81. [L-47] décoincer la réflexion ! par Claire

à l'attention des admirateurs (trices) de l'organisation MAJORETTES !

Me convaincre qu'une FEDERATION du Tango est une NECESSITE ??? tous les arguments nécessaires à ma position anti-fédération ont été donnés :

1) "le Ministère ne veut que les représentants d'une fédération" : une affirmation de ce genre nécessite des preuves !! avez-vous un texte du dit Ministère, une conversation, dans laquelle vous pouvez apporter trace d'une demande de création de FEDERATION émise par le dit Ministère ? avez-vous un nom à citer, une personne à nommer qui vous aurait personnellemnt transmis cette information ou cette demande ??

Je vous rappelle (relisez les messsages nombreux et détaillés de C.Dubar) que la FEDERATION des Danses de société FFDDS existe déjà, il l'a créé à la demande du Ministère de la Culture, et le tango argentin y est déjà répertorié, ainsi qu'au sein de la FSD (fédération des danses de salon et des danses de loisir qui regroupe TOUTES les danses) auprès de laquelle, je vous signale que certaines associations de tango cotisent déjà : Tangueando Toulouse, La Casa del Tango Paris, ...et d'autres !!

question : pourquoi le Ministère de la Culture s'embarasse t'il d'une enquête longue et couteuse s'il n'a besoin en face de lui que d'une Fédération de chaque discipline (ou d'une Fédération pluri-disciplinaire) pour discuter de la mise en place d'une certification ?? il serait interessant de connaitre les raisons qui ont amené le ministère à diligenter une enquête, sans que Mr Dubar, et sa FFDDS en soit informé !! peut-être y a t'il des enjeux que nous ne soupçonnons pas ou bien peut-être une vraie interrogation sur la forme à donner à une certification dans le milieu des danses du monde... ce à quoi la création d'une FEDERATION du Tango Argentin serait l'unique manière de nous tirer une balle dans le pied en prenant la couleur, la forme de nos confrères de la Danse de société (tel le caméléon ) et de nous faire confondre avec ce que nous ne voulons pas être confondus au risque en plus de n'être ni écouté ni entendu,car effectivement, notre petite et étriquée Fédération ferait bien piètre mine face à son grand frère la FFDDS !
la centralisation, et le pyramidal ne sont pas des vains concepts dans notre France administrative, et si nous n'avons pas d'autre alternative et originalité que de nous présenter dans le même emballage que les danses de salon ou de société, il est clair que dans 4 matins nous serons absorbés, assimilés et disparus sans laisser de trace dans l'histoire !

2 ) Pourquoi une FEDERATION ? loin de moi l'idée de minimaliser l'importance du réseau Tango comme le fait Sonia, au contraire : la communauté tango (musiciens, danseurs, amateurs, professionnels, acteurs culturels, écrivains, journalistes, poètes..) est importante mais diffuse et multiple : la seule chose qui nous relie , c'est la culture Rioplatense ! c'est le tango qui est devenu un élément de notre quotidien ! c'est l'accroche artistique, sentimentale et émotionnelle que nous éprouvons pour lui ! et c'est la liberté qu'il nous donne et que nous voulons préserver.

Alors qu'avons-nous à faire d'une FEDERATION, qui est un outil spécifique de représentation hégémonique d'une discipline à caractère sportif et non d'une culture ? TOUTES les Fédérations ont été participatives dans la mise en place des réglementations de l'enseignement , ont mis en place des Brevets Fédéraux, puis ont développé les systèmes de concours et compétitions dans leur discipline. C'est le fonctionnement normal de la Fédération !

Bravo pour l'exemple des Majorettes, il n'y a rien de plus édifiant !! cela vous fait envie cette organisation quasi-militaire ? l'enjeu du diplome serait simplement dans le poids que l'on représente ? on est 1000 on se fade un diplome, on est 10 000 on ne nous parle plus de diplome, on nous écoute et on est peinard ? qu'est-ce que ce délire ? la question de la certification est bien là, Fédération ou pas Fédération, elle reste l'interrogation majeure !

Une fédération nécessite un bureau, des salariés qu'il faut payer et tout le système repose sur les cotisations des pratiquants , des structures, associations, écoles, clubs... adhérents, ainsi que sur les subventions des Ministères concernés ! Les FEDERATIONS sont les rouages de transmission de la règlementation dans ces structures et sont aussi les garantes du respect de la règlementation.

Est-ce vraiment de cela que nous avons besoin ??? Ne serait-ce pas plutôt l'ETAT qui a besoin de ce type d'organisation pour faire appliquer sa règlementation ?? "Seule une représentativité organisée suivant les règles admises dans ce même ministère ... " : c'est bien là que nous nous séparons dans le raisonnement , car pour ma part, je n'ai aucune intention servile vis à vis de quelque Ministère que ce soit, et cet empressement à l'obeissance et au normatif me met plutôt mal à l'aise ! surtout s'il ne colle pas avec notre réalité !

3) Revenons au débat sur le diplome ! Nous avons un système de formation qui fonctionne très bien, qui s'appelle la FORMATION PERMANENTE que nous pouvons opposer à celui d'un diplome obligatoire ou optionnel : depuis 1990, s'est développé une offre extrêmement riche et variée de stages de tango de WE et de semaines entières, de fomations AFDAS, .. qui s'adressent sans distinctions aux danseurs comme aux enseignants, avec des niveaux avancés et master-class, qui conviennent parfaitement à une FORMATION permanente et continue POUR ENSEIGNANTS, sans pour autant en prendre le titre ! la professionnalisation des danseurs, qui se sont tournés vers l'enseignement pour vivre, la montée du niveau de danse, le rajeunissement des danseurs professionnels, l'apparition d'une Génération Tango nuevo qui a suivi les traces de Gustavo Naveira, le retour en force du tango sur la scène, l'explosion des lieux de danse (pratiques, Milongas, bals, Festivals..) a révolutionné et enrichi l'offre tango et l'accès à l'enseignement pour le public amateur ainsi que pour ceux qui en ont fait leur profession. Qu'y a t'il à changer dans ce système de transmission ?? Au niveau du principe, rien .

C'est cette reconniassance -là qu'il nous manque et que l'enquête DEVRAIT montrer si elle avait été conduite vraiment dans l'optique de révéler la réalité du lien formation-transmission qui existe dans le TANGO : mais comme C.Apprill maintient qu'il ne faut rien préjuger de l'utilisation des résultats de l'enquête, on verra !
En tous cas, soyons lucides ! le ministère de la Culture n'a pas que 2 schèmas dans la certification en danse : nous connaissons le DE (diplome d'Etat) , et son préliminaire , l'EAT qui sont obligatoires pour l'enseignement du jazz, classique , contemporain.Ce sont des formations longues, couteuses, imposées et je ne pense pas qu'elles seront la voie choisi par le ministère de la Culture, sauf à avoir besoin de faire vivre les Conservatoires, et donc d'imposer quelques unités de valeur (minimum, le splus "transversales") aux danseurs professionnels qui n'obtiendraient pas leur équivalence (enseigner depuis au moins 3 ans !)

Nous connaissons aussi le système de la certification confiée à des instituts de formation privés ou à des Fédérations (voir Danses de salon, danses sportives, et tous les sports et arts martiaux..) qui mettent en place des Brevets Fédéraux, et autres certifications ... obligatoires pour ouvrir une Ecole de Danse par exemple ! d'où concurrence entre eux, car gains en jeux ! emporter le marché de la certification des danses non règlementées, vu le champ que cela ouvre, on peut comprendre qu'il n'est pas vain de déployer de l'énergie ! et là il y a un réel danger ! Tout peut sortir de ce champ privé : le pire comme le meilleur (mais j'ai vraiment des doutes sur le meilleur quand cela passe par les filtres des professeurs de danse de salon) Tout dépendra de qui obtiendra l'agrément du Ministère de la Culture : C. Dubar bien sur, mais qui d'autre ? La Real Académy ? des assos de tango qui se précipiteront dans cette nouvelle offre ??

Sauf que le Ministère de la Culture a aussi choisi d'autres voies dans le passé : exemple : dans la FORMATION AUX ARTS DE LA RUE , il a été décidé, après 3 ans de lente mise en place discutée directement non pas avec une FEDERATION mais avec le Centre national de création des arts de la rue, de s'appuyer sur les compétences des professionnels en activité et de valoriser les aventures individuelles comme parcours de formation, ainsi que le caractère itinérant de ce parcours ! pourquoi le Ministère de la Culture ne serait pas dans le même état d'esprit pour certaines danses du monde et danses populaires ? à creuser !! et là je fais part de ma consternation : à part deux ou trois courageuses voix qui se sont élevées parmi les professionnels, ceux-ci semblent rester plutôt muets ou indifférents, et il y a là un souci : nous ne ferons rien sans la mobilisation de ceux qui sont concernés !! on parle bien d'un diplome pour enseigner le tango au niveau professionnel (pour ceux qui vivent de l'enseignement!) et de la mise en place de formations pour former les professeurs de demain : ils auraient tout intérêt à entrer dans cette réflexion !

4 ) Sachant que le fonds de la question n'est pas le besoin d'une Fédération, mais la question d'une certification ou non, il ne faut pas rester inactif et nous devons réfléchir à une manière de nous positionner en tant que Culture, ouverte et pluridisciplinaire, vivante et ancrée dans notre société ! à une forme de "rassemblement" qui ne soit pas autoritaire et pyramidal, mais souple, pluriel, consensuel et permettant une réflexion et une construction permanente ! à un contenu défensif qui permette de mieux intégrer le Tango dans le paysage culturel, d'assurer la pérennisation et le développement de son mode de transmission, de faire valoir les aspects fondamentaux du TANGO ARGENTIN, dans l'indissociabilité BAL-Pratique-cours , dans la multiplicité des styles et des approches, dans le va et vient permanent entre l'Europe et l'Argentine, dans l'absorption de son évolution et dasn la reconnaissance de sa pluri-disciplinarité ! à un contenu revendicatif qui pointe les difficultés d'emploi d'artistes dans les associations, la nécessité d'améliorer les conditions d'emploi des artistes étrangers (musiciens et danseurs argentins), et le besoin d'un soutien à la diffusion de la culture rioplatense en France !

Résister, oui, mais en inventant quelque chose qui nous ressemble davantage et qui soit à l'image du TANGO que nous voulons promouvoir !

Claire Prouhet
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