtout - sa marque enregistré. Le fondateur de ce réseau est d'origine uruguayenne, d'où l'intitulé "Tango vom Rio de la Plata®". Pour lire sur la formation, cliquer sur "Berlin", la "maison mère". Je ne sais pas chiffrer leur part de marché, mais malgré sa taille, il ne devait pas dépasser les 10%-15%, mais plus par le passé.

Plutôt qu'un diplôme reconnu par l'état, il s'agit donc d'une marque déposée. D'autres formations pour professeurs existent (La Milonga, Bremen, ont enseigné beaucoup de professeurs), mais ils ont moins de visibilité.

D'un autre coté, regardez bien, qu'en Allemagne on vit mieux du Tango : peux d'associations, beaucoup de professionnels, beaucoup d'écoles de ... Tango. Souvent, ces écoles intègrent plus d'un couple d'enseignants.

J'ai beaucoup de sympathie pour le point de vue exprimé par Plume : la réalité des associations, c'est en partie une forme de "capitalisme déchainé " ... et j'ajoute, là, où une Allemagne certes plus capitaliste que la France a permis la création de nombreuses existences professionnelles "ex nihilo".

Pour moi, la question est donc moins une de diplômes et beaucoup plus celui-là : qu'est-ce qui empêche les bons parmi nos professeurs d'ouvrir des Écoles de Tango?! Si par exemple à Marseille, deux couples de professeurs décidaient de faire équipe dans une même école (même si elle enseigne plusieurs styles ...).

A suivre

-- Peter
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23. Désir intervenir et contribuer, par Plume

Bonjours cher monsieur,

A l'heure ou je vous écrit, j'ai déjà en qqs sorte jetté l'éponge.

En effet l'anarchie totale qui règne dans le tango au mains des plus pures lois d'un capitalisme totalement dérèglementé, m'ont "bouté" hors de cette activité.
Je note en effet qu'il n'y a dans ce contexte aucune place pour l'idée même de ce qu'est la qualité de son enseignement.
Méticuleux en effet dans mes activités, je me suis attaché depuis toujours, lorsque j'enseigne, à prendre le temps et à m'informer avant.
J'en veux pour preuve ces pages que je publiais dejà en 2002  http://www.tango3001.net/pathology/pathology.htm

Etant ancien danseur contemporain, je revivrai donc la tentative de règlementer l'enseignement de la danse.
Je vous rappellerai la réglementation de l'enseignement de la danse classique contemporaine et jazz des année 1990.

J'ai personnellement en grande amitié I. L. [..anonyme..] qui à l'époque était la secrétaire du bureau du ministère en charge de l'écriture de ces nouvelles règles.
De son propre aveux, elle en garde un souvenir assez mitigé... Peut etre serait-il intéressant d'interviewer une telle personne, afin de comprendre les erreur du passé !
Nous pourrions égallement citer C. D. [..anonyme..] par exemple !

Mais en tout état de cause il faut une règlementation.

Voyez-vous, je suis de ceux qui crois fermement que les règles servent avant tout, a comprendre une chose très précieuse à savoir: a partir de quand est-ce que je suis dans un autre domaine que le cadre fixé? Autrement dis à partir de quel instant je suis dans la recherche et donc dois être en mesure de justifier ce que je prétends faire de bon ou mauvais.

Ce qui est dommageable en effet pour l'instant dans le monde du tango c'est qu'en absence de cadre tous peuvent prétendre n'importe quoi en s'appuyant sur la crédulité du client. Je ne parlerai pas non plus des effets dévastateurs de cette absence de cadre pour ceux qui on fait des choix de vie professionnel et passe donc leur vie à s'informer et se former en matière d'enseignement et sur la matière meme enseignée...

Mais si je vous écrivais c'est également pour que vous me publiez ... et le malheur veut que je ne sais comment faire pour insérer ces lignes en tant que contribution dans votre BLOB que je qualifierais de génial.

Cordialement, Olivier Plume Fontaine F-CAEA
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14. Qui a le droit de se présenter comme prof de tango ? par Liliane et réponse de Claire

Bonjour Claire,

je me présente : Liliane, (7 ans de tango assidûment) nous nous sommes rencontrées il y a 2 ou 3 ans au festival de Lille, j'étais avec [... anonymat...], et je m'occupais de la com et de l'événementiel de l'asso Metz VilleTango dont j'avais été présidente pendant un an; j'ai organisé plusieurs grandes soirées et la plus mémorable qui ne remporte pas les suffrages de bon nombre de tangueros fut en juin 2006, lors de la demi-finale française régionale du championnat de BsAs : beau score : plus de 250 personnes, surtout du grand public non tanguero grâce à une publicité efficace. Le but : réveiller les Lorrains, les sensibiliser, leur faire partager cette belle passion, et surtout avoir des tangueros à Metz !!!

voilà, tu sais qui je suis.

Pour ce qui nous préoccupe, je ME et VOUS pose des questions:

QUI A LE DROIT DE SE PRESENTER COMME PROF DE TANGO ?

Sérieux dilemne, non ?

Je m'insurge contre le nombre de danseurs qui surgissent ça et là et qui ont la prétention de s'instaurer professeurs de tango et d'enseigner alors qu'ils n'en ont pas les compétences.

Par ailleurs, autant que je sache, tous les danseurs que nous connaissons, donnent des cours, se présentent comme professeurs, de quel droit ? sur quels critères ? par qui ont-ils été reconnus ? accrédités par qui, par quoi ?

Si les danseurs ne font pas de concours, s'ils ne GAGNENT pas de concours, comment peuvent-ils se faire connaître ? Quels sont les critères de compétences ?

Encore que, être bon danseur n'implique pas automatiquement que l'on soit bon pédagogue et inversement ! et nous en connaissons!

J'avais entendu qu'il y avait une université du tango à BsAs, qu'en est-il ?

Il existe de par le monde des conservatoires de musique et de danse, pourquoi n'y aurait-il pas l'équivalent pour le tango ?

Pourquoi pas une université du tango, qui ferait autorité, qui siègerait une fois par an, avec un jury composé des bons danseurs reconnus actuellement, pour faire passer des épreuves à l'échelon national aux candidats au professorat (comme le CAPES ou l'Agregation). Je verrai bien un examen d'aptitude à l'enseignement qui pourrait s'appeler Diplôme d'Aptitude à l'Enseignement du Tango Argentin (DAETA) où seraient jugées la technique, l'esthétique, l'élégance, l'imagination, l'originalité, que sais-je encore ...les connaissances de la culture du tango...la musicalité, les orchestres, etc. un peu comme le patinage artistique.

C'est une solution pour éviter les abus et les imposteurs, qu'ils soient français ou argentins, solution à réaliser avec des spécialistes du tango et non imposée par un ministère qui n'y connaît rien ou influencé et/ou sous la pression de lobbies magouilleurs qui cherchent à s'enrichir !

Voilà chère Claire le fruit de ma réflexion, je ne sais si cela fera avancer le schmilblick ...

j'attends des réponses; à bientôt, bises, Liliane

Chistophe: j'ai dansé avec toi à Metz au Centre Commercial St Jacques et tu m'as donné un cours particulier - j'étais débutante - et cela m'a permis de faire un sacré bond !

-------- Réponse de Claire Prouhet, 10/02/2008 15:06 ---------

merci Liliane,

Je te réponds à titre personnel sur la plupart des points :
Oui il y a pléthore d'apprentis danseurs qui à peine sorti du giron d'un prof, s'autoproclament "prof " à leur tour.
Mais on peut rétorquer à cela que c'est l'élève qui choisit son maitre : cette liberté de choix donne aussi une part de responsabilité à l'élève puisque celui-ci a de multiples offres et qu'il peut élire celle qui lui correspond le mieux. Cela est vrai pour les débutants, car ensuite, tu dois l'avoir expérimenté, les choses se complexifient !.De fil en aiguille , l'univers infini du tango s'ouvre à lui, et il décourvre les stages, les profs venus d'ailleurs, les maestros, les orchestres, les publications, les Cd, les chaussures, l'histoire de cette danse, le réseau d'associations, les bals dans tous les coins de France et d'Europe, les festivals, et s'il ne tombe pas dans la pratique tango addictive, du moins il devient comme chacun de nous un "mordu", curieux, itinérant, et sans oeillère ! (je mets tout en vrac exprès, cela peut partir dans tous les sens !!) et il ira ensuite à Buenos Aires, et etc, etc.. Et plus il progressera dans le tango, plus il deviendra difficile, saura se qu'il recherche, et choisira ses profs !
Donc au final qu'il y ait quelques incapables qui enseignent ne nuit qu'à ceux qui les choisissent car en principe, on ne reste pas quand le cours est mauvais !! et cette danse n'a aucune exigence physique, elle ne cause pas de dommages au corps donc il n'y a pas trop de danger si elle est enseignée par un mauvais danseur ! faisons donc preuve d'intelligence à cet égard !
S'il faut mettre de l'ordre quelque part, allons plutôt voir du côté des fausses associations, du travail au noir, des non-déclarations à la Sacem, des magouilles comptables.. là oui, il y a du travail de "nettoyage" pour que le fonctionnement soit plus clean, et n'autorise pas la tricherie qui elle-même encourage les fausses vocations !!

Par contre je continue à plaider pour les fondements mêmes du tango : populaire, initiatique, et universel : transmission orale, multiplicités des approches, paysage d'une intense richesse qu'un diplome ne peut que détruire, s'il n'est qu'une sanction basée sur une pseudo maitrise technique de la danse
Tu compares à la musique ?? eh bien justement les musiciens qui apprennent à jouer le tango doivent faire le même parcours : rien n'est écrit, codifié, ils doivent faire leur apprentisssage avec des maestros encore vivants pour pouvoir capter tant qu'il est encore temps les "secrets" de l'interprétation tango, les spécificités de chaque style, et ils n'apprennnent jamais avec un seul prof ! Plus ils diversifient leur apprentissage plus ils sont capables de jouer dans tous les styles et d'en dégager un qui sera leur propre style !

Ne pas oublier qu'il y a aussi un nombre plus grand de gens qui ne prennnent pas le titre de prof (souvent c'est les élèves qui le leur impose) et qui sont juste des "passeurs" de tango bénévoles ou défrayés et qui contribuent à la transmission d'une danse qui depuis 1 siècle a produit d'immenses danseurs, de grands maestros qui a leur tour ont appris à d'autres pour que jamais ne s'arrête cette transmission vivante, qui échappe à notre pensée rationnaliste et scolaire !

Qu'il y ait beaucoup de gens contre les concours c'est compréhensible car cette danse échappe aux caractéristiques des danses standard de compétition, mais tu as raison de souligner que cela fait aussi marcher la pub et la promotion de cette danse ! à condition que cela reste un évènement sans volonté d'en faire une institution comme dans la danse de salon ! Buenos Aires a son Mundial de tango, et cela est vécu comme un évènement parmi d'autres, sans intérêt particulièrement dominant dans tout ce qui se passe là-bas, sans prétention d'être un évènement référent dans cette ville ou le tango a une telle vitalité et liberté que personne ne peut se l'approprier !

Je pars dans quelques jours à Buenos Aires, et justement je vais m'informer sur les "voies" de formation qui se mettent en place là-bas sachant par avance qu'il n'existe RIEN de reconnu non plus et pour cause en Argentine ! excepté pour les touristes qui ont besoin de revenir avec un diplome.. acheté !!
Il y a très peu de Maestros reconnus mondialement qui ont fait la preuve de leur capacité à conceptualiser le tango, à l'apprendre avec une analyse et exhaustivité rares , qui ont déjà formé de nombreux danseurs devenus professionnels : je pense surtout à Gustavo Naveira (il a parmi ses élèves qui se revendiquent de son "école" : Chicho, Sebastian Arce, Pablo Tegli, Federico Moreno, Esteban Moreno ... et des dizaines d'autres.. qui sont jeunes et plein d'avenir... En fait quel prof de tango professionnel à l'heure actuelle peut s'être dispensé de passer entre les mains de Gustavo Naveira ??? Tous y ont gouté, tous ont fait ses séminaires, tous reconnaissent sa supériorité pédagogique ) Peut-être arrivera t'il à ouvrir vraiment une ECOLE de tango avec son estampille, pour le moment il continue à enseigner commel'ont fait ses "pères" par la voie du libre consentement des élèves, sans diplome à la clef !

voilà ce que je peux répondre avec ma petite expérience

Claire
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