[L-32] Réponse à Christian, par Pierre (temps du tango)

Réponse à Christian Dubar,

Bonjour Christian,

Merci de ton apport très documenté et utile dans ce débat, cependant il me semble que nous ne nous situons pas sur le même plan. Tu sembles déplorer que les interventions sur ce blog se limitent à ne parler que du tango argentin sans élargir aux autres danses. Nous nous bornons simplement à émettre un avis sur notre domaine de compétence, le tango argentin, et il ne nous viendrait pas à l’idée d’émettre des recommandations sur l’apprentissage du quick-step ou de la valse anglaise, domaine qui nous est mal connu ou inconnu…

Par ailleurs tu sembles limiter le tango argentin au seul domaine de la danse de couple, lui-même sous-classe de la famille des tangos, alors que pour la plupart des intervenants de ce blog, le tango argentin est avant tout une culture à vivre dont la danse n’est qu’un des aspects ; je prendrai comme exemples, dont l’un a d’ailleurs déjà été cité, la place de la danse dans les deux revues nationales consacrées au tango argentin « Tout Tango » et « La Salida ». Il est évident que ce sujet très souvent ne constitue pas le thème central de ces magazines, contrairement aux autres revues traitant de la danse de couple, alors même que le nombre de danses abordées y est beaucoup plus important (cinq danses latines, cinq danses standards…. )

Je prendrai comme autre exemple deux festivals importants :

- Tarbes, où parallèlement aux cours de danse, ont lieu des stages de musique, des conférences, des concerts, des projections de films, des spectacles de théâtre, des expositions d’art …..

- Prayssac où sont donnés des conférences, des cours d’espagnol, des concerts…. Sans parler de l’Université d’été du tango où la danse est très marginale par rapport aux autres activités….

Ceci représente une spécificité du tango argentin où tous les aspects artistiques sont liés, par rapport à d’autres types de danses de couple; encore que certaines d’entre elles aient des démarches proches, par exemple en danse traditionnelle, où me semble-t-il, les participants attachent beaucoup d’importance aux costumes, aux coutumes, et qui à ce titre, passent énormément de temps à faire des recherches historiques, à se confectionner eux-mêmes leurs costumes etc….

De même en salsa, il y a de nombreux échanges culturels avec les pays d’origine, des voyages….

Au vu des réactions dans les forums, il me semble d’ailleurs, qu’ils ont les mêmes inquiétudes que nous par rapport à l’enquête du ministère de la culture …..(voir quelques réactions
http://w2.webreseau.com/fr/services/forums/message.asp?id=73984&msgid=6088277&poster=0&ok=0
intéressantes sur le forum
http://w2.webreseau.com/fr/services/forums/message.asp?id=73984&msgid=6089781&poster=0&ok=0
du temps du tango)

Si l’on ne considère que l’aspect danse du tango argentin, qui est un aspect quand même réducteur, bien sûr, il y a de nombreux fondamentaux communs avec les autres danses de couple (gestion de l’espace, communication dans le couple, travail sur l’axe etc…) .

Je connais le sérieux de ta formation et je sais qu’elle peut apporter une aide efficace en terme de connaissances musicales, de structuration du cours, de culture, d’ouverture d’esprit …. à des personnes enseignant le tango argentin. De même, je pense que l’initiative de l’ouverture d’un centre de formation par Marseille Tango et la Real Academia permet d’éviter à des personnes venant d’autres danses, d’explorer des voies inutiles et de rentrer de façon cohérente dans l’apprentissage de connaissances directement applicables. Cependant cette formation n’est qu’un mode d’apprentissage parmi d’autres (masterclass, stages résidentiels d’artistes invités, voyages à Buenos-Aires, workshops à l’occasion des différents festivals, stages de formation professionnelle AFDAS etc…..). Chacun peut choisir suivant sa sensibilité le type de formation le mieux adapté. Je trouve d’ailleurs hypocrite, l’argument qui consiste à ne juger cette formation qu’à l’aune de son prix global quand on voit le prix horaire pratiqué dans la plupart des formations…. En sachant que ce prix est souvent justifié par des contraintes économiques …..

Je ne souhaite pas qu’une enquête biaisée aboutisse à ce que le ministère de la culture impose un cursus obligatoire pour enseigner les danses de couple (dont le tango argentin), et que ce cursus oblige à passer sous les fourches caudines d’un institut quel qu’il soit, institut qui aurait le monopole de cette formation et imposerait des
remises à niveau régulières obligatoires et bien sûr payantes….. Je suis pour une offre de formation, mais une offre diversifiée et abondante dans laquelle on puisse choisir librement.

Il me semble que cet avis est partagé par une majorité d’intervenants sur ce blog. C’est la raison pour laquelle, les personnes concernées par ce problème réagissent et proposent de résister à ce diktat potentiel du ministère sous des formes diverses : assises, fédération, coordination…..

Il se peut que notre problématique soit partagée par d’autres types de danse et qu’il serait peut-être utile d’élargir notre action à d’autres acteurs… Néanmoins, nous avons déjà une expérience en ce domaine, car nous avons été confrontés à ce problème en 1997 quand une organisation professionnelle avait manœuvré pour établir un monopole de formation…

Ceci avait débouché sur l’élaboration d’une charte du tango argentin…..

Pour l’instant nous essayons d’avoir une démarche cohérente entre nous, pour éviter que la structure à mettre en place ne reproduise les défauts qu’elle est censée combattre, à savoir : un monopole et donc une prise de pouvoir d’un groupe sur l’ensemble des participants.

Bien à toi,

Pierre Lehagre
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