[L-28] Aux origines des maux et mots, par Elisabeth

1) A propos de démocratie : le pouvoir du peuple

Parce que jusqu’à preuve du contraire, le peuple (petit peuple) est encore souverain dans notre pays, si l’on accepte l’idée que le tango n’est pas seulement une danse à codifier, mais surtout et avant tout une culture populaire alors, il apparaît comme un contresens d’imposer à ce petit peuple ex abrupto une décision. Ce petit peuple ce sont ici les amoureux du tango argentin, défenseurs d’une culture populaire qui leur est chère, pour des raisons multiples.

Nous ne sommes pas si nombreux que nous ne puissions nous entendre. Et puis, nous mettre d’accord sur quoi :
- l’opportunité de créer une fédération du tango argentin
- celle de réécrire une charte et de la porter à la connaissance du ministère (lequel).
- celle d’instaurer ou non un diplôme du tango.

Pour se décider il faut être informé de façon contradictoire et équilibrée (ce qui n’est pas exactement pareil que de façon neutre). Pour se décider et agir, il faut être représentatif, il n’y a pas de légitimité à l’action sans cela.

Aussi adresser à toutes les associations de tango argentin répertoriées comme telles (je ne parle pas de la danse sportive ils feront leur sauce et défendront leur bifteck eux-mêmes), un questionnaire qui les invite à se prononcer sur les différentes questions, les informe des problématiques actuelles, des enjeux, aiderait à avoir une idée de l’opinion de la communauté tanguera sur cette question. Ce serait aussi une façon de donner la parole aux petits acteurs du tango argentin comme aux grands acteurs. Hélas malgré nos efforts pour faire connaître le blog la discussion n’est pas si élargie que cela. (Peut-être finalement tout le monde s’en fout et se contente de consommer.)

Œuvrer, agir, mais sans précipitation et avec méthode et démocratie.

2. Derrière les mots se cache le sens

Par ailleurs, et avant de coucher sur le papier un argumentaire, derrière les mots se cache le sens et un retour sur leur étymologie en dit long sur ce que nous serions amenés à faire.

FEDERER Robert 1 « Association de plusieurs sociétés, syndicats, groupés sous une autorité commune, éthym. foedus : alliance »

TLFI (Trésor de la langue française informatisé) « Le fédéralisme est un mode d’organisation dans laquelle chacun des membres dispose d’une large autonomie et délègue certains de ses pouvoirs à un organisme central. Les membres participent collectivement et non individuellement. »

DIPLOME Robert1 «1) Pièce officielle établissant un droit, un privilège. 2) Acte qui confère et atteste un titre un grade. Ethym : diplomat : décret»

TLFI « Titre grade qui émane d’une université, d’une faculté, d’une société savante, d’un corps, d’une école publique est… pour attester des connaissances et aptitudes de quelqu’un. »

CERTIFICAT / CERTIFICATION Robert1 « Assurance donnée par écrit. / 1) Ecrit qui émane d’une autorité compétente et atteste un fait ou un droit. 2) Acte attestant la réussite à un examen. Ethym : du lat certus facere : rendre certain. »

Petites conclusions

Il est intéressant de constater que l’idée de fédérer est intimement liée à celle de pouvoir et d’autorité, que pareillement, derrière l’idée de certification se cache aussi celle d’autorité « compétente ». Parallèlement au mot diplôme s’attache l’idée de droit et de privilège. Nos administrations ne s’y sont jamais trompées : chaque fois qu’elles ont
établi des certificats, des diplôme, chaque fois que des fédérations se sont mises en place, sous l’impulsion directe ou indirecte de cette administration, les enjeux de pouvoir d’autorité, les privilèges et les droits sont devenus les thèmes centraux. Est-ce cela que nous voulons pour le tango argentin ?

Une autorité, quelle autorité ? Qui sera le chef ? Pourquoi et dans quel but ? Est-ce que cette autorité peut être compatible avec l’existence d’une culture populaire qui s’attache depuis plus d’un siècle à se développer sans entraves et d’un continent à l’autre.

Humour : j’imagine bien un diplôme délivré par la Fédération française de tango argentin FFTA avec comme obligation d’être ressortissant de l’Union Européenne pour y postuler et exercer. Hi hi…….

Quiconque défend l’idée d’une fédération doit être conscient de ce que disent les mots et ne peut alors pourfendre en même temps la création de diplômes et certificats.

ASSOCIATION Robert1 «Groupement de personnes qui s’unissent dans un but déterminé. »

TLFI « Réunion de plusieurs personnes dans un but ou intérêt commun, éthym: du lat socius : compagnon. Au XIIIème siècle s’associer désigne l’action de s’allier entre compagnons. »

COORDINATION Robert1 : « Mise en ordre, agencement des parties d’un tout selon un plan logique pour une fin déterminée. Ethym : du lat coordinatio-ordinatio : mise en ordre »

TLFI « Mise en harmonie de divers services, diverses forces, différentes composantes en vue de renforcer l’efficacité. »

CHARTE Robert1 « Règle fondamentale, ensemble de principes fondamentaux.»

Petites conclusions bis

Ces mots association, coordination, charte, ne sont pas du même registre que les précédents. Allier / unir / but commun / harmonie / fondements /

On est là plus dans une optique de réunir les acteurs, dans le but de préserver le tango argentin dans son originalité, tout en recherchant à harmoniser ce qui ne fonctionne pas bien, d’en renforcer les fondements et tout cela pour perdurer sans se laisser absorber par une quelconque autorité.

Si l’on travaille sur ses fondements, sur ses bases on arrive facilement à la notion d’assise du tango argentin (appelez- cela comme vous voulez) où tous pourront s’exprimer, on retrouve le principe démocratique.

Vous l’aurez compris l’idée d’une fédé et d’un diplôme me hérissent tout comme la volonté de tout expédier tous azimuts sans avoir donné la parole aux principaux intéressés.

Elisabeth Dussaud, Montargis 08 04 08
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