33. Diplôme associatif, par Claire

[Proposition d'article soumise à La Salida pour l'édition de Avril 2008]

Le Ministère de la Culture prévoit de règlementer l'enseignement du tango : cela soulève une quantité de questions sur les conditions de la mise en place d'un tel diplome, sur les conséquences de cette nouvelle donne pour l'avenir de cette danse d'improvisation , qui n'a jamais été soumise à une certification (dans son propre pays d'origine), et sur les risques qui pèsent sur la diffusion du tango, en tant que culture populaire, par le biais associatif, terreau et ferment de sa renaissance, de son développement, de son intégration dans le paysage culturel, et véritable source de lien social, précieux espace de liberté (parmi les derniers ??) ..



Un diplome : dans quel but ? limiter le nombre d'enseignants ? récupérer le tango argentin dans les rangs des danses de société ? contrôler l'emploi dans les associations, en finir avec le salariat déguisé en intermittence ? nous faire croire quele tango est une danse à risque ? répondre à des directives européennes ou les devancer ? plier sous la pressions des fédérations de danse qui crient "à la concurrence " des associations ? vouloir harmoniser l'accès à l'enseignements pour toutes les disciplines de danse confondues, sans trop de discernement entre les danses académiques avec diplome d'état (classique, contemporain, moderne et modern'jazz..), les danses de salon avec diplomes d'institus privés, et toutes les danses du monde, danses populaires, et danses urbaines : Hip-hop, flamenco, tango argentin, salsa, danse orientale, ... ?
Un diplome : comment ? Quels critères prendre en compte, QUI va définir le niveau d'exigeance et le cursus à suivre? Quel sera le jury ? quel parcours pourrait remplacer les années de pratiques et d'expérimentation , et surtout comment ne pas réduire le tango, art de vie, culture populaire, danse sociale enracinée dans le Bal, musique, poésie, langage, littérature, cinema, à une simple discipline de danse enseignée entre 4 murs ? Comment respecter ce mode de transmission particulier, efficace et qui n'a jamais cessé, depuis l'origine jusqu'à aujourd'hui, du Maestro vers l'apprenti , du vieux Milonguero vers le jeune danseur contemporain, du "passeur de danse" bénvole vers le petit groupe de débutants du quartier, du danseur-professeur vers les élèves, sans souci d'âge, de génération, de milieu social, de langue, de frontière, ... ? comment valoriser à travers un papier affiché au mur le véritable parcours initiatique basé sur l'observation, la recherche, la multiplication des rencontres, des sources d'apprentissage, l'ouverture à tous les styles, évolutions? Comment garantir la qualité pédagogique ?

Nous autres associations, "personnes morales", mais surtout physiques, qui depuis 1990, faisons le chemin du tango, un chemin unique en son genre, tantôt portant, tantôt portées par l'enthousiasme d'éveiller l'intérêt voire la passion autour de nous, nous avons notre mot à dire sur ce projet et nous nous devons de montrer que nous sommes capables de nous fédérer, pour faire reconnaitre les spécificités de cette culture, les composantes du tango, les originalités de sa transmission,. Et surtout il faut d'une seule voix, démontrer la force de notre réseau associatif, cette "toile " tissée entre 1990 et 2008, ce travail réalisé sur le terrain par ses centaines d'associations,. C'est cette énergie et cette persévérance qui a permis au tango de connaitre un renouveau, un essor et un développement (musique et danse, orchestres et danseurs professionnels) que personne ne peut nier ou sous-estimer ! Il ne faut pas laisser d'autres décider à notre place, nous avons enore une chance de nous faire entendre si nous savons nous organiser : c'est pourquoi , dès ma première intervention dans ce débat, j'ai suggéré la tenue d' "ASSISES DU TANGO" au printemps 2008, afin de nous rassembler, de nous écouter, et de commencer à réagir en "groupe de pression".!

Claire PROUHET
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