6. Réaction de Elisabeth (Todo tango, Montargis)
Chère Claire,
et à touts ceux qui, par le biais du mèl, liront
merci tout d'abord d'avoir mis copie de ton mail aux assos afin que le débat s'ouvre,
j'ai pour ma part été très réservée et très méfiante par rapport à l'enquête diligentée auprès de [... anonymat...] par le ministère de la Culture. Le climat politique dans lequel nous baignons depuis qqs années et plus, depuis qqs mois, me rend certainement parano, mais je connais des fichiers de renseignements qui, par le passé, ont servi à l'Administration pour ses pires besognes...... et il n'est besoin de retourner jusqu'à la période de Vichy pour trouver des exemples, ceci parle peut être à certains d'entre vous.
Méfiance aussi très vite, de notre très chère professeur et maestra.
Nous avons donc téléphoné chacune à notre tour et parlé à [... anonymat...] pour lever les doutes, et j'ose avoir pleinement confiance en ce chercheur et amoureux du tango. Les fichiers ne seront pas transmis à l'administration sous aucune forme.
Après, à nous de faire confiance en leur travail et intégrité.
Il est certain que derrière cette enquête, se trouve la volonté de régenter normaliser l'univers des danses sociales, et du tango argentin "évaluer les besoins de certifications" disent-ils au Ministère?
Il est certain aussi que le modèle associatif dérange et qu'on lui tordrait bien le cou, trop social, trop insaisissable comme tu dis Claire.
Mais attention! Combien de structures loi de 1901 sont ou on été des paravents pratiques pour salarier dirons-nous "quidam tenant les ficelles de la trésorerie et des activités"????? Aïe , il ne faut peut être pas le dire.... Pourtant....... Allez vite! Des noms! Des noms pour les jeter en pâtures à qui de droit...... Bon comptez pas sur moi.
Pour en revenir à la certification, là mon sentiment est partagé, je pense à une amie prof de salsa qui rame pour que ses compétences soient reconnues, et finalement ne peut pas vivre de sa passion pour la danse, elle fait finalement la plonge dans un salon de thé pour compléter son salaire; je pense à la prof de danse classique de ma fille, danseuse en compagnie qui rame beaucoup moins depuis qu'elle a son BE et la possibilité de travailler pour les écoles de danse (ou les écoles tout court). Alors je me dis que des exemples comme ça il y en a certainement des centaines et que ce serait peut être une bonne chose qu'il existe une reconnaissance officielle: ça mettrait peut-être un frein aux arnaques de tous poils que l'on voit fleurir sur les pages des magazines de tango, sur les sites et les flyers dispersés au vent...... Finalement ça permettrait peut être à certains de manger moins souvent des patates et de la vache enragée.
Et puis je lis tout ce que tu écris sur le monde associatif, ce qu'il a apporté, en particulier au tango qui est, il est vrai un monde à part. Et là je commence à me dire que non, vraiment, pour le tango argentin il ne faut pas tendre vers ça.
La spécificité de son enseignement par ses pairs, sa transmition entre l'élève et le maître est trop belle et trop mystérieuse pour qu'on s'assoie dessus? Qui, de l'un, choisit l'autre? Le maître choisit-il son élève? Ou l'élève, son maître? Ou qq chose de subtilement intermédiaire, il y a là trop d'alchimie, de poésie, cela touche trop profondément à l'humain, pour que soit "réglementée" par des décrets et des circulaires d'application, cette transmition d'un savoir ô combien difficile à acquérir.
D'ailleurs qui se dirige vers ces cours ou ces formations qui vous disent à grand renfort de publicité "devenez prof de tango" comme on peut lire dans les magazines télé "devenez secrétaire médicale" ? (Voir la salida de ce mois-ci il y a un exemple criant: et d'ailleurs une des formations dignes de ce nom, n'a pas choisi la pleine page mais l'encart plus discret, suivez mon regard). Ceux qui ont compris l'essence du tango et qui un jour auront la volonté, le projet et la possibilité de se professionaliser savent bien à quelle porte frapper. Ce n'est pas toujours celui qui a le plus beau ramage qui vous habillera du plus beau tango!!!!! Les autres, vous mettront un beau plumage : stass paillettes et pédagogo et récupèreront votre fric. Que celui qui n'a pas la "guita" se casse il est indésirable en ces lieux.
Alors oui évidemment ça m'agace en tant que tanguera et responsable d'assos de voir que bcp préfèrent faire du fric avec le tango.
Oui ça m'agace de voir qu'il y a des gens qui se parachutent profs sans en avoir la légitimité, ni la reconnaissance de leurs pairs (d'ailleurs j'enrage car dans ma bonne toute petite ville j'en ai au moins deux comme ça).
Oui ça m'agace tous ces rapports de fric. Et pourquoi pas un jour la cotation en bourse de la meilleure école de tango dont les résultats seront proportionnels à la limitation de leur personnel encadrant - car dans cet univers on ne parle plus de maîtres et encore moins de maestro et d'élèves mais, de personnel encadrant - vachement militaire non?
Et oui, je fais partie d'une assos loi 1901 à but non lucratif et dont l'objectif est de diffuser cette culture portègne, alors la seule chose que je puisse faire est de garder une éthique, de ne pas me faire complice des plans frics, de ne pas aller vers la surenchère pour que cette assos devienne une "grosse" assos, dans l'unique recherche de l'élitisme, ne pas oublier que le tango vient d'où il vient: la rue et la milonga et pousser dans ce sens. Celui de l'humilité. Tant pis pour la gloriole et la cotation en bourse.
Tous ceux qui au sein de leur assos ont tant oeuvré pour soutenir des artistes, développer toutes les formes d'art liés au tango, sont descendus dans la rue pour qu'il sorte de l'ombre, doivent bien comprendre ce que je veux dire.
Et enfin au delà de ton coup de gueule légitime Claire, finalement tout reste à inventer, si nous ne voulons pas que fleurissent les usines à fric, à nous aussi de ne pas faire du tango argentin une discipline réservée aux tangue euros en pratiquant des prix prohibitifs pour les bals, les stages et cours sinon forcément les avions renifleurs de monnaie descendront en raid serré sur les parquets; à nous de rester dans l'esprit associatif qui est de ne pas faire de bénéfices mais d'équilibrer les comptes; à nous aussi de trouver l'équitable milieu pour rétribuer justement tous les artistes, intermittants ou non, qui travaillent avec nous et à nous de demander un juste prix à tous ceux qui se sont épris de cette danse et qui n'ont pas tous de gros budget.
A nous d'inventer le creuset de demain qui verra se cotoyer et se former les maestros, les milongueros et les danseurs professionnels ou amateurs dans une sincère coopération. Cette "école coopérative" est à inventer, à rêver peut être, pourquoi ne pas rêver de la financer nous même avec ce qui reste dans le fond de nos comptes associatifs. Et oui ce serait un modèle gênant encore, pour tous les faiseurs de bénéfices, avocats de la libre entreprise et législateurs de tous bords.
Finalement comment faisait Pugliese?
Tout ça pour dire qu'il faut "vigiler" c'est une expression que Barbara avait dans le grand combat silencieux qu'elle a mené. Quel rapport avec le tango? Qu'en fait, pendant plus de 20 ans beaucoup d'amoureux du tango ont travaillé dans l'ombre pour que cette culture ne meure pas et se diffuse comme tu le dis Claire, dans toute l'Europe, alors il nous faudra peut être aussi continuer à être prudents, vigilents, combatifs et inventifs pour que notre tango que nous aimons tant, ne perde pas son âme à l'heure où il connait un boum digne de l'âge d'or et qu'il pourrait se retouver côté en bourse!!!!.
ELI, ASSOS TODO TANGO MONTARGIS
et à touts ceux qui, par le biais du mèl, liront
merci tout d'abord d'avoir mis copie de ton mail aux assos afin que le débat s'ouvre,
j'ai pour ma part été très réservée et très méfiante par rapport à l'enquête diligentée auprès de [... anonymat...] par le ministère de la Culture. Le climat politique dans lequel nous baignons depuis qqs années et plus, depuis qqs mois, me rend certainement parano, mais je connais des fichiers de renseignements qui, par le passé, ont servi à l'Administration pour ses pires besognes...... et il n'est besoin de retourner jusqu'à la période de Vichy pour trouver des exemples, ceci parle peut être à certains d'entre vous.
Méfiance aussi très vite, de notre très chère professeur et maestra.
Nous avons donc téléphoné chacune à notre tour et parlé à [... anonymat...] pour lever les doutes, et j'ose avoir pleinement confiance en ce chercheur et amoureux du tango. Les fichiers ne seront pas transmis à l'administration sous aucune forme.
Après, à nous de faire confiance en leur travail et intégrité.
Il est certain que derrière cette enquête, se trouve la volonté de régenter normaliser l'univers des danses sociales, et du tango argentin "évaluer les besoins de certifications" disent-ils au Ministère?
Il est certain aussi que le modèle associatif dérange et qu'on lui tordrait bien le cou, trop social, trop insaisissable comme tu dis Claire.
Mais attention! Combien de structures loi de 1901 sont ou on été des paravents pratiques pour salarier dirons-nous "quidam tenant les ficelles de la trésorerie et des activités"????? Aïe , il ne faut peut être pas le dire.... Pourtant....... Allez vite! Des noms! Des noms pour les jeter en pâtures à qui de droit...... Bon comptez pas sur moi.
Pour en revenir à la certification, là mon sentiment est partagé, je pense à une amie prof de salsa qui rame pour que ses compétences soient reconnues, et finalement ne peut pas vivre de sa passion pour la danse, elle fait finalement la plonge dans un salon de thé pour compléter son salaire; je pense à la prof de danse classique de ma fille, danseuse en compagnie qui rame beaucoup moins depuis qu'elle a son BE et la possibilité de travailler pour les écoles de danse (ou les écoles tout court). Alors je me dis que des exemples comme ça il y en a certainement des centaines et que ce serait peut être une bonne chose qu'il existe une reconnaissance officielle: ça mettrait peut-être un frein aux arnaques de tous poils que l'on voit fleurir sur les pages des magazines de tango, sur les sites et les flyers dispersés au vent...... Finalement ça permettrait peut être à certains de manger moins souvent des patates et de la vache enragée.
Et puis je lis tout ce que tu écris sur le monde associatif, ce qu'il a apporté, en particulier au tango qui est, il est vrai un monde à part. Et là je commence à me dire que non, vraiment, pour le tango argentin il ne faut pas tendre vers ça.
La spécificité de son enseignement par ses pairs, sa transmition entre l'élève et le maître est trop belle et trop mystérieuse pour qu'on s'assoie dessus? Qui, de l'un, choisit l'autre? Le maître choisit-il son élève? Ou l'élève, son maître? Ou qq chose de subtilement intermédiaire, il y a là trop d'alchimie, de poésie, cela touche trop profondément à l'humain, pour que soit "réglementée" par des décrets et des circulaires d'application, cette transmition d'un savoir ô combien difficile à acquérir.
D'ailleurs qui se dirige vers ces cours ou ces formations qui vous disent à grand renfort de publicité "devenez prof de tango" comme on peut lire dans les magazines télé "devenez secrétaire médicale" ? (Voir la salida de ce mois-ci il y a un exemple criant: et d'ailleurs une des formations dignes de ce nom, n'a pas choisi la pleine page mais l'encart plus discret, suivez mon regard). Ceux qui ont compris l'essence du tango et qui un jour auront la volonté, le projet et la possibilité de se professionaliser savent bien à quelle porte frapper. Ce n'est pas toujours celui qui a le plus beau ramage qui vous habillera du plus beau tango!!!!! Les autres, vous mettront un beau plumage : stass paillettes et pédagogo et récupèreront votre fric. Que celui qui n'a pas la "guita" se casse il est indésirable en ces lieux.
Alors oui évidemment ça m'agace en tant que tanguera et responsable d'assos de voir que bcp préfèrent faire du fric avec le tango.
Oui ça m'agace de voir qu'il y a des gens qui se parachutent profs sans en avoir la légitimité, ni la reconnaissance de leurs pairs (d'ailleurs j'enrage car dans ma bonne toute petite ville j'en ai au moins deux comme ça).
Oui ça m'agace tous ces rapports de fric. Et pourquoi pas un jour la cotation en bourse de la meilleure école de tango dont les résultats seront proportionnels à la limitation de leur personnel encadrant - car dans cet univers on ne parle plus de maîtres et encore moins de maestro et d'élèves mais, de personnel encadrant - vachement militaire non?
Et oui, je fais partie d'une assos loi 1901 à but non lucratif et dont l'objectif est de diffuser cette culture portègne, alors la seule chose que je puisse faire est de garder une éthique, de ne pas me faire complice des plans frics, de ne pas aller vers la surenchère pour que cette assos devienne une "grosse" assos, dans l'unique recherche de l'élitisme, ne pas oublier que le tango vient d'où il vient: la rue et la milonga et pousser dans ce sens. Celui de l'humilité. Tant pis pour la gloriole et la cotation en bourse.
Tous ceux qui au sein de leur assos ont tant oeuvré pour soutenir des artistes, développer toutes les formes d'art liés au tango, sont descendus dans la rue pour qu'il sorte de l'ombre, doivent bien comprendre ce que je veux dire.
Et enfin au delà de ton coup de gueule légitime Claire, finalement tout reste à inventer, si nous ne voulons pas que fleurissent les usines à fric, à nous aussi de ne pas faire du tango argentin une discipline réservée aux tangue euros en pratiquant des prix prohibitifs pour les bals, les stages et cours sinon forcément les avions renifleurs de monnaie descendront en raid serré sur les parquets; à nous de rester dans l'esprit associatif qui est de ne pas faire de bénéfices mais d'équilibrer les comptes; à nous aussi de trouver l'équitable milieu pour rétribuer justement tous les artistes, intermittants ou non, qui travaillent avec nous et à nous de demander un juste prix à tous ceux qui se sont épris de cette danse et qui n'ont pas tous de gros budget.
A nous d'inventer le creuset de demain qui verra se cotoyer et se former les maestros, les milongueros et les danseurs professionnels ou amateurs dans une sincère coopération. Cette "école coopérative" est à inventer, à rêver peut être, pourquoi ne pas rêver de la financer nous même avec ce qui reste dans le fond de nos comptes associatifs. Et oui ce serait un modèle gênant encore, pour tous les faiseurs de bénéfices, avocats de la libre entreprise et législateurs de tous bords.
Finalement comment faisait Pugliese?
Tout ça pour dire qu'il faut "vigiler" c'est une expression que Barbara avait dans le grand combat silencieux qu'elle a mené. Quel rapport avec le tango? Qu'en fait, pendant plus de 20 ans beaucoup d'amoureux du tango ont travaillé dans l'ombre pour que cette culture ne meure pas et se diffuse comme tu le dis Claire, dans toute l'Europe, alors il nous faudra peut être aussi continuer à être prudents, vigilents, combatifs et inventifs pour que notre tango que nous aimons tant, ne perde pas son âme à l'heure où il connait un boum digne de l'âge d'or et qu'il pourrait se retouver côté en bourse!!!!.
ELI, ASSOS TODO TANGO MONTARGIS
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