93. [L-60] « EL ARTE DEL TANGO » plus « UN PEU D’INFORMATION », par Cecilia
Voici le mot qui m’a donné envie de participer au
blog : « art ». Merci Leonardo !
Merci à tous de vos apports ! « Amateur : celui ou celle qui aime ».
Et vous vous lancez tous à defendre votre aimé tango pour pouvoir continuer à le pratiquer dans des conditions qui ne le denaturalisent pas. Je me réjouis de tous ces apports ! Oui ! Dans ce sens, nous sommes tous dans le même bateau.
Je veux apporter des précisions et des éclaircissements à ce débat à partir de mes connaissances et mon vécu de danseuse et professeur argentine en Argentine et en France.
1) D’abord, je propose de dégager la notion de culture de la spécificité de la danse du tango argentin. À ce point, il semble assez clair pour tous que la « danse tango » fait partie d’une « culture » : danse, musique, littérature, théâtre, peinture, etc. Tout comme la danse classique, ou contemporaine, jazz ou hip-hop le sont aussi.
De cela découle qu’un « bon danseur » ou prof devrait connaître cette culture pour savoir de quoi il bouge.
Focalisons nous sur la danse en elle-même, elle a des spécificités propres, qui la distinguent des autres danses et qui font qu’elle ait besoin d’un mode de transmission, de pratique et d’un environnement propres.
Par exemple : Les Dinzel on crée à Buenos Aires une « Université du tango » , université de l’état, ou chaque aspect de cette culture avait une place propre. Une des reformes du système éducatif argentin (si je me rappelle bien) obligea à revoir à la baisse un projet aussi ambitieux, et l’université est devenu le Centro Educativo del Tango, qui décerne les diplômes de « Instructor en Tango-danza » et « Instructor en Historia del Tango ».
2) Quelle est donc la ou les caractéristiques propres de la danse du tango argentin ? Elles ont déjà été évoquées :
- « Tango : une possibilité infinie ». Liberté….
- « Tango : expression de la passion, de l’affectivité…. »
- « Tango : culture populaire » , « danse de rue », « expression populaire », « art populaire »….
Nous sommes tous d’accord que « le » tango (et à partir d’ici je ne parlerai que de la danse) est « un’ , mais aussi « multiple » : « tous » les tangos sont « le » tango, sa caractéristique propre étant sa multiplicité d’expressions et de styles. Bon, je dis « nous sommes tous d’accord... » , mais c’est vrai que les polémiques de café existent et existeront… autour de « son tango n’est pas tango »
Nous savons que le tango s’apprend, que c’est une danse transmissible. La grosse question est alors :
3) QUELLE MODE DE TRANSMISSION SPECIFIQUE POUR CETTE DANSE SPECIFIQUE ? QUELLE MODE DE TRANSMISSION RESPECTUEUX DE SON ESSENCE ?
La question me passionne ! La réponse ( hurlé ) dans le blog est :... « ..Certainement pas un mode qui le déforme!!!!!!!!!! »…Et à chacun de décrire le visage de cet déformation crainte ou les multiples façons respectueuses de transmission qu’il a vécues.
4) Pour faire mon apport, je voudrais revenir sur la notion de tango=art populaire.
- 4.1) Ça veut dire que nous avons d’un côté la notion de «populaire », ce qu’on appelle la MILONGA, le bal, la RUE, la danse ou tout et chacun peut s’exprimer, ou il y a une tradition, des codes, et aussi une possibilité infinie d’expression personnelle. La milonga est la racine, le creuset, la matrice, la mère et la mer où se côtoient les danseurs le plus maladroits et le plus sublimes, les gens les plus variées qu’on puisse imaginer.
Appelons à tous « milongueros », si ça vous plait, aux plus subtiles je voudrais les appeler « artistes populaires », ou « artistes intuitifs », des gens issues de la milonga qui ont élevé sa danse au rang d’ART, pour sa qualité, sa subtilité, la force de son expression, sa capacité de toucher les émotions des spectateurs.
La « démonstration » dans une milonga constitue ce moment dans lequel le populaire peut devenir « art ».Et son accès est assez démocratique : de façon potentiel chaque personne présente au bal peut la faire. Le rite de la démo est censé motiver tous les danseurs qui regardent. C’est le « Poussez vous, laissez les danser ! » ou le : « Allez-y ! Montrez nous ce que vous savez faire ! » , ou plutôt ce que vous avez sur le cœur !
Parmi plein d’autres, je pense par exemple à Tété, grand danseur issu de la MILONGA, qui a travaillé régulièrement avec Pina Bausch au Tanztheater de Wuppertal. Ou à la rare orchidée de la milonga : la belle Géraldine. Quel bonheur retrouver la « lettre de Tété » dans ce blog, n’est-ce pas ?
- 4.2) De l’autre côté, il y a la notion d’ART, donc, la SCENE, où il y forcement un « savoir faire" : un métier, une technique, une discipline, une réflexion sur l’esthétique, l’interprétation, l’émotion, une éthique de travail, des codes, une tradition, une liberté de créer, une transmission, pourquoi pas une pédagogie ….…
Il y donc des « danseurs professionnels », qui sont aussi « artistes populaires » ou « artistes d’un genre populaire » : danseurs issus de différents milieux de danse (la milonga incluse) qui vont nourrir son art de cette racine « populaire » : la milonga, plus toute la « culture tango » qu’on a laissée derrière nous dans le point 1.
Leur belle mission serait de trouver son chemin d’expression entre liberté et tradition dans cette « culture populaire », être « passeurs d’identité » pour les Argentins, « faire la diffusion de la culture tango » à l’international. Faire vivre, (tout comme le milieu de la milonga), ce qui parle à l’universel humain et ce qui parle aux argentins. Combien de vous avez décidé de danser le tango après avoir vu un spectacle ?
Les premiers à faire monter le tango sur la scène ont été Juan Carlos Copes et Maria Nieves. Ils ont transformé une danse populaire en expression artistique.
Le succès mondial du spectacle « Tango argentino » a consacré la danse du tango comme danse de scène de premier rang. « Tango argentino » charmait avec la diversité artistique de chaque couple de la troupe.
Copes a fait école, il a appris à des générations de danseurs le métier de « danseur professionnel de tango argentin ». Aujourd’hui pleines d’autres propositions esthétiques sont apparues, mais il reste un artiste de premier rang, qui me touche beaucoup. Sa partenaire d’antan, la diva du tango, les « jambes de Buenos Aires », comme disait Astor Piazzolla : « Maria de Buenos Aires, c’est toi» : Maria Nieves, brille encore sous les feux de la rampe dans « la calle Corrientes » (le Broadway de Buenos Aires).
Ce métier s’apprend en travaillant à côté des artistes argentins. C’est comme ça que je l’ai appris. Si bien que les esthétiques ont évolué, ça a été intéressant de passer par la « case Copes », de la main de mon premier prof, le talentueux et inconnu ( comme tant d’autres) Juan César Alvarez.
Si bien que le nom de Copes est aussi connu que Coca-cola en Argentine, souvent les artistes de scène (exception faite du « panthéon » de la troupe de « Tango Argentino ») et son savoir faire est méconnu en France, elle est beaucoup plus connectée avec l’univers de la milonga.
5) ( ou retour au point 3 : Quel enseignement ? ) Milonga et scène, deux mondes…Et où l’on met l’ENSEIGNEMENT ?
Pour les deux, il faut apprendre! Je complète cette « trilogie des dieux et déesses du tango argentin » avec le(s) pionniers de l’enseignement, les premiers créateurs d’une pédagogie, « ceux qui enseignaient quand personne le faisait encore, on était tous danseurs, mais Rodolfo avait une vraie vocation » ( selon témoignage de Carlos Rivarola): les Dinzel.
Rodolfo Dinzel a une formation de danseur folklorique, Gloria de danse classique au célèbre Théâtre Colon. J’aime décrire mon cher prof comme un génie multiforme et bordelique. Ils créent une progression pédagogique. ( Avez-vous essayé de comptabiliser les pas « qui existent » dans la tradition tango ? Eh, oui !. S’il y a des entomologistes, pourquoi pas quelqu’un d’aussi cinglé pour s’embarquer dans l’inventaire des figures qui existent, pour ensuite proposer une progression ? ). Les Dinzel ont proposé aussi une technique, une mécanique, une notation (si, si, je ne délire pas), une méthode d’improvisation, une philosophie, des exercices sur l’énergétique, une formation des aspects expressifs, une tango-thérapie ou « psycho tango » et je crois être au court pour tout citer….
Tout ça pour nous passer finalement la seule leçon de tango valable : sois libre, sois toi-même… .Pour preuve, le nombre de danseurs et profs absolument différents qui sont passés par sa démarche et ont fini dans les deux mondes : milonga et /ou scène.
6) (Ou aclaration sur le point 4) Pas de confrontations, alors entre la milonga, la rue et la scène ! C’est seulement afin de mieux présenter les idées je me suis permis de parler de « deux mondes » : ils sont très souvent mélangés, imbriqués, présents à l’intérieur et dans les activités de la même personne ( surtout dans le cas des professionnels de niveau) . J’ai souhaité juste faire un apport pour enrichir la réflexion : l’enseignement n’est pas le même pour rendre quelqu’un capable de s’éclater dans le bal que pour le rendre capable de toucher un spectateur, gagner sa vie dans la scène ou le donner les outils pour devenir professeur d’amateurs.
J’imagine des rapports nourrissants dans les deux sens entre « milonga » et « scène » . : les gens « de la scène » qui respectent la milonga et qui font un bon plongeon dans ses racines, les gens « de la milonga » que ne coupent pas les ailes de la danse.
7) Pour revenir donc au sujet de l’enseignement, je dirais : PAS UN ENSEIGNEMENT MAIS DES ENSEIGNEMENTS, pour un tango multiple, des enseignements multiples.
En Argentine on dit : « Cada maestrillo con su librillo » : « chaque maître avec son bouquin » . Remarquez le diminutif tendre ou moqueur : chaque « petit » maître avec son « petit » bouquin. Nous vivons aujourd’hui un moment d’expansion et de foisonnement du tango argentin. Des apports vraiment créatifs de la part de grands professeurs et danseurs ont lieu, par exemple celui, énorme, de Gustavo Naveira.
A côté du seul diplôme officiel d’Argentine, ( lequel n’est nullement obligatoire) , il existent de tas de « certifications privés », mais aussi des parcours libres validés par le prestige des professeurs, par le talent artistique des danseurs. En Argentine, la liberté la plus désordonnée n’empêche l’existence d’institutions aussi académiques et prestigieuses comme la Academia Nacional del Tango ( pour l’ensemble de la culture tango) ou la Academia de Lunfardo (pour sa langue et littérature) , et le tango comme danse est enseignée dans des carrières de danse de l’état de niveau universitaire ou national.
Le talent et la créativité des professeurs est abondant. Je rêve d’une attitude de partage, de confrontation saine, des respect des différences qui fasse avancer cet danse. Au but du compte, elle est toute jeune, elle dépasse à peine ces 100 ans !
BON TANGO A TOUS !
Cecilia Pascual
France, le 30 avril 2008
¡Viva el Tango!
http://tango-argentin-cours-spectacles-greno.blogspot.com/
Merci à tous de vos apports ! « Amateur : celui ou celle qui aime ».
Et vous vous lancez tous à defendre votre aimé tango pour pouvoir continuer à le pratiquer dans des conditions qui ne le denaturalisent pas. Je me réjouis de tous ces apports ! Oui ! Dans ce sens, nous sommes tous dans le même bateau.
Je veux apporter des précisions et des éclaircissements à ce débat à partir de mes connaissances et mon vécu de danseuse et professeur argentine en Argentine et en France.
1) D’abord, je propose de dégager la notion de culture de la spécificité de la danse du tango argentin. À ce point, il semble assez clair pour tous que la « danse tango » fait partie d’une « culture » : danse, musique, littérature, théâtre, peinture, etc. Tout comme la danse classique, ou contemporaine, jazz ou hip-hop le sont aussi.
De cela découle qu’un « bon danseur » ou prof devrait connaître cette culture pour savoir de quoi il bouge.
Focalisons nous sur la danse en elle-même, elle a des spécificités propres, qui la distinguent des autres danses et qui font qu’elle ait besoin d’un mode de transmission, de pratique et d’un environnement propres.
Par exemple : Les Dinzel on crée à Buenos Aires une « Université du tango » , université de l’état, ou chaque aspect de cette culture avait une place propre. Une des reformes du système éducatif argentin (si je me rappelle bien) obligea à revoir à la baisse un projet aussi ambitieux, et l’université est devenu le Centro Educativo del Tango, qui décerne les diplômes de « Instructor en Tango-danza » et « Instructor en Historia del Tango ».
2) Quelle est donc la ou les caractéristiques propres de la danse du tango argentin ? Elles ont déjà été évoquées :
- « Tango : une possibilité infinie ». Liberté….
- « Tango : expression de la passion, de l’affectivité…. »
- « Tango : culture populaire » , « danse de rue », « expression populaire », « art populaire »….
Nous sommes tous d’accord que « le » tango (et à partir d’ici je ne parlerai que de la danse) est « un’ , mais aussi « multiple » : « tous » les tangos sont « le » tango, sa caractéristique propre étant sa multiplicité d’expressions et de styles. Bon, je dis « nous sommes tous d’accord... » , mais c’est vrai que les polémiques de café existent et existeront… autour de « son tango n’est pas tango »
Nous savons que le tango s’apprend, que c’est une danse transmissible. La grosse question est alors :
3) QUELLE MODE DE TRANSMISSION SPECIFIQUE POUR CETTE DANSE SPECIFIQUE ? QUELLE MODE DE TRANSMISSION RESPECTUEUX DE SON ESSENCE ?
La question me passionne ! La réponse ( hurlé ) dans le blog est :... « ..Certainement pas un mode qui le déforme!!!!!!!!!! »…Et à chacun de décrire le visage de cet déformation crainte ou les multiples façons respectueuses de transmission qu’il a vécues.
4) Pour faire mon apport, je voudrais revenir sur la notion de tango=art populaire.
- 4.1) Ça veut dire que nous avons d’un côté la notion de «populaire », ce qu’on appelle la MILONGA, le bal, la RUE, la danse ou tout et chacun peut s’exprimer, ou il y a une tradition, des codes, et aussi une possibilité infinie d’expression personnelle. La milonga est la racine, le creuset, la matrice, la mère et la mer où se côtoient les danseurs le plus maladroits et le plus sublimes, les gens les plus variées qu’on puisse imaginer.
Appelons à tous « milongueros », si ça vous plait, aux plus subtiles je voudrais les appeler « artistes populaires », ou « artistes intuitifs », des gens issues de la milonga qui ont élevé sa danse au rang d’ART, pour sa qualité, sa subtilité, la force de son expression, sa capacité de toucher les émotions des spectateurs.
La « démonstration » dans une milonga constitue ce moment dans lequel le populaire peut devenir « art ».Et son accès est assez démocratique : de façon potentiel chaque personne présente au bal peut la faire. Le rite de la démo est censé motiver tous les danseurs qui regardent. C’est le « Poussez vous, laissez les danser ! » ou le : « Allez-y ! Montrez nous ce que vous savez faire ! » , ou plutôt ce que vous avez sur le cœur !
Parmi plein d’autres, je pense par exemple à Tété, grand danseur issu de la MILONGA, qui a travaillé régulièrement avec Pina Bausch au Tanztheater de Wuppertal. Ou à la rare orchidée de la milonga : la belle Géraldine. Quel bonheur retrouver la « lettre de Tété » dans ce blog, n’est-ce pas ?
- 4.2) De l’autre côté, il y a la notion d’ART, donc, la SCENE, où il y forcement un « savoir faire" : un métier, une technique, une discipline, une réflexion sur l’esthétique, l’interprétation, l’émotion, une éthique de travail, des codes, une tradition, une liberté de créer, une transmission, pourquoi pas une pédagogie ….…
Il y donc des « danseurs professionnels », qui sont aussi « artistes populaires » ou « artistes d’un genre populaire » : danseurs issus de différents milieux de danse (la milonga incluse) qui vont nourrir son art de cette racine « populaire » : la milonga, plus toute la « culture tango » qu’on a laissée derrière nous dans le point 1.
Leur belle mission serait de trouver son chemin d’expression entre liberté et tradition dans cette « culture populaire », être « passeurs d’identité » pour les Argentins, « faire la diffusion de la culture tango » à l’international. Faire vivre, (tout comme le milieu de la milonga), ce qui parle à l’universel humain et ce qui parle aux argentins. Combien de vous avez décidé de danser le tango après avoir vu un spectacle ?
Les premiers à faire monter le tango sur la scène ont été Juan Carlos Copes et Maria Nieves. Ils ont transformé une danse populaire en expression artistique.
Le succès mondial du spectacle « Tango argentino » a consacré la danse du tango comme danse de scène de premier rang. « Tango argentino » charmait avec la diversité artistique de chaque couple de la troupe.
Copes a fait école, il a appris à des générations de danseurs le métier de « danseur professionnel de tango argentin ». Aujourd’hui pleines d’autres propositions esthétiques sont apparues, mais il reste un artiste de premier rang, qui me touche beaucoup. Sa partenaire d’antan, la diva du tango, les « jambes de Buenos Aires », comme disait Astor Piazzolla : « Maria de Buenos Aires, c’est toi» : Maria Nieves, brille encore sous les feux de la rampe dans « la calle Corrientes » (le Broadway de Buenos Aires).
Ce métier s’apprend en travaillant à côté des artistes argentins. C’est comme ça que je l’ai appris. Si bien que les esthétiques ont évolué, ça a été intéressant de passer par la « case Copes », de la main de mon premier prof, le talentueux et inconnu ( comme tant d’autres) Juan César Alvarez.
Si bien que le nom de Copes est aussi connu que Coca-cola en Argentine, souvent les artistes de scène (exception faite du « panthéon » de la troupe de « Tango Argentino ») et son savoir faire est méconnu en France, elle est beaucoup plus connectée avec l’univers de la milonga.
5) ( ou retour au point 3 : Quel enseignement ? ) Milonga et scène, deux mondes…Et où l’on met l’ENSEIGNEMENT ?
Pour les deux, il faut apprendre! Je complète cette « trilogie des dieux et déesses du tango argentin » avec le(s) pionniers de l’enseignement, les premiers créateurs d’une pédagogie, « ceux qui enseignaient quand personne le faisait encore, on était tous danseurs, mais Rodolfo avait une vraie vocation » ( selon témoignage de Carlos Rivarola): les Dinzel.
Rodolfo Dinzel a une formation de danseur folklorique, Gloria de danse classique au célèbre Théâtre Colon. J’aime décrire mon cher prof comme un génie multiforme et bordelique. Ils créent une progression pédagogique. ( Avez-vous essayé de comptabiliser les pas « qui existent » dans la tradition tango ? Eh, oui !. S’il y a des entomologistes, pourquoi pas quelqu’un d’aussi cinglé pour s’embarquer dans l’inventaire des figures qui existent, pour ensuite proposer une progression ? ). Les Dinzel ont proposé aussi une technique, une mécanique, une notation (si, si, je ne délire pas), une méthode d’improvisation, une philosophie, des exercices sur l’énergétique, une formation des aspects expressifs, une tango-thérapie ou « psycho tango » et je crois être au court pour tout citer….
Tout ça pour nous passer finalement la seule leçon de tango valable : sois libre, sois toi-même… .Pour preuve, le nombre de danseurs et profs absolument différents qui sont passés par sa démarche et ont fini dans les deux mondes : milonga et /ou scène.
6) (Ou aclaration sur le point 4) Pas de confrontations, alors entre la milonga, la rue et la scène ! C’est seulement afin de mieux présenter les idées je me suis permis de parler de « deux mondes » : ils sont très souvent mélangés, imbriqués, présents à l’intérieur et dans les activités de la même personne ( surtout dans le cas des professionnels de niveau) . J’ai souhaité juste faire un apport pour enrichir la réflexion : l’enseignement n’est pas le même pour rendre quelqu’un capable de s’éclater dans le bal que pour le rendre capable de toucher un spectateur, gagner sa vie dans la scène ou le donner les outils pour devenir professeur d’amateurs.
J’imagine des rapports nourrissants dans les deux sens entre « milonga » et « scène » . : les gens « de la scène » qui respectent la milonga et qui font un bon plongeon dans ses racines, les gens « de la milonga » que ne coupent pas les ailes de la danse.
7) Pour revenir donc au sujet de l’enseignement, je dirais : PAS UN ENSEIGNEMENT MAIS DES ENSEIGNEMENTS, pour un tango multiple, des enseignements multiples.
En Argentine on dit : « Cada maestrillo con su librillo » : « chaque maître avec son bouquin » . Remarquez le diminutif tendre ou moqueur : chaque « petit » maître avec son « petit » bouquin. Nous vivons aujourd’hui un moment d’expansion et de foisonnement du tango argentin. Des apports vraiment créatifs de la part de grands professeurs et danseurs ont lieu, par exemple celui, énorme, de Gustavo Naveira.
A côté du seul diplôme officiel d’Argentine, ( lequel n’est nullement obligatoire) , il existent de tas de « certifications privés », mais aussi des parcours libres validés par le prestige des professeurs, par le talent artistique des danseurs. En Argentine, la liberté la plus désordonnée n’empêche l’existence d’institutions aussi académiques et prestigieuses comme la Academia Nacional del Tango ( pour l’ensemble de la culture tango) ou la Academia de Lunfardo (pour sa langue et littérature) , et le tango comme danse est enseignée dans des carrières de danse de l’état de niveau universitaire ou national.
Le talent et la créativité des professeurs est abondant. Je rêve d’une attitude de partage, de confrontation saine, des respect des différences qui fasse avancer cet danse. Au but du compte, elle est toute jeune, elle dépasse à peine ces 100 ans !
BON TANGO A TOUS !
Cecilia Pascual
France, le 30 avril 2008
¡Viva el Tango!
http://tango-argentin-cours-spectacles-greno.blogspot.com/
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