92. [L-56] Des questions sur les questions... par Christophe

Bonjour à tous,

Il me faut apporter quelques précisions pour soulager les inquiétudes quant à l'étude que nous réalisons, et notamment de la seconde phase. La société des danseurs de tango se pose des questions sur les questions et c'est compréhensible.

1/ Les sociologues utilisent deux méthodes pour réaliser leurs recherches : des enquêtes quantitatives (questionnaires) et des enquêtes qualitatives (entretiens, observation simple et/ou participante). Ici, il s'agit de deux questionnaires, nous sommes dans le quantitatif. Il s'agit de recueillir avis, positions, sentiments, opinions, sur l'activité des professeurs (questionnaire professeur) et sur les structures qui les emploient, ou qui en permettent l'activité (bénévolat). Par conséquent, il ne s'agit pas de construire des arguments pour une certification. Le travail du chercheur ne consiste pas à connaître au préalable les résultats de son enquête. Il consiste ici en l'occurrence à recueillir le plus grand nombre d'avis, auprès d'une pluralité d'acteurs (employeurs, professeurs, administrateurs, formateurs) qui détiennent des statuts divers.

Certains vivent du métier de professeur intégralement, d'autre partiellement, d'autres sont bénévoles, d'autres sont formateurs, et nous avons également une grande diversité de statut parmi les employeurs. En revanche, nous ignorons comment se répartissent ces acteurs à l'échelle du territoire. Les bénévoles sont-ils majoritaires en tango ? C. Prouhet disait dans un de ses messages qu'on ne s'enrichit pas en tango. C'est probable (cela se saurait), mais qu'en sait-on vraiment ? Exemple simple : peut-on vivre décemment de l'enseignement de la danse aujourd'hui ? Oui ? Non ? Dans quelles conditions ? En cachetonnant comme le font nombre d'artistes ? Confortablement ? Et dans la continuité de ces questions, un professeur de danse aujourd'hui bénéficie-t-il vraiment d'un droit à la formation continue ? Dans les textes du droit du travail, oui. Mais si l'employeur ne cotise pas ? Que se passe-t-il ? Ces exemples pour expliciter le sens de ces questions qui doivent nous permettre de mieux cerner les conditions actuelles dans lesquelles s'exercent le métier de professeur de danse.

2/ Un questionnaire ne peut faire l'économie d'une identification. C'est une règle de base. Sachant que cette étude éveille bien des doutes et des méfiances, nous avons opté pour la possibilité d'un pseudo (questionnaire professeur). En aucun cas, je le répète, nos données ne sont traitées de façon nominative. Il existe une loi, je le répète encore, la Loi Informatique et Liberté (Loi n° 78-17 du 6 janvier 1978, Loi relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés), dont l'article 2 précise :

« Aucune décision de justice impliquant une appréciation sur un comportement humain ne peut avoir pour fondement un traitement automatisé d'informations donnant une définition du profil ou de la personnalité de l'intéressé.

Aucune décision administrative ou privée impliquant une appréciation sur un comportement humain ne peut avoir pour seul fondement un traitement automatisé d'informations donnant une définition du profil ou de la personnalité de l'intéressé. »
(http://www.lexinter.net/lois/principes_et_definitions.htm)

Si nous ne cherchons pas à travailler sur l'identité des personnes ou structures qui répondent au questionnaire, d'autres personnes, organismes, institutions, ministères, quels qu'ils soient, n'ont pas le droit de le faire. En revanche, connaître le code postal, c'est primordial : cela permet ensuite de faire des carte, de faire des analyses de densités par exemple, et donc d'obtenir une présentation cartographique de certains résultats.

3/ La question des risques : elle est très importante dans notre étude. Les possibilités de réponse sont : oui/non/ne sait pas. Je danse le tango, et l'enseigne depuis 1993. Je l'ai découvert en 1983 (oui, je suis un vieux du tango.), j'ai quelques autres expériences de pratiques corporelles. En tango, je sais que les risques de blessures sont vraiment peu importants, et que les enfants sont peu nombreux dans les cours et stages. Mais n'oubliez pas que cette étude ne porte pas que sur le tango. Les tangueros ne sont pas les seuls à aimer danser. Et toutes les danses ne se ressemblent pas, de même que les publics concernés.

4/ Les questions sur les parcours : elles visent à mieux cerner les connaissances, les savoirs en danse et autour de la danse, les multiples façons dont les professeurs se sont formés. La encore, on ne s'adresse pas qu'à des tangueros. Parmi les pratiquants des danses du monde et de capoeira, certains font des voyages dans les pays dont ces pratiques sont originaires pour se former.

5/ La question sur le diplôme est assez simple. Mais elle fait la distinction entre un diplôme obligatoire (les diplômes d'Etat sont obligatoires pour intervenir dans le secteur professionnel concerné) et un diplôme non obligatoire. Et ceux qui ne voient pas l'utilité d'un diplôme peuvent l'exprimer.

Enfin, comme nous l'annonçons en préambule dans le courrier qui accompagne le lien des questionnaires, il s'agit là d'une étape quantitative qui est complétée par des entretiens réalisés auprès de l'ensemble des acteurs, avec le souci de rendre compte de la diversité des situations, des configurations, des parcours et des sensibilités.

J'espère que ces quelques précisions vous aideront à mieux comprendre la méthode utilisée pour cette étude.

Cordialement

Christophe Apprill
|