39. [L-13] Blog : Etonnement et adhésion, par Sonia

Bonjour,

Etonnement et adhésion à la lecture de ce blog.

Mon étonnement d’abord :

Comment une telle enquête a pu être mise au point et lancée par ceux qui la mènent et qui sont pratiquants de tango, sans qu’ils en ait informé leurs amis tangueros, compte tenu des dangers et conséquences évidents qu’elle impliquait. Ils auraient pu et du en parler et provoquer ce débat avant d’accepter de la mener !

Pourquoi une telle enquête n’a pas été confiée aux différentes Arcade qui avaient peut-être d’autres moyens en personnel et en expérience pour la faire. En plus c’est un peu leur travail, et d'autres enquêtes du même type ont déjà été faites.

Pourquoi le questionnaire proposé n’a que peu de rapport avec les problèmes que devrait se poser le Ministère de la Culture, et pourquoi il en aurait plutôt avec celui des Finances. Enquête fiscale ?

Pourquoi sur le blog sont allègrement mélangés les problèmes graves liés à un Diplôme obligatoire, et le non-problème d’un ou plusieurs Diplômes privés facultatifs. Vous ne pouvez pas vous ériger en défenseurs de la liberté quand vous refusez la tutelle de l’Etat, et vous vous arrogez le droit de juger ceux qui usent de liberté en proposant quelque chose de nouveau.

Enfin mon plus grand étonnement vient des phrases du type : « le tango c’est avant toute chose une émotion pure, etc, etc… ». Pas d’accord du tout. Ce genre de phrase ne sert souvent qu’à justifier des manques en technique de base. L’émotion, la sensibilité et l’interprétation viennent se greffer sur une technique, pas l’inverse. Avant d’interpréter, il faut savoir marcher, et en tango ce n'est pas si facile. On ne danse pas Giselle comme une poupée mécanique, et si on veut y mettre de l’émotion, c’est seulement après avoir passé des heures à la barre et travaillé ses tours en dehors et ses jetés, sissone et ballotté battus, pendant des heures. En tango c’est pareil, et même avec des bases des plus solides, il faut travailler à fond la technique, pour être capable ensuite de l’oublier, et de la faire oublier. Pourquoi donc nombre de maestros choisissent de jeunes partenaires issues du classique, quitte à les former ensuite au Tango ?

La technique est le premier des fondements, même si l’émotion en est le complément incontournable. Mais il ne faut pas inverser les priorités. Et la technique ne s’apprend pas en quelques stages de ci de là. La nécessité d’une base solide pour enseigner est incontournable.

Maintenant qui fait quoi dans les formations, je ne le sais pas, mais au ton de certains messages, j’ai un peu le sentiment que nombres des personnes qui s’expriment ne le savent pas vraiment non plus.

Mon adhésion :

Le niveau en Danse Classique n’a jamais été aussi bas en termes d’enseignement, que depuis que le DE a été instauré. Auparavant, celles qui s’installaient avaient une grande expérience de la scène, et avaient été formées pendant de nombreuses années. Seules celles qui se sentaient capables et avaient le goût d’enseigner, prenaient le risque d’ouvrir une école. Si elles étaient mauvaises, la sanction de la clientèle était impitoyable. Maintenant des gamines qui n’ont aucune expérience, et parfois un niveau limite, arrivent sur le marché et multiplient les cours de bas niveau dans les centres sociaux. Le bilan n’est guère positif, ni pour la danse, ni pour les enfants. Par contre les centres de formation agréés se remplissent les poches. Un vrai scandale.

Plus grave pour le tango : à la différence de la danse classique qui est plutôt figée dans le temps, le Tango évolue perpétuellement et ceci est totalement incompatible avec la main mise de l’Etat et de l’Administration sur la forme de diffusion de cette danse. Déjà en contemporain, qui par définition évolue aussi avec le temps, les polémiques sont nombreuses.

Gardons la liberté de sa formation et de ses choix pédagogiques. L’état devrait avoir d’autres taches plus urgentes à accomplir.

En conséquence, si je crois à la nécessité d’une phase longue et structurée d’apprentissage de la technique avant de vouloir enseigner, et là je laisse à chacun la liberté de proposer ou de choisir sa voie, sans juger ni préjuger, j’adhère totalement avec ceux qui sont contre la main mise de l’état sur ce type de formation et l’instauration d’un certificat ou diplôme obligatoire, avec en conclusion cette réflexion d’une collègue aussi farouchement déterminée que moi : « curieux pays où on veut privatiser le nucléaire, et nationaliser le tango !»

NON A UNE CERTIFICATION PAR LE MINISTERE DE LA CULTURE !!!

Sonia

P.S.
Allez voir le blog du Temps du tango, il y a quelques opinions intéressantes au sujet de l’enquête et du Diplôme
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