[L-25] Contribution de Christian

Toulouse, le 2 avril 2008

Bonjour,

Suite aux dernières lectures que j’ai faites sur ce blog, Il y a quelques remarques que je souhaite soumettre à la discussion.

1 — A la suite de l’une de mes propositions de début mars (voir texte ci-dessous), je n’ai remarqué qu’une seule personne ayant repris ma réflexion sur la terminologie « OBLIGATOIRE ». J’en suis très surpris, car il me semble que toutes les réflexions, mais surtout toutes les éventuelles décisions qui pourraient en découler, de part et d’autre, seront fondamentalement conditionnées par ce choix des concepts qui doit vraiment être fait en amont.

2 — Je trouve que la plupart des discussions, sur ce blog, sont, à tort, restreintes au tango argentin. Cela me semble un grand dommage (sans vouloir déplaire aux passionnés tangueros et tangueras). Il me semble que beaucoup de ceux qui ont écrit (la majorité), ont mal lu te texte du ministère :

« L’étude sur l’activité professionnelle d’encadrement des pratiques de danses régionales ou nationales de France et du monde sur le territoire français. »

J’en déduis donc les erreurs suivantes, à mon humble avis :
· La RÉDUCTION, donc, de cette étude au tango argentin. Cela me semble très clair : je ne pense pas que le ministère puisse être plus précis : voilà son BESOIN ;
· L’EXTENSION de cette étude au milieu amateur ; le texte dit : « l’étude sur l’activité professionnelle d’encadrement ». Cela me semble clair aussi, même si l’institution a besoin de savoir combien de pratiquants sont concernés aussi, cela semble évident.

Par voie de conséquence, il y a erreur, à mon avis, sur le champ d’investigation qui a été choisi et réduit aussi : il n’est question sur ce blog que de la fenêtre très étroite des
associations, et non pas du secteur professionnel pris dans son ensemble ;

Et les écoles ? Pourquoi a-t-on expédié un questionnaire aux associations de tango argentin, alors qu’il aurait fallu d’abord questionner les quelque 3000 écoles de danse de France répertoriées par le ministère ?
· LA NON-PRISE EN COMPTE de la recherche profonde (et logique) du ministère qui tente de savoir si le métier de Professeur de danse de société est un VRAI métier duquel on peut tirer les subsides nécessaires et suffisants pour vivre de son métier.

Or, en ne montrant, par ces discussions sur le principe associatif (qui, fondamentalement, n’est pas, un principe de commerce ni de vente de services lucratifs), les protagonistes de ces réflexions NOIENT totalement les argumentations qui, bien que rares de mon point de vue, concernent réellement le sujet de la PROFESSION.

Sauf erreur de ma part, notre institution ne cherche pas à savoir combien de ménagères en France font de bons gâteaux, mais cherche à recenser si le métier de pâtissier est un vrai métier digne de certification professionnelle. Tout en cherchant aussi à avoir combien de Français consomment des pâtisseries venant de ces professionnels.

De plus, il me semble évident aussi que ce travail de recensement national devrait incomber à notre ministère de la Culture. Nous le savons depuis des décennies. Et j’admire cette équipe qui a accepté bien gentiment de se laisser embarquer dans une telle aventure, et qui, si on peut critiquer mille choses, est toute de même, grâce à son travail, à l’origine de toutes ces réflexions dont certaines sont passionnantes et TRÈS IMPORTANTES. Mais qui devraient incomber à une institution extérieure, et non à un groupement auquel on pourrait toujours reprocher d’être juge et partie, surtout s’il ne s’occupe que de sa propre passion : le tango argentin.

Je me permets de redire qu’il nous faut, tous, ENSEIGNANTS PROFESSIONNELS, apprendre à écouter, à lire (les textes du ministère), à réfléchir calmement, à nous exprimer clairement, à écrire lisiblement. Et surtout à sortir de ce petit esprit très franchouillard qui ne voit pas plus loin que le bout de son nez, qui ramène tout à lui, qui est apeuré des qu’il s’imagine perdre un bout de sa liberté, qui ne sait pas parler d’argent (sauf quand ça concerne celui des autres), qui manie avec brio l’accusation, avec finesse la critique, et avec volubilité le dénigrement.

Il est temps de montrer qui sont ces PROFESSIONNELS DES PRATIQUES DE DANSES RÉGIONALES OU NATIONALES DE France ET DU MONDE SUR LE TERRITOIRE FRANÇAIS, leur envergure, leur qualification, leur parcours, leurs compétences, le panorama de leur pratique (texte du ministère), leur réalité juridique et financière. Et
éventuellement combien nombreux sont les pratiquants qui fréquentent nos cours.

Et enfin, je le répète, il faudra montrer et démontrer que ces PROFESSIONNELS ACTUELS ne correspondent plus, en 2008, à l’image de ce métier (vieux de 150 ans) que certains professionnels ont malheureusement donnée dans la deuxième partie du XXe siècle : un ensemble incohérent de personnes fières d’elles-mêmes, inattentives, incontrôlables (même par notre service des impôts), à l’opposé du savoir-vivre qui a toujours été attaché à la pratique de ces danses, à l’attitude mafieuse, qui pratiquaient
sans amour-propre et sans honte l’entente sur les pris, la distribution des aires géographiques et la délation, mélangeaient l’enseignement de la danse et la compétition sportive, et à l’occasion de laquelle ils étaient capables de se battre à mains nues. Et cela n’est qu’une rapide description de cette ancienne détestable image du professeur de DANSE DE SALON, qui nous colle tous à la peau, et dans la France entière

Je me doute du fait que ce type de portrait très connu dans le métier depuis 50 ans, a fait un énorme tort à nos métiers de professeurs de danse, et nous payons tous aujourd’hui, malheureusement, le prix fort, prix très lourd à payer pour qu’une institution comme le ministère de la Culture commence seulement à être attentive à notre métier, qu’elle a toujours jugé MINEUR (face « aux Belles Danses »), alors qu’il correspond presque toujours à une grande passion, à la fois des enseignants, mais aussi de leurs élèves.

Mais ne retournons pas cette passion contre nous, mais tâchons au contraire de montrer combien elle nous lie. Et combien elle nous lie à des centaines de milliers, si ce n’est des millions, de pratiquants en France.

Bien à vous tous et toutes.

Christian Dubar

N.B. : Depuis 5 ans, date à laquelle notre Institut a reçu reconnaissance de la part du ministère de la Culture pour l’enseignement des danses de société (dont le tango argentin), nous sommes plusieurs à travailler sur cette certification, qui rejoint totalement vos interrogations de cette année. Bienvenus au club ! Et avec plaisir sincère.
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